Avant tout, je dois préciser que je ne suis pas fan de Star Wars. L'univers me plaît, sans plus, mais je trouve trop de défauts aux films (même aux trois premiers) pour être vraiment dedans. C'est ainsi que certains reproches adressés à l'épisode 8 concernant la "fidélité" me semblent inappropriés, parce la trilogie actuelle hérite de ce que j'estime être des points faibles des épisodes précédents. Deux exemples.
D'abord, Luke qui ne serait pas fidèle à lui-même. Déjà, c'est qui, Luke, dans la trilogie originale ? Un fermier, pilote doué, qui rêve de gloire et d'aventure, se découvre une affinité avec la Force et une origine qu'il ne se soupçonnait pas, traverse une crise personnelle, et finit par devenir un "maître" et un sauveur. C'est déjà pas mal, me direz-vous. Sauf que ça reste très convenu. Et je ne vois pas ça comme un mal : pour moi, il s'agit un peu des héros archétypaux de la mythologie, des chansons de geste, ou de certains mangas actuels comme les Chevaliers du Zodiaque : ils ne sont pas développés parce qu'ils n'ont pas vocation à l'être, tout au plus esquissés. Et on n'a besoin de rien d'autre. Du coup, je comprends qu'on en fasse un peu ce qu'on veut dans le cadre d'une suite. Qu'il blague un peu, qu'il soit exaspéré, pourquoi pas ? Sa formation ayant été lacunaire, il n'est pas devenu une espèce de moine-ascète accompli comme Obi-Wan : rien de choquant là-dedans. En fait, je suis bien plus choqué par le "Hello there !" d'Obi-Wan dans l'épisode trois, qui dénote un orgueil énorme alors que les jedis sont censé réprimer ce genre de sentiments et qu'à cette époque, Obi-Wan est déjà considéré comme un maître. De même, Luke qui soit un instant tenté de mettre à mort un élève dont la part d'ombre l'effraie, je le conçois tout à fait. Il a vu le mal que Vador a infligé à la galaxie. Je comprends qu'il hésite. Bon, je ne le vois pas activer son sabre pendant ce moment d'hésitation, mais c'est presqu'un détail, et ça permet surtout de nuancer Kylo Ren/Ben Skywalker de façon intéressante. Je rappelle enfin que dans le Retour du Jedi, quand Vador provoque Luke en lui disant que si lui refuse l'appel du côté obscur, peut-être que sa sœur y cédera, Luke mort à l'hameçon à deux cents pourcents et se laisse emporter avant de se ressaisir, alors qu'il est sur le point d'achever son propre père. Luke a donc clairement une part d'ombre en lui, lui aussi.
Ensuite, cette notion de "jedi gris" (qui n'est pas nommée ainsi dans le film, mais on se rapproche de l'idée), je ne vois pas ce qu'elle a de choquant. Elle contredit certes le discours de Yoda disant c'est soit blanc soit noir, mais... Yoda se plantait. Il affirmait qu'une fois engagé sur la voie du côté sombre il n'y avait pas de retour possible, or on a vu que si, puisque Vador s'est repenti à la fin. Là où ça coince, évidemment, c'est que Luke semble avoir totalement oublié ça et que ce soit Rey qui le lui explique...
J'ajouterais que je ne trouve assez normal de faire mourir les anciens héros afin de faire de la place à la nouvelle génération. C'est un peu le principe des cycles : après tout, Luke, Leya et Han ont complètement éclipsé Obi-Wan, Yoda et Anakin de la trilogie précédente, et c'est bien normal.
