Chapitre 47
Une décision inattendue
Une décision inattendue
... .Vergas, au manoir de Tayrun. ...
Le soleil venait à peine de se lever lorsque Maelyss avait décidé de se mettre aux fourneaux. La fille de Gokû était toujours très matinal et quoi de mieux que de s'entraîner à la pâtisseries dans l'air et le calme du matin ? Ses préparations de la veille en vue de l'ouverture prochaine de leur magasin n'avait guère convaincu Genïe. Les gâteaux aux poires et tartes au citron étaient toujours trop secs ou pas assez cuits selon la Majin. Il faut dire que la Majin était particulièrement exigeante en matière de pâtisserie.
Elle lui avait donc demandé de s'entraîner davantage pour être prête lors du jour-J. Hélas, plus les jours passaient, plus Maelyss s'interrogeait sur ses attitudes à répondre aux exigences de sa meilleure amie. Deux heures s'étaient écoulées et la Saiyanne avait plutôt bien avancé. Les quatre tartes au citron étaient enfin prêtes, les gâteaux aux poires n'allaient pas tarder à achever leur cuisson et charlottes aux fraises étaient en cours de préparation. Pourvu que cela plaise à Genïe...
— Hmmm, ça sent bon ! Tu es déjà au travail ? s'exclama la Gardienne qui venait d'entrer dans la cuisine.
— Oui, je voulais commencer tôt pour avoir de l'avance. J'espère que ça ira cette fois-ci !
— La décoration et la présentation sont plutôt réussies je trouve, nota la Djinn tout en inspectant le travail de son amie.
Elle saisit une part de tarte au citron et l'inspecta minutieusement. Une légère grimace s'étala subitement sur ses lèvres tandis qu'elle dégustait la pâtisserie.
— Ça ne va pas ? s'enquit Maelyss, priant intérieurement tous les Kaio pour que cela plaise à Genïe.
La réponse tomba comme un couperet sur un pauvre morceau de viande.
— Lylyss, la crème est vraiment très épaisse...
— Non... non ne me dis pas ça ... c'est pas vrai !
— Si malheureusement, ça fait boule dans l'estomac. Rappelle-toi : il faut que soit ça soit léger et onctueux à la fois.
— Mais comment c'est possible ? J'ai tout suivis à la lettre et je suis restée devant le four pour surveiller !
— Tu as dû avoir un souci lorsque tu as mélangé les ingrédients à mon avis. Ou alors tu n'as pas fait les bon gestes. Ce qui explique pourquoi il en reste encore dans le saladier alors que tout devait bien se décoller, expliqua la Djinn.
— C'est pas vrai... souffla la guerrière. Bon, cette fois j'abandonne, j'en ai marre ! s'exclama-t-elle en retirant son tablier avant de le poser sur le plan de travail à côté d'elle. De toute façon tout ce que je fais est pourri, aujourd'hui, il vaut mieux que j'arrête.
Un léger soupir s'échappa des lèvres de Genïe alors qu'elle regardait son amie quitter la pièce d'un air incrédule. La méthode de confection de pâtisseries des Majins n'était pas chose aisée. Mais si Maelyss tenait à être prête pour ouvrir leur enseigne, elle allait devoir mettre les bouchées doubles... et être beaucoup plus organisée dans son travail ! Nota la Gardienne tout en balayant du regard l'ilot centre laissé à l'abandon par la métisse. Une légère brise se faufila à travers la fenêtre ouverte en imposte, diffusant un air agréablement frais dans toute la pièce. Un sourire se dessina sur le visage de la Djinn tandis qu'elle humait le parfum de fleur émanant du jardin.
Soudain, les yeux de Genïre sortirent de leur orbite lorsque les pâtisseries ratées sur l'ilot central se mirent subitement à pourrir.
— Oui, en effet ! Là, c'est pourri... souffla la Majin rose pour elle-même. Euh Lylyss tu peux venir ? appela-t-elle en croisant les bras.
— Quoi ?
La Gardienne désigna les pâtisseries pourries à l'aide de son index droit d'un air exaspéré.
— Genïe, je sais qu'elles étaient ratées mais de là à les pourrir... c'était peut-être pas nécessaire !
— Ce n'est pas moi qui ai fait ça !
