RMR a écrit:Les quatre derniers, en fait, et non, pas le moins du monde. J'avais les commentaires en entracte, mais j'étais content de pouvoir découvrir la suite presque instantanément.
Et bien merci pour le compliment ^^
J’espère que ce chapitre le sera aussi
07 septembre 780Je reviens à l’instant de la capitale de l’est. Comme je le craignais le laboratoire D3 qui restait là-bas y était en ruine. Capsule Corp vient encore de perdre un organe important et il n’en reste plus beaucoup.
Toutes les équipes que j’avais missionné aux quatre coins du monde pour mon projet de mesure de la membrane dimensionnelle avaient centralisé leurs résultats dans la capitale de l’est car c’était là-bas que nos installations avaient été les plus épargnées. Du moins jusqu’à hier…
J’ai du déblayer toute seule une partie des ruines du labo, faute de personnel. C’est là que la force de Trunck m'aurait été utile mais il fallait bien que quelqu’un reste au chevet de papa durant mon absence.
Et puis je n’aime pas que Trunck voit de trop près les atrocités que commettent les cyborgs. S’il avait vu tous les cadavres au milieu des décombres, je sais que son sang n’aurait fait qu’un tour.
Mon fils à beau être très différent de Végéta, il n’en reste pas moins un sayen et je sais que tôt ou tard il répondra à l’appel du combat.
Je redoute déjà ce moment, tout ce que je peux faire c’est le repousser au plus tard et espérer que je puisse régler le problème des cyborgs avant que Trunck ne se mette en tête à les affronter.
Par chance, j’ai pu ramener plusieurs disques durs issus des unités du labo D3. J’espère seulement que leur contenu est encore exploitable.
08 septembre 780Sur les 35 disques durs ramenés hier, seulement 2 sont physiquement exploitables. C’est mieux que rien.
Beaucoup de gens sont morts pour que j’obtienne ces informations mais je sais que ça en vaut la peine si j’arrive à faire en sorte de les utiliser. Quand j’aurai décrypté le fonctionnement de la membrane dimensionnelle nous seront enfin en mesure de faire disparaitre les cyborgs une bonne fois pour toute.
Gohan est sur la brèche, mon idée lui plait beaucoup. Pour l’heure il est concentré sur son entrainement et attend mon signal pour passer à l’action.
Lorsque j’aurais réussi à ouvrir un vortex donnant sur la dimension de mon choix, nous ne disposerons que de peu de temps pour y expédier les cyborgs avant que le portail ne se referme. Gohan est à ce jour le seul en mesure de leur tenir tête suffisamment pour les obliger à passer.
Selon mes calculs de probabilités, même dans les meilleures conditions, les chances de réussite de ce plan ne sont que de 4,37%.
C’est pourtant actuellement le plan ayant de loin le plus de chance de fonctionner.
17 septembre 780Pour l’instant je stagne…
J’ai entre les mains suffisamment d’éléments pour savoir où et quand il serait théoriquement possible d’ouvrir des brèches donnant sur 3 dimensions dont l’une se trouve être le royaume des morts.
Pour ça j’ai passé les 3 derniers jours à paramétrer un programme capable de percevoir et calculer les emplacements où la membrane dimensionnelle devient plus fine.
Ca m’énerve, avec ça je devrais déjà être en mesure d’ouvrir des brèches mais rien n’à faire, tous mes essais sont des semi-échecs.
La technique que j’utilise n’est probablement pas la bonne mais je voyage dans un terrain que pratiquement aucun scientifique n’a exploré avant moi, je dois tout découvrir seule et je manque d’inspiration.
Pour l’instant je me sers d’un dispositif générant des impactes entre différentes ondes de choc parfaitement synchronisées et équilibrées. En un sens il fonctionne, mais il consomme toute l’énergie que j’ai à ma disposition pour ne générer que de minuscules failles très instables. Impossible d’utiliser ce système contre les cyborgs, il faut que tout soit au point pour que le plan ait une chance de fonctionner et là j’ai l’impression de perdre mon temps sur un projet bancal…
18 septembre 780Les cyborgs sont à nouveau dans la région. J’essai de garder mon calme mais c’est impossible de me concentrer.
Pour l’instant ils passent leurs journées dans un casino de Pepper-Town à seulement 70 km de la capitale de l’ouest, dieu sait ce qu’ils y font…
J’ai demandé à Trunck de partir au nord me chercher des herbes médicinales. Il sera incapable de les trouver, je lui ai dis que j’en avais absolument besoin pour soigner papa mais en réalité j’ai fais ça pour le tenir éloigné jusqu’à ce que la situation se calme ici.
Impossible d’évacuer pour moi, papa ne peut pas être débranché. Son état empire tellement qu’il ne supporterait aucun déplacement même dans une capsule de cinquième génération.
Et puis je ne veux pas laisser le labo non plus, mon travail est trop important à mes yeux bien que je sache pertinemment que ma présence ici ne lui confère aucune protection.
Pour l’instant je suis plongée dans des ouvrages de physique quantique, cherchant désespérément un indice sur la marche à suivre pour créer des vortex dimensionnels digne de ce nom.
21 septembre 780J’ai rappelé Trunck pour qu’il rentre à la maison, la ville est à nouveau sure... Pour le moment. Mais la moitié de la population de Pepper-Town y est passée.
Puisque je ne trouvais rien en étudiant les phénomènes scientifiques classiques j’ai décidé de laisser tomber les vieux bouquins et partir sur quelque chose de neuf, explorer des terrains plus novateurs, dont un en particulier : les pratiques invocatoires.
En magie, invoquer une créature venant d’un autre monde n’est pas impossible. L’inverse existe aussi, bannir une créature vers un autre monde s’appelle l’exorcisme mais j’en sais trop peu là-dessus pour en faire quoi que se soit.
L’invocation en revanche, c’est une pratique que j’ai touché du doigt à plusieurs reprises.
J’invoque des dragons depuis que je suis adolescente sans être une magicienne d’aucune sorte. Il a toujours suffit de réunir les dragonball pour permettre à Shenron de passer dans notre monde.
J’ai dans l’idée que l’étude de ce phénomène est susceptible de m’apporter les données qui manquent à mes recherches pour l’instant.
Mais qu’est ce que les dragonball exactement ? Des pierres émettant une fréquence. Une fréquence que je suis la seule à avoir su analyser avec exactitude.
En rassemblant les dragonball en un même point, c’est la multiplication de l’intensité de cette fréquence qui offrait les conditions pour ouvrir une brèche sur le monde de Shenron.
Les dragonball n’existent plus désormais mais je détiens encore les notes précises avec lesquelles j’avais créé le radar. Et avec ça je suis peut-être en mesure de recréer cette fréquence.
