Oméga a écrit:Le chapitre 100 est impatient de sortir, je l'entends crier d'ici !
Le chap 100 sortira quand il sortira. Rien ne sert de presser

En attendant, voici le chap 95, avec mes remerciements à la team relecture.
Chapitre 95: Le cercle des esprits
L’éclairage artificiel baissait régulièrement. Krillin se leva la tête vers les « cieux », la face opposée de l’astéroïde.
Il n’y avait pas de soleil ou d’étoile centrale pour assurer une luminosité homogène dans la Cité, pourtant c’était bel et bien le cas. D’après lui, les différents spots et lampadaires, aussi puissants soient-ils, auraient dû créer des zones claires et d’autres plus sombres, comme une route éclairée de nuit. Bulma trouverait sans doute une explication logique à ce phénomène, songea le terrien.
-Pff ! Ils éteignent déjà la lumière. Pourquoi s’embêter à simuler une nuit au lieu de garder un éclairage constant , pesta C-18.
Krillin se tourna vers la cyborg, assise à ses côtés. Il ne chercha pas à lui expliquer que certaines espèces avaient besoin de variations de luminosité pour respecter leur rythme circadien. Ni que ces changements réguliers étaient bons pour le corps et l’esprit. C-18 savait probablement tout cela, mais elle n’allait pas se débarrasser de sa légendaire humeur pour son bon plaisir. Et puis, il avait franchement l’esprit plus préoccupé par Dordeck...
Cela faisait maintenant plus d’une heure qu’il les avait quitté, et il n'était toujours pas revenu. C-18 et lui étaient restés un moment à l’attendre, puis la cyborg avait perdu patience et il n’avait pas pu la retenir de partir. Elle avait quand même concédé de ne pas trop s’écarter du quartier résidentiel où ils avaient rencontré les nameks, au cas où Dordeck cherchait à les contacter. C-18 avait rapidement repéré une sorte de snack et ils y firent leur première pause. Mais toujours aucune nouvelle de leur compagnon.
Krillin se leva, décidé :
-Désolé C18, mais c’est vraiment pas normal. Dordeck aurait dû nous rejoindre depuis longtemps, ou au moins essayer de nous appeler !
-Tu t’inquiètes pour rien à mon avis. Il doit être en train de bavarder avec les deux autres nameks.
-Mais pourquoi ne nous contacte-t-il pas ?
-Parce qu’il n’a pas son appareil avec lui. Ça se trouve, il est rentré chez Doyal.
-Alors qu’on avait convenu qu’on se retrouverait ?
C-18 haussa les épaules.
-Qui sait ce qui lui est passé par la tête ?
-… Non, ça ne lui ressemble pas. Je suis navré, mais je ne peux pas rester tranquillement assis alors que ça me chiffonne, C18. Je retourne à l’entrepôt.
C-18 soupira.
-Ok, vas-y. Je reste ici. Au cas où il se pointe.
-Mais il ne saura pas te trouver s’il n’a pas son détecteur.
C-18 prit une mine exaspérée quand elle comprit qu’elle allait devoir partir aussi.
-Pff. D’accord, je retourne chez Doyal vérifier s’il est là-bas. Mais c’est vraiment parce que tu insistes.
Elle se leva, sortit de table, se pencha vers Krillin et l’embrassa. Puis elle s’envola dans un fracas qui faillit renverser la petite table rouge et les deux verre, encore pleins d’un liquide rose, posés sur celle-ci. Krillin allait l’imiter, mais une main ferme lui saisit l’avant-bras, le forçant à se retourner pour faire face au serveur qui les avait accueilli.
-L’add’tion, siou’plaît. C’est sept crist’ols.
-Ah oui, désolé.
Krillin sortit de ses poches quelques boules transparentes, qu’il distribua au goutte à goutte, sept. La yeux de l’humanoïde à tête de faucon se firent plus doux, sans que Krillin ne puisse détecter de sourire sur son bec.
-Merci m’sieur. Au r’voir.
