Non contrairement à ce que dit la légende je n'ai pas disparu.
Je tiens à vous dire que je bosse petit à petit sur ma fic déjà entamée sur ce site, Les Chroniques du Peuple Saiyan, malgré mon emploi du temps chargé. Mais avec l'arrivée des grandes vacances je vais pouvoir me permettre d'écrire un peu plus et donc de faire progresser cette première fic.
Cependant, si j'ouvre un autre sujet, c'est parce que entre temps, il m'est venu une autre idée que j'ai aussitôt eu envie d'explorer.
Donc voilà, je vous présente le tout début.
Pour ceux que ça pourrait tenter, enjoy.
Introduction.
C'était un instant qu'il ne voulait jamais oublier, un instant qu'il chérissait et dont lui seul détenait le secret. Il ne s'en rendait jamais compte mais il pouvait passer de longues minutes ainsi, parfois même une heure entière à la regarder. Il se tenait là parfaitement immobile, maîtrisant sa respiration et même les battements de son cœur afin d'être certain de ne pas la réveiller. Il l'observait ainsi trop rarement à vrai dire, et en y repensant, à chaque fois qu'il profitait de cet instant il se demandait pourquoi il ne le faisait pas plus souvent. Il se surprenait parfois à être totalement émerveillé par elle lorsque dans un soupir il voyait un sourire se dessiner sur son visage comme si elle rêvait de choses agréables. Lorsque, arrivé à un certain point de la nuit, la lune laissait ses rayons filtrés à travers le mince espace entre le volet et le mur, il pouvait la distinguer encore plus nettement. Si le sommeil ne finissait pas aussi par le surprendre il aurait passé des nuits entières à détailler ses cheveux, son front, ses sourcils, ses paupières, son nez, ses pommettes et sa bouche. Elle était celle qui, contre toute attente, il aimait depuis aussi longtemps. Il savait d'ailleurs qu'elle l'aimait aussi, et c'était peut-être ça le plus surprenant. Lorsqu'il se prenait ces nuits à simplement la regarder il voyait en elle le fruit de leur amour et la descendance qu'elle lui avait accordé. Parfois, à de très rares occasions, il aurait même été prêt à mettre de coté tout ce qui faisait son caractère, tout ce qui faisait son vécu, tout ce qui faisait ce qu'il était, uniquement pour vivre ces instants à jamais. Mais cette nuit là, tout ce qu'il pensait, c'était à quel point elle lui avait permis d'obtenir la paix.
Il se réveilla en sursaut, le corps recouvert de sueur. A sa propre surprise il s'était entendu crier en même temps qu'il se réveillait. Il se frotta soudainement le visage et constata, non sans honte, que d'épaisses larmes avaient roulé sur son visage. Reprenant ses esprits il regarda à coté de lui et constata avec amertume qu'il avait simplement fait un rêve aussi agréable que douloureux. Il n'y avait que lui, ce lit d'une place au cadre en bois et au matelas rembourré de plume et une couverture rendue poisseuse par sa transpiration. Il se leva et poussa l'une des deux portes de la pièce donnant sur une minuscule salle de bain. Il tira la ficelle permettant d'allumer la lumière et se regarda un instant. Il sursauta à nouveau lorsque l'on frappa à la porte de sa chambre. La voix d'une jeune femme se fit alors entendre et qui ne cacha pas son inquiétude.
- Tout va bien Ojisan ?
- Oui, retourne te coucher Ning.
- ...Un autre cauchemar, sembla-t-elle hésiter.
Il ne répondit pas aussitôt, soupirant lentement, reprenant encore ses esprits.
- Non c'est, c'est...c'est pire que ça, retourne te coucher.
- Vous êtes sûr que... ?
- Je t'ai dis d'aller te coucher !
Il n'y avait rien de méchant dans sa voix, seulement une forme d'autorité suffisante pour montrer à qui l'entendait que la conversation était terminée. Ning, toujours derrière la porte sembla aussitôt le comprendre.
