Spoiler
I
Chapitre 6
Tidus
*
Le soleil était encore haut dans le ciel quand l'homme s'approcha de la grille. Il tenait un petit sac en papier gras et regardait anxieusement les gens autour de lui. Des feuilles brunes et oranges couvraient le sol et il les écrasaient sous ses pieds. Le vent soufflait doucement, comme pour rafraîchir les petites silhouettes qui se regroupaient peu à peu. Il s'énerva tout d'un coup, souffla plus fort et agita les arbres : à la pluie de feuilles mortes s'ajouta celle des gouttelettes qui perlaient paresseusement sur les branches, seul vestige de la pluie du matin. Certaines femmes rajustèrent leur écharpe pour couvrir complètement leur cou, des hommes fermaient leur manteau. Certains échangèrent quelques mots, d'autres discutaient même franchement. Les papotages ronflaient doucement dans la quiétude de la fin d'après-midi.
Cette tranquillité fragile ne tarda pas à voler en éclat : des cris, des hurlements, des pieds qui frappent le sol... Le bruit, d'abord faible et distant, se fit de plus en plus proche et assourdissant. Bientôt ils envahirent les lieux et grouillaient de partout. Les enfants se faufilaient entre les jambes des adultes, tenant leur cartable à bout de bras et se précipitant vers leur père, leur mère, voir les deux parfois. Bra ne courait pas mais marchait d'un pas tranquille vers sa nounou : elle manqua pourtant de perdre l'équilibre quand elle s'arrêta net, puis trébucha dans sa course effrénée alors qu'elle courait vers son père qui l'attendait, en lieu et place de la nourrice. Elle se précipita avec tant de force dans l'abdomen de Végéta qu'il dut faire un pas en arrière pour ne pas tomber à la renverse. Ah! Radditz, Nappa et Freezer auraient bien ri en le voyant maintenant : un sourire doux étirant ses lèvres, il soulevait sa fille et la serrait contre lui en lui embrassant le haut du crâne. Il les voyait se tenir les côtes de le voir ainsi : « Je vous emmerde », se dit-il intérieurement. Il posa sa fille au sol et lui tendit le petit sac en papier gras, dont elle sortit un pain au chocolat encore chaud. « J'ai frôlé la mort plus de fois que n'importe qui et je suis allé plus loin que vous tous sur le chemin de la puissance », continuait-il pour les trois qui continuaient de rire en le regardant. « Un « papa-gâteau », hein ? J'ai deux magnifiques enfants et mon nom vivra après moi », assena-t-il. Bra dévorait son pain au chocolat d'une main et tenait celle de son père de l'autre, qui l'entraînait sur le chemin de la maison. « Mon nom vivra après moi et j'ai connu l'Univers comme vous ne l'avez jamais connu, à deux. Vous ne connaîtrez jamais rien de tout ça. »
Végéta serra un peu plus fort la main de sa fille et s'empressa de rentrer chez lui.
Cette tranquillité fragile ne tarda pas à voler en éclat : des cris, des hurlements, des pieds qui frappent le sol... Le bruit, d'abord faible et distant, se fit de plus en plus proche et assourdissant. Bientôt ils envahirent les lieux et grouillaient de partout. Les enfants se faufilaient entre les jambes des adultes, tenant leur cartable à bout de bras et se précipitant vers leur père, leur mère, voir les deux parfois. Bra ne courait pas mais marchait d'un pas tranquille vers sa nounou : elle manqua pourtant de perdre l'équilibre quand elle s'arrêta net, puis trébucha dans sa course effrénée alors qu'elle courait vers son père qui l'attendait, en lieu et place de la nourrice. Elle se précipita avec tant de force dans l'abdomen de Végéta qu'il dut faire un pas en arrière pour ne pas tomber à la renverse. Ah! Radditz, Nappa et Freezer auraient bien ri en le voyant maintenant : un sourire doux étirant ses lèvres, il soulevait sa fille et la serrait contre lui en lui embrassant le haut du crâne. Il les voyait se tenir les côtes de le voir ainsi : « Je vous emmerde », se dit-il intérieurement. Il posa sa fille au sol et lui tendit le petit sac en papier gras, dont elle sortit un pain au chocolat encore chaud. « J'ai frôlé la mort plus de fois que n'importe qui et je suis allé plus loin que vous tous sur le chemin de la puissance », continuait-il pour les trois qui continuaient de rire en le regardant. « Un « papa-gâteau », hein ? J'ai deux magnifiques enfants et mon nom vivra après moi », assena-t-il. Bra dévorait son pain au chocolat d'une main et tenait celle de son père de l'autre, qui l'entraînait sur le chemin de la maison. « Mon nom vivra après moi et j'ai connu l'Univers comme vous ne l'avez jamais connu, à deux. Vous ne connaîtrez jamais rien de tout ça. »
- - Monsieur Brief !