Krillin s’envola, activa son détecteur et suivit les indications vers le lieu de rendez-vous, qu’il atteignit un peu plus tard. Rien ne semblait avoir bougé dans ce quartier calme par rapport à l’activité qui régnait au cœur de la Cité. Le terrien se posa alors que quelques passants déambulaient à leurs activités, totalement indifférents au nouveau venu. Il pénétra dans le bâtiment clair à quelques étages.. Une douzaine de personnes y évoluaient, parfaitement humanoïdes. Les étagères étaient encore présentes, mais la table de son souvenir avait disparu.
-Vous cherchez quelque chose monsieur ? l’interpella une femme en s’approchant de lui.
-Oui, un de mes amis. Il doit être passé par ici, il y a une heure peut-être.
-On est arrivé y'a pas longtemps, et on a vu personne.
Krillin persista :
-A vrai dire, j’étais venu ici un peu plus tôt dans la journée. Nous y avons eu une réunion avec des amis.
-Ah je comprends. On loue parfois. Pour des rassemblements, des fêtes, des évènements. Mais quand nous sommes arrivés, il n’y avait plus personne.
-Merci. Désolé de vous avoir dérangé.
Krillin, quitta la femme, préoccupé. Qu’était-il arrivé à Dordeck ? Il parcourut la distance qui le séparait de l’habitation de leur hôte perdu dans ses pensées, et entra dans celle-ci comme un automate, sans s’en rendre compte.
-Toujours pas de nouvelles de votre ami ?
La question du yardrat ramena Krillin « sur terre » ou plutôt dans la séjour tapageur de la demeure de leur non moins fantasque hôte. Le contact local de l’Union avait revêtu sa deuxième tenue de la journée : une combi-robe verte à motifs rouges phosphorescents.
Doyal, devant l’air absent de Krillin, ajouta :
-Cédise m’a dit qu’il s’est éclipsé pour flâner. Ne vous inquiétez pas, il reviendra sain et sauf quand il aura fini de s’amuser !
Le disciple de la tortue daigna à peine répondre. Il monta à l’étage en marmonnant un vague
« oui » , gagna les appartement de C-18 et frappa avant d’entrer. La cyborg était assise en tailleur sur son lit. Ses poignets reposaient sur ses fines cuisses. Une aura blanche et mate auréolait le corps tout entier de la cyborg en pleine méditation, qui gardait les yeux fermés. Krillin resta immobile, observant C-18 dans son effort pendant un temps indéterminé…
Il percevait aussi un ki. L’aura de l’ humaine qu’aurait été C-18.
-Tu n’as pas besoin de frapper, tu sais ? Tu vas rester toute la journée à m’observer ? lui lança-t-elle en gardant les yeux fermés.
Krillin se reprit et revint à son souci principal :
-Les enseignements de Konats te sont bénéfiques. C’est la première fois que tu fais apparaitre une aura aussi franche.
C-18 ouvrit les yeux pendant que le halo s’estompait.
-La disparition de Dordeck commence à m’inquiéter, C-18.
-Encore avec cette histoire ?! Il doit être en train de se balader, s’agaça-t-elle.
-Tu sais bien que Dordeck n’est pas habitué aux explorations spatiales, ni à voyager seul. Et de ce que j’ai vu depuis que nous l’avons rencontré sur Denebay, cette conduite ne lui ressemble pas.
-Il est sûrement avec les deux autres nameks. Dordeck a peut-être voulu retourner au parc multicolore avec eux.
-Dans ce cas pourquoi ne nous ont-ils pas prévenus ? S’il ne se manifeste pas dans moins d’une heure, je demanderais à Doyal de lancer des recherches pour le retrouver.
Krillin arborait sa mine décidée, et C-18 sut qu’il allait s’en tenir à ce qu’il avait dit. C’est vrai que leur camarade abusait, songea-t-elle. Mais n’était-ce pas le propre des « jeunes » de découvrir le monde autour d’eux ? Elle-même avec son frère n’avaient-ils pas exploré de fond en comble tous les recoins des bois de leur village natale pendant leur enf….
C-18 s’arrêta brusquement.
Les bois de leur enfance… Elle s’en souvenait.
