
https://adroiteetagauche.wordpress.com/ ... end-libre/
Foenidis a écrit:J'aimerais savoir pourquoi pour un musulman - ou un juif intégriste - les femmes doivent-elle être voilées, et pas les hommes ?
D’abord, pourquoi interdire le voile (en fait, les signes religieux ostentatoires) à l’école ? Et bien parce que l’école est censée former des individus. Et paradoxalement, pour former des individus, il faut que ces individus soient disponibles et neutres. […] or un signe (car le voile ou la croix en est un) est une bannière derrière laquelle on peut se ranger mais aussi un signe qui peut indiquer où il faut se ranger. C’est-à-dire que l’individualisme à la base de l’école républicaine n’est pas un fait mais un principe, et pour que ce principe fonctionne, il faut le mettre en œuvre par des moyens concrets. Or, il semblerait que ceux qui disent que le voile est une question de conviction personnelle se trompent sur l’endroit où l’individu se situe : en République c’est un principe et l’on fait advenir ce principe ; pour les tenants du voile-choix c’est une prémisse et il n’y a donc rien à faire advenir.
Si les femmes musulmanes sont bien dans une situation d’oppression parce que des femmes, alors refuser l’oppression c’est aussi leur donner la possibilité de ne pas la subir, quitte à imposer cette liberté […]
Ce principe a-t-il un sens lorsqu’il en est finalement réduit à un simple vœu pieu pour la forme (dans mon entendement) ? Et que les faits vont à contre-courant sans qu’il soit question même de religion, qui n’est qu’une modalité comme on peut en trouver d’autres. Pourquoi ne pas préférer un autre principe dans ce cas ? Je ne pense pas qu’il y aurait de conséquences désastreuses. Et on pourrait ainsi tendre vers une autre vérité subjective, une autre configuration du monde social, peut-être plus excitante et pas moins viable. Est-ce vraiment impossible d’être un individu non neutre ? Je pense que non. Et ça dépend aussi à ce dans quoi on cherche à tester ce principe de neutralité. Et quoi qu’il en soit je pense que la personnalité et la culture sont les facteurs dominants.
Mais la formule de rousseau, elle oppose les autres à quiconque, donc la majorité évidente au résidu. L’arbitrage est assez facile avec ce tableau. Mais pour ce qui est du cas qui nous intéresse, qu’est-ce qui empêche de prendre le schmilblick dans l’autre sens et de dire qu’accepter l’oppression objective c’est aussi donner la possibilité à celles qui ne la subissent pas de s’y complaire librement ? Sur la base de quelle donnée opère-t-on l’arbitrage ?
En tout cas l’article est très intéressant et bien écrit, en plus d’être limpide et intelligible, ce qui est une qualité importante quand même
Tout l'article est intéressant et je me suis déjà fait ce genre de réflexion. Cependant, je suis allé plus loin: les mini-jupes, les talons aiguilles et le fait de devenir femme au foyer, sont aussi des oppressions choisies et décidées librement. Bon, en principe, le dernier point ne pose pas question à l'école, mais va-t-on y interdire les deux premiers? De même, si on peut effectivement critiquer l'Islam, peut-on actuellement le faire dans nos sociétés sans que cela soit automatiquement repris pour alimenter l'islamophobie, plutôt que d'apporter une réflexion vraiment utile? Dans le contexte actuel, ne vaut-il pas mieux privilégier les critiques internes au sein de l'Islam?
Mais c'était surtout pour compliquer la question autour de l'argument assez facile consistant à dire que les femmes portant le voile sont libres... etc.
Toute la difficulté de la politique n'est-elle pas de faire advenir ce qui n'est pas encore ?
Comment ça, "les faits vont à contre-courant" ?
Bah sur le prémisse fondamental que la liberté bien comprise vaut davantage que l'illusion du bonheur. Que l'individualisme n'est pas un communautarisme et que paradoxalement pour que l'individu vive, il faut qu'il y ait une communauté.
Je voulais dire en gros que l'identification est un passage obligé qui passe par tout un tas d'autres bannières de toute façon, à mon avis. San a par exemple parlé d'un autre type de phénomène que celui de la religion. Et y'en a plein d'autres des comme ça. Limite ce serait plus rapide de voir l'homme comme un agrégat de bannières cimenté par une conscience au fonctionnement obscure plutôt que comme un système déjà complet sur lequel serait cousu deux ou trois étiquettes. Mais tu dis ne pas voir de contradiction entre la vision déterministe et le principe d'individualisme. Je suppose donc que j'ai mal compris les tenants de ce même principe. Quand tu dis ce qui est impossible ou pas et ce que l'on peut demander ou pas cela revient à poser la bannière comme étant par défaut un frein. Et c'est là où j'émets une réserve. Est-ce un frein par essence ? Moi je pense que c'est plus un problème de contexte et d'imaginaire.
ça se discute. Tu sais la religion, en tout cas lorsqu'elle est bien vécue par l'individu, c'est un sacré opium quand même. Dans ma famille immédiate j'en vois deux comme des poissons dans l'eau islamique et j'en viens parfois à leur envier ce doux rêve
Il faut avoir à l'esprit la complexité des mécanismes d'aliénation et de sujétion parce qu'ils découlent du fonctionnement normal de la rationalité humaine pour pouvoir espérer rendre les gens un tant soit peu libre.
Ah bah c'est pour ça que j'ai dit que c'était un postulat. Je pense qu'on ne peut rien répondre au "meilleur des mondes" d'Huxley .
San999 a écrit:Sexualisation de la femme, bla bla bla. Evidemment que la mini-jupe et les talons aiguilles sont une oppression. Là, il n'est pas question de loi ou je ne sais quoi pour le voile, vu qu'on débat sur les cas de libre choix. Je vois pas pourquoi une oppression devient soudainement acceptable quand elle n'est pas d'origine religieuse.
Zhatan a écrit:Il faut avoir à l'esprit la complexité des mécanismes d'aliénation et de sujétion parce qu'ils découlent du fonctionnement normal de la rationalité humaine pour pouvoir espérer rendre les gens un tant soit peu libre. Je donne un exemple : contraindre un enfant, dans une certaine limite (qui reste à déterminer j'en suis bien d'accord), ce n'est pas du tout anormal et ça ne va pas forcément contre sa liberté, c'est même probablement plutôt le contraire. Croire que "faire ce qui nous plaît" est la vraie liberté c'est ouvrir à toutes les dominations "consenties"
La mini-jupe et les talons sont des artefacts de séduction qui sont le résultat du statut des femmes dans notre société verrouillée pendant des siècles par la censure religieuse.
Sauf que le port d'une jupe et de talons n'a rien d'obligatoire... et surtout, ça n'a jamais été imposé pour marquer l'appartenance à une quelconque communauté.
Haha nous sommes trop attachés aux fins ouvertes et aux suites à rallonge pour nous suffire d’une telle existence x)
Bah sur le prémisse fondamental que la liberté bien comprise vaut davantage que l'illusion du bonheur. Que l'individualisme n'est pas un communautarisme et que paradoxalement pour que l'individu vive, il faut qu'il y ait une communauté.
ça se discute. Tu sais la religion, en tout cas lorsqu'elle est bien vécue par l'individu, c'est un sacré opium quand même. Dans ma famille immédiate j'en vois deux comme des poissons dans l'eau islamique et j'en viens parfois à leur envier ce doux rêve
Zhatan a écrit:Marie-Antoinette n'avait pas de mini-jupe, je crois.
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