Pour la question de l'explosion, San a déjà expliqué en quoi la présence d'oxygène dans le vaisseau rendait parfaitement possible ce fait, mais je rajouterais un autre paramètre que vous avez semblé oublié : le ki. En effet, on ne sait pas comment fonctionne l'énergie vitale de nos héros mais c'est manifestement capable de "brûler" dans l'espace comme le montre certaines cases du manga. (Notamment le Final Flash de Végéta) donc de là à en conclure que ça peut aussi exploser dans l'espace, il n'y a qu'un pas que je franchirais joyeusement, pour faire joli. :p
Je suis content de voir que la mentalité de Taris vous surprend un peu, c'était le but. Gardez bien en mémoire que des milliers d'années se sont déroulées entre le tome 0 et la suite. Donc il a eu le temps de changer. ^^
Et prochain chapitre !
Chapitre 26 : Taris.
- La Guilde n'est pas morte.
La Guilde est blessée, à terre, mais nous sommes toujours vivants. Et vous qui lisez ceci, vous l'êtes aussi.
Nos opérations vont entrer en sommeil, le temps que la tempête passe. Mais nous nous relèverons, comme nous l'avons toujours fait. Et vous qui lisez ceci, vous êtes encore en vie, vous pouvez encore nous aider. Vous serez recontacté quand les cendres se relèveront.
Et ce jour-là, ceux qui sauront se ranger du bon côté et mettre leur compétence à profit seront promis à un brillant avenir.
Ne répondez pas à ce message. Ne faites rien qui vous paraissent dangereux. Suspendez toutes nos activités. Notre nouveau dirigeant vous recontactera bientôt. Vous saurez qui il est.
Les informations défilaient à une vitesse qui les rendaient impossible à assimiler, pour un individu normal tout du moins. Par chance pour lui, Yantz n'avait jamais été un individu normal, et il arrivait parfaitement à traiter tout en même temps. Dans la pièce sombre qui lui servait de bureau, il avait installé plusieurs dizaines d'écrans qui transmettaient tous une information d'un coin différent, le tout était assimilé en quelques secondes.
Pourtant, il n'était focalisé que sur un ou deux écrans, surveillant attentivement comment se déroulait son dernier plan, celui qui pouvait lui faire tout perdre ou tout gagner. Enfin, l'information capitale s'afficha et un sourire s'épanouit sur son visage. Il avait tout parfaitement préparé pour cet instant mais le moindre couac aurait put réduire à néant tous ses efforts. Cela n'était pas arrivé, Cold avait joué son rôle à la perfection, de même qu'Omanor. C'était la première fois depuis le début de sa carrière qu'il manipulait des pions d'une telle envergure, et pour l'heure c'était un succès total.
Une lumière dorée apparut brusquement à la périphérie de son champ de vision : une transmission vocale. Il savait déjà de qui il s'agissait. En un instant, il éteignit le reste des appareils et activa un brouilleur ; il ne savait pas à quel point son agent infiltré prenait ses précautions mais lui-même faisait tout ce qu'il était possible de faire.
« Je t'écoutes, fais vite.
- C'est bon, ça a marché, mais c'est la dernière fois que je t'aide, patron, répondit la voix déformée par le brouilleur. »
Même quand le micro était dans son casque, Persée prenait soin de dissimuler sa voix en la brouillant, c'était ainsi que l'armure s'était adressée à lui depuis le début de cette opération. Et elle ne s'était pas faite très bavarde.
« Cold acquiert de plus en plus de matériel, ils vont finir par détecter nos transmissions.
- Je m'en doutais, répondit simplement l'ancien lieutenant de la Guilde. Reste en sommeil, je n'aurais plus besoin de toi. J'espère que tu pourras t'échapper quand tu en auras envie. »
Il y eu un long silence. Les deux savaient très bien que cela se terminerait comme cela : avec tout ce qui venait de se passer, il serait difficile pour Persée de se cacher ou de tenter d'échapper à Cold. En acceptant de mettre en place le plan de Yantz, l'armure sombre avait gagné la confiance du Nihilien, en lui offrant la Guilde sur un plateau, mais elle à présent obligé de travailler pour lui.
« Je sais, finit par reprendre la voix déformée. Bonne chance, patron.
- Bonne chance à toi. »
Elle n'avait pas prononcé son nom, tout comme il ne l'avait pas fait. On n'était jamais trop prudent, ainsi si leurs communications étaient interceptés, il serait d'autant plus difficile de savoir qui ils étaient.
