
Mais avant, omurah

Spoiler
Chapitre 18 : Prend soin de mon frère...

(cette image n'a rien à voir avec le chapitre mais je voulais poser ça là, voilà voilà^^)

(cette image n'a rien à voir avec le chapitre mais je voulais poser ça là, voilà voilà^^)
J'ai...soif...
Le soleil tapait, le sable brûlait, et le vent se taisait pour laisser place à une pesante chaleur. Alors que d'énormes charognards volants pourvus d'un plumage rose et vert tournaient autour de lui, un pauvre soldat de l'armée impériale marchait avec lourdeur et lassitude. Son armure lui tenait encore plus chaud, mais l'enlever en milieu hostile serait contre le protocole...
Au diable le protocole !
L'homme au long crâne, probablement un Ringo-seijin à en juger par son physique, se débarrassa péniblement de son armure – sans doute à cause des courbatures lui pesant sur les bras qu'il ne pouvait presque plus lever, autant que des décilitres de sueur qui lui coulaient sur la peau – puis la jeta dans les dunes dorées en même temps que son canon brachiale.
S'allonger à l'ombre de cette pierre en pensant rattraper plus tard le Général Satsu et ses collègues avait sûrement été une grave erreur. S'il n'avait pas été réveillé par une immense explosion, et alerté par cette intrigante lumière bleue passagère, qui sait comment il aurait pu finir. Mais maintenant, perdu seul en pleine mer de sable d'or, que pouvait-il bien faire ?
Voler ? Impossible, par cette chaleur et avec cet état d'épuisement, utiliser son énergie d'une manière aussi précise lui serait impossible, lui qui ne pouvait même pas la projeter hors de son corps sans l'aide de son canon à flux.
Boire ? Cela aurait sans aucun doute été la meilleure chose à faire, au moins pour essayer de se requinquer et se remettre les idées en place. Déjà sa seconde erreur aujourd'hui, ne pas avoir emporté d'eau sur une planète composée pour moitié de déserts arides n'était effectivement pas des plus réfléchi.
Appeler à l'aide ? Son communicateur était sans doute toujours fonctionnel après tout, le matériel de l'armée était fait de façon à résister à tous types d'environnements. Mais quelle peine attendait un tir au flanc ayant abandonné son escouade ? Ou pire, un déserteur dans le pire des cas ! Non, autant rester dans le désert en attendant de trouver une solution.
C'est alors que la providence le survola telle trois avions à réaction traversant le ciel dans un bang assourdissant faisant vibrer l'air et vriller les tympans de l'alien. Le Général Satsu, accompagné du Général Danmarine et son laquais ? Voilà l'occasion rêvée ! Qui lui reprocherait d'avoir déserté l'escouade d'un traître ? Après tout, pour lui qui travaillait sous les ordres de Pierrot, et donc ceux de Kota, les amis de Danmarine sont des ennemis.
L'homme à la tête allongée se jeta sur son armure avant qu'elle ne s'enfonce définitivement dans le sable, et s'empara de son communicateur. Une fois le sable enlevé de l'appareil, restait à chercher le canal radio correspondant au campement de Niwa afin de contacter le Général Pierrot pour l'avertir de la trahison de Satsu, et ainsi se dédouaner de ses erreurs.
Sa troisième et dernière erreur aura sûrement été d'essayer de contacter son supérieur avant même de prendre la peine de se mettre en lieu sur. Cela lui aurait certainement évité d'être prit pas surprise par l'immense ver des sables qui surgit derrière lui sans crier gare. Une erreur fatale qui lui coûta d'être dévoré en une bouchée avant même de pouvoir récupérer son canon pour se défendre.
Cette journée avait très mal démarré de toute façon, il fallait s'y attendre.
Sillonnant le ciel du désert à pleine vitesse – et ce malgré la présence de multiples tempêtes de sable qui n'étaient finalement pour eux rien de plus que de simples amas de poussière inoffensifs – les membres du trio composé de Danmarine, Dodoria, et Satsu ne s'étaient pas dis un mots durant ces deux premières minutes de vol. La situation était évidemment tendue, à fortiori du côté de Dodoria dont l'esprit était embrumé pat la rage, probablement bien plus que celui de Satsu ne l'était par l'alcool.
Danmarine, maintenant dépourvu d'armure, de cape, et de gants – Dodoria étant finalement le seul encore en possession de tout son équipement – semblait avoir perdu de sa prestance, bien que son corps musclé et couvert de blessures résultantes de l'explosion, celles-ci n'ayant pas pu se refermer instantanément du fait de la baisse d'adrénaline de l'Actinidia-seijin stoppant ainsi l'effectivité de sa faculté hormonale, lui octroyait une certaine image de guerrier indomptable. Le Général avait rangé dans le pantalon de sa combinaison, dont le modèle était heureusement pourvu de poches, la montre dysfonctionnelle de Zora. Pourtant minuscule, l'objet semblait exercer sur lui un poids écrasant. Mais s'interdisant de flancher quel que soit l'affaiblissement de son état d'esprit, Danmarine s'adressa à son subordonné avant leur arrivée afin de s'assurer que tout se déroule pour le mieux.
-N'oubliez pas, notre mission est de stopper l'armée ennemie, et prioritairement leurs leaders, les deux princes. Ils se trouvent certainement dans l'enceinte d'un palais, château ou n'importe quel bâtiment imposant. C'est là que nous nous rendrons. Surtout, ne vous en prenez pas aux civils, compris ?
«Ne pas toucher aux civils ?!» s’esclaffa Dodoria, «Arrête de jouer le sentimental Danmarine. La guerre ne choisi pas ses victimes. S'il doit y avoir des dégâts collatéraux, il faudra faire avec.»
-Dodoria ! Je ne plaisante pas, ne touche pas aux civils innocents. S'ils ne représentent pas une menace, contente toi de les faire fuir. Nous avons reçu l'ordre de stopper la rébellion afin de faciliter la conquête de cette planète, pas de procéder à une extermination. C'est compris ?
Épargner des vies, faire preuve de compassion, combattre avec un autre but en tête que celui de tuer son adversaire. Voilà bien des notions que l'on enseignait pas sur Durian. Mais Dodoria acquiesça malgré tout et sembla se plier aux ordres de son supérieur d'un hochement de tête. Bien que cet excès de bonté du Général d'Actinidia était des plus honorable, cela conduisit Satsu à s'interroger.
-Si on ne doit blesser aucun civil, alors une attaque aérienne surprise est exclue. Tu proposes qu'on s'infiltre à l'intérieur de la cité et qu'on trouve les deux princes ?
-Non, ce serait trop risqué. La sécurité doit être à son paroxysme étant donnée la situation de crise actuelle. Nous n'aurions aucune chance d'arriver jusqu'aux princes sans nous faire repérer, et engager un combat en pleine rue serait à la fois trop dangereux pour nous et pour les civils. Il va falloir en premier lieu provoquer la panique générale afin de faire fuir un maximum de personnes.
«Si c'est que ça, laisse moi m'en occuper !» proclama fièrement le Durian-seijin en frappant du poing contre son torse, «Faire peur et foutre le bordel, c'est ma spécialité !»
La peur et le bordel. Voilà bien ce qui régissait nombre de lieux aux quatre coins de l'univers. Bien que ce fut exceptionnel, ce jour là, ce fut aussi le cas de la capitale militaire sur Freeza 79. À l'est de la ville, suite à une violente explosion, plusieurs rues s'étaient vues gagnées par le feu. Alors que l'unité anti-incendie se chargeait de limiter les dégâts sous l’œil attentif de la foule horrifiée qu'un telle incident ait lieu au sein de l'Empire, le responsable gisait sur le sol, adossé contre un mur noirci par les flammes, et inconscient suite au coup puissant donné par le jeune Kiwi, qui avait lui aussi perdu connaissance des suites de son exploit inespéré. Naeko veillait sur son ami, tout en oubliant pas de surveiller son père, de peur que celui-ci ne se réveil pour finir ce qu'il avait commencé. À cet instant, l'esprit du garçon était bien trop embrumé pour qu'il ne pense à leurs deux compères partis sur les toits pour occuper le bras droit du baron. Mais surtout, ses pensées étaient bien trop brouillées pour qu'il ne remarque l'ombre qui les observait lui et Kiwi depuis les ruelles sombres. Une silhouette de petite taille, l’œil malicieux porté à l'attention du jeune Actinidia-seijin étalé sur le sol. Certainement avait-il été attiré par le bruit, les flammes, et les mouvements de foules dans le quartier, lui qui ne vivait pas si loin. Tapis dans l'ombre depuis plusieurs jours, le petit être n'était plus habitué à la lumière du jour – bien qu'atténuée par la fumée noire se dégageant des flammes – ou aux sonorités extérieures. Mais rien de suffisant pour lui faire perdre l'esprit. Après tout, il l'avait égaré depuis déjà bien longtemps.
-Hé...hé...hé...hé...hé...hé...hé...j'ai attendu ce moment...longtemps...si longtemps...
Lorsqu'il entendit une poubelle métallique se renverser, Naeko se retourna aussitôt de peur qu'il ne s'agisse d'un nouvel assassin qu'aurait envoyé son père ou bien Kota. Mais la peur dessinée sur son visage s'effaça pour laisser place à un sourire de soulagement.
-Ce n'est que toi, tu m'as fais peur. Ça te prend souvent d'espionner les gens comme un pervers ?
Un pied après l'autre, la connaissance de Naeko s'approchait d'un pas tanguant et incertain, sans même prendre la peine de répondre.
-Kiwi est mal en point ! Je sais que nous n'avons jamais été en très bons termes, et ça me fait mal de te le dire, mais j'ai besoin de ton aide. Il faut qu'on l'emmène en sécurité avant que des hommes de mon père n'arrivent !
-Est-il...blessé ?
-Non, je pense qu'il s'est simplement vidé de son énergie.
«Héhé...quel soulagement...» ricana l'inquiétant individu en passant sa longue langue sur ses lèvres, «Quel gâchis ce serait d'abîmer un corps comme celui-ci !»
Naeko – jusqu'ici à genoux au chevet de son ami – se releva pour faire face à celui dont les mots commençaient à sérieusement l’agacer.
-Encore cette manière répugnante de parler du corps des autres ? Voilà bien l'une des choses qui m'ont toujours fait te voir comme un être abjecte...Ginyu.
Le batracien se contenta de répondre à cette provocation par un simple «Vraiment ?» plus railleur qu'interrogateur, et continua de s'approcher des deux garçons tout en tournant autour d'eux, suivi par Naeko qui se sentait dans la peau d'une proie prise en chasse par un prédateur.
-Je t'ai toléré tout ce temps parce que ton magnifique corps m'a toujours semblé des plus alléchant. Ceux de Barta et Guldo aussi m'ont intéressé fut un temps. Mais le jackpot, sans le moindre doute, c'est bien le sien. Si jeune...et si puissant. Le corps du jeune frère du célèbre Général Danmarine !
-Qu'est-ce que tu comptes lui faire ? Tu crois peut être que je vais te laisser le toucher pauvre dégénéré !
Épuisé et se sentant autant en danger que son ami inanimé sur le sol, Naeko commençait à paniquer. Bien que cela ne fut pas dans ses habitudes – encore moins à cause des élucubrations de cet imbécile de crapaud – le jeune blond percevait quelque chose d'inquiétant des les paroles et l'attitude de Ginyu.
«Écarte toi maintenant, ce n'est plus ton corps que je convoite !» beugla l'amphibien qui perdait patience face à l'héroïsme de son éternel rival, juste avant d'être prit d'un vertige passager.
«Je ne me suis pas nourri depuis des jours...j'espère que Kiwi s'est empiffré de bonbons et de chocolats dernièrement !»
