par Kame-boy le Mar Nov 16, 2010 19:55
Chapitre IV :
Courga sentait un poids. La pénibilité de ses pas allait en croissant, pourtant il n’y avait aucune raison apparente à cela. Il ne se l’expliquait pas, il se contentait de subir. La ville ne lui semblait plus du tout familière, les tours d’argent ne lui faisaient plus une haie d’honneur mais, au contraire, lui barraient la route. Les fin nuages étaient désormais des nuées d’insectes destructeurs, les chemins dallées et sinueux des reptiles géants ; tout était un potentiel ennemi. Le neveu du roi sursauta. Son ombre avait bougée… Il avait beau courir, elle le suivait toujours ! Alors qu’il n’était plus qu’à un kilomètre du chapiteau, il stoppa net son insensée fuite. Il se retourna vivement à plusieurs reprises, haletant :
- Où es-tu donc passée ?! Montre toi si tu n’es pas une lâche !
Un rire dément, venu de nulle part, fut la seule réponse qu’il obtint.
Courga dû utiliser ses dernières ressources mentales pour reprendre sa route. Son front ruisselait de panique lorsqu’il arriva enfin à destination. Ce qu’il y vit provoqua un sursaut de sa conscience. Au centre de l’arène, un saiyen dont il manquait la queue se trouvait allongé sur le ventre, visiblement inconscient. L’une des épaulettes de son armure avait été détruite, ce qui était déjà incroyable en soi, découvrant une épaule brûlée. À ses côtés se trouvait un combattant à la tunique noire, ouvert quant à lui du mollet jusqu’au pied gauche. Ce n’était pourtant rien comparé à… Quelques mètres plus loin, un homme agenouillé était parcouru de secousses régulières, son corps retenait une émotion, ne la lâchait que par bribes douloureuses. Ses mains labouraient le sol, à défaut de pouvoir se venger sur le ciel. Elles secouaient la terre ocre et la mélangeait ainsi au liquide pourpre, celui dans lequel baignait un être cher. Le frère de Baddack. Salsifi…
Son visage, l’une des rares parties du corps épargnée, était figé dans une expression d’effroi. Qu’avait-il bien pu voir avant de mourir ?! Baddack se leva alors brusquement, sans porter attention au jeune Courga. Il fonça tête baissée vers Bajiri et souleva ce dernier par l’ouverture supérieure de son armure. Il commença à le frapper du poing au niveau de l’estomac, de plus en plus fort, ponctuant ses coups d’accusations fiévreuses et décousues :
- Tu l’as écrasé de ta patte blanche ! Ce n’était pas possible et pourtant tu l’as fait ! Avoue ! Enlève ton camouflage ! Ca ne peut être que toi ! Tu vas regretter de ne vouloir parler !
Baddack arma son poing, haut, son prochain coup n’avait pour autre but que de faire justice. Ses jointures touchèrent avec succès la chair… mais celle de Courga, de la paume de l’adolescent.
- Arrêtez Baddack ! Vous voyez bien que ce saiyen est inconscient et hors d’état de combattre ! Il sera jugé comme il se doit par notre roi Végéta !
Au même moment, un saiyen subalterne prononça lui aussi le nom du seigneur, à quelques kilomètres de là. Sa combinaison bleue-grise était accompagnée d’un plastron blanc à épaulettes courtes, ainsi que d’un scaouteur à l’œil droit, signes tout de même d’un certain statut. Ses cheveux en pagaille n’auraient pu être tolérés longtemps par le roi, ce qui montrait d’office qu’il ne pouvait pas faire partie de sa garde spéciale, ni de sa famille. Il était lui aussi de relative petite taille, un modeste mètre 65, mais c’était bien le seul point commun qui sautait aux yeux.
- Seigneur Végéta ! répéta t-il plus doucement, en s’inclinant avec grand respect. Êtes vous sûr de vouloir emprunter l’une de ses navettes ?
- Oui ! Et envoie le prochain exilé aux mêmes coordonnées que les miennes ! Vite !
- B… bien mon seigneur ! T… tout de suite !
Aussitôt dit, aussitôt fait, la capsule ronde ne se manifestait déjà plus que par un sillon. Le subalterne regarda par précaution l’engin s’éloigner sur ses écrans de contrôle puis se retourna fébrilement. Sans geste brusque. Un terrible fauve était-il derrière lui ? En quelque sorte… D’impressionnantes pupilles au brun rocailleux fixaient le responsable du spatiodrome, sans un battement de cil. Ils appartenaient à un grand guerrier au physique de lutteur. Grand, large, à la peau tannée par l’effort et à l’épi sauvage. Sa queue, libre comme l’air, allait de gauche à droite comme un métronome, semblant ainsi décompter les dernières secondes de tranquillité de ses ennemis. Cette rythmique glauque mettait mal à l’aise le petit saiyen qui, d’un geste peu assuré, invita l’exilé à prendre place dans une capsule. Deux gardiens encadraient le charismatique personnage, mais ne servait qu’à la décoration, tant ce dernier dégageait une aura de liberté. Sans un mot, il s’assit calmement dans la cabine capitonnée et laissa l’un des serviteurs du roi lui placer un masque sur le nez. Un masque qui libérait un gaz anesthésiant. Bien vite endormi, le guerrier pu être manipulé sans crainte. Son plastron marron lui fut enlevé, tout comme sa tunique aux tons voisins, afin qu’il se retrouve nu comme un ver. La suite des préparatifs ne fut que formalité, et l’encombrant « colis », nommé Ginseng d’après l’ordinateur, fut rapidement expédié. Le saiyen à la coiffure désordonné pu enfin souffler. Il échangea avec ses compagnons des regards de connivence, conscient qu’ils n’avaient été que spectateurs de cette scène. Ils planaient, soulagés au point de ne plus penser à rien. Le retour à la réalité n’en fut que plus brutal :
- Kyabetsu ! Tu n’avais pas un rendez-vous important ?! lui demanda un garde et ami.
