Salut à tous ! Comme vous pouvez le constater voici la suite, après une attente interminable, comme toujours !
EDIT : Oh, et au passage, 100 000 vues ! \o/ Merci à tous les lecteurs pour votre attention, ça fait toujours ultra plaisir !
Un petit rappel d'abord :
Nappa et tortue Géniale sont morts, C-22 a été absorbé par Buuleria et le palais flottant de Dieu est durement endommagé. Alors que les Buus prennent l'avantage, Dabra et Kaïo sont de retour et le sauvetage de Vegeta par l'ancien maître de Goku rééquilibrent les forces. Quant aux terriens, malgré la découverte du kaïoken comme anti-Buu, ils restent au second plan, frustrés de ne pouvoir défendre leur propre planète.
La bataille multi faction set poursuit ainsi alors que la balance des forces ne cesse d'osciller dans tous les sens...
Chapitre 82 : S’ouvrir au passé
-Quelle catastrophe...
La phrase de Dendé, lourde de sens, au somment de sa tour divine, ne rencontra aucune réponse. La coupole volante avait subi de terribles dégâts, seul son noyau presque intact expliquait comment elle se maintenait dans le ciel. Elle était à l’image de son gardien. Affaiblie, diminuée. Et pourtant, après le terrible assaut, tout le monde était revenu dessus, pour panser ses plaies. Préparer la suite. Pour s’attendre au pire…
Dabra surplombait le bâtiment brisé, les bras croisés, fixant l’horizon. L’état de la place de Dieu ne l’intéressait que pour une seule raison : il s’agissait d’un point de ralliement. En d’autres circonstances, il lui aurait peut-être infligé le coup de grâce. Il en avait la force. À vrai dire, seul Kaïo Shin pouvait désormais lui tenir tête. Il lui jeta un regard. Il était penché au bord du vide, concentré, curieux.
Le démon songea à lui donner un coup de pied dans l’arrière-train pour le faire chuter dans le vide. Une pensée puérile, certes, mais qui lui tira un léger sourire. Il y avait toujours un certain plaisir à tirer des choses simples. Son plaisir le plus récent venait de son entraînement dans la salle de l’esprit et du temps. Remettre à sa place ce prétendu dieu fut des plus jouissif. Mais ‘’dieu’’ progressait vite. Un entraînement sérieux plus tard et le voici à son niveau. Son nouveau niveau.
Dabra ne l’avouerait sans doute jamais, mais si Kaïo Shin avait eu une formation au combat poussée, il serait terriblement puissant, bien plus que lui. Le démon parvenait tout de même à se rassurer que même un Kaïo puissant serait sensible à un crachat bien placé. Après quoi, il en ferait une parfaite décoration pour sa demeure…
Un mouvement attira son attention. Un ki. Rapide. Sombre. Gris. Un Buu. Disparu. Le démon serra les dents. C’était déjà le troisième. À quoi jouait son adversaire ? Il voulait le faire tourner en bourrique ? Le démon continua de sonder l’environnement, pensif. Quelque chose lui échappait, mais il ne savait quoi. Et cela l’agaçait sensiblement…
Kaïo Shin s’approcha de Yamcha. Ce dernier discutait avec Bulma. Une discussion pleine d’inquiétudes et de tensions. Le mot ‘’protéger’’, ‘’fuir’’ et ‘’enfants’’ revinrent plusieurs fois. Le terme ‘’voyage’’ et ‘’temps’’ également, mais le dieu n’en était pas sûr. Lorsqu’il se rapprocha suffisamment, Bulma signala à Yamcha sa présence par un mouvement de tête. Le terrien se retourna, gêné. Il ne savait comment se comporter face à ce qui devait être une divinité.
-Euh… oui ?
-Yamcha, c’est ça ?
-Oui ?
-Bien. Tu as un ki… intéressant.
L’ex de Bulma sourit, une bouffée d’orgueil l’enveloppa. Un dieu le trouvait intéressant.
-Ah ? Eh bien merci !
-Il fait écho à un lieu sur cette planète. Je l’ai senti avec mes compétences psychiques. C’est ténu, mais présent. Je veux que tu m’accompagnes.
-Ah euh… C’est une obligation ?
-Tu seras en sécurité avec moi.
-Et les autres ?
Kaïo indiqua le ciel de son index, amusé.
-Ils seront avec Dabra.
-Oui, ils seront avec Dabra, mais pas forcément en sécurité.
Le dieu ne put s’empêcher de sourire. Il s’apprêtait à répliquer, mais Bulma administra un coup de pied à l’ancien bandit.
-Arrête de t’en faire pour nous ! Vas-y, fonce ! Y a un dieu qui te demande !
Le bandit s’excusa et commença à se disputer avec son amie. Krillin était déjà parti. Ten Shin Han aussi, laissant Yamcha et Chiatozu en arrière. Vegeta était hors combat, même les senzus n’avaient pu le réveiller. La disparition de C-22 l’affectait et il se reprochait sans cesse de ne pas avoir été assez vigilant. Le terrien refusait de s’absenter à son tour, il était le seul restant à pouvoir employer le kaïoken. Kaïo leva les yeux au ciel. Il n’avait pas le temps pour des débats. Il enveloppa Yamcha dans une bulle d’énergie et l’emporta avec lui, malgré ses protestations. À mi-chemin, il le libéra.
-Pourquoi vous avez fait ça ?!
-Parce que tu voulais venir, mais que tu avais peur de le faire, de laisser qui que ce soit derrière toi. Maintenant, s’il arrive quelque chose au palais en ton absence, ce sera de ma faute, pas de la tienne.
-…
-Alors ?
-Merci. Mais ça reste du kidnapping.
-Oh, je m’arrangerai avec Enma pour ne pas finir en enfer dans ce cas.
Sur ces mots, Kaïo Shin reprit sa route, invitant Yamcha à le suivre. Ce dernier obtempéra, sans insister. Néanmoins, une question le taraudait : Depuis quand Kaïo Shin était devenu si désinvolte ?
***
Krillin se posa devant Kame House. Elle était endommagée. Les affrontements récents étaient certainement responsables des puissantes vagues qui à leur tour avaient endommagé la maison. Elle était néanmoins chanceuse, presque indemne. Tortue Géniale avait choisi un bon emplacement.
Le terrien entra dans le bâtiment.
-Devant le canapé… Devant le canapé… Devant le canapé…, murmura le terrien pour lui-même.
Krillin monta sur le canapé. Puis il visa le sol. D’un puissant kikoha, le parquet vola en éclat, révélant de la terre, de la pierre et une touche de sable. Le terrien fit feu une nouvelle fois. Au troisième kikoha, il hésita. S’était-il trompé ? Au plutôt, son maître s’était-il trompé ? Le mari de C-18 se gratta la tête. Non, il n’allait pas bêtement rebrousser chemin, hors de question. Il fit feu une nouvelle fois. Le bruit fut différent. Un écho métallique.
Curieux, le terrien lança un léger kiaï pour dissiper la fumer. Une trappe lourde en métal était apparente. Ancienne, très ancienne. Gravée de motifs en tout genre, plus fin les uns que les autres. Mais surtout, une tortue était dessinée en son centre. Sur son dos, une énorme sphère. Krillin saisit la trappe et l’ouvrit d’une seule main. Son maître lui avait dit qu’elle serait difficile à soulever avant de se raviser. Après tout, Krillin était bien plus puissant que lui.