Tant que je suis du côté lumineux de la critique, je trouve la relation entre Rey et Ren plutôt bien fichue. Ils sont plus ou moins frère et sœur dans la mesure où le père adoptif de la première était le père rejeté du second (que Rey considère Han comme une figure paternelle alors qu'elle vient à peine de le rencontrer est une idiotie imputable à l'épisode 7, mais c'est pourtant bel et bien le cas : Ren le dit quand il lit ses pensées). Et le fait qu'ils s'avèrent plutôt semblables et finalement pas aussi incompatibles qu'ils ne le croyaient eux-mêmes fut pour moi une bonne surprise : les voir unir leurs forces pour renverser Snoke et sa garde était chouette en soi, même si ça a été gâché par le fait qu'une fois l'action passé, ils en reviennent à la situation de départ : plutôt que de s'entendre sur un désaccord fondamental, ils redeviennent ennemis mortels... À ce moment, je m'attendais à un immense retournement de situation : je pensais que la guerre allait prendre fin, que Ren et Rey partiraient chacun dans leur coin s'occuper de leurs oignons tout en restant en contact télépathique occasionnel. Je sais pas, Ren aurait pu profiter de la mort de son maître pour se recueillir quelque part et réfléchir à son avenir, par exemple, en laissant temporairement le rôle de méchant en chef au général Hux. Mais non. Ils recommencent directement à se taper dessus, et la mort du leader suprême ne change absolument rien.
Restons encore un peu dans le positif en reconnaissant que visuellement, c'est splendide. Moi qui ne suis pas très sensible à cet aspect des films en général, je me suis fait la réflexion plusieurs fois. En fait, si j'avais chez moi un genre d'écran géant sur lequel je pouvais projeter l'épisode 8 dans une version avec musique et bruitage, mais sans les dialogues (ou alors avec des voix en "langue lylat"), ça déchirerait pendant que je fais ma vaisselle ou mon repassage. Parce que c'est très beau, mais incroyablement con. En fait, ça relève plus du clip que de la véritable histoire.
Par où commencer... Ah oui, un petit mea culpa : quand j'ai dit que tout les personnages étaient idiots, je m'étais laissé emporter. En réalité, aucun n'est vraiment intelligent et ils sont tous au mieux mal construits. Je reconnais que ce n'est pas pareil.
Déjà, les héros passent leur temps à faire des conneries. En fait, ils auraient mieux fait de ne pas agir et de suivre les ordres, ça aurait été mieux pour tout le monde : trouver le craqueur pour désactiver le traceur, ils n'y arrivent pas, et condamnent de fait la fuite générale organisée par l'amirale qui, sans eux aurait parfaitement fonctionné... Poe a donc piqué une crise de gamin pour rien, et organisé une mutinerie pour de mauvaises raisons. Rien que ça. Mais il reste un modèle :
- Quelle tête brûlée... Je l'adore !

- Moi aussi, j'adore les cons !

Alors que dès qu'il pique son scandale en traitant l'amirale de traîtresse, ce n'est le faire sortir de la salle, qu'il aurait fallu, mais le foutre aux fers.
Ensuite, le coup du "on se fait pilonner par le Premier Ordre, profitons-en pour nous rendre discrètement au casino", ça m'a complètement sorti du truc. Donc, on se rend peinard sur une autre planète. Chercher un type dont on ne sait rien parce que la tenancière de la taverne (qui était occupée à se battre contre on ne sait qui) n'a pas daigné donner son nom, seulement un signe distinctif. Signe qui pourrait très bien avoir été perdu ou volé. En croisant les doigts pour que le gars soit bien à la table de poker, parce qu'il pourrait très bien être n'importe où ailleurs, genre chez lui ou en mission. Finalement, on n'arrive pas à le rejoindre, mais on nous flanque par hasard dans la même cellule qu'un autre hackeur au moins aussi bon, qui fait tout autant l'affaire. Et on revient, le tout en... moins d'une journée. Je suis désolé, mais non, je n'y crois pas une seconde. Je m'attendais au moins à ce que le voleur en question soit en réalité le type qu'ils étaient partis chercher et qui aurait par exemple perdu sa broche au jeu, mais non, même pas. Les mecs capables de miracle, y en a à tous les coins de rue.
