Lenidem a écrit:Seychar a écrit:J'attends avec impatience les échos de ceux qui seront allé le voir!
Je l'ai vu hier.
J'ai craqué : je ne voulais pas, j'étais sûr que ce serait mauvais... Mais j'avais un rapport extrêmement fort à cette série, quand j'étais tout gamin. Pour tout dire, c'est en grande partie grâce aux Power Rangers que je me suis mis au karaté, à l'âge de six ans : le leader, le rouge, était un karatéka, tout comme le vert, mon préféré (avant c'était le bleu, mais face à Tommy, personne ne fait le poids). Ça n'empêche pas que déjà quand j'étais petit, il y a avait des tas de trucs que je trouvais cons, comme le schéma narratif qui était toujours le même : les patrouilleurs passent dans le coin, ils se font péter la gueule, Rita envoie un monstre moche, il se fait péter la gueule, Rita transforme son monstre en géant, les Rangers appellent les zords, le monstre géant se fait péter la gueule. Et aussi, je ne comprenais pas pourquoi les gentils attendaient systématiquement que le monstre ait grandi pour appeler leurs énormes machines de combat... "Un nouveau monstre ?! On appelle le Mégazord ! Vite, avant qu'il ne se transforme !!" *Sproutch le monstre* "Yeah, c'est gagné !"
Il y a quelques années, j'avais d'ailleurs essayé de m'y remettre, puis j'ai déclaré forfait après quelques épisodes, tellement c'était vraiment trop con. Mais depuis plusieurs semaines, je m'étais surpris à réécouter le générique, et à regarder deux, trois scènes sur Youtube, notamment de saisons que je n'avais jamais vues. J'ai donc convaincu un ami de m'accompagner. Je m'en veux. J'espère qu'il me pardonnera un jour.
Je vous préviens, je spoile tout, et je me lâche. Mais en résumé : prenez l'esprit du post de Seychar, faites-en l'inverse complet, et vous aurez mon ressenti.
Commençons quand même par le positif : 1) Le Ranger bleu est plutôt pas mal. 2) Les trois premières minutes sont étonnamment bonnes ! Tableau : il y a je ne sais plus combien de millions d'années, au temps des dinosaures (on en voit d'ailleurs), le Power Ranger rouge rampe dans la boue. Il est mourant. Il parvient à rejoindre la Ranger jaune, assiste à son dernier soupir, et récupère son médaillon. Le Ranger rouge, c'est Zordon, un extraterrestre : il est le leader de cette équipe, et il a échoué. Rita Repulsa, la Ranger verte, les a trahis pour s'emparer du cristal Zéo, source de toute vie sur chaque planète habitée et que les Rangers sont censés protéger. Je passe les détails, mais ça déchire. Cette réinterprétation de Zordon et Rita en anciens Rangers est une excellente idée.
Malheureusement, après quelques minutes et une ellipse de x millions d'années, les humains arrivent, et le film s'essouffle déjà... J'aurais dû m'en douter, mais cette première scène est en fait une métaphore de ce que feront les héros pendant au moins les deux tiers du film : ramper dans la boue.
Dans la série, les personnages sont tous extrêmement cool - sauf peut-être Billy, le geek : une championne de gymnastique, un pro du hiphop, deux champions de karaté... Maintenant, les héros sont tous des losers : Jason, par exemple, est carrément un délinquant, détenu à domicile. Mais pire que ça : il ne fait plus de karaté, c'est devenu un joueur de... rugby. Mais non, quoi ! Non !! Ça, ils n'avaient pas le droit ! Du coup, quand Zordon lui dit qu'en tant que Ranger rouge, donc en tant que leader (probablement parce que c'est le seul caucasien mâle du groupe), c'est à lui d'entraîner son équipe, je me demande bien à quoi... à devenir de bons quarterbacks ?! Nous reviendrons à l'entraînement plus tard. Et là, la souffrance commence. Je suis censé ressentir de la tristesse lorsque la jolie Kimberley se fait jeter par ses deux anciennes meilleurs copines, qui découpent solennellement dans les chiottes une photo d'elles trois, puis épaté par sa force de caractère quand elle prend la courageuse décision de se couper les cheveux. Ému quand elle et Jason parlent de fuguer ensemble dans un van, parce que leurs parents sont vraiment trop nuls et que le coin paumé où ils vivent n'est pas assez bien pour eux. Attendri par ce bon vieux Zack qui s'occupe si bien de sa mère malade. Compatir avec Triny dont la famille adepte des étiquettes ne supporterait pas d'apprendre son homo ou sa bisexualité, on ne sait pas trop. Mais il y a un petit truc qui m'en empêche :
Je m'en fous !!Tous ces personnages sont CREUX et CLICHÉS comme pas possible, en quoi sont-ils censés m'intéresser ?! Ah, et aussi :
OÙ SONT LES FUCKING POWER RANGERS, BORDEL DE DIEU ?!C'est incroyable : à peu près à la moitié du film, Zordon leur dit de revêtir leurs armures, et je me dis, bon, ça va enfin commencer. Et là... c'est comme si tu t'attendais à sentir une douce fragrance embaumer la pièce et qu'au lieu de ça, tu te prends un vieux pet dans la face. Ça ne marche pas. Les Rangers n'arrivent pas à se transformer. Commence donc une LONGUE et LENTE et ININTÉRESSANTE quête d'eux-mêmes, où nos futurs super-héros, en charge de l'univers, faut-il le rappeler, décident de s'entraîner durement. Pendant dix jours. Après l'école. Alors qu'aucun d'eux n'a jamais pratiqué le moindre art martial, vla t'y pas qu'ils apprennent la boxe et le catch avec Nono le petit robot. Et aussi, ils boivent des bières et font griller des marshmallows sur un feu de camp pour tisser des liens.