Un petit bip sonore indiqua la fin de la conversation. Yantz attendit quelques secondes pour éteindre l'appareil et rouvrir le reste de son matériel, les informations recommencèrent à défiler. Le jeune homme fit craquer ses doigts : Persée venait de lui confirmer la réussite de son plan, il avait maintenant beaucoup de choses à organiser. Une nouvelle ère allait commencer et la Guilde allait en profiter autant que possible.
Mais pas tout de suite. Pour l'heure, il était temps d'entrer en sommeil.
Quelques minutes plus tôt, à bord du Purgatoire.
Omanor était loin d'être un idiot, il savait reconnaître un problème quand il en voyait un. Il se passait quelque chose, quelque chose de très mauvais. Son dernier lieutenant venait de s'amarrer au vaisseau, tous avaient été convoqués, mais pas par lui. Qui pouvait bien avoir organiser cela ? Le suspect numéro un était d'or et déjà désigné : le seul lieutenant qui n'était pas présent : Yantz. Mais comment avait-il organisé cela ? Et surtout : pourquoi ?
« Mettez le vaisseau en quarantaine et inspectez le méthodiquement. »
Habituellement, il s'agissait d'une procédure assez classique, du fait de la paranoïa du chef de la Guilde, mais aujourd'hui il s'assurait lui-même que ce soit fait. Quoi qu’ait prévu Yantz, ou qui que ce soit d'autre, il était hors de question de prendre le moins risque. Pour l'heure, aucun explosif, armes chimiques ou biologiques n'avaient été retrouvés dans les vaisseaux des différents lieutenant. Quelques uns, parmi ceux en qui Omanor avait le moins confiance, avaient été interrogés, de façon plus ou moins musclés, mais personne ne semblait être complice de Yantz.
Il commençait à croire que tout cela n'était qu'une vaste erreur informatique quand un nouveau bip l'interpella. Il fit signe à ses fidèles lieutenant, qui l'avaient rejoints, de se taire alors qu'il répondait.
« Un vaisseau en approche, Monsieur. Nous passons en mode furtif. »
Un sourire mauvais se dessina lentement sur les lèvres du maître de la Guilde, il releva son œil brillant vers ses subordonnés.
« Il semblerait que ce cher Yantz se soit décidé à venir finalement. »
Il fallut cependant attendre plusieurs minutes, durant lesquelles ses lieutenants recommencèrent à discuter, pour qu'une nouvelle communication entre dans son bureau. La voix avait l'air beaucoup plus effrayé cette fois-ci.
« Monsieur, ils ont brouillés nos générateurs de camouflage. Ils nous ont repérés et envoyés ça :
- Vaisseau inconnu, ici le Rédemption. Vous vous situez actuellement dans un espace appartenant à l'Empire Cold et vous ne vous êtes pas identifiés. Veuillez coupez vos moteurs et désactivez vos armes afin que nous puissions vous aborder. »
Un frisson perceptible traversa toute la salle et Omanor n'eut même pas à leur dire de se taire, tout le monde était concentré sur ce que l'on disait à présent. Ils avaient été découverts, par un vaisseau de Cold en plus. Et ils étaient manifestement trop proche de lui pour tenter une fuite à présent.
« Mettez les en communication avec mon bureau, je vais répondre moi-même.
- Bien Monsieur. »
Il attendit quelques secondes, le temps de voir un écran apparaître derrière lui, et de se retourner lentement vers lui, positionnant correctement sa chaise volante, pour être prêt à une éventuelle communication vidéo.
« Ici le Commandant Lambda, du Purgatoire. Nous sommes autorisés à emprunter cet espace, je vais vous transmettre les autorisations. Nous désactivons nos armes et nos boucliers, nous ne voulons pas de problème. »
Il doutait un peu que les faux papiers fonctionnent avec quelqu'un comme Cold mais il ne coûtait rien d'essayer. Il ne pouvait décemment pas affronter un vaisseau militaire comme celui-là ; surtout que le Rédemption était réputé indestructible et qu'il contenait, le plus souvent, Cold lui-même.
« Monsieur, nous avons un problème. »
Cela faisait déjà plusieurs secondes qu'il avait envoyé le message et ils n'avaient reçu aucune réponse.
« Que se passe-t-il ? Demanda le chef de la Guilde en conservant un calme exemplaire.
