Un mois plus tard, et après moult affrontement dantesque au paradis, on arrive à la conclusion !
Merci encore à Tierts pour son coup de main !
Bonne lecture à tous !
Chapitre 91 – Dernière partie (2/2)
-Que s’est-il passé ici ?
La question de Trad ne reçut aucune réponse. Et n’en avait besoin d’aucunes. Ses yeux vert brillant s’avéraient suffisants pour obtenir toutes les informations dont il avait besoin. Le lézard rouge se trouvait au beau milieu d’un champ de bataille, une fois que ladite bataille fut terminé.
Nombre de soldats d’élites gardaient les prisonniers en joues, vociférant des ordres, menaçant ceux qui n’obéiraient pas. D’autres soldats, au sol, recevaient les premiers soins. Ceux qui avaient eu besoin d’une attention médicale approfondie avaient disparu depuis longtemps. Le sol en pierre grise, répandu dans la strate quatre des enfers, était brûlé par endroit, fissuré à d’autres. L’ordre était peu à peu rétabli, la perte de ki des condamnés aux enfers aidant grandement.
-Une attaque sur le paradis. Goku, Darack, Gohan, Kibito et moi-même sommes passés par le Makaï pour… oh non…
-Hmm ? demanda Lognok.
Ryack porta deux doigts à son front et disparut rapidement, laissant les nogards seuls. Ils échangèrent des regards étonnés avant de rechercher des ki familiers.
-Voilà un départ précipité, commenta le guerrier massif.
-Bon sang… marmonna Trad. Esor ?
-Geiz ?, devina la lézarde aux écailles sombres.
-Oui.
-Je nous y amène.
-Lognok et Urem, assurez-vous que Lehcsah va bien ! Adnarim, viens avec nous, on se retrouve tous au palais avec Trebla !, ordonna Trad alors qu’Esor ouvrait un portail.
Le trio disparut dans celui-ci, laissant le duo derrière eux.
-… comment tu te sens, Lognok ?, s’inquiéta Urem, malgré son bras corrompu toujours prisonnier dans la glace.
-Bien, ne t’en fais pas pour moi petite.
-Petite ?, répliqua la concernée dans un léger sourire.
Avec son petit mètre soixante, Urem paraissait bien faible face à Lognok, un colosse de deux mètres vingt. À une époque, elle avait pris pour habitude de s’asseoir sur son épaule. Lognok ne s’en était jamais plaint, lui qui se tenait toujours droit en toute circonstance. Il en était même venu à la considérer comme sa petite sœur, bien qu’elle le dépassait de beaucoup en âge.
-Tu seras toujours petite pour moi, répondit le colosse dans un sérieux trahi par une esquisse.
-Bien sûr. Allons-y.
Le guerrier massif acquiesça. Urem lui jeta un autre regard. Dans le Makaï, c’était à peine perceptible, mais dans le paradis, les filaments noirs de son armure étaient bien moins discrets. Ils avaient tous besoin de soin, une lutte interne serait pour le moins malvenue…
***
La troisième strate des enfers était reconnaissable à son herbe d’un rouge sombre et à sa terre brune. Ce qui était vrai lorsque l’endroit n’était pas un véritable champ de bataille. Aux alentours du village saiyan, l’herbe était noircie, carbonisée, lorsque la terre n’avait pas été labouré ici et là par les guerriers qui s’en étaient servis comme appuis. Sans oublier les nombreux cratères plus ou moins gros, parsemant une région méconnaissable.
Et ce fut sur ce lieu de destruction que gisait les vainqueurs de Janemba. Et ce fut sur ce lieu que deux d’entre eux agonisaient.
-Tiens-bon, des soins vont arriver, d’accord ?!
La supplication de Soria reçut le sourire de Senya en guise de réponse. La guerrière perdait du sang en grande quantité. Le garrot de fortune et la pression appliquée par sa mère était d’une efficacité limitée. Sans soins, elle mourrait. Or, les saiyans n’avaient que des compétences limitées dans ce domaine, et dans le chaos ambiant, aucune aide n’était attendue. Pourtant, la guerrière ne s’inquiétait pas vraiment de son état. Elle regardait le fils de Baddack. Il ne respirait presque plus.