- Bien...dors bien Ojisan.
J'aurais pu rêver de tout, cauchemarder à propos de tant de scénarios mais non, non...il a fallu que ce soit ça. De tous les coins de mon cerveau, de tous mes souvenirs il a fallu que je me torture moi même avec ça, avec ces souvenirs ! Pas de sommeil ou je vois mes amis mourir, ou mes ennemis me faire la peau non, ça aurait été trop simple pas vrai ?! Non sur tout ce que ton cerveau dégénéré aurait pu piocher il a fallu qu'il tombe là dessus ! La pire des choses, le symbole même de tout ce que j'ai perdu. Je te hais toi et tout ce que tu représentes ! Tu ne devrais même pas être là, tu ne devrais pas être en vie, tu ne devrais en aucun cas t'accrocher à ce semblant de vie. Tout ce que tu fait c'est survivre...c'est tout ce dont tu es capable...
Le regard perdu dans son miroir, il se contemplait avec un mélange de haine et de dégoût. Son corps n'avait rien perdu de sa superbe mais on ne pouvait pas en dire de son visage. Désormais borgne son œil gauche était barré d'une épaisse cicatrice en forme de V, ses lèvres, son menton, son cou et ses joues étaient couverts d'une barbe épaisse mais relativement courte, enfin, ce qui le fit finalement pester fut de voir que ses tempes blanchissaient à vue d’œil.
Pas de surprise sur ce cas après tout mais se rendre physiquement à l'évidence du vieillissement de son corps n'était jamais chose aisé, même pour lui, voir surtout pour lui. Quel âge avait-il déjà ? Toujours appuyé contre le lavabo, provoquant son reflet dans un duel de regard, il comptait les années, ayant perdu ses repères ces derniers temps.
Il devait avoir entre 65 et 70 ans. Dans ce monde les jours se confondaient, entraînant une confusion dans les semaines, un chamboulement des mois et par conséquent, un mélange des années. Lui même ne pouvait être plus précis mais cela n'avait, au fond, aucune importance.
Au fond, il n'avait pas à se plaindre, si son visage commençait à montrer des signes de vieillesse on lui aurait donné en réalité une bonne quarantaine d'années. Quant à son corps, la plupart des athlètes de ce monde aurait rêvé d'avoir le même. Il fallait bien l'avouer, en ce monde, il restait l'incarnation même de cette vieille expression « Ne pas faire son âge. »
Mais peu importait combien la nature avait été généreuse avec lui, il restait un homme qui avait tout perdu.
Un lourd soleil plombait cette journée de printemps alors que le guerrier arpentait d'immenses chap de vignes, un large panier sur le dos à moitié rempli de grappes prêtes à être pressées. Tout autour de lui un important nombres d'ouvriers s’affairait à la tâche car il fallait absolument récolter le raisin. On ne plaisantait pas avec les vendanges, c'était presque une forme d'art. La plupart des ouvriers ici n'étaient là que pour la saison, des hommes et des femmes passant d'une ferme à l'autre au gré des récoltes parsemant l'année. Lui était là depuis trois ans et avait aidé le patron de cette exploitation afin de gagner son pain quotidien et d'obtenir le gîte.
- Tu as soif Ojisan ?
Il fut tiré de son travail par cette même voix qui s'était inquiétée de son état la nuit passée. Ning était une jeune femme d'à peine vingt ans, petite fille du patron du vignoble. Elle était assez grande, presque autant que lui. De longs cheveux bruns qu'elle laissait chavirer à leur gré et d'immenses yeux bleus en amande. De son sourire le plus sincère elle lui tendit une gourde d'eau fraîche, il remarqua qu'elle en portait un nombre important en bandoulière.
- Je veux bien, merci.
Il s'abreuva tranquillement regardant la jeune fille s'éloigner, ravissant les plus jeunes hommes travaillant ici par sa beauté et sa bonhomie. Il fut pris d'une joie sincère et se remit au travail.
