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30
La Marche 8
— Qu'est-ce que tu fais comme ça ?
— Vous ne voyez pas qu'il se fait opérer, monsieur ? Allez-vous-en !
— Je t'ai pas causé à toi le toubib. Hey sérieux, tu nous fais quoi là Kiwi ?
— Mais monsieur ressaisissez-vous enfin ! Il est sous anesthésie, comment voulez-vous qu'il vous réponde ? Mais enfin qui l'a laissé entrer celui-là ?
— Comme si vos anesthésiants étaient suffisamment puissants pour endormir le colonel. Bon mec, tu me réponds ou merde ?
— Qui t'a *argh*... laissé entrer, Dodoria ?
— Qui peut m'empêcher d'entrer déjà ? J'ai entendu tes cris de pucelle alors j'ai arrêté ma partie avec les gars et je suis venu mater.
— Tu voudrais pas sortir ? D'ailleurs, tu es pas censé être en train de cuisiner Yamcha en salle d'interro' ?
— Justement, il en est à la phase marinade là. Laisse tomber t'y connais rien en cuisine toi. Bon alors ?
— Quoi ?
— C'est quoi tout ça ?
— Ça ne se voit pas ? Ils sont en train de transf... *argh*... de transférer mon cœur du côté gauche au côté droit.
— Oh putain. T'as vraiment que ça à foutre de ta vie ?
— Réfléchis deux secondes. Demain on entre officiellement en guerre mondiale contre les terriens. Une fois sur le champ de bataille, les très hauts-gradés comme moi seront des cibles prioritaires pour les archers de la team O, lanciers de la S, tireurs de la Z, et un peu tout le monde. Et tous ces gens viseront généralement le côté gauche de ma poitrine.
— Mec, j'ai jamais vu autant de sang…… et pourtant j'étais boucher de profession. T'es sûr que ça va ?
— Oui, ces meupo-chirurgiens savent... *arrrrghh!* ce qu'ils font, ils sont spécialisés dans ce genre d'opéraaaaargh...... tions.
— Et ça marche qu'avec le cœur c'te connerie ?
— Non. Tu peux déplacer à peu près tout ce que tu veux. Même le cerveau, ainsi, même si on te coupe la tête, tu peux espérer survivre.
— OH PUTAIN ! Non… ?! Je veux ça !

Lunch suivait la course-poursuite Gero-Impériaux sur la 3.
Alexander H. fusait dans son bateau, d'océan en océan.
Jusque-là, rien d'incroyable, au sens littéral du terme.
La partie incroyable, la voilà...
Lunch voyait Gero à la télé.
Pourtant, Gero regardait la télé… avec Lunch.
La jeune gouvernante tourna discrètement la tête vers l'étudiant, qui se regardait lui-même, du coup.
Il avait la bouche grande ouverte. Un bout de chocolat au café pendait depuis sa lèvre du bas.
Jusque-là, rien d'incroyable, au sens littéral du terme.
La partie incroyable, la voilà, pour de vrai...
Lunch avisa fiévreusement le haut de l'écran plat.
Elle vit un mot.
Un seul mot qui suffit pour que la jeune fille s'éloignât de Gero en trois bonds apeurés.
Le mot ?
Direct.
C'était du direct, à la télévision.
Hiéronimus, en voyant ce même-mot sur l'écran, fut saisi du même réflexe que Lunch, et voulut se fuir… lui-même, avant de réaliser que c'était impossible.
Il demeura donc statufié sur sa chaise, jambes croisées, main aveugle en quête de cigarette sur la table du petit-déjeuner. Le téléphone de l'étudiant choisit cet instant pour sonner.
Posé sur la table, l'appareil vibrait et tressautait tout seul sous le coup des pulsations.
Gero tarda à s'en saisir.
Il lança un regard paumé à Lunch, et à tous les autres meuporgs affalés sur les canapés du salon.
Tous lui rendirent le même regard paumé.
Un regard dans lequel se lisait...
— Vous ne voyez pas qu'il se fait opérer, monsieur ? Allez-vous-en !
— Je t'ai pas causé à toi le toubib. Hey sérieux, tu nous fais quoi là Kiwi ?
— Mais monsieur ressaisissez-vous enfin ! Il est sous anesthésie, comment voulez-vous qu'il vous réponde ? Mais enfin qui l'a laissé entrer celui-là ?
— Comme si vos anesthésiants étaient suffisamment puissants pour endormir le colonel. Bon mec, tu me réponds ou merde ?
— Qui t'a *argh*... laissé entrer, Dodoria ?
— Qui peut m'empêcher d'entrer déjà ? J'ai entendu tes cris de pucelle alors j'ai arrêté ma partie avec les gars et je suis venu mater.
— Tu voudrais pas sortir ? D'ailleurs, tu es pas censé être en train de cuisiner Yamcha en salle d'interro' ?
— Justement, il en est à la phase marinade là. Laisse tomber t'y connais rien en cuisine toi. Bon alors ?
— Quoi ?
— C'est quoi tout ça ?
— Ça ne se voit pas ? Ils sont en train de transf... *argh*... de transférer mon cœur du côté gauche au côté droit.
— Oh putain. T'as vraiment que ça à foutre de ta vie ?
— Réfléchis deux secondes. Demain on entre officiellement en guerre mondiale contre les terriens. Une fois sur le champ de bataille, les très hauts-gradés comme moi seront des cibles prioritaires pour les archers de la team O, lanciers de la S, tireurs de la Z, et un peu tout le monde. Et tous ces gens viseront généralement le côté gauche de ma poitrine.
— Mec, j'ai jamais vu autant de sang…… et pourtant j'étais boucher de profession. T'es sûr que ça va ?
— Oui, ces meupo-chirurgiens savent... *arrrrghh!* ce qu'ils font, ils sont spécialisés dans ce genre d'opéraaaaargh...... tions.
— Et ça marche qu'avec le cœur c'te connerie ?
— Non. Tu peux déplacer à peu près tout ce que tu veux. Même le cerveau, ainsi, même si on te coupe la tête, tu peux espérer survivre.
— OH PUTAIN ! Non… ?! Je veux ça !

Lunch suivait la course-poursuite Gero-Impériaux sur la 3.
Alexander H. fusait dans son bateau, d'océan en océan.
Jusque-là, rien d'incroyable, au sens littéral du terme.
La partie incroyable, la voilà...
Lunch voyait Gero à la télé.
Pourtant, Gero regardait la télé… avec Lunch.
La jeune gouvernante tourna discrètement la tête vers l'étudiant, qui se regardait lui-même, du coup.
Il avait la bouche grande ouverte. Un bout de chocolat au café pendait depuis sa lèvre du bas.