-Nous ne pouvons pas désactiver nos armes et notre bouclier. Les commandes ne répondent plus. »
Un frisson parcourut l'échine d'Omanor. Comment était-ce possible ? A ce moment précis, cela ne pouvait pas être un hasard.
« Continuez d'essayer et passez-moi toutes les communications. »
Certains de ses lieutenants commencèrent à reculer, et l'un d'eux sortit de la salle en courant. Il voulait sans doute rejoindre son vaisseau et tenter de fuir mais dans une position pareille, cela ne le mènerait qu'à sa perte, d'autant que son vaisseau était sans doute encore en quarantaine. Cependant, il était trop occupé avec la situation pour s'en préoccuper.
Quelques temps plus tard, l'écran s'alluma pour permettre la communication vidéo. Un visage blafard, aux yeux d'un rouge de sang, s'afficha brusquement et il semblait fixer le chef de la Guilde du regard.
« Je suis Cold et je sais qui vous êtes. Répondez maintenant et nous pourrons éventuellement discuter, vous pouvez encore avoir la vie sauve, il suffit de me jurer allégeance. »
Omanor déglutit. Ses doutes se confirmaient : il avait été trahis. Mais par qui ? Et pourquoi ? Yantz ? A moins que Cold soit encore plus dangereux qu'il ne l'avait prévu. En tout cas, il ne faisait aucun doute qu'il devait répondre, et choisir ses mots avec beaucoup de précaution. Le Nihilien avait prouvé à plusieurs qu'il ne fallait pas tenter de se moquer de lui.
« Je suis le Commandant Lambda du Purgatoire, Seigneur Cold. Je suis tout à fait prêt à négocier avec vous, nous avons un souci informatique avec nos armes mais soyez assurés de ma bonne foi, nous ne tirerons pas. »
Le silence se fit dans la salle dès qu'il eut terminé de parler. Tout le monde savait ce que cela signifiait : la Guilde était découverte. Il allait falloir négocier durement avec Cold pour assurer leur survie. Mais après tout, l'organisation avait beaucoup de choses à offrir, et il ne faisait aucun doute que Cold pourrait être intéressé.
Sur l'écran cependant, le Nihilien ne semblait pas du tout réagir aux messages d'Omanor, il se contentait de les fixer durement du regard, puis de tourner la tête, sans doute pour écouter un technicien. Il se retourna ensuite de nouveau vers l'écran et son regard sembla balayer la salle, mais sans les voir.
« Omanor, on m'a dit que vous étiez un être raisonnable. Je ne voudrais pas vous détruire si vite, vous avez sans doute beaucoup de chose à me dire, et cela vous permettrait de survivre à tout ceci. »
Cette fois-ci, la peur s'instilla plus clairement dans l'esprit du chef de la Guilde : le Rédemption ne recevait pas ses réponses. Les armes ne répondaient toujours pas, et le bouclier encore moins. Il se passait quelque chose.
« Seigneur Cold. Je suis raisonnable, je suis prêt à m'agenouiller devant vous. Nous pouvons vous apporter de grandes choses, laissez-moi simplement vous le prouvez. »
Le Nihilien ne réagissait toujours pas. Alors qu'Omanor s'apprêtait à supplier, il reçut une communication depuis le centre de commandes du vaisseau.
« Nos messages ne sont pas reçus, Monsieur. Nous n'arrivons pas à baisser nos armes ! Elles se sont activées toutes seules et on vise le vaisseau ennemi ! »
Un nouveau frisson traversa l'échine d'Omanor, et lorsqu'il se retourna vers l'écran, celui-ci était devenu noir : la communication avait été coupée. Lorsqu'il répondit, ce fut en essayant de dissimuler la panique dans sa voix, mais sans grand succès.
« Activez les moteurs au maximum, nous tentons une fuite. »
La manœuvre était du genre suicidaire : face à un vaisseau d'assaut comme le Rédemption, une tentative de fuite mènerait probablement à se faire exploser sans sommation. Mais actuellement, toutes les possibilités semblaient converger vers ce résultat, il ne restait donc qu'à tenter le tout pour le tout.
Mais aucun son ne se fit entendre, pas de doux murmures des moteurs, aucune secousse pour signaler que le vaisseau partait. Seulement la communication qui reprit au bout de quelques temps.
« Cold est sorti, Monsieur. »
Omanor se retourna lentement vers ses lieutenants, tous avaient compris ce qui était en train de se passer. Certains l'acceptaient déjà. Le Chef ne savait pas quoi dire, quoi faire. Jamais il n'avait envisagé une situation pareille, tout ce à quoi il pouvait penser, c'était à celui qui était responsable de toute ceci. Yantz, sans le moindre doute.
