On va dire que c'est son tempérament ! Tu sais, parfois, la jeunesse a des réactions un peu irréfléchies...
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Saison 1 - Chapitre 4
Chapitre 4
On força la trappe en raison des ronces qui la bloquaient, faisant déguerpir les petits animaux peuplant le bois. Non sans peine, Nakia allongea le blessé un peu plus loin, au pied d'un chêne. Bienveillante, elle le recouvrit d'une vieille toile de tissu trouvée dans les dédales. Dans la situation actuelle, ce drap prenait des airs de linceul. Noouna, au bord de la cachexie, ferma les yeux dans la fraîcheur nocturne du bois. Son supplice fut agité, parsemé de flashs effrayants. Il se réveilla donc en sursaut bien avant la jeune femme qui avait également succombé à la fatigue.
Le soleil ne se montra que plus tard. Le combattant, se délectant tant bien que mal du paysage, s'étira et se massa les articulations. Une fois de plus, il avait mit sa santé en danger. Il ne pouvait malheureusement pas en être autrement. Constatant que son poursuivant avait visiblement perdu leur trace, il réveilla Nakia en douceur. Après que celle-ci se soit frottée les yeux, le combattant déclara :
- Tu dois être affamée. On s'arrêtera dans le prochain village pour manger un bout.
- Avec, plaisir, balbutia t'elle. Mais avant, ça, j'aurai quelques questions à te poser, rétorqua la jeune femme en retrouvant son caractère.
- J'y répondrai au mieux durant la longue marche qui nous attend.
Les deux piétons gagnèrent un petit chemin à la lisière du bois. Nakia enchaîna les questions sur son kidnappeur, sur le colosse effrayant de la veille, sur son grand-père, sur la manière utilisée pour le retrouver après tant d'année d'absence et sur d'autres points encore. Noouna lui donna des réponses incomplètes, pérennisant le mystère notamment sur la raison qui le poussait à vouloir rencontrer le vieil homme. Bien sûr, il avait déjà révélé que cela était lié à sa vitalité défaillante. Il devait le retrouver pour accomplir des projets inconnus. Il résuma également sa longue enquête par des visites à travers différentes villes, questionnant diverses personnes pour localiser son possible sauveur ainsi que sa petite fille.
- J'ai consulté pas mal d'ouvrages, reprit-il, et il se pourrait que tu possèdes la même capacité que ton grand-père, par hérédité. Nous ferons un test ce soir.
- Son don, c'est celui de...guérir, n'est-ce pas ?
- Exact, il se pourrait. En même temps, je suis très mauvais pour masquer les vérités, avoua t'il en dissimulant tant bien que mal sa douleur persistante.
- Je ne suis pas sûr d'avoir cette...particularité. J'aimerai bien, susurra t'elle, blasée. Sinon, qui est cette brute épaisse qui a failli nous tuer ?
- Là dessus, je joue mon joker, lança Noouna d'un ton faussement placide.
- Tu as parlé d'être « pris en chasse » cette nuit. Tu es...
- Tu n'en saura pas plus, coupa t'il sèchement.
Voyant la réticence du guerrier à vouloir lui révéler ces informations, Nakia chercha à en savoir plus sur la localisation du membre de sa famille. Là dessus, l'homme se montra plus coopératif :
- Je n'en suis pas complètement sûr, mais il se pourrait qu'il soit retenu de force par des bandits qui se servent de lui comme d'un médecin pour remettre les membres de leur bande sur pieds quand un de leur coup tourne mal. Ils peuvent ainsi multiplier leurs magouilles sans risque. Il faudrait trouver un moyen de le sortir de là sachant qu'il doit être surveillé de près. Dans mon état actuel, la mission s'annonce délicate, et l'infiltration n'est pas mon point fort. C'est là que tu peux te rendre utile.
- En te soignant, devina la jeune femme.
- Au moins partiellement. Ma force est grande quand je suis au mieux de ma forme. Si ton grand-père me soigne, vous pourrez retourner dans votre ville.
