Et voici le chapitre final.
un peu en retard, quelques explications à la fin.- Chapitre 8Videl sauta au sol depuis la plus haute marche du camping car et manqua de tomber, mais elle se rattrapa en titubant.
Elle courut vers la voiture qui venait d’arriver, et tambourina à la portière.
— Maman, tu restes dedans ?
Miguel, toujours assise devant le volant, s’essuya les yeux et ouvrit la porte.
— Non ma chérie.
— Tu pleures ?
La jeune mère, dont le maquillage avait coulé, prit la petite fille dans les bras.
— C’est rien, ma puce, c’est rien. Viens, je vais te faire des couettes.
Plus tard, quand Satan rentra, il remarqua le visage triste de sa femme.
— Ça n’a pas marché ?
Elle secoua la tête.
— Non, ils ont dit que si mes concerts sont bons, je manque d’albums studio à présenter. J’ai été recalée avant même de pouvoir montrer ce que je vaux. Je ne chanterais pas pour les quarante ans de règne du roi.
— Ça sera pour la prochaine fois. Tu as le temps, on est jeune.
— Mark, je pense qu’on devrait se poser quelque part.
— Pour que tu travailles en studio ?
— Pas seulement ça. Videl a bientôt l’age d’aller à l’école.
Il s’assit devant le petit bureau du camping car.
— C’est vrai. Attends. » Il fouilla dans les papiers. « Dans trois jours, on devrait atteindre une grande ville. Orange Star City. Tu as une succursale de ta maison de disque là-bas, non ?
— Oui. Et ?
— Je me souviens qu’ils ont une grande école, on est passé devant l’année dernière. On peut toujours voir s’il y fait bon vivre, non ?
Miguel se leva et embrassa son mari.
— Merci.
Il leur sembla évident à tous les deux que donner sa propre chambre à Videl avait aussi quelques avantages.
Satan et Videl marchait tranquillement dans la rue menant à la clinique.
Satan avait laissé pousser sa moustache, et ses cheveux formaient une grosse boule sur son crane.
Videl, âgée maintenant de dix ans, levait le bras bien haut pour tenir la main de son père.
Elle la lâcha quand elle vit sa mère descendre les marches.
— Maman !
Lilith attrapa sa fille. Elle semblait soucieuse.
— Ça va, ma chérie ? Demanda Satan.
Elle regarda Videl et lui sourit.
— Je t’en parle à la maison.
Dans le salon, un peu plus tard, alors que Videl regardait des dessins animés, Satan approcha de sa femme.
— Alors, qu’est qui se passe ?
Lilith soupira profondément.
— J’ai…
— Maman ! Papa ! Regardez !
— Ce n’est pas le moment, ma chérie.
— Mais il y a un monstre à la télé !
Son père s’approcha et se pencha vers elle.
— Oui, c’est la télé. Mais tu sais, on discute, maman et moi.
— C’est pas dans Mon petit zèbre qu’il y a des monstres, papa. Il a traversé l’écran, de bas en haut.
Dans le poste, l’image changea, indiquant un flash spécial.
— ...raison de mon intervention. J’ai décidé d’organiser un grand tournoi, nommé le Cell Game...
Lilith s’approcha à son tour et écouta le monstre faire son discours. À la fin, et sur toutes les chaines, des journalistes tentèrent de décrypter cette intervention.
— Ça m’a l’air sérieux, fit-elle.
— Et moi ça me rappelle quelque chose. Je vais appeler le gouvernement. La dernière fois, j’étais trop jeune, trop faible, mais maintenant, je suis le champion, il va voir ce qu’il va voir, ce… Cell. » Il se tourna vers son épouse. « Mais tu voulais me dire quoi ?
— Ça peut attendre, pas d’urgence. Vas-y.
Deux semaines plus tard, le monde entier fêtait son sauveur, le grand Mister Satan.
Lilith était dans son bureau, à la maison, assise devant ses partitions, en robe de soirée.
Elle ne les regardait pas. Pour la énième fois, elle lisait les résultats d’analyse et repensait à ce qu’avait dit le médecin.