Un genou à terre, Kibito faisait face à un dilemme. Le dénommé Son Goku était en train de mourir. L’usage répété et à plein potentiel du Kaïoken avait sévèrement épuisé son corps. Les soins de Kibito étaient parvenus à le restaurer encore et encore, mais il y avait une limite à ce qu’un corps pouvait supporter. Une limite désormais franchie.
Le serviteur de Kaïo Shin pouvait le sauver. Il le savait. Il existait toutefois un moyen interdit, mais efficace. Un moyen impliquait sa propre mort. Ou plutôt, de passer à l’état d’âme. Un sacrifice en somme. Néanmoins, il ne pourrait plus se rendre chez les vivants et soutenir son maître, ce qui allait à l’encontre de ses devoirs.
Mais s’il transférait sa vie au guerrier à terre, il reviendrait à la vie… pour mourir. Cette transition de vie à mort lui permettrait de récupérer toutes ses forces. Toutefois, était-ce judicieux ? La vie d’un mortel pouvait-elle avoir autant de valeur ? Un sacrifice héroïque ne serait-il pas préférable ?
-Tout le monde… va bien ?
La question simple, prononcée du bout des lèvres, tira Kibito de ses pensées. Même au bord de la mort, le saiyan se souciait avec sincérité des autres.
-Oui, mentit le concerné, ne dévoilant pas l’état de Senya dont le slongs cheveux noirs contrastait avec son teint blafard.
-Tant… mieux…
Il allait mourir. C’était le moment d’agir. Il n’avait pas agi à l’époque, lorsque Buu était venu. Lorsque le démon avait tout pris. Il ne commettrait pas une telle erreur une seconde fois.
-Tu n’as pas le droit de disparaître, Son Goku de la planète Terre.
-Que… ?
Kibito posa ses paumes sur le corps meurtri du guerrier et expira lentement. Puis il poussa un cri intense. Son aura s’enflamma, brillant dans un bleu brillant avant de se concentrer dans ses mains pour finalement recouvrir le corps du gentil saiyan. L’aura se dissipa lentement, de même que l’auréole du saiyan, pour mieux apparaître au-dessus de Kibito.
-Je t’ai donné ma vie, Son Goku. Tu mourras sans doute une nouvelle fois, mais ce ne sera pas définitif. Tu vivras, si je puis dire.
-Et… toi ?
-Pour moi, tout ira bien.
Le guerrier se redressa légèrement, s’appuyant sur ses coudes. Il allait à peine mieux, mais Kibito savait que ce serait temporaire. Le guerrier s’écroulerait dans un instant.
-Kakarotto ?!
Goku tourna péniblement la tête dans la direction de la voix. Ryack s’était téléporté sur sa position et agenouillé à ses côtés, inquiet.
-Alors… le Makaï ?, demanda le gentil saiyan, intrigué.
-T’occupes pas de ça. Comment tu vas ?
-Eh. Vivant… pour l’instant…, répliqua le guerrier en indiquant son absence d’auréole.
-Comment…
-Je suis responsable. Cela lui permettra de ne pas disparaître. Toutefois, concernant ta fille, je…, débuta Kibito.
-Merde ! Senya !
Ryack décolla immédiatement dans une explosion dorée et atterrit l’instant suivant près de sa fille et de sa femme, tenant la guerrière dans ses bras.
-Hey… t’en as mis du temps…, lâcha la jeune combattante dans un faible sourire, les yeux mi-clos.
La saiyanne était pâle. Terriblement pâle. À peine consciente. Le guerrier s’agenouilla près d’elle et posa une main sur son épaule. Elle était déjà froide.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ?!
-Un démon… on l’a eu… Radditz l’a terminé… mais Ba… Badd…
Les larmes embrumaient le regard de la mourante. Ryack comprit. Il n’avait pas besoin de plus. Il sut que son meilleur ami était mort. Et qu’une fois encore, il n’avait pas été là.
-Je suis désolé… Je suis désolé, j’aurais dû être là…, fit le guerrier désemparé.
-N-non… juste pas assez forte… pour…
-…Senya ? Senya ?! Merde ! Kibito, il y a des Nameks au paradis non ?!
Le concerné fronça les sourcils.
-Peut-être, mais…
-Où ?!
