Par contre, je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis sur l'obligation d'endettement d'une personne pour une possession d'argent par une autre.
Et pourtant…
Quand je parle de "spéculation", ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il existe des produits financiers qui échappent entièrement à l'économie réelle. Je pense notamment à ces assurances financières, qui entament gentiment la 4è couche de protection. En gros, il s'agit d'assurances sur les risques financiers. C'est absolument absurde, car si les assurances sur la santé ou la voiture tiennent compte de statistique fiables/prévisibles, ce n'est absolument pas le cas en matière de finance. Idem pour une bonne partie de la bourse, qui en concerne pas tant de gens que ça mais monopolise des sommes faramineuses. Aujourd'hui, ce sont les valeurs essentielles et ces processus font sortir l'argent de l'économie.
Du coup, il y a plus d'argent frais qui quitte le circuit qu'il n'en entre et c'est là que le bât blesse, que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. S'en suit une récession qui en se ressent pas que par la création faramineuse de monnaie dans le but d'en faire retomber quelques gouttes sur les citoyens et de retarder l'inévitable.
Ainsi, si Monsieur Dupont a fait un crédit sur sa maison, comme il doit le rembourser ET payer des intérêts, pour qu'il parvienne à choper l'argent nécessaire, il va falloir que quelqu'un d'autre souscrive un crédit afin d'injecter de l'argent frais dans le circuit. Tu me suis ?
C'est CE système là, et uniquement lui, qui rend la croissance absolument nécessaire. C'est le point essentiel à comprendre, et il se saisit intuitivement avec le "Modèle de l'île" (PS : tu trouveras comme objection à ce modèle que le banquier réinjecte de l'argent dans la société, ou que l'argent devrait être indexé sur une valeur (l'or, puis le pétro-dollars), je te répondrai que ça ne fait que retarder l'inévitable, et que ce ne sont que des détails qui diluent le phénomène dans le temps sans l'empêcher).
Si on trouve un autre moyen d'injecter de l'argent frais dans le circuit (au hasard le revenu de base), alors la croissance n'est absolument plus une nécessité, et c'est ce que prônent les partisans de la décroissance, pour qui les évolutions technologiques ne doivent pas se traduire par plus de compétitivité, mais par une amélioration de la qualité de vie, au motif que nous ne sommes de toute façon plus capables de nous adapter aux évolutions tant elles sont rapides. Ils prétendent aussi qu'un tel système consomme déjà plus que ce que la planète ne peut produire et que la décroissance, qui passe obligatoirement par un changement du système de création monétaire, et la seule solution pour éviter le mur. C'est le frein de notre appareil social.
Et à mon avis, mais là ça n'engage que moi, ils ont raison. Du coup, on pourra m'objecter tout ce qu'on veut comme argument économique ou ne sais-je quelle bêtise, je te répondrai toujours qu'une catastrophe économique vaut mieux qu'une catastrophe écologique, car l'une des deux est soluble, et pas l'autre. Mais j'ai conscience que ce choix là est personnel.
Purée, je crois bien que j'ai réussi à emmener quelqu'un au bout de mon raisonnement et à l'exprimer avec des termes intelligibles. Merci Supaman.