Ah zut.
Bon.
Il fallait bien que ça arrive.
Regardez.
Et n'en attendez pas trop.
Ça pourrait être amusant.
La fin de cette histoire.
Bulma n'eut même pas le temps de s'indigner. Au même instant, un point lumineux apparaissait à quelques mètres au dessus du sol et tourna sur lui-même de plus en plus rapidement. Au bout de quelques secondes, la machine temporelle flottait dans les airs et entamait sa lente descente vers la terre ferme.
L'aura dorée de Vegeta explosa, parcourue des éclairs caractéristiques. Il ordonna d'une voix forte à toute l'assemblée :
— Ne vous approchez pas ! Je m'en occupe !
Vegetà inspira profondément et lança la procédure d'ouverture, une lueur terrifiante au coin de l'œil, typique des prédateurs les plus féroces.
Mais lorsqu'il aperçut la foule immobile qui l'entourait, il comprit instantanément que quelque chose ne tournait pas rond.
Qu'est-ce que c'est que ça ? On dirait qu'ils m'attendent.Puis, attiré par la lumière d'or qui pulsait autour de son double, son regard croisa celui de Vegeta.
— Que… Comment ? balbutia Vegetà. Tu ne peux pas être là !! C'est impossible !
— Et pourtant, je suis bien là. Qu'est-ce que tu croyais ? Que j'allais te laisser tuer ma femme et mon fils ?
Le prìnce sembla se ressaisir.
— Bah, ça ne change rien. Je vais tous vous atomiser !!
À son tour, Vegetà activa sa transformation. Les deux auras d'or pulsèrent quelques secondes de plus dans un silence surréaliste, puis les deux saiyans disparurent dans une déflagration détonante quand ils décollèrent pour entamer leur ultime combat.
Gohan s'approcha de son père et de Piccolo..
— On fait quoi ? C'est normal, ça ?
— Je ne sais pas, répondit Goku. Vegeta nous a demandé de ne pas nous en mêler. Il avait l'air sûr de lui.
— Il est clairement supérieur, compléta le namek. Il n'y a pas à s'inquiéter.
Bulma n'était clairement pas de cet avis et el fit savoir :
— Il s'apprête à se tuer lui-même et ça ne vous inquiète pas ? Vous êtes vraiment tous cinglés !
— Qui sait ce qu'il lui est arrivé dans le passé, répliqua Piccolo. Tu l'as entendu comme moi : son doùble veut vous tuer, Trunks et toi. Vegeta n'a pas le choix. C'est lui ou vous.
Les coups fusaient de toute part. Les deux saiyans volaient sur des centaines de mètres à chaque nouvel échange et la capitale de l'Ouest était déjà loin. Et comme lors de chacun de leurs précédents affrontements, la balance penchait inexorablement en faveur de Vegeta. Le prince n'utilisait même pas l'alterki, mais il prenait toujours plus d'ascendant.
Soudain, Vegetà encaissa un nouveau direct cuisant à la mâchoire. Il vola en vrille et se stabilisa juste à temps pour parer le coup suivant et tenter une réplique. Mais son double esquiva facilement et profita d'une nouvelle ouverture pour enfoncer un gant blanc au plus profond de son estomac, avant d'abattre ses poings joints dans son dos pour l'envoyer s'écraser à terre, dans une forêt désolée qu'un incendie avait dû ravager quelques mois plus tôt.
Là. entre des arbres épars calcinés, le prìnce se redressa à quatre pattes en crachant une gerbe de sang, juste à temps pour voir Vegeta atterrir à quelques mètres de lui.
— Tu n'as aucune chance de l'emporter, et tu le sais, asséna le prince.
Pour seule réponse, Vegetà lança une vague d'énergie à bout portant, suivie d'une pluie de kikohas.
Son double ne broncha pas. Il s'était attendu à une telle attaque. Après tout, à chaque fois qu'il s'était retrouvé au pied du mur, il avait toujours réagi ainsi, que ce soit contre Reecum, Freezer, Cell ou Buu. Toujours cette même explosion d'énergie, dans un vain espoir de faire la différence. Tout ça parce qu'il n'avait jamais réussi à admettre la défaite. Comment avait-il jamais pu penser que c'était une bonne idée ?
Vegeta hésita.
Il aurait pu disperser la fumée mais il attendit patiemment que le vent le fasse pour lui, afin de signifier à son doùble à quel point ses attaques était inutiles. Mais quand ce fut le cas, il eut un instant de panique : son doùble avait disparu. Il chercha autour de lui, craignant, malgré la présence de Goku et Gohan, que la vie de sa famille ne soit mise en danger. Mais rapidement, il localisa Vegetà. Haut, dans le ciel, dans une posture qu'il ne connaissait que trop bien. La préparation d'un Canon Garrick.