Devant le terrien se trouvait un immense gouffre sombre, sans fond. Il sentait la marée, les embruns et une dernière odeur qui sans être désagréable, n’était pas non plus appréciable. Le terrien prit une grande inspiration, s’enveloppa de son ki et plongea dans les ténèbres…
***
Ten Shin Han atterrit avec calme et discrétion, sans soulever une once de poussière. Son entraînement d’assassin refaisait naturellement surface en un tel lieu. L’école de la grue. Instinctivement il se redressa, les sens aux aguets. Son ancien maître le frappait d’une branche de bambou dès qu’il baissait sa garde. Une époque lointaine. Une autre vie. Des souvenirs éloignés, mais imprimés dans son corps.
L’école était toujours debout, construite à l’aide d’un bois naturellement sombre et couvert de peu d’ornements. Quelques armes décoratives étaient présentes à l’intérieur. D’ailleurs, toute décoration avait un usage défensif ou offensif. Rien n’était simplement esthétique. Cela aurait été superflus, et Corbeau Génial détestait le superflu.
Le guerrier terrien repéra le ki de son ancien maître bien avant de le voir, assis sur les marches d’escalier. Calme.
-Maître des Grues.
-Ten Shin Han.
-Je suis content de vous voir en pleine santé.
Le vieil homme se redressa.
-Si tu veux faire preuve d’obligeance, épargne-moi ta bonté. Que me veux-tu ?
-Vous mettre à l’abri.
-Ahahahah !
Le rire de son ancien maître prit Ten Shin Han au dépourvu. Il était certes calculé, mais aussi étonnamment sincère.
-Suis-je donc devenu assez important pour qu’on daigne me tuer ?!
-Ce n’est pas ça, je…
Corbeau Génial interrompit son ancien élève en levant sa main. Puis il fit volte-face.
-Suis-moi.
Le triclope fronça les sourcils, interloqué.
-Vous… Vous m’autorisez à rentrer dans le temple ?
-Je ne me répéterai pas.
L’ami de Chiaotzu acquiesça et suivit son maître dans sa demeure. Le comportement du vieil homme lui semblait bien théâtral. S’attendait-il à sa venue ? Ten Shin Han passa la porte sans baisser sa garde, désormais autant par habitude que par méfiance…
***
Yamcha était assis au sommet d’une formation rocheuse comme le désert en comptait des centaines. Selon Kaïo Shin, celle-ci avait plus d’importance que les autres : elle était liée à Yamcha. L’ancien bandit ne ressentait pourtant qu’une seule chose : de l’ennui. Surtout que le dieu lui avait demandé de bien rester immobile pendant qu’il faisait des recherches.
Après quelques minutes où l’être tourna autour de la petite montagne, à l’instar d’un moustique autour d’un corps humain, il s’arrêta devant le terrien.
-Déploie ton ki.
-Pourquoi ?
-Fais-le.
Le guerrier haussa les épaules et obéit. Après tout, cela tromperait au moins son ennui. Son ki bleu enveloppa son corps. Enfin, il sentit quelque chose. Une connexion avec le sommet de pierre.
Il y avait bien quelque chose. Les yeux du Dieu virèrent au bleu, la montagne s’ouvrit en deux parts égales, dévoilant une caverne profonde. Yamcha, en tailleur et en pleine lévitation, resta bouche bée. Le désert avait toujours été un lieu étrangement familier pour lui. Comme une immense maison à ciel ouvert. Et ce sentiment s’accompagnait désormais d’un déjà-vu…
***
Krillin poursuivit sa chute libre pendant quelques minutes. Seule son aura bleutée lui offrait un semblant d’éclairage. Il songea à son vieux maître décédé. Pour lui, le trajet serait simple, mais pour une personne incapable de voler comme Muten Roshi, c’était un tout autre défi. Le guerrier nain entendit alors un bruit. Ce n’était plus juste l’écho de son aura, mais celui d’une respiration lente et régulière. Il était arrivé.
Le guerrier ralentit sa chute avec un grand contrôle pour se poser avec douceur sur le sable imbibé d’eau salée. Quand il se redressa, il aperçut un énorme bloc de pierre couvert d’algues, d’étoiles de mers et de mollusques en tout genre.
Krillin n’entendait plus la moindre créature respirer, si ce n’était lui. Ce que lui avait indiqué son maître n’était pas là, avait-il pris tous ces risques pour rien ? Décontenancé, le mari de C-18 soupira longuement en regardant le sol. Quand il releva la tête, il vit son reflet dans l’énorme rocher. Un énorme rocher disposant désormais de deux immenses yeux humides…
***
Une grande pièce dédiée aux entraînements, des mannequins dispersés ici et là, un grand tatami couvert de gouttes de sang séchées… Tout cela provoqua une série de souvenirs chez le triclope. Il avait passé tellement de temps dans cette salle à perfectionner son art, ses compétences, son efficacité au combat… Tant d’années… Tout cela pour être écrasé par les saiyans à tous les niveaux. Un génie du combat dont le seul crime était de ne pas être né dans la bonne race.
Mais le triclope trouvait du réconfort dans le fait que ces mêmes saiyans, avantagés génétiquement, méritaient leur force. Dire qu’ils ne s’entraînaient pas d’arrache-pied pour se surpasser serait un mensonge éhonté. En ce qui concernait les métis, il avait bien plus de doute, bien qu’ils éprouvassent eux aussi le même plaisir du combat. Au final, après des années d’envies secrètes et d’entraînements intenses, il avait accepté sa situation. Il ne serait jamais parmi les plus puissants guerriers de l’univers.
Cependant, être dans le top trois des plus puissants guerriers terriens était une consolation acceptable. Désormais, l’entraînement était à la fois une routine et un plaisir que Lunch interrompait par moment.
Le guerrier chauve se raidit. Lunch, il l’avait oublié ! Il espérait que rien ne lui était arrivé…
-Nous y sommes.
Corbeau Génial au milieu du tatamis, face à son ancien élève, les mains jointent dans le dos. Un petit sourire étirait ses traits ridés. Ten Shin Han fronça les sourcils. Son maître voulait un dernier combat ?
-Ne sois pas bête, anticipa le vieil homme, je pourrai m’acharner sur toi sans même parvenir à te blesser.
Sur ces mots, le grand maître fit un bond, plaça ses pieds sur le plafond et pointa le sol de l’index.
-Dodompa !
Le fin rayon d’énergie détonna lorsqu’il atteignit le tatami. Alors que la fumée se dissipait, le vieux maître atterrit devant le cratère fumant. Sans même attendre la dissipation du nuage gris, il en sortit une lourde caisse en acier. Assez lourde pour lui demander de concentrer ses forces. Il l’ouvrit dans un grand fracas métallique et en sortit un livre. Non, pas un livre. Un grimoire.
-Pendant des années, je l’ai conservé dans ma chambre. Puis je me suis rendu compte que je passais bien plus de temps ici, même lorsqu’il s’agissait de dormir.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Ton héritage, Ten Shin Han.
-Mon héritage ? De qui ?
-De ton peuple. Les triclopéens. Ou triclope, selon les préférences.
-Mais… Je ne comprends pas, je ne suis pas humain ?!
-Ah, l’as-tu seulement été un jour ?!
-Je veux des réponses, pas davantage de questions !
Le vieux maître souffla avant de lancer le grimoire ancien à son élève qui l’attrapa au vol.
