CHAPITRE 141
La marraine de Naruto
Le champ de bataille, brutalisé à son paroxysme par les chocs du combat le plus terrible du siècle, se para avec une brutalité peut-être plus grande encore d'un silence sinistre.
L'immobilisme soudain né contrastait avec les résonances de l'horreur que le son, à sa vitesse relativement modeste, continuait de fournir aux oreilles des témoins à distance.
Face à la disparition totalement inattendue du titanesque Renard, dont la silhouette s'imposait jusqu'alors sur cet horizon presque indiscernable, tous les regards s'étaient machinalement posés vers Hiashi Hyūga. Personne ne disait mot, attendant d'entendre le verdict du chef aux Byakugan.
Le front de ce dernier se recouvrait de sueur. Ses yeux blancs, grand ouverts, tremblaient de stupeur face au spectacle qu'eux seuls pouvaient voir.
Raditz se tenait debout, toisant de sa hauteur ce que la bête avait laissé derrière elle : un garçon étendu au sol, inconscient.
Naruto se trouvait totalement à la merci du terrible Saiya-jin.
Hiashi peina à articuler cette terrifiante réalité face à l'insistance muette de son auditoire. Kakashi fut le premier à réagir.
– Minato-sensei, téléportez-moi ! Nous devons immédiatement sauver Na...
– Non, coupa Minato, après un bref échange de regard avec Hiashi.
– Mais...Jiraiya serra les poings.
– Même si nous apparaissions maintenant, intervint Tsunade,
Raditz reste terriblement fort !
– Mais nous pouvons sûrement faire quelque chose maintenant ! objecta vivement Gaï.
– Justement ! s'exclama la Sannin.
Si nous apparaissons tous ensemble maintenant, il va paniquer. On mettra Naruto en danger...Kakashi observa un bref instant son maître avant d'abaisser sombrement sa paupière.
– C'est vrai, Gaï, soupira-t-il, à contrecœur.
On ne pourra pas sauver Naruto comme ça. On doit trouver une ouverture...
– Alors quoi ?! s'impatienta le Jōnin.
On reste là et on attend qu'il le tue pour agir ?!
– Je ne pense pas qu'il compte le tuer dans l'immédiat... murmura le Ninja Copieur.
Pas avec l'Akatsuki...
– Kakashi a raison, renchérit Minato.
Sa remarque généra un profond silence. Tous observaient danser lentement la cape du Yondaime Hokage sous le rythme du vent.
Après tout, la vie de son fils était en terrible en danger.
– J'ai un plan...***
– Félicitations, Saiya-jin... murmura soudain une voix aux côtés de Raditz.
Tu as capturé Kyūbi...Se formant depuis le sol dont il semblait s'extraire de l'ombre du guerrier, l'entité la plus sombre du monde Shinobi dévoilait finalement son visage.
– Zetsu... murmura l'envahisseur, sans grand enthousiasme.
L'obscure symbiote s'avança alors en direction du corps inconscient du Jinchūriki du démon Renard.
– Pas si vite, ordonna soudain Raditz.
Zetsu s'immobilisa, visiblement surpris par l'intervention du Saiya-jin.
– Qu'est-ce que ça signifie ? interrogea l'entité maléfique.
– Après ce qu'il vient de se passer, j'ai besoin d'explications.
– Des explications ?
– Je ne peux pas... te laisser simplement t'emparer d'une telle puissance... une puissance capable même de rivaliser avec moi !Zetsu s'immobilisa, sa mine devenue sérieuse fixant le Saiya-jin sans un mot.
Le vent soufflait lentement, témoin de la tempête passée, ou annonciateur de la future...
– Sais-tu seulement qui est à proximité ? interrogea Zetsu noir d'un ton sinistre.
Les sourcils de Raditz se froncèrent. Mais il n'avait pas besoin d'en être informé. Bras croisés, son regard se fit encore bien plus menaçant.
– Et sais-tu seulement à qui tu t'adresses ? répliqua alors le terrible envahisseur.
Zetsu lui lança un regard aussi noir que son propre corps, mais le ton de Raditz sembla suffire à calmer ses ardeurs en lui rappelant de quoi son interlocuteur était capable.
– Je viens de combattre un être au moins aussi puissant que moi, reprit le Saiya-jin.
Depuis mon arrivée, ce n'était jamais arrivé. As-tu idée de ce que ça signifie ? Un tel démon n'a rien d'habituel, même aux yeux de l'Empire... J'exige des détails sur ce que vous comptez faire d'une telle puissance.
– Tu exiges ? répéta Zetsu noir, dont la voix se fit étrangement plus aiguë à mesure que l'outrage l'envahissait.
Tes états d'âme primitifs n'ont aucune légitimité. Reste à ta place, singe.
