Oui, Donald gère de ouf.
D'ailleurs j'ai jamais testé World of Illusion, la suite de Castle of Illusion, où on peut jouer Donald aussi. Je devrais peut-être m'y mettre un jour.
Sinon, on arrive au 25ème jeu, la moitié de la liste, je me dois de frapper un grand coup !
Command & Conquer : Tiberian Dawn (PC, 1995)
Type de jeu
Envoi de troupes à l'abattoir sur fond de troisième guerre mondiale, sans la moindre considération pour les familles des victimes.
Premier contact
C'est encore le cousin qui m'a fait découvrir ce joyau inestimable. Alors que j'étais encore bloqué au moyen-âge avec Warcraft II, lui était parti dans un futur proche, à commander des chars invisibles et des obélisques métalliques qui tiraient des rayons laser. Mon amour pour les châteaux forts et les armures n'a pas tenu longtemps, devant ce monument indépassable et indépassé.
Retour sur expérience
Si en 1995, Warcraft dominait les RTS estampillés fantasy. Command & Conquer : Le Conflit du Tibérium (qu’on appelait Command & Conquer tout court) s’est quant à lui imposé comme la référence contemporaino-semi-futuriste. Ça n’a pas rendu le genre moins primaire ou plus subtil, mais à l'âge que j'avais, j’étais loin de me prendre la tête sur toutes ces considérations éthiques. L’époque voulait probablement ça, rien à voir avec mon insouciance juvénile, enfin je crois. On allumait le PC ou la console, et on jouait en kiffant notre vie, voilà tout. Que l’expérience se résume à incarner un dauphin dépressif ou à envoyer des centaines de soldats au casse-pipe, notre cerveau convertissait ça en shoots de fun ultra concentré.
Flashback spécial ambiance
De ce jeu transpire une espèce d'anachronisme addictif, complètement ubuesque, mais ultra génial. Comme si la guerre du Golfe avait lieu en 2150 et se menait encore via de vieilles méthodes de combat datant de la Der des Der. Des mitrailleurs partant par dizaines à l'assaut de bases imposantes, aux côtés de tanks plus lourds que des trains de marchandises, pendant qu'un satellite balance des tirs d'énergie ionisée depuis l'espace, voilà le tableau. La violence d'Apocalypse Now fusionnée avec le délire d'Agence Tous Risques, saupoudrée de Star Wars pour les machins futuristes. Un truc du genre, quoi ! De petites scènes filmées enrobent les missions d’un scénario au surréalisme plus ou moins assumé, et où les acteurs donnent tout ce qu’ils ont, c’est à dire pas grand chose. N’empêche que le cocktail fonctionnait à merveille, à l’époque ; c’était la quintessence de la classe. À ne pas revoir aujourd’hui sans être un minimum préparé, cela dit.
Réécoute de la bande-son
Après avoir fait ses armes sur des jeux consoles par forcément connus ou reconnus, Frank Klepacki arrive au sommet de son art et nous livre une B.O. magistrale. Les morceaux se marient à la perfection avec les hurlements des soldats cramés et les explosions nucléaires. Le mélange d’electro pêchue et de rock crâneur fait des merveilles, surtout quand des sonorités industrielles et des voix de RnB s'incrustent au bazar. Un conglomérat d'influences très à la mode durant les années 90. On ne peut pas dire que ça ait super bien vieilli dans certains cas, mais il s’en dégage toujours une sorte d’harmonie invraisemblable. On se verrait presque au volant d’un transport blindé, roulant à fond le sourire aux lèvres, alors que des obus éclatent de partout autour de nous. Et on se marre encore plus quand on canarde les lignes ennemies, totalement insouciant face aux centaines de carcasses et de cadavres qui jonchent le champ de bataille.
Dans le jeu original, le morceau existe sans les samples de voix qui arrivent dans sa seconde moitié. Je trouve pas la bonne version, tant pis.
Moment Nostalgie
Command & Conquer pouvait animer des débats sur des journées entières, entre mon cousin et moi, alors qu’on pataugeait dans la piscine d’un camping quelconque pendant les vacances d’été (sans ordi, donc). Comment avait-il accompli telle ou telle mission, alors que je galérais dessus depuis dix jours ? Fallait-il capturer furtivement les bâtiments ennemis ou tout exploser de front ? C'était notre manière de profiter de nos vacances : évoquer notre quotidien hors vacances, donc. Nos parents ne l’ont jamais su, heureusement. On aurait été privés de camping fissa ! Et comment éprouver ce magnifique sentiment de rallumer son ordi après une longue pause, s’il n’y a plus de pause, hein ?