Alors Vegeta se mit à rire. Quelle ironie ! L'histoire était un éternel recommencement. Lui en hauteur, à préparer cette attaque alors qu'il attendait à terre pour contrer. Sauf que cette fois, il se trouvait à la place de son ancien rival. L'espace d'un instant, il s'imagina pratiquer le Kamehameha. Mais cette idée disparut aussi vite qu'elle était venue.
Il n'était pas Goku. Il ne serait jamais Goku. Et tant mieux. Il préférait de très loin être Vegeta.
Le prince observa attentivement la formation de l'une de ses premières techniques. Il l'avait mise au point pour écraser des adversaire au sol. Il faut dire que le Canon Garrick se prêtait assez bien à cette situation, à cet avantage en terme de hauteur. Pour Vegeta, il s'agissait de l'occasion parfaite pour affirmer sa supériorité, une fois pour toute. Alors il ramena ses mains en arrière et prépara la même technique…
— Je rêve ou le sol tremble ?! s'écria Bulma, tout en peinant à conserver son équilibre.
— C'est à cause du combat entre les deux Vegeta, expliqua Piccolo, les bras croisés, impassible, le regard fixé sur l'horizon.
— Hein ?! Mais il faut les arrêter !
— Non, surtout pas ! intervint une troisième voix.
Goku avait pris la parole sur un ton presque froid, si bien qu'il attira l'attention malgré lui. Sous la pression du regard de Bulma, il se décida à expliquer :
— C'est un combat important pour Vegeta, il en a besoin. Personne ne doit intervenir, ni même aller voir comment ça se passe. On reste ici et on attend.
— Mais… il va gagner ? s'inquiéta la scientifique.
Goku pris une grande inspiration et après quelque seconde, il répondit avec un sourire en coin :
— Bien sûr qu'il va gagner. Mais ce qui est vraiment intéressant, c'est
comment il va gagner...
Vegeta tremblait, écrasé par sa propre puissance. Il constata avec satisfaction que malgré tous les changements qui étaient survenus, le combat demeurait un plaisir. Son esprit saiyan restait intact. Au diable la cruauté, la perversion ou la fierté, il ne s'agissait que de détails face au plaisir d'un bel affrontement. Des peccadilles qui, en raélité, entravaient encore son double. En fait, ces valeurs faisaient de lui leur prisonnier, comme l'avaient fait Freezer et Soltraki. L'espace d'un instant, Vegeta éprouva une certaine pitié à son encontre. Son adversaire ne connaîtrait jamais la paix qui l'avait fait grandir.
Au même moment, sous les nuages noirs que la violence de leurs kis avaient rassemblés, Vegetà fit feu, hurlant le nom de sa technique comme un ultime défi. Défi auquel son adversaire répondit. L'impact entre les deux vagues d'énergies vit vibrer toute la région. S'il restait des être vivants dans les parages, ils avaient depuis bien longtemps pris la fuite. Qui ne l'aurait pas prise ? Les deux rayons violets, dans la semi-obscurité provoquée par la couche nuageuse, illuminaient la scène d'une lueur obscure, comme si les ténèbres s'entre-déchiraient dans une lutte sans merci. Et lentement, la terre craquelée repoussait les cieux sombres de sa lumière…
Vegeta avait d'abord été surpris. Il se demanda même s'il avait surestimé son adversaire au moment de l'impact. Ses bras avaient craqué et ses jambes étaient enfoncées dans le sol jusqu'au genou. Mais au moment où il commença à renforcer son attaque, il comprit que son doùble avait tout donné pour l'écraser. Il aurait pu choisir le pouvoir explosif du Big Bang ou le déluge du Final Flash. Mais non. Il avait choisit la précision du Canon Garrick pour en finir. Et, au pire, détruire la Terre. Mais ça n'avait pas fonctionné. Ça n'avait pas suffi. Il perdait du terrain, même le plus novice des guerriers pouvait le voir. Vegetà allait mourir.
Alors, Vegeta hésita.
Au fond, le comportement de Vegetà ne lui appartenait que partiellement. Certes, le prìnce restait responsable de ses actions, mais c'était lui, Vegeta, qui avait attisé cette haine à son encontre. Il avait provoqué et alimenté des années durant cette obsession, comme une mauvaise parodie de celle qu'il avait lui-même entretenue pour Goku. S'il avait agi différemment, s'il s'en était tenu au plan de Bulma, Vegetà n'aurait pas fini ainsi…
Non, son doùble ne mourrait pas ainsi, pas dans un duel d'énergie. Tuer Vegetà, c'était la solution de facilité. Il y avait encore des choses à dire. Des comptes à régler. Mais une rédemption pour son doùble était-elle seulement possible ?