Si j’y parviens, que se passerait-il si je l’intensifiais aux endroits stratégiques où la membrane dimensionnelle est la plus fine ? Cela suffirait-il à ouvrir une brèche sur le monde de Shenron ?
Mon instinct me dit de continuer dans cette direction. D’une certaine façon une nouvelle quête des dragonball commence maintenant. J’espère qu’elle me portera chance, comme les précédentes.
22 septembre 780Je viens de passer en revue toutes mes vieilles notes concernant les dragonball. La plupart datent de l’année de mes 16 ans mais sont tout de même bien détaillées et remplies d’observations minutieuses et très utiles. Quelle bonne idée j’avais eu de garder tout ça !
La fréquence dragonball est une oscillation mécanique très subtile. Elle est générée par les petites étoiles à l’intérieur des boules, les particules à l’intérieur de celles-ci vibrent tout simplement à une intensité incroyable.
Les étoiles en question semblent faites d’une matière totalement inconnue alors que la structure de la boule elle-même est constituée d’une sorte de résine très compacte. J’avais noté que la vibration des étoiles à l’intérieur des boules augmente lorsqu’on les rapproche les unes des autres.
Pour reproduire cette oscillation il me faut avant tout réussir à reproduire le matériau dont sont constituées les dragonball et là ça ne va pas être évident.
19 octobre 780Des centaines de millions, voila ce que j’ai du dépenser pour recréer 17grammes du matériau dont sont faites les étoiles de dragonball. Mais le prix n’est rien comparé à la difficulté que j’ai eu à reconstituer leur structure exacte. J’ai pratiquement du assembler les particules une à une après les avoir polarisé patiemment par 19 procédés différents. Mais j’y suis arrivée.
En utilisant ces 17grammes avec une machine que je viens de mettre au point je suis parvenue à générer une imitation presque parfaite de la fréquence dragonball.
A présent je peux enfin commencer à l’étudier.
22 octobre 780Mon instinct ne me trompait pas. La fréquence dragonball va au-delà de mes espérances.
Je ne comprends toujours pas comment elle permet d’invoquer Shenron et je ne le saurais sans doute jamais vraiment mais en étudiant divers phénomènes lorsque je l’intensifie, je me rends compte que je suis en train de faire une découverte révolutionnaire.
25 octobre 780L’univers est constitué de matière. Que se soit un sandwich, le sol sur lequel on marche, l’air que l’on respire ou même l’énergie, tout n’est qu’un ensemble de particules appelé matière baryonique.
En reproduisant la structure des étoiles de dragonball, j’ai réussi à créé une nouvelle forme de matière, un nouvel élément. Je l’ai provisoirement appelé « la matière rouge ». Celle-ci affecte la matière baryonique d’une façon encore jamais vu.
Ca m’a pris du temps pour le voir, au début je pensais que la fréquence dragonball n’était qu’une oscillation.
Si je n’avais pas récupéré les appareils de mesure très perfectionnés du labo de la capitale de l’est, j’aurais été incapable de saisir les diverses façons très subtiles avec lesquelles cette fréquence affecte les particules de matière baryonique, qu’elles soient dans leur état solide, liquide, gazeux ou plasma.
C’est difficile à expliquer tellement ça dépasse tout ce qui a jamais été référencé. En fait la matière rouge se soustrait à la matière baryonique, elle n’est soumise qu’à très peu des variations de cette dernière et sa simple présence semble pouvoir redéfinir des lois parmi les plus élémentaires de la physique.
Avec mes amis nous avons toujours pensé que nous "utilisions" les dragonball puisqu’elles nous permettaient de réaliser nos souhaits. Etudier ainsi leur fonctionnement commence à me faire douter de cette évidence.
La façon dont la matière rouge s’impose dans notre réalité est aussi anormale qu’un incendie au fond de la mer, on pourrait même penser que l’existence des dragonball a toujours été maintenue dans notre univers grâce à l’intervention d’une force qui n’en fait pas partie et qui se manifesterait justement par la fréquence dragonball, une puissance extérieure.
Je ne cesse de spéculer sur le fait que la matière rouge n’a pas sa place dans notre monde, qu’elle n’y est pas naturelle.
Comme j’aurais aimé mieux connaître l’histoire des namek, savoir comment ils ont pu créer une chose pareille, par quel miracle ont-ils trouvé comment concevoir et utiliser les dragonball et leurs pouvoirs…
En namek piccolo signifie « d’un autre monde » et en étudiant les dragonball je me rends compte que ce terme avait peut-être plus de sens qu’il n’y parait.
Les dragonball ont toujours été une fenêtre vers un autre monde, un monde où nous n’avons jamais mis le pied mais qui, par l’intermédiaire de Shenron, a souvent interféré dans le notre.
Maintenant que j’observe de plus près les façons dont la fréquence dragonball peut affecter la matière, y compris celle qui compose notre corps, sans que nous en ayons conscience, je suis de plus en plus perplexe et ça enflamme mon imagination.
J’en viens à me demander si ce ne sont pas plutôt les dragonball, ou quelque chose derrière elles, qui ont toujours utilisé ceux qui les ont créé et même ceux qui ont commis l’audace de les approcher.
Et parmi tous ceux-là, je suis en tête de liste. Personne n’a été autant exposé que moi à la fréquence dragonball au cours des années. Et aujourd’hui cette fréquence vibre à nouveau dans le laboratoire où je passe l’essentiel de mes journées.
Mais cette fréquence, quels effets a-t-elle réellement sur notre monde ? Sur moi ?
Les dragonball cachaient probablement encore de grands secrets insoupçonnés et j’ignore si avoir reconstitué quelques grammes de matière rouge me permettra de les découvrir un jour.
En tant que scientifique je n’arrive pas à définir exactement la nature de cette matière. En fait, la seule référence qu’elle m’évoque est un vieux souvenir. Un livre ancien trouvé dans les affaires de mon arrière grand-mère il y a plus de 40 ans. Ce livre parlait d’un art perdu pratiqué par une civilisation elle-même oubliée. Cet art c’était l’alchimie.
La matière rouge m’évoque ce vieux livre, les vieilles légendes mêlant science et magie qu’il contenait, l’histoire d’une pierre philosophale aux propriétés sans limites.
Ce vieux livre de mon arrière grand-mère… Maintenant que j’y réfléchis je l’avais trouvé en même temps que la dragonball à deux étoiles, celle de ma famille.
Je les avais même trouvés précisément dans la même caisse dans un coin du grenier de la maison. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?
La matière rouge m’évoque de plus en plus cette pierre philosophale mentionnée dans l’ouvrage de mon arrière grand-mère. Serait-il possible que cette dernière ait fait avant moi un rapprochement entre ces deux éléments ?