Les yeux de la fille de Gokû s'écarquillèrent légèrement. Son visage pâlit lorsqu'elle comprit qui était la responsable du massacre.
— Bon je résume, commença Genïe. Avant-hier, tu as changé le manoir en palais de glace car tu avais trop chaud. Hier, tu manque de peu de tuer un Vergassien lors d'une querelle qui l'opposait à une Majin en lui disant qu'il n'avait pas de coeur. Et ce matin, tu me fait l'affront de pourrir des pâtisseries qui auraient peut-être pu être rattrapées ! Qu'est-ce que ça sera ensuite ?
— Faire enfin de bonne pâtisseries ? suggéra la guerrière d'un ton angélique, le sourire crispé.
— ...
— Je suis sérieuse ! Lylyss, il est grand temps que tu apprennes à canaliser ton pouvoir !
Mal à l'aise, la Saiyanne détourna le regard en se raclant la gorge avant de se mordre la lèvre inférieure. Décidément, ce pouvoir commençait à prendre un peu trop d'ampleur à son goût.
— Pour le palais de glace et le Vergassien c'était au figuré que je parlais ! se défendit la guerrière.
— Plutôt réaliste comme figure tu ne trouves pas ?
— Mais j'y peux rien ! Ça se déclenche comme ça, sans prévenir et sans que je le veuille réellement...
— Je sais que c'est dur, mais il va falloir que tu fasses un gros effort, car ça devient vraiment dangereux à force ! Tes pouvoirs sont aussi liés à tes émotions, et si tu ne les maitrise pas, tu pourrais faire de sacrés dégâts, avertit la Majin.
Un soupir s'échappa des lèvres de Maelyss.
— Ouais, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire, hélas.
— Tu peux y arriver, j'ai confiance ! Mais en attendant, fait attention à ce tu dis et à ce que tu souhaites, d'accord ? Juste par précaution...
— D'accord... Et comment on fait ?
— Commence par te détendre, ça sera déjà un bon début ! sourit la Gardienne.
— Bien sûr... Bon, je vais aller m'habiller, j'ai prévu de m'entraîner un peu aujourd'hui, annonça Maelyss.
— ... avec quelqu'un ?
— Oui, Jam, Gsuus et un de leur pote !
Les yeux de Genïe s'écarquillèrent comme des soucoupes.
— Relaxe, je vais pas les transformer en hachis ! rassura Maelyss.
— Je l'espère... Enfin, je suis contente que tu aies décidé à t'y remette !
— Oui, j'en ai besoin et ça me fera du bien, à toute à l'heure ! acheva la Saiyanne en se téléportant dans sa chambre pour se préparer.

Buu survolait la capitale Est sous un ciel bleu dépourvu de nuages.
Quatre mois. Voilà quatre mois qu'il avait fait son entrée dans ce monde. Beaucoup de choses avaient changé pour lui. À commencer par l'assimilation de Korn. Le début du paradis pour Buu. L'acquisition de ses nouveaux pouvoirs par le biais d'autres Majins ou d'ouvrages magiques volés dans la bibliothèque de Tayrun. L'annonce de son statut de Gardien. La découverte d'un aspect de la vie qu'il ignorait totalement, puis la révélation d'une huitième hôte...
Si on lui avait dit qu'il vivrait tant de choses en posant les pieds dans cet univers, il ne l'aurait jamais cru. Mais ce qu'il ignorait encore, c'était que le destin lui réservait encore bien d'autres surprises. Les yeux du démon balayèrent la zone du grand parc de la capitale pour s'arrêter sur un groupe de Majins. Deux Gardiens en patrouille dont un - ou plutôt une -, qu'il reconnut instantanément; Gelanaà.
— C'est plutôt calme par ici, fit remarquer un Djinn bleu turquoise.
— Oui, un peu trop je trouve, nota Gelanaà, l'air songeur. Ce n'est pas normal...
— On ne va quand même pas se plaindre ! Pour une fois qu'il n'y a pas de bagarre ou de casse.
— Justement, c'est ça qui m'inquiète Loom. On a eut plus de problèmes ces deux derniers mois qu'il y en a eut toute cette année. Et puis maintenant, plus rien. C'est louche !