— Les analyses sont formelles. Vous avez un cancer, madame.
— Est-ce que… est-ce qu’il y a un moyen de se soigner ?
— Oui, rassurez-vous. Si vous commencez une chimiothérapie maintenant, dans cinq ans, il sera complètement résorbé. Ce n’est pas une tumeur très active, et vous avez été dépistée suffisamment tôt. Ne vous inquiétez pas.Cinq ans. Et son seul espoir était dans trois ans.
Et Mark…
— Chérie, tu es prête ? On nous attend.
— J’arrive !
Mark allait être reçu par le roi. Il était mondialement connu, même si…
Elle se leva et pris son briquet. Elle fit bruler les résultats dans le cendrier et sortit.
Le jubilé du roi Médor III. Le plus grand évènement de son règne, qui correspond aussi à son départ à la retraite et à la passation de pouvoir à son fils, qui dès le lendemain, sera le roi Médor IV.
Tous les ans, le roi du monde faisait une grande fête pour l’anniversaire de sa montée au trône. Ce jour était déclaré fête nationale, et il se terminait pas un concert.
L’artiste choisi, après de rudes concours et jugements, était sûr d’acquérir une renommée mondiale.
Tous les dix ans, le concert était plus important, et celui-ci était l’apothéose.
L’artiste choisi avait l’honneur de chanter face à deux rois.
Lilith avait bataillé dur. Elle s’était présenté, deux ans auparavant, sous son vrai nom, pour ne pas laisser le nom de son mari influencer le jury. Ça n’avait duré qu’un temps, mais elle avait vraiment été choisie pour son talent personnel.
Et elle était là, sur scène, devant une foule immense.
Elle regardait la loge du roi. Des rois, en fait. Satan et Videl étaient aussi dans cette loge, invités spéciaux.
Elle entonna les dix chansons qu’elle avait écrites spécialement pour l’occasion, l’une après l’autre.
La foule retenait son souffle.
Dans la loge royale, Satan aussi retenait son souffle. Il était si fier que ses inquiétudes des derniers mois avaient disparus.
Lilith avait perdu dix kilos, et elle devait cacher ses traits tirés derrière une couche de maquillage.
Mais elle avait enfin réussi. Elle chantait pour le concert personnel du roi, un évènement tel qu’il n’y en a qu’un par siècle.Le récital dura plus d’une heure, et le silence quasi religieux des spectateurs se brisa après la dernière note dans une ovation qui fit trembler les fondations de la salle.
Lilith salua bien bas avant de s’éclipser.
— Mister Satan, Voudriez vous aller chercher votre épouse, j’aimerais la féliciter personnellement.
— Tout de suite, Majesté.
Satan fonça vers la loge de sa femme et frappa à la porte.
— Lilith, tu es là ?
La réponse ne venant pas, il entra.
— Le roi voudrait te voir.
Il avança un peu.
— Tu es là ?
Il se figea.
Lilith était étendue au soir, inconsciente.
— CHÉRIE !
Satan souleva le docteur par le col et le plaqua contre le mur, le portant à plus de trente centimètres du sol.
— FAITES QUELQUE CHOSE !
— S’il vous plait, je fais ce que je peux, fit le docteur, affolé.
— C’EST PAS SUFFISANT ! SAUVEZ MA FEMME !
— S’il vous plait, reposer moi, fit-il d’un ton suppliant.
Satan sembla seulement réaliser ce qu’il faisait, et lâcha le médecin qui remis son col.
— Son bilan est catastrophique. Un cancer qui n’a jamais été soigné. J’ai appelé l’hôpital de Satan City, et ils m’ont dit qu’elle avait fait des examens mais n’y a jamais donné suite.
— POURQUOI ? » il se calma et continua d’une voie désespérée. Les larmes lui coulaient des yeux. « Pourquoi elle ne m’a rien dit ? Pourquoi l’hôpital n’a rien fait ?
— Légalement, tout le monde a le droit de refuser de se faire soigner. Ils n’avaient pas à insister.
— Vous pouvez faire quelque chose ?
Le docteur secoua la tête.
