Hello
Joyeuses fêtes à tous,
Voici mon cadeau à vous tous, avec un peu de retard
Avec mes remerciements à Tonay et Niic pour leurs relectures.
Chapitre 83 : Espoirs déçusPlanète Ice 14, Ice 14 M-CityLes oreilles de Dagalat bourdonnaient à cause du surcroît de pression causé pas sa baisse d'altitude. L’ascenseur dans lequel il se trouvait chutait à grande vitesse.
Bientôt il s'enfoncerait même dans les entrailles de la planète.
La vitesse de la cabine ralentit, puis elle s’arrêta sans secousse. L'écran déflecteur opaque se volatilisa et le haut fonctionnaire s'avança sans hésitation dans un couloir large à l'éclairage agréable.
-Seigneur Dagalat !
L'administrateur continua son chemin, sans s’arrêter ni répondre à la salutation du pauvre planton posté à la sortie de l'ascenseur. Son attention et son regard étaient fixés sur la lourde porte métallique devant lui, qui se rapprochait inexorablement.
Dagalat arrêta son pas martial juste devant la porte. Il hésita un instant avant d'en activer l'ouverture. Ce qui allait se jouer dans cette pièce était d'une importance cruciale pour leur avenir à tous.
Cela faisait plusieurs semaines que le gouverneur Filk s'était absenté. Sa présence était requise pour le conclave, sommet du plus haut niveau qui regroupait les principaux seigneurs de l'intendance impériale. Durant l'absence du gouverneur, la charge des opérations militaires lui incombait entièrement. En d'autres circonstances il s'en serait réjoui, tant cela lui offrait de nombreuses prérogatives. Cependant, le conclave sur Ice 3 s'était prolongé et son supérieur n'avait pas pu revenir à temps pour le lancement de "l'Opération Choc". Il devrait donc rendre compte de son déroulement, et cette perspective lui déplaisait fortement. En cas d'accroc, les autres administrateurs ne manqueraient pas de persifler et de le dénigrer pour s'attirer les faveurs du gouverneur.
Dagalat prit une longue inspiration et retint son souffle durant de longues secondes. Puis il expira et posa sa main sur une plaque noire fixée sur la porte. Celle-ci coulissa après un clic, le laissant pénétrer dans une pièce pleine de monde où il fut immédiatement interpellé :
-Administrateur Dagalat, vous êtes en retard !
-Je sais bien, administrateur Dophus. Mais il se trouve que j'ai certaines responsabilités qui nécessitent ma présence ailleurs.
Dagalat n'avait nullement l'intention de s'excuser. S'il montrait un signe de faiblesse, les choses risquaient de tourner à la catastrophe. Heureusement, le chef du spatioport vint rapidement calmer le jeu.
-Dophus, Dagalat, la situation est bien trop critique pour que l'on s'écharpe sur ce genre de trivialités.
-Absolument, confirma Dagalat.
Il prit place dans le siège qui lui était destiné et se concentra sur le déroulement de l'opération « Choc ». Celle qui devait les débarrasser définitivement de la menace Bojack.
Les principaux responsables du secteur impérial dirigé par Filk, sept individus, se trouvaient actuellement dans cette salle ovale. La pièce, simple salle d'un complexe souterrain ultra sécurisé, avait été transformée en véritable poste de communication, avec vingt techniciens et assistants pour veiller à la bonne transmission des informations et de la vidéo.
Vidéo transmise sur un écran géant qui faisait face aux sièges des dignitaires impériaux.
Mais l'écran ne montrait pour l'instant qu'une planète esseulée dans l'espace.
-Vous arrivez à point Dagalat. L'opération va débuter sous peu.
Kolyos n'ajouta rien de plus.
Dagalat prit son mal en patience. Mais la pression montait tranquillement en lui.
Elle montait car la situation était grave. Très grave.
Bojack s'était révélé être plus qu'un simple brigand ou criminel. Il était la tête de proue d'un groupe de cinq individus de la même race que lui, connus sous le nom de « Gang Bojack »
Car ils formaient un gang, une équipe d’individus dangereux.