- - Monsieur Brief ! Attendez !
- - Excusez-moi, je n'étais pas sûr que c'était vous mais ma collègue m'a assuré que si ! C'est bien vous, n'est-ce pas ? Le papa de Bra ?
- Heu... Oui, c'est moi.
- - Ah super ! Enfin je vous dis ça, j'étais presque sûr que c'était vous parce qu'on ne laisse pas les petits partir avec n'importe qui, donc... Enfin bref, c'est super que vous soyez là, on ne s'est jamais vus je crois ?
- Non, effectivement. C'est sa mère qui venait la chercher, ou bien sa nourrice mais maintenant ce sera moi.
- Oui, oui oui... Je me présente du coup, je suis Ludivine Kizergarven ! La maîtresse de Bra. Bra, qu'est-ce que tu dirais d'aller voir Mickaëlle ? Hein ? Si tu lui dis que c'est moi qui te l'ai dis, elle te donnera un gâteau. Un cookie. Avec du chocolat.
- - Oui je suis désolé, c'était pas très sympa mais je ne voulais pas parler de ça devant elle.
- Oh.
- Je ne voudrais pas paraître indiscrète, mais... Comment ça va à la maison ? C'est super indiscret, je sais.
- Ça se passe bien. Aussi bien que ça puisse se passer.
- Vous êtes sûr ?
- Il y a un problème avec Bra ?
- Non non ! Justement ! Moi et l'équipe, on s'étonne beaucoup de la voir... Comment dire... Si peu perturbée. Après un événement pareil... Je veux dire, ce n'est pas la première fois que j'ai un petit dans ma classe qui traverse une telle épreuve et je suis absolument épatée de voir qu'elle accuse si peu le coup.
Hmm...
- - Je voudrais tout de même vous dire deux choses. Trois, même. D'abord que vous devriez peut-être consulter un psychologue pour enfant, ou en tout cas la surveiller de très près : extérieurement elle est sans aucun doute très bien mais à titre personnel et professionnel, j'aurais préféré la voir dévastée. Au moins, ce qui se passe intérieurement serait remonté à la surface... Vous voyez ce que je veux dire ?
- Heu, oui. J'y tâcherai.
- Super. Ensuite je veux vous assurer qu'on ne la lâche pas ici, soyez bien sûr qu'on prend soin d'elle et qu'on la surveille.
- D'accord, merci.
- Et euh je n'avais pas prévu de vous dire ça mais j'y ai pensé quand je vous ai vu l'attendre... C'est bien d'être venu la chercher.
- - Ça lui fait du bien, elle était toute contente de vous voir.
- Je viendrai tous les jours maintenant.
- Super. Courage, monsieur Brief.
Végéta serra un peu plus fort la main de sa fille et s'empressa de rentrer chez lui.