-Tu es Ten Shin Han, dernier représentant des triclopéens sur Terre. J’ignore si d’autres membres de ton espèce existent parmi les étoiles, il n’est pas utile de m’en poser la question. Ton peuple est venu sur Terre il y a de cela des millénaires. Il a vécu sans se mélanger, conservant un contact limité avec l’extérieur. Seul le clan des Spiritis avait le droit d’interagir avec eux.
-Le… Le clan de Chiaotzu ?
Corbeau Génial sourit de plus belle.
-Enfin, tu commences à remettre les pièces du puzzle ensemble. Dans ce grimoire se trouvent certains sorts de tes ancêtres, il a été conçu de telle façon à ce que seul un membre des triclope puisse le lire. Apprends ses sorts et tu n’en seras que plus puissant.
-Merci, maître, répondit le guerrier en s’inclinant.
Le concerné leva la paume de sa main, visiblement crispé.
-Je ne veux aucun remerciement, je ne fais que tenir ma parole. J’étais censé te remettre ce livre lorsque je le jugerai nécessaire. Je juge que ça l’est maintenant.
-Je… très bien. Pourquoi les triclopéens… pourquoi mon peuple vous a-t-il confié ce livre ?
Le vieux maître leva les yeux aux ciels, non par lassitude, mais pour mieux laisser les souvenirs l’envahir. Tant de choses à dire, si peu de temps pour s’exprimer…
-Tout commence avec l’arrivée du démon Piccolo…
***
Une grande caverne aménagée. Une habitation troglodyte mêlant peintures tribales et ornements complexes en métaux précieux. Le tout dans une étonnante harmonie. Des pierres précieuses telles que des rubis, des saphirs ou des émeraudes sertissaient certaines décorations, voire des coupes rituelles… Pourtant, ce n’était pas cela qui attirait le regard de Yamcha. Ce qui l’intéressait, c’était cette fresque.
Cette immense fresque couverte de symboles et de dessins incompréhensibles et pourtant si familiers…
-‘’Par la pensée, le prophète déverrouille la voie. Par le ki, le loup la traverse’’, lut le Kaïo, sur le plafond.
-Pardon ?
-C’est écrit sur le plafond. Je crois que c’est un lieu sacré pour ton clan. Débloquer le verrou c’est assez simple, mais sans quelqu’un doté de puissantes capacités mentales comme moi, c’était peine perdue pour localiser l’endroit. Et encore, je n’étais pas aussi sensible avant mon entraînement avec Dabra.
-D’accord. Mais… j’ai l’impression que ce lieu m’est familier.
-Tu vois la peinture de la main qui superpose une patte de loup ?
-Euh… Attendez… hmm… Oui, je la vois !
-Très bien, pose ta main dessus.
Yamcha haussa les épaules et obéit. Il attendit quelques secondes, mais rien ne se passa. Il manquait un déclencheur. Par curiosité, il activa son ki. Immédiatement, le monde fut remplacé par un autre…
« La grande prophétesse me fixe de ses yeux blancs. Elle est jeune, très jeune. À peine vingt cycles. Très belle aussi. Mais aucun homme de la tribu n’oserait l’approcher. Son aura ténébreuse, ses iris clairs et ses crises de possession suffisent à faire douter plus d’un homme aventureux. Sans compter que les rumeurs veulent qu’une enfant issue d’une prophétesse ou d’un prophète soit maudit. Sans être vrai, ce n’est pas entièrement faux. C’est juste plus compliqué que ça.
-Ramn’, isstogor… Jimnassaï !
J’acquiesce mécaniquement. Aucune idée de ce qu’elle vient de m’annoncer, mais je ne peux perdre la face et passer pour un ignorant impressionnable. Quelque chose que le grand chef de la tribu ne peut se permettre.
-Ostomoï ! Ostomoï… Ostomoï perra !
Voilà qu’elle lévite sans utiliser le ki. Par le simple pouvoir de la pensée. Son prédécesseur était capable de faire ça aussi, notamment lorsqu’il essayait de percer le voile du futur. Il était même capable de transformer un démon de Piccolo en un joli petit tas de cendre. Elle, pas encore. Mais ça viendra.
-Experis n’uos tamana Nyrought !
Nyrought… C’est le seul mot qui revient à la fin de chaque divination. Nyrought. Je ne sais même pas ce que ça veut dire, mais il semble si lourd de sens. Même moi, je ne me permettrai pas de le prononcer à voix haute à la légère.
-Reste parmi les tiens et tu vivras, la tribu vivra, mais le cours du temps effacera jusqu’à votre existence. Pars seul, affronte Paorzu et tu mourras, tué par ton ami le plus proche. Ta tribu sera décimée. Cependant, un espoir de renaissance perdura.
Beaucoup de peuples se désignent les anciennes prophéties comme alambiquées. Nous n’avons pas de tels problèmes dans mon clan. Le message est clair, terriblement clair. Et pas des plus agréables. Un frisson parcourt mon corps. Et maintenant ? Tiens, elle reprend ses esprits, comme si elle émergeait d’un rêve. En un sens, c’est le cas. Elle a l’air perdue.
-Excusez-moi… un instant…
Elle se lève, titube, porte sa main à sa bouche et… Vomi dans un vase d’offrande. Ah, l’ironie est palpable. Je vais quand même aller la rassurer un peu en lui tapotant dans le dos. La pauvre, je la plains. Devenir prophète est un honneur et une lourde de tâche.
-J’espère que… vous êtes… satisfait… bleuargh !
Et c’est reparti… Je lui caresse un peu le dos pour la rassurer.
-Oui, très, ne t’en fais pas. Repose-toi un peu, d’accord prophétesse ?
Elle me regarde, acquiesce et dégobille de plus belle. Je décide de sortir, enfin. Le crépuscule, déjà. Une tente me cache à moitié le soleil qui a déjà bien entamé sa descente. Le vent du désert traîne le sable et la poussière dans un balayage régulier. Je fais un pas de plus avant de m’adresser aux deux gardes lourdement armés devant la tente.
-La prophétesse a besoin de repos. Laissez-lui cinq minutes puis faites entrer deux servantes avec une grande cruche d’eau et du linge humide. Elle en aura besoin.
Les deux gardes frappent leur torse respectif et hochent solennellement la tête. Je n’attends pas plus et je reprends mon chemin pour…
-Dorango ! Tu es enfin sorti !
Une tête de chat apparaît devant mon visage. Une grande tête avec un petit corps couvert d’un pelage noir, excepté une tache blanche à l’œil gauche, le tout en lévitation. Nuage, mon ami. Mon meilleur ami, sans aucun doute. Compagnon de bataille.
-Je t’ai manqué ?
-Bien sûr ! Alors, c’était comment ?!
-Déroutant, comme toujours.
-Ahah, évidemment ! Mais, la prédiction alors ?
-…
-Dorango ?
-Euh, oui ?
-La prédiction ? Dis-moi !
Je soupire, et je lui dis tout à l’oreille. Sauf la partie où, apparemment, il me tue. Il acquiesce, l’œil sombre. Inquiet. J’avance et il me suit, pensif. En temps normal, il exprimerait sa joie de vivre, chose admirable lorsque l’on prend en compte son âge. Il voltigerait, ici et là, tout sourire. Mais les annonces de mort imminentes ont toujours le don de saper votre moral…
-Qu’est-ce que tu vas faire ?
Plusieurs personnes me saluent, s’inclinant bien bas. Je hoche légèrement la tête en réponse. J’en profite pour réajuster ma tenue : une armure légère, composée de mailles pour les bras et de cuir au centre.
