07 avril 789 (suite)Quand la nuit du 23 février 789 était tombée sur la capitale de l’ouest, il y avait 13 184 161 individus vivants dans cette cité florissante. Au matin du 24 février, il n’y en avait plus un seul.
Beaucoup de rumeurs ont circulé sur la mort de cette ville mais la vérité la voici : c’est moi qui les ai tous tué. En seulement quelques instants…
Comment ? J’ai utilisé sur eux un pouvoir meurtrier que j’ai appelé « externalisation »
Pourquoi ? Parce que ce pouvoir me permettait de disposer à loisir de ces 13 184 161 cerveaux et de leur plein potentiel.
Un être humain n’utilise qu’un faible pourcentage de ses capacités cellulaires. Ce pourcentage est encore plus faible lorsqu’il s’agit des cellules de son cerveau.
Moi en revanche, j’ai la chance de pouvoir atteindre une transformation qui me donne accès à environ 92% de mes capacités cellulaires cérébrales : le S2MC.
Et les mutations engendrées par ce mode de transformation permettent à ces mêmes cellules de devenir constamment plus puissantes.
Une seule fois j’ai poussé l’effort jusqu’à utiliser mes cellules cérébrales à 100%, et cette fois là ça m’avait couté la vie.
C’était 20 jours auparavant, le 4 février. Jour où j’avais ressuscité mon fils en imprimant dans son cerveau - dans son hippocampe plus exactement - l’emprunte de son âme.
Lorsque j’ai remmené Trunck à la vie, j’ai accompli un miracle.
Je ne comprends moi-même pas très bien les mécanismes qui ont été sollicités par cet exploits, je sais juste qu’au prix d’efforts surhumains j’avais replacé dans son corps une signature énergétique très précise.
Je pourrais théoriquement rééditer cet exploit et cette fois il est même très possible que j’y survive grâce aux progrès que j’ai accomplis depuis et aux capacités bien plus poussées de mon cerveau aujourd’hui.
Mais à présent je connais mieux mes pouvoirs et je sais que le véritable miracle dans la résurrection de Trunck ce n’était pas d’avoir réimprimé son âme dans son corps mais plutôt d’y être parvenue sans lui causer le moindre dommage. Ca par contre, je suis beaucoup moins sûre d’être en mesure de le refaire.
Un miracle, c’est un exploit auquel il faut ajouter pas mal de chance…
J’en ai encore le tournis quand je pense à l’ampleur d’efforts et de précautions que j’avais du fournir pour ne pas endommager le cerveau de Trunck durant le transfert d’âme.
L’externalisation utilise le même principe que ce transfert mais demande beaucoup moins d’efforts qu’une résurrection.
Pour l’expliquer simplement, le concept de l’externalisation consiste à imprimer ma propre signature (autrement dit une copie de mon âme) dans l’hippocampe de quelqu’un d’autre. Ce faisant je dispose de celui-ci comme d’un cerveau secondaire qui non seulement double mes pouvoirs mais en plus me permet de les gérer 2 fois plus facilement.
C’est pendant mon entrainement, lorsque je cherchais une technique de manipulation mentale que j’ai compris le fonctionnement et le potentiel infini de ce pouvoir. Mais j’ai aussi vite compris qu’il n’était à utiliser sous aucun prétexte.
Même sans la tester je savais qu’une externalisation tuerait n’importe qui très rapidement, en quelques minutes tout au plus.
J’étais très bien placée pour connaître les effets d’un trop grand nombre de données cérébrales sur un individu incapable de les gérer. Moi-même ça avait réussi à me tuer une fois.
Mais pendant la nuit du 23 février, l’externalisation était le seul moyen d’assouvir ma vengeance et étant donné ma fragilité psychologique du moment, j’avais saisi cette solution sans me préoccuper des conséquences sur les autres et même des risques qu’elle me ferait encourir.
Ce soir là, j’ai donc déconnecté mon implant cérébral (celui qui circonscrivait la taille de la sphère) afin de laisser celle-ci s’étendre au maximum, je me suis infiltrée dans tous les cerveaux à portée de main et j’y ai effacé tout ce qu’ils contenaient. Sans le moindre ménagement j’ai supprimé toutes les âmes, les souvenirs, les données (même si ces derniers s’étaient automatiquement vu copiés dans mon propre cerveau) pour y imprimer les miens à la place.
