J'ai fait un rêve vachement trash dans la nuit de lundi à mardi.
C'était dans un monde post-apocalyptique, où le danger avait été maîtrisé : genre, il y a avait encore des zombies un peu dispersés, mais ça allait, l'humanité s'était plus ou moins organisée en petits villages/refuges, le danger était sous contrôle. Ce décor est inspiré de
Walking Dead, évidemment (que je ne regarde pas et que j'ai cessé de lire, mais dont j'entends parler assez souvent) et d'une BD dont j'ai oublié le titre, que je vais offrir à mon filleul pour Noël. Mon meilleur pote et moi discutions à deux, on plaisantait, riait, l'ambiance était très détendue, et une fête commence au sommet d'un bâtiment, avec de l'alcool, du tabac, et des filles très légèrement vêtues (bon, des stripteaseuses). C'est une ambiance type prohibition : on s'encanaille gentiment pour le plaisir. Je suis un peu à l'écart, mais très détendu, j'observe tout avec le sourire et un certain détachement. Puis un car de flics débarque. Il se gare devant le bâtiment, suivi d'un second, et peut-être d'autres encore. Lourdement équipés, tenues anti-émeute, armes automatiques (ou semi-auto, je ne connais pas vraiment la différence). Je ne m'inquiète pas : on sait que théoriquement on a enfreint la loi, mais ce n'est qu'un secret de polichinelle et concrètement, les forces de l'ordre ferment les yeux sur ce genre d'événement. Apparemment ils ont décidé d'être plus sévères cette fois-ci, mais comme je suis pauvre, je n'ai rien bu, rien fumé, je n'ai donc rien à me reprocher et on ne peut pas m'inculper. La soirée est donc gâchée puisque la fête s'arrête là, mais bon, tant pis. (L'idée de ma pauvreté qui est une sorte d'atout vient d'une plaisanterie que j'ai eue avec l'ami en question le soir avant le rêve : on se disait qu'on a tellement l'habitude de vivre avec un petit budget que si un jour on finit par gagner 2000€ par mois, on aura l'impression d'être les rois du monde.)
Et là, quelqu'un (une voix de femme je crois) hurle : "Ils tirent dans le tas !" On entend les coups de feu. Mouvement de panique. Tout le monde se rue vers les sorties, mais elles sont bloquées et tout ceux qui tentent de passer par là se font faucher. Je comprends ou devine qu'il s'agit d'une sorte de coup d'état, que les forces armées ont décidé de prendre le pouvoir en semant la terreur. Les flics montent étage par étage en nettoyant tout, un véritable escadron de la mort. En suivant une partie de la foule, je me retrouve sur les toits, sachant qu'il y a des issues de secours par là. Sur le chemin, une autre voix crie "Ils tirent sur tout ce qui bouge !" J'envisage vaguement de m'emparer des affaires d'un policier (dont les visages sont dissimulés sous des espèces de casques, là) afin de me faire passer pour l'un d'eux, mais je laisse tomber l'idée, irréalisable. D'en haut, je vois le sol, où le massacre continue, et je pense distinctement : "C'est horrible, parce que ce sont des humains qui font ça à d'autres humains" : une phrase dérivée d'une discussion avec ma tante, quand elle m'a expliqué que son fils - mon filleul donc - apprécie
Walking Dead et d'autres films d'horreur pour leur côté surnaturel : si le mal est représenté par des monstres, ça passe, mais quand des humains sont cruels, ça ne lui plaît pas du tout (après il me semble que dans WD il y a des humains vivants qui sont de vrais monstres, mais soit). Bref. Il y a des espèces de ponts qui relient le sommet du petit building à une sorte de colline où commence la forêt, mais je m'aperçois que les policiers sont déjà là aussi : cet assaut avait donc vraiment été planifié et réfléchi pour ne laisser aucun survivant. Ça ne sert à rien de filer dans cette direction. "Réfléchis, je me dis, soit plus malin que les autres ou tu n'as aucune chance". Plutôt que de fuir, je décide alors de me cacher, peut-être dans une bouche d'aération (que j'ai vue dans un comic de Spider-Man quelques jours plus tôt), et au pire de faire le mort : il y a tant de cadavres que je devrais passer inaperçu, et c'est de loin ma meilleure chance.
