Allez, petit up pour ce sujet histoire que je sorte un peu de DBZ. Je ne vais pas raconter mon rêve du jour, et heureusement d’ailleurs car mes songes partent tellement dans tous les sens qu’essayer d’en retranscrire ne serait-ce qu’un serait une tâche bien trop ardue pour moi. Je vais plutôt raconter un rêve que j’ai fait plusieurs fois et qui a presque fini par virer à l’obsession.
Alors que j’avais 17-18 ans, j’ai commencé à faire un rêve qui se révélera être récurrent, à savoir plusieurs fois pas an. Je me vois le plus souvent chez moi, en train de lire un petit livre à la couverture bleue tachetée de points blancs. Ma famille vaque à ses occupations à côté de moi et je reste là, à lire encore et encore. Puis le rêve se répète, le décor peut varier (ma chambre, le salon, le jardin) mais toujours la même scène, moi qui lit ce foutu livre, toujours le même. Je commence à y penser même éveillée, ça me travaille, alors je décide de fureter sur mes étagères pour voir si je trouve un livre qui serait ressemblant. Sans succès.
Puis le rêve évolue. Je lis chez moi, à ce niveau là pas de changement, mais je sais que je lis un livre de jeunesse. Dans mon rêve, j’en parle autour moi, j’explique que je l’ai lu enfant et que je l’ai retrouvé. Pas de titre, je sais uniquement qu’il y a plusieurs contes dedans. Je me réveille avec le souvenir du rêve intact (je me souviens toujours très bien de mes rêves) et du coup, pas une ni deux, je plonge dans les méandres de mes souvenirs en fouinant dans ma cave, là où sont tous les cartons de mes livres d’enfant. Nouvel échec. Mais cette fois je sais plus ou moins ce que je cherche et je suis certaine de l’avoir eu entre les mains alors que j’étais petite. Le hic, c’est que des bouquins, j’en ai lu pas mal, donc la tâche s’avère assez rude.
La fréquence des rêves diminue, j’oublie un peu cette histoire. J’ai mon bac, mon bts, je pars faire ma licence ailleurs et qu’est-ce qui revient pointer le bout de son nez ? Mon rêve. Ce bouquin. Ce foutu bouquin à la con qui me frustre sans savoir pourquoi. Ca commence à m’agacer du coup j’en parle autour de moi (dans une classe des métiers du livre je me dis qu’il y en a bien un qui va m’aiguiller) mais rien. En même temps, je leur demande de retrouver un livre pour gosses avec pour seul indice : il est bleu avec des points blancs. Ils me demandent le titre ou la maison d’édition, j’évite de leur répondre que si je le savais leur aide me serait inutile. Passons.
Et le rêve qui revient de plus en plus souvent. Généralement en complément d’un autre (je rêve beaucoup), toujours à la fin, juste avant mon réveil. Comme pour clore ma nuit et ainsi s’assurer que je ne l’oublie pas de la journée. Alors je cherche sur GOOGLE, « livre de contes bleu avec points blancs », « roman jeunesse couverture bleue », j’ai même essayé de chercher par année mais rien. Que dalle. Le néant. Le c*nnard de rêve lui évolue encore, je ne le lis plus mais je suis toujours chez mes parents. Je le cherche. Mon agacement est tel que même dans mon rêve je cherche le livre. Je demande à mon père de m’aider, qu’il doit bien être quelque part, que personne n’oserait jeter des livres quand même. MES LIVRES !
Alors, qu’est-ce que je fais ? Je harcèle mon père pour qu’il ratisse la cave et le garage, j’essaie de le lui décrire. Enfant c’était lui qui me ramenait les livres de son travail alors je me dis qu’il peut éventuellement s’en souvenir. Mais rien du tout, il m’en aurait amené beaucoup trop pour qu’il s’en souvienne 10 ans plus tard, j’y décèle un peu de mauvaise volonté mais je me tais. Cependant je continue mon harcèlement, par téléphone, par texto, quand je rentre le weekend, je ne lâche pas mon pauvre père qui finit par craquer et passe une matinée à ranger et nettoyer la cave. Résultat : Niet. Ma mère m’avoue à demi-mot qu’elle avait donné une partie de mes affaires à une ancienne petite voisine et que, ce « fameux livre » avait peut être fait parti du lot. Voisin qui a bien entendu déménagé entre temps. Quelque part ça rassure ma mère car elle sait que j’aurais été capable de débarquer chez les voisins, non pas pour le récupérer mais uniquement pour avoir l’extrême plaisir de le tenir entre mes mains.