– Singe ? répéta Raditz, sentant la fureur monter en lui.
Tu...Il fronça les sourcils. Ce terme, il n'était employé que par un seul individu. Et il se trouvait être au sommet de toute la hiérarchie de l'Empire.
À cette pensée, les sentiments du Saiya-jin semblèrent étrangement s'ordonner. La créature face à lu pouvait bien lui avoir appris certaines choses du monde Shinobi, elle en restait paradoxalement son plus grand mystère.
Quelque chose dérangeait vraiment Raditz, à son propos.
– Tu sembles... bien trop connaître mon peuple, Zetsu.Son regard, devenu inquisiteur, se tourna vers l'être obscur à ses côtés, bien que sa face restait fixée en direction du corps du jeune Naruto.
– Dès l'instant où j'ai appris que tu étais à l'origine du châtiment lancé par Pain, je n'ai cessé d'y repenser...
– ...
– Cette technique... Ce... Lien des âmes... Non seulement ça s'opposait avec perfection à l'atout ultime de renforcement des Saiya-jin... Mais surtout...Une goutte de sueur perla son front.
– ... Vegeta lui-même connaissait cette technique.
– ...
– Comment se fait-il qu'une technique que tu as enseignée à Pain soit connue par le prince des Saiya-jin ?Un sourire étira les lèvres de la démoniaque créature.
– Qui es-tu, à la fin ? insista Raditz.
– L'enfant... du cauchemar...Suite à une telle réponse, Raditz resta sans voix, alors même que Zetsu avançait en direction du corps étendu de Naruto.
– L'enfant du cauchemar ? répéta le guerrier, mal à l'aise.
Qu'est-ce que ça signifie ?
– Ce monde... murmura Zetsu.
Il posa son vil regard en direction de Naruto.
– Aujourd'hui, tu n'en as effleuré... que le potentiel.Raditz serra les poings, ressentant la rage l'envahir. Étrangement, le mépris affiché par Zetsu vis à vis de son si redoutable adversaire démoniaque générait en lui une profonde colère, comme si à travers sa première vraie domination, le Saiya-jin avait enfin trouvé un adversaire digne de son respect.
– Tu délires. Sur ce monde, Kyūbi est considéré... comme un véritable dieu. Même parmi les autres Bijū, il...
– Kyūbi... n'est qu'un ersatz.Raditz grimaça.
– C'est impossible... !
– C'est normal, que ces choses là t'échappent. Après tout, même aux yeux des tiens, tu es f...Il y eut un déplacement éclair. Zetsu ouvrit grand les yeux de stupeur, fixant l'épais buste du guerrier qui se tenait juste devant lui.
* Il a encore... tant de puissance ?! *Face à un tel rappel de domination du terrible Saiya-jin, même l'infâme Zetsu sembla retrouver son calme et son respect. Et quand Raditz pointa sa main dans sa direction, l'entité maléfique réalisa que son dernier outrage était peut-être de trop.
– Oserais-tu vraiment faire cela ? murmura alors l'effrayant Zetsu noir, mêlant la menace de son ton à la crainte qui le submergeait.
Il... Il n'est pas loin...Soudain, comme pour conforter ses paroles, une immense silhouette apparut à distance. Le Scouter de Raditz, affolé, rappela à son propriétaire l'existence d'une autre créature sur ce monde dépassant les 1000 unités. Tournant la tête, il reconnut les huit queues du taureau-poulpe qui s'imposait à l'horizon.
– Parfait... commenta Zetsu noir.
Hachibi semble vouloir se sacrifier de lui-même...***
Observant le symbole Uchiha sur le dos de celui qu'il poursuivait, Bee avait fini par craquer. Madara tenait toujours Yugito, et il l'ignorait royalement.
– JE T'AI DIT D'ATTENDRE, ENFOIRÉ ! hurla alors le Shinobi devenu Bijū.
Et Madara s'immobilisa.
Ses Sharingan se tournèrent en direction du monstre, dévoilant finalement un intérêt plus prononcé.
– Un Jinchūriki parfait ? murmura-t-il.
Intéressant...Il déposa le corps inconscient de Yugito par terre pour se tenir face au titan.
– Tu seras l'adversaire idéal pour m'aider à retrouver mon Mangekyō Sharingan.Le monstre resta un bref instant totalement abasourdi par la réaction du terrible Uchiha à la vue de sa pleine puissance. Mais ce n'était pas seulement ça...
***
– Bee... Cet homme... n'est pas ordinaire... J'ai un terrible pressentiment.
– Rien à battre, coupa Bee.
On l'éclate.***
Soudain, sans crier gare, le Bijū fusa droit sur son ennemi, armant son poing dévastateur. Madara croisa les bras.
Et le sol trembla.