La fin de la journée arrivait mais la chaleur ne semblait pas vouloir s'estomper. Partout les ouvriers se disaient au revoir mais un petit groupe resta là autour d'un feu de camp improvisé afin de fêter une bonne journée de travail. Lui se tenait à l'écart comme à son habitude mais ne perdait rien de l'allégresse de ces camarades de labeur. Ning était là, assise avec eux, s'amusant à chaque fois de ces soirées improvisées. Assis à une place bien réservée du cercle se tenait le vieux Yago, propriétaire du vignoble et grand père de la jeune femme. C'était un homme avec un embonpoint tel qu'on avait toujours l'impression que les bretelles de sa salopette allaient craquer. Il avait cependant des bras encore très puissants pour son âge et il était encore capable de bouger des tonneaux remplis de vins comme si il eut soulevé des coussins. Il arborait des petites lunettes, des cheveux blancs et le sommet du crâne tout chauve. Si Ning était quelqu'un de naturellement jovial elle devait lui venir de son grand père. Yago ne semblait jamais sérieux et appréciait d'avoir constamment des gens autour de lui et de faire le bonheur de tout un chacun.
C'était sûrement grâce au caractère particulier de cette famille qu'il avait pu rester auprès d'eux aussi longtemps.
- Hey l'aîné, joint toi à nous, on va pas descendre tout ce vin tous seuls tu sais.
Lorsqu'il entendit l'appel de l'un des ses camarades vendangeur, il se leva et s'approcha du cercle, apparemment amusé. Tous l'appelaient l'aîné ici car il était le plus vieux d'entre eux. Il s'installa sur la dernière place libre, non loin de Ning.
- Allez trinquons à ces vendanges réussies, et que Karcera nous laisse tranquille jusqu'aux prochaines, lança Yago.
A part lui, tous levèrent leur verre dans un cri d'allégresse. Il la partagea mais à sa manière, levant doucement son verre et le portant à ses lèvres, un air apaisé sur le visage. Au fond, il était heureux de voir que ce monde regorgeait encore de vie et de bons moments, comme celui ci.
La nuit était tombée, les ouvriers étaient rentrés et il ne restait du feu de camp que quelques braises rougeoyantes. Lui était toujours là, appréciant tranquillement son dernier verre sous le ciel étoilé. Un bruit soudain ponctué d'un rire un peu gras le tira de ses rêveries. Yago vint s'installer à coté de lui, le visage rougi par l'alcool.
- Ahlala, ce n'est plus de mon âge tout ça, je vais le payer demain.
- Tu plaisantes, malgré l'âge tu serais encore capable d'étaler la plupart de ces jeunes au jeu de celui qui boira le plus.
- Tous sauf toi, rigola Yago.
Il passa un petit moment à rire seul, rire que partagea l'homme très calmement.
- Tu ne vas pas te coucher, demanda Yago.
- Non, je n'ai pas sommeil et je n'aime pas mes rêves en ce moment...
- Je sais, Ning m'a raconté...toujours cette histoire.
- C'est l'histoire de ma vie désormais et tant que je n'aurais pas terminé ce que j'ai commencé, je ne pense pas pouvoir faire autrement.
- Quand je pense que tu traînes tout ça depuis vingt ans, pfiou, je serais devenu fou à ta place.
- Je dois l'être un peu.
- Tu es surtout obstiné, et puis ce n'est pas ça qui va t'arrêter, toi et tes amis ça ne vous a jamais arrêté.
- Tu as sûrement raison.
Il refit un mauvais rêve cette nuit, encore par rapport à l'un de ses êtres chers, un bébé. Il avait à peine eu le temps de le connaître, d'en profiter.
De nouveau face à son miroir, c'est sans surprise qu'il entendit de nouveau toquer à la porte.
- Ojisan, je peux entrer ?
