Une semaine plus tôt dans l’espace.
— 8 998... ! 8 999... ! 9 000... !
9 001 ! Arrivé à la fin du décompte, Tenshinhan lâcha la barre de traction et s’écroula sur les dalles trempées de sueur. Dos au sol, les bras grands écartés, il avait si puisé dans ses réserves qu’il s’était retrouvé incapable de se mouvoir. Exécuter plusieurs milliers de séries à la chaîne n’était déjà pas chose facile, alors coupler cet exercice sous une gravité cinq fois supérieure à celle endurée chez Kaîo...
— Tss... Tu continues à t’entêter pour rien ! s’exclama une voix nasillarde sortit de nulle part. Je te rappelle encore une fois qu’avec mon nouvel équipement la victoire est déjà garantie contre l’ennemi.
Tenshinhan pivota la tête vers la droite et vit qu’Eleim était revenu à la charge, visiblement pour encore essayer de lui faire changer d’avis sur les vertus de son attirail si exceptionnel. Vêtu d’une étrange armure rouge dont le design ressemblait à celle d’un preux chevalier des temps anciens, chaque parcelle de son corps chétif était soigneusement recouverte. Eleim aimait se référer à cette forteresse imprenable comme étant la « Défense ultime ».
— Et toi, tu continues à sous-estimer Végéta, rétorqua Tenshinhan, las de jouer les perroquets. Si jamais il parvient à mettre en pièces ta ferraille, et crois-moi, il y arrivera, je dois être prêt à prendre la relève.
Eleim soupira. Ce manque de foi envers la science et la technologie était affligeant. Il reconnaissait que le corps humain disposait d’attributs intéressants et qu'à force d’entraînement et de patience, ce dernier pouvait se transformer en une véritable machine de guerre ; mais il ne restait pas moins véridique qu’une entité faite de chair et de sang restait limitée dans ses progressions. Tôt ou tard, on finissait toujours par se heurter à un mur infranchissable, et Tenshinhan ne faisait pas exception à la règle.
— De la « ferraille »... On voit que tu n'y connais strictement rien. Pour ton information, cette armure est constituée d’un mélange de fibre de carbone et d’alliage en titane, précisa-t-il, le poing tapotant sur son torse. Ça ne vaut pas du katchin, mais c'est le second matériau le plus résistant qui puisse exister dans l’univers. Si ce Saiyen parvient ne serait-ce qu'à l’égratigner, ce sera déjà un exploit.
La chose que Tenshinhan ignorait, c’était qu’Eleim avait dû supplier son paternel pour mettre la main sur cet équipement expérimental jugé très dangereux. Selon les scientifiques de sa planète, l'arme secrète dissimulée à l’intérieur pouvait condamner tout l'univers si mal utilisée.
— Passons, je ne suis pas venu pour te parler de ça. Du moins pas aujourd’hui.
— Pourtant c’est ce que tu viens de faire..., murmura Tenshinhan.
Eleim actionna une commande située sur l’un de ses poignets et l’éclat rougeâtre qui illuminait la pièce s’éteignit sans prévenir, faisant disparaître la puissante force de gravité exercée.
— Je n’avais pas terminé !
— Parce que tu crois que j’en ai quelque chose à faire ? Il faut que je te montre quelque chose. Suis-moi.
Tenshinhan souleva un sourcil, intrigué. Toutes les fois où Eleim était venu le voir — le déranger — avaient été pour le dissuader de poursuivre son dur labeur physique, et accessoirement de lancer des petites piques sur ses efforts inutiles. C’était étrange. Bien que toujours engourdi, il se fit violence et le suivit jusqu’à la salle de pilotage où bon nombre d’écrans et autres appareils miroitaient.
— Regarde ça, dit Eleim, le doigt pointé sur le plus grand écran. Ça s’est passé la nuit dernière, je n'ai vu les images que tout à l'heure.
Tenshinhan plissa des yeux et visionna l’écran lorsqu'il remarqua quelque chose qui le foudroya sur place : cinq capsules monoplaces avec chacune une inscription en forme de « V » remanié inscrite à leur centre fusaient dans la même direction qu’eux. Étant bien plus rapides, les pods les dépassèrent très vite et disparurent de leur champ de vision.
— Ils ont la même capsule que Végéta ! s’exclama Tenshinhan, choqué. Ils travaillent pour ce Freezer, eux aussi ?
— Exact, confirma Eleim, nerveux. Il s’agit du Commando Ginyu, l’élite spéciale de ses hommes. Si tu as toujours trouvé ton Saiyen redoutable, sache que ces cinq-là sont dans une toute autre ligue.
Il éteignit l’écran et regarda la vitrine où une armure similaire à la sienne était entreposée. Elle était moins performante et plus difficile à contrôler, mais fonctionnelle.
— J’étais confiant au début, mais je dois t’avouer que cette nouvelle donnée change la donne. A titre exceptionnel, tu vas devoir mettre ta fierté de côté et porter cette armure. À nous deux et avec un bon plan, on devrait pouvoir s'en débarrasser.
— Je t’ai répété cent fois que je n’étais pas intéressé ! répliqua Tenshinhan, catégorique. Je n’ai jamais trahi mon entrainement et ce n’est pas aujourd'hui que ça changera. Ce sera sans moi, point à la ligne.
Eleim lui agrippa le cou de la main droite, furieux.
— Arrête d’être aussi borné, la situation a changé, bordel ! Tu ne te rends pas compte qu’avec cette armure Ultra couplée à ta force phénoménale, tu ne feras qu’une bouchée de tout ce beau monde ?! Rien dans l’univers ne pourra te résister, ni moi, ni ce Saiyen, ni même Freezer !
Tenshinhan se dégagea de la poigne d'Eleim d’un revers de la main, lui tourna le dos et s’en alla rejoindre la salle d’entraînement.
— Il reste encore un peu de temps avant qu’on arrive sur Namek ! poursuivit le jeune Heloïte. On sera un peu en retard, mais pas de beaucoup si je pousse les machines à fond. Pendant ce temps, tu dois maîtriser tous les mécanismes de cette armure, tu n’as pas le choix !
Tenshinhan s’arrêta au moment de passer la porte et plaqua son coude droit sur le bord.
— Je ne changerai pas d’avis, ma réponse est définitive et sans appel, répliqua-t-il d’un ton ferme. En revanche, je ne serais pas contre un partenaire d'entrainement et une gravité encore supérieure. Si tu es intéressé, rejoins-moi, sinon ne me dérange plus jusqu’à ce qu’on arrive.