-Je vais commencer par rendre visite à mon fils… Ensuite, je verrai.
Mais c’était déjà tout vu… »
Yamcha recula en titubant, trébucha et finit sur les fesses.
-C’est… c’est… c’était quoi ça ?!
-Un souvenir, ancien visiblement. Tout va bien ?
-Je… je crois que j’ai vu le passé de l’un de mes ancêtres.
Kaïo jeta un regard plus en détail à la fresque. Des démons. Des loups. Un guerrier. Une bataille. Une autre main plus loin, une autre patte de loup. Le tout en peinture. Le tout n’attendant que Yamcha…
***
-Qui es-tu ?
-Je suis… Je suis ancienne. Hé hé hé hé hé…, ricana la tortue d’une voix laborieuse et râpeuse comme une vague lente venant lécher le flanc d’une falaise.
Krillin fronça les sourcils. Il était curieux, respectueux, mais pas d’humeur à sourire.
-Écoutez, vous ne le savez pas, mais…
-La Terre est en danger ?
-Euh, oui, mais comment…
-Parce que la Terre est toujours en danger, et elle le sera toujours, c’est sa destinée, Krillin. Ma destinée également.
-Comment vous savez… Vous êtes… Mais…. Raaaah !
Le guerrier porta ses mains à sa tête, prit d’une migraine. Trop de questions, si peu de temps…
- Hé hé hé hé hé hé…
-… vous avez fait exprès, hein ?
-Bien sûr ! Au cas où ce ne soit pas évident, je ne reçois que peu de visiteurs, alors j’essaye de m’amuser comme je le peux…
-Je vois ça. Mon maître…
-Muten Roshi t’as envoyé, oui, qui d’autre après tout… Il espérait que je t’aiderais, et je vais le faire, petit être.
-Euh… merci.
-Tu n’es pas convaincu…
-Disons que je ne pense pas être en mesure d’être d’une grande aide.
-Pourtant, tu es allé sur Namek. Pourtant, tu t’es entraîné dans le palais des dieux. Pourtant, tu as appris le Kaïoken, le Genkidama… Pourtant, tu es là, devant moi.
-Comment vous savez tout ça… ?
-Parce que je ne fais qu’un avec cette planète… Je ne suis pas, nous sommes. Le ki est tellement, tellement plus que tu ne peux l’imaginer. Il est partout, lié à tout et pourtant, vous ne percevez qu’une minuscule fraction de son potentiel.
-… comment je peux devenir plus fort ?
-De bien des façons. Mais devenir le plus fort, ce n’est pas ce que tu recherches, n’est-ce pas ? Que veux-tu, Krillin ?
-Je…
L’image de la planète apparue dans l’esprit du guerrier. Sa planète. Sa maison. Ses amis. Et par-dessus tout, sa famille. C-18 et Marron. Il donnerait tout pour elles. Tout, y compris sa vie. Sans hésitations.
-Je veux protéger… Je veux protéger les miens.
-…
-Ah ah ah, non… ce n’est pas ça, je veux… C’est idiot !
-Parle, ouvre ton âme, petit être.
-Je veux protéger tout le monde. Tout le monde, sans exception.
-Un souhait irréalisable, impossible.
-Oui, idiot même, je…
-Mais un souhait pur, honnête, sincère… Krillin, tu es le plus noble des humains. Tu en as les défauts, mais tu en as avant tout les qualités. La qualité supérieure même : l’abnégation. Voilà pourquoi tu es si important. Tu as voulu sauver C-18 alors qu’elle était ton ennemi, qu’elle mettait en péril ce monde par sa simple existence…
-Pas que pour ça…, avoua le terrien en rougissant.
-En effet.
-Je ne suis pas noble, je l’ai sauvé pour mon intérêt personnel…
-Comme lorsque tu t’es opposé aux trois cyborgs alors que tu n’avais aucune chance de les vaincre ?
-Je ne les ai même pas affrontés…
-Oui, par prudence, par lucidité. Un affrontement direct aurait été du suicide. Tu as agi avec courage et sagesse. De même, tu as dédié un vœu à son bien-être, à elle comme à son frère. Tu t’es présenté face à Cell sans espoir de le vaincre. Tu n’as jamais fui le combat. Tu avais peur, certes. Mais sans peur, pas de courage.
-Oui, peut-être… Mais qu’est-ce que ça change ?
La tortue lui adressa une grimace que Krillin mit du temps à identifier comme un sourire.
-Ce qui change, Krillin, c’est que tu es digne de recevoir ce présent. Approche, et pose ta main sur ma tête.
Le terrien haussa les épaules et s’avança, peu confiant. Il posa sa paume sur le visage de la créature. Il ne ressentit pas le contact visqueux de la peau de la tortue. Il ne sentit pas les différentes crevasses de cette peau vieille de plusieurs millénaires. Il ne sentit qu’une décharge qui le cloua sur place. Les yeux révulsés, pris de convulsions, il s’effondra…
***
Le grimoire entre les mains, Ten Shin Han sortit de la demeure de son ancien maître, suivit par ce dernier. Tout le poids des mémoires de son peuple, massacré par Piccolo, entre ses paumes. Des réfugiés qui avaient trouvé un abri sur une planète qui devint leur tombeau. Et lui, seul survivant, avec Chiaotzu, enfermé dans une boule d’énergie psy pour des décennies. Des siècles, peut-être.
Le triclope jeta un œil à son maître. Quel âge avait-il en réalité ? Combien de temps avait-il patienté pour tenir sa promesse ?
Le triclope se tourna et s’inclina solennellement devant le maître des Grues.
-Merci pour tout maître !
Le concerné sourit, pendant un quart de seconde avant de soupirer.
-Je ne suis plus ton maître. J’ai voulu faire de toi le parfait assassin dans le cas où Piccolo ne revienne à la tête d’une armée. Pour que tu puisses le vaincre rapidement avant qu’il ne devienne trop fort. Car s’il revenait, nous n’aurions pas pu le vaincre avec nos forces actuelles. Et pourtant, il a été vaincu…
Le vieil homme se tourna le dos à son ancien disciple, nostalgique, il poursuivit :
-J’ai fais de mon mieux envers toi et Chiaotzu, ce que je considérais nécessaire. Je me suis senti trahi par vous deux quand vous avez rejoint mon rival. Tous ces efforts pour rien… Alors que désormais, vous êtes incroyablement puissants. Il n’est jamais agréable d’accepter ses erreurs. Je n’ai plus rien à vous apprendre. Continuez à suivre votre propre voie comme vous la faites déjà très bien.
Sur ces dernières paroles, le vieux maître disparu dans son dojo, laissant le triclope derrière lui, les larmes aux yeux. Sans attendre davantage, le guerrier chauve prit son envol…
***
Un camp, un immense camp, remplit de démon en tout genre. Certains ressemblant à des sauriens, d’autres à des oiseaux, d’autres à des créatures de cauchemars, et enfin, un grand démon cornu en son centre. Rouge, musclé et puissant. Le plus puissant d’entre eux.
Toutes ces créatures vouant leur existence à la destruction de l’humanité. Je ne peux l’accepter, toi non plus tu ne l’accepteras jamais, hein, Nuage.
-Tu es sûr de toi Dorango ?
-Oui. Pas d’autres choix. On va les prendre par surprise et les tailler en pièces. Si tu as peur, je ne t’en voudrais pas de te replier.