— La preuve que c'était juste une passade, je ne pense pas qu'il faille trop s'en faire pour ça. C'est même plutôt bon signe non ? Et puis cette zone n'est pas la plus exposée aux conflits.
— Je n'en suis pas si sûre... Pour moi ça cache quelque chose. Surtout depuis les incidents qu'il y a eu entre certains Majins et Vergassiens. Je suis même prête à parier que ce n'est que le début.
— Si tu le dis... D'ailleurs, tu sais ce qu'on dit ? Le bandit a encore frappé parmi le peuple Djinn.
— Ouais, je suis au courant... Pff, comme si on avait pas assez à faire avec l'Obscur et tout ce qui arrive, pour qu'un autre criminel ne vienne s'en mêler.
— Il devient de plus en plus gourmand. Si on ne l'arrête pas rapidement, j'ai bien peur qu'on ne puisse plus l'arrêter. Et il risque de s'en prendre au Prince.
— Pourquoi s'en prendrait-il à lui ? Il... Gelanaà écarquilla les yeux d'effroi. Tu crois qu'il veut prendre sa place ?
— Pour quelles autres raisons il absorberait tous ces Majins si ce n'est pas pour lui ravir le trône ?
— C'est affreux... Raaah ! Si seulement on pouvait trouver des indices pour le démasquer ! ragea la jeune Gardienne.
— Le Prince et la Garde y travaillent. Tôt ou tard on finira par le coincer. Il ne pourra pas se cacher indéfiniment !
Un sourire s'étala sur le visage de Buu qui se trouvait toujours suspendu en lévitation au-dessus du parc.
"C'est ça, continuez donc à chercher ! Tant que vous le pouvez..." pensa le démon, le sourire en coin.
Son plan fonctionnait à merveille ! Non seulement il agissait en toute quiétude, mais en plus, personne ne retrouvait sa trace. Jouer les coopérateurs tout en opérant ses méfaits dans l'ombre était l'idée la plus brillante qu'il avait eu. Les sots ! S'ils croyaient pouvoir le repérer avec tous les pouvoirs qu'il avait emmagasiné c'est qu'ils étaient encore plus stupides qu'il ne le pensait. Mais qu'à cela ne tienne ! Cela lui faisait gagner du temps et des pouvoirs supplémentaires. Et puis les voir tourner en rond l'amusait beaucoup. Après tout, pourquoi se priver d'un tel spectacle ?
Le trône ? Il en s'en fichait comme de sa première chaussette ! L'essentiel résidait dans le simple fait que bientôt, il serait en mesure d'affronter et absorber Jaï pour défier Tayrun. Et dès qu'il l'aurait éliminé, plus personne ne se mettrai en travers de sa route. Oh, il ignorait encore ce qu'il ferait une fois qu'il se serait émancipé du Vergassien. Il n'avait d'ailleurs pas encore réellement étudié la question. Il aurait tout le temps d'y réfléchir. Une seule petite ombre dépeignait cependant au tableau: Maelyss. Certes, sa puissance brute était risible comparé à la sienne mais ses pouvoirs magiques, eux, semblaient plus puissants qu'il n'y paraissaient. Surtout après sa petite démonstration sur Xioheart.
Pire encore, elle était la seule à pouvoir l'enfermer dans sa Lampe, excepté Tayrun cela allait de soi. Et rien que pour cela, elle constituait une menace qu'il ne devait pas négliger. D'autant plus qu'il n'avait toujours pas réussi à décoder le grimoire du Mage. Le seul ouvrage relatant des secrets de la fabrication des Majins. Il allait donc garder un oeil sur la Saiyanne par mesure de précautions, il déciderait de son sort une fois son plan achevé.
Buu tourna les talons, puis se dirigea vers le désert de dunes rouges quand une explosion attira son subitement attention. Le démon s’immobilisa, puis observa un instant au loin. Ce KI… il l’aurait reconnu entre mille. Il appartenait à celui de Maelyss. Et manifestement, elle pas n’était pas seule…
Buu eut un sursaut d’hésitation, puis décida d’aller voir de quoi il en retournait. Il quitta la capitale, traversa le désert, puis amortit sa course sur une plage abandonnée avant de se poser sur un haut rocher situé à plusieurs mètres de la guerrière pour l’étudier discrètement.