Il ne répondit pas, et quelques secondes plus tard il entendit la porte de sa chambre racler contre le sol. Ning ne s'imposa pas, s'asseyant sur son lit, attendant qu'il veuille bien briser le silence.
- Ojisan, vous êtes certains que tout va bien ?
- Les vendanges sont terminées, je vais reprendre mes recherches dès demain.
- Tu sais où elle se trouve ?
- Non mais je la sens de plus en plus nettement, je ne devrais pas tarder à mettre la main dessus.
- Et après ça ?
Il revint dans la chambre avec un long soupir, il s'installa à coté de Ning et la prit par la tête, lui posant le front contre son épaule. Il n'avait pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle sanglotait. Il avait été comme un nouveau membre de la famille pour elle, un père de substitution suite à la mort de ses parents.
- Je devrais partir, pour trouver la suivante.
Elle sanglota encore à nouveau, puis renifla un bon coup avant de se relever et de lui adresser un sourire radieux.
- Oui, après tout, tu touches au but.
Elle se leva et s'approcha d'un tout petit coffre, totalement anodin, dans un coin de la pièce. Ning regarda l'homme un instant comme si elle cherchait son accord. Il le lui donna d'un simple hochement de la tête. Elle ouvrit le coffre et une lueur orangée éclaira ce coin de la pièce. Il en avait déjà quatre.
- Tu penses que cette Dragon Ball aura combien d'étoiles... ?
- Je ne sais pas, peut-être quatre, j'aimerais bien trouver celle à quatre étoiles.
- Je suis certaine que tu trouveras bientôt la cinquième.
De nouveau joyeuse elle referma le coffre et alla pour quitter la pièce. Elle ouvrit la porte, éclairée alors par la lumière du couloir il put voir qu'elle s'était soudainement de nouveau assombrie.
- Tu, tu reviendras nous voir pas vrai, grand père et moi, même une fois que tu auras terminé ton voyage ?
Il sourit faiblement.
- Bien sûr, et à ce moment là je vous présenterais ma famille et mes amis.
Elle lui adressa un dernier sourire chaleureux et s'en alla ragaillardi. Juste avant de fermer la porte et lui adressa un simple au revoir de la main.
- Bonne nuit, Vegeta.
C'était un instant qu'il ne voulait jamais oublier, un instant qu'il chérissait et dont lui seul détenait le secret. Il ne s'en rendait jamais compte mais il pouvait passer de longues minutes ainsi, parfois même une heure entière à la regarder. Il se tenait là parfaitement immobile, maîtrisant sa respiration et même les battements de son cœur afin d'être certain de ne pas la réveiller. Il l'observait ainsi trop rarement à vrai dire, et en y repensant, à chaque fois qu'il profitait de cet instant il se demandait pourquoi il ne le faisait pas plus souvent. Il se surprenait parfois à être totalement émerveillé par elle lorsque dans un soupir il voyait un sourire se dessiner sur son visage comme si elle rêvait de choses agréables. Lorsque, arrivé à un certain point de la nuit, la lune laissait ses rayons filtrés à travers le mince espace entre le volet et le mur, il pouvait la distinguer encore plus nettement. Si le sommeil ne finissait pas aussi par le surprendre il aurait passé des nuits entières à détailler ses cheveux, son front, ses sourcils, ses paupières, son nez, ses pommettes et sa bouche. Elle était celle qui, contre toute attente, il aimait depuis aussi longtemps. Il savait d'ailleurs qu'elle l'aimait aussi, et c'était peut-être ça le plus surprenant. Lorsqu'il se prenait ces nuits à simplement la regarder il voyait en elle le fruit de leur amour et la descendance qu'elle lui avait accordé. Parfois, à de très rares occasions, il aurait même été prêt à mettre de coté tout ce qui faisait son caractère, tout ce qui faisait son vécu, tout ce qui faisait ce qu'il était, uniquement pour vivre ces instants à jamais. Mais cette nuit là, tout ce qu'il pensait, c'était à quel point elle lui avait permis d'obtenir la paix.
