Bonne nuit à tous, nous sommes dimanche et je suis ici pour vous livrer le chapitre 2 de cette fic co-écrite. A noter que l'auteur de la publication n'est / ce sera pas toujours celui du chapitre. Vous pourrez essayer de deviner qui a écrit quoi en commentaire, même si on doute du taut de réussite.
fanart de Abysse. Nous le remercions encore !
Les ténèbres et la Lune se bousculaient dans la chambre du vieux retraité en chaussons. L’astre massif s’y invitant à grand-peine ; campant sur une flaque de jus d’orange négligée… car désespérante ; partageant même cette dernière avec les reflets des multiples écrans pendant au bout d’une espèce de structure arachnoïde métallique. Écrans qui scintillaient sans bruit.
Il avait un casque sur la tête. Et un paquet de chips à la main.
Ecran 1 : le journal TV, une liste de criminels interpellés.
Il prit une chips, et la mangea.
Ecran 2 : Le foot.
Il jetait quelques coups d’œil, parfois, au niveau du score. Il avait coupé le son de cet écran-là.
Ecran 3 : La défaite de Cell.
La vidéo passait en boucle. Il en avait décomposé… parcœurisé chaque séquence. Cet écran-là… portait la marque d’un coup de poing impulsif. Et quelques traces de griffures.
Ecran 4 : L’absorption des cyborgs.
Ecran 5 : un montage des défaites respectives de C-19 et C-20.
Il fixa un instant le visage de C-20… et y remarqua une ride grossière.
Instinctivement, il porta une main au même endroit, sur son propre visage…
Ecran 6 : la transformation de Gohan.
Il prit une gorgée de jus d’orange… et détourna son visage de cet écran. Cette séquence-là aussi… il l’a connaissait par cœur et s’était arraché plus d’un cheveu dessus. Déjà qu’il n’en avait plus beaucoup…
Ecran 7 : La destruction du labo.
Son labo. Un grommellement s’échappa de son épaisse moustache.
Il prit une nouvelle chips et la porta à sa bouche dans un craquement cette fois acide.
Ecran 8 : …
Eh merde.
Hiéronimus Gero se leva sèchement, renversant sa chaise sur la flaque qui gisait pitoyablement à sa gauche. Il prit la direction de la cuisine, pour se faire un peu de café. Si tant est que son fils — l’astre de ses vieux jours — n’avait pas caché la boite de précieux pour la remplacer par un pot de chocolat soluble à la con….
En sortant, il débrancha l’alimentation des écrans et referma la porte. A quoi pouvait bien rimer cette autoflagellation quotidienne ? De contempler encore et encore… et encore, son échec, sous toutes les coutures. De chercher à maudire la malchance ou le destin quand il voyait bien qu’en réalité… il avait mal calculé. Voilà tout. Une défaite est toujours un mauvais calcul. Le passionné de poker qu’il était le savait très bien : l’important, ce n’est pas les cartes…
Le bilan était négatif. Peu importe qu’on le lise à l’envers, sous l’eau, ou la tête en bas. Des années de travail envolées. Son labo en fumée. Il ne lui restait plus qu’une vulgaire parodie d’espace de travail… bien peu de matériel. Et bien peu de courage aussi. Pour faire tomber la bande à Goku, en un jour utopique que semblait bouder le calendrier.
Motivation zéro, donc. Il manquait la petite étincelle. Le déclic. Oh, peut-être suffirait-il d’une photo du visage de Goku.
Oui, peut-être. Gero allait essayer, après son café. Il allait fixer l’écran 8 qu’il fuyait toujours du regard. L’écran réservé aux images du n°1 de la bande ennemie, n°1 aujourd’hui trépassé.
Goku ad patres. Ou la seule petite consolation du créateur de Cell.
Consolation complètement gâchée par un minuscule détail qui — aux yeux dudit créateur — faisait bien la taille d’un éléphant dans un couloir. Le sourire que Goku avait affiché… une seconde avant de disparaître. Ce sourire qui hantait les rêves du vieux Hiéronimus… et scellait à jamais ses chances de pouvoir lui-même esquisser un sourire, bien caché sous sa moustache, par respect pour celui et celle qui le regardaient de là-haut, et en face desquels, sans lesquels, il n'avait pas le droit d'être heureux.