Partout où ils étaient passés, Bojack et ses sbires n'avaient semé que désolation et atrocités, s'adonnant sans retenue aux rapines, massacres, pillages, vols, tortures et viols.
Jamais personne dans tout l'espace n'avait fait preuve d'une telle barbarie, même les criminels ashkourates. Les récits de ceux qui avaient pu fuir Ice 29 à temps faisaient froid dans le dos. Même pour lui, pourtant de la vieille école.
Bojack avait pris la planète Ice 29, devenue sa place forte depuis. Lui, ses comparses et les renégats à ses ordres lançaient leurs raides et leurs razzias à partir de ce monde, saccageant ou conquérant les autres. Cela avait été le cas pour la planète Ice 28, proche d'Ice 29, sous la coupe d'une générale de Bojack, la criminelle Zangya.
Mais la barbarie de Bojack n'était pas ce qui les effrayait le plus, ni sa puissance insondable et probablement gigantesque, mais le magnétisme que cet individu dégageait. Le criminel semblait être en passe de réussir le tour de force d'agréger les pires criminels et rebelles du secteur en un mouvement unifié. Par la séduction du mal.
Aucun des commandos déployés contre lui n'avaient pu l’arrêter. Les commandos de classe D, C et B présents sur Ice 29 avaient échoué à repousser Bojack.
Les plus redoutables commandos de classe B envoyés pour reprendre la planète avaient été balayés à leur tour.
La première mesure de puissance fiable de Bojack avait été de 100 000. Les commandos ultérieurs, équipés de détecteur haute sensibilité, avaient mesurés des puissances de plus de 250 000. Avant d'exploser.
250 000.
Bien plus que la moyenne des commandos de classe A. C'était un nombre comparable à ceux de leurs meilleurs éléments.
Mais était-ce là sa puissance maximale ? Les meilleurs détecteurs ne montaient pas au dessus de 400 000. Au delà, des calculateurs spéciaux étaient requis pour déterminer ces niveaux de puissance exceptionnels.
De niveaux de puissance digne des seigneurs Freezer, Cooler et Cold.
Pour répondre à cette menace inédite pour l'empire, les plus hauts dirigeants du secteur avaient préparé cette opération, avec l'accord du gouverneur Filk bien entendu.
Les populations sous leur autorité n'avaient pas perçu la gravité de la situation, grâce à un contrôle strict de l'information. Sans cela, la panique se serait déjà répandue.
Mais si l'élimination de Bojack échouait et que cela se savait, la position de Filk au sein du conclave impériale serait en danger, de même que leur secteur tout entier.
Vu l'ampleur du dispositif mis en place, l'échec était n'était pas envisageable.
Sinon...
L'éclairage de la pièce baissa d'intensité, laissant place à une ambiance plus tamisée.
L'environnement sombre autour de la planète Ice 29 se fit plus précis. On distinguait des points autour de celle-ci, probablement des vaisseaux en orbite.
La planète grossit légèrement... Signe que la phase finale allait être enclenchée sous peu.
La tension montait d'un cran pour Dagalat, ses homologues, et les techniciens présents dans la pièce.
-Ça y est, c'est parti ! dit Dophus.
À raison : un groupe de cinq étoiles filantes apparut sur les bords de la projection et se dirigeait vers la planète. Un autre groupe fut visible quelques instant plus tard, venant d'une direction différente du premier. Puis un troisième, un quatrième et enfin un cinquième.
Les capsules des cinq commandos de classe A progressaient pour atteindre Ice 29. Elle devaient atteindre leur but très bientôt, si elles n'étaient pas désintégrées dans l'espace par des tirs de canon anti-orbital.
La tension augmenta encore d'un cran supplémentaire.
Les vingt cinq capsules allaient-elles atteindre sans encombre la surface de la planète?
Bojack n'avait jusqu'à présent pas fait usage de ce moyen de défense pour contrer les précédentes attaques, mais avait-il changé de politique...
-Pfiouuu
Dophus marqua bruyamment son soulagement quand les vingt-cinq étoiles filantes furent absorbées par la planète.