Je jette l’éponge, de toute évidence il n’est pas/plus chez mes parents, je n’arrive pas à me souvenir du titre, j’abandonne. Enfin… Pas totalement. Je suis en stage dans une librairie de livres anciens et vieux papiers, paumée dans un village du livre. Un village ne comptant QUE des librairies, avec BEAUCOUP de librairies spécialisées jeunesse. Tu la sens la marque du destin là ? Parce que moi oui, carrément même. C’est simple, je fais le tour du village. J’en parle à mes patrons, aux libraires, je passe en revue les étagères (après coup je me dis que certains ont du me prendre pour une illuminée) mais je ne le trouve pas. Néanmoins, quelque chose me saute aux yeux.
Riquet à la houppe. Là, devant moi, un album jeunesse (donc grand format), vieux, abîmé avec écrit en gros dessus, Riquet à la houppe. Et bordel de m*rde, ça me parle. Ce petit bonhomme avec sa coiffure à la con là, mais ça me parle carrément ! C’est comme si une porte venait de s’ouvrir, dévoilant un gars avec un costume grotesque. Je quitte la librairie sans le livre, ce n’est pas lui que je veux mais je sais maintenant que ce conte figurait dans le livre tant recherché, et avec la magie d’internet, je reprends espoir.
Ou pas… Je cherche et me rends compte que ce conte est trèèès souvent repris par les diverses éditions, je ne trouve pas le livre que je souhaite, pas de couverture bleue, pas de points blancs, RIEN ! Je finis mon stage, passe ma soutenance et commence à travailler. Nouvelle petite pause, plus de rêve, plus d’obsession, je n’y pense plus. Je déménage à nouveau, souvent. Je change de ville, souvent. Je change de boulot, souvent. Puis je me trouve une petite place dans une librairie, mon dernier point de chute à ce jour. Les rêves sont toujours là, une fois par mois, des fois plus, des fois moins, mais je décide de les ignorer.
Le hic c’est que je travaille dans une librairie. Mes rayons sont situés au même étage que celui de la jeunesse. Je vois les livres passer, encore et encore. Pas de Riquet à la houppe mais pas grave, c’est inutile, j’y pense à nouveau et je sens cette petite pointe d’agacement resurgir, je ressens cette fine lame de frustration me titiller, je devine que l’obsession (assez relative tout de même, ma folie connait certaines limites) réapparait doucement, furtivement, implacablement, sournoisement. J’en parle (sur le ton de l’humour, je me sais dingue mais j’aime autant que les autres ne le découvrent pas trop vite) à mes collègues, à celui qui sera mon compagnon plus tard (heureusement qu’il ne s’était douté à aucun instant que le sujet était on ne peut plus sérieux pour moi), mais bien évidemment ça ne parle à personne.
Alors je recommence à chercher sur internet, plus activement, image par image et chose incroyable. Oui incroyable. Je vois un petit livre, avec comme image le fameux Riquet. Cependant, cette fois-ci l’illustration me parle. Le livre a le même format mais arbore une couleur verte ou marron, je ne m’en souviens plus vraiment. Je clique dessus et là, je découvre la collection, l’illustrateur et le titre. C’est un site qui vend des ouvrages d’occasion, peut-être est-ce pour cela que je ne l’avais pas vu quelques mois (années ?) plus tôt. Mais peu importe, j’ai toutes les informations nécessaires. Je comprends que la couverture varie en fonction des années de publication, je cherche, je fais défiler des listes, j’arpente les sites d’occasion référencés et là, je le vois. Petit. Bleu. Mais pas de petites taches blanches, pourtant je le reconnais, c’est lui. Je comprends alors que les petits points blancs relevaient surement de mon imagination. La couverture ne représente pas Riquet mais un autre conte. Le dessin est identique. C’est le bon.
Mais le contempler ne me suffit plus, je le veux à présent. Par contre, pas moyen de trouver celui-ci exactement, je dois me rabattre sur le même mais à la couverture blanche unie. Quelque peu dépitée mais tout de même impatiente, je me languis pendant plus d’une semaine quand enfin il est là. Je l’ouvre, le lis et tout me revient en mémoire. Chaque petite histoire, chaque personnage, chaque morale (assez particulière je dois l’avouer). Je le referme, le dépose dans ma bibliothèque, comme repue.
Ce rêve, une fois le livre retrouvé, je ne l’ai plus jamais refait. J’avais 17/18 ans quand ça a commencé, ça s’est arrêté à mes 23 ans. Très sincèrement, je ne sais pas si c’est moi qui ai nourri un genre de psychose autour de ce songe et donc de ce bouquin ou si la fréquence des rêves a altéré tout raisonnement logique de ma part. Tout ce que je sais c’est que jamais je n’ai fait autant de fois le même rêve et avec la même rigueur. Donc me voilà à vous le raconter, certes j’ai davantage dépeint les conséquences du rêve que ce dernier, mais je me suis laissée bercer par le flot de souvenirs s’exprimant à travers des mots glissant sous mes doigts.
Analyse de mon rêve : non je ne suis pas folle, j’aime juste me souvenir de ce que je lis