- Merde ! cria l’homme à la tenue bleue-grise, bondissant aussitôt.
Il était à présent dans les airs et fonçait à toute allure vers l’ouest. Vers la grande cité occidentale, ville des sélections. Il voyait déjà, droit devant lui, le sordide chapiteau darwinien. Le saiyen actionna alors son détecteur mais fut bien vite contraint de l’éteindre, sous le torrent de sonneries stridentes que cela engendra.
- C’est pas vrai, ils sont tous là, ils ont dû commencer la cérémonie sans moi ! J’aurais dû rester dans les parages tout à l’heure, au lieu de vouloir faire tout en même temps. Les assistants c’est pas fait pour les chiens !
Ce dont il ne se doutait pas, c’est qu’à l’intérieur, cet attroupement n’était pas du tout synonyme de fête…
- Accusé, à genoux ! ordonna Courga, debout sur une estrade.
Bajiri, contenant sa frustration et sa colère entre ses dents serrées à l’extrême, obéit à contre cœur. Ainsi, il voyait en contre-plongée les silhouettes dites supérieures : celle du neveu du roi, accompagné de ses désormais collègues, depuis peu membres officiels de la première équipe d’intervention spéciale, sans oublier le héros Baddack. L’un des sélectionnés du jour fut invité à faire quelques pas en avant. Il s’agissait de Kyuuri.
- Dis nous ce que tu as vu ! Bajirisuk est-il coupable selon toi ?
- Et bien, alors que je défendais chèrement ma peau, simple saiyen face à ce guerrier en oozaru, j’ai été aveuglé par une intense lumière. Je n’avais pas encore recouvré la vue que je recevais déjà un terrible coup à l’épaule, illustra Kyurri en montrant sa profonde plaie. La douleur m’a plongée dans un état semi-conscient, mais j’ai tout de même pu entendre de lourds pas s’éloigner de moi et provoquer la colère de Baddack...
- Je voyais une vague mais imposante silhouette fondre sur mon frère. Malgré la douleur qui assaillait mes yeux, faite confiance à mon expérience, l’agresseur était forcement un oozaru !
- Mais ce gorille était-il l’accusé ici présent ?
- Ca ne pouvait être que lui, nous n’étions que 4 dans cette arène !
- Je confirme ! appuya Kyuuri.
- Mais, Baddack, vous disiez que sa patte était blanche, remarqua Courga.
- Avec le recul, je pense que cela était dû à la lumière qui venait d’envahir le stade. Je ne vois pas d’autres explication.
- En ce qui me concerne, j’ai détecté une force de 45 000 unités, qui a disparu d’un seul coup. Elle n’a ni augmentée, ni régressée, pourtant c’est ce que l’on observe d’habitude dans le cas d’une transformation de ce genre. Je me demande aussi quelle magie aurait pu permettre à Bajirisuk de rester oozaru quelques secondes de plus que vous, se demanda l’adolescent.
- Peu importe ! Aucun témoin de cet assistance n’a vu entrer ou sortir quelqu’un, il n’y a donc qu’un accusé possible ! déclara Baddack, prenant à partie la foule de combattants assis dans les tribunes.
Kyuuri garda le silence, ses certitudes vacillaient sous les arguments de Courga.
Celui-ci demanda au présumé coupable :
- Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
- J’ai été également touché par une attaque de ce monstre ! Il me faudra minimum 1 mois pour récupérer l’intégralité de mes moyens !
- Simple supercherie ! Il est facile de viser son propre corps ! réfuta Baddack.
- Je n’avais aucun intérêt à faire cela, j’étais sur le point de gagner ma place dans l’équipe spéciale !
- Mais étais-ce vraiment ton but quand tu t’es présenté aux sélections ? N’étais-ce pas une couverture ?
Devant tant de scepticisme, Bajiri resta sans voix et renonça à se défendre.
- Une réponse qui en dit long… se félicita Baddack, pour appuyer la tête de l’accusé sous l’eau.
Une délibération de quelques secondes eu alors lieu, clôturant un bien rapide procès. Ainsi était la justice saiyenne…
- Bajirisuk, voici le verdict ! Avec 3 voix pour, 1 voix contre et 2 absentions, vous êtes déclaré coupable de meurtre sur la personne de Salsifi, éminent conseillé du roi, et êtes donc condamné à la peine de mort ! assena Courga.
Un silence de circonstance accompagna la sentence.
- Mais je dois faire mon rapport à Sa Majesté, afin qu’elle confirme cette décision. En attendant, le coupable sera emprisonné dans les cellules du palais.
Il se passait justement des événements peu anodins dans la demeure du roi... Une respiration hachée par des plaintes sifflantes y raisonnait. L’une des salles d’entraînement étouffait ce calvaire de ses murs insonorisés. Dans la semi-obscurité, on pouvait voir une forme humaine, au sol, tordue dans un liquide chaud. De l’hémoglobine encore fraîche… Tamato gisait là, luttant intérieurement pour ne pas sombrer, pour ne pas passer du côté mystérieux de la frontière entre deux monde.