Jusque-là, rien d'incroyable, au sens littéral du terme.
La partie incroyable, la voilà, pour de vrai...
Lunch avisa fiévreusement le haut de l'écran plat.
Elle vit un mot.
Un seul mot qui suffit pour que la jeune fille s'éloignât de Gero en trois bonds apeurés.
Le mot ?
Direct.
C'était du direct, à la télévision.
Hiéronimus, en voyant ce même-mot sur l'écran, fut saisi du même réflexe que Lunch, et voulut se fuir… lui-même, avant de réaliser que c'était impossible.
Il demeura donc statufié sur sa chaise, jambes croisées, main aveugle en quête de cigarette sur la table du petit-déjeuner. Le téléphone de l'étudiant choisit cet instant pour sonner.
Posé sur la table, l'appareil vibrait et tressautait tout seul sous le coup des pulsations.
Gero tarda à s'en saisir.
Il lança un regard paumé à Lunch, et à tous les autres meuporgs affalés sur les canapés du salon.
Tous lui rendirent le même regard paumé.
Un regard dans lequel se lisait...
Décroche. C'est pour toi.

L'atterrissage de Krilin — sur le toit bombé d'une certaine Rouxmobile — fit descendre l'hélicoptère d'une bonne cinquantaine de mètres, malgré le courant ascendant. Exploit que même le coup de marteau d'un dieu scandinave n'aurait su décrocher. L'époux de C-18 retira sa chemise grise en la déchirant, comme s'il s'apprêtait à se battre en pleine rue devant mille témoins. Il agrippa la poignée d'une portière, et s'étonna que cette dernière soit déverrouillée. Autant qu'il s'étonna qu'il n'y ait pas un chat au volant…
Puis il comprit.
Yamcha était monté se cacher dans l'avion.
Yamcha était monté se cacher dans l'avion.
Krilin passa donc à l'étage supérieur, et fit son entrée dans le cockpit de l'hélicoptère avec perte et fracas. Le blanc de ses yeux, plus rouge que la couleur rouge, tomba sur deux corps inertes. Celui d'un parfait inconnu fagoté en pilote d'avion, et celui de Yamcha.
Les deux hommes semblaient morts, avachis comme deux rats sur la banquette sanguinolente.
— Parce que tu croies que tu peux me tromper aussi f… ? commença Krilin, étranglé par la colère qui l'empêcha de terminer.
Il ne savait pas lequel des deux était vraiment Yamcha, et lequel était le pilote froidement assassiné.
Mais il y avait un moyen très simple de le découvrir.
— Ka… i… ô… ken.
À ces mots de Krilin, le corps du pilote s'entoura subitement d'une aura rouge comme les flammes de l'Enfer.
— C'est toi Yamcha, souffla le père de Maron, pointant du doigt le pilote.
Ce dernier ouvrit soudainement les yeux ; et ne put alors rien masquer de sa surprise.
Comment Krilin avait-il fait pour déclencher le Kaiôken du révolutionnaire à distance ?
Quelle était cette sorcellerie ?
— MAIS YAMCHA !! ESPECE DE C…
Profitant du fait que le meilleur ami de Gokū avait les yeux pratiquement délogés de leurs orbites, Yamcha…
— TAIYÔKEN !
Un cri. Un flash. Deux cris. Et l'espace dans la cabine diminuait à chaque fois qu'une veine sur le front de Krilin prenait en volume. Hermann jurerait qu'on lui avait mordu dans les globes oculaires comme dans une pomme mûre. Il étendit le bras en quête de jambe à faire prisonnière mais trop tard, le révolutionnaire était déjà parti, mettant à profit le Kaiôken activé par Krilin lui-même, dont la main à défaut d'une jambe tomba sur un sac empli de têtes. Hermann eut un mouvement de recul instinctif quand ses doigts comprirent enfin. Quand ses doigts reconnurent la forme du nez, le carré du menton, la dent en moins…
Jusqu'où es-tu prêt à aller pour obtenir la déclaration d'indépendance de la communauté des meuporgs mécaniques ?
Quel monstre es-tu devenu…
Yamcha.
Une larme glissa le long de la joue de l'ex-dernier de classe du temple d'Ôrin.

Yamcha s'enferma dans la voiture à double tour…
… Puis changea d'avis.
Il monta sur le toit de la Rouxmobile, et attendit que Krilin le rejoigne.
Les deux se firent bientôt face, cheveux au vent, qui malmenait l'aura écarlate de Wolfgang.
L'hélicoptère fusait toujours aussi droit.
Hermann fusillait Yamcha du regard, mais ne pipait mot.
À croire qu'il attendait que son camarade parle.
Et il attendit comme ça trois bonnes minutes.
Puis Yamcha, las, fit l'effort de parler, même s'il n'avait rien à dire.
— Je t…
— YAMCHA !
Wolfgang soupira intérieurement. C'était bien la peine de perdre trois minutes si c'était pour le couper à la première syllabe prononcée.
Surtout que Krilin n'avait plus rien dit ensuite… Et le silence était simplement revenu.
Et toujours ce regard incendiaire.
Yamcha détourna les yeux et se gratta la tête.
— Écoute, je suis ressorti de la voiture pour éviter que tu la défonces bêtement, alors si tu pouvais j…
— TU es son PARRAIN ! Tu es son putain de PARRAIN ! explosa Krilin, gesticulant bientôt comme s'il se battait contre lui-même.
Il parlait de sa fille unique. Évidemment.
— S'il devait arriver quoi que ce soit à ma petite Maron, tu n'aurais pas le temps de me tuer que je me serais déjà pendu, poussa Yamcha.
Krilin fit les yeux ronds.
Et sans plus bouger un cil… activa le premier niveau du Kaiôken. Puis le désactiva, espérant que Yamcha n'ait rien vu. Mais c'était trop tard, 19 unités — au compteur de Yamcha — c'était largement suffisant pour voir que Krilin avait activé son aura comme on lèverait la main pour frapper.
Et même lever la main sans frapper, est un geste d'une violence absolue.
Yamcha serra le poing.
— Tu n'avais jamais levé la main sur moi. Je dois dire que ça fait mal. De la part d'un ami.
— On utilisera les Dragon Ball pour faire oublier ça, souffla Krilin, qui regardait par “terre”.
— Je ne suis pas sûr d'avoir envie d'oublier que tu ne me fais pas confiance. Il y a une différence entre penser que je suis con… et penser que je suis malintentionné. Je pense que tu es con. Mais je pense aussi que tu l'es de bonne foi. Et je croyais que c'était réciproque, fit tomber Yamcha.