Ma sphère grandissait très vite grâce à ce procédé et un instant plus tard c’était à la capitale de l’ouest toute entière que je faisais subir le même sort.
Je me suis pas "externalisée" au-delà de la ville, m’imprimer dans d’autres personnes n’aurait pas était plus utile, j’étais déjà toute puissante. Durant les instants qui suivirent chacune de mes futures victimes m’a rejoint dans le ciel. Une foule immense remplie de ma soif de vengeance flottait au dessus de la capitale. Tous ces cerveaux formaient un redoutable réseau dont j’étais le centre névralgique.
Ma sphère se déployait à une vitesse vertigineuse à travers toute la terre, sondant, copiant, mémorisant sans discontinuer, puis dans l’espace tel un monstre géant avalant toutes les données sur son passage. Mes millions de cerveaux s’activaient à la recherche de l’ennemi, il n’y avait aucun endroit où il pouvait se cacher.
Des les premières secondes, les plus faibles commençaient à mourir, des vieillards surtout, des malades et de très jeunes enfants.
Ca ne m’importait pas le moins du monde, ma colère envers Renly ne cessait de croire. Mêlée à un autre sentiment : du plaisir.
A cet instant ma sphère était si puissante qu’elle contenait bien plus de ki que plusieurs supersayens réunis et toute cette énergie était à moi, elle attendait le moindre de mes désir pour y répondre. J’aurais pu détruire l’univers tout entier si l’envie m’avait pris de concentrer cette force et la laisser exploser.
C’était grisant, je me sentais telle une lionne sur le point de planter ses crocs dans les veines de sa proie, un plaisir barbare mais incroyablement intense.
A ce moment, j’entendais les supplications de Kaio. Il me regardait et savait ce que j’étais en train de faire.
Depuis quand m’observait il ? Aucune idée. J’ignorais sa voix qui m’implorait télépathiquement d’arrêter ce massacre. C’était beaucoup trop bon et même si je l’avais voulu, il était déjà trop tard, je sentais la vie quitter rapidement le corps des gens autour de moi et ceux qui tenaient encore ne survivraient pas, quoi que je fasse. Ils tombaient par centaines sur le sol, le cerveau complètement implosé. Certain avaient la boite crânienne brisés par la pression interne et n’étaient vraiment pas plaisants à regarder.
Quelques secondes plus tard, je trouvais enfin la trace de mon ennemi, celui-ci avait établi un luxueux campement à 50 millions de kilomètres de moi, sur la planète Mars. Un véritable petit palace avec toutes les commodités sous un dôme d’oxygène artificiel. Voila donc pourquoi il se sentait tellement en sécurité, cela me confirmait que le faux Végéta n’était qu’une marionnette.
Je suspectais la boule de cristal que j’avais trouvé plus tôt chez Renly d’être un élément important ayant servit à le manipuler d’aussi loin, un genre d’antenne relais. L’énergie qui émanait de cette boule était très diffuse et ne semblait pas être du ki.
La phase de recherche était terminée et plus de la moitié de la population de la ville était déjà morte. Il me restait un peu plus de cinq millions de personnes à utiliser et je comptais bien me servir de leur force dans un ultime coup d’éclat.
Tous s’étaient mis en position pour rassembler jusqu’au dernier soupçon de leur énergie vitale et exécuter un kaméhaméha surpuissant.
Depuis la capitale de l’ouest un énorme rayon de ki traversait l’espace, mettant une fraction de seconde pour atteindre Mars et la pulvériser.
Il ne s’était déroulé qu’une demie seconde entre le moment où j’avais trouvé mon ennemi et celui où j’avais détruit la planète qu’il occupait. Une demie seconde et pourtant ça n’avait pas été assez rapide. Dès l’instant où ma sphère l’avait effloré, cette créature avait disparu. Saleté de téléportation !
Quand le dernier habitant de la ville était tombé, ma sphère qui s’était étendue sur une bonne partie de la galaxie se rétracta encore plus vite qu’elle ne s’était déployé. Et lorsqu’elle reprit sa taille habituelle, ce fut comme être plongée dans la lave l’enfer.
A cet instant je ne disposais plus que de mon seul cerveau pour gérer la masse de mémoire acquise dans les dernières secondes et celui-ci était torturé par une indescriptible douleur, comme si le monde entier voulait entrer dans ma tête et forçait partout à travers ma chair et mes os pour s’y frayer un passage.