Un frisson envahit Naeko lorsqu'il sursauta après avoir entendu un discours aussi malsain, assez pour donner à son visage fin une expression de dégoût que seul Ginyu savait lui provoquer.
-Tu...tu comptes le manger ?
-BIEN SUR QUE NON !
Bien que soudainement vexé et pris d'agacement, à en juger par ses yeux exorbités et la manière dont il venait de postillonner en pestant contre Naeko qui s'avérait être totalement à côté de la plaque, Ginyu retrouva bien vite son calme et le sourire machiavélique qu'il arborait depuis son apparition. Le crapaud écarta les bras, dévorant des yeux le pauvre Kiwi d'une manière véritablement inquiétante.
Le jeune garçon – dont le comportement tranchant autant avec sa personnalité enjouée habituelle le rendait méconnaissable – n'eut le temps que d'articuler une syllabe s'apparentant à un «Ch» avant de recevoir en plein visage le poing de Naeko lancé à pleine vitesse, tant et si bien qu'il se retrouva lui aussi à terre, incapable de tenir debout. Les deux se relevèrent avec mal, dans un énième face à face, au milieu des flammes.
-Vas-tu un jour arrêter de me faire obstacle, Naeko ?!
-Kiwi...est le seul à avoir voulu devenir mon ami pour qui je suis, et non pour mon statut ou la fortune de mon père. Alors considère que même mort...je te ferai obstacle ! Si c'est ainsi que je dois lui rendre la pareil, alors soit. Un Gintokin rembourse toujours ses dettes.
-Un Gintokin...comment oses-tu agiter ainsi le nom de ton immonde famille après ce qu'elle nous a fait subir à moi et mes congénères ?!
Choqué d'entendre cela, lui qui n'avait jamais eu connaissance d'un quelconque lien entre sa famille et celle de Ginyu, Naeko ne put réagir à temps et fut percuté par la longue langue de l'amphibien qui l'écrasa contre le mur adjacent, laissant Kiwi sans défense.
-Et maintenant...l'heure est enfin venue !
CHANGE !!!
Inondée d'une lueur dorée – elle même parsemée de centaines d'éclats sphériques multicolores – la rue venait de changer soudainement d'atmosphère, à l'instant même ou le rayon responsable de ces étranges spectres de lumière fut projeté depuis la large cavité buccale de Ginyu en direction du petit Actinidia-seijin.
Lorsque le rayon rencontra la bouche du garçon, Ginyu sentit un changement opérer. Il se sentait plus léger, plus fin et légèrement plus petit. À l'intérieur de sa bouche – encore frappée par l'étrange rayon – une langue de taille normale et bien moins encombrante que la sienne raclait son palais. C'est alors qu'il écarquilla les yeux, dont l'aspect globuleux habituel semblait avoir disparu, et vit en face de lui un jeune garçon au corps de batracien. Son visage afficha alors une expression de rage intense qu'il signifia en saisissant à pleine main une touffe des cheveux blonds qui n'auraient jamais du se trouver sur son crâne.
-Espèce d'emmerdeur...ne pouvais-tu pas rester à terre au lieu de te mettre une fois encore en travers de ma route...Naeko ?!
Ginyu, ou plutôt Naeko, avait du mal à tenir debout. Encore sous le choc et s'habituant difficilement à ces jambes d'amphibien, le garçon venait de comprendre qu'il n'avait pas sauvé Kiwi de la mort. Il venait de prendre sa place en tant qu'hôte de Ginyu.
-Sale ordure...tu viens de me voler mon corps ?
-Je te signale que c'est pas ton corps que je visais, tout ça c'est de ta faute !
-Tu vas me le rendre immédiatement, sale crapaud visqueux !
-Au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué, c'est toi le crapaud à l'heure qu'il est ! Et je n'étais pas visqueux !
À bout de patience, Naeko, dans le corps de Ginyu, fonça au pas de course sur le voleur de corps afin de lui asséner un coup, quitte à blesser son propre visage, il fallait bien l'obliger à le lui rendre ! Seulement, ni la vitesse ni la force de ce corps ne correspondait à ses habitudes. Quant à Naeko – enfin plutôt Ginyu – alors qu'il tenta un saut d'esquive comme il les maîtrisait si bien, la petite tête blonde ne réalisa qu'au dernier instant que ses tendons n'étaient plus aussi «rebondissants», lui qui avait l'habitude d'être monté sur ressorts. Résulta de cette veine tentative un minable bond de côté qui ne l'écarta que d'un petit mètre de la trajectoire de Naeko. Une cible immobile n'aurait pas été plus simple à atteindre. Et pourtant, l'amphibien loupa son coup et s'élança dans le vide, manquant même de finir à terre. Cette faiblesse physique devait certainement s'expliquer aussi par l'estomac atrocement vide du corps de Ginyu, qui s'était volontairement affamé afin d'éviter une conte-attaque.
-Ce corps est si...faible.
« C'est TOI qui ne sais pas l'utiliser ! » protesta Ginyu, avant de regagner son calme tout en optant pour une posture de combat offensive, « Voyons un peu de quoi ce corps est capable. »
Sur cette déclaration, le petit blondinet se jeta en avant avec une vitesse démesurément plus grande que celle dont il avait l'habitude, à tel point qu'il dut freiner sur le sol en écrasant fermement ses pieds après avoir décoché une droite magistrale dans le visage du crapaud qui avait largement anticipé l'attaque, mais dont le corps n'avait pas été capable de suivre les instructions, se retrouvant maintenant ventre à terre.
-Intéressant...bien plus intéressant que je ne l'aurai pensé ! Je n'ose imaginer à quel point le corps de Kiwi doit être confortable !
-Tu...ne l'auras pas...
Alors que Ginyu – en possession du corps de son rival – s'approchait à nouveau de l'objet de sa convoitise, le pauvre Naeko, du sang coulant de la bouche le long de ses lèvres pendantes, se releva une énième fois, malgré la fatigue, malgré la faim, malgré sa détresse intérieure. Malgré la situation désespérée dans laquelle il se trouvait, il dénicha encore la force de protéger son ami.
Une veine gonflait à vue d’œil sur le front du petit blond dont la patience était à bout. Tant à cause de sa colère que la force nouvelle qu'il ne contrôlait pas, il serra le poing si fort que du sang lui coula sur le poignet, arrosant goûte par goûte sa chaussure droite. Voyant la détermination infaillible de Naeko qui ne décroissait pas même un peu, Ginyu tendit la main droite dans sa direction, comme une menace, un dernier avertissement.
-Ne m'oblige pas à te réduire en cendres, Naeko.
-Même à l'état de poussière je t'arrêterai, peu importe si pour ça je dois m'infiltrer dans tes yeux pour t'aveugler.
Le furieux blondinet commença à concentrer son énergie au creux de sa main, bien décidé cette fois à tirer sans seconde sommation. Sa colère envers son éternel rival était telle qu'il en oublia la présence de Kiwi juste derrière la cible de son attaque destructrice. À l'instant ou Ginyu allait pulvériser Naeko, quelque chose le coupa net. Un son. Une voix. Deux pour être précis.
Celles de Barta et Guldo – en provenance des toits – et dont la détresse était évidente à en juger par le timbre aiguë et le tremblement de leur voix.
-Guldo? Barta ? Qu'est-ce qu'ils foutent ici ?
-Ils sont venus aider leur ami. Celui que tu essayes de priver de son corps.
Perturbé, hésitant, Ginyu serrait la mâchoire alors qu'il menaçait toujours Naeko de la main droite. Entendre un second hurlement de ses amis et un appel à l'aide désespéré du pauvre Guldo lui suffit pour baisser le bras et bondir en direction des toits. Le courageux crapaud servant de rempart à Kiwi regarda son ravisseur partir, puis, épuisé physiquement et mentalement, s'effondra.
Ginyu atteignit le dessus des habitations et y découvrit l'air irrespirable y régnant à cause des émanations de fumée noire provenant du foyer de l'incendie qui n'était autre que le brasier ardent prenant la place du logement de Danmarine et son frère. C'est alors qu'il découvrit le bras droit du baron rouge qui n'était plus vêtu que de son pantalon de costume et de ses chaussures, sa veste et sa chemise ayant certainement été prises dans son combat contre les enfants terribles. Après tout, ses cheveux à l'aspect négligés, la mèche tombante, le sang sur son visage, et son terrifiant regard sanguinaire indiquaient qu'il n'était pas sorti indemne de cet affrontement.
Alors que Guldo et Barta, à bout de souffle, reculaient de peur en rampant sur le sol, le garde du corps et tuteur de Naeko s'avançait vers eux, prêt à tuer à mains nues les garnements. Face à cette scène, Ginyu, muni de son nouveau corps, fonça à pleine vitesse pour l'attaquer alors qu'il lui tournait le dos. Si Barta ne pouvait détourner les yeux du psychopathe qui le fusillait du regard, Guldo lui vit Naeko arriver comme un sauveur, sa chemise blanche arrachée à demi rentrée dans son pantalon bleu nuit et couverte de sang. Incapable de contenir sa joie, le petit homme vert cria le nom de son ami, ce qui fit se retourner leur ennemi. Juste à temps pour recevoir le coup de pied furieux du garçon en plein visage, renforcé par son élan, qui l'expédia dans le vide, précipité dans les flammes qui ne laissèrent s'échapper de l'homme qu'un ultime hurlement de colère et de déception.
-NAEKO SAMA !
Alors que le jeune blond possédé regardait d’où il se tenait l'enfer de flamme qui venait d'engloutir sa victime, ayant même recraché un jet embrasé en guise de digestion, Guldo et Barta se levèrent d'un bon, étrangement énergiques alors qu'ils paraissaient à l'agonie un instant plus tôt, et se ruèrent sur leur sauveur.
-Tu nous as sauvé Naeko ! Sans toi, ce ringard nous aurait sûrement tué ! Je sais, Barta et moi, on peut devenir tes esclaves pendant une semaine pour te remercier ! Enfin, ou moins longtemps si tu préfères hein !
-Et Kiwi, comment il va ?
Mais bien sur, Kiwi ! Dans le feu de l'action, Ginyu avait tout bonnement oublié qu'il avait laissé son corps en bas. Ce qui n'était pas grave en soit, à ceci près que l'esprit de Naeko était à l'intérieur, et qu'il risquerait de le dénoncer à Kiwi si ce dernier venait à se réveiller !
Paniqué, Ginyu sauta du haut du toit vers la rue sans même accorder à un mot à ses deux amis, qui l'appelèrent en vain. Le petit blond atterrit avec peine, toujours peu habitué à ces jambes qui manquaient cruellement d'élasticité. Une fois en bas, et sans perdre une seconde, il récupéra son corps qu'il installa sur son épaule, et lança un dernier regard à celui de Kiwi qu'il n'avait plus le temps de dérober, avant de partir, une seconde à peine avant que Guldo et Barta n'arrivent eux aussi pour découvrir leur jeune ami blessé et inconscient. De très loin, l'Actinidia-seijin entendait ses amis crier son nom, mais il était incapable de répondre.
Kiwi ! …
… Kiwi ! … Hé !
Danmarine !
Perdu dans ses pensées, le Général n'avait pas entendu les multiples appels de son acolyte. Les trois hommes volaient toujours à pleine vitesse en direction de la cité royale qui s'avérait justement en vue, mais que Danmarine n'avait pas non plus aperçu, trop occupé à fixer les dunes qu'il survolait en passant en revu les interrogations qui le tourmentaient.
-Quand monsieur le Général aura fini de rêvasser, on va pas tarder à arriver, alors il serait peut être temps d'aviser, nan ?
-Excuses moi Dodoria, tu as raison, je manque de concentration. Satsu, posons nous.
Au sol, adossés contre un rocher rouge trônant au sommet d'une colline de sable en amont de la grande porte de la ville, Danmarine et ses alliés préparaient la première phase de leur plan.