— Détournement de voiture dévolue à la septième personne la plus influente de l'univers connu. Coup d'État un beau matin. Casse au sein de la tour du muscle, le même matin. Meurtre de Guldo, une heure plus tôt. Voire de Dodoria, si j'en crois les piques que j'ai cru sentir à travers le tissu du sac de sport.
— J'ai le droit de garder le silence ?
Tu as un mandat au moins ?
— La différence entre toi et moi, se reprit Krilin, redressant sèchement le regard, c'est que j'ai quelque chose à perdre !! Toi tu peux te permettre d'aller faire le con dans une tour - ou voler des voitures - au risque de déclencher une troisième guerre mondiale, mais ce n'est ni mon cas, ni celui de Gokū. On est casés, on a des enfants, et tu sais pertinemment que le Gouvernement nous tient par les couilles ! S'ils ne peuvent pas détruire nos vies à Gokū et moi, ils peuvent parfaitement ruiner celles de nos enfants. Surtout Maron.
— Fallait penser à ça avant de faire des gosses, cracha Yamcha, haussant le ton. Regardez-vous. Regarde Gokū. On ne l'a même pas vu, depuis ce matin. Il avait piscine c'est ça ?
— Dit-il, lui le puceau qui s'il n'avait pas peur des femmes…
— Et c'est ma peur des femmes qui va sauver la Terre justement. Ironique.
— Tu penses que je suis indifférent à la cause des meuporgs mécaniques ? murmura Krilin. Je suis lié pour la vie à une meuporg…… MÉCANIQUE ! ré-explosa-t-il, activant cette fois, clairement, le Kaiôken x2.
Pour le coup, l'avion ne perdit pas 50 mètres d'altitude.
Son ventre vint carrément racler le sol sur une centaine de mètres avant de remonter dans les nuages d'orage.
— Tao, on a touché le sol juste avant de remonter. Tu as eu le temps d'embarquer avec nous ? C'était ta seule chance de revenir dans la course. S'il te plait dis-moi que tu es dans la voiture ou dans l'hélico ? souffla Yamcha resté droit, activant son oreillette.
— J'ai failli… mais ça s'est passé vraiment trop vite pour moi. En plus je viens de me rendre compte que j'ai oublié le sac dans l'avion…
— …
— Je suis encore au sol. Désolé. Tu vas devoir faire sans moi contre lui.
— Combien de temps avant d'arriver en safe-zone ?
— 99 secondes. Tu peux tenir ?
— … Je te donne la réponse dans 99 secondes.

Le vaisseau-mère Impérial ? Un bijou serti de diamants.
Parmi ces diamants : trois saunas, innervant l'aile Est du vaisseau-mère, 4e étage.
Quoi qu'en fait de nerf, il serait plus juste de parler d'artère, vu l'intensité du trafic.
L'un des saunas, le plus grand, n'était qu'un escalier géant, engoncé dans une salle trop petite.
Chaque marche géante dudit escalier faisait office de banc, sur lequel se languissaient les soldats.
Assis, debout, qu'importe.
Sur la marche n°3 : Dodoria. Posé sur le rebord, une serviette dessus la cuisse.
46 soldats plus ou moins bruyants, plus ou moins pudiques, squattaient l'escalier en bois, ce soir-là.
32 pros-Danmarine, et 14 pros-Kiwi.
Là était tout le problème.
Les pros-Kiwi étaient plus bruyants, les pros-Danmarine plus calmes.
Les pros-Kiwi étaient plus puissants, les pros-Danmarine plus nombreux.
Statu quo.
Dodoria grogna, et fit changer sa serviette de cuisse, comme si.
Comme si quoi ?
…
Il savait que Danmarine se trouvait à l'instant-même sur la marche n°8.
Non pas que Dodoria ait des yeux dans le dos. Il en avait un, mais cela est une autre histoire.
Non pas qu'il ait senti l'énergie du Général Danmarine, Dodoria ne savait pas sentir les énergies.
Simplement, le grand-frère du colonel Kiwi toujours eut pour habitude de squatter le sauna, en cette heure précise.
En bonne compagnie.
D'où le fait qu'il trustait la marche 8 – la toute dernière – afin d'être à l'abri des regards.
Et personne de la marche 1 à la 7 n'avait jamais osé lever la tête vers la 8.
Premièrement car cette tête tomberait aussitôt, et le voyeur emporterait ses secrets dans la tombe.
Deuxièmement car personne n'était sûr d'avoir envie de savoir ce qu'il se passait au niveau de la 8.
Et la rumeur courait qu'il n'y avait pas que des femmes, jouant avec Danmarine, sur cette marche 8.
On aurait même déjà cru entendre la voix du ministre Zabôn. Entre autres grands noms du milieu.
Qui pour vérifier ?
D'où le fait qu'il trustait la marche 8 – la toute dernière – afin d'être à l'abri des regards.
Et personne de la marche 1 à la 7 n'avait jamais osé lever la tête vers la 8.
Premièrement car cette tête tomberait aussitôt, et le voyeur emporterait ses secrets dans la tombe.
Deuxièmement car personne n'était sûr d'avoir envie de savoir ce qu'il se passait au niveau de la 8.
Et la rumeur courait qu'il n'y avait pas que des femmes, jouant avec Danmarine, sur cette marche 8.
On aurait même déjà cru entendre la voix du ministre Zabôn. Entre autres grands noms du milieu.
Qui pour vérifier ?
Dodoria ne se tourna pas pour s'assurer que Danmarine était bien là ce soir, car la tentation de le tuer — là maintenant — serait trop grande. Or, ce soir-là, le ratio pro-Kiwi / Pro-Danmarine ne permettait pas un meurtre qui ne soit pas synonyme de suicide. D'ailleurs, Danmarine ne squattait que les saunas ayant un ratio en sa faveur.
Kiwi avait bien dit qu'il se chargerait lui-même de l'assassinat du Général son grand-frère, avant 17 heures 30. Il était déjà 18 heures. Et personne n'irait faire croire à Dodoria que les ouvertures avaient manqué !
Il refit changer sa serviette de place, tandis qu'un savon lui passait sous le nez. Puis une canette de bière. Puis une serviette. Puis un avion en papier. Dodoria sentit bientôt quelque eau chaude se glisser sous ses fesses à pustules. De toutes petites fesses roses, jurant avec son gabarit. Quant à l'eau, apparemment, quelqu'un, depuis l'escalier n°8, avait dû renverser quelques sceaux.
Dodoria balada à nouveau sa petite serviette, mais rien à faire, cette mouche ne voulait pas s'en aller.
Elle emmerdait tout le monde. Comment se faisait-il que personne dans la salle ne l'ait encore tuée ?