Son Goku, lui, aurait trouvé une solution. Et s'il avait échoué, et bien, il en aurait inventé une autre. Et une autre encore.
Cette pensée frappa Vegeta bien plus fort qu'aucun coup n'aurait pu le faire. Il devait… il devait au moins essayer
Alors, quand son attaque fut sur le point d'emporter son adversaire, il réduisit sa puissance pour l'épargner. Néanmoins, une explosion eut tout de même lieu au point de rupture. Et Vegetà fut décroché du ciel…
L'impact fut lourd quand il s'écrasa sur le sol meuble meuble de la forêt morte. Vegeta apparut les bras croisés face à son double, qui venait à peine de se relever.
— Le combat est terminé. Il faut qu'on parle, maintenant.
Son adversaire ne répondit pas. Il restait immobile, les bras ballants, fixant le sol. Puis, soudainement, il se redressa vivement, pointant son ennemi avec son index et son majeur. Une explosion eut lieu sur la poitrine de Vegeta, suivie d'une deuxième, puis d'une troisième, chacune précédée du même mouvement. Le prince était de nouveau plongé dans la fumée. Son adversaire se rapprochait déjà, préparant un kikoha dans sa main droite, laissant à peine un mètre entre lui et l'ancienne position de sa cible, qui n'avait pas bougé d'un iota.
Jaillissant de cette brume grise, deux doigts dans un gant blanc vinrent se poser sur le plastron du prìnce. Un index et un majeur. Et une énorme explosion retentit. Vegetà fut projeté en arrière, glissant sur le sol avant de se rétablir d'une roulade arrière. Puis il leva les yeux, tombant nez à nez avec une paire de jambe dans une combinaison bleue.
— Tu as fini ?
Cette question fut suivi d'un coup de pied en plein visage, redressant le double par la force.
— Moi je peux continuer, mais je préfère qu'on s'arrête là.
Vegetà poussa un cri de colère et se jeta sur son double, le poing dressé. Celui-ci n'eut aucun mal à l'esquiver, répliquant à l'aide d'un crochet fulgurant dans les côtes.
— Arrête, c'est pathétique…
— Ferme-la ! rugit Vegetà en crachant une gerbe de sang-
Chaque tentative, chaque coup, chaque attaque se solda par un échec cuisant. Vegeta parait tout. Il connaissait ce style de combat. C'était le sien. Ou du moins, ça l'avait été. Il en connaissait chaque faiblesse, chaque ouverture. Et lui-même compensait par l'alterki et quelques variations. Mais enragé comme l'était son adversaire, il n'aurait aucun mal à prédire des frappes qui ne s'adaptaient plus à la situation.
Tout ça n'avait décidément plus aucun sens.
Il finit par envoyer son doùble au sol d'un revers qui tenait presque de la gifle.
Il voulut le convaincre avec des mots, mais Vegetà se montra plus réactif. Il bondit sur la source de sa haine, une main plaqué sur son torse.
— BIG...
Vegeta répliqua d'un coup de tête qui renvoya sèchement son ennemi au sol. Il savait son doùble désespéré, mais de là à sacrifier un bras pour la victoire... Et encore, une victoire temporaire. Mais maintenant, il fallait se rendre à l'évidence. Couvert de poussière, blessé à la tête, le plastron en ruine et un super saiyan de niveau 2 si affaibli qu'il tenait presque du niveau 1, Vegetà avait bien compris que la victoire lui était passé sous le nez. Et Vegeta ne manqua pas de lui faire remarquer.
— C'est terminé, affirma celui-ci.
Mais à la surprise du prince, son doùble laissa éclater un rire dément.
— Bien sûr que non, ce n'est pas terminé ! s'exclama-t-il. Tu aurais pu me tuer cent fois !! Tu ne me tueras pas non plus aujourd'hui. Nous savons tous les deux que c'est moi qui vais finir par t'abattre.
— Tu as tort. Je ne te laisserai pas faire du mal à ceux que j'aime.
Vegetà se releva. Tout en lui exprimait la confiance.
— Et qu'est-ce que ça change ? railla-t-il. Tu n'as pas pu me tuer avant, tu seras tout aussi incapable de me tuer aujourd'hui !
— Tu crois ça ?