* * *
Il se réveilla en sursaut, le corps recouvert de sueur. A sa propre surprise il s'était entendu crier en même temps qu'il se réveillait. Il se frotta soudainement le visage et constata, non sans honte, que d'épaisses larmes avaient roulé sur son visage. Reprenant ses esprits il regarda à coté de lui et constata avec amertume qu'il avait simplement fait un rêve aussi agréable que douloureux. Il n'y avait que lui, ce lit d'une place au cadre en bois et au matelas rembourré de plume et une couverture rendue poisseuse par sa transpiration. Il se leva et poussa l'une des deux portes de la pièce donnant sur une minuscule salle de bain. Il tira la ficelle permettant d'allumer la lumière et se regarda un instant. Il sursauta à nouveau lorsque l'on frappa à la porte de sa chambre. La voix d'une jeune femme se fit alors entendre et qui ne cacha pas son inquiétude.
- Tout va bien Ojisan ?
- Oui, retourne te coucher Ning.
- ...Un autre cauchemar, sembla-t-elle hésiter.
Il ne répondit pas aussitôt, soupirant lentement, reprenant encore ses esprits.
- Non c'est, c'est...c'est pire que ça, retourne te coucher.
- Vous êtes sûr que... ?
- Je t'ai dis d'aller te coucher !
Il n'y avait rien de méchant dans sa voix, seulement une forme d'autorité suffisante pour montrer à qui l'entendait que la conversation était terminée. Ning, toujours derrière la porte sembla aussitôt le comprendre.
- Bien...dors bien Ojisan.
* * *
J'aurais pu rêver de tout, cauchemarder à propos de tant de scénarios mais non, non...il a fallu que ce soit ça. De tous les coins de mon cerveau, de tous mes souvenirs il a fallu que je me torture moi même avec ça, avec ces souvenirs ! Pas de sommeil ou je vois mes amis mourir, ou mes ennemis me faire la peau non, ça aurait été trop simple pas vrai ?! Non sur tout ce que ton cerveau dégénéré aurait pu piocher il a fallu qu'il tombe là dessus ! La pire des choses, le symbole même de tout ce que j'ai perdu. Je te hais toi et tout ce que tu représentes ! Tu ne devrais même pas être là, tu ne devrais pas être en vie, tu ne devrais en aucun cas t'accrocher à ce semblant de vie. Tout ce que tu fait c'est survivre...c'est tout ce dont tu es capable...
* * *
Le regard perdu dans son miroir, il se contemplait avec un mélange de haine et de dégoût. Son corps n'avait rien perdu de sa superbe mais on ne pouvait pas en dire de son visage. Désormais borgne son œil gauche était barré d'une épaisse cicatrice en forme de V, ses lèvres, son menton, son cou et ses joues étaient couverts d'une barbe épaisse mais relativement courte, enfin, ce qui le fit finalement pester fut de voir que ses tempes blanchissaient à vue d’œil.
Pas de surprise sur ce cas après tout mais se rendre physiquement à l'évidence du vieillissement de son corps n'était jamais chose aisé, même pour lui, voir surtout pour lui. Quel âge avait-il déjà ? Toujours appuyé contre le lavabo, provoquant son reflet dans un duel de regard, il comptait les années, ayant perdu ses repères ces derniers temps.
Il devait avoir entre 65 et 70 ans. Dans ce monde les jours se confondaient, entraînant une confusion dans les semaines, un chamboulement des mois et par conséquent, un mélange des années. Lui même ne pouvait être plus précis mais cela n'avait, au fond, aucune importance.