Ah oui…… Le soldat à tête de mouche. C'eut été vexant pour lui. D'ailleurs, un pro-Danmarine, là encore.
Une tête roula bientôt d'on ne savait quelle marche, et tomba pile entre les cuisses de Dodoria.
L'ogre rose fixa le visage. Il y vit un sourire satisfait.
— J'espère que ce que tu as vu valait la peine… apparemment oui, murmura Dodoria, faisant rouler la tête - éternellement souriante - entre ses doigts boudinés. Merde, je le connais c'lui-là, c'est Popol, comprit le ventripotent, après avoir fait tourner la tête pour la cinquième fois. Il me devait 4000 zenis. Merde…
Pol dit Popol eut été décapité par un pro-Danmarine, ou par Danmarine lui-même.
En tout cas, pas par un pro-Kiwi, sinon ce serait déjà l'émeute dans le sauna. Les pros-Kiwi ne pouvaient tuer que les pros-Kiwi. Et les pros-Danmarine que les pros-Danmarine, c'était la règle, implicite.
Par déduction, Pol était donc un pro-Danmarine.
Le genre qui ne se gênerait pas, comme Danmarine lui-même, pour rallier la team Z en cas de guerre ouverte contre l'Empire. Puis négocier dans un bureau, avec Piccolo Jr. et Médor VI, les privilèges qu'ils pourraient garder et ceux dont ils devraient s'émanciper en bons perdants. Aux yeux de Dodoria, tous des traitres ceux-là, ces diplomates enfarinés. Dire qu'ils étaient les Boss actuels de l'Empire, par la seule force du nombre. Si l'Empereur les voyait. Si seulement. Il les ferait tous exécuter. Danmarine le premier. Mais quand l'Empereur n'est pas là…
Piqué par il ne sut quelle mouche, l'emmerdeuse peut-être, Dodoria se dégagea du sauna et se rendit jusqu'en face du bureau de l'Empereur. Il leva un doigt, sur le point de toquer. Mais à mesure que l'index recroquevillé s'approchait du battant, le cœur battait. À un millimètre du “toc-toc”… Dodoria fit dans son froc et se cassa.
On ne joue pas avec ça.
Alors l'Ogre rose visait la cafète, désormais.
Il avançait dans les couloirs avec la main tendue, comme on avancerait dans le noir torche en main. Il ne faisait pas noir. Simplement, l'œil gauche de Dodoria se trouvait désormais au bout de son majeur du même bord. Sa bouche quant à elle se trouvait greffée à son ventre, à la place du nombril. Autant pour les autres organes du visage, dispatchés ci et là, depuis avant qu'on ait coupé la tête à Dodoria.
On = Tao.
Mais ce que Tao ne savait pas…
C'est que la tête tranchée ne représentait plus l'Alpha et Omega, pour Dodoria.
Pire, ce crâne recelait aujourd'hui une Staar Bomba à retardement, destinée à qui serait assez bête ou vantard pour conserver la tête comme trophée.
Qui = ?
Point d'interrogation car, Dodoria ne savait pas qui aurait la tête en main, au moment de l'explosion. Et il lui tardait de savoir. Qui que soit Qui, en tout cas, ce serait bien fait pour lui.
Et en attendant de savoir qui était Qui, Dodoria poussait les battants de la cafétéria.
Il y avait une bonne centaine de tables. Et pas beaucoup plus de 10 occupants.
Normal, il y avait tellement de cafétérias dans le vaisseau-mère.
Presque autant qu'il y avait de soldats.
L'Empereur et sa folie des grandeurs…
D'ailleurs, cette cafétéria-là, n'était pas le genre qu'on se serait attendu à trouver dans un vaisseau spatial. Les matériaux ne collaient pas avec le thème de l'espace. Il y avait là du marbre, de la belle pierre, des points d'eau et tant d'autres subtilités qu'on attendrait plutôt d'un luxueux établissement bien on-shore.
Tagoma était présente. Même pas assise sur une chaise, plutôt par terre, au fond de la salle.
Une jambe repliée, l'autre paresseusement allongée. Coude sur le genou dressé… Main vide.
Elle ne faisait rien. Ne regardait nulle part.
La Voyante était là, aussi. Pareil pour Lévis.
La première faisait 43 kilos le jour de sa capture. Elle en affichait désormais 47.
Il en faisait 59 au départ. Désormais 55.
La chose s'expliquant par le fait que le colonel Kiwi ne savait pas maltraiter les femmes.
Il était là, le colonel. Futur commandant des armées. Futur pourfendeur de Son Gokū. Futur non pas roi, non pas Empereur, mais Führer de l'univers, nouveau titre pour marquer le coup d'une nouvelle ère.
Il était là, assis à l'une des tables à trois chaises, assez loin de l'entrée. Il discutait avec Lévis et un autre. Leurs voix tassées ne parvenaient pas jusqu'à Dodoria, au contraire de la dégaine du colonel, dont la convalescence — suite à son opération du cœur — se voyait toujours à l'œil nu ; exacerbée par sa vulgaire blouse d'opéré à peine sorti du bloc. Il lisait un rapport, lunettes correctrices sur le nez.
Des choses importantes, voire très, se disaient apparemment, dans cette cafétéria-là.
Ce qui expliquait la présence des gardes classe 2 à l'entrée et jusqu'aux couloirs attenants.
Dodoria se demandait s'il ne devrait pas aller prendre son dîner ailleurs…
3-4 autres soldats prenaient, eux, chacun sur une table, leur boisson du soir. Ils étaient venus ici d'eux-mêmes, sans invitation, et ne participaient pas aux discussions. Mais étant pros-Kiwi, ils n'avaient pas été chassés des lieux, car ce qui passait dans leurs oreilles ne ressortirait pas par leur bouche.
La plupart n'écoutaient pas, de toute façon, car n'ayant pas confiance en leur propre capacité à tenir leur langue sous la torture ou la pression de l'argent.
— Tiens donc, Dodoria n'a plus toute sa tête ? s'étonna Zvei, depuis la table qu'il partageait avec Dieu.
— J'ai été aussi surpris que toi en le voyant entrer, confirma le classe 1. Et puis c'est quoi ce petit drapeau planté là où aurait dû se tenir son crâne ? C'est d'un glauque.
— C'est pas un drapeau. C'est un cure-dent et un post-it sur lequel il a dessiné un smiley pas content…
— …
— Tiens… J'suis pas content.
— Ah, toi aussi ? Décidément, sourit faiblement Dieu, qui ne demanda pas pourquoi Tao n'était pas content.
Il connaissait la réponse.
Zvei la fit quand même.