— Bien sûr ! Tu penses que je n'ai pas compris pourquoi tu m'as laissé la vie ?
Vegeta tiqua. Quel lien ? Il réalisa soudain que la solution pour résoudre son problème ne lui appartenait pas… S'il voulait apaiser Vegetà, il fallait avant tout…
…Il faut que je le comprenne. Il n'est pas moi. Pas vraiment.Il fallait le faire parler.
— Et pourquoi est-ce que j'aurais "fait ça", d'après toi ? demanda-t-il d'un ton aussi neutre que possible.
— Si tu m'as épargné jusque là, c'est pour que je puisse accomplir ce qu'aucun autre être n'est en mesure de faire. Tu veux que je te tue. Et je vais t'accorder cette grâce. Bientôt, je serai en mesure de te libérer.
— Me libérer ?
— Oui… Tu es comme moi. Mais tu n'as pas eu la chance d'avoir un adversaire à ta hauteur, Super Saiyan. Personne pour s'opposer à ton incroyable pouvoir. Je n'ose même pas imaginer comme ça a dû être dur de ne rien avoir pour t'occuper l'esprit. De ne rien avoir pour fuir ce passé qui t'obsède comme il m'obsède.
Vegeta en resta sans voix. Alors son doùble aussi était hanté par son passé ? Subissait-il lui aussi ces rêves incessants ?
— Oui, conclut Vegetà. Ne mens pas. Tu cherchais juste une occasion d'être libéré de ces démons qui te hantent. Alors tu es venu chercher dans le passé le seul adversaire capable de te tenir tête et de t'offrir de vrais combats : toi-même.
Vegeta resta sans voix. C'était à la fois si absurde et…
… et si logique !
— TU SAIS QUE J'AI RAISON !! hurla Vegetà. Le prince des saiyans n'épargne pas son ennemi ! Le prince des saiyans ne laisse paraître aucun signe de faiblesse ! Il est tout entier force, conviction et honneur ! Tu ne pouvais pas te résoudre à terminer ta vie comme un de ce cloportes terriens, alors tu as séduit cette idiote de Bulma pour qu'elle te permette de venir me cher...
Un poing puissant coupa court à cette affirmation. Une nouvelle fois, Vegetà finit à terre, la joue douloureusement marquée et le goût du sang plein la bouche.
— Ne parle plus jamais de ma femme comme ça !!
Vegeta avait réagi à l'instinct. Mais il commençait à comprendre. Vegetà pensait qu'il était…
Il pense que je suis comme lui.— Hé ! Hé ! ricana le prìnce en roulant sur le dos, un filet d'hémoglobine au coin des lèvres. Si j'ai tort… Tue-moi, Super Saiyan ! Montre-moi que ton honneur n'a pas encore complètement disparu ! Prouve-moi que tu es encore capable d'une once de fierté et viens mettre fin à mes jours !
C'était trop tard. Le délire paranoïaque était trop fort. Il n'y avait pas moyen de raisonner ce fou. Vegeta frissonna à l'idée qu'il aurait, lui aussi, pu terminer ainsi, sans avoir jamais connu l'amour, empli de vice, d'amertume, de regrets et d'obsession. Mais avait-il vraiment mérité sa rédemption ?
Bulma…
Trunks…
Vegeta ne pouvait pas prendre le risque que son doùble ne le dupe. Le risque était trop grand. Et que pouvait-il faire de lui, de toute manière ? Le renvoyer dans son temps ? Il y tuerait tous ces gens qu'il avait eu tant de mal à ressusciter…
Non. Il n'y avait aucune autre solution…
Il fallait le tuer.
Il allait devoir vivre avec ce regret toute sa vie. Son plus grand échec : celui d'avoir échoué à se sauver lui-même. Mais au moins, tous les autres vivraient en paix.
Pas d'autre option.
Il fallait en finir.
À regret et sans un mot, Vegeta s'avança jusqu'à couvrir son doùble de son ombre, puis tendit la paume face à son visage. Les yeux dans les yeux, ils restèrent ainsi plusieurs secondes à se toiser, l'ùn défiant l'autre du regard d'aller au bout de son geste.
— Je veux que tu saches que je regrette. Ça ne devait pas se finir comme ça.
— Tss, tu n'oseras pas me tuer ! Tu as besoin de moi ! Ne me dis pas que tout ça ne servait à rien !
— Vraiment, je regrette.
Son Goku, lui, aurait trouvé un moyen.Vegeta suspendit son geste autant qu'il le put. Il ne pouvait s'y résoudre. Il savait qu'il devait le faire, mais le poids de l'échec lui intimait de gagner encore un peu de temps.
