Yes je comprends qu'on puisse craquer, hein. A une époque, je l'aurais achetée sans sourciller, cette Mega Drive 2 Mini. Mais j'aime pas la démarche de Sega sur ce coup-là.
Super Mario World 2 : Yoshi’s Island (Super NES, 1995)
Pourquoi j’aurais dû y jouer
Bien que n’ayant jamais possédé de NES ni de Super NES, j’ai réussi à me démerder pour tester les plateformers de la franchise Mario, de sa toute première aventure à Super Mario World. Je les ai tous plus ou moins adorés pour diverses raisons, mais alors que je me voyais squatter chez mes potes toute ma vie pour me fabriquer une culture Nintendo, ça s’est arrêté là. Je crois que pas un seul d’entre eux n’a possédé Yoshi’s Island. Dommage, car quand j’ai appris l’existence de ce dernier bien des années plus tard, et que j’ai lu un peu partout qu’il représentait la quintessence de l’ère 16-bits, je m’en suis un peu mordu les doigts. On n’a jamais assez ingurgité de tambouille 16-bits, dans la vie. Vous avez peut-être cru durant votre enfance que la nouvelle génération de consoles représentait l’avenir et le progrès, mais au fond, vous le savez très bien. On aurait dû se farcir tout le contenu 16-bits possible et imaginable tant qu’on le pouvait, bordel. Il est trop tard pour regretter, maintenant. Bah je regrette quand même, allez.

Retour sur Expérience Fantasmée
Déjà, première surprise. Pas d’incarnation de Mario, ici. Il participe bien au voyage, mais il a à peine six mois, et il reste vissé sur le dos d’un lézard bizarre. Bon, je connaissais déjà Yoshi via Super Mario World et Mario Kart, aussi. Et comme il fait partie de mes personnages préférés de cet univers, avoir raté cette occasion unique de le diriger à travers son île natale m’a fait très mal à mon petit cœur sensible. Et voilà qu’en plus, quand bébé Mario se fait éjecter de son dos, il pousse des sanglots qui me foutent les larmes aux yeux. Purée, je me babtou-fragilise avec le temps, moi.
Maintenant que j’ai bien chialé, je peux enfin m’intéresser au contenu. Je ressens une pointe de déception quand je remarque qu’il n’existe pas de carte du monde à proprement parler. Pourtant, la feature instaurée dès Super Mario Bros. 3 semblait bien partie pour durer. Même sur Game Boy, ils en avaient bricolé une pour Super Mario Land 2, les mecs. Mais au fond, à part pour s’en faire un joli poster à accrocher dans les toilettes, à quoi elle sert, cette mappemonde ? Oui, à enchaîner les stages dans l’ordre de notre choix, d’accord. Mais en creusant encore plus profond, si le jeu nous embarque suffisamment bien par lui-même, est-ce qu’on ne s’en foutrait pas un peu d’avoir une carte à disposition ? Si, bien sûr qu’on s’en moque. En tout cas, dans Yoshi’s Island, on s’en tape grave, tellement le gameplay déboîte de ouf.

Bah ouais, d’emblée on en prend plein la vue. Nan mais ce design de malade, quoi ! Les décors qu’on dirait imaginés par un gamin HPI, coloriés avec les meilleurs crayons du monde ! Ça change radicalement de la DA habituelle, mais ça ne dénature pas pour autant ce qui en a fait le charme. Sacré tour de force, surtout que les différents décors contrastent par une diversité à couper le souffle. Et puis, le graphisme enfantin colle bien avec notre mission de baby-sitting. Rien à dire, et pourtant j’ai essayé de trouver un truc pour râler. J’y arrive juste pas.
Côté gameplay, ça foisonne de power-ups, transformations (Yoshi peut par exemple se changer en hélico à gros nez rouge ou en taupe tank, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner), et de collectibles à dénicher un peu partout. Et un peu partout, ça prend tout son sens, lorsque l’on comprend dans quoi les concepteurs nous ont embarqué. Les niveaux ont reçu une attention proche de l’amour inconditionnel d’une maman en plein maternage proximal, ça se sent direct. Leur architecture impeccable, l’emplacement des bonus ou des secrets, la tronche des dizaines d’ennemis que l’on croise sur notre route… On n'a jamais l’impression de répéter deux fois la même action de tout le jeu ; alors que pourtant si, on doit au bas mot sauter un millier de fois, et sans exagérer, cracher douze milliards d'œufs. On ne s’ennuie pas une seule seconde, on admire chaque petit bout de corniche, on saute de joie quand on récupère toutes les fleurs cachées du stage… même pour un gros addict de Mario qui a terminé tous les opus précédents, il y a de quoi jubiler comme un petit fou. Nan mais quand on voit les playthrough sur Youtube, personne ne termine le jeu en moins de six heures. Pour un plateformer de l’époque, ça défie l’entendement.

Un mot sur l’OST jamais écoutée
Konji Kondo a composé la bande-son. Je m’arrête là, cette phrase suffit à tout expliquer, non ? En vrai, je pourrais, mais j’ai quand même envie de l’encenser un peu. Ce gars transforme n’importe quelle puce sonore en pierre précieuse. On se demande si on entend toujours de la musique de Super NES, par moments, et pas un véritable orchestre qui joue en bas de la rue. Il s’en dégage des ondes de bonne humeur qui égaieront les dix journées qui suivront votre écoute. On oscille entre reggae ensoleillé, jazz lumineux et tango stellaire, pour le plus grand bonheur de nos tympans. Ouais, j’ai raté de peu une carrière à Rolling Stone Magazine, y a un problème ?
Bilan pas du tout argumenté
Rien que pour avoir introduit Baby Mario et son item Chomp dans Mario Kart Double Dash, Yoshi’s Island mérite d’avoir existé. Mais ce chef-d'œuvre représente tellement plus que ça. Je pense pouvoir affirmer qu’il a bâti un plafond dans le domaine des jeux de plateforme en 2D de l’ère 16-bits, et qu’aucun autre titre n’a pu l’approcher. Mais bon, j’en sais rien, en fait. Je n’y ai pas joué, et je ne connais pas le nom de tous les plateformers ayant existé sur les consoles de quatrième génération. Heureusement d’ailleurs, j’aurais quelle tronche, sinon ? J’imagine qu’en 1995, une bonne partie des gens avaient déjà délaissé leur Super NES pour des trucs plus modernes, comme un ordi ou une Playstation. Mais Yoshi’s Island n’aurait jamais été aussi incroyable s’il avait vu le jour plus tôt (je dis ça en me basant sur absolument que dalle). En tout cas, j’aurais probablement basculé dans le camp des adorateurs de Mario en découvrant ce jeu à dix ans. Sans renier Sonic, hein, mais bon. Défendrais-je autant le hérisson hyperactif aujourd’hui en ayant passé des heures sur Yoshi’s Island ? Probablement pas.