La cyborg se tortura l’esprit pour le forcer à faire émerger d’autres réminiscences, mais rien de plus ne lui fut révélé.
-C-18 … C-18 ?!.... C-18 ?!
Elle se reconnecta au moment présent.
-Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu avais l’air de….
-Viens, intima-elle à Krillin, avec autorité et en même temps chaleur.
Il vit dans son regard un mélange d’émotions qu’il eut du mal à toutes définir : de la joie, mais aussi de la crainte. De l’insatisfaction, de la lassitude, et enfin, reconnaissable entre toutes, du désir. Pour l’avoir vécu auparavant, Krillin savait ce qui allait se passer. L’invitation de C-18 ne resta pas sans réponse. Il fut attiré, emporté par cette puissante vague qui brisa ses propres digues. En cet instant, rien d’autre ne comptait que ce regard bleu acier dans lequel il allait bientôt se noyer. Au diable Dordeck. Il se rapprocha, comme ensorcelé, tandis que C-18 l’étreignit avec passion, puis l’embrassa silencieusement.
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Krillin, allongé sur le dos, contemplait le plafond blanc de la chambre. Un mouvement sur sa gauche lui indiqua que C-18 ne dormait plus. Elle s’était relevée, assise et le fixait. Brrr ! Elle semblait être redevenue comme d’habitude, songea Krillin. Froide et dure. Il savait que sous la glace couvait le feux, pourtant, cela faisait plusieurs fois qu’ils…
-Tu devrais quitter ma chambre, Krillin.
Il ne protesta pas.
-Tu as raison. De toute façon je dois lancer les recherches pour Dordeck.
Il sortit du lit et enfila nonchalamment son dogi, qui gisait un peu partout dans la pièce. C-18 ne perdait pas une miette de ses allées et venues en tenue d’Adam. Mais après ce qu’il s’était passé entre eux, il était au-dessus de ça.
Finalement, Krillin retrouva non sans mal tous ses vêtements et se rendit après de leur hôte.
-Vous étiez bien calmes là-haut ! J’espère que vous ne vous ennuyez pas ! Si c’est le cas et que vous avez peur de sortir, dites-le ! Je peux vous arranger une sorte de « ballade touristique » !
-Merci, mais ça ira pour l’instant, éluda poliment Krillin. Par contre nous aurions besoin de vous pour retrouver Dordeck. Je pense que cette absence prolongée n’est pas norm…
Les bruits de pas d’un individu s’approchant d’eux le perturbèrent. Krillin analysa l’aura de la personne avant même qu’il ne la voie, cachée par un mur d’angle. Dordeck émergea, l’air calme mais passablement fatigué. Il était vraiment étrange, nota le terrien.
Doyal se redressa de la chauffeuse qui le soutenait et déclara triomphalement :
-Vous voyez ! Où étiez-vous, jeune gars ?! Nous nous sommes fait du mouron pour vous !
-Je…Je me baladais en ville. Avec nos contacts nameks. J’ai perdu la notion du temps.
La voix de Dordeck semblait sourde et un tantinet fausse aux oreilles du terrien. De même que sa mine, qui n’était pas comme d’habitude, sans qu’il ne puisse définir ce qui le gênait exactement.
-La ballade a été tellement longue ! Avec toutes ces lumière, tout ce bruit, tout ce monde…Je suis fatigué. Je monte me reposer déclara Dordeck.
Les nameks possédaient des pouvoirs mentaux latents, ce qui expliquait peut-être l’attitude étrange de Dordeck. Il était sûrement sensible, sans s’en rendre compte, aux émotions négatives qui n’étaient pas rare dans la Cité. C’est ce dont se persuada, à moitié soulagé, Krillin.
Dordeck chuta brusquement alors qu'il dépassait Krillin. Le terrien le saisit avant qu’il ne soit à terre , et put sentir l’ haleine du jeune namek chargée de forts relents. Le terrien renifla et Dordeck s'expliqua :
-Etana et Lumaca m’ont fait goutté ce breuvage délicieux, hélas trop lourd pour mon estomac, ce qui n’arrange pas ma fatigue.