-Je l’ignore, sinon…
-Il faut en trouver, elle va mourir bordel !
-Je ne suis pas sans le savoir, saiyan.
Alors que Ryack allait exploser de frustration, Trad émergea d’un portail avec Esor et Adnarim. Geiz, qui s’était fait discret jusqu’alors s’approcha.
-Alors cette balade ? lâcha le vieux nogard manchot dans un sourire.
-‘Connu mieux, mais j’ai raté la fête.
-Y en aura d’autres.
-Peut-être… En tout cas, vous êtes tous salement amoché.
Le vieux saurien se renfrogna.
-Païkuhan et Baddack sont morts. Goku est à l’agonie, comme Senya. Le p’tit Jaor va bien.
Il n’était pas facile de lire les émotions sur le visage d’un nograd, du moins, lorsque l’on ne fait pas parti de l’espèce en question. Mais il était évident que Trad était choqué par la nouvelle.
-C’est pas vrai… Ils étaient forts, comment… Je veux dire… Bon sang…
Geiz agita son moignon avec un sourire dépité. Même ses écailles rouges avaient pâli.
-J’ai failli y rester aussi, ça ne s’est pas joué à grand-chose.
Trad acquiesça avant de se tourner vers Adnarim. Les écailles d’un blanc éclatant de la Nograd juraient avec l’environnement sombre et ravagé qui l’entourait. Elle s’était déjà emparée de son arc et regardait le ciel, en pleine réflexion.
-Tu penses pouvoir…, commença Trad.
-Bien sûr, c’était prévu, affirma Adnarim.
La saurienne arma son arc et tira une série de flèche dans les cieux. Des flèches puissantes qui se figèrent en plein vol, servant de balise pour canaliser la magie et la redistribuer. Du ciel tomba des rayons d’énergie pure qui enveloppèrent Senya, Goku et Geiz. Leurs blessures se fermèrent peu à peu, leur corps progressivement soigné, leur fatigue disparue, reconstituant même les membres perdus ou blessés. Seul leur ki restèrent tel quel.
Les guerriers se redressèrent lentement. La mère de Senya l’empêcha de se lever, la prenant dans ses bras, bien trop soulagée pour la laisser s’éloigner. Certains saiyans assistant à la scène pestèrent devant une telle démonstration indigne d’une combattante. Mais le regard noir de Senya les découragea de formuler le moindre reproche. Même mort, les saiyans n’étaient pas assez stupide pour se mettre à dos une super saiyanne.
Goku se releva, ne pouvant s’empêcher d’admirer les flèches hautes dans le ciel.
-Incroyable, c’est presque aussi bien qu’un senzu !
-Un quoi ? demanda Adnarim, curieuse.
-Un petit haricot magique.
-Je… très bien, conclut la saurienne, ne sachant pas si le guerrier était sérieux ou non.
L’instant suivant, trois guerriers apparurent : Darack, Gohan et Urath.
-Papa ? Tu vas bien ?, demanda Gohan inquiet.
-Parfaitement, grâce à Adnarim.
-Qui ça ?
-Ah mais vous ne vous êtes pas encore rencontré, c’est vrai !, ajouta Goku.
Alors que le saiyan faisait les présentations, Ryack rejoignit sa fille nouvellement soignée.
-Comment tu te sens ?, demanda le guerrier.
-Mieux que quand j’étais en train de mourir, répondit la jeune saiyanne.
-Bien… Je… Hum…
-Tss, t’as pas à t’excuser. Tu étais occupé, je le sais. Ne t’en fais pas.
-Tu étais où ?
La question de Soria était bien moins chaleureuse.
-Je peux répondre à cette question.
Esor s’avança, droite, sérieuse. Son armure noire reflétait à peine la lumière environnante.
-Je veux l’entendre lui, répliqua la saiyanne sans se démonter.
-Dans le Makaï, j’empêchais les démons de rentrer dans les enfers et de causer plus de dégâts.
-…
-Un portail était ouvert, je n’avais pas le choix, Kibito n’aurait jamais pu tenir seul.
-…
-Pour ce que ça vaut, il a failli mourir. Il a eu énormément de chance qu’on soit dans les parages et qu’on ait reconnu son aura, compléta Esor.
