Voilà le chapitre 8 !
Merci à Omurah et Xela pour leur aide précieuse

Bonne lecture à tous ^^
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La nuit commençait à tomber et le soleil dardait ses derniers rayons sur l’école de magie, bientôt recouverte par le voile obscur de la nuit. Si la majorité des professeurs avait déserté leur poste depuis plus d’une heure, un enseignant tardait encore à quitter les lieux...
Installé dans un fauteuil de velours noir, le revers de l’index droit collé contre ses lèvres et sa main gauche martelant le bois de son bureau à l’aide d’un stylo aux bordures argentées, Tayrun fixait d’un air absent la pile de dossiers se dressant devant lui.
Une image holographique s’imposa subitement face à lui dans une brume délicate. Le Mage releva la tête.
22:40.
Un soupir s'échappa des lèvres de Tayrun. D’un bref balayement de la main droite, il décala l’image de quelques centimètres vers la droite avant d’apercevoir un nouveau reflet se distinguer à sa gauche. L’école n’allait pas tarder à fermer ses portes et les quelques employés de garde pour la nuit se hâtaient dans toutes les pièces pour vérifier que tous les étudiants étaient bien repartis chez eux après leurs derniers travaux. Une inquiétude rapidement chassée par les images qui se dessinèrent sous ses yeux. Un léger sourire se peignit sur les lèvres du Mage. Voilà une bonne nouvelle ! Il ne pouvait tolérer qu’une nouvelle altercation sévisse entre les étudiants du soir comme ce fut le cas deux semaines plus tôt. La nouvelle série d’hologrammes qui s’enchaîna dévoila les résultats des derniers examens et qui parmi les élèves de premier cycle avait le plus progressé durant les huit derniers mois. La liste était éminemment fournie cette année. Mais au sein de ces nombreux noms, l'un d'entre eux attira particulièrement l'attention du directeur :
Son Goten.
Le sourire de Tayrun s’élargit quelque peu. A posteriori des nombreuses observations qu’il avait faites au cours de ces derniers siècles, il ne faisait nul doute à présent que les âmes des Vergassiens morts voyaient leurs pouvoirs augmenter à l’instant où ils réintégraient un nouvel être. La puissante brute des Vergassiens était plus fluide comparée aux autres peuples de l’univers. Pas étonnant que Garonne ait élu domicile dans le corps de cet adolescent.
L’appel de son extraordinaire puissance l’avait attiré comme un ours sur le miel, une abeille vers le pollen. Avec ce corps, il profitait également de son potentiel énergétique en plus de ses pouvoirs magiques qui augmentaient chaque jour un peu plus. Goten avait de l’avenir. Il en était convaincu. Tout comme sa sœur, l’une des Magiciennes de second cycle les plus douées qu'il lui ait été donné de voir. Leurs pouvoirs étaient précieux. Et il savait qu'un jour, ils serviraient la planète...
Enfin, une dernière image émergea face à lui, révélant le menu du déjeuner du lendemain : poulet mariné à la sauce de framboises et cassis. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du Mage. Sacré Piix ! Décidément, ce Majin avait le dont pour inventer des recettes aussi farfelues qu'originales, mais surtout succulentes. Il n'y avait plus qu'à espérer que les élèves apprécient cet élan de créativité, pensa Tayrun.
Le Vergassien quitta sa chaise, contourna son bureau, puis s’approcha d’une des fenêtres ovales de la salle. Une pièce pas très grande en réalité. Elle comportait un grand bureau contemporain en bois blanc et noir, un petit canapé avec table basse et une gigantesque étagère située derrière le bureau. Tayrun affectionnait beaucoup l’art abstrait moderne et les nombreux tableaux accrochés un peu partout sur les murs étaient là pour le prouver. Comme dans toutes les salles du bâtiment, cette dernière disposait de plusieurs torches enflammées bleu ciel et roses, dispersées aux quatre coins des murs de briques qui changeaient de couleur au fil des heures de la journée.
« Il faut que cela réussisse. Il faut à tout prix qu’ils s’unissent, il en va de notre avenir à tous… » pensa-t-il, l’air songeur, le regard fixé sur le paysage nocturne de l’une des villes situées en face de lui.
Soudain, les portes s’écartèrent brusquement, laissant apparaître une silhouette féminine.
— Kera, quelle charmante surprise. Que me vaut cette visite ? s'enquit le Vergassien sans même se retourner.
