Foenidis a écrit:L'art, c'est d'abord l’esthétisme pour accrocher le regard
Non, ce n'est pas l'art. C'est ta relation à l'art, et bien que ça ne discute pas, j'ai de sincères doutes quant à tes capacités à distinguer la nature des choses et la façon dont tu les vois.
En tout cas, et c'est un fait, l'art ce n'est pas du tout, mais alors du tout, d'abord faire quelque chose de beau. Ça ne l'a jamais été.
Teen_Gohan a écrit:je veux bien avoir un avis de connaisseur
Donc, l'art moderne. Déjà, avant toute chose, je ne suis pas un connaisseur du tout : je serais incapable de vous dire pourquoi cette oeuvre-là est digne d'intérêt et pourquoi celle-ci ne l'est pas. Mais, ayant étudié un peu l'art, pas mal de mes préjugés ont été bouleversés et notamment sur l'art moderne - parce que j'en avais aussi, j'ai au moins eu le mérite de ne pas rejeter ce qui pourrait me faire changer d'avis.
Pour faciliter les choses, je ne parlerai que de la peinture mais le principe reste le même.
Pour commencer, il faut bien comprendre le but ultime de l'art :
innover. Au début, c'était relativement facile : on ne peignait que des scènes religieuses. Adam et Ève, l'arche de Noé, tout ça tout ça. Et puis un jour bam, gros concept : et si on peignait autre chose ? Genre... Genre un boulanger qui fait du pain ! Ça ne semble rien maintenant parce qu'évidemment, on a intégré ça depuis des centaines d'années mais à l'époque, il était absolument inconcevable de faire autrement.
Les artistes ont continués à dérouler le fil : et si on peignait autre chose que des gens ? Et si on peignait des objets ?
Et finalement... Et si on ne peignait rien du tout ? Voilà l'abstrait.
Encore une fois, ça a l'air de rien comme ça mais essayez d'imaginer les barrières mentales qu'il faut abattre pour en arriver là : ne rien reproduire !
Pour ce qui est de l'abstrait, des monochromes... Il est vrai que ça a perdu de son intérêt aujourd'hui, parce que voilà, c'est fait... En dehors de la prouesse technique (parce que
oui, c'est très technique, la grande Foenidis qui-sait-tout-mais-non-je-sais-pas-tout-ah-ben-on-dirait-pas aura beau dire le contraire), ça n'a plus grand intérêt artistique ; ou en tout cas, on ne l'a pas encore trouvé !
Mais la question n'est pas vraiment là. À votre avis, pour chacun de ces évolutions, il y a un type qui s'est levé en se disant : "ah ouais ça y est j'ai trouvé comment innover" ? Non. C'est passé à travers des années et des années de tentatives, de recherches, de réflexion. D'essais ratés, énormément. Et croyez-moi, à chaque nouvelle évolution, il y a eu des gens qui ont fait la même réflexion : "l'art, c'est vraiment de la branlette pour bourgeois". Pourtant, qui oserait dire que les peintures de Van Gogh ne sont pas de l'art ? Ou de Monet ?
Seulement, les gens n'étaient pas prêts et c'est normal. On ne peut pas attendre de quelqu'un dont ce n'est pas le métier ni la passion de comprendre aussitôt ce qu'on a mis des années à saisir. C'est là où je veux en venir, c'est que ce n'est pas grave de ne pas comprendre, c'est grave de rejeter en bloc sans vouloir comprendre.
Pour ce qui est de notre art contemporain, de l'art moderne, j'aimerais faire un parallèle avec la science, avec la physique plus particulièrement.
Les bases de la physique sont très simples : rien ne se crée rien ne disparait, tout se transforme, etc. Ça se comprend en quelques minutes, presque spontanément. Mais plus on va aller chercher plus loin, plus ça va se compliquer, plus il faudra s'investir dans l'étude pour comprendre... Moins c'est accessible au néophyte.
Eh bien c'est pareil pour l'art. La base, ce sont des jolis tableaux, de jolies sculptures, ça ne demande pas d'effort pour être apprécié : c'est agréable à l'oeil, point. Mais au même titre que la physique ne pouvait se résumer à quelques lois simples, l'art ne pouvait se résumer éternellement à faire des choses "jolies" (petite parenthèse d'ailleurs, la base de l'art ce n'est pas pour faire joli, ça a surtout rapport avec la religion ou la vie mais certainement pas l'esthétisme, voir les peintures sur les murs des cavernes ou les idoles - l'esthétisme est venu après), il fallait aller chercher plus loin (ou plutôt continuer, voir parenthèse précédente). Et ça, croyez-moi, ça date de bien avant Picasso & co : les tableaux que vous admirez sont chargés de bien + que de jolies couleurs et perspectives !
On en arrive au coeur de ce qui nous intéresse (j'espère que je n'ai perdu personne en route), pourquoi l'art moderne c'est (souvent) du 'portnawak.
Comme la science va tester des théories et se planter régulièrement au fur et à mesure qu'elle essaye et qu'elle découvre, l'art va essayer et se péter régulièrement la gueule. C'est comme tâtonner dans le noir, on se prend les pieds dans le tapis, on tombe, on ne sait pas où on va... Mais on y va, et on finira bien par arriver quelque part un jour. En gros on a besoin d'essayer tout et surtout n'importe quoi pour "voir", voir ce que ça donne et espérer que si ça ne fonctionne pas, d'une manière ou d'une autre ça plante les graines pour quelque chose d'autre, quelque chose qui va porter des fruits.