— C’est trop tard. Le cancer s’est généralisé. Il n’existe plus aucun traitement à ce stade. Je suis désolé.
Il hurla quand Satan frappa le mur des deux côtés de sa tête avec ses poings massifs. Mais ce n’était pas une attaque contre lui. Il pleurait, les traits crispés et les yeux fermés. La douleur se lisait sur son visage.
Il s’éloigna du médecin et alla dans la salle de réanimation ou était Lilith.
Sans maquillage, sa peau était effroyablement pâle. Ses yeux étaient cernés.
Videl était assise près d’elle, endormie en lui tenant la mais, épuisée par la tristesse.
Lilith tendit sa main squelettique vers son mari qui la prit doucement.
— Je suis désolée, Mark, si désolée. Le concert a usé mes dernières force. Je vous abandonne, toi et Videl.
— Non. On va trouver quelque chose. Je te promets.
— J’ai été si égoïste. Je voulais réussir, je voulais… Je voulais faire comme toi, réussir mon rêve, à tout prix. Et je vous ai trahi. Je voulais être digne de toi.
— Mais… Tu as toujours été meilleure que moi. Tu n’avais rien à prouver. Rien.
— Tu es le sauveur du monde. Le grand champion.
Envahi par la culpabilité, il baissa la tête et prit la main de sa femme, une main si froide maintenant, contre son visage inondé de larmes.
— Non, je ne suis qu’un imposteur. Je n’ai jamais rien sauvé du tout. C’est moi qui n’a jamais été digne de toi. Reste, Miguel. S’il te plaît, reste avec nous.
Il releva la tête.
Elle avait les yeux clos. Sa main était sans force.
— Non, Miguel, non, s’il te plaît, non, Miguel. Miguel. MIGUEEEEEEEL !
Elle mourut trois jours après, sans jamais sortir du coma.
Satan était affalé dans le fauteuil du salon plongé dans la pénombre.
Il avait un verre à la main, et le sol était jonché, comme à l’accoutumé, de bouteilles vides.
Il avait perdu en masse musculaire, après l’abandon de son entrainement. Une barbe sale tapissait son menton.
Mais ça lui était égal. Tout lui était égal, désormais.
Il ferma les yeux quand une lumière violente illumina la pièce.
Videl avait ouvert les rideaux en grand.
Tenant un journal, elle s’approcha de son père.
— Papa, regarde ça.
Il lui jeta un regard vide.
— Quoi ?
— Le championnat du monde des arts martiaux reprend après dix ans d’arrêt ! Il faut participer.
— À quoi bon ?
Videl jeta le journal et attrapa le visage de son père.
— Tu l’as promis à maman, tu te souviens ? Tu lui as promis de gagner ce tournoi ! » Elle se leva. « Les moins de quinze ans ont leur propre tournois, alors je participerai à celui-là. Mais toi tu gagneras le tournoi sénior ! C’est dans un mois, alors tu vas te bouger !
Elle attrapa son verre et ramassa la bouteille à moitié entamée qui se trouvait à côté du fauteuil puis sortit avec.
Satan regarda ses mains.
Un tournoi.
— Miguel.
LE tournoi. Celui qu’il avait promis de gagner.
Il ramassa le journal et se leva.
Videl avait raison, il était temps de se ressaisir.
Il allait gagner le 24ᵉ Tenkaichi Budokai.
Trois ans après, Satan était dans sa loge, fumant calmement un bon cigare.
C’était dommage que toutes les caméras soient tombées en panne en même temps. Bizarre, aussi.
L’attitude de sa fille était étrange, aussi. Ses cheveux courts, et sa nouvelle technique secrète si mystérieuse.
Mais ça n’allait pas faire disparaître sa bonne humeur.
Il prit le cadre de photo posé sur son bureau.
— Tu me manques, tu sais ? Mais aujourd’hui, tu vas voir, je vais être le grand champion, j’en suis sûr. Personne ne mettra ça en doute, personne.
Il reposa le cadre et se dirigea vers la porte.
Son intuition lui disait que ça allait être grande journée pour lui.

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