C’était tellement insoutenable que s’il m’avait fallu re-tuer Trunck, mes parents où n’importe qui d’autre pour me défaire de cette douleur, je l’aurais fais et refais sans hésiter.
Sans m’en rendre compte je m’étais mise en position fœtale.
L’instant d’avant j’étais une déesse et là je n’étais plus qu’un légume sans contrôle sur quoi que se soit et encore moins sur la sphère. Celle-ci ne ressemblait d’ailleurs plus du tout à une sphère, c’était une aura bleue, une enveloppe d’énergie épousant la forme de mon corps.
Je semblais parfaitement immobile, recroquevillée sur moi-même au dessus de cette ville ensanglantée de toutes parts. En réalité à l’intérieur de ma tête tout était en pleine révolution. Ma mémoire était éparpillée, noyée dans des abysses insondables au milieu desquelles je ne parvenais pas à me retrouver. Ma capacité à réfléchir était quasi-inexistante.
Je savais que ça arriverait, j’espérais qu’en utilisant ce pouvoir, il aurait suffisamment amélioré mes capacités et mon fonctionnement mental pour qu’à terme je sois en mesure de digérer l’absorbation de toutes ces âmes. Que l’externalisation me rendrait tellement forte que je pourrais en assumer le contrecoup. Mais ce n’était pas si simple.
Je ne savais plus qui j’étais, je ne savais plus rien sur moi hormis que j’étais surchargée d’émotions et de souvenirs abominables, des milliards de voix hurlaient en moi et alimentaient mes instincts les plus primaires dont le premier était une irrépressible envie de tuer.
J’étais au cœur de la partie la plus profonde et noire de l’âme humaine, une partie animale et enragée. Depuis mes premières expériences sur l’hormone S j’avais souvent ressentis une certaine bestialité tapie au fond de moi. Durant mes quelques combats des jours précédents, j’avais su l’utiliser puis la refreiner mais cette fois je lui faisais face totalement impuissante. Elle était plus forte que moi, la seule émotion assez forte pour que je la distingue clairement.
J’avais même perdu de vue la raison première de cette rage et des larmes qui n’avaient pas encore séché sur mon visage. La raison qui m’avait poussé à tuer et à m’infliger tout ça.
Que serait-il advenu de moi si je n’avais pas réussi à m’en sortir ? Même aujourd’hui après y avoir murement réfléchis, je n’en suis toujours pas sûre.
Sans doute serais-je devenue folle et terriblement dangereuse, avide de posséder encore d’autres cerveaux pour calmer ma douleur. J’aurais instinctivement usé de mes pouvoirs pour envahir des villes et m’imprimer dans les corps de tous les habitants jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne sur terre.
J’étais en train de devenir une créature mue par l’impulsion de détruire et se nourrir, un monstre comme… comme Broly. C’est ce que je pensais à ce moment là et c’est ce qui déclencha une sorte d’automatisme, de souvenir réflex que j’avais préparée au préalable durant mon entrainement pour me sortir de cet état si par malheur je devais un jour y sombrer.
Broly, ce type affublé d’une épouvantable pathologie, je me rappelais de lui, de ses crises, des examens que je lui avais fait passer et qui m’avaient révélés ses difformités.
Oui je me souvenais qu’il s’agissait d’une piste mais j’étais incapable de me concentrer dessus. Pourtant je m’étais préparée à l’éventualité d’être perdue dans cette confusion mentale, je savais qu’au terme d’une externalisation je devrais faire face à une grande variété de dommages cognitifs et qu’il était important de les réparer dans l’ordre adéquate si je voulais revenir à la normale.
Mes souvenirs de Broly, je savais que j’avais caché une clé à l’intérieur mais comment la retrouver quand le moindre souvenir était perdu au milieu de cet océan de pensées inintelligibles et cette migraine à en devenir folle ?
Déjà le soupçon de lucidité que j’avais retrouvé en pensant à Broly se dérobait, j’allais encore l’oublier. Mon esprit cartésien luttait de toutes ses forces pour s’accrocher à Broly, je savais que c’était la marche à suivre pout activer un cheminement mental qui me sortirait de là pourtant je n’y arrivais pas.
Je m’accrochais par défaut à mon souvenir le plus vivace : la mort de Trunck.