Papa ne m’a jamais beaucoup parlé d’elle, lui-même ne l’ayant pas connu de son vivant.
Tanga Brief était une femme marginale qui avait passé l’essentiel de sa vie à voyager seule un peu partout sans se créer la moindre attache. Le peu que je sais sur elle porte sur nos ressemblances, je suis née avec des yeux et des cheveux identiques aux siens. Je sais aussi qu’elle possédait une intelligence remarquable mais qu’elle n’avait jamais mise au service d’un quelconque projet scientifique.
A 16 ans, trouver la dragonball m’avait tellement excité que je ne m’étais pas interrogé plus que ça sur sa provenance. Mais comment Tanga Brief avait-elle mis la mais sur cette boule ? Avait-elle aussi cherché les autres ? Essayait-elle d’en percer les mystères ? S’était-elle posée les mêmes questions que moi aujourd’hui ?
La présence du livre qu’elle a laissé avec la boule à deux étoiles me laisse à penser que oui.
Pourtant ce livre ne parle pas des namek ni du tout puissant, alors il n’est probablement pas pertinent de ma part de lui accorder du crédit. Si mon arrière grand-mère avait cherché la vérité derrière les dragonball, elle était vraisemblablement bien loin du compte avec ce bouquin.
Néanmoins je trouve que cette histoire de pierre philosophale ne manque pas d’à-propos.
Toutes ces digressions ne m’avance pas beaucoup. Il faut que je me refocalise sur mes priorités.
Pour l’instant je sais simplement qu’en manipulant la fréquence émise par la matière rouge, je suis potentiellement en mesure de bouleverser chaque particule de l’univers, de les soumettre imperceptiblement à des lois naturelles différentes de celles connues par la science. C’est énorme mais c’est vague, je vais devoir tâtonner jusqu’à ce que je trouve comment en tirer parti.
Mon esprit est en branle, une toute nouvelle forme de science est en train de naitre sous mes yeux et s’articule autour de la matière rouge. Elle sera sans doute la clé pour en finir avec les cyborgs, en tout cas j’ai hâte de voir jusqu’où elle va m’emmener.
29 octobre 780Aujourd’hui j’ai testé ce qui devait être mon générateur de portails dimensionnels.
J’ai été un peu présomptueuse de l’appeler ainsi, je savais que mes chances d’ouvrir un portail étaient infimes mais si ça avait marché j’aurais fais un bond de plusieurs mois dans l’avancement de mes recherches. Je ne perdais rien à tenter le coup…
Le concept était simple, diviser mes 17grammes de matière rouge en 28 points formants un cercle, puis augmenter l’intensité de la fréquence dragonball de plus en plus en croisant les doigts pour qu’au centre du cercle apparaisse une faille donnant sur le monde de Shenron.
Echec total, mais à la place d’une faille dimensionnelle un phénomène totalement inattendu s’est produit : le temps s’est arrêté à l’intérieur du cercle.
J’ai revérifié longuement les résultats de l’expérience et on peut le formuler ainsi, une annulation de la vibration temporelle.
J’extrapole ici mais si on considère le temps comme une sorte de vibration, ce n’est pas exclu qu’une autre vibration aussi exceptionnelle que la fréquence dragonball puisse interférer avec.
C’est à étudier.
30 octobre 780Nouvelle expérience, j’ai réitéré celle d’hier mais cette fois en inversant la polarité des 28 fragments de matière rouge.
Toujours pas de faille dimensionnelle malheureusement. Cette fois au centre du cercle est apparue une minuscule boule d’énergie concentrée.
A ce moment précis le dispositif qui maintenait les morceaux de matière rouge s’est mis à se dissoudre et la plupart d’entre eux ont été grandement détériorés.
La masse de ces fragments de matière rouge a désormais totalement changé et je doute qu’ils soient encore utilisables pour mes prochaines expériences. C’est bien ma veine…
Maintenant il ne me reste plus que 5grammes de matière rouge. Les minerais que j’avais utilisés pour en créer provenaient pour la majorité du cœur d’une météorite unique. Et même s’il en existait une deuxième sur terre, je ne pense pas disposer aujourd’hui de l’argent nécessaire pour en faire l’acquisition.
2 novembre 780En récupérant les données de mon expérience ratée du 30 octobre j’ai pu mieux comprendre la nature de la boule d’énergie que j’ai crée.
Finalement c’était loin d’être un échec. C’en était même très loin vu ce qu’elle m’a permis de découvrir.
Les différentes membranes dimensionnelles que je me tue à vouloir ouvrir depuis des mois sont constituées d’énergie, donc de matière baryonique et donc forcément soumises à l’influence de la matière rouge.
Il y a 3 jours, la soi-disant boule d’énergie apparue dans le labo n’était pas une faille d’une de ces membranes à proprement parlé. Sans le vouloir, j’étais allée beaucoup plus loin que ça.
Ce qui s’est produit en réalité durant cette expérience est une petite déchirure de toutes les membranes dimensionnelles existantes. Utilisée comme je l’ai fais, la fréquence dragonball a créé un point dénué de toute matière baryonique, un trou où même l’énergie constituant les barrières entre les dimensions n’existait plus.
A l’emplacement de ce trou, ce que j’ai pris à tort pour une boule d’énergie était en fait autre chose. Cela fait 3 jour que je suis plongée dans les analyses de ce truc et je sais à présent ce dont il s’agit. Au-delà de la matière et de tout ce qui compose la réalité, ce qui est apparu dans mon labo c’est : le temps, dans sa manifestation la plus épurée. La quintessence du temps était devant moi comme elle n’avait jamais été devant personne.
Aujourd’hui j’ai compris. Chaque seconde passée dans le labo me délivre de nouveaux trésors d’information, des bibliothèques entières restant à écrire. Le temps est un nouveau dialecte que je suis en train d’apprendre, je me suis aperçue qu’il pouvait être quantifié, étudié et même potentiellement altéré.
Quant aux 12grammes de matière rouge que je pensais perdu lors de l’expérience, ils sont en fait devenus une autre forme de matériau dont j’étudie actuellement les propriétés.
Parmi elles je note une imperméabilité totale à toutes les formes d’énergie auxquelles je l’ai soumise y compris la fréquence dragonball. Ces 12grammes sont devenus ce que je pourrais définir comme de l’antimatière rouge.
15 novembre 780Je n’ai eu que peu de temps à consacrer à mes recherches dernièrement, l’état de papa s’est beaucoup aggravé ces jours-ci.
Trunck continue à espérer et ça me fait peur, je sais qu’il aura bientôt le cœur brisé. J’essai d’être présente et de le préparer au mieux à l’inévitable, mais pour lui son grand-père représente toute la stabilité du monde. Continuer à vivre sans lui va représenter tout un apprentissage pour mon fils.