Juste
Un peu
Plus
De
Temps
— Tu… Tu… Tu ne peux pas me tuer, c'est MON destin de mettre un terme à tes jours. Tu... Tu le sais !
Il vit l'assurance de son doùble sur son incapacité à porter le coup fatal diminuer à mesure que son attaque se concentrait dans sa paume.
— Vraiment, je suis désolé, crois-le. Tu n'étais qu'une victime de mes erreurs. Une de plus.
— Je ne suis la victime de personne ! Et surtout pas la tienne !
Malgré ce sursaut de fierté, Vegeta pouvait bien sentir la peur s'emparer de son doùble. Quel gâchis.
Le moment était venu. Ils allaient devoir payer. Tous les deux. Chacun à sa manière. L'un allait mourir, l'autre vivre avec le poids de la culpabilité et de l'échec.
Et là, en ce dernier instant Vegetà comprit. Il put lire dans les yeux tristes de son double que sa dernière heure était venue.
Et pour la première, il paniqua enfin. Durant un bref instant, au moment où il allait mourir, toute la fierté qui avait fait de lui ce qu'il était s'évanouit.
— ATTENDS ! ATTENDS !! Si tu me tues, que vas-tu faire ? Qui est-ce qui te tueras, toi ? Tu seras seul à nouveau !
Vegeta arrêta son attaque net. L'énergie dans sa paume disparut.
Son doùble partit aussitôt d'un rire dément et libérateur.
— HA ! HA ! HA ! JE LE SAVAIS !! TU NE PEUX PAS !!
Mais, à sa grande surprise, Vegeta partit lui aussi d'un rire franc et profond. Il posa sur son doùble un regard empli d'une compassion infinie. La solution avait été sous ses yeux tout ce temps. Vegetà n'avait cessé de lui agiter la clef sous le nez, et il n'avais rien vu ! Quelle honte ! À quelques secondes près, il aurait pu commettre l'irréparable.
— Bien sûr que je peux, répondit-il enfin. Mais J'ai une meilleure idée. Viens, avant qu'on en finisse, laisse-moi te montre quelque chose.
Il posa sa main gauche sur l'épaule de son doùble, deux doigts sur son front, et, ensemble, ils disparurent…
— Alors ? demanda Bulma à Krilin. Qu'est-ce qui se passe ?
— Ils ont arrêté de se battre, répondit-il. Ils ont l'air de discuter.
— De discuter ? reprit-elle en le saisissant aux épaules pour le secouer nerveusement. Mais de quoi est-ce qu'ils discutent ?
— Co-comment v-veux-tu q-que je-je le sache ?
Au même instant, Vegeta et Vegetà apparurent au milieu de la foule. Un silence de plomb retomba sur le jardin de la Capsule Corp. Tous se demandaient ce qui allait se produire, suspendus aux lèvres du prince qui apostropha le fils aîné de Goku :
— Gohan ! Est-ce que tu pourrais lui montrer tes pouvoirs ?
— Quoi ? s'étonna le métis.
— Ta force. Je voudrais que tu lui montres ta force.
— Oh !
Le regard de Gohan perdit toute l'innocence qui le caractérisait. Il serra les poings, concentra ses pouvoirs et une aura blanche l'entoura qui se mit à pulser de plus en plus vite. Il se mit même à léviter inconsciemment sous l'afflux inimaginable de ki qui s'emparait de lui et finalement, dans un flash lumineux accompagné d'un claquement sec, retomba au sol, serein, tout son être resplendissant d'une puissance incommensurable à l'état brut.
La mâchoire de Vegetà faillit se décrocher.
Jamais il ne s'était senti aussi impuissant. Même face à Freezer. Même face à son double du futur au faîte de sa puissance, il avait toujours été capable de percevoir comment atteindre leur niveau. Mais ce que venait de révéler Gohan était sans commune mesure. Le métis était un dieu. Tous les autres n'étaient que des insectes.
— Voilà le pouvoir le plus formidable de mon univers, annonça Vegeta.
— C'est… C'est… bredouilla son doùble.
— Inaccessible. Oui. Son potentiel saiyan est entièrement libéré. Son pouvoir va même au-delà. Il est impossible de le surpasser. Et Son Goku est lui aussi bien plus fort que moi.
Vegeta avait prononcé ces mots à haute voix. Tout le monde l'avait entendu. Rien à voir avec l'intimité de son monologue au kaio SHin Kaï. Il devrait désormais assumer ses mots face à tous. Mais il s'en fichait.