* * *
La soirée s'installait doucement sur la Kame House. Gohan regardait sa femme et sa fille jouer ensemble, l'air rêveur. Thomas était sous la douche, dont il avait bien besoin après plusieurs jours de vadrouille. Aucune menace ne semblait planer sur ce petit monde à cet instant, si paisible... Mais la menace planait-elle vraiment ? Elle était si floue, presqu'inconnue. Gohan n'aurait jamais pensé que l'assassinat de Bulma le mènerait à une telle histoire ; il en avait presque oublié la mort de son amie et il serra les poings à ce souvenir. Les larmes lui montaient aux yeux : il était devenu un homme, un père, un mari, un chef de famille et il s'était efforcé de rester fort. Mais au fond de lui, tout au fond, se trouvait encore le petit garçon qui avait traversé tant d'épreuves, si prématurément : il n'était même pas encore pubère qu'il avait vu ses amis mourir devant lui, découvert une nouvelle planète, un nouveau peuple, abandonné son père sur une planète à l'agonie... Et plus tard provoqué sa mort. Il y pensait parfois dans les moments de paix et se demandait s'il était le seul à se souvenir de tout cela. Les choses étaient si différentes aujourd'hui... Bien sûr il aimait ses parents, son mentor, ses amis mais ce n'était rien face à l'amour fou qu'il éprouvait pour sa femme et, bien sûr, pour sa petite fille. Comment ferait-il aujourd'hui face à une véritable attaque, menaçant ses amours ? Une menace... Y en avait-il vraiment ? Il en doutait jusqu'à voir le Kaïohshin dans le livre et cela l'avait convaincu finalement mais... La situation était si floue. Il essuya ses yeux mouillés, expira un grand coup et se leva.
Les semaines suivantes furent consacrées à la recherche d'informations. Comment trouver un enfant en particulier ? Ils n'étaient même pas sûrs de n'en chercher qu'un seul : le livre disait que les descendants de l'Ogre marcheraient « un par un » mais c'était pauvre... En tout cas, il leur fallait en trouver au moins un et ne savaient par quoi commencer. Ils supposaient que, si descendant d'un monstre des prémices de l'Univers, cet enfant serait bien différent des autres. Alors ils harcelaient les services sociaux, les centres d'accueil, les médecins, les psychologues... Peine perdue évidemment puisque personne n'était enclin à livrer des informations personnelles d'une telle manière. Gohan sondait son réseau professionnel par acquis de conscience mais cela ne donnait pas plus de résultat : ses collègues étaient des éthologues, des comportementalistes... Les animaux étaient au centre de leurs recherches, pas les humains.
Puis, un jour, en parcourant encore une fois son carnet d'adresse, Gohan poussa un cri victorieux. Il avait arrêté son doigt sur le nom de Cécile Annaut. Cécile était une de ses anciennes étudiantes qui s'était montrée particulièrement enthousiaste à l'étude de l'intelligence animale ; si enthousiaste qu'elle avait voulu approfondir ses recherches et élargir son champ d'étude jusqu'à l'humain, à son avis pas assez mit à contribution. Elle avait donc interrompu ses études d'éthologie et était partie étudier les sciences cognitives à l'université du Centre. Gohan et elle avait gardés d'excellentes relations et échangeaient des lettres de temps à autres, Gohan suivant avec intérêt les recherches de son ancienne élève, Cécile sollicitant son avis sur son travail.
Je sais qu'elle a travaillé un temps sur les troubles cognitifs de l'enfant, peut-être qu'elle aura une piste à nous donner.
Il attrapa aussitôt le téléphone rudimentaire de Tortue Géniale et composa le numéro noté dans le carnet. Il échangea quelques mots avec la personne qui lui répondit, nota un nouveau de téléphone et réitéra l'opération. Cette fois-ci, ce fut Cécile elle-même qui répondit. Gohan et elle échangèrent quelques banalités avant que Gohan n'entre dans le vif du sujet. Il raccrocha quelques minutes plus tard, l'air enjoué.