Apparaissant dans la terre, une terrible forme s'imposa alors sur le champ de vision du démon, faisant barrage de son imposante stature.
***
– STOP, BEE !!! hurla Hachibi.
JE PRENDS LE CONTRÔLE !***
Et le démon s'immobilisa, avant de prendre un recul face à l'immense statue qui se dressait devant lui.
Un véritable Bouddha armé d'innombrables mains s'imposait face au titanesque Hachibi.
– Quelle douloureuse nostalgie... murmura Madara, dont le ton ennuyé semblait adressé à la silhouette qui se tenait à présent à ses côtés, debout sur la colossale construction issue de la terre.
***
De sa distance, Raditz attarda son attention sur le face à face des deux immenses formes.
* Bon sang, c'est quoi, cette technique ? ****
– C'est... balbutia Hachibi.
Le Mokuton... La technique du Shodaime Hokage... !
– Ne te méprends pas, Bijū, intervint la voix sombre de Madara Uchiha, debout sur la terrible statue de bois.
Ce pouvoir... n'est qu'une pâle copie de celui d'Hashirama Senju.
– Dîtes pas ça, Chef, s'insurgea soudain la voix hystérique d'une silhouette debout, à ses côtés, visiblement à l'origine de l'incroyable création.
Pour moi, c'est un chef d'oeuvre ! J'ai vraiment galéré à acquérir ce pouvoir ! Il a même fallu que je pique le corps d'un type de Konoha, avant sa destruction. Nan, franchement, je vous dirais bien que j'en ai chié, si je savais ce que ça fait de déféquer...Hachibi fronça les sourcils en remarquant ce nouvel allié de Madara. Bien que sa silhouette fût humaine, il était dépourvu de traits. À travers sa constitution semblable à celle des Zetsu blancs, il affichait un visage totalement spiralé.
* Bordel, pensa le démon.
C'est quoi ce type ? *– Désolé, Boss, reprit le Zetsu spiralé.
Mais votre volonté souhaite que vous évitiez les accrochages inutiles.
– Ma volonté ? répéta Madara.
Il fronça les sourcils.
* À quoi penses-tu, Zetsu noir... ? ****
Une expression de prudence animait à présent le visage de Raditz, dont l'attention restait toujours tournée dans son dos.
– Le temps est compté... murmura Zetsu noir, reprenant une légère distance.
Tu as la charge du Jinchūriki de Kyūbi... Tu peux être l'allié de l'Akatsuki... ou son ennemi.Le Saiya-jin reporta son regard sur le symbiote. Il semblait plus soucieux.
– Que choisis-tu ? interrogea ce dernier.
Mais Raditz conservait son bras levé pointé droit sur lui. Et Zetsu ouvrit grand les yeux en voyant la paume du guerrier pétiller d'éclats menaçants.
Un flash illumina alors la face sombre de l'entité de ténèbres au moment où le Saiya-jin envoyait son attaque. Immobile, Zetsu entendit un son sourd dans son dos, là où l'énergie de Raditz venait de frapper. Tournant la tête, la maléfique créature découvrit un corps totalement pulvérisé, non loin de Naruto.
– Qu'est-ce que... ?
– Tu devrais mieux surveiller tes arrières, Zetsu, bougonna Raditz.
Un profond silence suivit ses paroles, tandis que le terrible Zetsu noir réalisait que le Saiya-jin venait d'attaquer un ennemi arrivant dans son dos. Il l'avait protégé.
– Il n'est pas dans mon intérêt de m'opposer à vous, reprit le guerrier,
pas plus qu'il n'est dans le vôtre de vous opposer à moi. Mais je ne suis pas votre allié.
– ...
– Et il n'est pas dans mon intérêt de vous laisser utiliser des puissances aussi grandes dans mon dos. Peu importent vos projets, je compte suivre ça de près...
– ...
– Je m'occupe de Kyūbi.Le visage de Zetsu resta un bref instant impassible, avant de s'étirer en un sourire défigurant ses traits.
L'instant d'après, la face de Zetsu noir s'ouvrit en grand, dans tous les sens du terme. À la surprise se mêlait en effet la séparation physique et brutale de son corps, soudainement tranché en deux par une impitoyable lame ayant frappé dans son dos.
– Toi... ! s'exclama Raditz à l'adresse de la silhouette féminine qui se dessinait dans les nuages de poussière.
Je t'avais pulvérisée, à l'instant...Il grimaça en voyant se reconstruire les derniers morceaux défigurés du corps de celle qui le fixait sans ciller de son regard écarlate.
* Ce clan maudit... ! pensa le Saiya-jin en observant les Sharingan de la femme.
*– Il faut croire que c'est toujours aux mêmes de faire le ménage... grommela celle-ci d'une voix méprisante, ses yeux s'abaissant une fraction de seconde en direction de la flaque représentée par Zetsu noir.