Un ajout qui n’eut pas l’effet escompté. Soria lâcha Senya, se leva et frappa Ryack de toutes ses forces. L’impact retentit, bien que tout le monde eût conscience que la guerrière avait bien plus souffert que son partenaire.
-Tu te fous de moi ?!
-…
-Arrête de t’en vouloir ! Oui, Baddack est mort ! Oui, Senya a failli mourir ! Non, tu n’étais pas là ! Mais ça ne fait pas de toi un lâche ! Tu te battais ailleurs, tu n’étais pas oizille !
-Oisif, corrigea Esor sans l’ombre d’une émotion.
-M’en fous ! Tu ne peux pas être partout Ryack ! Rentre-toi bien ça dans le crâne !
-… hmphf… vais essayer…
-Vaudrais mieux ! Et quant à toi !, poursuivit Soria en s’adressant à sa fille.
-Euh… oui ?
Soria s’agenouilla et étreignit sa fille de toutes ses forces, l’enlaçant autant qu’elle le pouvait.
-Me fais plus jamais peur comme ça. La prochaine fois, fuis.
Senya rendit son étreinte.
-Je ne promets rien, lâcha la concernée dans un petit sourire.
-Je sais. Je suis fière de toi.
-Hum, je reviens plus tard… ?
Le trio se tourna vers le nouvel arrivant. Darack, gêné, restait en retrait. Son corps brillait encore légèrement, soigné par Adnarim. Plus loin, Gohan recevant lui aussi des soins tout en lançant un regard curieux en direction de l’énergie curative, analysant son fonctionnement alors que Goku discutait avec Trad.
-Approche Darack. Je vais te présenter à ta mère. Et à ta sœur.
-Je… attends. J’ai une sœur ?!
-Salut frangin !, lança la concernée dans un grand sourire tâché de sang.
-Euh… sa-salut…
Un silence s’installa, gênant et long. Darack n’avait jamais été doué pour trouver ses mots, encore moins lorsqu’il était pris de court dans une situation inattendue. Heureusement, sa sœur ne souffrait pas des mêmes faiblesses.
-J’espère que tu es meilleur guerrier qu’orateur.
Le saiyan lui offrit un sourire entendu.
-Tss, meilleur guerrier que toi, je vais te botter les fesses.
-Pff, j’aurais même pas besoin de me transformer pour te dégommer.
-Ils s’entendent plutôt bien, constata Ryack dans un sourire.
-Comme frère et sœur.
Sur ces mots, Soria se leva et s’approcha de son fils, se plantant face à lui. Elle le jaugeait de haut en bas, jugeant son apparence, son état, sa force. Enfin, elle offrit un sourire à Darack. Ce dernier se décontracta enfin.
-Salut, maman.
-Salut, Darack. Tu as tellement grandi.
Le saiyan se gratta l’arrière de la tête, gêné.
-J’imagine, oui.
-Et tu es devenu fort.
Le guerrier ne put s’empêcher de jeter un regard à Gohan encore occupé à discuter.
-Hmm… ‘peux faire mieux.
-Je suis contente que tu ailles bien.
-Eh, je ne suis pas mort, c’est déjà ça, lâcha le guerrier en souriant.
-Pour le moment, lança Senya, assise par terre, ne t’en fais pas, ça viendra.
-Ouais, mais d’ici là, je te ficherai la paix pendant un bout de temps encore.
-Peur de moi ?
-On règle ça maintenant ?, proposa Senya en se levant.
-Plus tard les combats, assez pour aujourd’hui. Je veux plutôt savoir ce que j’ai raté Darack. Tu as des enfants ?, commença Soria dans un grand sourire.
-Euh… Comment dire…, commença le guerrier dont le malaise revenait progressivement.
Pendant ce temps, une autre réunion familiale avait lieu tout près d’ici. Deux frères se retrouvaient pour discuter.
-Ton adversaire ne t’as pas raté, Jaor.
-J’ai pas d’armure, moi, répliqua le Cell junior, allongé par terre, couverts de blessures en tout genre.
-Tu n’en as pas voulu, tu as préféré une écharpe et un bonnet, frileux que tu es.
-Pas froids… pour le style…
-Évidemment. Alors, ce démon ?
-Costaud. Sans les entraînements avec Maître Lehcsah, j’y serai passé, c’est sûr. Et toi ?