Mais qui était Trunck déjà ? Mon père ? Non, un autre Trunck… Dans une capsule… La capsule Broly… Le cerveau de Broly… Le scanner de Broly… Oui le cerveau de Broly… Je me rappelais m’être répétée qu’il était la clé. Mon étonnement quand j’avais analysé le cerveau de Broly… Son cortex cingulaire antérieur…
Oui c’était ça bien sur : le cortex cingulaire antérieur ! Je me rappelais de l’étonnement que j’avais ressenti ce jour là dans le hope-3 en voyant cette partie du cerveau de Broly. Cela m’avait surpris car elle ressemblait à un cerveau que j’avais déjà étudié…
Au milieu de toutes les difformités que le scanner avait pu mettre en lumière chez Broly, c’était ce petit renflement rarissime dans son cortex cingulaire antérieur qui m’avait frappé… Ce n’était pourtant pas l’élément le plus spectaculaire dans ces analyses mais c’était ce qui m’avait d’abord interloqué…
Pourquoi ? Pourquoi son cerveau m’avait interloqué, pourquoi… Parce qu’à ce moment là, la seule autre personne que j’avais vu affublé de cette particularité c’était mon père…
Je suivais avec difficulté le fil de ces souvenirs mais je savais que la piste était la bonne et qu’il fallait que je continue à creuser. Je me rappelais mon père, les derniers mois de sa vie…
J’avais mois même assuré sont suivi médical et j’avais repéré cette zone dans son cerveau qui divergeait de la normale. Il m’avait dit de ne pas m’en faire pour ça. Pourquoi avais-je retrouvé la même chose dans le cerveau de Broly 8 ans plus tard ?
En continuant à creuser je me rappelais aussi que lors de mon retour sur terre, mes propres analyses avaient révélé ce renflement significatif mon propre cortex cingulaire antérieur…
Qu’avais je pensé alors ? Il fallait que je me rappelle, j’étais Bulma Brief, nous étions le 17 janvier 789 et je venais d’utiliser le S2MC pour la première fois sur terre. Ma sphère avait alors absorbé les âmes de 31 personnes. N’étant pas encore familiarisée avec ce pouvoir j’avais été très perturbée juste après. Quelques jours plus tard j’avais longuement étudié mon cerveau… Parmi toutes mes observations j’avais noté que mon cortex cingulaire antérieur était curieusement enflé comme dans les analyses de mon père 8 ans avant et celles de Broly 4 mois plus tôt… J’avais fais quelque chose ce jour là mais quoi ? Impossible de me souvenir…
Me débattre autant dans toute cette mémoire collective était épuisant. Bientôt je ne serais plus capable de réfléchir du tout, ça devenait évident.
Prenant le risque de perdre le peu de concentration dont j’étais encore capable, j’avais ouvert légèrement les yeux.
Au loin, je distinguais le dôme de ma maison. Les lettres CAPSULE CORP faisaient résonner quelques choses en moi…
Des bribes de mon enfance, des flashs de mon père, des mots qu’il me répétait souvent quand j’étais petite… « Regarde moi Bulma, calme toi, regarde… c’est comme ça que tu dois respirer »…
Il avait bien longtemps, il m’avait donné un moyen de calmer une migraine chronique.
Cette technique de respiration qu’il avait mise au point pour moi… Papa comprenait comment je fonctionnais, il savait que pouvais être prise de violents maux de tête qui me rendaient irascible et pénible. Mais il ne s’était jamais fâché contre moi.
Pour lui, le cerveau des Brief nécessitait un apprentissage spécifique.
Il s’était aperçu très tôt que je lui ressemblais sur ce point, comme lui chaque jour dès mon plus jeune âge j’intégrais des quantités massives de savoir et j’étais capable de conceptualisations scientifiques d’une rare complexité nécessitant des facultés intellectuelles hors du commun.
Il savait également qu’arrivée à un certain point, il devenait douloureux pour moi de réfléchir aussi intensément et que cette douleur me mettait parfois dans des états nerveux incontrôlables. Je pense que c’est ce phénomène qui était à la base du caractère parfois difficile que j’avais façonné.
Papa avait su atténuer ce problème et m’apprendre patiemment à apprivoiser mon cerveau tout au long de sa vie.
Quelques mois avant qu’il ne meure, lorsque j’avais découvert les anomalies dans les résultats de son scanner, il m’avait appris qu’il s’agissait d’une particularité génétique qu’il avait nommé « la bosse Brief », autrement dit une difficulté à réguler naturellement une pression dans le cortex cingulaire antérieur, zone du cerveau particulièrement vulnérable depuis toujours dans ma famille.
C’était le prix que payaient les Brief qui manifestaient une dextérité intellectuelle très supérieure à la normale.