Bojack ne se méfiait toujours pas des vaisseaux inconnus qui pouvaient envahir « son » monde. Pour Dagalat, c'était clair : cette arrogance le perdrait tôt au tard.
La première phase de l'opération, l'infiltration des commandos d'élite sur Ice 29, s'était déroulée sans anicroches. Mais le plus dur était à venir.
La vue de l'écran changea. Deux bandes firent leur apparitions sur les bords latéraux.
La bande de droite présentait une vue schématique de la planète avec différents points : les commandos de l'empire et les cibles à anéantir.
La bande de gauche était divisée en carrés présentant chacun une image différentes. Les images que voyaient les membres des commandos qui portaient un détecteur -retransmetteur, avec le son en prime :
-Commando Rentork prêt au déploiement. La cible Gokua est identifiée. Nous allons procéder à son extraction.
-Commando Brayel prêt à intervenir sur la cible principale.
-Commando Shintkis, en renfort du commando Brayel,
-Idem pour le commando Zokora,
-Commando Azla'kté, en attente pour intervention de support. Les différentes troupes s'éparpillèrent vers leur objectif.
-La phase deux s'est déroulée sans encombre. Bojack et Gokua ont été localisés...
-Si eux ont identifié Bojack , alors lui aussi les a repérés, Dophus.
Le point vert représentant une cible ennemie, vers lequel quinze points rouges convergeaient, avait effectivement bougé.
-Nos guerriers seront bientôt au contact. Nous serons fixés dans quelques secondes, dit Kolyos, aux gouttes de sueur parfaitement visibles sur son front vert et ridé.
La tension était à son comble.
Tension légèrement abaissée par l'intervention du rapporteur du commando Rentork :
-Contact effectué avec la cible « Gokua ». L’engagement est en cours. Nous avons le dessus... Il n'est pas une menace.... Le niveau maximal de la cible est de... 120 000 unités environ. Les images transmises par le rapporteur du groupe anti-Gokua, des explosions et des déplacements hyper rapides, ne parlèrent pas aux membres de l'assemblée. Mais ces derniers étaient assez avertis pour voir, entre deux attaques, que leurs élites étaient en pleine forme.
-Pffiou ! Une bonne chose de faite ! Au moins un objectif d'atteint ! intervint encore Dophus.
-Ce n'est pas la cible principale. Il faut attendre de voir pour Bojack, le tempéra Dagalat.
L'attente ne fut pas longue.
-
Nous sommes entrés en contact avec la cible prioritaire, fit la voix d'un commando.
Tout le monde se tut dans la pièce, figé.
Seul le ronronnement des machines prouvait qu'il y avait de l'activité.
C'était l'instant fatidique.
Les images transmises par trois commandos différents furent agrandies.
Toutes montraient l'être à abattre, le fléau impérial : Bojack.
La projection, composée d'images prises à trois endroits et zooms différents, permettait de détailler très nettement le criminel : bras croisés sur son torse, il était vêtu d'une combinaison noire, avec les protections, gants, plastrons, bottes et détecteur qui équipaient normalement les commandos de classe B.
-Ce salaud se sert sur nos morts ! fulmina Dophus.
Les autres, noyés dans le stress de l'instant présent, n'ajoutèrent rien.
Bojack était aussi imposant et massif qu'ils avaient pu le voir sur d'autres holos et vidéos.
Il semblait parlementer avec le capitaine Brayel, posté à quelques mètres en face de lui.
Les combattants transmettant l'opération étaient trop loin pour qu'ils entendent ce qu'ils se disaient. Les sommations d'usage, normalement...
Un commando informateur prit la parole
-Le niveau maximal de la cible est de.....Le silence fut de nouveau complet dans l'attente de l'information capitale...
-... 100... 150.... 180....le niveau mesuré ne cesse de monter....Celle qui signifierait le succès ou l'échec de l'opération
-200 !.... 240 !... 280 ! Mon détecteur ! Mon détecteur est bloqué ! Je...Bojack avait lentement décroisé ses bras.
Il disparut ensuite, en même temps que Brayel.
*BRAOUUUMM !*Le bruit de l'explosion fut assez fort pour être capté par les détecteurs de ceux qui transmettaient.