-De même, mon armure m’a été d’une grande aide, ajouta Urath, non sans passer sa main sur son gorgerin. Sans lui, il aurait perdu la tête. Littéralement.
-Évidemment. Pas pressé de m’en refaire un comme ça.
-« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. »
-… tu me fatigues avec tes citations.
-Oui, sûrement. Je suis aussi sûr que tu as hâte d’affronter un nouvel adversaire.
-Pff… tu me connais bien…
-Nous sommes semblables.
Un léger silence s’installa, très vite troublé par le mini-chevalier.
-… tu penses que Néol s’en est sorti ?
-Sans aucun doute. Il était avec notre maître.
-Mais les ki sur place… Tu les as reconnus, n’est-ce pas ?
-…oui. ‘Pas envie d’en parler.
-Bon…
Les deux frères s’assirent côte à côte, attendant le retour du troisième membre. Sans prévenir, un puissant rayon de lumière s’abattit sur eux, les soignants et les aveuglants par la même occasion. Leurs nombreuses protestations tirèrent un sourire à la responsable. Pendant ce temps, Geiz et Trad discutaient en retrait.
-Des innocents ? Tu en es sûr ?, demanda Trad, surpris.
-Oui, certain. Païkuhan aurait pu confirmer, mais il est mort.
-Je vois… J’enquêterai, si je le peux. C’est étrange, après toutes ces années, je ne suis jamais tombé sur des innocents en enfer et ce n’est pas faute de les avoir visités de manière approfondie.
-Je ne sais pas quoi te dire. Il y a quelque chose de louche, c’est tout.
Trad acquiesça. L’espace d’un instant, il se vit dégainer son épée, empaler son père et lui arracher le crâne. Il se prit immédiatement la tête entre les mains et poussa un grognement agacé.
-Ah, j’en ai marre !
-Trad ?
-Désolé, c’est la corruption, ça me file des pulsions meurtrières, c’est pénible ! C’est passé…
-D’accord… Tu devrais aller te soigner.
-Non, tu crois ?!
-…
-Désolé, les nerfs.
-Je comprends, ne t’en fais pas.
Le guerrier n’insista pas davantage et s’envola, rejoignant les deux membres de son équipe.
-Adnarim, Esor, on y va. J’ai besoin de soins et je doute qu’Urem et Lognok aillent beaucoup mieux. Plus vite ce sera fait, mieux ce sera. Pendant mon absence, je vais laisser Trebla aux commandes.
-Pourquoi lui ?, contesta Adnarim.
Esor lui lança un regard étonné. La nogard savait pertinemment que Trebla, le nograd vert, était le second de Trad et donc celui qui prenait les commandes en son absence. Ce choix n’était pas censé être une surprise.
-Parce qu’il est de sang royal ?, lança Trad avec amusement.
-Moi aussi, répliqua Adnarim entre ses dents.
-Parce qu’il est compétent, méthodique, sérieux et parfaitement apte à la tâche, répliqua froidement Esor.
-Oh toi, tu… je… Désolé, je suis fatiguée, je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je pars devant
Alors qu’elle s’éloignait, Trad se tourna vers Esor.
-Garde un œil sur elle, d’accord ?
-Pas besoin de me le dire deux fois, répliqua la saurienne en posant une main sur la garde de sa rapière…
-J’ai dit garder un œil, pas la pourfendre.
-Oh, je la laisserai en vie, répliqua la guerrière dans un sourire amusé.
-Sans commentaire.
-Pour ma défense, elle est plus agressive que moi. Surtout à l’époque.
-Je sais, elle t’avait giflé.
-Deux fois.
-Elle giflait tout le monde. Elle s’est bien calmée, c’est du passé.
-Ce n’est pas si lointain.
-On était vivant. C’est dire si c’est vieux, précisa Trad.
Les deux amis marquèrent une pause. Ils échangèrent un regard, perdu pendant un instant dans des souvenirs si lointain qu’ils appartenaient à des siècles révolus depuis longtemps. Ils appartenaient à un long voyage, une longue requête, remplis d’ennemis, d’affrontement, de guerriers et de magiciens, d’amitiés et de douloureuses trahison… Et à un monde en péril.