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Abe’s Exoddus (Playstation, 1998)
Type de jeu
Fabuleux voyage chaotique au pays du capitalisme sauvage et de la corruption généralisée. Heureusement, tout ça est bien planqué derrière des décors somptueux.
Premier contact
Chez papa, on est passés de la Master System à la Playstation au début de l’année 1997, je crois. Sacré bond technologique ! Après avoir testé une poignée de jeux pas toujours géniaux, et flippé comme jamais devant Resident Evil, le charme de l'Odyssée d’Abe nous a définitivement fait tomber amoureux de la console. Quand la suite, l’Exode d’Abe, a été annoncée l’année suivante, je n’ai même pas eu besoin de le réclamer en cadeau d’anniversaire ; mon père l’avait déjà acheté. Je suis même à peu près sûr qu’il ne m’a pas attendu pour y jouer ! Sacrilège ! Quel genre de parent ose agir de la sorte envers ses enfants ?
Retour sur expérience
À l’heure ou le jeu de plateforme perdait du terrain sur à peu près toutes les machines, Abe lui a redonné ses lettres de noblesse le temps de deux titres captivants, au gameplay renouvelé et au level design assez dingue. Le nombre d’options qui s’offrent au joueur est immense, d’autant plus dans le second opus : dialogue avec d’autres personnages, possession du corps des ennemis, camouflage, lancer de projectiles… le tout servant à évoluer dans des niveaux tortueux, parfois sur plusieurs plans dans le même écran. Autre grosse nouveauté, le système de vies et de continues, héritage un peu obsolète des bornes d’arcade, a enfin été abandonné. En plus, le but du jeu est de sauver les compagnons d’Abe, les Mudokons, des esclaves exploités jusqu’à l’os (littéralement) par d’horribles industriels véreux. De quoi faire briller les yeux d’un apprenti islamo-écolo-bobo-gauchiste comme moi.
Flashback spécial ambiance
Si le protagoniste un peu niais reste très attachant, le titre doit une grande partie de son succès à sa patte graphique. Ainsi, on traverse divers paysages allant de la gare délabrée à la jungle impénétrable, en passant par des caveaux mystiques et une brasserie morbide (qui broie les os des gentils Mudokons pour en faire de la bière, oui). Tout est sombre et désolé, chaque région du monde oppresse le joueur à sa manière, via des paysages statiques absolument magnifiques, même à travers nos yeux impitoyables habitués à l’ultra HD et tout le bazar. Les artistes ont pioché dans le meilleur du steampunk, du post-apocalyptique, mais aussi dans les créations de notre Mère Nature bien aimée, pour donner vie à un univers inoubliable. Les énormes pipelines rouillés côtoient les racines d’arbres millénaires, les immenses chaînes de production laissent place à des montagnes sacrées. Et pourtant, on se marre. Ah bah oui, c’est bourré d’humour aussi. Il ne faut pas s’attendre à une subtilité de dingue, mais ça fait souvent le job. En tout cas, ça faisait le job dans les années 90 (du coup, je ne suis plus du tout certain de rigoler aujourd’hui).
Réécoute de la bande-son
Non seulement la musique apporte une touche de perfection à l’ambiance, mais en plus, elle est intelligente ! Enfin presque. Selon les actions menées par le joueur dans un niveau donné (comme fuir des pseudo chiens enragés ou se faire découper par un hachoir mécanique géant), une section plus ou moins rythmée et angoissante accompagne la scène. Ça envoie du lourd quand d’affreux soldats nous tirent dessus et ça se change en berceuse lorsqu’on s’arrête pour souffler derrière un gros caillou. Parfois, on flirte avec les limites de la musique savante expérimentale, ce qui peut toujours vous faire passer pour très cultivé dans les bons milieux.
Moment Nostalgie
Si j’ai adoré explorer le jeu pour la première fois avec mon papa, j’ai encore plus apprécié le faire découvrir à mes petits frères dix ans plus tard. La console avait pris la poussière mais l’Exode d’Abe, pas du tout ! Voir les deux gamins pousser des “Ouaaah” admiratifs à chaque minute m’a fait avaler une cinquantaine de Madeleines de Proust numériques d’un coup. Je me suis revu à peu près au même âge, fasciné par mes propres aventures vidéoludiques, seul ou avec ma grande sœur. J’ai beau essayer de ressentir cette magie nostalgique en écrivant ces textes, sur fond de playlist gaming vintage, rien à faire ! La puissance n’est pas la même. Je n’ai plus qu’à espérer qu’on découvre comment remonter le temps dans les quarante prochaines années.