Non… Gero pouvait encore sourire. Si, si. D’ailleurs pour se le prouver à lui-même, il sourit à l’instant, sans raison particulière, en même temps qu’il versait le chocolat soluble dans une tasse en céramique. Oui, il avait encore une raison de sourire. Ce fils qu’il avait trouvé… ce fils qui l’avait choisi, lui, malgré l’aigreur manifeste et la désinvolture que Hiéronimus avait ostensiblement affichées ce jour-là, au centre d’adoption. Ce fils qu’il avait failli surnommer Goku… pour se donner une chance d’oublier, de pardonner…
Oui, mais un fils n’en remplace pas un autre. Et Goku, même mort, avait encore deux enfants tout ce qu’il y a de plus joyeux. Tout ce qu’il y a de plus vivants. N’était-ce pas injuste ? Pourquoi ne pas rééquilibrer les comptes ? Oui, pourquoi pas.
Gero quitta la cuisine avec sa tasse encore fumante et s’affala sur le canapé trois places du salon, allumant la télévision au passage. Au cœur de cette pièce, la lune et les ténèbres avaient été terrassées par l’éclairage central de l’appartement au standing somme toute élevé… constitutif du dernier étage d’un immeuble planté aux abords du centre-ville.
Gero grignotait tranquillement un petit tube de chocolat blanc…… lequel se brisa soudain sous la pression de ses doigts. Le cœur du veuf s’accéléra… puis battit à tout rompe. Il tomba à genoux… fixant l’écran d’un regard anéanti.
Un flash-info, en direct. Un train déraillé… un train à la dérive, un train en folie… un train cerné par les hélicoptères qui ne l’empêcheront certainement pas de tomber dans le ravin que sa course surréelle lui destinait.
Gero lâcha un cri du cœur… et se rua vers l’écran plat pour l’agripper violemment des deux mains, collant son nez à l’image horrifique défilant devant ses yeux déjà larmoyants. Ce train… c’était celui de son fils à lui.
C’était celui que prenait toujours son fils, en rentrant de son cours de Karaté, après l’école.
Gero secoua l’écran comme un possédé et hurla pour lui-même. Puis son esprit cartésien lui péta les genoux et le fit s’écrouler au sol.
Plus calmement, Gero glissa une main dans sa poche, en sortit une cigarette… qu’il porta à sa bouche, avant de l’allumer fébrilement.
Il ne paniquait plus.
Ses yeux suivaient la situation en direct, à l’écran.
Il ne pouvait rien faire, sa tête avait déjà brassé 1001 options, en moins de deux secondes… mais aucune ne s’avérait théoriquement concluante. S’exciter ne servait à rien. Il allait simplement suivre ce qui passait à l’écran. Et si ce train tombait… si ce fils-là ne survivait pas… et bien il irait le rejoindre — lui et l’autre — loin de ce monde injuste, loin de cette existence putassière.
Le train glissait encore sur le tapis d’herbe folle. Dans sa course… il avait arraché quantité d’arbres. Certains troncs l’éventraient de part en part. La machinerie entière tanguait désormais, à moitié immergée dans le vide.
Quelques secondes plus tard, l’immense chenille mécanique jouait les funambules sur le fil d’une falaise immense… supplantée par un gouffre qu’on eut cru infini. L’équilibre du titan de fer ne tenait plus qu’à un fil. Si le battement d’aile d’un
papillon au loin le faisait basculer en arrière, alors espoir il y aurait encore. Si une mouche se posait à l’avant… alors c’était la fin des haricots.
Le train bascula en avant.
Les cris quintuplèrent. Gero cherchait nerveusement son fils du regard, au niveau du bord inférieur de l’écran, d’où étaient retransmises les images prises depuis l’intérieur du train, au moyen du téléphone d’un passager. Rien. Gordon n’était visible nulle part.
Le train plongea dans le vide absolu… et Gero sentit son âme suivre précisément la même ligne courbe.