Chez lui, la bosse Brief n’avait jamais provoqué de désagréments plus incommodants que des saignements de nez, mais chez moi, dans ma petite enfance cette tare héréditaire avait eu des effets très violents.
Maux de tête, évanouissements, crises de spasmophilie et j’en passe. A mesure que mon cerveau grandissait et s’armait au savoir, la bosse Brief me torturait chaque jour un peu plus.
Pour m’aider, papa avait longuement recherché une technique alternative à la médecine, il pensait que chaque cerveau était un être parlant un langage bien distinct et qu’il suffisait d’apprendre à communiquer avec le miens pour lui demander gentiment de se calmer et me laisser respirer. C’est ainsi qu’il avait mis au point un procédé minutieusement étudié et adapté auquel il m’avait soumise pendant mes jeunes années.
Je n’en avais qu’un vague souvenir jusqu’à ce que papa me le rappelle.
En tout cas ça avait fonctionné, ma dernière crise remontait à mes 9 ans et je n’en avais plus souffert depuis. Je pensais que la bosse Brief n’était que de l’histoire ancienne jusqu'au jour où je l’avais retrouvé dans le cerveau de Broly.
Ensuite, lors de mon retour sur terre j’avais remarqué que l’activation de la sphère avait entre autres effets de faire enfler mon cortex cingulaire antérieur. Cela ne provoquait pas de douleur particulière mais je m’étais mise à envisager la possibilité que les vieux symptômes de la bosse Brief réapparaissent en cas d’utilisation trop intense du S2MC.
Pour parer à ce problème, je m’étais remise à exécuter la technique de mon père.
En plus de ça, cette technique avait l’avantage d’être très relaxante, elle m’avait aussi permis de rester calme et maitresse de moi-même lorsque Enma avait commencé à me mettre sous pression. C’était mon secret pour garder des nerfs d’aciers.
Lorsque j’avais découvert le pouvoir de l’externalisation, j’avais tout de suite anticipé les effets cognitifs qu’il aurait sur mon corps. J’avais donc créé un protocole neuropsychologique précis visant à discipliner ma façon de gérer la mémoire et encaisser le contrecoup de la transformation. Mais je savais que la bosse Brief serait un obstacle à l’exécution de ce protocole.
En réponse à ça, j’avais eu l’idée de piéger un de mes souvenirs, celui de ma découverte des analyses du cerveau de Broly.
Le concept était simple, par un procédé de manipulation subliminale, le moindre souvenir de broly devait m’amener à un cheminement de souvenirs qui à terme devait me permettre de me remémorée entièrement la technique de mon père, pour être en mesure de l’utiliser, faire désenfler mon cortex cingulaire antérieur et enfin activer le protocole de sauvetage de mon cerveau.
J’avais presque échoué. Mon âme allait se disloquer dans les effets de ma transformation, j’allais devenir une épouvantable créature incapable de raisonner et je n’y pouvais plus rien. Mais j’avais eu la bonne idée d’ouvrir les yeux et regarder en direction de la Capsule Corp, ma maison que j’avais restauré quelques jours plus tôt et qui était à nouveau la même que dans mon enfance.
Ce simple repère visuel m’avait permis de me souvenir. Il m’avait procuré l’assise suffisante pour retrouver la technique de papa au milieu de cette confusion.
En alternant différentes saccades de respiration tout en visualisant une succession de formes géométriques comme il me l’avait enseigné, je m’attelais à soulager ce point faible dans mon cortex cingulaire antérieur. Cela me prit une bonne demi-heure mais finalement cette technique fit effet, je parvenais enfin à me calmer, à atténuer la migraine et reprendre le contrôle. Encore une fois, merci papa…
Une fois la bosse Brief résorbée, je faisais face à toute cette mémoire accumulée. La mémoire du monde entier, mais pas seulement. La colère du monde entier tel un démon qui tentait encore de prendre possession de moi.
Mais pour lui la partie était désormais perdue. Par la force de ma concentration je parvenais à faire taire toutes les voix en moi, à tout stocker, trier et compartimenter.
Je continuais sans relâche à me servir de ma respiration comme d’une arme dans ce combat contre moi-même.
Au bout de quelques minutes d’efforts intellectuels intenses, j’apercevais enfin le bout de cette épreuve. Ma mémoire retrouvait sa cohérence et je revenais peu à peu à la normale.
