Chapitre 76 : Enfer
Submergé par un flot de colère comme il n’en avait jamais connu, le Prince des Saiyens s’était définitivement et complètement coupé du monde extérieur. Il ne voyait plus le monstre qui avait tué son fils, il n’entendait plus le rire du tyran qui avait demandé son exécution. Tout ceci n’avait plus aucune importance en comparaison du fait que son fils était mort. Et surtout, que tout était de sa faute. Il l’avait lui-même conduit à l’échafaud.
Mais la culpabilité s’était rapidement éteinte, laissant place à une vérité beaucoup plus simple : c’était Freezer et Cooler qui avaient tué son enfant. C’était les fils de Cold qui avaient attentés à la chair de sa chair. Et il allait leur faire payer. Parce qu’il était un Saiyen. Parce qu’il était le Prince du peuple des guerriers. Parce qu’il ne pouvait pas laisser un tel crime impuni !
Une déflagration de puissance se produisit. Créant un immense cratère sous le corps de Végéta et repoussant même les deux fils de Cold plutôt éloigné dans les airs. Il se produisit ensuite un miracle. Le Saiyen se releva. Malgré ses os brisés, son corps défoncé, ses organes en lambeaux, le Prince était debout.
De fait, il ne touchait même pas le sol, soulevé dans les airs par une force monstrueuse. Une force qu’il dégageait seul, sans même y penser car dans l’état où il était, penser n’était pas une option valide. Les bras écartés, la bouche grande ouverte pour laisser passer un cri qui ne semblait pas être poussé par une gorge humaine. Un cri qui exprimait pourtant bien plus que celui d’un animal, jamais autant de haine n’avait été perceptible dans si peu de vocabulaire. Et pourtant, s’il y avait eu aux alentours un être doué d’empathie, sans doute aurait-il perçu un brin de tristesse dans cette unique syllabe, cette seule voyelle hurlé avec tant de conviction.
Les membres du Prince Saiyen tremblaient sous la puissance qui déferlait dans ses veines. Ses cheveux avaient repris cette couleur dorée en même temps que ses pupilles retrouvaient leur éclat d’émeraude. Son aura était plus intense que jamais, dansant autour de lui comme un feu immense, elle semblait destinée à ne jamais s’arrêter. Pire encore, elle s’amplifiait au fur et à mesure que le guerrier dépassait les limites de son corps meurtri.
Soudain, une autre déflagration, repoussant plus loin encore les êtres et le sol. La Terre elle-même se fractura, ouvrant d’immenses précipices d’où sortirent des flammes titanesques. L’enfer lui-même s’était invité à la surface sous l’appel du Saiyen. Les failles courraient sur des distances inconcevables, créées par la seule force de Végéta.
Le ciel s’était entièrement vidé de ses nuages, sans doute trop effrayé par un tel déchaînement de force. Pourtant, des éclairs zébraient la plaine, ils étaient concentrés autour du Saiyen. En fait, ils lui tournaient tout simplement autour, parcourant son aura comme autant de serpent prêt à mordre.
Et toujours ce cri infernal, monstrueux. Végéta ne bougeait plus, figés dans les airs, il semblait soumis à la puissance qu’il avait déchaînés.
Freezer s’était repris et contemplait ce spectacle, ébahi.
- Commandant faites gaffe ! Allez à gauche, vite !
Obi ne prit même pas le temps de réagir, si Palpi lui demandait quelque chose, il y avait une bonne raison. Il se jeta donc vers la gauche, se tournant cependant pour tenter d’apercevoir ce qui avait motivé cette intervention. L’étrange Saiyen ne passa qu’à quelques centimètres de lui. Il eut tout le temps de percevoir la puissance qu’il dégageait, il avait bien fait d’éviter.
Broly se réceptionna au sol violemment, mettant sa main devant pour adoucir un choc qui créa pourtant un grand cratère autour de lui. Il se redressa ensuite, gardant toujours l’attitude calme et impassible qu’il affichait depuis le début de ce combat.
- Maintenant Anik !
Entendant la voix du petit être qui semblait être le chef, le jeune homme tourna la tête en tous sens, son regard n’exprimant cependant aucune urgence. Il finit par voir ce qu’on lui préparait, le lézard avait semble-t-il tiré quelque chose vers lui, une lame d’énergie si fine qu’il avait même de la peine à la discerner. Broly ne réagit même pas, se contentant de la regarder foncer vers lui avec le même air calme que d’habitude. Ce n’était pas du mépris, sans doute pas de la prétention. C’était une assurance parfaite et sereine. Il encaisserait cette attaque, il le savait.
- Évites ça Broly !
La voix de son père. Cette voix qu’il entendait depuis toujours, cette voix qui était maintenant devenue un guide pour lui. Il ne savait trop pourquoi mais il se sentait obligé d’obéir à cette voix comme si elle ne pouvait jamais se tromper. Il ne se souvenait plus exactement quand cela avait commencé mais dans les méandres de sa mémoire, il y avait des moments où son père n’était pas uniquement une voix mais aussi … un ennemi ? Pendant un temps, l’esprit du fils hésita. Et puis, la puissance de l’artefact qui ceignait son front réduisit cette réflexion à néant et il obéit à la voix. Comme toujours.