Dordeck se laissa porter par Krillin jusqu’à ses quartiers.
-Nous commencions vraiment à nous inquiéter, lui dit encore Krillin. Que s’est-il passé exactement ? Et ton détecteur, tu l’as finalement retrouvé ?
-C’est… J’ai vu tellement de choses que je ne sais par où commencer, déclara Dordeck avec cette étrange voix caverneuse. Je… Je suis fatigué Krillin. J’ai besoin de me reposer.
-D’accord, concéda le terrien.
Il posa Dordeck sur sa couche et le laissa en paix. Il retourna dans la pièce principale, où Doyal rêvassait encore. Kat’nimuk les rejoignit au bout d’un moment, et les trois s’entretinrent de choses et d’autres, avant de partir chacun de son côté pour aller se coucher.
Krillin ne s’endormit pas tout de suite. Il ne se sentit sombrer qu’après plusieurs dizaines de minutes. C’est à ce moment-là qu’il fut rejoint par C-18…
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-Bonsoir. Me revoilà !
-Dordeck ! Tu reviens plus tôt aujourd’hui. Comment vont nos amis nameks ?
-Bien, Krillin.C-18 n’est pas avec toi? Et Doyal ?
-Non. Elle a décidé de se balader. Elle déteste être enfermée, et s’il elle peut sortir de cette « boite », comme elle qualifie ça chambre, autant le faire. C’est ce qu’elle m’a dit.
-Ah bon ? Moi je trouve nos chambres spacieuses.
-Pas elle apparemment. Quant à Doyal, je n’en ai aucune idée. Je suppose qu’un employé local de l’Union doit avoir pas mal de choses à faire.
Krillin laissa Dordeck se diriger vers ce qui tenait lieu de « cuisine » dans cette demeure, attenante au séjour et presque aussi spacieuse que celui-ci. Il en revint avec un verre de boisson fraiche. Le namek de Denebay buvait beaucoup depuis quelques jours. Sa première flânerie avec les autres nameks, le jour où on s’était inquiété pour lui, semblait l’avoir beaucoup changé, mais il revenait à son caractère normal. Quoique…Il montrait une facette de sa personnalité que Krillin n’aurait pas soupçonné. Le terrien ne le connaissait pas tant que ça après tout. Ou bien était-ce le travail de préparation mentale auquel les nameks d’ici soumettaient Dordeck qui le transformait ? Krillin attendit patiemment qu’il se soit désaltéré avant de lui poser la question qui l’obsédait depuis plusieurs jours :
-Sinon… Les nameks d’ici ? Qu’ont-ils dit ?
Dordeck répondit presque automatiquement :
-Ils font de leur mieux pour me former au plus vite ainsi que d’autres qui sont au même niveau que moi.
-Tu n’es pas le seul à être formé ?
-Non. Ils ne veulent pas te donner de faux espoirs et ne veulent pas fournir de réponse ferme.
-…
-Mais ils pensent que le cercle des esprits pourrait être prêt d’ici deux jours, peut-être trois.
Trois jours de plus. Avec les deux jours qu’ils avaient déjà passé à attendre, presque une semaine de perdue, songea Krillin. Le temps pressait pour retrouver la Nouvelle Namek. Le délai d’une année depuis l’avènement de Cell sur Terre était sur le point d’être dépassé. Chaque jour comptait. Mais il ne pouvait pas brusquer ceux qui voulaient les aider.
Dordeck remarqua la déception du terrien, qu’il ne masquait que partiellement, et tenta de le rassurer :
-Ils font de leur mieux Krillin. La santé de leur grand-chef…
-Je comprends. Ne t’en fais pas, c’est déjà formidable que nous ayons découvert des gens bons qui nous aident, se ressaisit Krillin.
Son accès d’impatience était inconvenant. En quelques jours de présence dans la Cité libre, ils avaient plus progressé qu’après plusieurs mois dans l’espace.
-Je vais au vaisseau contacter Bulma et les autres. Tu veux venir avec moi ?
