Optilux a écrit:Or, contrairement au violeur ou au meurtrier, cet homme est avant tout une victime.
Dans son rapport à l'enfant, non. Il est la victime de sa femme, pas de son enfant. Ce serait normal que l'homme répercute son ressentiment sur sa femme qui est l'offenseur, mais de quel droit il le répercute sur l'enfant ? Depuis quand quand Riri fait du tort à Fifi, on compatis que Fifi s'en prenne à Loulou ? Même si Loulou est un pote de Riri, même si Fifi a connu Loulou via Riri, si Loulou ne s'est pas impliqué dans l'offense, Fifi n'a aucun droit de s'en prendre à lui, dans ma conception des choses. Alors oui, l'enfant est impliqué dans l'offense, mais l'enfant ne s'est pas impliqué dans l'offense, et pour moi, selon ma vision de la justice, ça change tout.
Optilux a écrit:Mais vous voyez seulement les éventuelles souffrances futures du gosse pour condamner le père. Pour les éviter, l'homme devrait continuer à jouer son rôle de père. Et ses souffrances à lui? Que faire pour les éviter?
On voit les souffrances éventuelles du gosse parce que si la rupture du lien ne s'est pas faite par consentement mutuel (et c'est de ce cas qu'on traite, le consentement mutuel n'amenant pas d'offense), alors il souffrira. Et cette souffrance, c'est le père qui la lui donne, alors que l'enfant n'a donné aucun prétexte à sa perpétration. C'est pas la mère qui la lui donne, cette souffrance. La mère lui donne une autre souffrance, celle d'avoir rendue cette situation possible par le mensonge. Mais c'est le père qui la concrétise, et lui seul. Dans tout les cas, c'est un tort qu'il a librement décidé d'endosser, donc moi, je ne comprend pas cet homme (toujours dans le cas d'un non consentement mutuel). Je sais que c'est humain, c'est incroyable le nombre de choses qui sont humaines, mais il reste que je ne comprends pas ni ne compatis.
Et ses souffrances à lui ? Il n'y a rien à faire pour les éviter, cette souffrance est réelle et si réparation il peut y avoir, si répercussion il doit y avoir, alors c'est sur l'offenseur que cela doit être dirigé. Mais on ne peut pas éviter la souffrance, on ne peut pas la faire disparaître en claquant des doigts. Il peut l'atténuer en rompant le lien avec son fils, c'est vrai... Et c'est lui qui est libre de le faire, libre de décider s'il fait payer un innocent pour réduire sa souffrance ou pas. Et, moi, je ne comprend pas qu'on prenne cette décision.
Optilux a écrit:Mais je suis quasiment certain que l'acte de cet homme a avant tout pour but de soulager SA souffrance, de rendre la situation claire et supportable POUR LUI.
Que le but soit égoïste ne change rien à l'affaire (sinon l'aggrave).
Optilux a écrit:Demander à cet homme de sauvegarder "l'illusion" de paternité pour préserver le gosse aurait été cruel POUR LUI.
Il ne s'agit pas de garder l'illusion de paternité biologique, se mentir n'est jamais une bonne chose, il s'agit de conserver la
réalité de leur relation "père adoptif/enfant adopté". Oui, le père peut ne pas vouloir d'une telle relation. Et il est libre de conserver ou de rompre cette relation, libre de décider s'il fait payer un innocent pour ne pas avoir un type de relation qu'il n'avait pas envisagé. Et, moi, je ne comprend pas qu'on prenne cette décision.
Optilux a écrit:Ouais, tu en souffres mais c'est pas important: continue à t'en occuper pour ne pas le faire souffrir LUI... Il faut voir ÇA aussi.
Il ne s'agit pas de minimiser la souffrance du père, il s'agit d'être apte à distinguer la souffrance du père de la situation du fils. Comme je l'ai dit plus haut, la souffrance du père est bien réelle, et elle mérite réparation autant que c'est possible, et elle ne sera jamais vraiment réparé, il souffrira, quoi qu'il en soit. Mais il est à mon sens inadmissible que cette réparation se fasse au dépend d'un innocent.
Optilux a écrit:On a tendance à toujours vouloir protéger l'enfant, ce qui est normal.
Le regard que je porte, et que je pense San et Mitsu portent sur ce cas serait exactement le même si c'était l'enfant qui avait renié son père. "Tu n'es pas mon vrai père, je n'ai plus rien à voir avec toi. Qu'importe que tu fus aussi dans l'ignorance, trahi pendant des années par maman, je ne veux plus te voir et j'utiliserais les moyens légaux pour détruire ce faux lien. Je sais que tu veux continuer à me voir, mais c'est niet." Je (nous) serais (serions) tout autant choqué(s).