-Souvenez vous, je ne veux aucune victime collatérale. Satsu, tu vas attirer l'attention en premier lieu afin d'attirer leurs forces coercitives à l'extérieur. Une fois le gros de leurs hommes éloigné, Dodoria et moi entreront et mettrons hors d'état de nuire ceux restés sur place en nous dirigeant vers le palais royal que l'on a aperçu du ciel au cœur de la cité. Une fois sur place, nous n'aurons plus qu'à capturer les princes afin de forcer l'armée de Pomélo à la reddition. Simple, mais efficace.
«Voilà bien le Général d'Actinidia.» complimenta Satsu en se levant, lui qui avait beaucoup entendu des talents de stratège de son confrère.
-Arrêtez de m'appeler par ce nom. Je n'étais qu'un gamin immature à l'époque ou Actinidia a été ravagée par Freeza sama. Je ne suis pas un Général d'Actinidia.
L'assassin originaire de Hera dévala la butte de sable en se laissant glisser, et se dirigea vers la grande porte en marchant. Malgré les interpellations des gardes postés en hauteur, Satsu continua d'avancer vers la porte. Ni la première, ni la seconde flèche de sommation décochée à ses pieds ne le stoppa. Si les deux hommes avaient fait preuve de patience jusqu'ici car l'apparence de l'individu – qui ne portait plus qu'un pantalon troué et un médaillon brisé – faisait peine à voir, ils ne comptaient pas le laisser jouer avec eux plus longtemps.
Après un hochement de tête de son collègue, le tireur posté à droite de la grande porte banda son arc et concentra son flux en son extrémité. Pris pour cible, Satsu ignora pourtant la menace et posa sa main à plat contre l'immense double porte en bois rouge décoré d'or. Un puissant bang sonore suivit d'un sifflement strident résonna dans l'air au moment ou la flèche fut finalement tirée, libérant devant l'archer une onde balayant l'air autour d'elle. Lorsque la flèche s'approcha de la tempe de Satsu, celui-ci la fixa de biais sans même tourner la tête vers elle. À cet instant, une puissante onde de choc broya la porte et balaya le sable tout autour, créant une explosion à l'entrée de la cité.
«Hé ! Tu n'avais pas besoin de mettre autant de puissance dans ta flèche !» hurla de colère le second tireur qui se cachait les yeux du sable et du vent.
En l'absence de réponse, le Pomélo-seijin chercha son collègue du regard, qu'il trouva affalé sur le rebord de la muraille de l'autre côté du trou béant remplaçant désormais la porte, sa propre flèche revenue inexplicablement vers lui pour se planter entre ses deux yeux.
-Si ce n'est pas sa flèche qui a fait ça, alors ce type louche...AH ! CODE BLEU !
Les hommes armés en faction dans la cité s'étant déjà empressé de rejoindre la grande porte suite à l'explosion, l'annonce du code bleu déclencha la panique dans les rangs déjà sous tension.
-Que tous les civils évacuent au plus vite la rue principale et se dirigent vers les abris ! Soldats, rassemblez vous ! Code bleu ! Je répète, code bleu !
Encore et toujours cette couleur maudite, symbolisant le plus haut niveau de crise sur l'échelle de dangerosité chez les Pomélo-seijins. Sa simple évocation, signe en cette période de guerre qu'un ennemi de rang Z est passé à l'attaque, motiva les nombreux guerriers présents à brandir leurs lances, épées et autres armes, prêts au combat. Une fois que le sable soufflé par la projection de flux de Satsu retomba, le Hera-seijin apparut aux yeux de tous, un sourire fier dessiné sur son visage.
-C'est Freeza qui m'envoie ! Je suis venu seul pour terminer cette guerre pathétique ! Amenez vous, je vous prend tous avec une seule main !
-Ne sous estime pas...Pomélo !
Aisément emportés par cette banale provocation, certainement à cause du stress et de la colère accumulés, la vague de soldats présents se jeta telle un raz-de-marée sur Satsu, tandis que de très nombreux autres passèrent par dessus la muraille en volant pour fondre sur lui. Afin de ne pas être submergé, Satsu, ravis que le stratagème ait fonctionné, s'éloigna en flottant vers l'est du mur d'enceinte, suivi par l'armée qui s'était visiblement massée prêt de l'entrée en cas de danger.
Je te laisse la suite, Danmarine
-C'est le moment, allons-y Dodoria !
Avec quelques regrets de laisser autant de chair à canon à Satsu qui allait certainement bien s'amuser, Dodoria prit la suite de Danmarine, et les deux hommes pénétrèrent dans la cité, désertée par sa garde qui n'imaginait pas que deux autres hommes s'étaient cachés prêt d'ici. Après tout, venir seul comme venir à trois pour prendre une cité aussi bien gardée relevait de l'inconscience. Alors en ne voyant aucune armée aux portes, les hommes de Zarbon et Mélo ne soupçonnèrent rien du plan insensé de Danmarine.
Les deux hommes de Freeza passèrent au pas de course dans la rue principale – fuie par ses habitants – profitant de la cohue qu'avait causé Satsu.
«Danmarine, tu ne trouves pas ça un peu trop facile ? J'ai du mal à croire que toute l'armée privée des petits princes se soit jetée sur Satsu sans réfléchir» nota intelligemment Dodoria durant leur course.
-Tu as peut être raison, mais nous avons au moins éloigné tous les civils, et leurs effectifs à l'intérieur des murs ont été sensiblement réduit grâce à la diversion de Satsu. Avec de la chance, nous pourrons éviter toute confrontation.
Pas sur qu'éviter le combat soit «une chance» dans l'esprit de Dodoria. Mais le plan de Danmarine semblait se dérouler sans accroc. Lorsqu'il parvinrent à l'entrée du palais – qui n'était étrangement gardée par aucun soldat – le Général et son protégé pénétrèrent à l'intérieur, ce qui n'était pas sans décevoir le barbare bourru qui aurait préféré un peu d'action.
-Toi qui doutais de mon plan, nous voilà à l'intérieur sans aucune encombre.
Alors dans le hall d'entrée du palais, les deux hommes se dirigèrent vers la porte principale, menant sans aucun doute à la salle du trône. Chacun d'une main, ils poussèrent le lourd battant qui dévoila alors une immense pièce remplie de tables, de chaises, de divers canapés, et d'une centaine de soldat qui tournèrent la tête en entendant la porte s'ouvrir.
-Sans encombre hein ?
Dans la salle du trône, tandis que Zarbon s'était installé sur son siège princier situé en hauteur au sommet d'un escalier pour réfléchir à tête reposée, son frère aîné avait préféré la table dînatoire ou il buvait un verre tout en roulant une pièce sur les doigt de son autre main. Le silence pesant dans cette grande salle, qui semblait bien vide avec seulement deux personnes à l'intérieur, se vit perturbé par un brouhaha mêlant cris, chocs, et projections d'objets en tout genre, en provenance de la salle voisine. Lorsqu'une puissante vibration remua la surface du vin rouge contenu dans le verre de Mélo, ce dernier s'adressa à son frère tout en fixant l'ondulation du liquide.
-Zarbon...cette sensation...
-Oui. On dirait qu'il est venu jusqu'à toi. Ton fameux Général.
Le prince en armure d'or avala d'une traite sa boisson alcoolisée puis claqua sa coupe sur la table de marbre avant de s'essuyer allègrement la bouche du revers de la main.
-Te voilà enfin...
Soudain, la sublime porte sculptée de la salle du trône vola en éclats lorsqu'un Pomélo-seijin la traversa violemment, projeté par une force colossale. De l'autre côté de la porte brisée, illuminés par la lumière de la pièce voisine, Dodoria et son Général se tenaient devant un amas de gardes tous étalés au sol, à l'exception de celui que tenait fermement le barbare dans sa main droite comme un vulgaire sac.
-...Dimariane !
Si Mélo affichait un sourire presque aussi large que celui de Dodoria – ravis d'avoir pu se défouler ainsi – Zarbon et Danmarine conservaient une mine terne et renfermée.
«Il semblerait que les chiens de Freeza nous aient suivis jusqu'ici» piqua le prince siégeant sur le trône, ce qui sembla agacer le barbare rose qui lâcha sa dernière victime sur le sol, la laissant fuir en rampant aussi vite qu'elle le put.
-C'est ça, on vous a pisté à l'odeur de votre parfum de gonzesse.
«J'aurai du m'attendre à un tel manque de raffinement de votre part.» commença le prince au front perlé qui se leva alors de son trône afin de lentement descendre les marches de son estrade.
-Mélo ! Occupe toi du Général. Je me charge de refaire l'éducation de cette immonde brute sans cervelle.
-J'ai jamais été bon à l'école désolé ! Je laisse ça aux mauviettes dans ton genre !
Dans la continuité de cette élégante joute verbale, les deux hommes se jetèrent finalement l'un sur l'autre comme deux bêtes sans retenues. Dodoria tenta d'asséner un sauvage coup de griffe direct que Zarbon esquiva en prenant appuie sur l'énorme bras rose de son adversaire afin de se balancer jusque dans son dos qu'il frappa d'un coup de talon assez puissant pour éjecter le Durian-seijin sur quelques mètres avant qu'il ne se ressaisisse, juste à temps pour se protéger du coup de poing du prince déjà revenu à la charge, et pour tenter une contre attaque elle aussi évitée par un bond magistrale de Zarbon qui tourbillonna dans les airs, au dessus de la tête du barbare, avant de retomber le pied en avant. Dodoria cependant ne se laissa pas faire, attrapa la jambe de son ennemi au vol, et le lança contre l'un des piliers taillés de la grande salle.
Son épée dégainée, la brute épaisse essaya de trancher Zarbon d'un coup sec une fois arrivé à sa hauteur, mais le Pomélo-seijin s'éleva au dessus du sol, laissant l'épée héritée du Dieu de la chasse de Durian briser la structure en marbre. L'épéiste suivit alors son fuyard d'ennemi en l'air et asséna une suite de revers tranchant qui chaque fois se contentèrent de découper une nouvelle tranche du pilonne, avant que finalement Zarbon n'atterrisse à nouveau au milieu de la salle. Dodoria se posa lui aussi à nouveau au sol, tandis que les morceaux du pilier s'effondraient derrière lui.
Alors qu'un combat avait déjà commencé, Mélo était toujours assis à sa table, en silence. Danmarine quant à lui n'avait pas bougé depuis qu'il était entré dans la pièce.
-Allons je t'en prie, prend donc un siège un moment. Nous savons recevoir ici sur Pomélo.
Le Général hésita un moment, puis accepta l'invitation et vint s'asseoir en face du prince qui lui tendit alors un verre qu'il remplit du même vin que celui qu'il buvait à nouveau. Timide, Danmarine en prit une gorgée après quelques secondes de doute. À l'instant ou ses lèvres touchèrent le liquide, son visage s'éclaircit.
-Alors ? Si tu me dis que tu as déjà bu meilleur nectar ailleurs dans la galaxie je ne te croirai pas !
-Non, même le vin fait à partir du raisin des vignes de la planète Potaufeu n'est pas aussi délicieux.
-Pas vrai ? Ce goût fruité, ces arômes fleuris ! Pas étonnant que je finisse tous les jours par me rouler sur le plancher non ?
Danmarine ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. La bonne humeur du prince, ainsi que sa simplicité lui auraient presque fait oublier cette guerre. Oublier le fait qu'il buvait avec l'ennemi. Le fait qu'il devrait l'affronter d'une minute à l'autre.
-Toi au moins tu me comprends, Dianmerane ! Mon cher petit frère là, même si je l'adore, il se prend beaucoup trop la tête avec ses responsabilités tu vois.