-Euh, non merci, ça va. Passe leur le bonjour de ma part.
-D’accord, dit Krillin en s’en allant.
Dordeck le laissa partir. Puis il ressortit de la demeure lui aussi.
Quand Krillin revint, moins d’une heure plus tard, il ne trouva pas le jeune namek.
-Bof, il doit être parti faire un tour lui aussi.
Il remonta dans ses quartiers pour terminer le roman qu’il écrivait à ses heures perdue. Une fan-fiction d’un bande dessinée qu’il affectionnait particulièrement dans sa jeunesse…
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Même la « nuit », l’éclairage artificiel des quartiers qui ne s’endormaient jamais, au loin, gardait le séjour dans la pénombre, au lieu d’un noir d’encre. C-18 descendit complètement l’escalier qui menait au salon principal de la demeure de Doyal. Elle se dirigea vers la cuisine pour y grignoter quelque chose, et prendre au passage des friandises pour Krillin. Il devait déjà être endormi, mais avec les « séances » qu’elle lui imposait, le pauvre avait besoin de reprendre plus de forces qu’en temps normal. Enfin, elle ne le forçait pas beaucoup non plus, et il était plus résistant qu’elle ne l’aurait pensé d’un simple humain non modifié. Elle corrigea rapidement son erreur : Krillin était probablement un des terriens « organique » les plus forts, après Gohan, un cas spécial. C’était somme toute normal qu’il…
Un bruit de pas provenant du garde-manger la surprit. C-18 se raidit, et remarqua dans la pénombre que la porte d’une armoire ouverte. Porte qui cachait quelqu’un. La personne dissimulée sentit la présence de C-18 et se dévoila.
-C-18 ?!
-Dordeck ?! Que fais-tu là ? J’ignorais que les nameks mangeaient, à moins que les plus jeunes aient quelques fringales.
-P-pas du tout, fit l’interpellé. Je vérifiais nos réserves de nourriture, pour vous.
-Pour nous ? Quelle sollicitude, répondit C-18, sarcastique.
-C’est principalement pour Krillin. Le cercle des esprits sera peut-être opérationnel demain. Il est très éprouvant physiquement, se reprit Dordeck. Nous-mêmes nameks avons besoin de beaucoup boire après avoir pratiqué cette technique, et les autres espèces ont besoin de manger pour fournir un bon niveau d’énergie mentale.
-Je croyais que votre « cercle » ne serait pas au point avant deux ou trois jours.
-C’est vrai, mais les doyens nameks aimeraient que Krillin se rende disponible pour tester son potentiel. Toute aide est bienvenue.
-Et pas la mienne ?
-S…Oui, mais nous comptions vous solliciter un peu, euh, plus tard.
C-18 avait du mal à correctement percevoir les traits de Dordeck dans l’ombre, mais elle entendait clairement sa respiration qui se calmait. Dès son retour, elle demanderai à C-16 de lui expliquer comment débloquer ses potentialités cachés de cyborg. C-17 et elle auraient dû attendre que Géro leur explique certaines choses avant de le tuer.
-Si tu le dis, répondit enfin C-18. Bon, tu me laisses la place ? Je ne vais pas refaire l’inventaire moi !
-Ex… Excuse-moi.
Dordeck s’écarta et regagna ses quartiers, laissant C-18 piocher dans ce qui l’intéressait.