Ici je me réveille en sursaut, le cœur battant la chamade, et il me faut un temps qui me semble très long avant de commencer à me calmer. Ma première pensée : "Mon Surmoi est venu donner une leçon à mon Ça." Peut-être que mes cours de psycho m'obnubilent légèrement... Toujours est-il que ce n'est pas si absurde : le policier est le figure de l'ordre par excellence, et je n'ai absolument aucun problème avec les flics (contrairement à certains potes militants qui les appellent les robocops) ; et la fête, licencieuse qui plus est, est le moment et le lieu où on laisse libre court aux pulsions. À un autre niveau, ce rêve est clairement dérivé des attentats de Paris, dont le souvenir a été réactivé, peu avant que j'aille me coucher, par ce qui s'est passé à Berlin. Je suis presque sûr d'avoir entendu mot pour mot les phrases criées par des inconnus dans les interviewes qui ont suivi les événements du Bataclan. En tout cas, je sais que l'idée de faire le mort m'est venue de là. Et en me réveillant, je me disais que ça n'allait pas marcher, parce que dans ma situation, l'ennemi était en train de conquérir le terrain : je pourrais peut-être les leurrer quelques heures, mais il n'y aurait pas de retour à la normale, ça n'allait pas être un événement isolé, l'ordre du monde ne serait plus pareil et ils auront tout le temps d'examiner chaque corps un par un pour lui loger une balle dans la tête si tel est leur projet : personne ne pourrait les en empêcher.
La nuit précédente, j'avais rêvé que je conduisais un kart dans ma ville, un kart sur rails, et dans un tournant je me rends compte que je suis en fait sur les rails d'un tram qui me fonce dessus. Il n'est qu'à quelques mètres de moi, et je me dis : "C'est foutu. Je vais mourir, et ça va être très douloureux." Je suis tétanisé pendant une ou deux secondes. Puis une voix, celle de mon prof de karaté, me crie : "Réagis ! Tente quelque chose !!" Je sors de ma stupeur et me jette sur le côté, tout en sachant que ça ne servira probablement à rien. Mon kart se fait broyer, et je sens un choc en heurtant le tram, mais aucune douleur. Je me demande si j'ai eu les bons réflexes et si je suis tiré d'affaire, ou si la blessure est tellement grave que la douleur ne se déclenche pas tout de suite et que je vais mourir dans quelques instants. Puis je me réveille.
C'est bizarre. Je ne me souviens pas d'avoir fait des rêves de ce genre, avec une mort violente aussi explicite, et là ça en fait deux en deux nuits. Je crois que l'ordre du monde me préoccupe plus que je ne le pense. On avait eu des attentats à Bruxelles aussi, donc je suis peut-être plus sensible à ce genre de nouvelles, et quand mon ami (encore lui) m'a dit ce qu'il savait pour Berlin, j'ai réagi de la même façon et n'ai pas cherché à me renseigner - au contraire, j'évite les articles sur ces sujets-là (et je ne regarde pas la télé et n'écoute que très peu la radio). De plus, j'ai pas mal d'élèves syriens, dont deux sœurs qui, vendredi, m'ont raconté leur parcours et expliqué que leur maison familiale, à Alep, n'existe plus, "cassée, plus debout". L'une d'elle parlait aussi d'enfants morts, disait dans son français approximatif que "quelqu'un" (mais qui ?) devrait dire stop à la guerre, parce que des enfants morts, ça dépasse tout... Je n'y avais pas repensé depuis. Mais là, en écrivant ces lignes, j'ai les larmes aux yeux et je me dis qu'elle a raison, ce n'est pas juste, ça ne devrait pas arriver.
Allez, merci de m'avoir lu, et bonne soirée à tous !