— Vous avez vu Lupanar depuis qu'elle est rentrée ?
— Non plus.
— C'est un comble ça quand même ! On a risqué nos vies ensemble… sur la même putain de ligne rouge… et elle vient même pas partager notre premier repas du soir !
— À sa décharge, elle m'a envoyé un SMS.
— …
— Elle ne peut pas nous rejoindre car elle se trouve à l'instant-même, et là tu ne vas pas me croire, mais je le dis quand même, sur la marche n°8.
— … Quoi ?
— La 8.
— Celle des gros poissons ?
— Celle-là.
— Qu'est-ce que Lupanar foutrait avec ces gens-là ?
— Elle se fait des relations. Je suppose…
— C'est impossible. Son grade ne lui permet pas de monter sur la 8e marche. D'ailleurs cette marche est interdite aux pros-Kiwi.
— Ce que Kat n'est plus. Officieusement.
Mais elle m'a assuré qu'elle ne nous oublie pas, toi et moi.
— …
— Je ne fais que répéter.
— Reste la barrière du grade.
— Tu ne savais pas ? Lupanar est passée classe 1.
Bong s'étouffa dans son omelette-cerise.
— Quoi ?? C'est pas possible ! Déjà le test pour passer classe 1 prend 1 mois ! Minimum !
— Elle l'a passé en 1 heure. Alors qu'elle venait tout juste de rentrer de son voyage par-delà le portail. Genre… elle a même pas pris le temps d'enlever ses chaussures, de prendre une douche ou de dormir. Elle est direct allée passer le test dans ses guenilles et son corps fatigué par les voyages, et elle a terminé en une heure, puis seulement, elle est allée dormir.
— En une heure ? Vous vous foutez de ma gueule… là… c'est ça ? Vous vous rendez compte qu'il faut déjà 30 minutes pour se rendre sur la planète du test ? Et 30 pour en revenir ! …Oh wait…
— …
— Bordel…
— Je te comprends. Je ne sais pas ce qu'elle mangé sur la planète où elle a été exilée. Mais ça devait être un sacré lion.
— Mais alors, si c'est comme ça, ils ont qu'à la caser dans la liste officielle des 3 coalisés censés s'occuper d'Agar.io en alliance avec les 3 envoyés du Gouvernement. Ce sera vite plié. D'ailleurs il est bien calme le Agar.io là non ?
— Pas de nouvelle bonne nouvelle.
— Hm….. mouais……
Moi ça ne m'inspire rien de bon…
Si vous voulez mon avis qui n'intéresse jamais personne, j'ai la ferme intuition que Lupanar devrait aller vite lui régler son compte avant qu'il ne dépasse officiellement son niveau à elle…
— Lupanar n'a pas le temps pour ces bêtises. Là encore, je ne fais que citer. C'est justement pour ça qu'elle cache sa puissance maximale. Parce qu'elle ne veut surtout pas être sélectionnée dans la liste.
— …
— Elle veut participer à la guerre mondiale de demain. Pas en tant que soldat mais en tant que colonel.
— Pourquoi ?
— Elle veut squatter la tente des Pontifes durant la guerre, pour continuer à rester aux côtés de Zâbon. Mais pour avoir le droit de traîner dans la tente des Pontes, le grade de classe 1 ne suffit pas.
— Ça prend 4 ans à un génie lambda pour devenir colonel. Et ça ne dépend pas que du niveau de puissance, pour le coup. Elle n'y arrivera jamais d'ici à l'ouverture de la guerre demain matin.
— Justement, c'est pour ça qu'elle n'a pas une seconde à perdre, ni avec Agar.io ni avec nous. Il fait nuit là et elle doit absolument atteindre le grade de colonel avant le lever du soleil, et même pour elle c'est chaud. Du coup elle s'excuse pour son absence, et t'autorise à manger sa part de baba au rhum.
Baba tapait dans le rhum, depuis le comptoir de la cafète d'où elle avait dû se servir toute seule, car dans les cafètes du vaisseau, nul barman derrière le comptoir, on se sert tout seul. Pareil pour les restaurants, où les clients font à la fois clients, serveurs, caissiers et cuistots. De sa position excentrée, comptoir côté barman donc, elle avait une vue d'ensemble de toute la salle.
Tagoma traînait toujours au sol dans un coin.
Elle n'avait apparemment toujours pas digéré de s'être fait chourer #19 en une seconde.
Elle digérait encore moins les reproches de Kiwi, et sa règle du “on gagne d'abord et on rit ensuite”.
Dodoria avait rejoint Zvei et Dieu. L'ogre rose et le Tao se disputaient l'omelette de Bong, qui avait bien signalé à Dodoria qu'il y avait d'autres omelettes en arrière-cuisines. Mais Dodoria voulait celle-là. Alors ça commençait à s'échauffer. Rien que de très normal finalement, car on parlait-là de pros-Kiwi. Et les pros-Kiwi se battent toujours pour un rien.
“Qu'ils sont jeunes…” pensait Baba, les regardant, alors que son attention dérivait lentement vers Kiwi. Il était jeune, lui aussi. Et bagarreur aussi. “Quel dommage, toute cette jeunesse mal employée” pensait-elle encore, et son visage ridé était dur. Inquiet. Pour cause, Kiwi avait eu l'humilité d'admettre qu'il n'était pas la personne la plus intelligente au monde. Aussi s'était-il débrouillé pour faire capturer Brief. Kiwi avait eu la lucidité d'admettre que même avec la plus grande intelligence, on ne peut tout prévoir. Alors il s'était débrouillé pour faire capturer une voyante. Kiwi avait la lucidité de n'être ni superstitieux et encore moins croyant, et pourtant, il s'était plié sans rechigner à tous les rituels porte-chance, anti-mauvais œil et autres, et toutes les offrandes que Baba lui avait conseillé de faire aux dieux.
Humilité.
Lucidité.
Jeunesse.
Cet homme est dangereux…
Beaucoup plus que Red, selon Baba, au visage toujours aussi dur.
Il avait aussi tenté de capturer Yamcha. Et même Gero. Et même le petit-frère de Gero, mais Tagoma s'était interposée dans l'ombre, parfois avec la complicité de Red. Combien de fois avait-elle sauvé la peau de Stanley ?
5 ?
6 fois ?
Baba avait perdu le compte. En tout cas, Gero ne le savait pas, mais il devait beaucoup à madame le Maréchal. Bien sûr, ni Tagoma ni Red n'avaient agi par altruisme. Mais pour mettre des bâtons dans les roues de Kiwi. Et pourtant, ce dernier tolérait la présence du Maréchal, au grand étonnement de cette dernière elle-même.