Et soudain… plus rien. Si, il y avait encore des cris. Mais un miracle semblait s’être produit, là, sous les yeux humides du vieux Hiéronimus. L’espace d’un instant, il comprit que sa volonté avait franchi le seuil de l’inexistence pour se matérialiser et stopper l’inexorable chute du train, par magie. Non, pas par magie… Gero fit instinctivement le lien avec les capacités de Chaozu, qu’il venait de se découvrir…
… avant de comprendre qu’il n’en était rien. C’était beaucoup plus simple que ça… si le train ne tombait plus… c’est tout bêtement parce que quelqu’un supportait son poids par en dessous.
La silhouette — qui n’était au départ qu’un petit point noir — finit par se préciser par le miracle du zoom intégré aux caméras des divers reporters couvrant l’incident. Les cris de terreur résiduelle se mêlaient aux acclamations tonitruantes. C’était si fort que Gero crut être lui-même au cœur de l’action, alors qu’il n’était que dans son salon.
Il tituba en arrière au large du parquet… jusqu’à trébucher sur un divan dans lequel il s’enfonça… encore en état de choc.
Il jeta un nouveau coup d’œil à l’écran… pour s’assurer que c’était bien celui qu’il pensait que c’était…
Gohan.
Son Gohan… fils de Son Goku. Venait de ramasser le train au vol… et le déposait à l’instant sur la terre ferme.
Gero se mit à trembler, des jambes… puis des lèvres. Ses yeux couleur café au lait rougirent… et s’embuèrent… et rougirent encore ; et c'est à ce moment pile… que son téléphone sonna. Ce n’était pas Gordon, Hiéronimus ne lui avait jamais acheté de téléphone. Gordon avait une montre dûment customisée à la place. Certainement cassée… vu qu’il ne l’avait pas contacté. Ce n’était pas Gordon… c’était les secours.
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— Merci à vous.Gero referma la porte et accompagna son fils jusqu’à la kitchenette.
Gordon monta sur un tabouret et vit un bol de lait chaud, des gâteaux secs et des fruits à disposition, pour lui. Gero s’assit en face, cigarette en bouche, et détailla Gordon du regard à la recherche de blessures… tout en faisant mine de regarder ailleurs, sachant bien à quel point le petit détestait être épié comme Gero aimait le faire.
— Ha… apparemment tu n’as pas trouvé le café cette fois.
— Sérieusement ? Tu viens d’échapper à une mort certaine… et c’est tout ce que tu trouves à dire ?
— C’était cool. C'est moi qui filmait, c'est pour ça que tu ne m'as pas vu sur l'écran. Mais je crois que je me suis fais pipi dessus quand même.
Un silence perdura quelques petites secondes… avant que père et fils n’éclatent de rire — un craquement largement plus nerveux qu’hilare. Gordon, après avoir mangé, insista pour disputer un bras de fer avec Gero, arguant qu’avec toute l’adrénaline qu’il avait dans le sang, cette fois, il ne pouvait que gagner.
Il perdit. Et alla se coucher une demi-heure plus tard.
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Gero posa lourdement ses deux mains à plat, sur la table au centre de la chambre se voulant la plus lugubre de ce T5. Son laboratoire de fortune. Toujours fermé à clé ; Gordon n’y avait jamais mis pied… du moins Gero l’espérait-il. Il y avait cette fois-là…
Cette fois-là… où il était revenu des courses au supermarché… et — en entrant dans son bureau scellé — avait remarqué un papier incliné vers la gauche à 60°. Lorsqu'il avait vu ce papier pour la dernière fois… il n'était incliné qu'à 40°. C’est que Gero avait une mémoire photographique. C’est que c’était plus qu’embêtant, aussi. Mais c'était peut-être le vent…
Gero avait néanmoins stressé à grosses gouttes, une bonne semaine après ce jour, qui fort heureusement coïncidait avec la période de maintenance du corps de Freezer, lequel se trouvait par conséquent dans une tout autre pièce, d'un tout autre local, un garage, loué pour l'occasion. Gordon n’avait donc pas pu tomber dessus. N'empêche… il y avait encore les écrans bizarres, les câbles partout, les plans de conception des cyborgs, des bombes… ; aussi, toute la semaine, Gero avait-il craint que Gordon ne lui pose la question qui tue : « c'était quoi ces machins, dans ta pièce secrète ? » ; mais rien. Rien. Le vent, donc.