-On était vivant…, répéta Esor, perdue dans ses pensées.
-Une autre époque… une autre vie… Dans tous les sens du terme.
Les deux guerriers regardèrent l’horizon. Ils ne se rappelaient que de bribes de leur passé. Des événements épars, ne sachant plus s’ils avaient eu lieu de leur vivant, ou non. Leur rencontre, leur sauvetage réciproque, la guerre aussi. Tout était baigné dans le flou d’une mémoire incertaine. Étonnement, les émotions rattachés à tous ces événements demeuraient vives.
-… héhéhé…, ricana Trad.
-Hmm ?
-Tu te rappelle quand elle est montée sur un tabouret au beau milieu d’une taverne pour pouvoir gifler Lognok ?
-Et qu’elle est tombée toute seule avec l’élan ? Plutôt mourir pour de bon que d’oublier ça, ria Esor.
Trad se mit également à rire. Ils riaient encore quand ils finirent par rejoindre Adnarim, et continuèrent à rire quand ils retrouvèrent Trebla et les autres membres de leur équipe près du palais d’Enma…
***
De retour dans les abysses. De retour, caché de tout, enfermé. De faibles lumières pour éclairer sa perfection, à peine de quoi produire des reflets sur sa chitine noire. Au loin, des hurlements colériques. Cell ne tourna pas la tête, juste les yeux, accordant une attention limitée à cette extériorisation. Il criait encore, comme un sauvage. Des cris qui se calmaient, dommage. Il aurait aimé l’affronter dehors, mais le destin en avait décidé autrement.
Quant à son combat n’avait pas atteint sa conclusion, mais ça ne changeait rien. Il aurait perdu, il le savait. Une réalité qui l’insupportait et qui exigeait de lui de devenir plus puissant, par tous les moyens. Il jeta un regard lassé à ses enfants. Ils ne pouvaient même pas s’entraîner contre eux. S’ils étaient trop faibles pour être utiles, à quoi bon les créer ? D’un autre côté, il avait une preuve vivante qu’ils pouvaient gagner en puissance, devenir meilleurs. Ses pas l’amenèrent mécaniquement au reste du groupe. Ils étaient les derniers arrivés.
-On s’est perdu en chemin, être parfait ?, lança Freezer, moqueur.
-On est resté caché ici, Empereur de pacotille ?
Bibidi profita d’être de dos, affairé à manipuler sa boule de cristal, pour lever les yeux au ciel. Les concours d’égo qu’il subissait depuis bien trop longtemps l’exaspérer au plus haut point. Voilà des millénaires qu’il parachevait son œuvre. Voilà des millions d’années que les guerriers se succédaient, eux et leurs disputes puériles. Des groupes entiers s’étaient formés, reformés, déformés, créés et détruits. Lui seul demeuré. Et si tout se passait comme prévu, il demeurerait éternellement. Mais chaque chose en son temps.
-Est-ce que cet événement était suffisant ? demanda Cold d’une voix lourde.
-Hmm… oui, ça devrait suffire. Avec tout ce que j’ai accumulé, je devrais pouvoir mettre mon plan en marche. Ce n’est qu’une question de temps.
-De temps ? Combien de temps sorcier ?
Bibidi soupira intérieurement face à une telle impatience.
-Difficile à dire en enfer. Peu de temps. Cela arrivera bien avant votre purification, si c’est ce qui vous inquiète.
-Hmm.
Cold n’insista pas, préférant vaquer à ses occupations. Le Dr. Gero s’approcha à son tour, tout en ayant la décence de ne pas prononcer un mot, se cantonnant à son rôle d’observateur. De tous ceux présents, il était celui que Bibidi exécrait le moins. Si son savoir était différent du sien, un savoir qu’il jugeait inférieur, il appréciait la présence d’un autre être intellectuel. Un être sans lequel de tels préparatifs auraient été bien plus long.
Après tout, il s’était littéralement sacrifié pour la cause. Méthodiquement désossé pendant l’évènement, les restes mécaniques du Dr.Gero gisait tout proche de son double. Bibidi avait vu juste, ce qui n’était pas organiques perdurait après la mort lorsque l’équilibre du paradis était affecté. Il avait déjà pu le théoriser, il y a de cela des éons. Il en avait la preuve formelle désormais.