Les deux hommes poursuivirent leur conversation en buvant le fabuleux vin de Pomélo alors que Zarbon et Dodoria poursuivaient leur affrontement. Danmarine évoqua son frère, Mélo parla de l'enfance du sien. Rares étaient les personnes capables de mettre Danmarine à l'aise aussi vite. Pourtant, il se sentait étrangement en confiance.
-Vous me rappelez beaucoup quelqu'un à vrai dire. Votre façon de parler si franchement, votre humour.
«Pas quelqu'un qui t'es désagréable j'espère ?» demanda le prince qui resservit une coupe à son camarade de beuverie avant de remplir la sienne pour la quatrième fois.
-Cette personne à laquelle vous me faites penser, c'est mon père.
-Ton père ? Quel âge il a au juste, tu m'inquiètes, je dois être plus jeune que toi !
-Il est mort il y a 8 ans, quelques mois après la naissance de mon frère. Il est mort en combattant contre l'armée de Freeza. Je n'avais que 24 ans, il était aussi bien mon ami que mon mentor.
Mélo laissa un temps de réponse, qu'il utilisa pour boire une nouvelle gorgée, puis reposa son verre d'un geste ferme.
-Je suis navré. Notre père nous a quitté il y a peu lui aussi. J'aurai aimé te demander comment tu en es arrivé à travailler pour l'homme qui a tué ton père, mais malheureusement, la bouteille est vide.
Danmarine termina lui aussi sa coupe avant de la poser aussi brusquement que son interlocuteur. Il s'essuya délicatement les lèvres à l'aide d'une serviette qu'il trouva sur la table, puis leva les yeux vers Mélo.
-En effet. Ce fut un plaisir de discuter avec vous, prince Mélo. J'aurai aimé ne pas avoir à en arriver là.
-Oublies les formalités tu veux ? Je pense qu'on peut se parler franchement. On sait toi comme moi que l'un de nous va y passer, alors autant se tutoyer.
Un nouveau silence s'installa entre les hommes. Silence relatif, quand on sait que juste derrière, la bataille entre Zarbon et Dodoria provoquait un véritable tapage. Mais rien ne semblait pouvoir perturber le prince et le Général.
-Si je venais à mourir, j'aimerai que tu me promettes une chose. En tant que grand frère, je sais que tu comprendras ça.
Danmarine ne répondit pas. Il se contenta d'écouter Mélo qui décroisa les jambes et posa les deux mains contre la table.
-Prend soin de mon frère.
Un énième silence, synonyme d'acceptation pour les deux hommes. Un silence long et lourd, uniquement meublé par l'échange de regard interminable des deux hommes. Silence aussitôt rompu lorsque Mélo projeta la table en marbre vers Danmarine d'un simple coup de pied. Le Général freina à l'aide de ses pieds contre le sol et repoussa la table qui fut instantanément tranchée en deux par l'épée d'or de Mélo comme un simple bloc de beurre. Danmarine esquiva les coups de lame qui fusèrent ensuite et dégagea rapidement son adversaire d'un coup de pied dans le plastron afin d'éloigner la menace. L'Actinidia-seijin s'empara dans chaque main d'une moitié de la table, et les lança sur le prince qui évita la première, et se posa au sommet de la deuxième qui vint se planter dans le sol. De sa main libre, Mélo tira une salve de projectiles explosifs.
Danmarine dévia le premier d'un coup de poing, le second d'un coup de pied rotatif, et le troisième d'une simple gifle vers la droite. C'est avec un coup de pied ascendant qu'il expédia le quatrième au plafond, laissant alors le cinquième passer sous lui en sautant. Il saisit au vol le suivant pour le renvoyer sur celui qui arrivait, puis roula sur la gauche pour ne pas recevoir les trois sphères explosifs qui fondirent en même temps sur lui. Aussitôt, il fonça directement vers Mélo tout en esquivant ou en parant les nombreux kikohas parsemant son chemin. À la fin de sa course, le Général sauta – le poing droit armé – pour atteindre le haut du perchoir du prince qui s'amusait à la balle au prisonnier, et décocha un coup surpuissant duquel Mélo se protégea à l'aide du plat de sa lame. Alors que Danmarine poussait de toutes ses forces en hurlant à la mort, Mélo tressaillit – presque de peur – et se laissa écraser par le puissant poing du Général qui expédia son arme dans les airs.
Loin d'être perdue pour tout le monde, Zarbon qui affrontait Dodoria dans un duel aérien attrapa la lame d'or au passage, clamant simplement à son frère qu'il «lui empruntait» avant de contrer l'épée de Dodoria avec. Bien qu'il ne put s'empêcher de râler, Mélo resta cependant concentré sur son combat. Il stoppa le coup de tibia de Danmarine en plaquant ses deux bras sur la droite, puis répliqua avec un kikoha tiré à bout portant contre son visage, forçant Danmarine à reculer et à le laisser sur son perchoir improvisé.
-Tu as une bonne technique, Mandarine ! Mais je t'imaginais plus puissant que ça pour être franc !
-C'est Danmarine. Et tu ne devrais pas sous-estimer la puissance d'un Général !
«Sous-estimer la puissance d'un Général». Voilà bien une erreur que ne comptaient pas faire les quelques centaines d'hommes qui affrontaient Satsu à l'extérieur des murs de la cité. Ce dernier se trouvait encerclé par une armée entière, alors que plus de cents hommes gisaient déjà à ses pieds. Le Général originaire de Hera se trouvait dans un état déplorable depuis son combat contre Danmarine, et suite à la chute de l'obus. Pourtant, sa puissance hors normes, l'une des plus grandes de l'armée de Freeza, semblait ne pas avoir de limite.
«Ramenez vous ! J'en ai pas encore eu assez !» beugla-t-il, même si il pensait en réalité à Danmarine, espérant qu'il termine son combat au plus vite.
Ce même Danmarine qui cogna son poing contre celui de Mélo, qui avait l'avantage d'avoir le sien protégé dans un gant fait d'or pur. Le clash entre les puissances des deux combattants projeta chaises, verres, assiettes, et tout ce qui se trouvait autour d'eux. Mais les deux durent s'écarter vivement lorsqu'une énorme masse rose s'écrasa au sol juste là ou ils s'affrontaient.
-Dodoria ! Tu nous gênes !
«La ferrrme Danmarrrine !» cria en se relevant le barbare qui roula les R avec insistance comme chaque fois que ses racines reprenaient le dessus, avant de foncer de plus bel dans les airs en ligne droite pour attaquer Zarbon, en commençant par une série de tirs buccaux que Zarbon dévia grâce à la lame de son frère. Mais lorsqu'il voulut lui aussi attaquer à coup d'arme blanche – si tant est que son épée taillée de la pierre incassable de Durian soit une arme blanche – le chef de guerre réalisa qu'il l'avait laissée en bas, au grand désarroi de Danmarine qui se retrouva obligé de faire face à un Mélo armé de l'énorme épée Durian. Si le Général préféra éviter l'imposante lame en reculant par trois fois, Dodoria quant à lui bloqua simplement l'épée de Zarbon entre les piques de son bras gauche, puis saisit à pleine dents la lame comme un animal – ce que ne manqua pas d'ailleurs de souligner le jeune prince – afin de le désarmer et d'envoyer l'épée dorée valser, juste avant de recevoir le pied de Zarbon en pleine face.
-Merrrrrrrde !!! J'aurai ta peau princesse de mes deux !
Le Général au sol tenta de récupérer l'épée – après tout celles-ci semblaient tomber du ciel assez fréquemment – mais Mélo parvint à la ramener vers lui à l'aide de l'épée de Dodoria, et s'arma des deux lames qu'il fit crépiter l'une contre l'autre avant de se jeter à l'assaut de Danmarine. Avec une habileté sans égale, le prince aux cheveux d'or mania les deux épées qui manquèrent de peu de transformer Danmarine en sashimis à trois ou quatre reprises. Le Général tira une petite sphère de flux directement contre le sol afin de faire diversion grâce à un écran de fumée, et s'éleva dans les airs pour prendre du recul un instant. Mais le prince le suivit aussitôt. En le voyant sortir du nuage de poussière, l'Actinidia-seijin tira à nouveau quatre kikohas, qui furent pour moitié tranchée par la fine lame en or trempée, pour l'autre moitié broyés par la masse Durian.
Danmarine esquiva le tranchant des épées de justesse en se décalant sur la droite, de même que Dodoria venait d'éviter le talon de Zarbon en reculant dans la même direction, ce qui fit se rencontrer les dos des deux alliés.
-Fait un peu gaffe tu veux ? J'ai assez à faire de mon côté, retourne te battre en bas !
-«Ton» côté ? Tu penses peut-être que je choisi ou je me fais acculer Durian sans cervelle ?
À bout de force et de patience, même Danmarine en venait aux provocations, tout spécialement lorsqu'il s'agissait du Durian connu pour être doué dans le domaine de l'agacement. Les deux princes en revanche profitèrent de la dispute pour s'échanger un discret hochement de tête, suffisant pour se comprendre l'un l’autre.
Mélo envoya la lame de Dodoria par dessus lui pour permettre à Zarbon de la réceptionner, et les deux frères foncèrent chacun armé d'une épée afin d'embrocher leurs ennemis en même temps. Ces deux derniers parvinrent par chance à s'éclipser à la dernière seconde, laissant les lames s'entrechoquer.
-Rend moi ça donzelle, c'est pas un jouet !
-J'en ai assez de tes provocations ! Je vais te prouver que je ne suis pas une petite fille !
Tandis que Zarbon se jeta de plus belle sur Dodoria, leur duel se poursuivant plus loin dans les airs, Danmarine et Mélo se faisaient face en flottant, sans bouger.
-Je n'avais pas livré de si beau combat depuis des années, Darianman. Même si je regrette que tu ne sois pas venu avec cette jolie rouquine, je ne suis pas déçu de ta visite.
«Tu...tu parles de Rubi ?» demanda le Général qui ne put empêcher ses pommettes de rougir.
Mélo lui répondit d'un air blasé, une main posée sur sa hanche. «Laisses moi deviner, elle est avec toi c'est ça ? Pourquoi toutes les jolies femmes sont prises...»
Lentement, le prince rangea son épée à l'intérieur de son fourreau, ce qui ne manqua pas de surprendre son adversaire qui reprenait encore difficilement son souffle. Alors qu'il ôtait ses gants et ses protections, Mélo poursuivit.
-Dis moi, votre «Freeza», est-il beaucoup plus fort que toi ?
-.....En effet. Je ne suis pas au maximum de mes capacités. Mais si je devais te donner un ordre d'idée...je dirai que sa puissance représente probablement vingt fois ma puissance actuelle.
Mélo termina en enlevant son imposant plastron doré qu'il laissa tomber jusqu'au sol, ne portant plus alors que ses jambières dorées, et une chemise en lin sur le dos.
-Vingt fois hein ? Dans ce cas, Zarbon avait probablement raison. Nous ne pourrions jamais gagner sans notre alliance avec ce Kota.
Bien qu'il s'en était douté, Danmarine en avait maintenant la certitude. Kota était bien un traître, et son alliance avec Pomélo ne faisait plus aucun doute.
-Si nous vous repoussons aujourd'hui, alors peut être survivrons nous à cette guerre. Si son maître est aussi puissant qu'il le dit, peut-être pourra-t-il vaincre Freeza.
«Son maître ?» pensa Danmarine. Si Kota n'était pas l'instigateur de cette machination, alors qui ?
Alors que le combat entre Mélo et Danmarine allait se poursuivre afin de décider du destin de Pomélo, au dessus de cette belle planète surplombée par l'immense vaisseau sphérique de Kota, une soucoupe s'approchait lentement.
-Nous approchons de la planète Pomélo. Le vaisseau du Grand Commandant Kota est en vue. Dois-je l'informer de notre arrivée ?