Il fit glisser ses mains, à l’aventure le long de la table à la froide blancheur ; elles dérivèrent au large du visage de Freezer, puis en chutèrent pour patiner sur son torse cireux. Le corps était étendu sur le dos… bardé de câbles, de tubes et tout un tas d’autres implants bigarrés dont Gero s’avouait parfois oublier l’utilité.
Des points de suture longeaient le corps du nihilien, parfois entrecoupés de plaques de métal blanc. Gero venait de poser ce corps — plutôt lourd à porter pour un vieil homme — sur la table à manger… faute de table d’opération. Il le contemplait encore. Le cadeau de Trunks. Ce même Trunks qui n’avait fort heureusement pas eu la bonne idée de vaporiser le corps de l’héritier de Cold, lui préférant un banal découpage en apéricubes, avant de l’oublier… l’abandonnant aux vers et à la poussière.
Le self-service avait bien sûr était trop tentant pour Gero, à l’époque.
Durant les premières heures, le passionné qu’il était avait évidemment perdu toutes ses rides et retrouvé son âme d’enfant. Ce cadeau lui semblait inestimable, miraculeux. Pour un temps, l’intention du revival de Freezer avait concurrencé le reboot du projet Cell… dans le cœur du scientifique. Lequel projet avait été mis en stand-by… Gero ayant cessé d’y croire un beau jour, à force de vérifier l’intérieur de la cuve chaque matin… et de n’y jamais déceler aucun signe de vie. Quelle ne fut sa surprise alors… quand il vit Cell être apparemment achevé en secret par un certain ordinateur, d’une autre époque, et finalement avoir la fin qu’on lui connaissait.
A la mort de Cell… Gero s’en était retourné à son projet n°1, qu’il n’avait d’ailleurs mis en pause que pour suivre sur ses écrans les tribulations des cyborgs finalisés par ce cher C-20 ; puis les frasques de l’être qui se prétendait parfait. A la mort de Cell… Gero en était donc rapidement retourné à son projet favori et s’était tout aussi rapidement laissé aller à fantasmer tout un tas d’objectifs et paliers à atteindre avec le corps de Freezer… comme dépasser C-16. Cell même. Pourquoi pas ? Et plutôt facilement d’ailleurs, avec du bon matériel.
Et une bombe-joker qui cette fois n’aurait aucune chance d’être trouvée ou désactivée.
Rétrospectivement, Cell était bien né d’une banale compilation d’archives vidéo… et de quelques éclats de sang.
Alors là, alors là… qu’est-ce que Gero — et pas son ordinateur — ne pourrait pas faire… avec le corps presque entier du #1 des nihiliens.
Rien. Il allait battre — exploser — tous les records.
Enfin, ça… c’était avant que son laboratoire ne soit détruit et qu’il n’ait à fuir les montagnes en catastrophe, la queue entre les jambes ; abandonnant derrière-lui l’immense majorité de ses ressources… dont ses 4 meilleurs cyborgs… ; les 2 les plus fiables ayant finalement été détruits, à commencer par celui qui sans le savoir se prenait pour lui ; et puis l’autre, le seul au courant de sa double-identité… et surtout le seul qu’il aurait bien aimé revoir.
Les 2 derniers ayant finalement survécu par la force des choses, se réservant ensuite le droit de goûter aux fruits d’une liberté miraculeusement acquise. A eux, il ne tenait rigueur aucune… à chacun de jouer sa partition. C’est sans honte qu’il leur serrerait la main au Paradis. Oui, car Gero se destinait le Paradis. L’Enfer c’est pour les méchants. Ce qu’il n’était évidemment pas.
Et Dieu — tout intelligent qu’il est — serait assurément de cet avis.