-Tss, comme si j’avais peur d’une bande de stupides démons ! Je suis prêt, c’est quand tu veux.
Oui tu es prêt pour ce combat. Mais es-tu prêt pour son dénouement ? Peut-être pas.
-Alors, réveillons la meute. Que la chasse commence.
Je me redresse, lève le visage au ciel et hurle. Le hurlement du loup. L’appel de la meute. Je hurle de plus belle, imitant à la perfection l’animal totem de mon clan. Les démons se tournent vers moi, inquiets. Puis il me remarque. Certains se mettent à rire. Je dois paraître bien fou, seul, debout sur une dune, hurlant à plein poumon. Nuage prend la forme d’un loup et me rejoint dans mon hurlement.
Les démons rient de plus belle en s’approchant. Je suis une cible facile. Je vois enfin leur visage déformé par des grimaces sanguinaires. La soif de sang n’est pas dissimulée, après tout, elle est la raison première de leur présence. Ils se réjouissent d’avance. Réjouissances qui prennent fin lorsqu’un hurlement se fait entendre à l’opposé du camp. La première réponse.
Je m’enveloppe de mon ki. Bleu, doux, une lueur d’espoir dans l’obscurité. Un nouveau hurlement se fait entendre, puis un autre, et encore un de plus… Des loups fantomatiques, bleus apparaissent. À mesure que mon solo se transforme en concert, les sourires victorieux se transforment en crispation inquiète. Jamais autant de loups n’ont répondu à mon appel. Dans mon hurlement résonne le son d’une dernière bataille. Ma dernière bataille.
Les hurlements prennent fin, remplacés par un grognement de colère. Des centaines de démons. Moi et une poignée de loups. Un combat inégal, mais nécessaire.
Je fonce sur la horde accompagnée de la meute. En un instant, je traverse le premier rang d’ennemis, déchirant de mes mains griffues les bras qui voulaient me saisir. Seul le chef m’intéresse. Nuage, désormais un aigle, fond sur un ennemi lointain chargeant un kikoha, un instant avant l’impact il devient un rhinocéros. Il écrase son ennemi de tout son poids, puis devient une souris pour se faufiler entre les autres démons. De souris il devient serpent. Il remonte le corps d’un ennemi, enserre sa gorge pour ensuite cracher une boule de ki sur un autre poursuivant.
Il s’en sort très bien. Je lui ai toujours envié ses talents de métamorphose. Mais j’ai mes propres talents. Un démon face à moi. Direct du droit. Dévié de l’avant-bras gauche. Je tranche sa gorge d’un revers de mes griffes. Son sang gicle. Il est torse nu, parfait. Je lacère son corps. De ses épaisses veines jaillissent des flots d’ichor. Je le projette dans les airs, insère des kikohas dans ses plaies et le fait exploser de toute part.
L’illumination précédent sa mort spectaculaire attire l’attention. Moi, je fixe le sable avec prudence. La détonation et l’éclatement du corps répandent du sang et la terreur. Le sang dans les yeux, la terreur dans les esprits.
Je lèche les gouttes tombées près de mes joues et laisse la sauvagerie prendre le dessus. De frappes en kikohas, de kikohas en frappes, je me fraye un chemin jusqu’à ma cible. Un guerrier armé d’une hache essaye de m’interrompre d’un revers. Alors que son mouvement destiné à me décapiter se termine, il a perdu son membre, désormais dans la gueule d’un loup fantomatique. Il a à peine le temps de remarquer son moignon que je lui brise la nuque.
Me voilà face à mon ennemi. Grand, cornu, rouge aux yeux jaunes. Il me sourit de ses dents pointues. Je siffle pour appeler Nuage. Ce dernier, alors en loup massif, se change en épée courbée et me rejoint en fauchant tout ce qui le sépare de moi. Je le récupère. Déjà, le démon fond sur moi. Je pare, je bloque, je contre-attaque. Du coin de l’œil, je vois l’un des loups saisir un démon par la gorge avant d’être transpercé par une lance. Dans l’explosion bleutée qui suit sa mort, je fais le compte. De la meute il ne reste que moi et une douzaine de loups. Nouvelles explosions au loin. Une dizaine désormais.
Le duel se poursuit, mécaniquement. Le démon s’acharne sur moi, essayant de passer ma garde et mes feintes. Je le fatigue et avant qu’il ne s’en rende compte, il sera mort. Un cri derrière moi. Je dévie une lame destinée à ma nuque et j’empale l’importun. Le démon rouge perçoit là une opportunité. D’un pas de côté, j’évite son estoc. Nuage est toujours dans le corps du démon précédent. Il en jaillit avec force. Le démon rouge bloque de justesse de sa lame. Il a tout juste le temps de comprendre, de pousser un cri, alors que je suis déjà dans son dos.
-Shin Roga Fu Fu Ken !
Ma technique fétiche, un assaut de mes griffes, de mes paumes sur une cible bien précise se terminant par un coup de tête. L’angle est parfait. Je déchiquette son dos. Du sang gicle de toute part. Il titube, tombe à genou. Je saisis sa tête, pose un pied sur son dos puis tire de toutes mes forces. Sa nuque cède dans un craquement lugubre, sa peau se déchire longuement. Bien vite, son membre fini entre mes mains. Je siffle. Nuage revient vers moi et… m’empale.
Je ne comprends pas. Je lâche la tête. Apparaissant de l’obscurité, un nouveau démon à la peau strié me lance un sourire vicieux, tenant le pommeau de mon ami. J’entends le hurlement de Nuage malgré son absence de bouche. Je vais mourir. Je vais mourir maintenant. Dans un dernier élan d’énergie, l’adrénaline aidant, je saisis l’avant-bras du démon de ma main gauche.
Surpris par ma vitalité, il me lance un regard inquiet. Il me frappe en plein visage, me cassant le nez. Du sang coule. Je lance un sourire qui se veut mauvais. Je ne lâche pas prise.
La seconde suivante, d’une frappe rapide, j’ampute le membre saisi. Libéré, Nuage jaillit de mon corps dans une gerbe de sang, et, dans ce même geste, il sépare en deux par la verticale, la tête du démon.
Je m’effondre. Plus de force. Que du sang. Je tends la main vers Nuage, de nouveau chat volant, une boule d’énergie rose brillant au centre de ma paume. Les loups sont autour de moi, grognant, faisant claquer leur mâchoire. Menaçant, pour le moment. L’attaque suicide a porté ses fruits, et maintenant, je meurs. Mais pas sans transmettre ma mémoire. Autrefois, j’étais prédestiné à être grand prophète, mais mon talent limité dans cette voie et mon ascendance m’ont finalement promis à un autre avenir. Chef du clan, comme mon père. Mais je conserve un pouvoir utile, celui de transmettre mes souvenirs.
Nuage saisit l’orbe rose, s’excusant une énième fois, me suppliant de le pardonner. Je lui souris, il n’y a rien à pardonner. Il se transforme en aigle, saisit l’orbe et, dans un dernier regard humide, prend son envol…
Yamcha chuta sur le dos, les yeux grands ouverts, des larmes dévalant ses joues, submergé par les émotions contenues dans ces souvenirs.
-Je crains que le temps ai endommagé la mémoire de ce lieu, je ne sais pas ce que tu as aperçu, mais c’était incomplet.
-…
-Excuse-moi, tu vas bien ? Qu’est-ce que tu as vu ?
