par San999 le Dim Nov 01, 2015 19:19
Bon, je dois avouer que j'ai pas tout lu. Juste en diagonale. Pas le temps de participer à ce genre de débat, en ce moment.
Mais tu te trompes de perspective, Supaman. Tu t'exprimes comme si l'humain pouvait penser une chose "naturelle", sans la "trahir". Comme si la nature de quelque chose pouvait être retransmise par notre façon de penser. Ce n'est pas le cas, quelle que soit la réalité, y compris physique et biologique, que l'on perçoit, elle passe par le filtre social et culturel, car ce n'est qu'ainsi que les choses nous sont intelligibles.
Par exemple, la fonction reproductrice n'est rien d'autre que ça: Se reproduire. Point. Il faut pour cela que deux types de gamètes entrent en contact et que le résultat grandisse dans un individu, cela implique que deux ensembles d'organes différents de deux individus différents entrent en contact. Et que l'un de ces individus incube l'embryon puis le foetus. Et d'un point de vue pragmatique (à l'échelle d'une espèce), il faut qu'un nombre suffisant d'individus naissent pour perpétuer l'espèce. Le reste, c'est des strass et des paillettes. Il n'est inscrit nulle part que les individus ont pour but ultime de se reproduire ou qu'ils doivent forcément tous le faire à un moment ou un autre de leur vie. Il n'est inscrit nulle part que chaque type de "set" d'organes reproducteurs doit correspondre à un seul modèle restreint d'individu sur quelque aspect (physique ou psychologique) que ce soit, tant qu'ils restent fonctionnels. Il n'est inscrit nulle part qu'il soit impossible d'inclure dans la société des individus qui soient incapables d'assurer la fonction reproductrice (d'ailleurs, on fait pas chier les gens stériles, sauf pour qu'ils adoptent ou je ne sais quoi). Il n'est inscrit nul part que la société dans son ensemble doive forcément s'organiser autour de cette reproduction sexuelle (mariage, famille, rôles sociaux, etc.).
Supaman, tu réagis un peu comme si un individu avec un pénis disait: "Non, mais en fait, en réalité, j'ai un vagin. Mais faut que je me fasse opérer pour le montrer." Et vice versa. Cela n'a pas de sens. Un transsexuel sait très bien quels sont ses attributs sexuels. Seulement, tout comme n'importe quel autre humain, il est difficile pour lui de séparer social et naturel, il est incapable de séparer son "sexe biologique" du "genre", car le genre a filtré sa perception des sexes, comme pour n'importe qui. Le problème est alors qu'il se trouve en totale dissonance, car tout en lui, lui hurle qu'il appartient à telle catégorie, alors que la façon dont le filtre social et culturel qui est en lui et interprète son corps, lui dit le contraire. Du coup, il y a toutes sortes de réactions diverses et variées pour faire sens de cela et mettre fin à cette dissonance. L'une de ces réactions possibles est le rejet du corps et/ou une volonté de le modifier.
Alors, oui, si tu veux, du point de vue de la société et de façon totalement abstraite, les individus avec un pénis qui clament être des femmes et les individus avec un vagin qui clament être des hommes, sont dans le faux, si la société ne prévoit pas à la base ce genre de cas. Cependant, dans le concret, tu te trompes lourdement. Déjà parce que si tu te places à l'échelle des individus, ils sont bels et bien de tel ou tel sexe pour bien d'autres raisons que leurs organes génitaux. Considérer que tel ou tel individu est fou ou vit dans l'illusion, parce qu'il se sent être de telle ou telle catégorie d'une façon non prévue par la société dans laquelle il vit, n'est rien d'autre qu'une forme de normalisation sociale, sachant que ces individus seraient considérés comme du sexe qu'ils clament être dans certaines autres sociétés. Mais il n'y a pas que les individus qui vivent cette situation qui sont dans ce flou, les individus à leurs contacts aussi. Déjà, ceux qui ne connaissent pas les caractéristiques sexuées du corps des individus "transsexuels" les considèrent de la catégorie qu'ils clament. Ensuite, même parmi ceux qui sont dans le "secret" (aka savent quel est le "sexe biologique"), nombreux sont ceux qui les considèrent bel et bien comme du sexe clamé par ces personnes. Même si au départ, ils auraient aussi pu penser que le sexe biologique correspond parfaitement à l'identité d'homme et de femme. Le fait d'être confronté à une réalité peut faire changer d'avis énormément de gens. Je ne parle pas de personnes qui connaissent l'existence de tel ou tel "transsexuel", à travers la télévision, internet, les journaux ou la personne qui vit dans le quartier mais qu'on a à peine aperçu. Mais bel et bien de personnes au contact direct des "transsexuels".
Mais bref! Du coup, oui, on peut se référer à la définition sociale et culturelle de notre société de ce qu'est un homme et une femme, et que ces catégories sont intimement liées à des organes génitaux spécifiques (bien que la définition sociale soit en réalité bien plus longue et complexe que ça). Mais dans ce cas, nous faisons violence à tout un tas d'individus. De façon plus large, et concernant tout le monde et pas uniquement les "transsexuels" et les "transgenres", on peut aussi se demander si on doit garder le modèle actuel qui base toute la société sur la fonction reproductrice et classifie les individus selon deux catégories binaires auxquelles tout un tas de caractéristiques sont associées, sachant que l'on fait violence plus ou moins fortes à toutes sortes d'individus, même à des hommes hétérosexuels cisgenres.