Le namek devenait vraiment étrange, songea la cyborg en se servant. D’abord il disparaissait sans crier gare puis agissait comme s’il avait deux personnalités distinctes. Et quand il redevenait normal, il avait des lubies et des comportements fantasques, comme il l’avait fait quelques instant plus tôt. C-18 fut surprise quand elle ouvrit le coffre à « pain » - ce qu’ils qualifiaient ainsi dans la Cité- Des trois miches qu’ils avaient rangé en sortant de repas tout à l’heure, il n’en restait que deux… Où était passée la troisième ? Était-ce Dordeck qui l’avait rangé autre part ? Dans ce cas, pourquoi en faire tout une histoire ? Décidément, quelque chose ne tournait pas rond chez leur jeune compagnon. A moins que Doyal ne soit descendu se faire un repas nocturne lui aussi...C-18 ferma le placard, et, chargée de ses victuailles, remonta dans la chambre de Krillin…
Dordeck soupira en se relevant. Plus aucun bruit suspect ne troublait le silence de la « nuit » à part le lointain écho de la ville haute. Krillin, C-18, Kat’nimuk et leur hôte dormaient profondément. Quand il fut sûr que personne ne l’entendrait, il sortit subrepticement de sa chambre puis de l’habitation de Doyal. Il marcha encore quelques mètres sur la pelouse rouge, à la couleur peu visible à cause du manque de lumière. Il accrocha un détecteur à son oreille gauche et attendit. Puis :
-Duthco, c’est moi. J’ai failli me faire démasquer par la terrienne. Il faut accélérer le plan… Non, j’ai été obligé de dire qu’on sera prêt à faire les premiers tests avec Krillin dès demain… J’avais pas le choix... On devra s’occuper de lui au plus vite. Par contre, C-18…. Quoi ? T’as complètement perdu la raison !... Attends !
Dordeck crut voir une forme derrière la vitre du séjour de l’habitation de Doyal.
-Chut ! Pas maintenant !
Il fit marche arrière et entra dans la pièce principale, qu’il inspecta, tous les sens à l’affut. Mais il ne découvrit rien. Il était trop tendu, il fallait qu’il se calme. Il ressortit à l’air libre, et continua sa conversation.
C-18, adroitement cachée , remonta le plus discrètement possible dans la chambre de Krillin, en flottant sans faire un bruit. Elle n’avait pas saisi ce que Dordeck chuchotait, mais elle en était certaine, leur compagnon leur cachait des choses. Des choses qu’elle devait découvrir…
Le lendemain
C-18 se posa sur la pelouse criarde de la devanture de la maison. Doyal avait dû débourser une fortune pour l’acquérir. Ou avait dû rendre un grand service. Les matériaux naturels et organiques étaient l’apanage des classes supérieures dans la station, et la majorité des constructions étaient composées de matières synthétiques plus ou moins bonnes pour la santé. Elle pénétra dans la demeure et y fit ce qu’elle considérait comme un salut décent à Doyal, affalé sur un fauteuil. Celui ci portait sa première tenue de la journée, un ensemble blanc contrastant avec sa face rouge. Elle embrassa la pièce d’un rapide coup d’œil, constatant l’absence de ses compagnons de voyage. Ne devaient-ils pas être en train de déjeuner à cette heure-ci ? Elle demanda à Doyal sans s’embarrasser de formules de politesse :
-Où sont Krillin et Kat’nimuk ?
-Je pensais qu’ils étaient avec vous ! Enfin, c’est Dordeck qui l’a dit. Il a affirmé vouloir vous rejoindre avec les deux autres. Que le « cercle des esprits » était prêt et qu’ils pourraient faire leur recherche aujourd’hui. Vous vous êtes séparés ?
-....
Dordeck s’était joué d’elle, comprit C-18. Il l’avait manifestement repérée. Elle pensait l’avoir filé sans se faire remarquer. Rien n’était plus faux. Il prenait donc les devant dès maintenant. Il avait suffi d’un moment. Un instant où il lui avait échappé, pour revenir ici et embarquer Krillin et Kat’nimuk. Pourquoi un tel empressement ? Quoiqu’il fasse, et il semblait préparer quelque chose de louche, elle devait le retrouver rapidement.
-Quand sont-ils partis ? Où ? s’emporta C-18 en saisissant violemment Doyal au col.
-Hé ho ! Mais lâchez-moi ! Calmez-vous ! Je sais pas moi ! Ils sont partis y’a quelques minutes à peine, cinq peut-être !
La cyborg desserra sa poigne sans préavis, et Doyal s’affala par terre. Elle remonta dans ses quartiers en trombe, enfila son détecteur puis appela Krillin et Kat’nimuk. Deux bips se firent entendre pas loin d’elle. Dordeck tenait manifestement à ce qu’ils ne soient pas dérangés. Et ça, ce n’était pas bon. C-18 redescendit, déterminée.