Bilan des courses : Trunks lui avait fait un cadeau des plus gracieux — avec le corps de Freezer — mais il lui avait aussi confisqué les ciseaux permettant d’ouvrir correctement le paquet. Gero fut donc contraint d’éventrer ce même paquet avec les doigts… au risque d’en abimer le trop fragile contenu… pour un résultat bien moins intéressant au final.
Enfin… ça dépendait à quel niveau. Gero était quasiment passé d’ordinateurs quantiques super pointus à quelques rouleaux de scotch, une boîte à outil playmobil et du fil de couture. Mais étrangement… il n’avait jamais autant laissé parler sa fibre créatrice qu’en cette circonstance de déche technologique totale. Il avait redécouvert son art… réinventé sa voie. Le robot qu’il avait conçu des restes de Freezer… était bien plus qu’une arme de destruction massive. C’était un bijou de customisation.
Si Gero n’avait jamais pu faire parler sa créativité au niveau de sa voiture — puisqu’étant un nerveux du volant qui rentrait toujours avec une carrosserie défoncée — il s’était lâché en contrepartie sur cette œuvre mythique…… qui assurément serait sa dernière, car il avait un fils à éduquer maintenant. Cette œuvre qu’il nomma C-F… en référence à Freezer mais aussi à « finale ».
Hiéronimus caressait du doigt un interrupteur rustiquement accroché à une barre métallique rouillée. Cet interrupteur qui normalement remettrait ce robot sur pied… si actionné. Robot extérieurement tout en chair ; et — en termes de puissance brute — d’un niveau bien supérieur à celui de feu Mecha-Freezer. Mais tellement moins que Cell… et même un peu moins que C-16…
C-16…
C-16…
Samir…
Gero serra le poing… puis se tint la tête, en proie à diverses images de Gohan se télescopant dans son esprit. Il se dirigea finalement vers l’un des trop nombreux ordinateurs portables de la pièce exigüe, vestiges d’un toc de programmeur (une instruction par fonction) hérité de l’un de ses directeur de thèse les plus illuminés. Ses doigts pianotaient bientôt sur les deux claviers tactiles face à lui. Avant de réveiller C-F… il fallait déjà intégrer la toute dernière fonction du programme de ce dernier. Comme il l’avait fait pour C-16 à l’époque. Cette « fonction racine » qui définissait la priorité n°1 du cyborg reprogrammé.
Pour C-16 cette fonction avait été « détruire Son Goku »… de mémoire. Il était impératif de porter la plus grande attention aux mots choisis. Un robot n’étant pas censé savoir adapter son code à une situation imprévue.
Aujourd’hui, son Goku était mort. Et deux jours plus tôt… voire quelques heures plus tôt, avant l’incident du train… Gero était persuadé de savoir quelle fonction racine il allait implanter dans le code de C-F : « Tuer Gohan ». Oui, quelques heures plus tôt… la question ne se serait même pas posée. Les doigts de Gero se firent hésitants… planant au dessus des touches, se figeant dans le vide parfois. La dernière phrase… il fallait écrire la dernière phrase ! Mais quoi ! Qu’est-ce qu’il fallait écrire !
…………………………… Pardonner ?
Gero figea à nouveau ses doigts au dessus du clavier. Goku avait deux fils. Le plus âgé était quasiment imprenable.
Mais le deuxième… c’était du tout cuit. Ce n’était qu’un bébé… qui trainait dans les bras de sa mère quand Gohan allait à l’école, ayant été scolarisé depuis peu, avec deux classes d’avance d’ailleurs ; moins du fait d'une intelligence singulière qu'en conséquence du travail abattu par sa mère, qui dans son obsession d'éviter à son garçon d'avoir à rougir de ses pairs citadins, l'avait finalement emmené à avoir plusieurs trains d'avance sur les connaissances académiques standards d'un enfant de 13 ans.
Les doigts du vieux Hiéronimus tremblaient… Et le bip d’un appareil l’arracha temporairement à son dilemme. Pour lui en servir un autre complètement inattendu. Gero, médusé, regardait l’écran n°11. Celui qui était raccordé à une installation satellitaire actuellement en orbite autour de la planète rouge. L’une des nombreuses Installations gouvernementales au cœur desquelles Gero avait pu discrètement se frayer un accès… au moyen de quelques pirouettes informatiques. Il s’était ensuite arrangé pour détourner les images… gardant pour lui les vraies… desservant aux autres les séquences qu’il avait préenregistrées.