Les plans fixent disparurent, remplacés par les mouvements super soniques de la fureur du combat.
Le pire s'était concrétisé
Bojack n'était pas aussi puissant que le chef de tous les commandos, qui tournait autour de 290 000. Mais s'il pouvait monter plus haut encore...
Dagalat se contorsionna sur sa chaise. Les autres faisaient de même.
Dophus restait inexplicablement calme. Son visage bleu nuit avait pourtant viré au gris clair, signe d'une émotion intense pour ceux de son espèce.
Personne ne pipait mot.
Mais les transmissions des guerriers d'élite déchiraient le silence par leur violence et leur implacabilité :
-La cible est engagée ! La cible est engagée !-Il ! Il est aussi puissant que décrit, sinon plus !
-Demande renforts du commando Azla'kté ! Demande renforts de ….PchhhhhhhhhhhL'image d'un des trois carrés disparut, remplacée par un écran bleu, prélude à l'inimaginable :
-Nous sommes débordés ! Nous sommes débordés ! Le capitaine Brayel a été vaincu ! Nous devons évacuer ! Nous devons év...PschhhhhhhhhhhUn deuxième écran bleu prit la place d'une retransmission.
L'impensable, l'inenvisageable : leurs plus puissants commandos d'élite étaient en passe d'être battus.
Dans la salle de contrôle, les esprits s’échauffaient. Le silence laissait place à la stupeur et la sidération à mesure que le fiasco prenait forme.
-Ce Bojack est donc inatteignable ! Nous avons pourtant donné tout ce qu'on avait!
-Calmez-vous Dophus. Reprenez-vous ! intima Kolyos. -Nous avons quand même mis la main sur un lieutenant de Bojack.
-Dophus est peut-être véhément, mais son commentaire n'est pas sans fondement ! intervint Dagalat. Nos élites sont en passes d'êtres balayés ! Et les troupes d'élites des autres gouvernorats ne sont pas beaucoup plus fortes que les nôtres ! Bojack est une menace pour l'empire tout entier!
La dernière affirmation de Dagalat laissa ses pairs groguis en leur faisant réaliser la gravité de la situation.
La continuité de l'empire était remise en question.
La bataille s'achevait sur Ice 29.
Le quatrième commando, parti en renfort soutenir les trois autres avait été laminé à son tour.
D'autres alliés du criminel avaient harcelé la troupe qui avait capturé Gokua le temps que leur maître vienne le délivrer.
Un membre du dernier commando avait réussi à survivre et transmettait encore, cherchant son salut vers une capsule pour fuir. Mais il fut repéré par Bojack qui le neutralisa sans détruire son détecteur.
S'en suivit ce que personne n'aurait pu prévoir : le détecteur du guerrier de l'empire fut retiré de son propriétaire par Bojack, qui maintint l'appareil à bout de bras, visière tournée vers son visage, couvert de sang. Et il parla :
-À vous, les gros lards qui commandent sans prendre aucun risque. Je savais tout au sujet de votre stupide opération. Vos soldats étaient un peu plus forts que les lavettes de la dernière fois, mais bon, des gus qui se la pètent en armure, j'en ai maté plus d'un ! J'espère que vous m’enverrez des gens plus amusants la prochaine fois ! Ah zut ! C'était censé être les plus forts !
Les impériaux se recroquevillèrent dans leurs fauteuils, comme si leur cauchemar allait bondir de l'écran pour se jeter sur eux.
-Rassurez-vous, moi aussi je vous ai préparé une petite surprise ! Vous devriez la voir très bientôt ! Vous pensez quand même pas que je sois resté là à rien faire ! Allez amusez-vous bien ! Ha ha ha ha ha ! Le détecteur tomba, sûrement lâché par Bojack qui l'écrasa sous sa botte.
Le dernier carré actif vira au bleu.
Personne ne dit rien.
Personne ne se sentit le courage de parler après une telle débâcle.
Pourtant...
-Il nous prépare une surprise ?! Il ose nous menacer cette enflure! rugit Dophus.
Il avait donné le départ pour le charivari. Chacun y alla de son petit commentaire:
-Nous devons mettre toutes nos troupes en alerte maximale ! Sur tous les mondes de nos secteurs. Et alerter le conclave !