Quant à Vegetà, il tremblait de tout son être. Il n'était pas une seule parcelle de sa personne qui ne menaçait d'exploser sous la tension intérieure. La réalité venait de le percuter de plein fouet : il était complètement dépassé. Rien de ce qu'il avait imaginé toute sa vie n'était vrai.
Le choc était brutal. Son échec était total. La vie avait-elle encore un sens ?
Puis, d'un seul coup, dans un hurlement de rage et de désespoir, il décolla à la verticale et disparut.
— Vegeta ! intervint Bulma avec conviction. Qu'est-ce qui se passe ?
Son mari lui adressa un sourire réconfortant.
— J'essaie de “remettre un peu d'ordre dans tout ça“. Je reviens, annonça-t-il en commençant à léviter à son tour.
— Quoi ?! Où est-ce que tu vas ?
— Je vais lui parler, termina-t-il avant de disparaître dans les airs à la suite de Vegetà.
[justify]Les étoiles.
Vegeta volait sous la nuit qu'elles rendaient si belle. Il savait très exactement où il allait.
Il n'y avait qu'à cet endroit qu'il pouvait être. Un endroit unique sur Terre. Un endroit où la disposition des astres, à cette époque de l'année, rappelait à s'y méprendre le ciel nocturne de la planète Vegeta.
Et effectivement, son doùble s'y trouvait, allongé sur l'herbe, en hauteur, sur le piton verdoyant qui surplombait les immenses steppes de la province centrale. Vegeta amorça sa descente et atterrit calmement, presque sans un bruit, comme un prédateur refusant de perturber le silence de la nuit pour mieux atteindre sa proie. Mais Vegetà n'était pas une proie, et encore moins dupe.
— Fous moi la paix.
Vegeta ne répondit rien, il alla s'allonger à quelques mètre de son doùble, sans un mot. Ce n'était pas la première fois qu'il venait. Il avait d'ailleurs laissé l'empreinte de son corps à quelques endroits reconnaissable par une herbe plus écrasée et jaunie, comme pour marquer le territoire. Vegeta avait souvent songé à amener Bulma dans sa retraite secrète, sans jamais passer à l'acte. Il avait craint que cet endroit paisible ne le serait plus si sa femme en découvrait l'existence. Accaparé entre ses pensées et les étoiles, le prince ne vit pas le temps défiler ; en réalité, cela faisait déjà plus d'une heure qu'il était allongé non loin de son doùble, tous deux les mains sur la nuque.
L'agacement suscité par son arrivée surprise s'était dissipé. Il pouvait le sentir.
Le dernier acte pouvait commencer.
— Je ne pensais pas que ça se terminerait comme ça, lança Vegeta sur le ton de la conversation.
Vegetà ne répondit pas immédiatement. Il ferma les yeux, soupira et enfin une phrase quitta sa bouche. La conversation pouvait débuter.
— Moi non plus.
Ce fut au tour de Vegeta de patienter avant de poser une question. Une qu'il se posait depuis un certain temps.
— Il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que tu as tué Krilìn ? Il aurait été un atout face à moi.
— Je ne l'aimais pas. Je ne l'ai jamais aimé.
— Moi non plus. Sans Gok… Sans Kakarotto, cet abruti m'aurait tué… Ça m'est toujours resté en travers de la gorge.
— Ha ! Ha ! Sérieusement, ce nul a failli te tuer ?
— Ta gueule ! ordonna Vegeta sur le ton des vieux amis.
Son doùble décida d'accéder à cette requête, un sourire un coin, et il y eut à nouveau un long silence. Autour d'eux, les herbes hautes de la collines caressaient régulièrement leur visage en apaisant les tensions. L'atmosphère entre eux était étonnamment détendue. Quelques heures plus tôt, la scène eût été inimaginable. Etait-ce le fait de la puissance de Gohan ?
Au fond, peu importe, songea Vegeta.
C'est le résultat qui compte. Mais je ne peux pas le laisser comme ça, en proie à ses cauchemars. La raison est pourtant exactement la même. Et dire que Nappa avait tout compris depuis le début...
Vegetà vint soudain l'arracher à ses pensées.
— J'ai aussi une question. Pourquoi est-ce que tu as pris la Dragon Ball ?
— Je ne voulais pas que vous ressuscitiez Gokù. Il fallait que tu sois le plus puissant.
— Pffff ! Comme si j'avais eu besoin de toi pour ça !
Vegeta le regarda d'un air las.
— Tu es sérieux ? Tu as déjà oublié Gohan ?
— Bah ! Je ne suis pas toi. Je me serais débrouillé.