Durant une seconde, l'alerte incendie du vaisseau lui vrilla les tympans.
Puis l'explosion engloba son bureau et tous les êtres vivants à l'intérieur furent pulvérisés en un instant.
« C'est pourquoi, je vous remets, en gage de remerciement, une part de nos armées, et je mets à disposition notre flotte et nos travailleurs pour l'Empire. »
Manifestement, chacun de ces mots lui écorchaient la gorge, néanmoins le jeune dirigeant ne pouvait se permettre de contredire Cold. C'était le premier de la journée à les contacter pour signifier sa reddition et sa soumission à la nouvelle autorité. Le Nihilien ne pouvait qu'en être satisfait. Plusieurs jours avaient passés depuis qu'il avait mis fin à la République en direct. Il avait eu le temps de se débarrasser de la Guilde, une organisation criminelle qui, apparemment, posait problème au gouvernement depuis un moment.
« Très bien. Très bien, vous recevrez bientôt vos instructions, notamment concernant l'adaptation de votre gouvernement … Et votre démission, bien entendu. »
Sans attendre de réponse, Cold coupa la communication.
Lorsqu'il avait prit possession de la planète-capitale, il avait décidé de laisser plusieurs jours aux différentes planètes ou systèmes pour se décider à se soumettre à lui. Chaque jour, il y en avait de nouvelles qui le contactait, et il complétait peu à peu l'immense carte de la République.
Après une dizaine de jour, il ne restait qu'une poignée de système qui ne s'était pas encore soumis à lui, mais cela ne saurait tarder, il en était certain. Il s'était promis de venir leur rendre visite si besoin était dans les semaines à venir. Mais pour l'heure, il devait reprendre en main toute une administration. Le fait de ne pas avoir eu besoin de conquérir, ou de faire exploser, la foutue planète avait l'avantage de lui permettre un accès totale à toutes les anciennes données de la République, personne n'avait eu le temps de les détruire.
Il avait suffit de les intégrer dans les données impériales pour que le système se mettent en place. Tout le monde avait bien saisit comment les choses allaient fonctionner à présent et peu de planètes avaient tentés de remettre quelque chose en cause. Quant à celles qui l'avaient fait, il s'était contenté de leur rappeler qui il était pour qu'elles comprennent.
Habituellement, Cold était sur Sarid, où il supervisait la construction d'un palais qui reprendrait le palais présidentiel pour base, ou sur son vaisseau qui orbitait autour de la planète-capitale. Mais aujourd'hui était un jour spécial : il avait un projet qu'il conservait depuis plusieurs semaines, depuis que le meilleur soldat de la République avait tenté de l'attaquer en fait.
Son vaisseau avait donc quitté l'orbite de la planète-capitale la veille. Et depuis, il n'avait pas bougé de l'immense trône installé dans la salle de contrôle. Les techniciens s'activaient autour de lui, sans jamais oser le regarder ou lui adresser la parole. Il préférait cela, ce n'était pas des insectes très intéressants, contrairement à son passager.
« En approche de Passaros, Monsieur. Nous arrivons dans cinq minutes standards. »
Cold tourna lentement son regard rougeoyant vers le petit être qui l'avait importuné, il le fixa quelques secondes, juste le temps de le sentit se liquéfier de peur intérieurement.
« Très bien. »
Avec un vague sourire, il se redressa lentement et quitta la salle dans un claquement de sa longue cape rouge. Il ne s'amusait même plus réellement à effrayer ses subordonnés, mais c'était un moyen comme un autre de rappeler à tout le monde qu'il était un être à ne pas prendre à la légère. Il fallait que tout le monde le sache, c'est pourquoi il avait fait assigné un nouvel équipage au Rédemption, composés d'une moitié de soldats issus de la République et des différentes planètes qui s'étaient soumises à lui. Les rumeurs feraient le reste.
En un siècle, il avait beaucoup appris sur les méthodes de manipulation, notamment sur les foules, et il était à présent sûr de pouvoir assurer sa prise sur l'univers en quelques mois.
Traversant les couloirs du Rédemption à grands pas, il rejoint rapidement la petite cellule qui servait de chambre à son invité. L'insecte le plus intéressant qu'il ait croisé au cours de ses conquêtes. Que ce soit en terme de puissance, qui était bien plus élevé que les autres, à peu près au niveau de cette armure noire, mais aussi en terme de capacités. Il se nommait Taris et, selon les scientifiques qui l'avaient étudiés, son corps ne comportait aucun point vital et il avait des capacités d'adaptation et de survie exceptionnelles.