Moi j’essai de garder le sourire mais je n’ai qu’une envie, m’enfermer dans le labo et finir mes travaux le plus rapidement possible en ignorant le drame qui se joue dans la pièce voisine.
Pour l’instant j’en suis encore à un stade d’observation du continuum du temps. Plus je l’étudie et plus je considère le temps comme un flux, un courant invisible passant à travers le monde et dont la provenance est un mystère.
J’ai déjà réfléchis malgré moi à un système qui permettrait de s’extraire de ce flux. Avec suffisamment de matière rouge et mon ancienne fortune, je sais que je pourrais être en mesure de courber le temps de telle manière à faire apparaitre un objet du présent dans une autre époque.
En dirigeant mes recherches là-dessus les découvertes pourraient être énormes mais je ne peux pas m’y consacrer maintenant. A l’heure actuelle, seul mon plan pour éliminer les cyborg doit être une priorité et même celle-ci passe après ma famille.
C’est la mort dans l’âme mais je ne peux pas me permettre de rêver aux voyages temporels tant que je n’aurais pas sauvé le présent et garantis un avenir pour mon fils.
27 novembre 780Je ne peux pas me résoudre à laisser papa mourir ainsi. Trunck passe ses journées à son chevet, dès que je rentre dans sa chambre il me regarde en espérant de bonnes nouvelles et je ne supporte plus de le décevoir un peu plus chaque jour.
J’ai soumis mon père à une nouvelle batterie d’examens et j’ai recommencé à m’activer pour le sauver. J’ai passé toute la semaine dans mon avion à parcourir le monde pour aller chercher de l’aide.
Mon nom a encore assez d’influence pour m’ouvrir les portes de n’importe quel laboratoire de recherche et accéder aux plus grands médecins facilement.
J’ai ramené 3 traitements expérimentaux destiné à sauver papa. Si cela échoue, je serais à cour de solutions.
5 décembre 780Papa respire mieux, il semble s’exprimer avec plus de facilité et il a cessé de vomir tout ce qu’il tente d’avaler.
Si son évolution continue ainsi je pourrais bientôt même le débrancher de la machine de survie.
Trunck est fou de joie et c’est plutôt stressant pour moi. Même si l’état de mon père est actuellement encourageant, je sais qu’il est trop tôt pour se réjouir et je crains que mon fils ne s’accroche trop à de faux espoirs…
25 décembre 780C’est terminé. Papa nous a quittés avant-hier.
Je pensais m’y être suffisamment préparée, je vivais depuis des mois avec l’idée de sa mort imminente, mais maintenant que c’est une réalité j’ai l’impression d’être en morceaux.
Les mots me manquent. Trunck Brief Senior s’en est allé, il rejoint la longue liste de ce que les cyborgs m’ont arraché. Ils ne l’ont pas tué de leurs mains mais c’est tout comme. En fait c’est même pire.
Les traitements n’ont pas eu les effets escomptés, mais au moins ils lui auront permis de passer quelques jours de plus en état de parler et de nous entendre Trunck et moi.
Je ne sais pas quoi faire pour mon fils. Il fait tout pour rester digne mais je sais qu’il vit ce drame bien plus mal que moi.
J’ai changé d’avis. Ma décision est prise et elle sera sans appel, j’en ai informé Gohan et il a compris, à partir de maintenant je ne me reposerai pas avant d’avoir concrétisé mon projet de voyage temporel. Tant pis pour le reste…
18 janvier 781Je ne compte plus les nuits blanches successives que je passe devant mes ordinateurs. Trunck commence à s’inquiéter pour ma santé.
Depuis la mort de papa, il est devenu très protecteur envers moi et j’en profite largement pour me faire servir. Je lui donne toutes les corvées possibles en abusant de sa gentillesse car c’est tout ce que j’ai trouvé pour lui occuper l’esprit.
Ce n’est certainement pas ce qu’une mère idéale ferait mais je dois garder le sens des réalités, mes ressources s’épuisent chaque jour un peu plus et je dois utiliser chaque instant de répits pour avancer dans mes travaux.
Les cyborg sont toujours dans le sud. On n’entendait plus parler d’eux depuis une dizaine de jours mais ce matin ils ont remis ça. Au moins 30 000 morts et encore un archipel de détruit…
Malgré tout je suis contente qu’ils se soient éloignés. Ca m’a permis de me concentrer sur mes calculs et ça a payé.
D’ici un jour ou deux, je serais en mesure de conceptualiser comment partir dans le passé en utilisant l’antimatière rouge.
J’ai donné à cette dernière le nom de « trantonite », car l’essentiel des éléments qui m’avaient permis de constituer la matière rouge de base provenait d’une météorite appelée trantor.
La trantonite est un isolant sans égal, un élément exceptionnel. Le seul au monde d’après mes recherches à n’être pas soumis au flux temporel et donc le plus indispensable pour créer la machine à remonter le temps que j’ai en tête.
En utilisant la trantonite dans le revêtement de la machine et en utilisant les propriétés de la matière rouge pour concevoir un moteur à très grande quantité d’énergie, je pourrai envoyer un être vivant hors du flux temporel.
En fait, la part la plus difficile du concept ce sont les calculs quantiques de la programmation de la machine afin qu’elle puisse se ré-immerger dans le temps à l’époque voulue et ensuite revenir dans le présent.
Néanmoins je sais que j’arriverai à gérer ça, en tout cas plus facilement que les problèmes logistiques que vont me demander la création d’une telle machine.
Celle-ci ne transportera qu’une seule personne pour économiser du volume. Le revêtement va me demander pas moins de 900grammes de trantonite pure et ce même si je fabrique la machine de façon la plus compacte possible. Trouver assez de matière rouge à transformer en ces 900grammes de trantonite constitue en soit une mission quasi impossible.
Même si j’y parviens il me faudra en plus garder suffisamment de matière rouge pour concevoir le moteur. Pour l’instant j’arrive à me servir de la matière rouge comme d’un puissant accélérateur de particules énergétiques. C’est basique mais efficace. En accumulant dès aujourd’hui l’énergie que me permet ce procédé, je pourrais avoir la puissance suffisante pour alimenter le moteur de la machine d’ici quelques années.
Sans matière rouge ça aurait pris des siècles au moins…
Reste à savoir combien de temps je vais mettre à terminer ce projet, surtout sans l’aide de mon père.
En tout cas, que cette invention aboutisse ou pas, travailler dessus m’aura permis de ne pas trop penser à sa mort.
20 janvier 781Il faut que je note scrupuleusement ce qui vient de m’arriver. Une part de moi se demande si je n’ai pas rêvé. Oui c’était forcément un rêve, je n’ai pas dormis plus 4 heures cette semaine ça expliquerait tout.