Certainement à dessein de monnayer l’exclusivité d’une quelconque découverte, à des journaleux.
Il y avait l’image. Et le son. Et ce que Gero captait à cet instant n’était autre qu’un dialogue intelligible… ayant probablement cours au sein de la gigantesque structure ovoïde… en approche du sillage terrien. Gero pensa immédiatement à de nouveaux envahisseurs. En fait, ce n’est pas qu’il y pensa… c’était explicite… vu leur conversation sans grand équivoque.
Et là, arriva une chose des plus étonnantes pour qui n’était pas habitué aux frasques du personnage. Gero passa en l’espace de ¾ de seconde… d’une expression exsangue et consternée à un sourire glacial. Il réfléchissait vite… ceci explique cela.
Gero s’empara d’un microphone et — quelques branchements et ajustements techniques plus tard — tenta d’entrer en communication avec ce qui avait tout l’air d’être la vague n°2 d’invasion de l’empire du froid ; vague jadis menée par Freezer.
Gero se demanda qui ils avaient bien pu trouver comme challenger cette-fois. Freezer en tout cas — ou plutôt C-F — eh bien il était là, justement, à portée… ; et serait même — sauf erreur de calcul — normalement déjà opérationnel pour arpenter les premières marches de l’espace, quelques minutes après le démarrage, le temps de “laisser les moteurs chauffer”.
Gero commença à sentir l’excitation le submerger.
La discussion s’initia. Le scientifique avait dégainé son arsenal rhétorique le plus aiguisé. Tentant de persuader Sorbet de la plus-value qu’il pouvait constituer pour eux. Du fait aussi qu’ils avaient un ennemi commun. Et tant d’autres choses encore. Mais s’il avait pris la peine de ne pas se lancer dans un monologue enflammé… il aurait su bien plus tôt à quelle sauce il était prévu qu’il soit mangé.
— Mais vous allez vous taire deux secondes…
— Oui, j’avais beaucoup de choses intéressantes à dire, voilà tout. Mais j’espère avoir démontré mon engagement, ma bonne foi, et l’apport que je peux représenter à vos yeux. Je connais la fameuse bande du super sayen sur le bout des doigts. Donnez-moi une semaine, votre technologie et votre logistique… et je me moque de savoir quel entrainement ils ont bien pu subir depuis le temps. J’ai déjà échoué face à eux… vous pensez bien que cette fois, je saurai anticiper TOUTES les éventualités et tous les retournements de situation.
— Vous les connaissez bien, ça je n’en doute pas.
— Absolument, par conséquent…
— Vous les connaissez-bien pour la bonne et simple raison que vous faites partie de leur bande, coquin. Me pensez-vous né de la dernière pluie………… Hiéronimus Gero ?
— Que…. quoi… non…. attendez……… attendez… comment connaissez-vous mon nom ?
— Je sais beaucoup de choses. Je ne vous ai pas attendu pour me renseigner sur la Terre. Ni pour envoyer des espions qui auront su retracer les grandes lignes de l'histoire contemporaine de votre planète… lignes dans lesquelles vous êtes, malheureusement pour vous, inscrit en gras et souligné, pour qui sait chercher. Et croyez-moi, vos mini-robots-espions à côté de mes contacts… c'est du pipi de chat. Dites-moi… comment va le petit Gordon ? Bien j’espère.
Gero se figea un instant. Gordon allait bien, là n’était pas la question. L’image du papier incliné à 60° lui était revenue à l'esprit. Il se demanda immédiatement sur quels types d'informations ils avaient mis la main… à part quelques photos, les plans de conception des bombes et des cyborgs… et quelques fiches par ci par là — quasiment impossibles à déchiffrer vu l’écriture de médecin sous antidépresseur — tout ce qui était vraiment important était protégé soit par un mot de passe quasi-impossible à cracker — comme c’était le cas pour les bandes vidéo des écrans aux murs — soit par un
mécanisme incendiaire à la sophistication certaine.De toute façon, même s’ils en avaient fait sauter les codes d’accès, les images diffusées sur les écrans ne pouvaient être manipulées… ou comprises, par un regard profane. Non, définitivement… ils n’avaient mis la main que sur des détails.