Il serait un atout considérable et Cold en avait eu conscience dès qu'il l'avait affronté. Cependant, il était résistant et ne voulait pas entendre raison. Cela devenait fatiguant, surtout à présent qu'il avait rencontré Persée, un chasseur de prime beaucoup plus coopératif que le soldat républicain, et tout aussi puissant et résistant. Néanmoins, Cold se devait de tenter encore une chose.
Un ingénieur attendait devant la porte, il s'inclina bien bas dès qu'il aperçut la grande silhouette de Cold dans le couloir.
« Monsieur, nous allons bientôt tomber à court de moyen de le contrôler. Son organisme est totalement adaptés à nos produits. »
Le Nihilien balaya la remarque d'une main.
« Peu importe, laissez-nous. »
Cold entra. Le prisonnier était adossé au mur, les jambes étendues devant lui, ses yeux étaient parcourus de veines distendues. On devait lui injecter des quantités de drogue impressionnantes pour le maintenir au calme. Ses pupilles le suivaient des yeux. Sans y faire attention, le Nihilien s'agenouilla pour arracher les aiguilles plantées dans son bras.
« Je sais que tu peux te lever, suis-moi. J'ai quelque chose à te montrer. »
Sans attendre de réponse, il se redressa pour quitter la salle, s'assurant que le prisonnier le suivait grâce à ses bruits de pas. Il ne craignait même pas une attaque : drogué comme il l'était actuellement, Taris n'avait pas la moindre chance d'accomplir quelque chose. Il le conduisit lentement jusqu'à une baie d'observation, juste à temps. On pouvait observer une planète qui prenaient une bonne moitié de la baie, alors que le vaisseau s'approchait pour se mettre en orbite. L'extra-terrestre unicorne vint s'installer aux côtés de Cold, son regard vide se tournant vers la planète.
« Tu la reconnais, n'est-ce pas ?
- Passaros, oui. »
Un sourire lent s'afficha sur les lèvres de Cold.
« J'ai lu ton dossier, et son dossier. Il est dit que tu y es intervenu plusieurs fois, pour calmer les conflits entre deux camps, est-ce vrai ? »
Il vit les yeux de Taris se tourner vers lui, le fixant un moment, cherchant à comprendre ce que le Nihilien voulait, où il voulait en venir. Mais Cold ne comptait évidemment pas lui dire maintenant, il attendit simplement une réponse.
« C'est exact.
- Cela n'a pas servi à grand chose, n'est-ce pas ?
- ... C'est exact. »
Le sourire s'agrandit encore, puis Cold se détourna de Taris, tournant son regard vers la planète. Lorsqu'il reprit la parole, c'était d'une voix grave et calme, détachant chacun de ses mots pour permettre à son interlocuteur de tout saisir.
« C'est bien là la limite de votre République. Vous ne pouvez pas imposer un comportement à une planète entière, pas sans un véritable pouvoir. Et vous n'aviez aucun véritable pouvoir, même toi, pourtant très puissant, tu n'étais qu'un pion. Pourquoi aurais-je peur d'un pion si je sais qu'il est contraint par les règles de la République de ne pas me faire de mal ? Tu n'étais rien Taris, pas même une menace, pas pour eux en tout cas. »
Il fit une pause, laissant quelques secondes aux soldats pour intégrer ses paroles. Étonnamment, la réponse vint immédiatement, sous la forme d'un ricanement moqueur.
« Vous allez me dire que vous avez réglé ça tout seul ? Vous avez fait quoi ? Vous avez massacré un des deux camps, ou vous comptez faire sauter la planète ? »
Cold répondit par un nouveau sourire, baissant les yeux vers Taris en tournant à demi son visage vers lui.
« Pas du tout. Les deux camps ont simplement trop peur de moi, ils savent très bien à quoi s'en tenir. C'est cela le vrai pouvoir, Taris. La force pure et simple. Il n'y a rien d'autres, pas tant qu'il existera des gens comme toi et moi. Nous avons le devoir d'utiliser cette force qui nous est offerte, car c'est le seul moyen d'offrir un pouvoir clairement défini à l'univers. Mon espérance de vie est de plusieurs milliers d'années, je suis l'idéal pour créer un pouvoir évident et stable. »
Lorsqu'il eut fini, Taris avait détourné les yeux, regardant au sol, puis la planète. Son hésitation était tellement forte qu'elle semblait se propager dans l'air, il ne savait plus que penser. La drogue, les discours de Cold, et ce à quoi il avait assisté, tout cela devenait tourner et retourner dans sa tête, alors qu'il tentait de se décider.