— Si tu le dis…
À nouveau, les deux saiyans laissèrent passer un temps à scruter le ciel en silence.
— Pourquoi tout ça ? Pourquoi être revenu en arrière si tu avais la paix ici ? demanda Vegetà.
— À cause… À cause des cauchemars. J'avais… J'avais besoin d'un objectif. De quelque chose pour occuper mes pensées.
— Oh…
Vegetà ne comprenait que trop bien. Les cauchemars. Ils étaient certainement différents, à n'en pas douter. Mais ce vide au plus profond de lui-même, qu'il avait en vain tenté de combler en poursuivant son destin, alors son double devait le ressentir aussi. C'était normal, en fait. C'était ce qui les rapprochait le plus.
Vegeta sentit qu'il n'était pas allé au bout de ses pensées.
— À vrai dire, je ne l'avais pas compris tout de suite, poursuivit-il. Je ne l'ai saisi qu'aujourd'hui, en repensant à ce qui s'était passé dans la salle, quand je t'entraînais. Nous avons besoin d'un objectif, de quelque chose pour nous occuper l'esprit, d'une limite à dépasser. Ou alors, nous sommes condamnés à vivre dans le passé… Et c'est lui qui nous rattrapera. Tu vois ce que je veux dire, non ?
— À peu près, oui....
Il y eut une profonde inspiration. On y était. Le temps des explications. Vegeta prit la parole du ton le plus neutre possible.
— Tu vois, quand j'ai débarqué sur Terre avec Nappa, Son Goku nous a vaincus. Ça a été un énorme choc. Et après ça, je n'ai plus eu qu'une seule obsession : devenir plus fort que lui. J'ai poursuivi cette chimère des années durant, jusqu'à devenir incroyablement fort, mais toujours il avait cette avance sur moi, ce
quelque chose que je n'avais pas et qui lui permettait de me distancer. Et finalement, j'ai abandonné…
Pas de vanne ? Pas de moquerie ? Non. Son doùble écoutait patiemment. Il était déjà en train de changer, visiblement. Vegetà poursuivit :
— Le problème, c'est que je n'avais pas réalisé que cette obsession pour Goku n'était qu'un palliatif. je l'utilisais pour me voiler la face, pour cacher mes propres erreurs. Elle agissait comme une drogue, un moyen de ne pas voir la réalité en face. Quand j'ai abandonné, mes pensées noires ont refait surface. Elles me dévoraient littéralement. Elles me pourrissaient la vie et celle de ma famille, c'était insupportable. Alors j'ai cherché un nouvel objectif.
— Évidemment. Et ton objectif, c'était de me torturer ?
— Non. Je voulais vraiment faire de toi l'être le plus puissant de l'univers. Que tu réalises ce que je n'avais pas pu faire.
— Tuer Freezer ?
Vegetà ne vit pas son double hocher la tête, mais le son que produisit ses cheveux au contact de l'herbe fut une indication suffisante.
— Oui,entre autre. Ça faisait partie du plan.
— Et après ? Si j'y étais parvenu ? J'aurais dû tomber dans les bras de Bulma et lui faire des gosses ? Et si je n'avais pas voulu, tu m'aurais menacé ?
— Couche avec ma femme ou je te tue ! Ça c'est une menace de haut niveau !
Les deux guerriers se mirent à rire sous les étoiles, un rire simple, dénué d'ironie ou de sarcasme. Un rire honnête, qui s'estompa peu à peu, remplacé par un sourire commun.
— Il y a quand même quelque chose que je ne comprends toujours pas, reprit Vegetà après un long silence. Tu es en paix, désormais, mais pourtant, tu n'as plus vraiment d'objectif. Tu as visiblement jeté l'éponge face à Gohan. Qu'est-ce qui te rend si serein ?
Alors Vegeta lui expliqua. Il lui raconta comment Cèll avait détruit le monde, quels événements il avait vécu sur Namèk et comment il avait finalement réussi à le piéger, dans l'intention initiale de le tuer.
Et enfin, il lui révéla quelle épiphanie lui avait permis de trouver la paix. Ce qui lui avait été révélé sur son aspiration la plus profonde. Ce désir si profondément enfoui qu'il refusait de le réaliser mais qui, une fois qu'il avait su trouver les mots exacts pour en définir la teneur, lui avait permis d'atteindre enfin la paix.