Je venais de passer la matinée dans la salle de recherche numéro 5, celle-ci étant remplie d’immenses tableaux noirs et de craies. Je me sers toujours de cette salle lorsque je dois utiliser mes talents de physicienne. Je la trouve reposante propice à ce genre de réflexions.
Bref, je venais enfin de finir d’écrire la formule mathématique du voyage temporel sur les différents tableaux et j’étais partie cinq minutes tout au plus afin de me servir un café. Quand je suis revenue dans la salle, j’ai trouvé cette jeune femme blonde en train de regarder mes inscriptions. Je lui ai demandé ce qu’elle faisait là et quand elle s’est retournée j’ai laissé glisser la tasse que j’avais dans les mains.
Cette femme, l’expression de son visage était légèrement différente mais j’aurais jurée que c’était C18.
Très calmement elle m’a fait part d’un commentaire en désignant un des tableaux :
-« Tu as oublié deux virgules, une ici et une là. Ce doit être à cause de la fatigue. Le café c’est pas mal mais le seul remède efficace contre la fatigue et la migraine c’est le sommeil. Les humains sont ainsi faits.
J’ai toujours trouvé les mécanismes du sommeil fascinants et pleins de mystère… J’adore ça.
Et toi Bulma, tu aimes les mystères ? Il parait que oui. Selon ton journal tu t’es penchée sur certains d’entre eux dernièrement, qu’as-tu trouvé d’intéressant ? »
J’étais terrorisée, en plus je savais que Trunck était dans sa chambre à seulement quelques mètres. Ne répondant pas à sa question c’est elle qui continua de parler :
-« Calme-toi. Je sais à quoi tu pense, j’ai l’habitude. Non je ne suis pas
elle et autant te prévenir j’ai horreur qu’on nous confonde. Je trouve insultant qu’on puisse penser que moi je porterais des tenues faites de vieux jeans bon marché.
D’ailleurs, puisqu’on parlait de mystères, tu vas peut-être pouvoir m’aider à résoudre celui-ci : pourquoi cette fille braque toutes les boutiques de vêtements partout où elle passe pour finalement toujours porter les mêmes vieilles guenilles du Ruban-Rouge ?
J’aimerais vraiment qu’on m’explique. »
J’étais sans voix, C18 était à capsule Corp, j’étais certaine que j’allais mourir ici juste au moment où j’approchais enfin mon but.
Mais elle ne faisait pas fait mine de vouloir me tuer, elle déambulait dans la pièce avec la plus grande désinvolture, jetant parfois quelques regards appuyés sur mes équations quand elle reprenait son souffle. Elle piaillait plus qu’elle ne parlait, à un débit rapide et sur un ton des plus snobs.
En y regardant à deux fois je constatais qu’elle avait raison, par inattention j’avais bien oublié deux virgules sur un des tableaux noirs.
Pour autant que je sache, il ne devait y avoir que 3 personnes tout au plus sur terre capable de comprendre une formule d’une telle complexité à part moi. Et je doute que l’une d’entre elles fut capable d’y trouver des erreurs d’un simple coup d’œil comme elle venait de le faire.
Elle se dirigea vers la partie du tableau où j’avais noté schématiquement la constitution de la trantonite et parue agréablement surprise.
-« Voila qui est intéressant ! Peux-tu m’en dire plus sur ce matériau ? Ce n’est pas un alliage, ça ressemble un peu à... Enfin bref je ne savais pas qu’on pouvait trouver ce genre de chose sur terre. »
J’essayais de répondre mais j’étais sans voix. Elle me fixa en souriant.
-« Apparemment tu ne cherche à exploiter que les propriétés quantiques de ce truc, c’est dommage. Tu sais qu’utilisé correctement, ça pourrait te permettre de donner vie à un cyborg qui dépasserait l’imagination. Une créature à côté de qui C17 et C18 ne vaudrait pas plus que des vers de terre.
Géro aussi était doué pour cultiver de nouvelles matières, tu ne le sais surement pas mais la plupart des modules composants les cyborgs à base humaine ont été conçu avec un alliage liquide qu’il avait laissé mariné sur plusieurs années dans une solution à base de moisissure.
Tu ne rêve pas j’ai bien dit de la moisissure, c’est ignoble non ? Personne ne parle jamais de ce genre de chose.
En tout cas moi ça me dégouterait d’avoir ça dans le corps…
Mais apparemment il fallait en passer par là pour rendre la structure adaptée à un corps organique.
Si on y réfléchit bien, les cyborg ne sont peut-être pas vraiment pourrit, au font c’est peut-être simplement leurs corps moisis qui le sont…
Tu ne dis rien ? Je t’ennuie c’est ça ? Je comprends, tu dois en avoir assez d’entendre parler de cyborg sans arrêt. Les gens n’ont que ça à la bouche depuis trop longtemps : cyborg, cyborg, cyborg… C’est ce qui a rendu la terre ennuyeuse à mourir. Et les médias, n’en parlons pas… Il n’y a plus une seule chaine potable qui ne nous bassine pas avec ça du matin au soir. Pourtant tout le monde sait très bien que C17 adore se donner en spectacle et qu’ils jouent son jeu en en parlant constamment, mais ils continuent année après année, c’est infernal…
Mais si tu veux un secret, en ce moment la terre n’est pas le pire endroit où se trouver, il semblerait qu’un monstre soit sur le point de saccager une belle grosse tranche de l’univers.
Prions pour qu’il ne parvienne jamais jusqu’ici. »
Me voir tremblante de peur ne semblait pas la déranger, mais impossible de savoir si elle y prenait plaisir pour autant. Moi je restais plantée à l’entrée de la pièce, prostrée face à mon pire cauchemar. Je n’avais encore jamais rencontré C18, mais je l’avais souvent vu à la télévision. Elle ne s’était jamais comportée de cette façon. Je me demandais à quel jeu tordu elle pouvait bien être en trin de jouer et s’il y avait une chance pour que je sois encore vivante à la fin de la partie.
Après avoir balayé du regard une nouvelle fois l’ensemble des tableaux elle reprit :
-« Je ne devrais surement pas te le dire, mais la dernière personne qui a écrit une telle formule a connu une fin épouvantablement triste. Il y a des choses auxquelles personne n’est sensé toucher, des terrains où il ne faut surtout pas s’aventurer.
C’est étrange quand même, la plupart du temps les gens dotés d’un vrai génie sont dénués du bon sens élémentaire. Ils ne voient jamais quand ce même génie causera leur perte.
Malgré tout je ne vais pas te cacher que tout ce que tu as écris ici est au point, en t’activant tout de suite tu devrais pouvoir partir à l’époque que tu veux d’ici 4 ou 5 ans. »
Elle s’est tournée vers moi.