J’étais Bulma Brief, je l’avais été pendant 56 ans et je voulais prétendre à l’être encore. Pourtant je savais que j’étais devenue fondamentalement différente.
J’avais poussé le S2MC au maximum mais je l’avais dominé au final et cela me donnait une assurance nouvelle.
En levant les yeux au ciel, je réalisais que Renly n’était plus accessible. J’avais perdu…
Tout ça pour rien.
En jetant un regard pragmatique sur la situation je réalisais enfin à quel point ce type ne valait pas le coup et je n’arrivais pas à croire que j’avais pu manquer de jugement à ce point.
La capitale de l’ouest était jonchée de cadavres, même le vent n’y soufflait plus, juste le silence et moi au milieu de ce tableau surréaliste, habitée d’un calme dont je ne me serais jamais cru capable.
Ce calme est l’état d’esprit qui ne m’a plus quitté depuis, accompagné d’une profonde lassitude. Même la mort de Trunck me semblait très lointaine.
J’avais utilisé 13 184 161 cerveaux et stimulé leurs capacités au maximum. Se faisant j’avais sans peine pu sonder tous les êtres vivants sur terre et parmi eux il en était un qui avait particulièrement retenu mon attention.
Il fallait que j’aille trouver cette personne pour tenter d’éclaircir certains points. Ensuite, je partirais pour Mars, juste histoire de mettre un point final au chapitre Renly.
Je m’envolais vers le sud sans regarder la ville que je laissais derrière moi. Objectivement je savais que le massacre que je venais de commettre était épouvantable, mais à dire vrai ça ne me perturbait pas beaucoup, comme si les émotions ne m’atteignait plus autant désormais.
Quelques minutes avant c’étaient les émotions de toute la planète qui me sautaient à la gorge, il m’avait suffi de dépasser ce stade pour que mon système de pensée s’y adapte et les éloigne.
Aujourd’hui toutes ces voix ne constituent plus qu’un faible bourdonnement auquel je me suis habituée. Par moment, la seule chose qui perce à travers ce bourdonnement c’est toujours ce sentiment de colère. Mais c’est un démon que je sais garder sous contrôle.
Je volais donc jusqu’à une chaine montagneuse à 703km nord-est de ce qui fut autrefois le palais de Guymao.
Une fois posée au sol, je marchais quelques pas en tâtonnant du bout des doigts à la recherche de quelque chose d’invisible.
Quelques minutes plus tard, je trouvais ce que je cherchais : une de ces montagnes était factice, une simple illusion d’optique ou plutôt une barrière magique.
J’avais beau avoir sondé jusque là des milliers de cerveaux d’individus capables d’utiliser toutes formes de magie, pour moi cet art restait un instrument dont j’étais incapable de jouer. Pire, j’avais remarqué que plus mon cerveau aiguisait son fonctionnement et plus les concepts magiques me paraissaient nébuleux.
Je dois certainement faire un blocage là-dessus.
Du coup, traverser cette barrière magique n’était pas évident pour moi. Alors, j’utilisais une manière un peu grossière. Sur le flan abrupt de cette fausse montagne je m’étais mise à assener de grands coups de poing.
Je ne sais pas si j’aurais fini par abattre cette magie par la force mais en tout cas toute la région était secouée par la violence des coups que je lui portais.
A un moment une petite fenêtre de lumière s’ouvra dans cette montagne à quelques mètres au dessus de moi. D’un bond je me propulsais dans les airs et passais à travers cette ouverture. Derrière elle, je retrouvais une très vieille connaissance : Plume.
-« Bulma, mais qu’est ce que tu fais ici ? Qu’est ce qui t’a pris d’essayer de rentrer de force comme ça ? »
Plume et moi ne nous étions pas vues depuis des années. Peu après la mort de Yamcha, elle était partie de Capsule Corp en laissant un simple mot sur un papier où elle disait rentrer chez elle.
-« Je suis là pour voir Cersei, j’ai besoin de lui parler. »
Mon amie ne savait pas quoi penser. Son instinct lui dictait d’avoir peur de moi je le savais, pourtant il n’était pas du tout dans mes intentions de lui faire du mal.
Elle me répondait de la suivre et me conduisait dans « l’intérieur » de la montagne.
En réalité j’avais raison, cette montagne n’était qu’une illusion. Une fois entré dans la barrière, on pouvait voir qu’il s’agissait d’une belle vallée au ciel bien dégagé. Un petit havre de paix où la nature déployait des trésors de beauté.