Le regard de Baba se fit encore plus dur.
Il ne cultivait même pas la différence. Il savait que d'autres avant lui auront essayé de faire ça bien.
Il savait qu'il n'était qu'un de plus.
Pour gagner la guerre il ne comptait sur rien d'autre…
… que la chance.
Vraiment dangereux…
Il avait même essayé de persuader Lévis de l'utilité d'une guerre, contre le monde d'en bas.
…
Il fallait absolument qu'elle vérifie quelque chose, avec ce petiot-là. Et une seule question y suffirait.
Non, décidément, quelque chose n'allait vraiment pas avec ce garçon-là.
Et s'il répondait correctement, alors Baba était déjà persuadée que le colonel irait loin. Très… loin.
Plus loin qu'aucun méchant d'aucune histoire n'est jamais allé.
L'intuition d'une femme comme mamie Voyante, en la matière, est parole d'évangile.
L'intuition d'une femme comme mamie Voyante, en la matière, est parole d'évangile.
Et s'il répondait mal, alors elle était sûre et certaine qu'il finirait comme tous les méchants.
Elle se mit en marche vers la table du cadet de Danmarine, mais s'arrêta.
Il était au téléphone.
Plus tard.
— Monsieur Red.
— Colonel Kiwi.
— Votre Tsunami.
— Oui ?
— Du pipi de chat.
— Tiens donc.
— Vous avez programmé la chose pour samedi. Sachant que nous autres, Impériaux, prévoyions justement d'attaquer la Terre samedi.
— Vous pensez que c'est du bluff dissuasif ?
— Je ne pense pas. Penser, c'est dangereux.
— Que vous ne pensiez pas, ne m'étonne pas. Yamcha vient de me dire que vous alliez rapatrier Sorbet. Quelle folie vous a donc étreint ?
— Jamais je ne ferai une chose pareille.
— Alors quoi ?
— Les diplomates pourraient le faire.
— Dites-leur de ne pas le faire.
— Si seulement.

Médor VI est dans son bureau, un bureau bien éclairé.
Le bureau ovoïde.
Dans le bureau ovoïde se tient un bureau carré, en bois.
À ce bureau présidentiel, est assis Médor VI.
Il tape du doigt sur la table.
Le téléphone est là, sur la table, mais ne sonne jamais.
Pourtant, le Roi sait qu'il se passe des choses.
Et que les gens importants s'appellent entre eux actuellement.
Mais lui, non, on ne l'appelle pas.
Ni Red ne l'appelle, ni l'Empire, ni Yamcha ni personne.
Il n'intéresse personne ou quoi ?
Il n'est pas important lui ?
Il n'est pas décisif ?
Alors, il attend, que le téléphone sonne.
Il est seul.
Et joue avec son stylo. Le rouge, comme pour se donner l'importance qu'on lui refusait.

Kiwi a raccroché.
Et à l'instant-même où il raccrocha, tout le monde dans la cafétéria sut que c'était enfin l'heure.
L'heure du gros sermon tant attendu.
Celui qui justifiait toute cette réunion semi-improvisée dans une cafétéria.
Dodoria et Zvei arrêtèrent de se disputer.
Baba et d'autres cessèrent de boire.
Lévis de lire son journal.
Celui qui justifiait toute cette réunion semi-improvisée dans une cafétéria.
Dodoria et Zvei arrêtèrent de se disputer.
Baba et d'autres cessèrent de boire.
Lévis de lire son journal.
Le colonel se leva de sa chaise, et marcha vers une autre chaise plus loin, au hasard.
Il s'assit, et retira ses lunettes en tremblant comme une feuille.
— M… mon Führer ? s'émut l'un des classes 2 présent, voyant la gravité du geste de Kiwi.
— Ceux dont je vais citer les noms, murmura ledit Führer d'une voix chevrotante, restez ici. Les autres, vous pouvez sortir. Zvei Bong Tao. Nightgoldstorm Dieu. Brief Lévis. X. Vivi Baba. Cer Say Tagoma. Otl Phuphar.
La porte se referma sur le dernier congédié, moins de 5 secondes plus tard.
— C'est QUOI CE BORDEL ! hurla aussitôt Kiwi, renversant sa chaise.
J'ai mis 150 hommes sur cette affaire de capture de Gero ! Et il ne m'en revient que 3 ?! VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE ??? Je la gagne comment cette guerre avec 150 ÉLITES EN MOINS ??! Tout ça pour quoi ? Le quart de la moitié d'une bonne voiture ?! Et le Gero qu'on a capturé n'est même pas le vrai !!
Derrière la porte fermée, des sanglots se faisaient déjà entendre.
Ceux des sortants les plus fragiles, qui ne supportaient pas de voir leur révéré chef en émoi.
Dieu se fit tellement petit sur sa chaise.
Zvei quant à lui ne savait plus ce qu'il devait faire de la bouchée qu'il n'avait pas encore avalée.
Il n'osait pas mâcher… Même pas un coup de mâchoire. Alors il garda la bouche fermée, et pleine.
Tagoma n'écoutait pas.
Ou d'une oreille.
— Mais t'es gonflé toi à jeter la faute sur tes gars alors que tout est de TA responsabilité ! vilipenda Dodoria en courant vers le convalescent pour l'attraper au col, levant tous les cœurs et tous les foies. Tu sais que je me suis fait bousculer dans les couloirs tout à l'heure en venant ici ? Tu sais très bien que si l'intelligence est la monnaie dans le camp des diplomates, chez nous c'est le respect ! Et tu es en train de perdre le respect de tout le monde depuis ce matin avec tes conneries ! Tu avais dit 17 heures 30, il est 18 heures et tout le monde se demande pourquoi ton frère est encore en vie ! Et pour chaque seconde qui passe depuis 17 heures 30, tu perds un point de respect ! Et je parlerai même pas de tes vêtements actuels qui n'arrangent rien à l'affaire !
“Qu'on l'habille bon Dieu !” osa un sympathisant en pleurs derrière la porte.
“C'est vrai !” fit un autre.
“C'est vrai !” fit un autre.
— …
— Et moi aussi je perds du respect par ta faute ! enfonça Dodoria. Tout ça à cause de cette connasse de voyante qui t'a retourné le cerveau comme jamais et t'a fait croire qu'en laissant partir Yamcha, et en lui laissant une ridicule chance d'organiser la résistance de son côté, le dieu de la guerre content de ton fairplay te ferait gagner ! C'est qui qui se fout de la gueule de qui sans déconner ?! C'est Tagoma qui doit bien se marrer tiens ! Je ne sais même pas ce qui me retient de la buter cette voyante-là… Et si l'envie me prend que personne, vraiment, ne s'avise de me retenir. Dois-je rappeler à tous ici qu'en l'absence de l'Empereur, je suis actuellement le numéro uno en matière de puissance dans ce putain de vaisseau de mes couilles ?!