Alors je ne nie pas, au contraire, l'énooorme part de branlette de l'art moderne. Combien de bouffons profitent de ça pour pisser sur des miroirs et appeler ça de l'art, avec une démarche artistique bidon... Combien de pétés du cul se gargarisent devant leur morve achetée 20000 balles ? Ils existent, il y en a plein et ce n'est pas eux que je défend.
Moi je défend les artistes, les vrais, qui essayent, qui passent des mois à regarder ce qui s'est fait avant eux, ce qui se fait maintenant, à lire des essais, à se documenter... Puis à tester, à faire des croquis, à réfléchir à une démarche, à ce qu'ils veulent montrer, exprimer, faire comprendre ou ressentir à ceux qui verront leur oeuvre... Pour finalement se faire chier sur la gueule par des abruties finies comme Foenidis qui, parce qu'elles savent mieux que tout le monde, se permettent de cracher sur des sujets dont elles ne connaissent rien au lieu de fermer leur gueule pour écouter ceux qui ont quelque chose à apporter.
Moi c'est ça qui me met en rogne, c'est cette négation du travail et de l'investissement, simplement parce qu'on y connait rien et qu'on préfère patauger dans son caca intellectuel, parce que c'est chaud et confortable d'être con.
Encore une fois, j'insiste vraiment dessus, ce n'est pas de ne pas comprendre que je reproche ; c'est de ne pas vouloir comprendre ! Car qu'on ne comprenne pas, c'est plutôt normal et je suis le premier à être dubitatif.
Comme l'a dit San, les oeuvres modernes sont insondables : elles utilisent des codes, un langage qui n'est pas compris du néophyte, de celui qui passe devant. Et je suis bien d'accord que, du coup, ça rend la chose élitiste.
Mais fait-on le même reproche à la physique ? À la chimie ? N'est-ce pas une élite qui peut en comprendre les complexités ? Évidemment on ne choisit pas en physique de rendre l'attraction d'un trou noir compliquée à formuler : mais on ne choisit pas non plus, pas vraiment, en art de rendre les oeuvres insondables. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est le cours des choses, si on veut faire avancer l'art, il faut se spécialiser, il faut complexifier, il faut se détacher de la simplicité... Sinon on tourne en rond et on fait toujours la même chose.
C'est un de mes plus grands regrets d'ailleurs : en expo, au musée, jamais on ne te mettrait un petit encart pour expliquer la démarche de l'artiste, pour parler un peu de ce que tu regardes. Je pense que ça toucherait l'oeuvre car il y aurait un intermédiaire entre l'oeuvre et le spectateur, alors que c'est cette relation directe qui est (parfois) intéressante. Mais je pense sincèrement que l'art moderne aurait beaucoup, beaucoup, beaucoup à gagner à s'expliquer davantage.
Comme je le disais, on ne peut pas passer des années à mûrir une réflexion, demander à des néophytes de la saisir en quelques secondes et les traiter d'obtus parce qu'ils n'y arrivent pas. (et se braquent, probablement parce qu'on les a pris pour des cons)
Je ne suis par contre pas d'accord quand San dit que l'art moderne fait très peu appel au ressenti et à l'émotionnel. Il n'est pas personnellement touché, c'est un fait, ça ne se discute pas, comme le fait que Foenidis n'est pas intéressée par l'art moderne.
L'art moderne s'articule énormément autour des couleurs et de la géométrie de ses éléments (alors pas tout évidemment, mais c'est souvent le cas), et ce n'est pas fait au hasard. Les couleurs ont une âme, on ne les choisit pas au hasard ; nos yeux ne regardent pas une surface au hasard, notre cerveau n'est pas insensible à la disposition des éléments. Et ça, un artiste, un vrai, le prend en compte.
L'art moderne a justement ça de beau et de pénible à la fois : il joue sur un terrain très personnel, donc il sera compliqué de toucher beaucoup de gens et d'atteindre les masses ; mais quand on atteint quelqu'un, on a (je pense) + de chances de l'atteindre plus profondément. Alors on est d'accord ou pas, c'est une théorie, l'important est que vous saisissiez le fond de l'idée.
Voilà en gros ce que j'avais à dire là-dessus. J'espère que je n'ai pas été trop confus et que je n'ai rien oublié, auquel cas je reposterai.
TD;DR: l'art s'est toujours construit sur des essais manqués et n'a jamais avancé en étant compris des masses. Ainsi on a des artistes qui se plantent, pondent des bouses mais plantent les graines qui mèneront un autre artiste vers quelque chose de vraiment novateur... Et de génial.
PS: il n'est pas impossible que j'ai dis de grosses conneries. N'hésitez pas à me corriger ou à ajouter des choses. Foenidis, ne prend pas cette peine, en deux pages tu m'as prouvé au moins quatre fois (voir début du message) que tu ne savais pas de quoi tu parlais mais que tu l'ouvrais quand même, pour changer. Aucun intérêt.