-Attendons le retour du Gouverneur Filk avant de décider de la marche à suivre.
-La marche à suivre ? Nos meilleurs troupes n'ont pas suffit ! Il faut alerter toute l'intenda...
La porte principale de la salle explosa, défoncée par un garde frénétique:
-On nous attaque ! La ville est sur le point de tomber!
La nouvelle prit de cours toute l'assemblée, coupée des événements extérieurs dans son bunker souterrain.
Le garde hurla de plus belle !
-Les troupes d'élite la combattent mais ils ne pourront pas la retenir très longtemps ! Nous devons fuir !
-La retenir ? demanda Dophus.
-Zangya! La criminelle affiliée à Bojack!
La panique fondit sur Dophus et ses pairs.
Dagalat se décomposa. Zangya, qui était censée occuper la planète Ice 28.
Comment diable avait-elle... La surprise de Bojack...
Le Seigneur Filk allait revenir sur une planète conquise. Il demanderait sa tête pour cela.
S'il n'avait pas déjà été assassiné par la criminelle...
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Planète Dorkas ( anciennement Freezer 59)L'air était plutôt frais sur cette planète au ciel jaune criard. Heureusement que ses habitants étaient chaleureux, ça compensait.
Omabadiak avait quitté le marché et rentrait chez elle.
Son « chez elle », c'était sa capsule.
Sans le sou, les autorités de Dorkas, lui avaient alloué un garage pour entreposer son moyen de transport, avec interdiction de dormir ailleurs avant que sa vérification d'identité ne soit achevée.
L'administration dorkassiène avait arraisonné sa capsule dans l'espace et s'était montrée très méfiante à son égard. Normal d’éveiller la suspicion, quand on débarquait dans une navette des anciens envahisseurs.
Mais la combattante ostoragienne avait désamorcé la situation en leur racontant une bien belle histoire. La sienne, la vraie : celle de leur débarquement, de leur combat et de leur fuite éperdue d'Ice 127.
Et ça avait marché. Les dorkassiens devinrent moins circonspects et l'autorisèrent à séjourner parmi eux. Et voilà, elle se trouvait seule sur ce nouveau monde.
Seule? Pas vraiment. La planète était densément peuplée, même pour une fille de la ville comme elle.
Le choc culturel fut en revanche assez fort. Elle n'avait pas eu le temps de le ressentir sur Ice 127. Ils avaient été trop occupés à se défaire de ceux qui voulaient les faire prisonniers.
Mais là ! Tout ce monde ! Tant de races et espèces différentes, qui semblaient pourtant vivre en harmonie ! C'était vraiment impressionnant. De même que l'activité qui régnait, soutenue par une population industrieuse.
Omabadiak avait craint de ne pas faire « couleur locale» et d'être repérée comme « étrangère », mais la diversité des êtres était si importante qu'elle passait vraiment inaperçue :
Il y avait vraiment de tout : des mammifères, des insectoïdes, des êtres mi-animaux mi-plantes... À plusieurs pieds et plusieurs bras, bien plus que les quatre pauvres appendices ostoragiens.
Il y avait aussi une nouvelle espèce qu'elle n'avait jamais vue auparavant, les autochtones de cette planète à ce qu'elle avait compris. Parfaitement ostoroïdes, leur pilosité était limitée au sommet de leur crane, contrairement aux siens qui possédaient un pelage sur tout le corps.
Les humains, comme on les appelait, avaient des traits faciaux ressemblant un peu à ceux du monstre Cell, leurs yeux, bouches et nez notamment. Apparemment ce genre de conformation était répandue dans l'espace, pas que chez cette espèce.
L'architecture était aussi bien différente de celle de son monde natal. Les indigènes de Dorkass affectionnaient les couleurs sombres et la ville ressemblait, de haut, à une immense tache noire grignotant la végétation verte autour d'elle.
Heureusement la fonction faisait les bâtiments : une personne un tant soit peu intelligente pouvait deviner rien qu'à leurs formes l'astroport, les édifices officiels ou gouvernementaux.