-J’ai vu… suffisamment de choses. Des images parfois, des informations d’autres fois… Je vais bien, je crois. Je te raconterai le reste sur le retour.
Kaïo acquiesça et laissa à Yamcha le temps nécessaire à se relever. Il remarqua également que ce dernier ne le vouvoyait plus, en plus de poser sa main sur son torse, là où Dorango s’était fait empalé…
***
Krillin sortit de la maison de son ancien maître en lévitant. Il essaya de poser un pied à terre, mais le monde tourna immédiatement autour de lui. Contraint, il s’envola de nouveau. La tortue l’avait prévenu, il s’était ouvert au ki et il lui faudrait un temps non négligeable afin de retrouver un semblant d’équilibre. Ce surplus d’informations demandait un certain temps pour être digéré. Pour le moment, il devait éviter un contact direct avec n’importe quelle surface, sous peine de perdre pied immédiatement.
Le terrien ferma les yeux un court instant pour prendre une profonde inspiration. Puis, à mesure qu’il expirait, il s’ouvrit au monde.
L’air qui sortait de sa bouche était parsemé de petites particules lumineuses. Les mêmes particules, bien moins lumineuses, qui recouvraient la mer en longue ligne droite avec Kame House pour point de départ. Des Kamehameha qu’il avait lui-même lancés des années auparavant pour s’entraîner. Il ne reconnaissait pas toutes les traces de ki présentes, juste les siennes. Pour le moment. Il comprenait bien mieux le ki désormais.
Souriant, le mari de C-18 prit son envol en direction du palais divin. Voilà des années qu’il n’avait pas eu l’impression d’autant progresser en tant que guerrier…
***
Ten Shin Han se posa le premier sur le palais de Dendé. Il salua tout le monde avant de s’isoler avec Chiatozu. Il lui raconta tout ce que leur ancien maître lui avait communiqué. Enfin, il ouvrit le grimoire. Le premier mot apparu clairement devant ses yeux : Feng Huang.
Page après page, Ten Shin Han découvrait des techniques secrètes, anciennes, puissantes. Certaines demandaient des dispositions particulières magiques qu’il n’avait pas, d’autres au contraire ne demandaient que du ki en grande quantité. Curieux, il essaya la première de la série Huo : Waitao.
Le guerrier se mit en position, concentra son ki dans les points clés de son corps : bras, épaules, nuques et dos. Ces zones se couvèrent d’une aura bleue intense. À mesure que Ten Shin Han se concentrait, l’aura oscillait, dansant dans un vent inexistant. L’aura s’estompa peu à peu, doucement, avec délicatesse… avant d’être rallumée avec force.
-Tien ! Tien tu prends feu !
Le cri de surprise de Chiaotzu ramena le guerrier à la réalité. En effet, son aura avait viré au rouge et sa texture évoquait une flamme. Il se rendit compte, dans les secondes qui suivirent qu’il dégageait une chaleur bien supérieure à la normale.
Le triclope s’était inspiré du Kaïoken et bien qu’il y ait eu un point de départ commun, il y percevait les nuances entre les deux techniques. Le Kaïoken fortifiait son corps, sa puissance de frappe. L’aura du Waitao augmentait sa puissance, mais elle devenait aussi une arme à part entière. Une flamme dévorante, une arme de dissuasion. Le triclope éteignit l’aura, tout sourire. Il y avait encore tant de technique à découvrir. À maîtriser. Les premières seraient simples à employer, mais les plus avancées, les plus puissantes, allaient demander plus de temps.
Alors que son ami le complimentait sur sa nouvelle technique, le guerrier entendit Yamcha arriver.
***
-Alors, cette balade ? demanda Bulma.
L’ancien bandit regarda sa paume droite avant de répondre.
-Instructive. J’ai beaucoup, appris.
-Ah, quoi donc ?
-Sur mes ancêtres. Et sur moi. Excuse, je dois méditer.
Sans un mot de plus, le guerrier s’éloigna en direction de la coupole où les enfants s’étaient cachés jusqu’à maintenant. Pour la première fois, il souhaitait s’isoler. Le tout sous le regard surpris de son amie. Kaïo se posa à son tour, non sans lancer un regard à Dabra.
-Il est… bizarre.
-Il a besoin d’être seul, il a beaucoup à digérer.
-Je comprends, mais c’est la première fois qu’il souhaite méditer. C’est dire si c’est rare.
-Hmm…
-D’ailleurs, il a parlé de ses ancêtres. Tu en sais quelque chose ?
-Non, pas tellement. Si ce n’est qu’il est l’unique descendant connu du clan du loup. C’est tout.
-Hmm. Tu n’as pas cherché à lire ses pensées ?
-Non, je ne me le suis pas permis. Il a besoin qu’on le laisse tranquille.
-Tu aurais dû.
Plus loin, Yamcha fit volte-face pour mieux lancer à Bulma un regard noir.
-Contrairement à certains ici, Kaïo sait faire preuve de respect !
La scientifique se raidit avant de croiser les bras, les sourcils froncés.
-Et qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?
Le terrien s’approcha pas à pas, avec une froideur et des éclairs dans le regard. Pour la première fois depuis longtemps, un frisson glacial parcourut le corps de la jeune femme aux cheveux bleue. Elle avait peur. Elle ne reconnaissait pas la personne qui l’approchait, elle ne reconnaissait pas Yamcha. Elle ne voyait qu’une bête sauvage sur le point de lui arracher la gorge.
-Ce que ça veut dire Bulma ?! Pour commencer, ça veut dire que je t’emmerde, c’est clair ?! Tu es la personne la plus dénuée de respect que je connaisse ici et tu n’en mérites aucun !
-Tu vas commencer par te calmer Yamcha. Tu as l’air d’être à cran alors…
-Parce que je le suis ! Parce que je vois les choses telles qu’elles le sont pour la première fois !
-Et qu’est-ce que tu vois ?
-Je vois une petite princesse pourrie gâtée qui s’est tapé le meurtrier de son petit copain à la première occasion !
-…
-Vivement qu’on soit débarrassé de Buu, que je n’ai plus à te supporter.
Sur ces mots, le Bandit s’éloigna, marchant d’un pas furieux jusqu’à l’opposé du palais flottant, ignorant tous les regards surpris des spectateurs qui ne comprenaient pas l’origine de cette soudaine explosion de colère.
-Il a découvert le passé de son peuple et à l’impression de ne pas leur avoir rendu hommage, il s’en veut terriblement. Il…, commença Kaïo
Bulma leva la main, interrompant le Dieu en hochant la tête. Elle se reprocha de ne pas avoir deviné que le Kaïo avait évidemment lu les pensées de son ami. Il avait juste eu le bon sens de ne pas le clamer à portée de Yamcha.
Pourtant, la scientifique s’éloigna à son tour, elle entra dans le bâtiment principal, puis, à l’abri des regards indiscrets, se laissa chuter contre le pilier central. Pour la première fois depuis des années, des larmes dévalèrent ses joues.
Le stress, la panique, la tension, le sentiment d’impuissance, Vegeta inconscient, ses enfants en danger… Un torrent d’émotion l’écrasait. Yamcha n’avait pas menti. Jusqu’à ce jour, il avait eu la patience et la gentillesse de garder tout ça pour lui. Il n’était pas sans reproche, loin de là, mais Bulma se sentait fautive. Elle l’avait rejeté dès qu’il n’avait plus présenté d’intérêt pour elle. Certes, son comportement dragueur envers les autres femmes l’avait agacé, mais, paradoxalement, cela l’avait tant soulagé. Cette drague était devenue un levier, un argument, une excuse pour leur rupture. Il était tellement plus simple à utiliser que d’avouer tout simplement qu’elle ne l’aimait plus.