La rage, la détermination, la volonté de se surpasser… Des qualités essentielles pour un guerrier digne de ce nom. Elle les avait, il le percevait très clairement. Elle aimait se battre ! Et la flamme illuminant ses yeux était là pour le prouver. Pourtant, une question demeurait : pourquoi s'entraînait elle avec ces Majins ? Certes, les nombreuses propriétés de leur corps étaient très intéressantes pour exercer l'endurance ou la rapidité. Un atout non négligeable lors d'un combat, mais même en simple SSJ. Ces Djinns restaient inférieurs à elle.
Pour quelle raison ne s’entraînait-elle pas avec son père ou son frère Goten ? Ce dernier avait raison, ils lui offriraient bien plus de challenge que ces trois moustiques. Buu avait du mal à comprendre. Elle avait du potentiel. Du moins, elle pourrait en avoir davantage si elle s'en donnait réellement les moyens. Mais ce n'était certainement pas ces microbes qui allaient lui permettre de le développer. Encore moins de progresser comme il se devait. Il lui fallait un vrai adversaire avec qui s'entraîner. Quelqu’un de puissant, capable de lui donner un vrai défi pour lui permettre de progresser. Quelqu'un comme son père, son frère. Quelqu’un…
Quelqu’un comme lui !
Buu écarquilla les yeux, surpris par ses propres conclusions. Qu'est ce qui lui prenait ? Depuis quand s'intéressait-il brusquement à elle tout à coup ? Non ce n'était pas lui. C'était…
Son Gokû.
Oui, il le sentait. Le père de Gohan était ravi de voir à quel point la jeune Saiyanne était passionnée par le combat et il mourrait d'envie de savoir jusqu'où elle pouvait aller. Un enthousiasme et une curiosité débordante qui se faisait de plus en plus contagieuse, à la grande surprise de Buu. Avec le temps et un entraînement en bonne et due forme, cette fille pourrait bien devenir une potentielle adversaire il en était convaincu. Toujours inférieure à lui, certes, mais sa puissance augmentée combinée à sa magie pouvait être très intéressant à combattre. Pour peu que sa progression soit suffisamment rapide et élevée pour continuer d'éveiller son intérêt.
Ce qui, - à l'heure actuelle -, ne constituait aucune garantie. Mais il avait très envie de la tester. Une grimace se peignit sur le visage de Maelyss lorsqu'elle aperçut la présence de Buu à quelques mètres d'elle.
— C’est pas vrai… On ne peut décidément jamais être tranquille ! pesta-t-elle.
— Alors, c'est comme sa que tu t'entraîne ? Tu aurais dû écouter ton frère, car tu n'iras pas loin en continuant ainsi, lâcha le Majin en s'approchant de la métisse, les bras croisés.
— De quoi je me mêle au juste? Ces exercices ne représentent qu’une partie de mes entraînements.
— Vraiment ? Je pensais que tu avais beaucoup plus d’ambitions que ça. Que tu étais différente de tes frères. Je suis déçu. Ce n’est pas digne d’une Saiyanne !
— Non mais est-ce que je m’immisce dans tes entraînements, moi ? Non ! Alors, fiche-moi la paix, je sais très bien ce que j’ai à faire.
— Peut-être. Mais ce n’est pas suffisant et tu le sais.
— Quoi ? Tu...
— Il te faut un vrai adversaire. Quelqu’un avec qui tu puisses exploiter le maximum de tes capacités et au-delà ! La bonne nouvelle, c'est que je peux t'aider à y parvenir.
— C'est quoi le piège ?
— Le piège ? Il n'y en a aucun. Je disais ça pour t'aider...
— Ben voyons... et tu t'imagines que je vais avaler ça ? Que tu veux juste m'aider ? Buu, même un enfant ne goberait pas tels mensonges...
— Bien sûr il y a une légère contrepartie, comme tu l'as deviné, sourit le Majin rose.
— La condition ?
— D'une simplicité enfantine, tu vas voir ! Il y a quelques temps, tu as découvert un livre chez Tayrun. Un ouvrage très ancien relatant la création des Majins. Je veux que tu le déchiffre. Et si tu acceptes, alors je t'entraînerai...