-Ils sont partis avec un de mes véhicules, ajouta Doyal. Qu’est-ce qu’il se passe tout d’un coup… Attendez !
C-18 avait déjà foncé hors de la maison. Elle regarda le « ciel » à la recherche désespéré d’une trace de Krillin ou de Kat’nimuk. Mais elle ne vit que les véhicules ou des personnes qui volaient, de l’autre côté de la surface interne de l’astéroïde. Aucune trace de ses amis. Pourtant il fallait qu’elle les retrouve ! C-18 calma sa respiration et se focalisa sur son esprit, débloquant celui-ci, comme Konats le lui avait appris. Une aura translucide l’entoura, tandis qu’elle jetait anarchiquement tous ses sens tout autour d’elle…
Le véhicule volant se posa sans fracas. Krillin, Kat’nimuk et Dordeck sortirent du véhicule. Le namek guida le trio dans un quartier caractérisé par son architecture aux structures arrondies, aux formes spiralées et asymétriques. Les concepteurs de cet endroit n’avaient pas fait montre d’une grande originalité dans le choix des matériaux de construction : Ils avaient utilisé à outrance cette sorte de matériau blanc qu’on voyait sur toutes les planètes qu'ils avaient visités, ainsi qu’un métal brunâtre. Néanmoins, les structures communes à ce genre d’installations : cheminées, tours, bidons, tuyauteries courant dans tous les sens, ainsi que les fortes émanations de gaz nauséabonds et irritants, trahissaient la nature industrielle de cette partie de la ville.
-Je ne pensais pas que les usines de la Cité seraient accessibles si facilement, nota Kat’nimuk. Je les aurai plus protégées, où enterrées. A moins qu’ici on ne les considèrent pas comme des installations vitales.
-Il faudra demander Lumaka et Etana, lui répondit Dordeck.
-Pourquoi vos amis nameks se rassemblent ici ? Ils auraient pu trouver un endroit plus approprié, continua le littolien.
-Je m’étais fait la même remarque, mais Lumaka m’a expliqué que c’est le seul quartier comprenant d’assez grands ateliers pour pouvoir rassembler toute la communauté namek sans se faire remarquer.
Kat’nimuk ne semblait pas pleinement satisfait de la réponse de Dordeck. Comme Krillin, mais pour une autre raison :
-Je ne comprends pas pourquoi C-18 est partie avant nous ce matin. Elle aurait pu nous attendre.
-Elle voulait arriver tôt pour voir si elle pouvait suivre un entrainement pour nous aider, répliqua Dordeck.
-C’est un peu prématuré Dordeck. Tu sais qu’elle maitrise à peine son ki !
-Je n’avais pas le cœur de lui refuser. Nous voilà arrivés. Tu pourras lui demander toi-même ses raisons, Krillin.
Le trio se présenta devant la porte d’une usine au plafond bas par rapport aux constructions environnantes. Dordeck poussa la porte de fer forgé qui les séparaient de l’intérieur. Ils pénétrèrent dans un sas mal éclairé, qui donnait sur un escalier descendant et incliné, de moyenne largeur. Des tuyaux de métal rouillé recouvraient les parois courbes du boyau dans lequel ils progressèrent pendant de longues minutes.
-Dites donc, Dordeck, on croirait que vous êtes né sur la station ! Vous nous guidez aussi bien que Doyal et les nameks, dit Kat’nimuk. Vous nous emmenez dans les entrailles de la Cité ? On en a encore pour longtemps ?
Le jeune namek ne répondit pas tout de suite. Il avait le pas rapide malgré les marches glissantes, et semblait pressé.
-Techniquement vu qu’on vient de la surface interne de l’astéroïde et qu’on s’enfonce dans la roche, en se rapproche de la surface externe, et de l’extérieur, informa-t-il enfin.
L’escalier en pente sembla s’élargir un peu plus et l’éclairage s’intensifia. Les bruits des liquides qui circulaient dans les tubes métalliques se faisaient entendre de plus en plus fortement, obligeant Kat’nimuk à élever la voix.