Je suivais Plume jusqu’à un village. Je marchais docilement dans ses pas par courtoisie mais j’aurais aussi bien pu m’y rendre seule. Je savais parfaitement qui je voulais voir et où trouver cette dernière.
Arrivée au village, les quelques habitants encore debout à cette heure tardive me regardaient comme monstre à 3 têtes, la plupart avaient peur en me voyant et partaient s’enfermer à double tour.
Il faut dire que j’étais la première humaine à pénétrer cet endroit et que même si je m’étais débarbouillée le visage et les cheveux en chemin, ma robe était toujours maculée du sang de trunck.
C’était un village caché d’homo-animalis. Il n’existait plus que 9 villages de ce type en comptant celui-ci. Leur histoire s’était perdue au fil des siècles mais grâce à mon pouvoir j’avais pu la reconstituer en partie grâce à la mémoire de certaines personnes.
Les homo-animalis étaient apparu il y a 5000 ans sur une île du sud. Il s’agissait de versions évoluées de certains mammifères.
Sans que l’ont sache pourquoi ni comment, de nombreuses variétés d’espèces s’étaient un jour redressées sur leurs pattes arrière et mises à penser et s’exprimer comme des humains.
Pour ma part je suis persuadée qu’il s’agissait là de l’œuvre d’un savant.
Une expérience voulue ou un accident de labo, je ne sais pas mais je n’arrive pas à croire qu’autant d’espèces aient pu évoluer de la même façon au même moment.
Après l’exode de leur île natale, les homo-animalis s’étaient dispersés et multipliés à travers le monde, se cachant tant bien que mal du regard des humains.
Je vais passer sur les détails mais chaque fois que les homo-animalis avaient tenté un rapprochement avec les êtres humains. Cela s’était soldé par de nombreux morts.
Les gens ne sont jamais aussi cruels que lorsqu’ils ont peur et rien n’inspire plus cette peur que l’étranger qui ne nous ressemble pas…
Tant est si bien que les homo-animalis durent se retrancher à l’abri des hommes durant des millénaires. Etablissant leurs villages dans des forets profondes, des montagnes, des îles perdues…
Ils y développaient leurs propres cultures. Certains villages comme celui-ci basaient leur défense sur l’art de la magie, d’autres avaient développé des techniques shinobi pendant que d’autres encore cherchaient à exploiter la force que pouvaient leur procurer leur bestialité…
Aujourd’hui les homo-animalis sont considérés de la même façon que des êtres humains lambda et on ne se rend pas compte du chemin parcouru avant d’en arriver là.
Il y a 789 ans, à la suite de conflits de plus en plus sanglants, le monde avait été plongé dans la peur et l’intolérance. Humains et homo-animalis se détestaient et se redoutaient. En réalité, chacun cherchait simplement à défendre sa place et son droit d’exister.
La situation était telle que le tout-puissant lui-même était intervenu pour mettre fin à la guerre.
Les historiens ont beau rire de cette partie de l’histoire, moi je sais qu’elle s’est vraiment déroulée ainsi. A la suite d’une épouvantable nuit de massacres, un enfant-chien était sorti des décombres de son village. Parmi les rares survivants de cette bataille perdue pour les homo-animalis, cet enfant était le seul à ne nourrir aucune rancœur envers les humains.
Mieux que ça, pour les quelques hommes qui étaient mort cette nuit là, il versait même autant de larmes que pour sa famille et ses amis.
Du haut de son palais, le tout-puissant de l’époque avait observé avec attention cet enfant-chien durant les jours qui suivirent. Ne décelant aucun vice germer dans le cœur de celui-ci, il décidait que cet enfant serait l’instrument qui permettrait d’unir les deux races.
Selon la légende, dieu serait descendu sur terre sur le dos d’un magnifique dragon irradiant de lumière et aurait décrété que ce garçon était le nouveau roi de la terre.
Je ne sais comment il s’y était pris mais en dépits du climat de guerre, personne ne contestait cette décision. Depuis lors, la terre a toujours été gouvernée par un la ligné de ce jeune chien et aucun humain ni homo-animalis ne s’en est plaint.
L’assimilation des animaux dans la société s’était tellement bien passée que les centaines de villages cachés avaient disparu quelques siècles plus tard. Il n’en subsistait que 9 dont celui où je me trouvais.