-« Mais puisque tu as trouvé cette formule et que tu connais ses aboutissants, tu sais pertinemment que changer le passé n’aura aucune incidence sur le présent. Alors je ne peux m’empêcher de me demander l’intérêt que tu y trouve. »
L’atmosphère dans la pièce était moins pesante, plus je la dévisageais et moins elle me faisait penser à C18. Il y avait un mélange d’amusement et de curiosité dans son regard froid, mais je ne peux pas dire que c’était vraiment menaçant.
-« Alors, ne reste pas prostrée comme ça, répond à ma question. Pourquoi fais tu tant d’efforts pour aller dans le passé si ça ne change rien à ton présent ?
Tu ne feras que créer une ligne temporelle différente dans laquelle une autre Bulma profitera d’un destin pour lequel elle ne s’est pas battue contrairement à toi.
Ton projet initial pour te débarrasser des cyborg était de les projeter dans une autre dimension, il était bien plus pertinent. Pourquoi l’avoir abandonné au profit d’un voyage temporel parfaitement inutile ? Explique m’en la raison. »
Mais qui était cette fille ? Elle semblait connaître la formule du voyage temporel encore mieux que moi et voila qu’elle connaissait aussi mes travaux sur les portails dimensionnels.
Ma peur de C18 était toujours présente mais celle que j’avais en face de moi n’était définitivement pas cette délinquante robotisée juste bonne à tout détruire. J’ai bredouillé maladroitement :
-« Je… Je veux juste changer les choses. C’est tout… »
-« … »
Elle attendait manifestement une autre réponse et celle-ci ne lui a pas plu.
-« Alors c’était juste ça, tu as trouvé cette foutue formule et tu compte l’utiliser même si elle ne sert à rien, juste parce que tu t’en crois capable.
Voila pourquoi je déteste les scientifiques, vous faites vos expériences de merde tellement vautrés dans vos ambitions égocentriques que vous vous foutez de ceux qui en payent les conséquences à votre place. As-tu la moindre idée des réelles implications de ce que tu t’apprête à faire ? Non, bien sûr que non, tu ne t’es pas du tout penchée là-dessus, quelle importance…
Très bien, tu devrais aller dire adieu à ton fils car je ne vais pas te laisser faire, tu vas mourir Bulma. Maintenant. »
J’ai crié de toutes mes forces
-« Attendez ! Si vous voulez la vérité c’est pour lui, c’est uniquement pour Trunck que je veux créer cette machine. »
Elle s’est assise sur le canapé et m’a fixé durement. J’ai poursuivi en lui racontant ce que j’avais sur le cœur, les mots jaillissants de ma bouche sans que je n’y réfléchisse ou que je n’arrive à les retenir une fois lancée :
-« Mon père s’appelait Trunck Brief et il fut le plus grand génie qu’il m’ait été donné de connaître.
J’ai croisé beaucoup d’hommes exceptionnels dans ma vie mais je n’en ai tenu aucun en plus haute estime que lui.
Mon fils a toujours éprouvé la même estime et le même amour pour cet homme dont il partageait le nom. Son propre père ayant été tué par les cyborgs peu après sa naissance, c’est donc naturellement le mien qui a du embrasser ce rôle avec plaisir.
Pendant 10 ans mes parents et moi avons protégé mon fils de toutes les horreurs du monde, de ce quotidien fait de sang et de drame qui frappait parfois à quelques mètres de notre porte. Nous y sommes parvenus jusqu’à il y a près de 3 ans…
Ce jour là, ma mère était allée dans un centre commercial du centre ville. Elle avait l’habitude d’y retrouver des amies dans son salon de thé préféré. A chaque fois, elle en ramenait 3 parts de gâteaux pour Trunck, papa et moi ; et à chaque fois c’était l’occasion pour moi de la réprimander et lui rappeler qu’il fallait s’efforcer d’éviter les zones urbaines les plus actives car c’était toujours là que C17 et C18 frappaient en premier.
Néanmoins elle y retournait toutes les semaines et lorsqu’elle revenait, nous partagions à chaque fois un moment privilégié tous les quatre.
Ma mère était comme ça, peu importe le niveau critique de la situation elle était la désinvolture faite femme. Je ne sais plus combien de fois j’ai pu m’énerver contre elle, lui implorant de faire attention, de ne pas tenter le diable en continuant d’agir comme si le monde été encore un jardin tranquille.
Elle ne connaissait pas le sens du mot prudence, pas plus que celui du mot peur et elle s’en moquait bien. Elle ne savait que vivre d’une façon qui n’appartenait qu’à elle, comme une plume se laissant porter par le vent. Son attitude avait beau me rendre folle, c’est plus tard que je me suis rendue compte qu’au fond c’était elle qui nous avait tous permis de tenir le coup aussi longtemps.
Avoir au près de nous la seule personne dont le visage ne s’assombrissait jamais, peu importe à quel point la réalité devenait pourrie, c’était un véritable rayon de soleil.
Mais ce jour là au même moment, les cyborgs étaient eux aussi en train de s’amuser dans la capitale de l’ouest…
Papa a attendu son retour, des heures qui sont devenues des jours, mais maman n’est jamais revenue du centre commercial. De toute cette partie de la ville il ne restait que des cendres. Celles des bâtiments et celles des corps dont ma mère devait faire partie.
Privé de cette lumière, mon père n’a pas tardé à tomber malade. D’abord une chute brutale de son système immunitaire, puis une paralysie ainsi que nombres d’autres symptômes de plus en plus graves.
Que pouvais-je faire ? Je savais que mon père avait abandonné toute envie de vivre, qu’il ne se battrait pas et que le faire à sa place était peine perdue. Papa voulait partir, son corps mourrait doucement par sa simple volonté et c’était un choix que je comprenais même si j’en étais anéantie.
Mais Trunck était là lui aussi et je ne voulais pas qu’il pense que même son illustre grand-père pouvait baisser les bras au point d’abandonner jusqu’à sa propre vie. Je ne pouvais pas laisser cet enfant de 10 ans savoir qu’un être humain qu’il admirait tant pouvait céder face au désespoir.
Alors je me suis employée à garder mon père en vie par tous les moyens aussi longtemps que possible. Pas pour lui, ni pour moi, mais pour montrer à Trunck que chaque jour est un combat qui peut être gagné si on garde espoir. Je pensais que cette leçon donnerait à mon fils les clefs dont il aurait toujours besoin pour survivre.
Malgré mes efforts, mon père s’est éteint le mois derniers.