Optilux a écrit:On n'a pas un méchant adulte qui fait gratuitement du mal à un enfant.
Ce n'est pas gratuit, mais rien n'est jamais gratuit, il y a toujours des causes aux perpétrations d'offenses, sauf chez les fous. Et pourtant, quantité d'offenses non gratuites sont condamnable, moralement, légalement ou les deux.
Optilux a écrit:On a deux personnes, un adulte et un enfant, qui sont pris dans une situation dont ils sont tous les deux la victime. Malheureusement, ils sont aussi indirectement la source de souffrance de l'autre.
Oui, et si l'un d'eux ne sait pas faire la part des choses en sachant distinguer la
source de la souffrance et
l'auteur de la souffrance (dans ce cas, la mère, mais dans des cas complétement différents d'offense, simplement les événements) et que cela l'entraîne à faire du tort à la source involontaire de la souffrance, il agit mal (selon ma conception du bien et du mal). S'il est aveuglé par cette souffrance, alors c'est qu'il est égoïste parce qu'il ne veut pas voir. La souffrance rend égoïste, mais on n'excuse pas le souffrant. On comprends pourquoi il est égoïste, mais
je ne comprend pas qu'il se permette d'être égoïste et de répercuter sa souffrance sur des innocents. C'est quelque chose que je ne tolérerai ni chez les autres, ni chez moi.
Optilux a écrit:Bref: De l'extérieur, en se basant uniquement sur des valeurs morales immuables, on peut trouver l'acte du père cruel. Mais si on fait l'effort de se mettre à la place des deux parties, on voit bien que cet acte est compréhensible.
Que je me mette dans la peau du fils, du père ou d'un spectateur, j'ai les mêmes acquis. L'homme est sujet à une souffrance dû à une offense, et il n'est jamais question de le nier, mais il prend le parti de soulager cette souffrance en offensant la source involontaire de sa souffrance. Dans tout les cas, je comprend très bien
pourquoi il l'a fait, mais je ne peux comprendre
comment il a pu se résoudre à le faire.
Optilux a écrit:Preuve est qu'ils ne se sont pas simplement référés à un article de loi X pour décider arbitrairement mais qu'ils ont pris en compte la dimension humaine de la situation.
La justice (Suisse) à permis au père de le faire. Elle n'a pas émis une appréciation morale sur le fait qu'il le fasse. J'ai parfaitement le droit de rompre une amitié de longue date parce que j'apprends que mon ami n'est pas naît dans la même ville que moi (il l'a appris en même temps que moi), c'est parfaitement légal, mais si je le fais, je passerais pour beaucoup pour un gros connard.
Optilux a écrit:Une fois l'aspect légal établi, rien n'empêche cet homme et l'enfant d'avoir une relation. Mais cette relation ne sera pas une relation père-fils classique.
Ça n'aurait de toute façon
pas était une relation père-fils classique (si "classique" signifie "biologique"), et ça ne l'a d'ailleurs jamais étais, à leur insu. On ne prétend surtout pas que le père et le fils auraient dû faire comme s'il ne s'était rien passé. La négation, le refoulement, n'apporte jamais aucune richesse. Simplement, ils auraient dû perpétuer la relation de connaissance, d'éducation et l'entente qui sont indépendants de leur état biologique (cet homme n'a-t-il pas élevé cet enfant, cet enfant n'a-t-il pas été élevé par cet homme, n'ont-ils pas fait des promenades, ne se sont-ils pas disputés quand l'enfant faisait des bêtises, n'ont-ils pas regardé la télé ensemble pendant des années, cet homme n'a-t-il pas entretenu cet enfant avec son salaire, le cours du temps aurait-il donc été modifié du fait de l'aspect non biologique de leur lien?). Oui, la lumière faite sur leur passé commun est différente, mais les faits sont les mêmes. Si l'un d'eux décide de cracher dessus au mépris de l'autre, ce qu'il fait est mal, encore et toujours selon ma conception du bien et du mal.
Optilux a écrit:Cette situation a été destructrice pour l'enfant, mais aussi pour le père. Il faut voir les deux.
Oui. Malheureusement. On aimerait bien que l'un des d'eux sinon les deux n'aient pas à souffrir. Mais ils souffriront. Et les auteurs des souffrances, s'ils agissent librement et volontairement, seront coupable. L'un des deux dans ce cas-ci est le coupable pour l'autre, tandis que l'autre n'est pas le coupable pour l'un.