-On arrive bientôt Dordeck ? Vos amis ne viennent pas nous accueillir ?
-On est arrivés.
L’escalier prit fin, débouchant sur une large pièce rectangulaire, avec plusieurs tables alignés dans le sens de la grande longueur. Des portes sur les trois côtés de la salle laissaient deviner que le complexe souterrain était immense. Dordeck se rapprocha d’une table, ouvrit un tiroir caché et en sortit deux petits flacons. Il se gratta le nez, puis tendit les mini-bouteilles à ses compagnons :
-Tenez, et buvez ça. C’est un extrait de plantes qui aidera vos esprit à s’ouvrir et facilitera la séance qui va suivre.
-Ils vous en ont appris des choses vos amis en si peu de temps ! s’exclama Kat’nimuk.
Puis il but le breuvage après Krillin.
-Très bien. Maintenant suivez-moi.
Dordeck se dirigea vers la porte en face de l’escalier et l’ouvrit.
-A… attendez, fit Kat’nimuk. Je… je ne me sens pas très b…
Le littolien s’écroula, inconscient, au grand dam de Krillin.
-Dordeck, qu’est-ce qu’il se passe ?!
-Rien qui ne soit pas prévu, dit-il en se retournant avec un sourire torve.
Le terrien voulut secouer Kat’nimuk mais ses jambes défaillirent. De même que ses forces et sa volonté. Que lui arrivait-il ? Il eut à peine le temps se retourner vers la table ou trônaient les flacons vides avant de s’affaler et de sombrer lui aussi. Des voix, lointaines, lui parvinrent avant qu’il n’abandonne totalement la lutte:
-…C’est bon, on peut y aller…. Commencer par le littolien, il semble plus faible…
Puis Krillin perdit conscience.
Il émergea une seconde plus tard, dans un univers flou et psychédélique. Ses sens lui jouaient-ils des tours ? Ça n’avait plus d’importance… Il se sentait tellement bien… A flotter dans cette douce lueur verte, au chaud, comme dans un cocon. Il aurait voulu rester ainsi toute sa vie, sans soucis, sans craintes, mais des sons persistaient à l’agresser. Des voix, de plus en plus fortes et nettes.
-Ce-cet humain est une v-vraie mine de s-savoir… Quoi ?! I-Il… Freezer ?!.... C’était donc vrai …
-L’autre ne racontait pas de conneries...
Le terrien fit l’effort surhumain de relever ses paupières et la douce lumière verte se fit agressive. Des formes indéterminées étaient en mouvement devant et derrière… Une vitre? Krillin tenta de faire le point à mesure que ses forces et sa lucidité revenaient progressivement. Que s’était-il passé ? Que faisait-il ici ?
Les formes se firent plus précises. D’autres caissons semblaient disposés en face de lui, en arc de cercle, avec des individus, debout à l’intérieur, derrière une glace translucide verte... Dordeck ? C’était lui qui les avait amenés ! Il devait y avoir une explication… Krillin tenta de bouger mais n’y arrivait pas. Tout son corps semblait entravé, et il était trop faible pour se dégager. Des bruits aigus se firent entendre, et des ombres imprécises se rapprochèrent. Un individu, humanoïde se baissa et rapprocha: Dordeck ! Un deuxième, alors que l’autre était toujours endormi ?
-Mmmmooooa….
-On a un problème, le terrien se réveille ! Augmente la dose!
-Q-Quoi ?!
Une seconde ombre se rapprocha de Krillin, qui la reconnut, même s’il ne l’avait vu qu’une fois : Guldo?
Comment le commando était revenu à la vie ? Il ne le sut jamais car soudainement, tout, autour de lui[url][/url] changea. Il se trouvait sous le ciel vert de l’ancienne planète Namek. Flottant, mais toujours sans prise sur son corps maintenu par une poigne de fer. Le commando sous lui prêt à l’embrocher avec un arbre taillé par ses soins. L’arbre partit, sans qu’il ne puisse trouver une solution pour se dégager...