Sans aucun effort, il évita la lame d’énergie d’Anik qui alla s’enfoncer dans une montagne plus loin, allant sans doute se perdre sous terre ensuite. Finalement, elle était peut-être dangereuse cette attaque. Sans fléchir, sans même faire montre d’un minimum de surprise, le Saiyen tendit la main nonchalamment vers le lézard et une boule d’énergie verte en sortit, décrivant une ellipse qui la conduisait invariablement vers cet ennemi. Le membre de la main évita de justesse, se préparant à riposter quand l’impensable se produit.
Broly vacilla. La terre avait tremblé d’un seul coup, comme un géant qu’on réveille. Elle s’était ensuite tout simplement ouverte sous lui, l’obligeant à se décaler pour ne pas tomber dans les entrailles de la planète.
Le séisme avait perturbé la bataille entière, faisant cesser les combats durant de longues secondes d’attentes. Il se passait quelque chose d’anormal. La Terre se fendit de nouveau, séparant la plaine en deux et s’ouvrant juste en dessous d’un des vaisseaux de Paragus. Ce dernier n’eut même pas le temps de pousser la moindre plainte, alors qu’il s’apprêtait à voir son appareil s’enfoncer dans la planète, une flamme monstrueuse sortit de la terre. Elle rattrapa le vaisseau et le pulvérisa comme s’il n’était rien, s’élevant dans le ciel comme une épée de lumière. Le même phénomène se produisit un peu partout autour d’eux.
Les combats avaient définitivement cessés, tout le monde était dans l’expectative de ce qui allait se produire en suite. Les esprits de chacun tentaient déjà de connaître l’origine de ce qu’il se passait, mais personne ne pouvait le deviner.
Dans un même mouvement, tous les soldats de Freezer amenèrent leur main à leur scooter qui bipait pour annoncer une puissance anormale. Ils n’eurent rien le temps de lire que déjà l’appareil explosait, blessant les soldats qui étaient parmi les plus faibles. Cette nouvelle diversion donna l’idée aux forces de Paragus de tenter un nouvel assaut à ce moment. Obi eut la même idée, se jetant sur Broly pour lui donner un superbe coup de pied dans le cou.
Le Saiyen ne broncha pas.
Freezer devait réagir vite. Il ne savait pas sentir les forces mais il savait ce que tout cela signifiait. Végéta avait atteint une puissance incroyable. Mais ça ne le rendait pas invincible. Lentement, le tyran s’éleva dans les airs, la main tendue vers le ciel, deux de ses doigts brillant d’une lueur malsaine. Il allait lancer son attaque avec toute la puissance qu’il pouvait mettre dedans. Par chance, le Saiyen semblait trop occuper à hurler pour remarquer ce qu’il se passait autour de lui, c’était ça le problème quand on était un faible qui se laissait déborder par les sentiments.
Alors que la puissance du Prince ne semblait plus connaître de limite, le fils de Cold abattit son fouet avec une précision sadique et diabolique. Le lien d’énergie frappa le Saiyen en pleine tête et tout le long de sa colonne vertébrale dans un craquement effroyable. Freezer 82 avait été lacéré sur des centaines de kilomètres, créant un précipice parfaitement droit qui devait mener au centre de la planète.
Au début, Végéta ne réagit pas. Ce n’est que peu à peu que son cri s’éteignit. Sa bouche se ferma doucement, se rouvrant ensuite, presque en hésitant. Le Saiyen semblait chercher son souffle alors que son aura faiblissait doucement. Ses yeux se voilèrent, perdant leur couleur verte alors que ses cheveux reprenaient une teinte sombre. Les éclairs autour de lui se dissipèrent peu à peu, crépitant encore un peu dans un dernier feu d’artifice. N’étant plus porté par rien, le prince tomba vers l’avant et percuta le sol au centre du cratère qu’il avait créé, face contre terre. Il expira sans même avoir le temps d’une dernière pensée.
L’instant suivant fut un silence de mort, à peine troublé par la bataille plus loin. Comme si tous les soldats savaient quel drame venait de se jouer. Un rire se fit ensuite entendre, d’abord doucement puis de plus en plus fort pour finir dans une apothéose folle.
Freezer atterrit brutalement sur le cadavre, le foulant de son pied.
- JE T’AI EU !
Il le retourna avec sa queue, contemplant le visage ensanglanté de ce qui fut son ennemi.
- Je t’ai vaincu, murmura-t-il, se léchant les lèvres comme s’il savourait chaque mot prononcer.
A nouveau, ce ricanement monstrueux. Le tyran frappa le corps, l’envoyant rebondir contre la roche un peu plus loin. Le fils de Cold écarta le bras et leva la tête, s’adressant autant au ciel qu’à lui-même.
- J’ai tué Le Dernier Saiyen !