Le lendemain, le duo faisait face à une grande maison en briques. Des cris d'enfants montaient du jardin, derrière. Cécile leur avait envoyé ses fichiers, avec les noms et adresses de quelques enfants particulièrement intelligents, capables de réaliser des opérations mathématiques d'une grande complexité et qui parlaient déjà avec une grande fluidité à un âge où on balbutiait à peine. Ils en avaient visités plusieurs déjà, armés d'un mot de Cécile indiquant qu'ils étaient des collègues exécutant un suivi de ses recherches, mais ils n'avaient rien trouvé d'intéressant. Ils ne savaient même pas ce qui serait intéressant... Cela dit, aucun des enfants qu'ils avaient vus jusque là n'était semblable à celui qu'ils s'apprêtaient à rencontrer. Son nom était Tidus et avait attiré l'attention de Cécile par ses capacités alliées à ses incapacités : il refusait d'être touché, restait cloîtré dans sa bulle loin de tout contact social mais, bien qu'ordinairement presque muet, pouvait s'exprimer avec une grande facilité, dévorait toutes sortes de livres, de films, d'émissions de télévision et semblait doué d'une mémoire exceptionnelle. Mais plus encore que tout cela, c'était son obsession à couvrir des feuilles entières de 0 et de 1 : il y consacrait plusieurs heures par jour, chaque jour. Gohan passa le petit portillon à la suite de Red, se griffant aux buissons qui l'encadrait, et monta les deux marches qui menaient à la porte d'entrée. L'instant d'après, la sonnerie retentissait haut et fort dans la maison, montant jusqu'au toit noir et des pas se pressaient pour ouvrir la porte, blanche. Une toute petite femme, aux cheveux roux éclatants et habillée d'un tee-shirt mauve et d'un jean, se tenait devant eux. Gohan se présenta :
Ils tinrent parole et se présentèrent devant la même porte noire quelques jours plus tard. C'est Jacques qui vint leur ouvrir cette fois-ci et les fit s'installer dans le salon. Charlotte n'était pas là mais il ne précisa pas la raison de son absence. Jacques apporta trois tasses de café brûlant et s'assit avec eux :
Les semaines suivantes furent consacrées à la recherche d'informations. Comment trouver un enfant en particulier ? Ils n'étaient même pas sûrs de n'en chercher qu'un seul : le livre disait que les descendants de l'Ogre marcheraient « un par un » mais c'était pauvre... En tout cas, il leur fallait en trouver au moins un et ne savaient par quoi commencer. Ils supposaient que, si descendant d'un monstre des prémices de l'Univers, cet enfant serait bien différent des autres. Alors ils harcelaient les services sociaux, les centres d'accueil, les médecins, les psychologues... Peine perdue évidemment puisque personne n'était enclin à livrer des informations personnelles d'une telle manière. Gohan sondait son réseau professionnel par acquis de conscience mais cela ne donnait pas plus de résultat : ses collègues étaient des éthologues, des comportementalistes... Les animaux étaient au centre de leurs recherches, pas les humains.
Puis, un jour, en parcourant encore une fois son carnet d'adresse, Gohan poussa un cri victorieux. Il avait arrêté son doigt sur le nom de Cécile Annaut. Cécile était une de ses anciennes étudiantes qui s'était montrée particulièrement enthousiaste à l'étude de l'intelligence animale ; si enthousiaste qu'elle avait voulu approfondir ses recherches et élargir son champ d'étude jusqu'à l'humain, à son avis pas assez mit à contribution. Elle avait donc interrompu ses études d'éthologie et était partie étudier les sciences cognitives à l'université du Centre. Gohan et elle avait gardés d'excellentes relations et échangeaient des lettres de temps à autres, Gohan suivant avec intérêt les recherches de son ancienne élève, Cécile sollicitant son avis sur son travail.
Je sais qu'elle a travaillé un temps sur les troubles cognitifs de l'enfant, peut-être qu'elle aura une piste à nous donner.
Il attrapa aussitôt le téléphone rudimentaire de Tortue Géniale et composa le numéro noté dans le carnet. Il échangea quelques mots avec la personne qui lui répondit, nota un nouveau de téléphone et réitéra l'opération. Cette fois-ci, ce fut Cécile elle-même qui répondit. Gohan et elle échangèrent quelques banalités avant que Gohan n'entre dans le vif du sujet. Il raccrocha quelques minutes plus tard, l'air enjoué.