-Statut ? demanda le scientifique.
-L’équipement est opérationnel, la magie en cours de stabilisation.
-Bien.
Alors que le savant s’en allait, Bibidi se raidit. Comme s’il avait besoin d’une quelconque approbation concernant son œuvre. Le socle de métal conçu pour canaliser sa magie était certes utile, mais c’était lui qui avait presque tout fait seul. Même son fils, qui faisait de son mieux pour maintenir toute cette opération secrète par ses faibles sorts, n’avait été que très secondaire. Il avait tout mené à bien, et il allait s’assurer d’en récolter les lauriers. Jusqu’aux derniers.
La boule de cristal prit soudainement une teinte pourpre. Bibidi sourit. Si près du but…
***
Il flottait. Il flottait et il ne sentait rien. Il flottait sans pouvoir se retourner. Il flottait et il attendait. Il flottait et il voyait enfin. Il voyait mal. Sa vision était distordue, obscure à ses extrémités, déformée au centre, mais au moins, il voyait. Il voyait, un homme, ancien, assis en tailleur, les yeux fermés. Il voyait un homme concentré, trop concentré pour le voir. Il voyait un homme qui, enfin, le remarqua.
-Ah. En voilà un. Au moins un. Tu as de la chance, te repêcher n’a pas été simple. Un peu plus et tu me filais entre les doigts. Tu es plus chanceux que la plupart. Ce n’est pas une surprise, tu es un cas à part après tout, n’est-ce pas ?
Il voulut parler, mais sa bouche ne s’ouvrait pas. Il voulut acquiescer, mais sa tête ne bougeait pas. Il voulut se débattre, mais ses membres n’obéissaient pas. Alors, il patientait. Alors, il écoutait.
-J’ai une proposition à te faire. J’ai besoin d’un agent. D’un agent discret. D’un agent compétent. J’ai besoin d’informations et d’une personne pour me les transmettre. Il s’agit d’une tâche cruciale. Tu penses être à la hauteur ?
Il écoutait, curieux et méfiant à la fois.
-Ce n’est pas un travail sans récompenses. Si je ne t’avais pas repêché… eh bien, ta fin n’aurait pas été des plus agréables. À la place, je te propose de me servir. Puis de te libérer une fois ton service accompli. Oui, libre de tes mouvements, sans pièges ou quoi que ce soit qui puisse te desservir. Ainsi, nous sommes tous les deux gagnants. Qu’en dis-tu ?
Il pensa « oui », car penser est la seule chose qu’il pouvait faire.
-Parfait !
Le monde changea. Enfin il voyait clairement. Il s’écrasa sur le sol. Sur l’herbe verte. Une herbe qui piquait la peau de son visage, de ses mains. Il se releva lentement, faisant craquer ses articulations. Il prit une bouffée d’air pure, brûlant ses poumons et causant une quinte de toux. Une fois droit il plissa des yeux. Ses pupilles avaient du mal à supporter une telle luminosité après la pénombre.
-Bien, commençons.
Une immense sphère apparut dans le dos de l’ancien. Une sphère qui éclata, se couvrant de points lumineux de différentes couleurs, mais principalement blancs et jaunes. Ses points s’organisaient en quatre grands groupes. Quatre galaxies. Quatre galaxies pour un univers. Un cercle rouge se dessina sur cette carte.
-Comme tu le constate, j’ai délimité une zone bien précise. Je veux que tu y enquêtes. Il y a un trouble et je veux savoir de quoi il s’agit. Je te laisse juger de la situation et m’en tenir informé. Ne te fais pas remarquer, tu es un observateur, pas un acteur. Pour le moment. Combat que si c’est absolument nécessaire, tue que si ton existence en dépend. Suis-je clair ?
Il acquiesça.
-Parfait. Je t’y envoie.
Le monde redevint progressivement obscur. Puis complètement noir. Il sentait le froid. Le souffle. Son cœur se souleva. L’air changea. Il devint sec, aride, chaud et lourd. Le vent balaya sa peau, déposant de la poussière dessus alors qu’elle gagnait en température sous les rayonnements de l’étoile la plus proche. Il ouvrit les yeux. Devant lui s’étendait un désert de sable bleu. Sa mission débutait…