Au moment-même de la révélation, Vegetà sentit une crampe profonde disparaître. C'était une sensation ancienne, une atrophie de son être si intimement liée à lui qu'il n'en avait même plus conscience, tant il était habitué à vivre avec. Ce fut comme s'il retrouvait simultanément ses cinq sens alors qu'il n'avait jamais su qu'ils existaient, comme s'il avait découvert une nouvelle dimension ou qu'on lui avait offert le monde après une vie entière passée dans une cage.
Un long, un profond soupir s'échappa de ses lèvres.
Puis les deux saiyans se détendirent franchement. Plusieurs fois, leur rire résonna sous la voûte céleste tandis qu'ils ressassaient ce conflit absurde qui les avait opposés, comme deux amis, se révélant des secrets que l'autre avait ignoré ou se demandant comment leur monde aurait pu tourner si Nappà, si Chaozù, si Krilìn, si Ghoùrd ou si Marta ; si Buù, si Cèll, si Soltrakì, si Piccolò ou si Yamchà ; si Reacùm, si Tèn Shin Han, si Gerò, si Son Gohàn, le Toùt-Puissant ou bien Bulmà…
On aurait dit deux frères se réconciliant après une rixe.
La lune était désormais haute dans le ciel et sa clarté estompait celle des étoiles. Cela faisait longtemps qu'aucun des deux n'avait plus prononcé le moindre mot.
— Bon ! Je vais y aller, déclara finalement Vegetà en se relevant. Je n'ai plus rien à faire ici.
— Il faudra que tu détruises la machine, répliqua son double.
— De toute manière, si je devais faire un nouveau saut, il me ramènerait ici. Et puis, si ces cauchemars disparaissent, il n'y a pas de raison. Mais si tu m'as menti…
— Arrête de te la jouer ! Au fond de toi, tu sais que c'est la solution.
Alors Vegetà lui adressa un sourire apaisé tandis que le prince se relevait à son tour. Puis Vegeta sortit la capsule contenant la machine namek et la lança à son doùble.
— Voilà, marmonna-t-il. Ne déconne pas. Je n'ai pas envie de regretter ce que je viens de faire.
— T'inquiète.
Vegetà lança la capsule à terre et la silhouette caractéristique de la machine apparut. Sans un mot, le prìnce monta à bord. Il concéda un salut discret des deux doigts à son double tout en activant le processus qui le ramènerait dans son univers. Puis, la machine décolla de quelques mètres avant de disparaître définitivement.
Vegeta resta encore quelques minutes à observer le ciel et les alentours. La Terre était vraiment une planète magnifique. Finalement, il allait faire découvrir cet endroit à Bulma.
À Bulma et à Trunks.
Puis il leva deux doigts à son front.
Mais rien ne se produisit.
Il avait renoncé à utiliser l'alterki pour rentrer chez lui en volant.
Tranquillement.
La soirée était belle, et il avait envie de sentir le vent fouetter son visage.
Merci à tous pour m'avoir lu, soutenu et commenté jusqu'ici.
Ce fut une formidable aventure humaine, avec ses joies, ses peines, ses qualités et ses imperfections.
Oh, mais !
Attendez, ce n'est pas fini. Il reste une dernière chose à raconter !
Quand il était entré dans la chambre par la fenêtre, comme à son habitude, Bulma était évidemment furieuse. Et elle avait toutes les raisons de l'être : elle l'attendait depuis des heures. N'importe qui aurait été furieux à sa place.
Vegeta l'avait patiemment laissée déverser toutes les peurs et frustrations qu'elle avait contenues, sans l'interrompre une seule fois. Elle finirait par se calmer, il le savait : elle finissait toujours par se calmer. Et quand ce serait le cas, alors il pourrait lui parler de ce désir qu'il avait découvert au plus profond de lui-même. Un désir que les événements passés l'avaient poussé à refouler jusqu'à ce qu'il en perde complètement conscience. Un désir dont la résurrection lui avait enfin permis de trouver la paix. Un désir qu'il avait également réveillé chez son doùble et qui leur avait permis d'éviter une inutile effusion de sang.
Cette fois, il n'y aurait pas de hasard. Il allait prendre son destin en main.
Finalement, après de longues minutes, les reproches de Bulma prirent fin. Sa femme resta là, haletante, à le toiser avec colère.
— Tu as terminé ? demanda le prince.
Elle lui lança un regard furibond, mais Vegeta ne lui laissa pas le temps de répliquer :
— Parce que si tu as effectivement terminé, alors j'aimerais bien qu'on envisage sérieusement de faire un deuxième enfant. Un qu'on aurait voulu, cette fois.
L'expression de Bulma passa de la rage à la surprise, puis à la douceur.
— Imbécile de saiyan, murmura-t-elle en se laissant tendrement tomber dans ses bras.