Nous l’avons enterré à coté de la tombe vide de ma mère puis nous avons flâné en ville. Je voulais consoler mon fils mais je ne voulais pas qu’il entende toutes les absurdités qu’on peut dire dans des moments comme celui-là. Nous étions le jour de noël et les gens s’appliquaient de leur mieux à paraître en joie, j’ai donc décidé d’emmener Trunck dans un parc d’attraction magnifiquement décoré, plein de sons et de rires.
Assis tous les deux sur un banc, nous avons fait une orgie de glaces en regardant cet endroit grouiller de vie.
Je n’oublierai jamais ce moment car c’est celui qui a tout changé pour moi. Je regardais tous ces gens passant et repassant autour de nous et la réalité m’a frappé alors au visage avec une violence comme jamais auparavant. Combien de temps avais-je pu passer enfermée dans mon labo pour ne pas la voir jusque là ? Ces gens autour de moi, ils avaient beau rire, jouer, manger, s’embrasser ils avaient tous le même regard. Tous se savaient condamner au même sort : une mort prochaine, violente, injuste et dénuée de sens.
Le monde dans lequel nous vivions s’était changé en mascarade, un gigantesque mensonge auquel les gens s’adonnaient, y consacrant tous leurs efforts faisant semblant de vivre pour ignorer que la seule vérité était la mort.
Je me suis tournée vers mon fils et j’ai fondu en larmes. Trunck ne m’avait jamais vu pleurer jusqu’à ce jour, je m’en étais toujours bien gardée. Il s’est alors levé pour me prendre dans ses petits bras et c’est lui qui s’est mis à me réconforter.
Il pensait à tort que j’étais en train de pleurer la mort de mon père et même s’il en était bien plus affecté que moi, c’était lui qui me consolait. Il ne se doutait pas que si j’avais craqué à ce moment là, ce n’était pas pour mon père. Trunck Brief senior était là où il devait être, auprès de ma mère. Contrairement à mon fils, je m’étais faite à l’idée de son départ depuis longtemps.
Non, si j’ai pleuré à ce moment là c’est parce qu’après avoir regardé autour de moi j’ai plongé mon regard dans celui de Trunck et je n’ai pas pu supporter ce que j’y ai trouvé. Un regard où la lumière s’est éteinte et ne reviendrait plus.
Moi j’ai toujours un passé auquel m’accrocher, des souvenirs où je peux me réfugier, mais Trunck n’a rien de tout ça. Il est né dans une époque de désespoir et à la seconde où je me suis retrouvée seule pour l’en protéger j’ai échoué.
Alors vous m’avez demandé pour quelle raison je veux créer cette machine à remonter le temps, je vais être très honnête. Je me fous totalement de ce qui arrivera à notre monde, celui-ci a déjà trop souffert et est déjà mort. J’en ai maintenant pleinement conscience. Que les cyborgs vivent où soient détruis, à ce stade ça ne changera plus grand-chose.
Tout ce que je veux c’est envoyer mon fils dans un endroit où chaque personne qu’il croise ne porte pas ce regard résigné sur le visage, qu’il puisse voir les choses telles qu’elles étaient autrefois et telles qu’elles auraient du rester. Et ma foi, s’il décide de rester là bas, dans cette ligne temporelle que j’aurais enfin corrigée pour lui, j’en serais aussi satisfaite. Peu m’importe que ça ne soit d’aucun secours pour moi, que se soit une autre Bulma qui en profite ou que je reste seule dans ce monde dénué de futur… Tout ce que j’ai fais depuis que je me suis relevée de ce banc et tout ce que je ferai dans les années qui viennent ne tend qu’à un seul but duquel je ne m’en détournerai pas : raviver ce qui s’est éteint dans les yeux de Trunck… Je veux juste lui rendre espoir. »
J’avais fini par parler encore plus vite que cette femme, j’avais la gorge serré et du mal à reprendre mon souffle. Je n’aurais jamais pensé dire tout ça à voix haute.
Elle m’avait écouté patiemment et attendu un long moment pour reprendre la parole.
-« Et bien… Je préfère ça, il y a une forme de noblesse qui dicte tes actes mais jamais dénuée d’égoïsme. J’aime ce mélange, je n’aurais pas été réceptive si ça avait été soit tout l’un soit tout l’autre. »
Elle s’est mise à me sourire puis a repris
-« Merci de m’avoir permis de mieux comprendre. Ta réponse me plait beaucoup. Malheureusement tu dois bien te douter que scinder le flux du temps en deux n’est pas anodin. Si je te laisse aller au bout de ce projet tu vas enfreindre des lois naturelles d’une telle ampleur que personne ne pourra les réparer. »
-« Je le sais. »
-« Non tu ne sais rien. Il y a quelques minutes, je t’ai révélé que tu n’étais pas la première à mettre au point une telle formule. Il y a eu des précédents. Et tu peux me croire quand je te dis qu’ils l’ont tous amèrement regretté. »
-« Je ne comprends pas. »
-« Ceux qui t’ont précédés n’étaient pas plus bêtes que toi. Ils avaient les éléments nécessaires et le génie pour aller au bout de leurs ambitions. Ils ignoraient seulement qu’il leur manquait tout de même quelque chose d’indispensable, un trésor dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence et qui leur faisait cruellement défaut. »
-« Et qu’est ce que c’était ? »
-« Moi… »
Elle se leva du canapé et marcha en direction de la fenêtre. Celle-ci était entrouverte et une brise ampli la pièce. La fille avait des cheveux noués en queue de cheval haute beaucoup plus longs que ceux de C18, pourtant étrangement aucun d’eux ne bougea au contact de cette brise. Elle reprit une nouvelle fois la parole sans me regarder :
-« Tu dois comprendre la responsabilité qui t’incombe si tu veux vraiment affecter le flux temporel, car tu vas devoir faire un choix en toute connaissance de cause.
A l’instant même où tu utiliseras la machine à voyager dans le temps, tu scelleras le destin du monde de manière irrévocable. Celui de ce présent mais aussi celui du passé que tu vas créer.
Tu m’as dit que tu te moquais de ce qui pouvait arriver à ce monde, que celui-ci était déjà mort, j’espère pour toi que tu étais sincère car si tu décide d’envoyer Trunck dans le passé tu engendreras une série d’événements qui à terme le condamnera à sa fin. »
Elle était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Le ton sur lequel elle s’adressait à moins maintenant ne laissait aucun doute là-dessus. Je n’avais aucune idée de qui j’avais en face de moi mais à ce moment là, je la croyais. Elle se retourna et me fixa dans les yeux.
-« Voila la responsabilité que tu auras, être celle qui engendrera la fin du monde. Une responsabilité que je vais partager si je te laisse faire.
Mais comme je te l’ai dis, ce qui manquait à tes prédécesseurs c’était mon aide et après ce que tu m’as raconté j’ai une envie totalement déraisonnable de parier sur ta… noblesse égoïste.