Baba, perchée sur sa boule, se dissimula un peu plus derrière le contenu de son verre à moitié vide — qu'elle préférait voir à moitié plein, pour le coup — sous le regard concerné de Lévis.
— Réveille-toi merde ! secoua l'ogre rose, au bord des larmes. Elle t'a fait sacrifier trois moutons, te baigner dans l'eau vinaigrée, et je ne sais quelle autre connerie de bledard, en plus de la libération du prisonnier. Je me fous de savoir que la langue de Yamcha est scellée par je ne sais quel meuporg spé Pactes. Tu as aussi fait signer des pactes bizarres à Tagoma en échange de son dé-bannissement, c'est pas ça qui empêche au Maréchal de te mettre des rondins dans les roues dès qu'elle en a une putain d'occasion ! Tu le voies bien ! Kiwi ouvre les yeux bon sang, Yamcha… Tu l'as libéré gratos !
Kiwi chancela.
Mentalement.
Il se libéra, recula, et tomba sur la première chaise venue.
— Ne l'écoute pas ! conforta Baba depuis sa cachette. Les dieux t'ont vu et sont contents ! Ça marche comme ça ! Tes amis sont cons, mais toi… tu l'es aussi, mais moins qu'eux ! De tous l'Empire, tu es le seul qui s'en sortira !
Kiwi se redressa comme une bête sauvage et fonça vers Dodoria pour lui agripper les épaules.
— Dodoria, on avait dit tous pour un, si même toi tu me lâches, alors moi j'abandonne toute cette histoire hein !
Kiwi avait parlé. Tandis que deux larmes glissaient de ses yeux grands ouverts.
Humilité.
Lucidité.
Jeunesse.
Doute.
Le visage de Baba se fit plus dur que jamais, derrière le comptoir.
Trop dangereux…
Dodoria n'eut pas le temps de gifler le colonel, dans l'espoir vain d'enfin lui remettre les idées en place, qu'une armada d'hommes en blouse bleue déboulait soudain dans la pièce, happant bientôt Kiwi comme une vague humaine innarêtable.
La même vague qui fit échouer le colonel comme un poisson frétillant au pied de la table de Zvei et Dieu, qui firent les yeux ronds en voyant tous ces gens, dont Kiwi, soudain penchés sur eux.
— C'est quoi ça ? se scandalisa le colonel. Bong n'a plus qu'un bras, et toi, Nightgoldstorm tu n'en as aucun !
“C'est que maintenant que tu t'en rends compte ?” s'étonna Dieu sans mot dire, alors qu'une perle de sueur longeait sa tempe.
Le regard de Kiwi plongeait Nightgoldstorm dans un certain embarras. C'était un regard choqué, compatissant, désolé. Comme on compatirait de la blessure d'un très bon ami. Et amis de très longue date, Kiwi et l'ex-colonel D. Nightgoldstorm l'étaient, pour le moins.
Pour le moins.
Co-fondateurs du regretté commando Kiwi. Excusez du peu.
Ne manquait que Végéta pour reconstituer la racine, faire remonter les souvenirs, la puissance, et les larmes.
Ah le Vietnam ils l'avaient fait. Leur Vietnam.
Du temps où leur pot commun d'unités ne dépassait pas 5000.
— Ces gars me disent que vous avez des choses bizarres au niveau des coupures de vos bras et jambes ? relança Kiwi, toujours avec ce regard.
— Oui. Je ne sais pas ce que c'est. Tout à l'heure, quand j'ai posé la question à Lysandre Lupanar, elle m'a dit par SMS que ça s'appelle l'Énergie Primordiale. Et que ça apparaît quand tu te fais charcuter par certains portails.
— C'est ce qui vous est arrivé ?
— Oui. Quand on essayait de fuir une pluie acide.
La vague emporta soudain Kiwi un peu plus loin, pour s'entretenir avec lui.
Le colonel revint tout seul cette fois, au pied de la table des éclopés.
Il avait dans les bras trois bestiaux bizarroïdes.
Des meuporgs, assurément.
— Ce sont des métamorphes, précisa Kiwi. Trois, un pour chaque membre supérieur perdu. Ces meuporgs vont remplacer vos bras dont ils prendront la forme. Attention, ça fait mal au début, quand ils font corps avec vous. Deux de ces animaux ont une puissance de 5000 unités. L'autre est à 8000. Dieu, tu auras donc un bras à 5000 et un autre à 8000. En attendant qu'on trouve des métamorphes plus puissants pour remplacer vos bras limités à 5000. Les messieurs-dames derrière-moi voudraient aussi étudier vos “Énergies Primordiales”. Apparemment, celle de Bong serait de couleur verte, et la tienne Dieu, de couleur orange. Quelle est la couleur de cette Lupanar ?
— Elle m'a parlé d'un truc multicolore, à dominante violette la concernant…, fit savoir Dieu, perdu comme une clé.
— Ok. On va étudier tout ça en détail. Prenez les métamorphes, déjà. Vous les enfilerez plus tard. Là ils dorment.
— Parmi… les gens derrière-toi, il y en a deux qui ne sont pas en blouse, remarqua Dieu, d'une voix timorée.
— Oui, ils sont là pour toi.
Dieu baissa la tête.
Tao de même.
Tao de même.
— Ils vont t'emmener au cachot B5 où tu finiras ton existence à surveiller “la cuve” 24 heures sur 24.
Dieu redressa subitement la tête, avec dans son regard une intensité au-delà du descriptible.
— Ne fais pas ça, Kiwi…
— …
— Ne fais pas ça !
L'intensité dans le regard de Dieu s'accentua au point de devenir insoutenable.
— Ma sentence est irrévocable. Emmenez-le, acta le colonel, levant le menton, sous ses yeux devenus perçants comme les clous plantés dans les mains des prophètes.
— Ne fais pas ça Kiwi ! J'ai perdu une centaine d'hommes dans cette opération ! La sentence pour un tel échec est la mort, pas une mise au cachot ! Tu vas perdre le peu de respect qu'il te reste encore auprès de tes partisans et de ta future armée ! Tu sais très bien que la pitié et la fraternité sont vues comme des faiblesses chez nous les Pros-guerre ! Pas des qualités ! Ne fais pas ça !! hurlait encore Dieu, tandis qu'on le trainait par les épaules vers la sortie de la cafétéria.
