Je viens de me faire une petite semaine Max Brooks : j'ai relu « Guide de Survie en territoire Zombie », j'ai lu « World War Z » et j'ai même enchaîné sur le film du même nom. Je n'ai pas encore acheté « Attaques répertoriées » qui est le troisième livre de Brooks parce que je ne sais pas s'il sera intéressant. (En fait, il y a déjà une section qui porte ce nom dans le guide, donc c'est juste ces histoires illustrées en BD. Si quelqu'un sait si ça vaut le coût, ça m'intéresse)
C'est donc une semaine « Zombie » du XXIème siècle qui, après être passé par le genre de l'horreur, du comique puis être repassé par l'horreur et la tension en devenant des infectés, reviennent au stade de la rationalisation excessive et même je dirais : la mondialisation, une mode lancée par Brooks. (Ou portée par lui en tout cas, c'est sûr)
Commençons donc par le Guide, sorti en 2003 aux States et traduit en 2009 chez nous, c'est donc un bouquin vieux de 10 ans déjà. Je l'avais lu il y a un ou deux ans. Il ne m'avait pas fait bonne impression, ça ne s'est pas amélioré. Brooks est un écrivain américain qui écrit avec le style actuel, c'est à dire quasiment aucun style. Il a bien sûr toujours une bonne excuse : ici, il écrit un guide, dans WWZ, c'est une série de témoignage, dans l'ensemble on comprend, mais n'empêche que c'est tout de même assez pauvre.
Je dirais que le bouquin est à la fois trop peu précis pour être vraiment intéressant et passer pour un vrai guide, et trop peu drôle pour qu'on se poile vraiment. Y a des petites « vannes », des anecdotes et des commentaires sur la nature humaine qui prêtent à sourire mais ça s'arrête honnêtement là. Brooks a tout de même pris le temps de bien se documenter et surtout il a bien réfléchit à ses zombies et à ce qu'on pouvait faire face à eux.
Seul problème : le guide est totalement centré sur les États-Unis d'Amérique, Brooks en est conscient puisqu'il y a plusieurs remarques à ce sujet mais c'est franchement un gros défaut. On parle de Hummer, de différents types de flingues à trouver en magasin, etc. Je pense qu'une grosse partie de l'intérêt du bouquin s'évapore une fois passé la frontière américaine, c'est bien dommage.
On m'avait fait croire que ce bouquin était indispensable pour commencer WWZ (raison pour laquelle je n'avais pas commencé World War avant, si c'était dans la même veine, non merci) mais il s'avère que non, pas du tout. Et si vous n'êtes pas un gros fan de zombie, je vous conseille d'esquiver le Guide pour passer directement à World War Z.
World War Z donc, sorti en 2006 aux States et en 2009 chez nous. Il est bien meilleur. On retrouve la même absence caractéristique de style, puisque c'est une compilation d'interview. Néanmoins, contrairement au Guide, on a ici une véritable histoire que l'on prend tout de même plaisir à suivre et à comprendre même si on en connaît déjà la fin. En gros : une invasion de zombie a eu lieu et l'humanité a bien failli se faire défoncer dans les grandes largeurs. Dix ans plus tard, quelqu'un rédige un rapport pour l'O.N.U, y incluant de nombreux témoignages qui ne sont pas jugés utiles, il décide donc d'en faire un bouquin.
En effet, Brooks n'a peut-être pas un super style, mais il connaît bien son univers, il l'a bien réfléchi et il s'amuse à nous lancer dès le début des petits indices sur la suite des événements. Non pas les attaques de zombie (qui sont certes effrayants mais ne m'ont pas paru être le plus important dans le livre) mais la situation politique post-guerre. On sait ainsi depuis le début que la République Populaire de Chine n'est plus et que l'on se trouve en Fédération Chinoise Unie (Ou un truc du genre)
Au final, Brooks ne traite pas des zombies, dont on ne sait quasiment rien finalement, mais bien des réactions des différents gouvernements du monde à l'invasion et au « virus ». Et ça donne lieu à pas mal de descriptions cocasses, et de réflexion intéressantes. Cependant, on retrouve le même problème qu'avec le Guide : c'est américain à en crever. Autant pour le Guide, c'était pardonnable car l'auteur (fictif, pas Brooks) était américain, autant là le mec est censé représenter l'O.N.U, on pourrait penser qu'il s'intéressait plus précisément que cela à d'autres pays que les USA.
Outre le fait d'être centré sur les USA, l'autre gros problème que cela provoque c'est que toutes les histoires sont incroyablement clichées dès que l'on s'éloigne des Etats-Unis. Et évidemment, le pays qui souffre le plus de ces clichés, c'est bien sûr la Mère Patrie, la Sainte Russie. On y a donc, opposé à la rigueur militaire américaine, une reconquête beaucoup plus bourrine. Et c'est complètement con.. Mais très bon. C'est vraiment un petit plaisir coupable et un peu débile d'imaginer ces clichés ambulant : les Russes ressortant le surplus de l'Armée Rouge pour aller poutrer du zombie par paquet de cent. C'est con, mais ça marche bien. Je vous fait pas le détail des autres pays mais c'est dans la même veine. La Chine a un développement un peu plus intéressante et moins prévisible mais ça reste très simpliste. (C'est d'ailleurs le pays sur lequel on s'attarde le plus avec les States, je dirais. Quelque chose comme : States, Chine, Russie.)
La France a droit à un chapitre qui se focalise sur Paris (ô surprise) et ses catacombes, mais il y a aussi beaucoup de références à notre pays dans le bouquin. Dans l'ensemble, on s'en est pas trop mal tiré (Cocorico) Donc on évite un peu le gros cliché de l'Amérique qui sauve le monde (même si on a quand même droit au beau discours du président américain)
Petit détail que j'ai bien aimé : il y a pas mal de figures historiques mentionnées, pas toutes explicitement, et c'est assez sympa de les trouver. (Encore une fois, surtout pour les amerloques, les autres sont plutôt évidentes) Je ne sais pas si le but est de rendre le bouquin « intemporel » (Probablement pas : Fidel Castro est clairement nommé) mais c'est tout de même sympathique je trouve.
Mon plus gros bémol sera quand même que malgré le nombre de témoignages, ils se ressemblent tous au niveau du style alors qu'il aurait été possible de mettre à profit cette multiplicité de personnage pour créer quelque chose de plus hétérogènes. Là il n'y a qu'un seul témoignage qui se détache vraiment des autres, et c'est pas franchement glorieux. (Pour ceux qui ont lu, je parle de la femme-enfant.)
Dans l'ensemble, j'ai quand même bien aimé. C'est pas un chef-d’œuvre, mais ça se dévore bien, ça se lit vite et facilement. Si vous aimez les histoires de zombie, je pense que c'est un must-have. Sinon, eh bien si vous avez un peu d'argent à mettre dans un truc à la con qui se lit vite, vous pouvez y aller.
Évidemment, après avoir lu le bouquin, je me suis dit que je pouvais bien tenter de me mater le film. Mais ça, j'en parle dans le topic approprié :
Ici