- J'espère que mes parents vont bien, s'inquiéta soudainement Nakia en rediffusant la nuit passée. Ils ont perdu leur boutique.
- Ne t'inquiètes pas, je leur ait laissé assez d'argent pour la rénover, avoua Noouna d'un sourire complice.
- Merci.
- Après tout, ce qui leur est arrivé est de ma faute.
- J'espère aussi que le géant ne leur a pas fait de mal, continua la jeune femme.
- Il ne leur en a pas fait. Il faut que les personnes lui barrent la route pour qu'il tente de les tuer. Et cet autre gars à l'épée devait être sa priorité dans l'immédiat. Il ne serait d'ailleurs pas le premier à mourir en prenant ma défense.
- Il a choisit de l'affronter, rétorqua Nakia qui ressentait la soudaine culpabilité de son interlocuteur. Aller, profitons de l'air pur.
C'est ainsi qu'ils apprécièrent ce répit nécessaire, avant la prochaine bataille. Les deux protagonistes remuaient des pensées à la pelle, mais il était bien connu que le silence était d'or. Alors ils se contentaient d'observer la nature dans laquelle ils évoluaient : des prairies et des bosquets, des cours d'eau, des terres agricoles. Ils croisèrent peu de passants. Parmi eux, certains regardaient Noouna d'un drôle d'air. Lui se contentait de les saluer poliment d'un mouvement de la tête. Quant à Nakia, elle s'arrêtait parfois, langoureuse, le regard ailleurs.
- Mon grand-père m'emmenait souvent avec lui pour des ballades d'une journée, entama t'elle. C'est lui qui m'a appris à savoir profiter des choses simples qui nous entourent.
- C'est une bonne personne. Je vous réunirai, promis Noouna.
Un village s'offrit bientôt à la vue du binôme. Vu l'heure, le repas allait en valoir deux. Une auberge sympathique nommée subtilement « L'Oh!berge » leur proposa de délicieux petits plats. Le combattant donna une poignée de yanis à la gérante. Les compagnons attablés mangèrent à leur faim.
- Tu as l'air d'être assez riche, sortit Nakia entre deux bouchés.
- Et encore, vu comment j'ai travaillé dans ma vie, je devrai l'être beaucoup plus. Mais je te vois venir, tu n'en saura pas davantage. Dès que ton grand-père m'aura soigné, nos chemins se sépareront, à jamais.
Le personnage attisait de plus en plus la curiosité de la jeune femme. Contrairement à ce qu'il pouvait se passer au palais où elle travaillait, elle regrettait ici de ne pouvoir en savoir plus. L'interrogatoire ne se stopperait pas de si tôt.
Les assiettes vides, pleinement repus, les gloutons remercièrent la tenante de l'auberge ainsi que la servante et sortirent après avoir payé.
- Tu manges beaucoup pour une femme de ton gabarit, souligna Noouna.
- C'est de famille. Et pourtant je garde toujours la ligne. On me jalouse pour ça.
- Pas étonnant. Allez, continuons. J'ai déjà effectué un repérage de la planque des bandits, c'est par là. La nuit tardera à tomber. Nous aurons le temps de tester ton éventuelle capacité avant de passer à l'action, au crépuscule.
- D'acc. Les bandits en question, sont-ils forts ? S'enquérit la métisse.
- Je n'en sais rien. Espérons qu'ils ne le soient pas trop. Ou espérons que tu arrives à me requinquer. Ah, si seulement j'avais la force de voler.
- Tu sais voler ? S'étonna Nakia avec de grands yeux.
- Pas le mieux du monde, mais je me débrouille. C'est très utile en combat mais ça demande de la concentration et de l'énergie. Peu de personnes peuvent le faire.
- Je te soignerai. Il faut que je vois ça, termina la jeune femme, le moral peut-être naïvement gonflé à bloc.
L'après-midi se déroula avec le même schéma que la matinée et Nakia sentait son cœur battre de plus en plus vite. Son esprit s'imaginait divers scénarios loufoques alors que le moment de vérité approchait à grands tours d'aiguille.