-Inutile, je tiens à lui faire la surprise de ma venue. Faites préparer ma navette, Mame san.
-À vos ordres...
…
… Freeza sama …
Le soleil tapait, le sable brûlait, et le vent se taisait pour laisser place à une pesante chaleur. Alors que d'énormes charognards volants pourvus d'un plumage rose et vert tournaient autour de lui, un pauvre soldat de l'armée impériale marchait avec lourdeur et lassitude. Son armure lui tenait encore plus chaud, mais l'enlever en milieu hostile serait contre le protocole...
Au diable le protocole !
L'homme au long crâne, probablement un Ringo-seijin à en juger par son physique, se débarrassa péniblement de son armure – sans doute à cause des courbatures lui pesant sur les bras qu'il ne pouvait presque plus lever, autant que des décilitres de sueur qui lui coulaient sur la peau – puis la jeta dans les dunes dorées en même temps que son canon brachiale.
S'allonger à l'ombre de cette pierre en pensant rattraper plus tard le Général Satsu et ses collègues avait sûrement été une grave erreur. S'il n'avait pas été réveillé par une immense explosion, et alerté par cette intrigante lumière bleue passagère, qui sait comment il aurait pu finir. Mais maintenant, perdu seul en pleine mer de sable d'or, que pouvait-il bien faire ?
Voler ? Impossible, par cette chaleur et avec cet état d'épuisement, utiliser son énergie d'une manière aussi précise lui serait impossible, lui qui ne pouvait même pas la projeter hors de son corps sans l'aide de son canon à flux.
Boire ? Cela aurait sans aucun doute été la meilleure chose à faire, au moins pour essayer de se requinquer et se remettre les idées en place. Déjà sa seconde erreur aujourd'hui, ne pas avoir emporté d'eau sur une planète composée pour moitié de déserts arides n'était effectivement pas des plus réfléchi.
Appeler à l'aide ? Son communicateur était sans doute toujours fonctionnel après tout, le matériel de l'armée était fait de façon à résister à tous types d'environnements. Mais quelle peine attendait un tir au flanc ayant abandonné son escouade ? Ou pire, un déserteur dans le pire des cas ! Non, autant rester dans le désert en attendant de trouver une solution.
C'est alors que la providence le survola telle trois avions à réaction traversant le ciel dans un bang assourdissant faisant vibrer l'air et vriller les tympans de l'alien. Le Général Satsu, accompagné du Général Danmarine et son laquais ? Voilà l'occasion rêvée ! Qui lui reprocherait d'avoir déserté l'escouade d'un traître ? Après tout, pour lui qui travaillait sous les ordres de Pierrot, et donc ceux de Kota, les amis de Danmarine sont des ennemis.
L'homme à la tête allongée se jeta sur son armure avant qu'elle ne s'enfonce définitivement dans le sable, et s'empara de son communicateur. Une fois le sable enlevé de l'appareil, restait à chercher le canal radio correspondant au campement de Niwa afin de contacter le Général Pierrot pour l'avertir de la trahison de Satsu, et ainsi se dédouaner de ses erreurs.
Sa troisième et dernière erreur aura sûrement été d'essayer de contacter son supérieur avant même de prendre la peine de se mettre en lieu sur. Cela lui aurait certainement évité d'être prit pas surprise par l'immense ver des sables qui surgit derrière lui sans crier gare. Une erreur fatale qui lui coûta d'être dévoré en une bouchée avant même de pouvoir récupérer son canon pour se défendre.
Cette journée avait très mal démarré de toute façon, il fallait s'y attendre.
Sillonnant le ciel du désert à pleine vitesse – et ce malgré la présence de multiples tempêtes de sable qui n'étaient finalement pour eux rien de plus que de simples amas de poussière inoffensifs – les membres du trio composé de Danmarine, Dodoria, et Satsu ne s'étaient pas dis un mots durant ces deux premières minutes de vol. La situation était évidemment tendue, à fortiori du côté de Dodoria dont l'esprit était embrumé pat la rage, probablement bien plus que celui de Satsu ne l'était par l'alcool.
Danmarine, maintenant dépourvu d'armure, de cape, et de gants – Dodoria étant finalement le seul encore en possession de tout son équipement – semblait avoir perdu de sa prestance, bien que son corps musclé et couvert de blessures résultantes de l'explosion, celles-ci n'ayant pas pu se refermer instantanément du fait de la baisse d'adrénaline de l'Actinidia-seijin stoppant ainsi l'effectivité de sa faculté hormonale, lui octroyait une certaine image de guerrier indomptable. Le Général avait rangé dans le pantalon de sa combinaison, dont le modèle était heureusement pourvu de poches, la montre dysfonctionnelle de Zora. Pourtant minuscule, l'objet semblait exercer sur lui un poids écrasant. Mais s'interdisant de flancher quel que soit l'affaiblissement de son état d'esprit, Danmarine s'adressa à son subordonné avant leur arrivée afin de s'assurer que tout se déroule pour le mieux.
-N'oubliez pas, notre mission est de stopper l'armée ennemie, et prioritairement leurs leaders, les deux princes. Ils se trouvent certainement dans l'enceinte d'un palais, château ou n'importe quel bâtiment imposant. C'est là que nous nous rendrons. Surtout, ne vous en prenez pas aux civils, compris ?
«Ne pas toucher aux civils ?!» s’esclaffa Dodoria, «Arrête de jouer le sentimental Danmarine. La guerre ne choisi pas ses victimes. S'il doit y avoir des dégâts collatéraux, il faudra faire avec.»
-Dodoria ! Je ne plaisante pas, ne touche pas aux civils innocents. S'ils ne représentent pas une menace, contente toi de les faire fuir. Nous avons reçu l'ordre de stopper la rébellion afin de faciliter la conquête de cette planète, pas de procéder à une extermination. C'est compris ?
Épargner des vies, faire preuve de compassion, combattre avec un autre but en tête que celui de tuer son adversaire. Voilà bien des notions que l'on enseignait pas sur Durian. Mais Dodoria acquiesça malgré tout et sembla se plier aux ordres de son supérieur d'un hochement de tête. Bien que cet excès de bonté du Général d'Actinidia était des plus honorable, cela conduisit Satsu à s'interroger.
-Si on ne doit blesser aucun civil, alors une attaque aérienne surprise est exclue. Tu proposes qu'on s'infiltre à l'intérieur de la cité et qu'on trouve les deux princes ?
-Non, ce serait trop risqué. La sécurité doit être à son paroxysme étant donnée la situation de crise actuelle. Nous n'aurions aucune chance d'arriver jusqu'aux princes sans nous faire repérer, et engager un combat en pleine rue serait à la fois trop dangereux pour nous et pour les civils. Il va falloir en premier lieu provoquer la panique générale afin de faire fuir un maximum de personnes.
«Si c'est que ça, laisse moi m'en occuper !» proclama fièrement le Durian-seijin en frappant du poing contre son torse, «Faire peur et foutre le bordel, c'est ma spécialité !»
La peur et le bordel. Voilà bien ce qui régissait nombre de lieux aux quatre coins de l'univers. Bien que ce fut exceptionnel, ce jour là, ce fut aussi le cas de la capitale militaire sur Freeza 79. À l'est de la ville, suite à une violente explosion, plusieurs rues s'étaient vues gagnées par le feu. Alors que l'unité anti-incendie se chargeait de limiter les dégâts sous l’œil attentif de la foule horrifiée qu'un telle incident ait lieu au sein de l'Empire, le responsable gisait sur le sol, adossé contre un mur noirci par les flammes, et inconscient suite au coup puissant donné par le jeune Kiwi, qui avait lui aussi perdu connaissance des suites de son exploit inespéré. Naeko veillait sur son ami, tout en oubliant pas de surveiller son père, de peur que celui-ci ne se réveil pour finir ce qu'il avait commencé. À cet instant, l'esprit du garçon était bien trop embrumé pour qu'il ne pense à leurs deux compères partis sur les toits pour occuper le bras droit du baron. Mais surtout, ses pensées étaient bien trop brouillées pour qu'il ne remarque l'ombre qui les observait lui et Kiwi depuis les ruelles sombres. Une silhouette de petite taille, l’œil malicieux porté à l'attention du jeune Actinidia-seijin étalé sur le sol. Certainement avait-il été attiré par le bruit, les flammes, et les mouvements de foules dans le quartier, lui qui ne vivait pas si loin. Tapis dans l'ombre depuis plusieurs jours, le petit être n'était plus habitué à la lumière du jour – bien qu'atténuée par la fumée noire se dégageant des flammes – ou aux sonorités extérieures. Mais rien de suffisant pour lui faire perdre l'esprit. Après tout, il l'avait égaré depuis déjà bien longtemps.
-Hé...hé...hé...hé...hé...hé...hé...j'ai attendu ce moment...longtemps...si longtemps...
Lorsqu'il entendit une poubelle métallique se renverser, Naeko se retourna aussitôt de peur qu'il ne s'agisse d'un nouvel assassin qu'aurait envoyé son père ou bien Kota. Mais la peur dessinée sur son visage s'effaça pour laisser place à un sourire de soulagement.
-Ce n'est que toi, tu m'as fais peur. Ça te prend souvent d'espionner les gens comme un pervers ?
Un pied après l'autre, la connaissance de Naeko s'approchait d'un pas tanguant et incertain, sans même prendre la peine de répondre.
-Kiwi est mal en point ! Je sais que nous n'avons jamais été en très bons termes, et ça me fait mal de te le dire, mais j'ai besoin de ton aide. Il faut qu'on l'emmène en sécurité avant que des hommes de mon père n'arrivent !
-Est-il...blessé ?
-Non, je pense qu'il s'est simplement vidé de son énergie.
«Héhé...quel soulagement...» ricana l'inquiétant individu en passant sa longue langue sur ses lèvres, «Quel gâchis ce serait d'abîmer un corps comme celui-ci !»
Naeko – jusqu'ici à genoux au chevet de son ami – se releva pour faire face à celui dont les mots commençaient à sérieusement l’agacer.
-Encore cette manière répugnante de parler du corps des autres ? Voilà bien l'une des choses qui m'ont toujours fait te voir comme un être abjecte...Ginyu.
Le batracien se contenta de répondre à cette provocation par un simple «Vraiment ?» plus railleur qu'interrogateur, et continua de s'approcher des deux garçons tout en tournant autour d'eux, suivi par Naeko qui se sentait dans la peau d'une proie prise en chasse par un prédateur.
-Je t'ai toléré tout ce temps parce que ton magnifique corps m'a toujours semblé des plus alléchant. Ceux de Barta et Guldo aussi m'ont intéressé fut un temps. Mais le jackpot, sans le moindre doute, c'est bien le sien. Si jeune...et si puissant. Le corps du jeune frère du célèbre Général Danmarine !
-Qu'est-ce que tu comptes lui faire ? Tu crois peut être que je vais te laisser le toucher pauvre dégénéré !
Épuisé et se sentant autant en danger que son ami inanimé sur le sol, Naeko commençait à paniquer. Bien que cela ne fut pas dans ses habitudes – encore moins à cause des élucubrations de cet imbécile de crapaud – le jeune blond percevait quelque chose d'inquiétant des les paroles et l'attitude de Ginyu.
«Écarte toi maintenant, ce n'est plus ton corps que je convoite !» beugla l'amphibien qui perdait patience face à l'héroïsme de son éternel rival, juste avant d'être prit d'un vertige passager.
«Je ne me suis pas nourri depuis des jours...j'espère que Kiwi s'est empiffré de bonbons et de chocolats dernièrement !»
Un frisson envahit Naeko lorsqu'il sursauta après avoir entendu un discours aussi malsain, assez pour donner à son visage fin une expression de dégoût que seul Ginyu savait lui provoquer.
-Tu...tu comptes le manger ?
