Ah ah, je vais reprendre certains de mes points un par un.
Lalilalo a écrit:Je relisais ce sujet et :
Je suis curieux. Kessissépassé ?
Antarka en 2019 a écrit:
Par contre pour répondre a Lalilalo, je pense effectivement que les conventions sociales actuelles font que tu ne peux pas dire que tu regrettes d'avoir des gosses.
Après en creusant un peu, j'en connais moults qui regrettent. Ils les aiment hein, mais si d'un claquement de doigt on leur faisait perdre 30 ans d'âge, jamais ils recommenceraient, plutôt crever selon leurs propres termes. Et c'est pas de l'humour.
Je me rappelle cette discussion, que j'avais été mal compris. Je parlais pas d'effacer l'existence des gamins du tout. Mon propos c'était que je connaissais des vieux qui, s'ils rajeunissaient de 50 ans dans la nuit (et se retrouvaient plus jeunes que leurs gamins), avec une nouvelle fois la vie devant eux, feraient pas de gosses ce coup-ci et choisiraient de vivre seulement pour eux.
C'est des propos que j'avais entendu en EHPAD de la part de certains résidents que j'aimais beaucoup. Me rappelle l'instigateur du débat, un genre de Punk de 80 ans totalement reac' et fan de Robert A Heinlein. Perso ça m'a rappelé des romans de Peter F Hamilton (Saga du Commonwealth, ou les humains trop vieux ont la possibilité de se faire rajeunir jusqu'à la fin de l'adolescence).
Perso le mien a pas encore 2 ans, on verra ce que j'en pense dans 25 ans (j'aurais +60 ans et lui se sera sans doute barré), mais j'comprend parfaitement le raisonnement.
Je sais que je ne regrette pas sa naissance, et que je l'aime. Cela dit, si j'avais du ne jamais avoir d'enfants, je pense pas que je l'aurais regretté. Paradoxalement, j'ai un peu peur maintenant de regretter si on le laisse enfant unique.
Perso c'est tout simplement incompatible avec ce que j'espere accomplir de ma vie. Raison pour laquelle je suis certain de jamais changer d'avis, sauf si l'extreme richesse (celle suffisante pour ne plus jamais bosser) me tombe dessus par accident.
Bah justement, je me trouve riche. Pas du tout au point de pu jamais bosser. Et en réalité je suis pas si riche que ça (j'connais des gens qui gagnent +1000€ de plus que moi qui se considèrent dans la classe moyenne à tort). Mais on est à l'aise financièrement.
Avant le gamin, y'a trois trucs qui ont totalement changé dans ma vie au court de la dernière décennie.
1 : la richesse donc. J'avais toujours galèré à finir mes mois. Mes finances étaient un facteur de stress quasi permanent. Maintenant je suis au delà du salaire median, et je consulte mes comptes 3-4 fois par an juste pour constater à quel point ça grimpe tout seul.
2 : le temps libre. La majorité de ma vie j'ai bossé 45 à 60h (voire 70 parfois)/ semaine, sans horaires réguliers (impossible de faire du sport à la salle, de garantir ma présence à l'avance un événement particulier que ce soit une sortie, un mariage, des vacances quelque part entre potes). Tient au dessus j'ai parlé d'horaires de crèche, JAMAIS j'aurais pu assumer ça à l'epoque. Même une nounou, j'ai des souvenirs très nets de collègues en pleurs qui appelaient la nounou à 20h30 pour leur dire de garder la petite la nuit parce que c'est mort pour ce soir (après avoir appelé à 19h30 pour dire qu'elles seront la avant 21h, après avoir appelé à 18h pour dire qu'elles seront la avant 20h, après avoir appelé à 16h30 pour dire qu'elles seront la vers 18h30, après avoir embauché à 5h30 du mat et avoir déposé la gosse 15 minutes avant).
Septembre 2019 je suis devenu vacataire dans l'éducation nationale, et j'ai gagné la régularité même si je bossais encore énormément (j'ajoutais facile 40h par semaine de travail à la maison à mon présentiel en cours).
Un an plus tard, j'avais reduit ces 40h à une dizaine d'heures. Je suis devenu efficace, j'ai choppé de l'xp aussi. J'avais encore le doute de changer subitement totalement de classe, pu maintenant, je suis dirlo, j'ai que 2 jours de classe par semaine (le reste du temps en direction) et c'moi qui choisi mes classes.
Bref, j'ai des tunes ET du temps libre. Et du temps libre régulier (sauf formation/réunion, je suis chez moi à 17h15 le soir, je bosse jamais le week end, et très rarement le mercredi).
3 : ma nana. On s'est pas rencontré très tôt (on avait chacun 31 ans). J'ai vécu avant elle (elle aussi mais c'moi qui écrit la). Je me suis déjà attaché avant elle. J'ai eu des projets avant elle. Mais pas ÇA. Les précédentes étaient des compagnes parfois stimulantes, pas des femmes avec qui j'aurais elevé un enfant (y'a des gens avec qui on se voit passer la nuit mais pas des années, d'autres avec qui on pourrait passer des années mais pas faire des enfants avec). Je sais pas vraiment comment bien l'exprimer. Ça donnerait un truc gnangnan à propos des âmes soeurs, ou plus prosaïquement de compatibilité totale. Mais (sauf piège/accident) j'aurais pas eu d'enfants si ça n'avait pas été elle.
Bref, beaucoup de gens font des enfants pour eux-memes. Je m'etais toujours dit que j'en ferais pas si j'avais pas au moins les armes pour assurer, tout en croyant pas que je les aurais un jour. Au final si.