Au fond, il n'avait pas à se plaindre, si son visage commençait à montrer des signes de vieillesse on lui aurait donné en réalité une bonne quarantaine d'années. Quant à son corps, la plupart des athlètes de ce monde aurait rêvé d'avoir le même. Il fallait bien l'avouer, en ce monde, il restait l'incarnation même de cette vieille expression « Ne pas faire son âge. »
Mais peu importait combien la nature avait été généreuse avec lui, il restait un homme qui avait tout perdu.
* * *
Un lourd soleil plombait cette journée de printemps alors que le guerrier arpentait d'immenses chap de vignes, un large panier sur le dos à moitié rempli de grappes prêtes à être pressées. Tout autour de lui un important nombres d'ouvriers s’affairait à la tâche car il fallait absolument récolter le raisin. On ne plaisantait pas avec les vendanges, c'était presque une forme d'art. La plupart des ouvriers ici n'étaient là que pour la saison, des hommes et des femmes passant d'une ferme à l'autre au gré des récoltes parsemant l'année. Lui était là depuis trois ans et avait aidé le patron de cette exploitation afin de gagner son pain quotidien et d'obtenir le gîte.
- Tu as soif Ojisan ?
Il fut tiré de son travail par cette même voix qui s'était inquiétée de son état la nuit passée. Ning était une jeune femme d'à peine vingt ans, petite fille du patron du vignoble. Elle était assez grande, presque autant que lui. De longs cheveux bruns qu'elle laissait chavirer à leur gré et d'immenses yeux bleus en amande. De son sourire le plus sincère elle lui tendit une gourde d'eau fraîche, il remarqua qu'elle en portait un nombre important en bandoulière.
- Je veux bien, merci.
Il s'abreuva tranquillement regardant la jeune fille s'éloigner, ravissant les plus jeunes hommes travaillant ici par sa beauté et sa bonhomie. Il fut pris d'une joie sincère et se remit au travail.
* * *
La fin de la journée arrivait mais la chaleur ne semblait pas vouloir s'estomper. Partout les ouvriers se disaient au revoir mais un petit groupe resta là autour d'un feu de camp improvisé afin de fêter une bonne journée de travail. Lui se tenait à l'écart comme à son habitude mais ne perdait rien de l'allégresse de ces camarades de labeur. Ning était là, assise avec eux, s'amusant à chaque fois de ces soirées improvisées. Assis à une place bien réservée du cercle se tenait le vieux Yago, propriétaire du vignoble et grand père de la jeune femme. C'était un homme avec un embonpoint tel qu'on avait toujours l'impression que les bretelles de sa salopette allaient craquer. Il avait cependant des bras encore très puissants pour son âge et il était encore capable de bouger des tonneaux remplis de vins comme si il eut soulevé des coussins. Il arborait des petites lunettes, des cheveux blancs et le sommet du crâne tout chauve. Si Ning était quelqu'un de naturellement jovial elle devait lui venir de son grand père. Yago ne semblait jamais sérieux et appréciait d'avoir constamment des gens autour de lui et de faire le bonheur de tout un chacun.
C'était sûrement grâce au caractère particulier de cette famille qu'il avait pu rester auprès d'eux aussi longtemps.
- Hey l'aîné, joint toi à nous, on va pas descendre tout ce vin tous seuls tu sais.
Lorsqu'il entendit l'appel de l'un des ses camarades vendangeur, il se leva et s'approcha du cercle, apparemment amusé. Tous l'appelaient l'aîné ici car il était le plus vieux d'entre eux. Il s'installa sur la dernière place libre, non loin de Ning.
- Allez trinquons à ces vendanges réussies, et que Karcera nous laisse tranquille jusqu'aux prochaines, lança Yago.
A part lui, tous levèrent leur verre dans un cri d'allégresse. Il la partagea mais à sa manière, levant doucement son verre et le portant à ses lèvres, un air apaisé sur le visage. Au fond, il était heureux de voir que ce monde regorgeait encore de vie et de bons moments, comme celui ci.