La guerrière en mission avait prit soin d'emporter des réserves de nourriture avant de quitter Oswalgaren et Omeday. Durian lui avait bien fourni des « cartes » comprenant des « crédits » de monnaie impériale, mais elle préférait garder ces devises pour autre chose que se sustenter. Les goûts culinaires des dorkassien étaient si… Éloignés des siens, pour ne pas dire infects !
Ses réserves de mets ostoragiens allaient en s’amenuisant. Mais les autres l'auraient rejointe avant qu'elle ne les épuise entièrement.
Omabadiak n'eut de surcroît pas de grande difficultés de compréhension, tous parlaient la même langue, avec des différences de prononciation et d'accents plus ou moins marquées.
C'était étrange d'ailleurs, scientifiquement impossible que tant de peuples éloignés puissent se comprendre et parler quasiment la même langue. Un mystère de plus de cette étrange galaxie...
La survivante Ostoragienne avait profité de son temps libre pour en savoir plus sur la planète et son environnement, de même que ce qui se passait dans l'espace. Elle avait glané quelques informations, mais pas beaucoup plus que ce que Durian leur avait appris.
Durian... Le guignol déserteur ne leur avait pas menti. Les dorkassien s'étaient débarrassés de la dictature de Freezer et avaient accédé à leur indépendance, qu'ils défendaient farouchement.
Ils étaient en guerre larvée contre leurs anciens maîtres, qui n'avaient pas tenté de restaurer leur autorité, trop occupés à combattre leur ennemi principal, l'Union des mondes libres.
Les dorkassiens avaient beau chérir leur liberté, ils n'étaient pas stupides. Ils avaient formé et intégré, avec une quinzaine de mondes proches d'eux, une sorte de fédération indépendante et neutre. C'était la moindre des choses pour résister aux multiples menaces qui planaient dans cette galaxie à feu et à sang. Les mondes téméraires qui avaient tenté une aventure solitaire étaient vites tombés sous la coupe de puissances vraiment détestables, comme les ashkourates ou les brivik, encore moins recommandables que l'intendance de l'empire. Les dorkassiens n'étaient pas hostiles à l'Union des mondes libres, mais semblaient se méfier de ses prétentions hégémoniques. Une ambassade de l'Union était même établie sur la planète.
Bref, Dorkas réussissait à maintenir une certaine paix dans cet environnement galactique tourmenté. Cette planète serait idéale si jamais...
Omabadiak se refusa de penser au pire. Anticiper la catastrophe ne l'aiderait en rien. Il fallait attendre les informations d'Oswalgaren et Omeday.
Dans quelques instants, puisque ce serait l'heure du contact journalier.
Ses compatriotes n'avaient pas rencontré de problèmes durant leur voyage de retour vers leur planète natale. Il devaient l'avoir atteinte maintenant.
Et lui dire si le terrible Cell avait tenu sa promesse : les massacrer jusqu'au dernier...
Omadadiak avait rejoint et pris place dans sa capsule depuis longtemps, se préparant mentalement à l'appel fatidique. L'appel de l'espoir. Ou de la...
Elle actionna brutalement le dispositif qui lui permettait d'entrer en communication avec le vaisseau de ses amis, comme Durian le lui avait appris.
Après quelques minutes de silence, les hauts parleurs émirent un le bruissement caractéristique d'un début de communication.
-PSCHHHHHH...Omab ? -Oswal ? Oui, c'est moi.
-Pschhh....Très bien... Pschhh...La qualité de la communication n'était pas très stable, en plus d'un délai que quelques secondes nécessaire pour que l'information soit délivrée de part et d'autre. Les joies des communications interstellaires de qualité douteuse.
-Alors ?
-Pschhhhh...Omabadiak. Pschhhhh...Nous sommes arrivés trop tard. Le monde est condamné...Une vague glaciale transperça le corps tout entier de la combattante, qui se mura dans un silence incrédule.
-Le monstre a tenu parole. Le monde est saccagé pour l'éternité. Mais tout n'est pas fini. Nous avons pu récupérer des survivants... Tu m'entends Omab' ? -Oui. Combien ?