Le Nihilien ne bougea pas, il savait que ce serait le meilleur moyen de gâcher ses efforts. Pour l'heure, il devait laisser les choses agir : il savait que cela pouvait fonctionner. Il avait étudié très attentivement le dossier de Taris, son intelligence, sa volonté de bien faire, mais aussi son impatience, sa volonté de modifier certaines méthodes de la République. Il savait notamment que la planète Passaros était celle sur laquelle il s'était rendu le plus souvent et sans le moindre effet durable.
Tout était en place, et tout cela pouvait marcher. Après tout : il ne mentait pas. Le règne de Cold serait mille fois plus calme que celui de son prédécesseur, personne n'oserait se dresser contre lui. Et avec un être comme Taris à ses côtés, il serait encore plus facile de dominer autant de planètes.
« Vous vous êtes alliés à Persée, finit par murmurer la voix de Taris, sans qu'il ose se tourner vers Cold. »
Ce dernier s'était préparé à cela et il répondit aussitôt, toujours d'une voix calme et posée.
« Il s'est soumis à moi, nuance. Et il me sera utile. Une telle puissance mis au service de ma cause me permettra d'asseoir plus rapidement mon influence. Il me le fallait. Tu pourrais faire de même, te crois-tu si différent de lui ? Tu servais une autre organisation, mais ils vous ont tous deux envoyés pour me tuer. Tout comme ton collègue … celui qui a provoqué l'attaque virale, tu te souviens ? »
Daemon. Il s'appelait Daemon. Et il avait été envoyé propager une arme virale, capable de massacrer des populations entières, condamnant toute une planète à la mort. Taris s'en souvenait. Face à la guerre, la République avait réagit exactement comme Cold : elle avait condamnée toute une planète à la destruction, et cela serait arrivé si le Nihilien n'était pas si résistant.
La République n'avait jamais fait une chose pareille, même contre la Guilde, elle ne l'avait fait que parce que Cold menaçait directement son pouvoir. Cela semblait clair à présent. Ils n'avaient déployés leurs meilleures armes qu'en dernier recours, pour se protéger.
C'était ça, le gouvernement qu'il avait servit durant toutes ces années, acceptant leurs méthodes, leurs règles, alors qu'il aurait eu le pouvoir d'imposer la loi et la justice.
Taris tituba vers l'avant, se rattrapant en posant ses mains sur la baie vitrée, son regard brillant effleurant la planète qui s'étendait devant eux. La drogue se dissipait peu à peu dans son organisme mais sa conviction restait.
Le crachat s'écrasa au pied de Cold, qui resta sans bouger, baissant les yeux vers la salive. Il aperçut alors la petite pastille qu'elle contenait.
« Tu ne prends pas ta capsule de poison ?
- Elle ne me tuerait pas de toute façon, répondit Taris d'une voix sombre. »
Il prit ensuite une grande inspiration pour reprendre la parole, d'une voix pâteuse mais qui gagna progressivement en force.
« Je ferais mon boulot. Je ne tuerais pas de civils innocents, je ne commettrais pas de génocide et je vous surveillerais. Si vous vous êtes trompés, que vous m'avez trompé ; je vous tuerais. »
Cold tourna son regard rubis vers lui et un sourire lent s'épanouit sur ses lèvres. Il ne prit même pas la peine de lui faire remarquer qu'il allait sans doute essayer plus qu'il ne le ferait vraiment. Sa main immense vient se poser sur l'épaule du soldat.
« Tu as fait le bon choix. Tu seras mille fois plus utile à mes côtés que tu ne l'auras jamais été avec ta République. Nous allons te fournir un uniforme. Et une chambre, tu as sans doute besoin de repos. »
Cold se détourna pour sortir de la salle, et Taris le suivit sans rien dire. Si Cold avait dit vrai, alors il serait l'une des meilleures choses qui soient jamais arrivées à l'Univers. Et ce, même si l'univers avait décidé de le détester. Si Taris le suivait, il subirait le même sort. Il serait craint, haï.
Il acceptait ce fardeau, pour les protéger tous.
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