* * *
La nuit était tombée, les ouvriers étaient rentrés et il ne restait du feu de camp que quelques braises rougeoyantes. Lui était toujours là, appréciant tranquillement son dernier verre sous le ciel étoilé. Un bruit soudain ponctué d'un rire un peu gras le tira de ses rêveries. Yago vint s'installer à coté de lui, le visage rougi par l'alcool.
- Ahlala, ce n'est plus de mon âge tout ça, je vais le payer demain.
- Tu plaisantes, malgré l'âge tu serais encore capable d'étaler la plupart de ces jeunes au jeu de celui qui boira le plus.
- Tous sauf toi, rigola Yago.
Il passa un petit moment à rire seul, rire que partagea l'homme très calmement.
- Tu ne vas pas te coucher, demanda Yago.
- Non, je n'ai pas sommeil et je n'aime pas mes rêves en ce moment...
- Je sais, Ning m'a raconté...toujours cette histoire.
- C'est l'histoire de ma vie désormais et tant que je n'aurais pas terminé ce que j'ai commencé, je ne pense pas pouvoir faire autrement.
- Quand je pense que tu traînes tout ça depuis vingt ans, pfiou, je serais devenu fou à ta place.
- Je dois l'être un peu.
- Tu es surtout obstiné, et puis ce n'est pas ça qui va t'arrêter, toi et tes amis ça ne vous a jamais arrêté.
- Tu as sûrement raison.
* * *
Il refit un mauvais rêve cette nuit, encore par rapport à l'un de ses êtres chers, un bébé. Il avait à peine eu le temps de le connaître, d'en profiter.
De nouveau face à son miroir, c'est sans surprise qu'il entendit de nouveau toquer à la porte.
- Ojisan, je peux entrer ?
Il ne répondit pas, et quelques secondes plus tard il entendit la porte de sa chambre racler contre le sol. Ning ne s'imposa pas, s'asseyant sur son lit, attendant qu'il veuille bien briser le silence.
- Ojisan, vous êtes certains que tout va bien ?
- Les vendanges sont terminées, je vais reprendre mes recherches dès demain.
- Tu sais où elle se trouve ?
- Non mais je la sens de plus en plus nettement, je ne devrais pas tarder à mettre la main dessus.
- Et après ça ?
Il revint dans la chambre avec un long soupir, il s'installa à coté de Ning et la prit par la tête, lui posant le front contre son épaule. Il n'avait pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle sanglotait. Il avait été comme un nouveau membre de la famille pour elle, un père de substitution suite à la mort de ses parents.
- Je devrais partir, pour trouver la suivante.
Elle sanglota encore à nouveau, puis renifla un bon coup avant de se relever et de lui adresser un sourire radieux.
- Oui, après tout, tu touches au but.
Elle se leva et s'approcha d'un tout petit coffre, totalement anodin, dans un coin de la pièce. Ning regarda l'homme un instant comme si elle cherchait son accord. Il le lui donna d'un simple hochement de la tête. Elle ouvrit le coffre et une lueur orangée éclaira ce coin de la pièce. Il en avait déjà quatre.
- Tu penses que cette Dragon Ball aura combien d'étoiles... ?
- Je ne sais pas, peut-être quatre, j'aimerais bien trouver celle à quatre étoiles.
- Je suis certaine que tu trouveras bientôt la cinquième.
De nouveau joyeuse elle referma le coffre et alla pour quitter la pièce. Elle ouvrit la porte, éclairée alors par la lumière du couloir il put voir qu'elle s'était soudainement de nouveau assombrie.
- Tu, tu reviendras nous voir pas vrai, grand père et moi, même une fois que tu auras terminé ton voyage ?
Il sourit faiblement.
- Bien sûr, et à ce moment là je vous présenterais ma famille et mes amis.
Elle lui adressa un dernier sourire chaleureux et s'en alla ragaillardi. Juste avant de fermer la porte et lui adressa un simple au revoir de la main.
- Bonne nuit, Vegeta.