-Pschhhhh....Une soixantaine. Et il y en a encore d'autres sur la planète. -Ah.
-Pschhhh... Ostoragen survit. Tant qu'un membre de son peuple sera debout, Ostoragen survivra ! Ne perds pas espoir, Omab', tu m'entends ? -Oui.
-Pschhhh... Nous volons à vitesse maximum. Nous serons sur Dorkass dans moins de 15 jours standards. -Très bien. Je te laisse, je suis fatiguée. À la prochaine.
Oswagaren mit brusquement fin à la communication et sortit de la capsule de la même manière. Elle marcha tel un zombie, sans esprit ni âme, laissant ses jambes la guider automatiquement vers la surface et fuir l’atmosphère oppressante des sous-sols dans lesquels elle se terrait.
Tout était fini.
Elle s’était bercé d’un espoir illusoire. Elle avait voulu croire à un miracle. Quelle folie, d’ailleurs, que de croire qu’il y en avait ? Quelle folie de penser que leur mission aurait été couronnée de succès!
La réalité la rattrapait brutalement : leur peuple était éteint, leur monde en voie de le suivre, et elle se trouvait sur une planète inconnue. Seule.
Omabadiak réprima l’accès de tristesse et de détresse qui envahissait son être.
Tout était fini...
Elle bouscula sans s’en apercevoir un passant, une sorte de gros insecte dressé sur ses quatre pinces tachetées.
-Ksss ! Vous pourriez regarder où vous mettez les pieds ! l’apostropha-t-il en se retournant.
La guerrière Ostoragienne ne le remarqua même pas, provoquant la fureur de la fourmi vert foncé, qui rattrapa Omabadiak pour « l’inciter » à mieux le considérer.
-Ksss ! C’est à vous que je m'adresse, sale impolie !
L’insecte géant tenta de stopper l’ostoragienne en lui agrippant l'épaule de sa patte velue.
Mal lui en prit.
La guerrière se retourna et expulsa l’importun d’une frappe de poing dans sa face de chitine. Son réflexe n’avait pas été très rapide, mais la plupart des gens autour n’avaient rien vu.
Omabadiak avait tenté de se retenir, pas assez visiblement : la pauvre fourmi fracassa le sol à une dizaines de mètres d’elle, gisant lamentablement sur sa carapace, inconsciente.
L’altercation avait rameuté les individus alentours, et au vu de la réaction violente de l’ostoragienne, l’atmosphère tournait rapidement au vinaigre:
-R’gardez, elle l’a bousculé et le frappe alors qu’i’ lui demande des excuses ! marmonna un badaud, vite suivi par d'autres :
-Il est mort ?
-Non. Mais ce n'est pas passé loin. J’ai connu les champs de bataille et je sais reconnaître les guerriers...
-Moi j’ai rien compris, mais c’est une vraie furie !
-Prévenez la milice !
Ça sentait de moins en moins bon.
La dizaine de paires d’yeux qui la scrutaient alternaient incompréhension, surprise, crainte et hostilité. Entourée, oppressée, l’ostaragienne se sentait pourtant seule.
Tant de visages différents et inconnus… Mais personne pour partager sa peine.
Il fallait qu’elle sorte de la foule, de la ville.
Elle avait besoin de respirer.
Elle avait besoin de se retrouver. Pour faire le deuil de son monde natal...
Le félin à quatre bras s’envola soudainement, renversant les gens qui s’étaient approchés trop près d’elle, et disparut dans le ciel jaune de la cité.
-Une guerrière démobilisée, conclut un témoin de la scène.
L'attitude de l'étrange tigresse était sans surprise pour son œil averti: hagarde, hantée par ses démons intérieurs, une réaction disproportionnée par rapport à l’interpellation de l’insecte.
La tenue, le maintien et les réflexes, tout trahissait la combattante en crise, sans cause à défendre.Quel drame voulait-elle fuir ? Quel traumatisme avait-elle subi ? Il ne le saurait sûrement jamais.
La fourmi attaquée s’était relevée et le groupement improvisé commençait à se déliter. Le vétéran fit de même et vaqua à ses occupations interrompues.