Tellement plus simple de faire semblant. Elle voulait un beau petit copain. Elle l’avait eu. Elle s’en était lassée. Elle l’avait jeté. Comme un jouet qui, fatalement, finit par perdre son intérêt.
-Maman ?
Bra approchait, inquiète. Avant de s’arrêter, ignorant quoi faire.
-Ça va, ne t’en fait pas, vient, répondit Bulma en essuyant ses larmes.
La petite fille obéit et embrassa sa mère. Elles restèrent ainsi, collées l’une à l’autre sans un mot pendant plusieurs minutes. Pendant ce temps, Trunks témoin de la scène au loin, se percha au sommet de la coupole persuadé que les larmes de sa mère étaient dues à son insécurité. Résolu, le jeune métis monta la garde à son tour. Quelques secondes plus tard, Goten le rejoignit et sans poser de questions, l’imita.
Plus haut dans le ciel, Dabra remarqua les deux métis en contrebas, fixant l’horizon de leurs yeux, le monde de leur sens. Il sourit devant cette complicité…
Krillin arriva enfin au palais du Tout-Puissant. Il se posa. Immédiatement, il tituba. Alors il rompit de nouveau le contact avec le sol. L’effet était plus atténué que précédemment, mais il espérait qu’il ne durerait pas beaucoup plus longtemps. Le guerrier ferma les yeux. Il sentait tout. Ten Shin Han qui s’entraînait aux côtés de Chiaotzu. Chichi et Videl qui discutaient. Vegeta assoupi. Yamcha qui faisait les cent pas, en colère, pendant que Plume attendait patiemment. Les deux métis qui montaient la garde. Kaïo qui s’entretenait avec Dabra. Bulma, Bra, Loua et Séléa apparemment réunies.
Sa femme qui approchait avec sa fille endormie.
Le guerrier ouvrit les yeux. Sa femme s’approchait… Il sentait son énergie. Il la sentait, elle, la cyborg qui ne dégageait pourtant pas de ki. Cette réalisation provoqua l’apparition d’un grand sourire. Pendant toutes ces années, il avait toujours été dérouté par l’invisibilité de sa femme. Bien sûr, cette dernière aimait le surprendre par moment et se montrait relativement joueuse.
Mais le fait de percevoir son ki avait quelque chose de soulageant. Il n’avait jamais réalisé à quel point le fait d’en être incapable lui donnait l’impression qu’elle disparaissait lorsqu’elle quittait son champ de vision. Qu’elle n’était jamais vraiment là, ou vivante. Mais il sentait son ki désormais. Une portion, infime, étouffée derrière le caractère artificiel de son corps. Mais il le sentait, enfin.
-Alors, ce déplacement ?
-Je ne me suis jamais senti aussi bien.
-Et c’est pour ça que tu es en lévitation ? Tu flottes de bonheur ? lança la cyborg, amusé.
Krillin s’apprêta à répondre lorsqu’un élément le perturba. Il resta la bouche entre ouverte, perdu. C-18, inquiète, se retourna, jeta des regards vigilants autour d’elle avant de se recentrer sur son mari.
-Un problème ?
-Je ne perçois pas Dendé, où est-il ?
***
Le namek descendait les escaliers, une main tenant son bâton de Dieu, l’autre glissant sur le mur lézardé de fissures. Il était dans la zone du palais qui n’avait pas subi la violence des combats. La zone épargnée, mais pas grâce à lui. Spectateur impuissant lorsque son peuple fut massacré sous ses yeux d’enfant. Spectateur tout juste bon à soigner les guerriers affrontant Freezer. Seul son coup d’éclat lorsqu’il avait prononcé le troisième vœu auprès de Porunga lui permettait de soutenir son estime. Mais voilà que le palais du Tout-Puissant, sa nouvelle maison, avait été saccagé. Que la planète Terre sous sa protection était menacée. Et lui, il n’était qu’un spectateur impuissant.
Sans savoir comment, il termina son chemin devant le pilier central, là où le noyau, dont il ne savait pas grand-chose, maintenait le palais en lévitation. Technologie ou magie. Ancienne, dans tous les cas. Ils étaient revenus s’abriter dans ce palais brisé, de crainte de voir un Buu profiter de la forêt pour s’infiltrer jusqu’à eux et les absorber. Mais, même haut dans le ciel, étaient-ils à l’abri ? Et s’ils l’étaient, était-ce grâce à lui ou à Kaïo Shin ? À Dabra ? Aux deux certainement. Mais pas à lui. Jamais lui. Toujours les autres. Il était tout juste bon pour limiter les dégâts.
Dans un soupir chargé de désespoir, Dendé posa la paume de sa main sur le pilier. La structure vibra alors. Surpris, le namek se raidit, de crainte d’être attaqué de nouveau. Avant même de faire volte-face, une ouverture se fit dans le pilier dévoilant une pièce immense qui ne pouvait exister.
-Vous l’avez trouvé, jeune maître.
Popo fit sursauter Dendé dans un cri.
-Ah… Popo… Ah…
-Excusez-moi, je ne voulais pas vous faire peur, répondit le serviteur dans un sourire amical.
-Je sais, je sais. Je… Hum. Vous, vous connaissez cet endroit ?
-Bien sûr, presque tous vos prédécesseurs y sont rentrés. La bibliothèque des dieux. Elle n’apparaît que lorsqu’un Dieu de la Terre fait face à une épreuve jugée insurmontable, lorsqu’il est écrasé par le désespoir.
-Incroyable… Que contiennent ces livres ?
-Du savoir, bien sûr.
-Quel genre de savoir ?
-Un savoir puissant, si ce n’est dangereux.
-Mes prédécesseurs y sont entrés ? Même Piccolo ?
-Kami, oui. Comment croyez-vous qu’il ait découvert le mafûba ?
-Oh, commença Dendé avant de se tourner vers l’entrée, je vois. Combien de livres puis-je prendre ?
-Je l’ignore. Kami n’en a pris qu’un, pas plus. La salle décide selon la nécessité.
-Je comprends.
Un temps passa, Popo s’apprêta à encourager une nouvelle fois le jeune Dieu, mais ce dernier s’avança. Il entra dans la bibliothèque et constata qu’elle était remplie d’ouvrages en tout genre. Des étagères entières remplies de livres aux nombreuses couvertures, aux différentes couleurs aux titres plus ou moins lisibles. Dendé en saisit un, l’ouvrit et comprit qu’il s’agissait de magie offensive. Il ignorait s’il en aurait besoin. Voulait-il devenir un agresseur ou demeurer un protecteur ?
Il posa sa canne et saisit un autre livre. Il l’ouvrit à son tour, mais n’en comprit pas un mot. Déconcerté, il le rangea. Il en saisit un troisième et le résultat fut le même. Puis un cinquième, un sixième, un septième… Le jeune namek, confus, se demanda s’il devait se limiter au premier ouvrage choisi, que le hasard déciderait pour lui. Dendé ouvrit alors le premier livre. Le texte était devenu incompréhensible. Pris d’un moment de panique, l’ami de Gohan prit son bâton pour se soutenir. Le texte devint soudainement compréhensible. Le jeune namek poussa un soupir de soulagement. Rassuré, il commença à fouiller dans les diverses étagères présentes devant lui, saisissant les ouvrages qu’il jugeait utiles à sa fonction. Il était un guide, un protecteur, et il le resterait.