-BIEN SUR QUE NON !
Bien que soudainement vexé et pris d'agacement, à en juger par ses yeux exorbités et la manière dont il venait de postillonner en pestant contre Naeko qui s'avérait être totalement à côté de la plaque, Ginyu retrouva bien vite son calme et le sourire machiavélique qu'il arborait depuis son apparition. Le crapaud écarta les bras, dévorant des yeux le pauvre Kiwi d'une manière véritablement inquiétante.
Le jeune garçon – dont le comportement tranchant autant avec sa personnalité enjouée habituelle le rendait méconnaissable – n'eut le temps que d'articuler une syllabe s'apparentant à un «Ch» avant de recevoir en plein visage le poing de Naeko lancé à pleine vitesse, tant et si bien qu'il se retrouva lui aussi à terre, incapable de tenir debout. Les deux se relevèrent avec mal, dans un énième face à face, au milieu des flammes.
-Vas-tu un jour arrêter de me faire obstacle, Naeko ?!
-Kiwi...est le seul à avoir voulu devenir mon ami pour qui je suis, et non pour mon statut ou la fortune de mon père. Alors considère que même mort...je te ferai obstacle ! Si c'est ainsi que je dois lui rendre la pareil, alors soit. Un Gintokin rembourse toujours ses dettes.
-Un Gintokin...comment oses-tu agiter ainsi le nom de ton immonde famille après ce qu'elle nous a fait subir à moi et mes congénères ?!
Choqué d'entendre cela, lui qui n'avait jamais eu connaissance d'un quelconque lien entre sa famille et celle de Ginyu, Naeko ne put réagir à temps et fut percuté par la longue langue de l'amphibien qui l'écrasa contre le mur adjacent, laissant Kiwi sans défense.
-Et maintenant...l'heure est enfin venue !
CHANGE !!!
Inondée d'une lueur dorée – elle même parsemée de centaines d'éclats sphériques multicolores – la rue venait de changer soudainement d'atmosphère, à l'instant même ou le rayon responsable de ces étranges spectres de lumière fut projeté depuis la large cavité buccale de Ginyu en direction du petit Actinidia-seijin.
Lorsque le rayon rencontra la bouche du garçon, Ginyu sentit un changement opérer. Il se sentait plus léger, plus fin et légèrement plus petit. À l'intérieur de sa bouche – encore frappée par l'étrange rayon – une langue de taille normale et bien moins encombrante que la sienne raclait son palais. C'est alors qu'il écarquilla les yeux, dont l'aspect globuleux habituel semblait avoir disparu, et vit en face de lui un jeune garçon au corps de batracien. Son visage afficha alors une expression de rage intense qu'il signifia en saisissant à pleine main une touffe des cheveux blonds qui n'auraient jamais du se trouver sur son crâne.
-Espèce d'emmerdeur...ne pouvais-tu pas rester à terre au lieu de te mettre une fois encore en travers de ma route...Naeko ?!
Ginyu, ou plutôt Naeko, avait du mal à tenir debout. Encore sous le choc et s'habituant difficilement à ces jambes d'amphibien, le garçon venait de comprendre qu'il n'avait pas sauvé Kiwi de la mort. Il venait de prendre sa place en tant qu'hôte de Ginyu.
-Sale ordure...tu viens de me voler mon corps ?
-Je te signale que c'est pas ton corps que je visais, tout ça c'est de ta faute !
-Tu vas me le rendre immédiatement, sale crapaud visqueux !
-Au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué, c'est toi le crapaud à l'heure qu'il est ! Et je n'étais pas visqueux !
À bout de patience, Naeko, dans le corps de Ginyu, fonça au pas de course sur le voleur de corps afin de lui asséner un coup, quitte à blesser son propre visage, il fallait bien l'obliger à le lui rendre ! Seulement, ni la vitesse ni la force de ce corps ne correspondait à ses habitudes. Quant à Naeko – enfin plutôt Ginyu – alors qu'il tenta un saut d'esquive comme il les maîtrisait si bien, la petite tête blonde ne réalisa qu'au dernier instant que ses tendons n'étaient plus aussi «rebondissants», lui qui avait l'habitude d'être monté sur ressorts. Résulta de cette veine tentative un minable bond de côté qui ne l'écarta que d'un petit mètre de la trajectoire de Naeko. Une cible immobile n'aurait pas été plus simple à atteindre. Et pourtant, l'amphibien loupa son coup et s'élança dans le vide, manquant même de finir à terre. Cette faiblesse physique devait certainement s'expliquer aussi par l'estomac atrocement vide du corps de Ginyu, qui s'était volontairement affamé afin d'éviter une conte-attaque.
-Ce corps est si...faible.
« C'est TOI qui ne sais pas l'utiliser ! » protesta Ginyu, avant de regagner son calme tout en optant pour une posture de combat offensive, « Voyons un peu de quoi ce corps est capable. »
Sur cette déclaration, le petit blondinet se jeta en avant avec une vitesse démesurément plus grande que celle dont il avait l'habitude, à tel point qu'il dut freiner sur le sol en écrasant fermement ses pieds après avoir décoché une droite magistrale dans le visage du crapaud qui avait largement anticipé l'attaque, mais dont le corps n'avait pas été capable de suivre les instructions, se retrouvant maintenant ventre à terre.
-Intéressant...bien plus intéressant que je ne l'aurai pensé ! Je n'ose imaginer à quel point le corps de Kiwi doit être confortable !
-Tu...ne l'auras pas...
Alors que Ginyu – en possession du corps de son rival – s'approchait à nouveau de l'objet de sa convoitise, le pauvre Naeko, du sang coulant de la bouche le long de ses lèvres pendantes, se releva une énième fois, malgré la fatigue, malgré la faim, malgré sa détresse intérieure. Malgré la situation désespérée dans laquelle il se trouvait, il dénicha encore la force de protéger son ami.
Une veine gonflait à vue d’œil sur le front du petit blond dont la patience était à bout. Tant à cause de sa colère que la force nouvelle qu'il ne contrôlait pas, il serra le poing si fort que du sang lui coula sur le poignet, arrosant goûte par goûte sa chaussure droite. Voyant la détermination infaillible de Naeko qui ne décroissait pas même un peu, Ginyu tendit la main droite dans sa direction, comme une menace, un dernier avertissement.
-Ne m'oblige pas à te réduire en cendres, Naeko.
-Même à l'état de poussière je t'arrêterai, peu importe si pour ça je dois m'infiltrer dans tes yeux pour t'aveugler.
Le furieux blondinet commença à concentrer son énergie au creux de sa main, bien décidé cette fois à tirer sans seconde sommation. Sa colère envers son éternel rival était telle qu'il en oublia la présence de Kiwi juste derrière la cible de son attaque destructrice. À l'instant ou Ginyu allait pulvériser Naeko, quelque chose le coupa net. Un son. Une voix. Deux pour être précis.
Celles de Barta et Guldo – en provenance des toits – et dont la détresse était évidente à en juger par le timbre aiguë et le tremblement de leur voix.
-Guldo? Barta ? Qu'est-ce qu'ils foutent ici ?
-Ils sont venus aider leur ami. Celui que tu essayes de priver de son corps.
Perturbé, hésitant, Ginyu serrait la mâchoire alors qu'il menaçait toujours Naeko de la main droite. Entendre un second hurlement de ses amis et un appel à l'aide désespéré du pauvre Guldo lui suffit pour baisser le bras et bondir en direction des toits. Le courageux crapaud servant de rempart à Kiwi regarda son ravisseur partir, puis, épuisé physiquement et mentalement, s'effondra.
Ginyu atteignit le dessus des habitations et y découvrit l'air irrespirable y régnant à cause des émanations de fumée noire provenant du foyer de l'incendie qui n'était autre que le brasier ardent prenant la place du logement de Danmarine et son frère. C'est alors qu'il découvrit le bras droit du baron rouge qui n'était plus vêtu que de son pantalon de costume et de ses chaussures, sa veste et sa chemise ayant certainement été prises dans son combat contre les enfants terribles. Après tout, ses cheveux à l'aspect négligés, la mèche tombante, le sang sur son visage, et son terrifiant regard sanguinaire indiquaient qu'il n'était pas sorti indemne de cet affrontement.
Alors que Guldo et Barta, à bout de souffle, reculaient de peur en rampant sur le sol, le garde du corps et tuteur de Naeko s'avançait vers eux, prêt à tuer à mains nues les garnements. Face à cette scène, Ginyu, muni de son nouveau corps, fonça à pleine vitesse pour l'attaquer alors qu'il lui tournait le dos. Si Barta ne pouvait détourner les yeux du psychopathe qui le fusillait du regard, Guldo lui vit Naeko arriver comme un sauveur, sa chemise blanche arrachée à demi rentrée dans son pantalon bleu nuit et couverte de sang. Incapable de contenir sa joie, le petit homme vert cria le nom de son ami, ce qui fit se retourner leur ennemi. Juste à temps pour recevoir le coup de pied furieux du garçon en plein visage, renforcé par son élan, qui l'expédia dans le vide, précipité dans les flammes qui ne laissèrent s'échapper de l'homme qu'un ultime hurlement de colère et de déception.
-NAEKO SAMA !
Alors que le jeune blond possédé regardait d’où il se tenait l'enfer de flamme qui venait d'engloutir sa victime, ayant même recraché un jet embrasé en guise de digestion, Guldo et Barta se levèrent d'un bon, étrangement énergiques alors qu'ils paraissaient à l'agonie un instant plus tôt, et se ruèrent sur leur sauveur.
-Tu nous as sauvé Naeko ! Sans toi, ce ringard nous aurait sûrement tué ! Je sais, Barta et moi, on peut devenir tes esclaves pendant une semaine pour te remercier ! Enfin, ou moins longtemps si tu préfères hein !
-Et Kiwi, comment il va ?
Mais bien sur, Kiwi ! Dans le feu de l'action, Ginyu avait tout bonnement oublié qu'il avait laissé son corps en bas. Ce qui n'était pas grave en soit, à ceci près que l'esprit de Naeko était à l'intérieur, et qu'il risquerait de le dénoncer à Kiwi si ce dernier venait à se réveiller !
Paniqué, Ginyu sauta du haut du toit vers la rue sans même accorder à un mot à ses deux amis, qui l'appelèrent en vain. Le petit blond atterrit avec peine, toujours peu habitué à ces jambes qui manquaient cruellement d'élasticité. Une fois en bas, et sans perdre une seconde, il récupéra son corps qu'il installa sur son épaule, et lança un dernier regard à celui de Kiwi qu'il n'avait plus le temps de dérober, avant de partir, une seconde à peine avant que Guldo et Barta n'arrivent eux aussi pour découvrir leur jeune ami blessé et inconscient. De très loin, l'Actinidia-seijin entendait ses amis crier son nom, mais il était incapable de répondre.
Kiwi ! …
… Kiwi ! … Hé !
Danmarine !
Perdu dans ses pensées, le Général n'avait pas entendu les multiples appels de son acolyte. Les trois hommes volaient toujours à pleine vitesse en direction de la cité royale qui s'avérait justement en vue, mais que Danmarine n'avait pas non plus aperçu, trop occupé à fixer les dunes qu'il survolait en passant en revu les interrogations qui le tourmentaient.
-Quand monsieur le Général aura fini de rêvasser, on va pas tarder à arriver, alors il serait peut être temps d'aviser, nan ?
-Excuses moi Dodoria, tu as raison, je manque de concentration. Satsu, posons nous.
Au sol, adossés contre un rocher rouge trônant au sommet d'une colline de sable en amont de la grande porte de la ville, Danmarine et ses alliés préparaient la première phase de leur plan.
