Salut tout le monde,
Je n'interviens plus vraiment sur le forum, mais je continue à suivre vos discussions sur Super. Ca faisait un moment que je voulais partager deux trois idées, ici et maintenant ça ne me paraît pas trop mal comme occasion.
Parallèlement à l'US, je suis aussi les podcasts de l'équipe Kanzenshuu. Ca fait donc deux groupes de fans très hardcore de Dragon Ball auxquels je me sens attaché. Deux groupes qui suivent l'évolution de la série avec la même passion et le même mélange d'espoir et d'appréhension. Qui partagent des émerveillements communs et des déceptions communes. Pourtant, de manière frappante, au niveau du ressenti exprimé, c'est presque le jour et la nuit.
D'abord, Kanzenshuu se sont imposé la règle de ne pas faire de chronique épisode par épisode, du moins tant que Super ne serait pas finie. Ils ne pensent pas que cela permette une critique constructive sur l'ensemble de la franchise. En revanche, ils parlent de la série à travers ses actualités : annonce de la participation de tel animateur prestigieux, nouveaux noms au générique, nouveaux thèmes musicaux, annonce d'un nouvel arc, rebondissement sur tel ou tel point de folklore, etc. Je ne mets personne en tort, le commentaire "à chaud" a du bon aussi, j'indique simplement ceci pour souligner la différence de perspective.
Parce que, du coup, en s'attachant davantage à l'aspect "production et actualité", les gens de Kanzenshuu sont globalement beaucoup plus enthousiastes vis à vis de Super que les commentateurs de l'Union Sacrée. Ils ont conscience des terribles limitations de la série (la production hyper chaotique, les animations pas retouchées, les facilités scénaristiques), mais ils sont aussi beaucoup plus accueillants avec les bons aspects, certains points sur lesquels Super se démarque clairement de Dragon Ball (Z), et où finalement, c'est peut-être pour le mieux. Et de les entendre jubiler m'a aussi amené à réviser une partie de mon jugement sur la série.
Il y a des choses que Super rate. Le rythme a beau être meilleur que dans DBZ, certains épisodes sont carrément plats et consistent simplement en des séries de saynètes qui font patienter le spectateur jusqu'à un rebondissement, déjà annoncé dans la preview de la semaine précédente, et qui ne se produit que dans les toutes dernières minutes. Les rapports de puissance sont souvent WTF. Ils ne sont pas aussi incohérents qu'ils n'y paraissent à première vue (je ne vois pas de gros problème avec la puissance de Black ou de Zamasu unifié, si l'on admet que l'un comme l'autre sont inexpérimentés dans l'utilisation du ki saiyen, mais c'est un autre débat), mais ils sont en tout état de cause mal mis en scène : soit un power-up annoncé semble n'avoir aucun effet (le SSJB et le ki divin en général, les passages dans la Chambre de l'esprit et du temps, ...), soit un power-up inexpliqué met tout le monde à égalité (Magetta, le giji-SSJB de Trunks, le Zamasu du futur,...). Et, bien sûr, Goku a un gros problème de caractérisation.
Mais il y a aussi des choses que Super apporte que j'attendais d'une nouvelle série DB, voire que je n'espérais même pas. Goku se comporte bizarrement dans les situations ordinaires, mais lorsque les choses s'enveniment, on retrouve sa gravité habituelle (en présence de Hit et des Hakaïshin, ou lors du second voyage dans le futur, jusqu'à l'unification de Zamasu). Vegeta ou Piccolo ont quelques moments magnifiques. L'un contrôle à peine sa fureur dès qu'il s'agit de sa famille, et il est enfin assez en paix avec lui-même pour développer et enseigner une philosophie des arts martiaux, ce que l'on voit en action dans son combat contre Kyabe, mais aussi en filigrane dans les quelques punchs échangés avec le Trunks du futur... ou dans la leçon de vie donnée à ce dernier par son alter-ego du présent. Piccolo, quant à lui, a encore de quoi se battre, mais abandonne progressivement sa superbe pour faire le tonton gâteau avec Pan. Pan qui centre l'attention le temps de quelques épisodes géniaux, complètement dans l'esprit du vieux Dragon Ball, et qui affecte tous les personnages autour d'elle (sérieux je suis fan, je veux un spin-off de 140 épisodes sur la vie quotidienne de cette famille !)
Quant aux combats, ils sont courts et parfois un peu mous, mais ont souvent juste assez d'intensité pour maintenir le spectateur dans l'envie sans le frustrer. Vegeta contre Magetta, Goku contre Hit, Black écrasant Trunks, Goku et Trunks tourbillonnant dans tous les sens contre Black et Zamasu, et évidemment les épisodes 64 et 66. Ca bouge, ça vibre, ça va à toute vitesse. Moi qui ai toujours été déçu, passant du manga Dragon Ball et de l'impression de vitesse et de brutalité qu'il communiquait à chaque case, à la série télévisée DBZ avec ses combats interminables et souvent très mal rythmés, je me régale quand je vois en moins d'une minute ce qui, dans DBZ, aurait pris trois épisodes. Parce que dans le manga ça ferait maximum 10 pages, et que si ça va vite, ça doit forcément être bref.
Quant aux rapports de puissance, Trunks du turfu obtient des power-ups insensés, mais il n'a jamais été écrit que seule la colère pouvait engendrer une montée en puissance de saiyen, et tout semble indiquer qu'il ne maîtrise pas sa super-transformation à loisir, mais qu'elle ne se manifeste que quand il est acculé, comme malgré lui (un peu comme les éclats de colère d'un certain Gohan, qui à 4 ans manque de tuer en un coup un guerrier surpuissant et sur-entraîné, sans que personne n'y trouve rien à dire...). Je ne me lancerai pas dans ce débat, je comprends que ça soit rédhibitoire pour certains. Je me contenterai de revenir à une remarque de Mike/VegettoEX (de Kanzenshuu) qui, à plusieurs reprises, a soutenu dans son podcast que les débats sur les rapports de puissance n'apportaient rien au fandom de Dragon Ball, et l'empoisonnaient peut-être en focalisant toute l'attention sur l'arbre qui cache la forêt. Peut-être qu'au lieu de nous faire des noeuds dans la tête et de crier et de pleurer de rage à chaque épisode parce que tel ou tel personnage ne devrait pas être aussi fort ou aussi faible... Peut-être que nous pourrions aussi accepter cet état des choses comme un fait acquis (critiquable, peut-être même détestable, mais désormais intrinsèque à la série) et, pour continuer à être constructifs dans nos critiques, nous attacher à d'autres éléments du récit : les enjeux pour les personnages, les émotions qui les guident, leurs interactions et leur évolution.
Bref, je suis souvent déçu par DBS, mais je m'éclate aussi une bonne partie du temps, et je crois surtout qu'une fois qu'on a trouvé un défaut, même grave, à la série, il vaut mieux le relever, admettre qu'il va persister, et essayer d'en faire abstraction pour la suite, pour ne pas se gâcher le bon en ressassant éternellement le mauvais.
A vous les studios