Le lendemain, le duo faisait face à une grande maison en briques. Des cris d'enfants montaient du jardin, derrière. Cécile leur avait envoyé ses fichiers, avec les noms et adresses de quelques enfants particulièrement intelligents, capables de réaliser des opérations mathématiques d'une grande complexité et qui parlaient déjà avec une grande fluidité à un âge où on balbutiait à peine. Ils en avaient visités plusieurs déjà, armés d'un mot de Cécile indiquant qu'ils étaient des collègues exécutant un suivi de ses recherches, mais ils n'avaient rien trouvé d'intéressant. Ils ne savaient même pas ce qui serait intéressant... Cela dit, aucun des enfants qu'ils avaient vus jusque là n'était semblable à celui qu'ils s'apprêtaient à rencontrer. Son nom était Tidus et avait attiré l'attention de Cécile par ses capacités alliées à ses incapacités : il refusait d'être touché, restait cloîtré dans sa bulle loin de tout contact social mais, bien qu'ordinairement presque muet, pouvait s'exprimer avec une grande facilité, dévorait toutes sortes de livres, de films, d'émissions de télévision et semblait doué d'une mémoire exceptionnelle. Mais plus encore que tout cela, c'était son obsession à couvrir des feuilles entières de 0 et de 1 : il y consacrait plusieurs heures par jour, chaque jour. Gohan passa le petit portillon à la suite de Red, se griffant aux buissons qui l'encadrait, et monta les deux marches qui menaient à la porte d'entrée. L'instant d'après, la sonnerie retentissait haut et fort dans la maison, montant jusqu'au toit noir et des pas se pressaient pour ouvrir la porte, blanche. Une toute petite femme, aux cheveux roux éclatants et habillée d'un tee-shirt mauve et d'un jean, se tenait devant eux. Gohan se présenta :
- - Bonjour madame, je... Euh... Mon nom est Gohan Son et mon ami s'appelle Thomas Red. J'espère qu'on ne vous dérange pas.
- Heu non, ça va. Que puis-je pour vous ?
- Eh bien... Nous voudrions voir un de vos enfants, enfin un de ceux dont vous avez la garde. Tidus.
- - Qu'est-ce que vous lui voulez ? Qui êtes-vous ? Je veux dire, au nom de quoi êtes-vous ici aujourd'hui ?
- Juste lui parler, répondit Red. Nous... Nous avons entendu parler de Tidus et de ses particularités, nous pensons pouvoir l'aider. Enfin peut-être.
- Écoutez, intervint Gohan, nous sommes bien conscients que notre présence est incongrue. On veut juste lui parler un peu, en votre présence évidemment. Et euh... Je ne veux pas vous vexer – d'autant que je suis très bien placé pour savoir que les femmes ne sont pas plus faibles que les hommes – mais si cela peut vous rassurer, on peut attendre que votre mari, ou un ami, soit là avec vous, je veux dire, je réalise bien que faire entrer deux inconnus chez vous alors que vous êtes toute seule n'est pas très rassurant mais je vous assure qu...
- C'est bon. Mon mari est là et il vous botterait le cul sans problème, je ne crains pas pour ma sécurité.
- - Vous devez bien comprendre que nous recevons la visite de beaucoup de gens. « Nos » enfants sont des enfants qui ont vécu des choses bien pires que ce vous pouvez imaginer – à nouveau Gohan sourit pour lui-même – ont été abandonnés ou retirés à leurs parents... Certains vivent un cauchemar permanent qui n'existe même pas, sinon dans leur tête. Alors nous recevons beaucoup de psychologues, de scientifiques, des gens qui veulent tester des choses sur eux, des proches qui considèrent qu'avec un coup de poing ils pourront récupérer leur enfant. Nous sommes rodés à ce genre d'exercices et croyez-bien que si les circonstances étaient autres, je vous demanderais de partir.
- - Mais Tidus est différent, vous devez le savoir. Nous désespérons de le voir avancer et – elle hésita – donc nous sommes prêts à essayer tout et n'importe quoi. Sous notre surveillance.
- Je vous promet que nous ne ferons que discuter aujourd'hui.
- Et plus tard ?