En parlant de ce passage, Finn qui se réjouit d'avoir "saccagé la ville des méchants" (même s'il est corrigé par Rose juste après), c'est ridicule : vous avez foutu si peu le boxon que demain matin, les balayeurs auront tout réparé, et les chevaux de l'espace seront repris en quelques jours au mieux. Quant au gamin qui les aide en criant de joie, il aurait tellement dû se faire battre à mort par son maître le lendemain matin. Au lieu de quoi on le voit jouer avec la Force. En fait, les jedis de la trilogie actuelle sont les mutants de l'univers Marvel : tu nais avec le gène X ou les midichloriens, et pouf, t'as des pouvoirs. D'ailleurs le coup du symbole de la Résistance qu'on n'avait jamais vu avant mais que tout le monde connaît, jusqu'aux garçons d'écure de huit ans, c'est pas mal aussi. Et il suffit pour qu'on te croie sur parole, en plus. Personne ne se risquerait à faire un faux.
À part ça, y a tellement de niaiseries que je ne me sens pas capable d'en faire le tour. Le pire étant peut-être tout le passage avec le canon-bélier, au nom apparemment si peu évocateur que Poe doit demander une explication : "C'est comme une mini-étoile de la mort !" Super, ça faisait longtemps... Et le Premier Ordre avait ça sur lui, mais il ne disposait de rien d'équivalent pour démolir en un coup le vaisseau des gentils qu'il attaquait tranquillement depuis le début du film. Donc, on organise une attaque sur l'étoile pour la énième fois, jusque là, c'est logique. Mais dès que l'arme commence à se charger : "Oh là là, il faut battre en retraite maintenant, ça devient du suicide !" Heu oui, peut-être, mais vous risquez vos vies tout le temps depuis toujours pour détruire le matériel ennemi, alors qu'est-ce que ça change si un seul d'entre vous meurt pour accomplir cette mission capitale ? Donc Finn se fait ce raisonnement (Dieu merci) et fonce. À travers le laser. Laser censé détruire la grande porte en adamantium. Laser qui commence à disloquer son vaisseau. Mais Finn, lui, qui se prend aussi le laser de plein fouet, il transpire juste un peu. Alors qu'il n'y a même pas un cockpit digne de ce nom pour le protéger un minimum. À ce stade, le perso ayant déjà survécu à une quantité improbable de trucs, je me laisse berner par la mise en scène et je me dis "Woaw, ils osent le faire mourir maintenant ? J'étais certain qu'on le reverrait dans le 9 !" Je suis naïf, parfois. Donc, Rose percute le vaisseau de Finn avec le sien, ce qui, en soi, aurait déjà pu être suffisant pour les tuer tous les deux, mais vu qu'ils ont survécu dix minutes plus tôt à un croiseur projeté sur eux à la vitesse lumière, ils doivent être immunisés à ce genre de broutilles. Et quand Finn lui demande "Pourquoi t'as fait ça ?!" Elle lui répond... attention : "Idiot, je t'ai sauvé ! Faut pas mourir pour détruire ce qu'on déteste, mais pour défendre ce qu'on aime !!" Mais... mais espèce de conne ! Je le faisais EXPRÈS pour sauver ceux que j'aime, justement !! Tu m'as peut-être sauvé moi - et encore, pour combien de temps, parce qu'on est littéralement à deux mètres des lignes ennemies avec toi évanouie, à découvert, sans aucune arme et sans aucun moyen de transport - mais maintenant (à moins d'un deux ex machina que tu ne peux par définition pas prévoir) TOUS LES AUTRES VONT CREVER !!
Pff.
Ah, et l'entièreté de la Résistance tient maintenant dans le Faucon Millénium. Pas de souci, c'est bien assez.
Il y a encore des milliards de choses à dire mais là, je fais une pause.
Juste une dernière remarque sur Hux. Comment est-il devenu général, celui-là ? "On a plein de canons, détruisez-le !!" "Il est trop près maintenant, mon général..." Ving minutes plus tard : "Je me demande bien à quoi nous sert tout ce matériel si on n'est même pas capable de détruire un tout petit vaisseau ?!" Justement mon général, il est trop petit..." Snoke prétend qu'il a ses raisons de "maintenir cet incompétent à un tel niveau de responsabilités", mais on ne saura jamais lesquelles.