Pendant ce temps, la méchante sorcière assassine des tas de gens pour leur piquer leur or dont elle a besoin pour créer Goldar, sa tractopelle de combat qui lui permettra de récupérer le cristal Zéo, mais ça les gentils s'en foutent. Aussi, elle aurait pu se rendre directement à la mine d'or, hein, mais non, elle préfère commencer par la dent d'un clodo (un clodo bling-bling, je suppose).
À propos du cristal, Billy, le geek atteint d'un trouble du spectre de l'autisme - je ne plaisante pas, il le dit lui-même -, découvre son emplacement on ne sait comment. Rita, qui a découvert on ne sait comment la maison de la Ranger jaune, leur tend un piège. Elle a aussi appris, on ne sait comment, que Billy savait où se trouve le cristal. Donc elle le menace de tuer ses amis un par un s'il ne lui dit pas. Bien sûr, Billy obtempère. Et elle le tue. Et c'est encore une fois le black qui meurt en premier, ils ont dû le faire exprès. Bien sûr, on ne sait pas ce qu'elle aurait fait si Billy avait bluffé. Ni pourquoi elle ne tue pas tous les autres Rangers par précaution, tant qu'elle y est, vu qu'ils ne maîtrisent pas encore leurs pouvoirs et qu'ils sont le seul obstacle possible à sa conquête de l'univers. Mais les Rangers n'ont pas le temps de se poser ces questions : leur pote est mort, merde, et pour montrer à quel point c'est grave, on nous fout "Stand by me" dans les oreilles (et ouais, ils ont osé). Mais en fait, tout s'arrange : Billy est ressuscité grâce au pouvoir de l'amitié - encore une fois, je ne déconne pas - et enfin - enfin ! - IT'S MORPHING TIME !!
Et c'est pas trop tôt, parce qu'il reste à peu près un quart d'heure de film. Au cours duquel : les Rangers affronteront et vaincront facilement des patrouilleurs, entreront dans leurs zords pour la première fois et les manieront directement à la perfection - alors que ça n'avait pas l'air si simple quand Zack a piqué le Mastodon pour aller jouer dans la montagne (je ne plaisante toujours pas) - feront face à un Goldar à peu près aussi moche que son homologue de la série qui découvre le cristal en deux minutes, et fusionneront en Mégazord à la plus grande stupeur de Rita (qui n'aura pas tout à fait perdu sa journée parce qu'au moins elle aura dégusté un donut, humour Marvel powa). Et quand elle s'exclame "Mais comment ?!", la seule réponse viendra du spectateur : "Ben, parce que." Il faudra à peu près vingt-cinq secondes au cinq ados pour coordonner parfaitement les mouvements d'une machine qui semble pourtant hyper complexe, chacun commandant un membre différent, mais pas de souci : dans le monde de Power Rangers, pour faire un crochet efficace, par exemple, il suffit d'un bras. Le mouvement des hanches, l'ancrage dans le sol, ça ne sert à rien, non mais. Me demande ce que ça aurait donné s'ils avaient tous voulu attaquer au même moment, tiens, le résultat aurait été rigolo.
Bref, Goldar ne fait pas le poids contre des Rangers débutants, ce qui au passage laisse planer de sérieux doutes sur la compétence de l'équipe de Zordon. Et Rita, qui est trop orgueilleuse pour se rendre et trop conne pour battre en retraite, se jette alors sur le Mégazord, qui d'une pichenette l'envoie valdinguer dans l'espace, où elle meurt de froid (alors qu'elle avait survécu à dix-huit millions d'années sous la mer). Pas très loin de la lune, d'ailleurs, où elle avait son palais dans la série, oh oh oh, les connaisseurs apprécieront.
Et puis tout est bien, les Rangers se réconcilient avec leurs familles, et le prof appelle un nouvel élève en retenue lui aussi, un certain TOMMY OLIVER dont le nom est répété douze milliards de fois, et qui porte un pull VERT !! Allez, là, je vais être honnête, j'attendais une scène de ce genre.
Voilà. Dans une salle de cent cinquante et une places, on était seuls, mon pote et moi, jusqu'à ce qu'un type se ramène pile avant le début du film. Je suis reconnaissant à mon ami de m'avoir aidé à surmonter cette épreuve, on a eu quelques fous rires.
Et si je regarderai peut-être la suite si elle sort un jour (avec Tommy, je suis un peu obligé, même si j'ai très peur pour lui), ce sera en streaming, faut pas déconner.