Il sélectionna une dizaine de livres qu’il trouva intéressants, se retourna et se figea pour la seconde fois. L’entrée avait disparu. Inquiet, Dendé posa les livres et l’entrée réapparue. Le namek compris qu’il ne pourrait pas saisir autant d’œuvre que souhaité…
Popo, de son côté attendait. Après une dizaine de minutes, Dendé sortit enfin, quatre ouvrages sous le bras. Le serviteur songea à Kami, qui était sorti avec seulement un livre. Il adressa un sourire au namek qui le lui rendit avant d’emprunter les escaliers pour sortir à l’air libre. Dans un crissement presque imperceptible, la bibliothèque des Dieux se ferma de nouveau…
***
Yamcha fulminait toujours, emporté dans une colère qui ne prenait pas fin. Plume essayait de l’apaiser, de le calmer, de le raisonner, sans réel effet. Sa rage diminuait par moment, pour mieux revenir. Prit de pensées noires, il fut interrompu par le palais qui vibra temporairement suivit de cri de surprise et d’émerveillement. Curieux, l’ancien bandit s’envola afin de se tenir informer la situation.
Dendé, un livre à la main, l’autre tendue vers ce qui fut il y a encore peu, un trou béant dans le palais. Trou remplacé par un marbre lisse, plat, évoquant à Yamcha la texture de certains jeux en 3D assez anciens.
-ll a résolu un problème. Plus qu’une centaine… marmonna le terrien en se posant.
-Comment tu vas Yamcha ?
La voix de Krillin surprit le guerrier. Il n’avait pas senti le terrien se rapprocher, ni même entendu.
-Je vais bien.
-Non, c’était une question rhétorique. Tu vas mal. Assez mal même. Mais ce n’est pas ta faute n’est-ce pas ?
Le guerrier se raidit, sa colère se renouvela, mais avec une profonde méfiance dont lui-même ne parvenait pas à saisir l’origine.
-Qu’est-ce que ça peut te faire, hein ?!
-Ça peut me faire que tu vas laisser mon ami tranquille et très vite, compris ? Tu vas arrêter de jouer avec ses émotions. Je te sens, même si je ne te vois pas.
-De quoi tu… parles ?
-De la chose qui est en toi, je ne sais pas d’où ça vient, mais je sens des résidus de son ki sur toi. En toi. Elle te perturbe et…
-La ferme ! Fiche-moi la paix !
-Yamcha ! contesta Plume.
-Lâche-moi Nuage, tu ne peux pas comprendre !
-Nuage ? répéta le chat volant, interloqué.
-Je… Je comprends pas…, répliqua Yamcha prit de frisson, une main sur le visage.
-Je te laisse Yamcha, on en reparlera après. Porte-toi bien, d’accord ?
Le bandit acquiesça, les yeux perdus dans le vide. Krillin s’éloigna en lévitant tranquillement. Maintenant il devait rendre visite à Baba, en urgence. Avec un peu de chance, peut-être que Dendé pourrait la faire venir…
***
-Il semblerait que nous ayons tous les deux de la lecture devant nous.
Dendé se tourna vers Ten Shin Han. Ce dernier agita son grimoire et le namek lui sourit.
-Tout à fait. Avec un peu de chance, je trouverai une méthode pour régler nos problèmes.
-Un autre genre de Mafûba ?
Dendé secoua la tête.
-Non. Cette méthode marche, mais elle est trop risquée. Pour une offensive c’est une bonne option, mais sur le long terme j’en doute, elle n’est pas infaillible. Il nous faut autre chose.
-Par exemple ?
-Quelque chose pour nous défendre, nous protéger en cas de menaces. Nous sommes trop vulnérable.
Le triclope acquiesça avant qu’une autre personne ne rejoigne la conversation :
-Je suis d’accord et je sais ce qu’on doit faire. On doit passer sérieusement à l’offensive.
-Voyez qui vient de se lever…, lança Ten Shin Han dans un sourire.
Yamcha s’approcha du groupe. Son isolation ne lui faisait pas du bien, malgré tout le soutien de Plume il avait la sensation de perdre pied. Il devait reprendre le contrôle. Alors qu’il contournait le bâtiment central, il vit Vegeta.
Une rage terrible le prit alors, chargée en pulsion meurtrière, en haine, à l’encontre du saiyan. Il voulait lui arracher la gorge de ses dents, lui briser les côtes, lui…
Dans un effort mental intense, Yamcha infligea un puissant coup de tête au mur pour se reprendre. Il ne se reconnaissait plus. Il bouillonnait en permanence. Seules des idées noires et sanguinaires traversaient son esprit pour mieux le harceler.
Il se laissa chuter, assis, dos au mur, la tête dans ses bras.
-Mais il m’arrive quoi bordel…
La main de Plume se posa sur l’épaule de son ami de toujours, impuissant dans une telle situation…
***
-Trouvé, trouvé, je l’ai trouvé !
Le couinement de Roal s’accompagna d’un sprint à toute vitesse. Il abandonna toute discrétion et s’envola pour faire son rapport au plus vite. Sa peau grise attira immédiatement l’attention, de même que ses appendices gris et ses pupilles rouges sur fond noir. Avec un peu de chance, son créateur lui donnerait un peu plus de cellules, il deviendrait un peu plus puissant. Il se voyait déjà lieutenant, bras droit de celui qui l’avait refait à son image.
Pris dans ses rêveries, il ne réagit pas assez vite lorsqu’une main grise le saisit à la gorge. Puis le monde changea. Il quitta le ciel pour finir sur la terre. Brutalement. À demi enfoncé dans le sol, il regarda ce qu’il crut, un instant, être une rivale qui cherchait à lui voler sa trouvaille et sa promotion. Mais il ne la reconnut pas. Alors, il comprit.
Sa substance fut absorbée en un instant, sans précaution aucune. Derrière, ne resta que le corps d’un homme proche de la quarantaine, bedonnant, presque aux antipodes de son ancienne forme. Ne prendre aucun risque. Buuleria élimina Roal en lui brisant le crâne.
Maintenant, elle aussi l’avait trouvé. L’originel. La moitié manquante. Buu. À quelques rues de là, dans la maison de Satan. L’être absorbé venait de lui offrir des informations de premier choix. Ignorant les hurlements des témoins de son meurtre. Ignorant la terreur qu’elle provoquait autour d’elle. Ignorant les voix d’Eleria, Piccolo et C-22, elle s’envola vers son nouveau but. Bientôt elle serait complète. Bientôt…
Buu Gris se raidit. Un mort. Il l’avait senti. Il avait envoyé quelques-uns des humains transformés divertir Dabra, attirer son attention sans se mettre en danger. Aucun n’était mort, pour le moment. Non, ce mort était ailleurs. Enfin, il localisa la zone du décès.
-Satan city…
Un murmure et il avait l’attention de tous. Les rapports mentaux de ses éclaireurs lui indiquaient clairement que la plupart des défenseurs de la Terre se terraient chez Dieu. Seul Buu ou Buuleria était en mesure de causer une perte.
Il devait agir, personnellement. Dans un ordre mental, il s’envola. Les transformés autour de lui firent de même.
La prochaine grande bataille aura lieu à Satan city et il n’avait pas l’intention de la manquer, encore moins de la perdre… r…