Dodoria s'empressa d'apporter une chaise à Kiwi, avant que ce dernier ne tombe par terre, au moment où la porte se refermait sur les suppliques et les pleurs lancinants de Dieu. Le colonel chuta sur la chaise. Il pouvait faire passer cette chute pour une faiblesse passagère, due à sa convalescence. Et tout le monde ici ferait semblant que c'était bien ça. Et alors, le téléphone de Dieu, oublié sur la table, vibra, d'une vibration trahissant un message textuel plus qu'un appel.
Les yeux de Tao se posèrent sur le téléphone, un peu par hasard, un peu par défaut.
Mais quand il lut le message de Lysandre, alors Zvei bondit de sa chaise.
Il renversa tout sur son passage, et faillit tomber lui-même, alors qu'il se dirigeait vers la sortie.
Vers quoi courait-il aussi vite ?
Il ouvrit la porte et prit le départ comme une fusée.
Le seul bang dudit départ suffit à refermer la porte.
Toute la salle termina plongée dans un abime de perplexité.
Y compris Tagoma, qui jusqu'ici ne s'intéressait à rien de rien.
Plusieurs se penchèrent sur le téléphone, pour lire.
Elle fut la dernière à s'approcher du mobile, et à se pencher dessus.
Elle lut, comme les autres avant elle.
“SMS 46 : Needira Stark est vivante”
La nouvelle ne déclencha aucune émotion chez Tagoma, pas plus que chez ceux qui avaient lu avant elle… et après Bong. Par contre, Tagoma fut la seule à s'intéresser à la suite de la série de messages, qu'elle fit défiler du bout du doigt. Vraisemblablement, cette Lupanar n'avait pas perdu de temps, et entrait déjà dans les petits papiers des grands de la marche 8, à voir les informations sensibles qu'elle partageait ainsi en temps réel, par SMS, avec ses amis.
Une information en particulier, d'ailleurs, fit que Tagoma prit soudain le même chemin que Bong, à la même vitesse. Et elle aussi, ce fut le bang qui ferma la porte, pas elle.
“SMS 52 : Agar.io a tiré en direction du vaisseau-mère il y a trois minutes, selon les surveillants. Son projectile est passé à côté du vaisseau et s'est perdu au 7e ciel. On ne sait pas si Agar.io a mal visé, ou si la balle d'eau est censée nous retomber sur la tête une foi le pic de sa montée atteint. On ne sait même pas si le pic est atteint à la seconde où je t'envoie ce message. C'est juste pour te prévenir...
“SMS 53 : La voiture est actuellement analysée par les labos de l'Empire. Les photographies prises par le système embarqué du véhicule, quand il se trouvait à 20000 lieues sous les mers, montrent tout un tas de créatures appelées Rois des mers, dont une mouche gigantesque, à peu près de la taille d'Agar.io ! Mais c'est pas la mouche qui nous intéresse, plutôt l'un des objets sur lequel elle s'est posée, pour se nettoyer les pattes. L'objet a été pris dans l'une des photos.
Il s'agit d'une Dragon Ball de la taille d'un stade de foot. Au fond de l'océan.
Bonne chance à celui qui devra bouffer ça en entier avant de formuler son vœu mdr !
Mais j'ai pas le temps de m'intéresser à ça moi, je dois monter en grade !
Alors je te passe juste l'info. Dès fois que toi, ça t'intéresserait.
Je t'envoie les photos et les coordonnées de la Dragon Ball.
J'ai déjà buté tous ceux au courant de cette info, afin de te garantir l'exclusivité.
Me remercie pas.”
“SMS 53 : La voiture est actuellement analysée par les labos de l'Empire. Les photographies prises par le système embarqué du véhicule, quand il se trouvait à 20000 lieues sous les mers, montrent tout un tas de créatures appelées Rois des mers, dont une mouche gigantesque, à peu près de la taille d'Agar.io ! Mais c'est pas la mouche qui nous intéresse, plutôt l'un des objets sur lequel elle s'est posée, pour se nettoyer les pattes. L'objet a été pris dans l'une des photos.
Il s'agit d'une Dragon Ball de la taille d'un stade de foot. Au fond de l'océan.
Bonne chance à celui qui devra bouffer ça en entier avant de formuler son vœu mdr !
Mais j'ai pas le temps de m'intéresser à ça moi, je dois monter en grade !
Alors je te passe juste l'info. Dès fois que toi, ça t'intéresserait.
Je t'envoie les photos et les coordonnées de la Dragon Ball.
J'ai déjà buté tous ceux au courant de cette info, afin de te garantir l'exclusivité.
Me remercie pas.”
Tagoma ne savait pas si l'info en question aurait intéressé son destinataire initial, à savoir Dieu.
En tout cas, ce renseignement intéressait le Maréchal, pour sûr !
Elle qui était justement à ça de croire que sa théorie des 9 rêves n'était qu'une chimère de son esprit, ou une coïncidence comme disait Kiwi.
Mais non.
Non, non, non.
À vrai dire, Tagoma n'avait pas compris qu'on lui ait volé Agar.io, car elle pensait que ce dernier représentait l'héritage que le Grand-Horloger lui avait fait à elle, comme il en avait fait à tous les 8 autres Enfants du Rêve-Monde, pour leur permettre de se défier entre eux. Alors en voyant qu'Agar.io lui échappait, Tagoma s'était dit que… soit elle ne faisait pas partie des 9 comme elle le pensait ; soit toute cette histoire de 9 Enfants n'était qu'un ramassis de conneries.
Mais non, non, non.
Il fallait juste patienter un peu car…
Son Héritage…
… C'était cette Dragon Ball !
— Mais c'est pas vrai ça ? C'est quoi cette manière de fermer les portes avec des ondes de choc ! s'exaspéra Kiwi, écroulé sur sa chaise.
Cette fois, le regard de Baba se fit si dur, que ses yeux disparurent derrière ses paupières, calmement rabattues.
Humilité.
Lucidité.
Jeunesse.
Doute.
Humour.
Beaucoup Trop Dangereux !
…
Il y avait bel et bien 9 Enfants.
Baba le savait, car était dans la confidence du Grand-Horloger.
Et foi de Baba, ce gamin-là, devant elle, avait malheureusement, très clairement, le profil exact…
…De l'Enfant Vainqueur, dont on lui avait tant parlé.
Et ce n'était pas peut-être.
Mais quand, et comment.
Baba le savait, car était dans la confidence du Grand-Horloger.
Et foi de Baba, ce gamin-là, devant elle, avait malheureusement, très clairement, le profil exact…
…De l'Enfant Vainqueur, dont on lui avait tant parlé.
Et ce n'était pas peut-être.
Mais quand, et comment.
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La Marche 8