La Vergassienne arborait une taille délicate avec des yeux vert pomme, une peau brune claire et des cheveux noirs soigneusement coiffés en un joli haut chignon. Kera plissa les yeux et traversa la pièce d’un pas décidé à la rencontre du Mage.
— Comment as-tu osé faire une chose pareille ? lança-t-elle d’un ton sec.
— De quoi parles-tu ?
— Tu sais très bien de quoi je veux parler, Tayrun ! De quel droit t’es-tu permis de faire venir ce Majin ici ?
— Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour notre bien à tous. Je n’ai pas à me justifier, répondit le Mage d’un ton calme.
— Tu fais venir le plus puissant et le plus dangereux des Djinns et tu dis que c’est pour notre bien ? Tu te moques de moi, j’espère ! Tu te rends compte que tu nous mets tous en danger ?
— Voyons Kera, inutile de s’affoler. Les Gardiens l’ont maîtrisé sans aucune difficulté et il est à présent enfermé dans sa Lampe, assura Tayrun en se retournant pour faire face à sa soeur avant de s'éloigner de la fenêtre pour rejoindre son bureau.
— Et l’absorption de l’un des Majins par ce démon on en parle ?
— Oh ! C’était un joli coup, il faut l’admettre, s’amusa le Vergassien. D'un clignement des yeux, il rassembla les dossiers sur la table, puis les envoya dans les tiroirs de la grande commode située au fond de la salle avant de s'installer dans son fauteuil sous le regard interdit de la Vergassienne.
La magicienne resta pantoise face à légèreté des paroles de son frère. Ce Djinn avait assimilé l’un de ses Gardiens et cela l’amusait ? À quoi jouait-il exactement ?
— Je ne tends pas à rire, Tayrun ! déclara sèchement la Vergassienne en s'approchant du bureau, le regard noir. Pourquoi l'as-tu laissé faire ? Ne crois-tu pas qu’on a déjà assez à faire comme ça sans que tu en rajoutes une couche avec tes idioties ? Je croyais que les Kaioshins avaient été clairs à ce sujet. Que tu avais la permission de créer autant de Majins que tu le souhaitais à condition de les maintenir sur la planète afin que ceux qui ne sont pas immunisés au mélange d’ondes ne causent pas la perte de l’univers.
— C’est l'accord que nous avions passé, en effet, répondit Tayrun d'un air décontracté.
— Alors, pourquoi l’as-tu fait revenir ici ? s'emporta Kera en plaquant brutalement ses mains sur le bureau de son frère. Tu sais très bien qu'il n’est plus ce qu’il était autrefois et qu’il a causé du tort à bon nombre de peuples. Y compris celui de la Terre !
Tayrun observa un instant de silence. Si Buu était devenu incontrôlable c'était à cause de ce traitre de Bibidi. Et même s'il avait récupéré sa créature, cela ne changeait rien à ce que cette vermine avait osé lui faire... Mais le doute était un luxe qu'il ne pouvait pas se permettre et il n'était pas question de renoncer à son plan.
— Parce qu’il est le seul à pouvoir nous aider à gagner cette bataille. Avec l’aide de la petite, cela va de soi.
— Tu tiens vraiment à la mêler à cette histoire ? Ne penses-tu pas...
— Elle est déjà mêlée à cette histoire, Kera, tu le sais aussi bien que moi.
— Ne le prends pas mal, mais je crois qu’il est grand temps que tu passes le flambeau…
— Et c’est ce que j’ai l’intention de faire. Quand ils seront prêts.
— Et si cela ne fonctionnait pas comme tu l’espérais ?
— Cela doit fonctionner. Il est notre seul espoir. Lorsque j’ai fait des recherches pour aider Maelyss lorsqu’elle est était entre les mains de Darkon, je suis tombé par hasard sur un vieux document que j’avais écrit à l’époque. Le nom de Buu y figurait. J’ai pensé au début que c’était juste mon imagination qui me jouait des tours. Ce nom me semblait étrangement familier. Alors, j’ai mené mon enquête. Et au moment où je l’ai vu, des images me sont apparues. Je me suis souvenu de lui. De ce qui s’était passé. De ce qui aurait dû se produire si cette maudite verrue verte n’était pas intervenue ! Je me suis rappelé du rôle qu’il avait à jouer et de ce qu’il aurait dû accomplir. C’est là que j’ai compris qu’il fallait à tout prix que je le ramène parmi les siens ! Traite-moi de fou, de rêveur ou d’inconscient, si tu le souhaites, mais les faits sont là. Nous avons besoin de lui. Darkon ne nous fera pas de cadeaux et…
— Je commence à en avoir assez de cette querelle de famille ! coupa furieusement Kera. Cela va beaucoup trop loin. Il faut que cela cesse !