- C'est compliqué... Peut-être pouvons nous entrer pour en discuter ?
- - Bonjour, je suis Jacques. Ma femme Charlotte m'a expliqué la raison de votre venue. Je...
- - Attendez !
- - Je... Heu... C'est Tidus, n'est-ce pas ? J'... J'ai un moyen très efficace de le soigner, instantané et sans aucune douleur.
- - C'est sans danger, au contraire. Vous voyez, j'en mange un moi-même ! Bon évidemment là ça ne marche pas parce que je ne suis pas blessé mais sinon...
- - Ah vous voyez, dit Gohan d'un air satisfait en s'approchant de Tidus qui reniflait. Il lui tendit un senzu et dit : tiens, mange ça, ça ira mieux après.
- Laissez votre truc tomber dans sa main. Il n'aime pas qu'on le touche.
- Tiens, garde-les. Mais ne les mange pas tous, c'est très précieux ! Ça soigne tout.
- - On vous avait dit qu'il était spécial. Il n'aime pas trop les inconnus, ça demande souvent un peu de temps pour qu'il s'habitue et en général, on arrive à le faire rester dans le salon mais avec vos... Machins, ça a dû lui faire peur ou le déstabiliser.
- Ah... Tant pis... On peut peut-être revenir demain ? demanda Thomas.
- Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Pas demain, c'est trop tôt. Revenez la semaine prochaine.
Ils tinrent parole et se présentèrent devant la même porte noire quelques jours plus tard. C'est Jacques qui vint leur ouvrir cette fois-ci et les fit s'installer dans le salon. Charlotte n'était pas là mais il ne précisa pas la raison de son absence. Jacques apporta trois tasses de café brûlant et s'assit avec eux :
- - Tidus est dans le jardin avec les autres, ils jouent. Je vais devoir vous faire attendre, je ne veux pas les interrompre : c'est très rare qu'il accepte de jouer avec eux, on saute sur l'occasion chaque fois qu'elle se présente.
- Nous avons cru comprendre qu'il avait des activités... Un peu spéciales ?
- Oui, soupira Jacques en balayant la pièce de la main. Constatez par vous-même, il nous envahit de feuilles... Je sais pas pourquoi il fait ça, personne ne sait. Pas même lui, je pense. Enfin, vous devez le savoir mais beaucoup de personnes brillantes souffrent de ce genre de trouble et il fait preuve d'une intelligence hors du commun... Mais c'est tellement rare qu'il « sorte » de sa tête comme ça, il n'a pas trop l'occasion de la montrer.
- Comment est-ce qu'il est arrivé chez vous ?
- Comme les autres, via les services sociaux. On l'a depuis qu'il a sept ans, c'est à cet âge-là qu'il a été retiré à sa famille : des abrutis finis, des bas du front, de véritables connards... Le genre à avoir du sang bleu et à se marier avec ses cousines pour ne pas le diluer. Je serais pas étonné que ce soit le cas d'ailleurs. Bref... Ses parents le traitaient comme un chien, et je ne suis pas sûr que ses sœurs aient été plus gentilles. Vous imaginez ? Un gamin de sept ans qui ne parle pas, fuit votre regard, fait encore pipi au lit... Ça énerve. Enfin je vous passe les détails mais quand il est arrivé chez nous, on a dû commencer par lui faire comprendre que personne ne lèverai plus jamais la main sur lui. Ça n'a pas été facile...
- J'imagine...
- Il a vu un paquet de psychologues, à l'école il y a quelqu'un qui s'occupe presque exclusivement de lui, ici on fait tout ce qu'on peut pour l'éveiller mais on en a d'autres, c'est pas facile de se consacrer à lui. C'est pour ça que Charlotte et moi, on est un peu... Comment vous dire... Dubitatifs, vous pensez vraiment pour l'aider ? Qu'est-ce que vous avez de plus que les autres ?
- Eh bien... Red hésita.
- - Où est Tidus ? Calmez-vous deux minutes, où est Tidus ? OH ! Il est où ?
- Bah il est parti.
- Parti ‽ Comment ça « parti » ?
⁂