Raditz pointa sa main dans sa direction.
– Qu... Qui es-tu, Femme ?Son Scouter n'indiquait rien. C'était comme si ce qui lui faisait face n'avait rien de vivant.
***
– Que se passe-t-il ? interrogea Gaï, plissant les yeux pour tenter de discerner l'évolution très lointaine du champ de bataille.
Hiashi Hyūga resta un instant sans voix. Puis il tourna son regard en direction de Minato.
– C'est elle... !L'Éclair Jaune de Konoha ne put dissimuler sa plus totale stupeur.
– Je vois... murmura Jiraiya, observant un court instant Yashiro Uchiha, l'Edo Tensei à ses côtés.
J'aurais dû m'en douter...Ses lèvres s'étirèrent en un sourire quand il posa sa paume de batracien contre l'épaule du Yondaime Hokage.
– Je crois qu'on tiendra bientôt notre ouverture, Minato. Tiens-toi prêt à me téléporter.
– Jiraiya-sensei... ?
– Finalement, dans ton plan, je prends le rôle de l'éclaireur.
– Mais... Non... ! C'est dangereux ! C'est à moi de...
– Justement, quel maître laisserait son disciple prendre le plus de risques ?
– ...
– Et puis, vu qui vient de faire son entrée en scène remarquable, je crois que c'est la stratégie la plus viable. Tu seras... bien plus utile que moi avec Hiashi.Le légendaire Sannin reporta son attention et son sérieux en direction de l'horizon.
– Je protégerai Naruto.Gaï fronça les sourcils, alors même que d'autres Shinobi s'avançaient.
– Que se passe-t-il ? Quelqu'un fait face à Raditz ? Seul ? Mais qui ?
– C'est évident... grommela alors Yashiro Uchiha.
Pas besoin de Byakugan pour le savoir. Y'a qu'une personne pour vouloir se fritter en un contre un face à ce monstre...Les regards de tous les Shinobi se tournèrent en direction de l'Edo Tensei. Ce dernier fronça les sourcils.
– ... Mikoto Uchiha.Si le nom sembla résonner dans le silence de la nuit, il atteignit particulièrement les oreilles d'un individu. Sasuke, présent non loin derrière, ouvrit grand les yeux.
***
– Crève ! s'écria Raditz.
Il projeta une sphère de Ki droit sur elle. Pour seule défense, Mikoto éleva son épée devant elle et frappa.
Alors, au grand étonnement du Saiya-jin, sa boule d'énergie fut tranchée nette, ses deux parties poursuivant leur route de part et d'autre de la femme pour s'écraser au loin dans un fracas assourdissant de son et de lumière.
* Avec une simple épée... ?! pensa le guerrier.
Je suis si affaibli ? *Son regard se fit plus réfléchi, remarquant la couleur devenue parfaitement noire de la lame tenue par l'Uchiha.
* Non... Ce n'est pas seulement ça... *– Oh... commenta Mikoto, remarquant le regard du guerrier posé sur son épée.
Tu as compris ?Elle s'inclina dans une posture semblable à celle d'un épéiste saluant loyalement son adversaire.
– Je te présente ma lame d'Enton...
– Enton ? répéta Raditz.
Il fronça les sourcils.
* ... Ces satanées flammes noires... ! *Il plissa les yeux.
– Mais... Ton œil...
– Ouais, je n'ai pas la pupille des tricheurs.
– ... ?
– C'est comme ça que l'appelait Kushina, quand elle parlait de Fugaku... ajouta Mikoto en se grattant la tête d'un air un peu dérangé.
Faut croire qu'à défaut de Mangekyō Sharingan, j'ai hérité d'une compensation... Je suis la seule Uchiha capable d'utiliser l'Enton sans avoir atteint ce stade.
– ...
– Et d'ailleurs, en parlant de Kushina, reprit Mikoto, dont le regard se posa sur le jeune garçon étendu à ses pieds.
Je dois venger son fils. Non, avant ça...Le regard de Raditz se tourna à son tour en direction de Naruto. Puis il reporta de nouveau son attention en direction de Mikoto.
– Ne me fais pas r...Il ne termina pas sa phrase.
– Ça, c'est pour Itachi, conclut Mikoto.
***
À distance, Hiashi venait d'étouffer un sursaut de stupeur.
– Impossible... !Ses yeux venaient de lui dévoiler le spectacle le plus improbable qui fût : celui du corps du Saiya-jin, tranché au torse, s'écrasant par terre de part et d'autre de la lame enflammée de l'Uchiha, pour rejoindre les restes de Zetsu.
***
Mais bien sûr, les choses ne pouvaient pas se terminer aussi facilement...