Sur ce sujet la, un an plus tard (donc déjà avec des armes en plus) , j'étais moins catégorique :
https://www.lunionsacre.net/viewtopic.p ... 85#p478348Pour mon cas, il n'est pas question d'ambition professionnelle. Ce sont des désirs personnels, celui de garder ma liberté individuelle de voyager, sortir quand je veux, etc.
J'ai voyagé, sans doute pas autant que je le voudrais, mais me suis rattrapper. Et je sors avec le gosse. Au final mes libertés individuelles n'ont pas tant pati que ça.
Ma définition de "profiter de la vie" est aussi dépendante de la présence de ma compagne que de l'absence de gamins. Et je suis sans doute trop lucide sur les difficultés que représente un gamin (tout en ne l'etant pas assez sur les qualités, je l'admet). Après c'est aussi représentatif du fait que bah, j'ai simplement pas envie.
J'étais effectivement pas assez lucides sur les qualités. Pour les difficultés, j'avoue ne pas avoir été surpris, sinon positivement pour le moment (le gamin est cool, et les trucs qui me font vraiment stresser dans l'éducation/la vie du gosse viennent plus tard, pour l'instant c'est une partie de plaisir).
J'ajouterais un peu de conviction personnelle. Je pense vraiment que le monde de "demain" va puer du cul sévère. Je suis même extrêmement pessimiste a ce sujet et j'ai perso pas envie de larguer un gosse la dedans.
Ça j'y ait déjà repondu ici :
https://www.lunionsacre.net/viewtopic.p ... 20#p491684C'est clairement un sujet de doute. Je doute pas que nos sociétés vont s'effondrer, la dessus plus le temps passe plus mes convictions de collapso sont renforcées. Mais parfois je me demande si on lui a vraiment fait un cadeau à ce gamin oui. Maintenant c'est trop tard donc l'objectif c'est d'essayer de ne pas regretter, et pour ça, bah d'essayer de le préparer correctement. Mais c'est un sujet anxiogène pour moi. Un de mes objectifs de vie actuel c'est d'être proprio d'une maison avec terrain avant que tout se casse la gueule, ensuite on sera aussi prêt qu'on peut l'être.
Ma compagne en veut pas non plus, en grosse partie pour les mêmes raisons que j'ai cité avant de parler de ma vision pessimiste du monde, et elle changera pas d'avis. Pour l'exercice intellectuel, si ça devait arriver bah j'assumerais, mais ça dépasse pas l'exercice intellectuel.
Me rappelle qu'on en parlait et qu'on était effectivement VRAIMENT pas chaud, même si pas aussi catégorique que je le disais ici.
Mais on remettait ça régulièrement sur le tapis. Je dirais que par rapport à moi elle en avait moins envie, mais avait davantage confiance en nos capacités à assurer que moi.
C'pas très romantique ce que je vais dire. C'pas ainsi que je raconterais l'histoire de sa conception à mon fils.
Un jour elle a parlé de changer de contraception (jusqu'ici c'était la pilule, sauf qu'elle y réagissait de moins en moins bien et qu'elle l'avait oublié deux fois en une semaine) , j'en ait profité pour remettre ça sur le tapis. Est-ce qu'on regretterait pas ? Est-ce qu'on passe à côté de quelque chose ? Etc etc.
On a fini par se dire que de toute façons, on avait été de gros fetards, qu'on était encore de très gros fumeurs, que globalement nos hygiènes de vie avaient surtout été merdique (bcp de travail de nuit, troubles du sommeil me concernant, mauvaise alimentation la concernant, vie stressante en générale), en plus on rajeunissait pas. Bref, que notre fertilité devait laisser à désirer.
Donc voilà, l'idée c'etait qu'elle laisse tomber la contraception orale mais sans en prendre de nouvelles, et on laisse faire la nature, sachant que ça prendra certainement au moins beaucoup de mois, voire des années. Et que si elle est pas enceinte au bout d'un moment (on s'etait donné un an) on verra à ce moment là si ça nous frustre, que ça sera vraiment révélateur et qu'a ce moment là on fera ce qu'il faut dans un sens ou dans l'autre (soit une stérilisation définitive pour moi qu'elle n'ait pu à assumer la charge de la contraception, soit une PMA).
3 semaines plus tard, retard de règles. Pas d'inquiétudes, vu qu'elle a pris la pilule toute sa vie, c'normal que les menstrues soient pas régulières hein. Test de grossesse quand même et... Ah bah si, enceinte. Omygad.
On a pas du tout fait comme dans les films américains à sauter de joie partout. Pendant une semaine, ça a été mind-blowing et crise existentielle. Elle a parlé d'avorter direct, je l'ai pas contredit passionnément. La grossesse étant très récente, ça nous laissait un peu de temps pour nous y faire et voir ce qu'on en pensait. Puis on s'attendait largement à une couille quelques parts, soit à une fausse couche (20% des premières grossesses) soit à un problème pendant le développement (trisomie, ou "votre gamin n'a pas de bras, 7 jambes, un coeur trop petit et 83 paires de chromosomes"). On s'y est fait et on a décidé de le garder. On a stressé un bon mois de si on faisait pas une connerie je dirais. Puis on avait pu de doutes à ce sujet, seulement sur les trucs habituels ("Est-ce qu'on va l'aimer ? ", " et s'il est handicapé ? ", " Et si on est des parents nazes ?", "et si c'était *signe de croix* une fille ?"). Lors de l'echo de contrôle, on était pas du tout enthousiaste encore, la sage-femme a du nous prendre pour des tarés, tellement on tirait des gueules de 12 pieds de long.
Bref, si mon gosse me demande comment il a été conçu, je lui dirais juste qu'on était deux amoureux qui regardaient dans la même direction (la levrette quoi).
C'est un θ, il croyait qu'il était τ, mais en fait il est θ.