-Souvenez vous, je ne veux aucune victime collatérale. Satsu, tu vas attirer l'attention en premier lieu afin d'attirer leurs forces coercitives à l'extérieur. Une fois le gros de leurs hommes éloigné, Dodoria et moi entreront et mettrons hors d'état de nuire ceux restés sur place en nous dirigeant vers le palais royal que l'on a aperçu du ciel au cœur de la cité. Une fois sur place, nous n'aurons plus qu'à capturer les princes afin de forcer l'armée de Pomélo à la reddition. Simple, mais efficace.
«Voilà bien le Général d'Actinidia.» complimenta Satsu en se levant, lui qui avait beaucoup entendu des talents de stratège de son confrère.
-Arrêtez de m'appeler par ce nom. Je n'étais qu'un gamin immature à l'époque ou Actinidia a été ravagée par Freeza sama. Je ne suis pas un Général d'Actinidia.
L'assassin originaire de Hera dévala la butte de sable en se laissant glisser, et se dirigea vers la grande porte en marchant. Malgré les interpellations des gardes postés en hauteur, Satsu continua d'avancer vers la porte. Ni la première, ni la seconde flèche de sommation décochée à ses pieds ne le stoppa. Si les deux hommes avaient fait preuve de patience jusqu'ici car l'apparence de l'individu – qui ne portait plus qu'un pantalon troué et un médaillon brisé – faisait peine à voir, ils ne comptaient pas le laisser jouer avec eux plus longtemps.
Après un hochement de tête de son collègue, le tireur posté à droite de la grande porte banda son arc et concentra son flux en son extrémité. Pris pour cible, Satsu ignora pourtant la menace et posa sa main à plat contre l'immense double porte en bois rouge décoré d'or. Un puissant bang sonore suivit d'un sifflement strident résonna dans l'air au moment ou la flèche fut finalement tirée, libérant devant l'archer une onde balayant l'air autour d'elle. Lorsque la flèche s'approcha de la tempe de Satsu, celui-ci la fixa de biais sans même tourner la tête vers elle. À cet instant, une puissante onde de choc broya la porte et balaya le sable tout autour, créant une explosion à l'entrée de la cité.
«Hé ! Tu n'avais pas besoin de mettre autant de puissance dans ta flèche !» hurla de colère le second tireur qui se cachait les yeux du sable et du vent.
En l'absence de réponse, le Pomélo-seijin chercha son collègue du regard, qu'il trouva affalé sur le rebord de la muraille de l'autre côté du trou béant remplaçant désormais la porte, sa propre flèche revenue inexplicablement vers lui pour se planter entre ses deux yeux.
-Si ce n'est pas sa flèche qui a fait ça, alors ce type louche...AH ! CODE BLEU !
Les hommes armés en faction dans la cité s'étant déjà empressé de rejoindre la grande porte suite à l'explosion, l'annonce du code bleu déclencha la panique dans les rangs déjà sous tension.
-Que tous les civils évacuent au plus vite la rue principale et se dirigent vers les abris ! Soldats, rassemblez vous ! Code bleu ! Je répète, code bleu !
Encore et toujours cette couleur maudite, symbolisant le plus haut niveau de crise sur l'échelle de dangerosité chez les Pomélo-seijins. Sa simple évocation, signe en cette période de guerre qu'un ennemi de rang Z est passé à l'attaque, motiva les nombreux guerriers présents à brandir leurs lances, épées et autres armes, prêts au combat. Une fois que le sable soufflé par la projection de flux de Satsu retomba, le Hera-seijin apparut aux yeux de tous, un sourire fier dessiné sur son visage.
-C'est Freeza qui m'envoie ! Je suis venu seul pour terminer cette guerre pathétique ! Amenez vous, je vous prend tous avec une seule main !
-Ne sous estime pas...Pomélo !
Aisément emportés par cette banale provocation, certainement à cause du stress et de la colère accumulés, la vague de soldats présents se jeta telle un raz-de-marée sur Satsu, tandis que de très nombreux autres passèrent par dessus la muraille en volant pour fondre sur lui. Afin de ne pas être submergé, Satsu, ravis que le stratagème ait fonctionné, s'éloigna en flottant vers l'est du mur d'enceinte, suivi par l'armée qui s'était visiblement massée prêt de l'entrée en cas de danger.
Je te laisse la suite, Danmarine
-C'est le moment, allons-y Dodoria !
Avec quelques regrets de laisser autant de chair à canon à Satsu qui allait certainement bien s'amuser, Dodoria prit la suite de Danmarine, et les deux hommes pénétrèrent dans la cité, désertée par sa garde qui n'imaginait pas que deux autres hommes s'étaient cachés prêt d'ici. Après tout, venir seul comme venir à trois pour prendre une cité aussi bien gardée relevait de l'inconscience. Alors en ne voyant aucune armée aux portes, les hommes de Zarbon et Mélo ne soupçonnèrent rien du plan insensé de Danmarine.
Les deux hommes de Freeza passèrent au pas de course dans la rue principale – fuie par ses habitants – profitant de la cohue qu'avait causé Satsu.
«Danmarine, tu ne trouves pas ça un peu trop facile ? J'ai du mal à croire que toute l'armée privée des petits princes se soit jetée sur Satsu sans réfléchir» nota intelligemment Dodoria durant leur course.
-Tu as peut être raison, mais nous avons au moins éloigné tous les civils, et leurs effectifs à l'intérieur des murs ont été sensiblement réduit grâce à la diversion de Satsu. Avec de la chance, nous pourrons éviter toute confrontation.
Pas sur qu'éviter le combat soit «une chance» dans l'esprit de Dodoria. Mais le plan de Danmarine semblait se dérouler sans accroc. Lorsqu'il parvinrent à l'entrée du palais – qui n'était étrangement gardée par aucun soldat – le Général et son protégé pénétrèrent à l'intérieur, ce qui n'était pas sans décevoir le barbare bourru qui aurait préféré un peu d'action.
-Toi qui doutais de mon plan, nous voilà à l'intérieur sans aucune encombre.
Alors dans le hall d'entrée du palais, les deux hommes se dirigèrent vers la porte principale, menant sans aucun doute à la salle du trône. Chacun d'une main, ils poussèrent le lourd battant qui dévoila alors une immense pièce remplie de tables, de chaises, de divers canapés, et d'une centaine de soldat qui tournèrent la tête en entendant la porte s'ouvrir.
-Sans encombre hein ?
Dans la salle du trône, tandis que Zarbon s'était installé sur son siège princier situé en hauteur au sommet d'un escalier pour réfléchir à tête reposée, son frère aîné avait préféré la table dînatoire ou il buvait un verre tout en roulant une pièce sur les doigt de son autre main. Le silence pesant dans cette grande salle, qui semblait bien vide avec seulement deux personnes à l'intérieur, se vit perturbé par un brouhaha mêlant cris, chocs, et projections d'objets en tout genre, en provenance de la salle voisine. Lorsqu'une puissante vibration remua la surface du vin rouge contenu dans le verre de Mélo, ce dernier s'adressa à son frère tout en fixant l'ondulation du liquide.
-Zarbon...cette sensation...
-Oui. On dirait qu'il est venu jusqu'à toi. Ton fameux Général.
Le prince en armure d'or avala d'une traite sa boisson alcoolisée puis claqua sa coupe sur la table de marbre avant de s'essuyer allègrement la bouche du revers de la main.
-Te voilà enfin...
Soudain, la sublime porte sculptée de la salle du trône vola en éclats lorsqu'un Pomélo-seijin la traversa violemment, projeté par une force colossale. De l'autre côté de la porte brisée, illuminés par la lumière de la pièce voisine, Dodoria et son Général se tenaient devant un amas de gardes tous étalés au sol, à l'exception de celui que tenait fermement le barbare dans sa main droite comme un vulgaire sac.
-...Dimariane !
Si Mélo affichait un sourire presque aussi large que celui de Dodoria – ravis d'avoir pu se défouler ainsi – Zarbon et Danmarine conservaient une mine terne et renfermée.
«Il semblerait que les chiens de Freeza nous aient suivis jusqu'ici» piqua le prince siégeant sur le trône, ce qui sembla agacer le barbare rose qui lâcha sa dernière victime sur le sol, la laissant fuir en rampant aussi vite qu'elle le put.
-C'est ça, on vous a pisté à l'odeur de votre parfum de gonzesse.
«J'aurai du m'attendre à un tel manque de raffinement de votre part.» commença le prince au front perlé qui se leva alors de son trône afin de lentement descendre les marches de son estrade.
-Mélo ! Occupe toi du Général. Je me charge de refaire l'éducation de cette immonde brute sans cervelle.
-J'ai jamais été bon à l'école désolé ! Je laisse ça aux mauviettes dans ton genre !
Dans la continuité de cette élégante joute verbale, les deux hommes se jetèrent finalement l'un sur l'autre comme deux bêtes sans retenues. Dodoria tenta d'asséner un sauvage coup de griffe direct que Zarbon esquiva en prenant appuie sur l'énorme bras rose de son adversaire afin de se balancer jusque dans son dos qu'il frappa d'un coup de talon assez puissant pour éjecter le Durian-seijin sur quelques mètres avant qu'il ne se ressaisisse, juste à temps pour se protéger du coup de poing du prince déjà revenu à la charge, et pour tenter une contre attaque elle aussi évitée par un bond magistrale de Zarbon qui tourbillonna dans les airs, au dessus de la tête du barbare, avant de retomber le pied en avant. Dodoria cependant ne se laissa pas faire, attrapa la jambe de son ennemi au vol, et le lança contre l'un des piliers taillés de la grande salle.
Son épée dégainée, la brute épaisse essaya de trancher Zarbon d'un coup sec une fois arrivé à sa hauteur, mais le Pomélo-seijin s'éleva au dessus du sol, laissant l'épée héritée du Dieu de la chasse de Durian briser la structure en marbre. L'épéiste suivit alors son fuyard d'ennemi en l'air et asséna une suite de revers tranchant qui chaque fois se contentèrent de découper une nouvelle tranche du pilonne, avant que finalement Zarbon n'atterrisse à nouveau au milieu de la salle. Dodoria se posa lui aussi à nouveau au sol, tandis que les morceaux du pilier s'effondraient derrière lui.
Alors qu'un combat avait déjà commencé, Mélo était toujours assis à sa table, en silence. Danmarine quant à lui n'avait pas bougé depuis qu'il était entré dans la pièce.
-Allons je t'en prie, prend donc un siège un moment. Nous savons recevoir ici sur Pomélo.
Le Général hésita un moment, puis accepta l'invitation et vint s'asseoir en face du prince qui lui tendit alors un verre qu'il remplit du même vin que celui qu'il buvait à nouveau. Timide, Danmarine en prit une gorgée après quelques secondes de doute. À l'instant ou ses lèvres touchèrent le liquide, son visage s'éclaircit.
-Alors ? Si tu me dis que tu as déjà bu meilleur nectar ailleurs dans la galaxie je ne te croirai pas !
-Non, même le vin fait à partir du raisin des vignes de la planète Potaufeu n'est pas aussi délicieux.
-Pas vrai ? Ce goût fruité, ces arômes fleuris ! Pas étonnant que je finisse tous les jours par me rouler sur le plancher non ?
Danmarine ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. La bonne humeur du prince, ainsi que sa simplicité lui auraient presque fait oublier cette guerre. Oublier le fait qu'il buvait avec l'ennemi. Le fait qu'il devrait l'affronter d'une minute à l'autre.
-Toi au moins tu me comprends, Dianmerane ! Mon cher petit frère là, même si je l'adore, il se prend beaucoup trop la tête avec ses responsabilités tu vois.
Les deux hommes poursuivirent leur conversation en buvant le fabuleux vin de Pomélo alors que Zarbon et Dodoria poursuivaient leur affrontement. Danmarine évoqua son frère, Mélo parla de l'enfance du sien. Rares étaient les personnes capables de mettre Danmarine à l'aise aussi vite. Pourtant, il se sentait étrangement en confiance.