Si tu compte vraiment envoyer Trunck dans le passé, je ne pourrais pas empêcher l’apocalypse de s’accomplir mais je pourrai toutefois en retarder l’échéance.
Maintenant, j’ai beau aimer bavarder je préfère les actes. Je vais tout risquer pour toi, vraiment tout alors tu vas devoir me prouver que cette détermination qui me séduit tant dans tes mots n’est pas que du vent. »
Elle tendit la main vers moi et dans celle-ci apparu une carte. Une quantité d’informations étaient inscrites dessus. Quand je lui ai demandé ce dont il s’agissait elle m’a répondu par une autre question :
-« Et si je détruisais C17 et C18 tout de suite, que ferais-tu ? »
Prise au dépourvu, je lui répondis : « Pourquoi dites-vous ça ? »
-« Pour que tu réalise que l’histoire pourrait se terminer aussi simplement que ça. Je pourrais en finir avec eux dans la seconde si ça pouvait te convaincre d’abandonner ton projet de voyage temporel.
J’ai même mieux, je peux te permettre de le faire toi-même. Tu vois cette carte ? Les données qu’elle contient peuvent mettre un terme à ce cauchemar une bonne fois pour toute.
Tu dois te douter que Géro, lorsqu’il a créé ses cyborgs, avait bien entendu opté pour un système de désactivation d’urgence. Une télécommande que ses vieux réflexes ne lui ont pas laissé le temps d’utiliser. Tu n’as jamais pu recréer une pareille télécommande car tu n’as pas la moindre idée du système de fonctionnement des cyborgs de Géro, et c’est regrettable.
Mais cette carte peut remédier à ce problème. Il s’agit du schéma simplifié de la télécommande de désactivation de leur module neuronal, elle fonctionnera de n’importe où autant sur C17 que sur C18. Si tu t’y emploies avec cette carte, tu pourrais la construire en une demi-journée et les cyborgs ne seraient plus qu’un souvenir à partir de ce soir... »
-« Voila donc votre offre. Je renonce à ma machine temporelle et en échange vous m’assurez la destruction des cyborgs ? En supposant que se soit vrai, je serais folle de refuser. Après tout, rien ne dit que je serais vraiment capable un jour de construire la machine. Il y a une marge entre savoir le faire et pouvoir.
En effet une telle offre devrait logiquement faire flancher ma détermination mais ça ne me suffit pas. Je vous l’ai dis, je ne veux plus seulement détruire les cyborgs. Mon fils vis dans un tel cauchemar que même me débarrasser d’eux ne suffira pas à l’en réveiller. Je veux effacer ces 13 dernière années, donner un autre destin à Trunck, lavé de toutes les horreurs qui l’ont entaché jusqu’à maintenant. Et qui que vous soyez, votre présence en face de moi me fait penser que je suis sur la bonne voie.
J’ai juré sur l’âme de mon père que rien ne me détournerait de mon objectif et je me moque de ce qu’il adviendra ensuite ou des responsabilités que vous prétendez poser sur mes épaules. Donc désolée mais je refuse votre offre. »
-« Ce n’est pas la peine de t’emporter comme ça !
Là tu me réponds un peu vite. Je vais te laisser une heure pour reconsidérer tout ce que je viens de te dire et prendre une décision plus réfléchie.
Dans une heure donc, je viendrai apposer une marque en toi. Cette marque effacera totalement mon passage de ta mémoire et elle te dissimulera aux yeux de certaines personnes qui te poseraient bien des problèmes.
Ou bien, si tu change d’avis, ma marque pourra effacer tout souvenir de la formule écrite sur ces tableaux et laisser en lieu et place de celle-ci le schéma de la télécommande de désactivation des cyborgs. Penses y, la terre pourrait être sauvée et le monde continuerait d’exister tel qu’il est, dans une seule ligne temporelle intacte et débarrassée de la menace que tes recherches représentent actuellement.
Tu as compris ? »
-« Le verbe comprendre n’est pas le plus approprié mais oui je vais y réfléchir. »
-« Au fait, quand je dis que ma marque effacera toute trace de mon passage, ça ne concerne pas uniquement ta mémoire. Je parle bien de toutes les traces, y compris celles que tu t’apprête à consigner dans ton fameux journal. »
Tout ça représentait beaucoup d’informations et encore plus d’interrogations. Au terme de notre conversation, cette femme ne m’effrayait plus, je la trouvais même plutôt agréable et j’avais l’impression qu’elle éprouvait le même sentiment à mon égard.
Les dernières minutes avaient été presque irréelles et moi je marchais totalement dans ce délire, je n’arrivais pas à mettre en doute tout ce qu’elle venait de me dire.
De toutes les questions que je mourrais d’envie de lui poser, je ne savais laquelle choisir quand elle fit mine de partir. Celle que je choisie n’était certainement pas la plus intéressante :
-« Attendez s’il vous plait ! Vous pouvez au moins me dire votre nom ? Si je dois l’oublier dans une heure ça ne fera pas une grande différence mais pour l’heure j’aimerais quand même savoir qui vous êtes. »
Alors qu’elle s’engageait vers le pas de la porte en direction du couloir menant à la sortie, elle lança par-dessus son épaule :
-« Je suis la dernière personne à qui il faudrait poser cette question… Ceux qui me connaissent ont l’habitude de m’appeler Lira. Et à partir d’aujourd’hui tu peux me considérer comme ton ange gardien. A tout à l’heure Bulma… »
Tout ça s’est passé il y a presque une heure. Si Lira n’a pas menti et que tout ça n’est pas un rêve, elle devrait bientôt revenir et elle voudra connaître mon choix. Il n’a pas changé, je suis toujours déterminée à concevoir la machine qui enverra Trunck dans le passé, quoi qu’il en coute.
Pour le reste, je n'arrive pas à comprendre comment mes travaux pourraient provoquer le cataclysme qu'elle l'a évoqué. Jusqu'à présent rien dans mes recherches ne m'a amené à de telles conclusions. Comment un tel élément aurait-il pu m’échapper ?
Je me demande si dans quelques minutes je vais vraiment oublier cette étrange journée, nous verrons bien…
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Notes sur le chapitre :
- Le système d’ouverture de failles dimensionnelles dont se sert Bulma au début et qu’elle explique le jour du 17 septembre 780 est à peu près le même qu’elle utilise dans le chapitre 5 pour ouvrir une petite faille donnant sur le royaume des morts pour y contacter mamie voyante.
- Tanga Brief était déjà évoquée sans la nommer dans le chapitre 9. Dans ce dernier Bulma parlait pour la première fois des particularités cérébrales héréditaires de sa famille. A ce moment là elle mentionnait rapidement son arrière grand-mère, faisant partie de ceux qui possèdent un cerveau particulier.