— Je ne vous ai pas attendu pour savoir tout ça Hiéronimus... ni pour établir une stratégie prenant en compte TOUTES les éventualités, comme vous dites. C’est mon métier, après tout. Pas un art que vous voudriez improviser dans nos bureaux.
— Balivernes…. Je ne faisais que bluffer… cette stratégie ultime n’existe pas.
— C’est bien…. On progresse.
— Vous êtes en train de me tester ?
— Non, je suis en train d’essayer de vous expliquer, le plus courtoisement du monde… que vous êtes un homme mort… Hiéronimus.
— … Cette partie-là a dû m’échapper alors. Expliquez-vous.
— J’ai déjà expliqué. C’est vous qui n’écoutez pas. Vous faites partie de ce groupe que vous prétendez vouloir décimer. Vous n’êtes rien d’autre qu’un espion à leur solde. Au revoir, Gero. Bien joué quand même…
— Vous débloquez complètement monsieur le crétin… je les hais. Connaissez-vous la définition de la haine ?
— Et #18… ça ne vous dit rien, Hiéronimus ? C’est bien votre création ? Celle-là même qui est mariée à ce guerrier qui certainement est aussi l’un de vos proches amis. Peut-être même avez-vous été le parrain de la petite Maron… ?
— Que……? pffff…. vous êtes tombés sur des photos dans mon bureau et vous êtes partis complètement à côté de la plaque……, nous sommes dans le même camp Sorbet. Je peux tout vous expliquer.
— Non merci. Contentez-vous de mourir en même temps que tous ces nuisibles. Son altesse Winter va descendre sur Terre sous peu. Profitez de vos derniers instants de calme…… et allez prendre un café.
La transmission fut interrompue. Gero tapota rageusement sur son micro… avant de lâcher l’affaire. Il n’avait même pas eu le temps de leur parler de C-F. Peut-être que s’il avait commencé par ça… la discussion aurait pris une autre tournure. Qu’il aurait pu négocier, finasser… et sauver la terre… juste s’il avait commencé par ça, plutôt que de chercher à garder le meilleur pour un coup de pression final. Peut-être. Peut-être pas. Il ne le saurait jamais. Ce qu’il savait par contre… c’est que Sorbet avait menti plusieurs fois durant leur échange. Vraisemblablement… il semblait au courant de la mort de Goku… mais ne savait apparemment rien du fait qu’il existait non pas un mais deux super sayens encore en vie. Il ne savait rien non plus de l’existence de Gohan… ni de sa capacité à passer en super sayen. Encore moins l’existence du niveau 2 de tous les cauchemars.
Autrement dit, certaines des fiches du père adoptif de Gordon — certainement les plus lisibles — avaient étaient déchiffrées d’une manière ou d’une autre… mais ses mots de passe avaient tenu le coup. Il y avait une chose en tout cas à propos de laquelle Sorbet avait vu juste : avec tout ça, Gero avait, non pas envie, mais besoin… d’un café. Et d'une cigarette tant qu'à faire.
Tout de suite.
Et alors qu’il se dirigeait vers la cuisine… son regard se posa hasardeusement sur l’écran d’ordinateur duquel clignotait un curseur…. en attente de la « fonction racine » de C-F. Ce curseur impérieux qui clignotait… lentement… régulièrement… le chant des sirènes, pour tout informaticien, même amateur. Gero sans trop contrôler son propre corps pris la direction du siège de bureau et s’y installa. Tel un fantôme gangréné par ses automatismes… il plaça ses doigts en suspension au dessus du clavier.
Il était temps de boucler ce dossier. Il lui fallait à tout prix un café, vraiment tout de suite. Il allait écrire n’importe quoi…
…vraiment n’importe quoi, la première phrase débile qui lui viendrait en tête.
Et c’est précisément ce qu’il fit.
Nous espérons que ce chapitre vous aura plu autant que le précédent :p Next Update :