-Vous me rappelez beaucoup quelqu'un à vrai dire. Votre façon de parler si franchement, votre humour.
«Pas quelqu'un qui t'es désagréable j'espère ?» demanda le prince qui resservit une coupe à son camarade de beuverie avant de remplir la sienne pour la quatrième fois.
-Cette personne à laquelle vous me faites penser, c'est mon père.
-Ton père ? Quel âge il a au juste, tu m'inquiètes, je dois être plus jeune que toi !
-Il est mort il y a 8 ans, quelques mois après la naissance de mon frère. Il est mort en combattant contre l'armée de Freeza. Je n'avais que 24 ans, il était aussi bien mon ami que mon mentor.
Mélo laissa un temps de réponse, qu'il utilisa pour boire une nouvelle gorgée, puis reposa son verre d'un geste ferme.
-Je suis navré. Notre père nous a quitté il y a peu lui aussi. J'aurai aimé te demander comment tu en es arrivé à travailler pour l'homme qui a tué ton père, mais malheureusement, la bouteille est vide.
Danmarine termina lui aussi sa coupe avant de la poser aussi brusquement que son interlocuteur. Il s'essuya délicatement les lèvres à l'aide d'une serviette qu'il trouva sur la table, puis leva les yeux vers Mélo.
-En effet. Ce fut un plaisir de discuter avec vous, prince Mélo. J'aurai aimé ne pas avoir à en arriver là.
-Oublies les formalités tu veux ? Je pense qu'on peut se parler franchement. On sait toi comme moi que l'un de nous va y passer, alors autant se tutoyer.
Un nouveau silence s'installa entre les hommes. Silence relatif, quand on sait que juste derrière, la bataille entre Zarbon et Dodoria provoquait un véritable tapage. Mais rien ne semblait pouvoir perturber le prince et le Général.
-Si je venais à mourir, j'aimerai que tu me promettes une chose. En tant que grand frère, je sais que tu comprendras ça.
Danmarine ne répondit pas. Il se contenta d'écouter Mélo qui décroisa les jambes et posa les deux mains contre la table.
-Prend soin de mon frère.
Un énième silence, synonyme d'acceptation pour les deux hommes. Un silence long et lourd, uniquement meublé par l'échange de regard interminable des deux hommes. Silence aussitôt rompu lorsque Mélo projeta la table en marbre vers Danmarine d'un simple coup de pied. Le Général freina à l'aide de ses pieds contre le sol et repoussa la table qui fut instantanément tranchée en deux par l'épée d'or de Mélo comme un simple bloc de beurre. Danmarine esquiva les coups de lame qui fusèrent ensuite et dégagea rapidement son adversaire d'un coup de pied dans le plastron afin d'éloigner la menace. L'Actinidia-seijin s'empara dans chaque main d'une moitié de la table, et les lança sur le prince qui évita la première, et se posa au sommet de la deuxième qui vint se planter dans le sol. De sa main libre, Mélo tira une salve de projectiles explosifs.
Danmarine dévia le premier d'un coup de poing, le second d'un coup de pied rotatif, et le troisième d'une simple gifle vers la droite. C'est avec un coup de pied ascendant qu'il expédia le quatrième au plafond, laissant alors le cinquième passer sous lui en sautant. Il saisit au vol le suivant pour le renvoyer sur celui qui arrivait, puis roula sur la gauche pour ne pas recevoir les trois sphères explosifs qui fondirent en même temps sur lui. Aussitôt, il fonça directement vers Mélo tout en esquivant ou en parant les nombreux kikohas parsemant son chemin. À la fin de sa course, le Général sauta – le poing droit armé – pour atteindre le haut du perchoir du prince qui s'amusait à la balle au prisonnier, et décocha un coup surpuissant duquel Mélo se protégea à l'aide du plat de sa lame. Alors que Danmarine poussait de toutes ses forces en hurlant à la mort, Mélo tressaillit – presque de peur – et se laissa écraser par le puissant poing du Général qui expédia son arme dans les airs.
Loin d'être perdue pour tout le monde, Zarbon qui affrontait Dodoria dans un duel aérien attrapa la lame d'or au passage, clamant simplement à son frère qu'il «lui empruntait» avant de contrer l'épée de Dodoria avec. Bien qu'il ne put s'empêcher de râler, Mélo resta cependant concentré sur son combat. Il stoppa le coup de tibia de Danmarine en plaquant ses deux bras sur la droite, puis répliqua avec un kikoha tiré à bout portant contre son visage, forçant Danmarine à reculer et à le laisser sur son perchoir improvisé.
-Tu as une bonne technique, Mandarine ! Mais je t'imaginais plus puissant que ça pour être franc !
-C'est Danmarine. Et tu ne devrais pas sous-estimer la puissance d'un Général !
«Sous-estimer la puissance d'un Général». Voilà bien une erreur que ne comptaient pas faire les quelques centaines d'hommes qui affrontaient Satsu à l'extérieur des murs de la cité. Ce dernier se trouvait encerclé par une armée entière, alors que plus de cents hommes gisaient déjà à ses pieds. Le Général originaire de Hera se trouvait dans un état déplorable depuis son combat contre Danmarine, et suite à la chute de l'obus. Pourtant, sa puissance hors normes, l'une des plus grandes de l'armée de Freeza, semblait ne pas avoir de limite.
«Ramenez vous ! J'en ai pas encore eu assez !» beugla-t-il, même si il pensait en réalité à Danmarine, espérant qu'il termine son combat au plus vite.
Ce même Danmarine qui cogna son poing contre celui de Mélo, qui avait l'avantage d'avoir le sien protégé dans un gant fait d'or pur. Le clash entre les puissances des deux combattants projeta chaises, verres, assiettes, et tout ce qui se trouvait autour d'eux. Mais les deux durent s'écarter vivement lorsqu'une énorme masse rose s'écrasa au sol juste là ou ils s'affrontaient.
-Dodoria ! Tu nous gênes !
«La ferrrme Danmarrrine !» cria en se relevant le barbare qui roula les R avec insistance comme chaque fois que ses racines reprenaient le dessus, avant de foncer de plus bel dans les airs en ligne droite pour attaquer Zarbon, en commençant par une série de tirs buccaux que Zarbon dévia grâce à la lame de son frère. Mais lorsqu'il voulut lui aussi attaquer à coup d'arme blanche – si tant est que son épée taillée de la pierre incassable de Durian soit une arme blanche – le chef de guerre réalisa qu'il l'avait laissée en bas, au grand désarroi de Danmarine qui se retrouva obligé de faire face à un Mélo armé de l'énorme épée Durian. Si le Général préféra éviter l'imposante lame en reculant par trois fois, Dodoria quant à lui bloqua simplement l'épée de Zarbon entre les piques de son bras gauche, puis saisit à pleine dents la lame comme un animal – ce que ne manqua pas d'ailleurs de souligner le jeune prince – afin de le désarmer et d'envoyer l'épée dorée valser, juste avant de recevoir le pied de Zarbon en pleine face.
-Merrrrrrrde !!! J'aurai ta peau princesse de mes deux !
Le Général au sol tenta de récupérer l'épée – après tout celles-ci semblaient tomber du ciel assez fréquemment – mais Mélo parvint à la ramener vers lui à l'aide de l'épée de Dodoria, et s'arma des deux lames qu'il fit crépiter l'une contre l'autre avant de se jeter à l'assaut de Danmarine. Avec une habileté sans égale, le prince aux cheveux d'or mania les deux épées qui manquèrent de peu de transformer Danmarine en sashimis à trois ou quatre reprises. Le Général tira une petite sphère de flux directement contre le sol afin de faire diversion grâce à un écran de fumée, et s'éleva dans les airs pour prendre du recul un instant. Mais le prince le suivit aussitôt. En le voyant sortir du nuage de poussière, l'Actinidia-seijin tira à nouveau quatre kikohas, qui furent pour moitié tranchée par la fine lame en or trempée, pour l'autre moitié broyés par la masse Durian.
Danmarine esquiva le tranchant des épées de justesse en se décalant sur la droite, de même que Dodoria venait d'éviter le talon de Zarbon en reculant dans la même direction, ce qui fit se rencontrer les dos des deux alliés.
-Fait un peu gaffe tu veux ? J'ai assez à faire de mon côté, retourne te battre en bas !
-«Ton» côté ? Tu penses peut-être que je choisi ou je me fais acculer Durian sans cervelle ?
À bout de force et de patience, même Danmarine en venait aux provocations, tout spécialement lorsqu'il s'agissait du Durian connu pour être doué dans le domaine de l'agacement. Les deux princes en revanche profitèrent de la dispute pour s'échanger un discret hochement de tête, suffisant pour se comprendre l'un l’autre.
Mélo envoya la lame de Dodoria par dessus lui pour permettre à Zarbon de la réceptionner, et les deux frères foncèrent chacun armé d'une épée afin d'embrocher leurs ennemis en même temps. Ces deux derniers parvinrent par chance à s'éclipser à la dernière seconde, laissant les lames s'entrechoquer.
-Rend moi ça donzelle, c'est pas un jouet !
-J'en ai assez de tes provocations ! Je vais te prouver que je ne suis pas une petite fille !
Tandis que Zarbon se jeta de plus belle sur Dodoria, leur duel se poursuivant plus loin dans les airs, Danmarine et Mélo se faisaient face en flottant, sans bouger.
-Je n'avais pas livré de si beau combat depuis des années, Darianman. Même si je regrette que tu ne sois pas venu avec cette jolie rouquine, je ne suis pas déçu de ta visite.
«Tu...tu parles de Rubi ?» demanda le Général qui ne put empêcher ses pommettes de rougir.
Mélo lui répondit d'un air blasé, une main posée sur sa hanche. «Laisses moi deviner, elle est avec toi c'est ça ? Pourquoi toutes les jolies femmes sont prises...»
Lentement, le prince rangea son épée à l'intérieur de son fourreau, ce qui ne manqua pas de surprendre son adversaire qui reprenait encore difficilement son souffle. Alors qu'il ôtait ses gants et ses protections, Mélo poursuivit.
-Dis moi, votre «Freeza», est-il beaucoup plus fort que toi ?
-.....En effet. Je ne suis pas au maximum de mes capacités. Mais si je devais te donner un ordre d'idée...je dirai que sa puissance représente probablement vingt fois ma puissance actuelle.
Mélo termina en enlevant son imposant plastron doré qu'il laissa tomber jusqu'au sol, ne portant plus alors que ses jambières dorées, et une chemise en lin sur le dos.
-Vingt fois hein ? Dans ce cas, Zarbon avait probablement raison. Nous ne pourrions jamais gagner sans notre alliance avec ce Kota.
Bien qu'il s'en était douté, Danmarine en avait maintenant la certitude. Kota était bien un traître, et son alliance avec Pomélo ne faisait plus aucun doute.
-Si nous vous repoussons aujourd'hui, alors peut être survivrons nous à cette guerre. Si son maître est aussi puissant qu'il le dit, peut-être pourra-t-il vaincre Freeza.
«Son maître ?» pensa Danmarine. Si Kota n'était pas l'instigateur de cette machination, alors qui ?
Alors que le combat entre Mélo et Danmarine allait se poursuivre afin de décider du destin de Pomélo, au dessus de cette belle planète surplombée par l'immense vaisseau sphérique de Kota, une soucoupe s'approchait lentement.
-Nous approchons de la planète Pomélo. Le vaisseau du Grand Commandant Kota est en vue. Dois-je l'informer de notre arrivée ?
-Inutile, je tiens à lui faire la surprise de ma venue. Faites préparer ma navette, Mame san.
-À vos ordres...
…
… Freeza sama …
À suivre !