Comprenons-nous bien, pardonner, c'est bien. Quelqu'un qui pardonne, c'est quelqu'un de bien. Mais il faut être réaliste! On est humain et on a des limites! Et des fois, dans les fictions moralisantes, c'est juste gerbant de niaiserie tant cela ne paraît pas crédible! C'est encore pire quand des personnages font la morale à un personnage lésé pour qu'il pardonne à la personne lui ayant fait du tort! "Mais c'est ton frère/ta soeur/ton/ta meilleur/e ami/e/ta cousine au 25e degré! Faut lui pardonner! Ce serait con de laisser ça vous séparer, bla bla bla." "La colère te consumera, bla bla bla." J'ai juste envie de leur foutre un pain dans la gueule dans certains cas. Genre, ouais, cela fait une semaine que son frère lui a volé sa copine, mais il faut déjà lui pardonner dès qu'il essaie de dire bonjour au héros en le croisant par hasard. Et tout le monde lui fait la morale pour lui avoir dit d'aller se faire foutre, plutôt que de lui rendre amicalement son bonjour. Et bien sûr, la personne lésée finit par pardonner.
En fait, c'est une fiction que j'ai lu récemment qui a réveillé cette vieille haine pour ce cliché pourri du pardon facile et instantané (et pourtant, je suis pas rancunière comme personne). Un mec fait son coming-out, ses deux meilleurs amis décident de ne plus lui parler, car ils ont peur pour leurs réputations. Et un mois plus tard, après l'avoir royalement ignoré et lui avoir demandé de se barrer les quelques fois où il avait essayé de leur parler, ils débarquent sans prévenir chez lui, car il avait organisé une petite réunion avec d'autres amis, comme si c'était normal: "On nous a dit que tu organisais une petite fête intimiste, alors on est venu." Et tout le monde lui a fait pression pour qu'il accepte que ses deux ex-amis rentrent chez lui et participent à la fête. Et ensuite, ils lui ont fait pression pour qu'il accepte de leur pardonner, alors que pas UNE FOIS, ils ne lui avaient encore demandé pardon, à ce moment-là. Mais apparemment, le simple fait qu'ils viennent, c'était déjà la preuve qu'ils voulaient faire un "effort", soit disant. Ah ben ouais, je suis sûr qu'il est heureux qu'ils arrivent à faire l'incroyable "effort" d'être ses amis... D'autant que c'est un peu facile de débarquer chez lui quand il n'y a personne qui pourrait ruiner leurs précieuses "réputations", de toute façon. Sachant que leurs ex (qui les avaient quittés parce que c'étaient des gros cons homophobes) étaient aussi à cette fête, et qu'ils voulaient retourner avec elles. Le pire, c'est que quand enfin l'un d'eux dit qu'il est "désolé" (et il dit juste ça: "nous sommes désolés de t'avoir ignoré"), le héros leur pardonne comme ça! Easy! Le pire, ils lui ont dit: "On peut pas te promettre d'être toujours super sympa et on fera sûrement encore des trucs un peu dégueulasses, que tu vas pas apprécier, mais on promet quand même de faire un effort." Et le héros de répondre: "L'important, c'est que vous fassiez un effort, alors ok, on est de nouveau amis!

*Soupir.* Bref! C'était l'exemple le plus récent (et quand même particulièrement gratiné) que j'ai lu de ce cliché vraiment débile.
Pour prendre un contre-exemple, qui m'a beaucoup plu, dans le shôjô-manga "Life": L'héroïne est victime d'un harcèlement collectif au lycée (appelé ijime, au Japon), de la part de ses camarades et même de certains profs. Mais soudainement, la prof principale a acquis une conscience. Et alors que le directeur accusait l'héroïne injustement de je ne sais plus quoi, la prof a enfin dit la vérité. Elle révèle l'affaire du harcèlement et sa propre participation à cela. Elle dit toute la vérité et demande pardon à l'héroïne. À ce moment, j'étais moi-même conquis et je n'aurais rien trouvé à redire que l'héroïne pardonne à cette prof qui venait tout bonnement de ruiner sa carrière définitivement pour enfin rendre justice à l'héroïne et la défendre et qui s'est pratiquement mise à genoux en pleurant pour lui demander pardon. Mais l'auteure a fait mieux: L'héroïne n'a pas pu lui pardonner. Elle a ensuite pleuré et s'est confiée à sa meilleure amie, en lui disant que malheureusement, elle était incapable de lui pardonner, même après ce qu'elle avait fait pour l'aider sur la fin. Et sa meilleure amie, ne lui a pas fait la morale, elle lui a juste dit: "C'est normal que tu ne puisse pas lui pardonner. Tu n'as aucune obligation de le faire. Ce qu'elle a fait est trop grave." Ca, c'était quelque chose qui m'a bien plus touché que toutes ces productions qui font l'apologie moralisante et larmoyante, mais totalement irréaliste et culpabilisante du pardon.