— Et cela cessera une fois que Darkon sera vaincu, insista le Mage. Je ne le laisserai pas prendre notre héritage et détruire tout ce que nous avons durement reconstruit tous ces millénaires durant.
— À qui la faute ? Je te rappelle que c’est toi qui as lancé les hostilités ! Si tu n’avais pas fait autant de mal autour de toi nous n’en serions pas là ! Jamais Darkon ne serait devenu ce qu’il est si tu n’avais pas contribué à son tourment en tuant sa femme et sa fille ! Et maintenant à cause de toi, il se venge sur des milliers de personnes !
— Crois-tu que je ne le sache pas ? Chaque matin je me lève avec cette insupportable boule à l’estomac à l’idée que la vie de Maelyss a été détruite et ce, parce que notre cousin a décidé de me faire payer tout le mal que j’ai fait. Et ce n’est pas la seule vie qu’il a anéantie et qu’il continue de briser. Je fais de mon mieux pour réparer les fautes que j’ai commises. Et le fait de voir tous ces gens souffrir et s’allier à lui sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, suffit à mon châtiment. Alors, si je peux mettre un terme à tout ça, je me dois de saisir cette occasion. Je tiens trop à cette nouvelle vie pour laisser un psychopathe prendre possession de cette planète et du reste de l’univers.
Le Vergassien soupira intérieurement. Aucune action ne pourrait effacer tout le tort qu’il avait causé, car trop de sang avait coulé. Il savait que la partie était loin d’être gagnée. Que tenter d’allier Buu à sa cause était un pari risqué. Mais il fallait que son plan fonctionne. C’était sa seule chance de se racheter... Kera fixa un instant son frère cadet en soupirant. Même si elle lui en voulait encore après tant d’années, elle savait qu’il n’était pas l’unique responsable de tout ce qui s’était passé. Leur mère n’était pas innocente quant au changement brutal et radical du comportement de Tayrun et de leur cousin.
Bien que les agissements de cette dernière ne justifiaient pas les crimes que son frère avait commis, elle se devait de croire en lui. Elle n’avait pas le choix. Lui et ses Majins étaient les seuls capables de les sauver du sort funeste que leur réservait le Mage Obscur. Mais les décisions de Tayrun l’inquiétaient. Son attitude l’effrayait et elle craignait qu’il ne replonge dans les ténèbres une nouvelle fois. Car elle savait que si une telle chose venait à se produire, leur planète serait définitivement condamnée.
— Le Majin est-il au courant de ce que tu es en train de faire ?
— Il saura tout le moment venu. Je ne veux pas prendre le risque de le mettre dans la confidence maintenant, au risque que cela perturbe le bon déroulement du plan. Mais je ne me fais aucun souci pour lui. Il est intelligent, il va rapidement comprendre les choses. Le lien ne s’est peut-être pas encore réactivé, mais cela ne saurait tarder…
… .Pendant ce temps, au palais du Prince Jaï. …
Une longue journée venait de s’achever pour le Prince des Majins et il pouvait dès lors enfin s’accorder un instant de repos bien mérité. Et quoi de mieux que d’aller faire un tour au pub de la capitale pour un verre afin de se changer les idées ? L’occasion étant pour lui de rencontrer d’autres personnes que le peuple Majin dont il avait la responsabilité. Et par la même, faire de nouvelles connaissances.
— J’ai entendu dire que le pub était très animé ce soir. Je crois savoir que le groupe Djii donne un concert dans quelques heures, annonça Muun.
— Vraiment ? Eh bien dans ce cas, hâtons-nous ! Je ne veux pas rater une miette de ce concert ! s’exclama Jaï tout en se dirigeant vers la sortie de la salle.
Djii était le groupe de musique préféré du Prince. Et il était impatient de découvrir les nouvelles chansons qu’il avait composées. Jaï quitta la pièce suivi de près par son Garde, tout aussi impatient d’écouter les nouvelles chansons du groupe.
Tapi dans l’obscurité de l’un des recoins de la salle du trône, une autre personne observait le quotidien du Prince Jaï depuis plusieurs heures déjà, attendant avec impatience de pouvoir enfin sortir de l’ombre… Une minuscule particule de chair se mut quelques instants avant de se détacher du mur. Le morceau se mua en masse gélatineuse informe, puis s’étira, dévoilant la silhouette musculeuse d’un Djinn rose.
Buu sortit de sa cachette, un sourire diabolique sur le visage...