Plume m’amenait jusqu’à la cour de son école, elle désignait le bâtiment et me dit que Cersei se trouvait à l’intérieur. C’était une école ravissante mais minuscule, elle n’était composée que d’une seule classe dont l’institutrice ne sortait pratiquement jamais.
Plume resta à l’entré quand je rentrais à l’intérieur.
J’étais face à Cersei, une grande et vieille lapine blanche de plus de 3 mètres de hauteur. Elle était assise dans un vieux rocking-chair qui risquait de craquer à tout moment sous son poids. Elle brisait le silence par une question à laquelle je ne m’attendais pas :
-« Sais-tu comment va Oolong ? »
Cersei était l’unique institutrice de cette école depuis plus de 400 ans. C’était elle qui avait enseigné la métamorphose à Plume et Oolong avant que ces deux là ne quittent le village chacun de leur côté. Elle était sincèrement intéressée par ma réponse car elle aimait chacun de ses élèves et s’inquiétait pour ceux qui avaient désormais disparu de son champ de vision.
-« Je vous dirai tout ce qu’il y a à savoir sur Oolong si vous répondez d’abord à mes questions. »
-« Plume m’a dit que tu étais une amie et… »
-« Je vous arrête tout de suite, pas la peine de jouer à ça. Je sais pertinemment que vous n’aviez pas besoin de Plume pour en savoir long à propos de moi »
-« Je vois, c’est donc toi qui es rentré dans mon esprit tout à l’heure, tu as bien changé ces derniers temps. Donc tu en sais long sur moi également. Tu as raison, inutile de jouer à l’ignorante dans ce cas. Pardon mais avec les humains j’ai pris l’habitude de faire de mon mieux pour cacher ce que je sais. Bien que de nos jours je ne sache plus grand chose. »
-« Oui j’ai constaté que votre mémoire est détériorée mais je pense que vous souvenez au moins pourquoi vous nous avez espionné si longtemps Goku et moi. De tout ce que vous auriez pu faire avec votre pouvoir, pourquoi avoir passé tant de temps concentré sur nous ? »
Elle avait réfléchis longuement avant de répondre : « Je pense que tu prends ça dans le mauvais sens. Tu as compris quels étaient mes pouvoirs n’est ce pas ? »
-« Oui je les connais. »
-« Alors repense à ton histoire et à celle de Son Goku, crois-tu que j’aurais pu vous ignorer ? Votre rencontre à été le fruit et le déclencheur d’une série d’événements qui ont secoué le monde. Elle a permis de sauver la terre de bien des façons. Je vous ai simplement observé en espérant que vous vous rencontriez comme convenu. Lorsque c’est enfin arrivé, j’étais soulagée. »
-« Donc vous n’aviez pas de raison concrète ? »
-« Je n’avais pas besoin de raisons. Mon instinct m’a toujours permis de comprendre l’importance de certains faits, de savoir où l’histoire prendrait ses racines. J’ai observé beaucoup de peuples dans l’univers, certains ont connu des fins terribles et à force d’observer j’ai compris qu’il y avait un certain ordre dans tout ça. Que chaque événement répondait à des forces que nous ne voyons pas. »
Elle toussait un long moment avant de reprendre :-« Je savais que cette année là ces forces convergeaient vers la terre »
-« Vous parlez de 749, l’année où j’ai rencontré Goku ? »
-« Oui. Il fallait que Goku et toi vous vous rencontriez à ce moment là. C’était une évidence, je ne peux pas te donner de réponse plus claire que ça. »
Cersei n’était pas n’importe qui. Je m’en étais rendue compte en sondant toute la terre. De tous ceux qui avaient opposé une résistance à mon pouvoir elle était la seule à avoir réussi à le repousser partiellement. Mais elle était aussi très vieille et son esprit déclinant était devenu confus et instables.
Comme la science coulait dans mes veines, dans celles de Cersei c’était la magie.
Elle était l’héritière des techniques millénaires de son village, mais au-delà de simples techniques magiques elle possédait des pouvoirs qui ne pouvaient être inculqués.
L’un d’eux était une forme d’empathie de très grande envergure ressemblant à la mienne. Tout comme moi elle savait lire dans les esprits à sa façon, elle savait même le faire sur de grandes parties de l’univers.
Etait-ce la raison pour laquelle j’avais eu du mal à entrer dans sa tête ? C’était probable.
En outre, Cersei avait autrefois été la seule personne sur terre possédant un don de voyance supérieur à celui de mamie voyante.
En combinant ces deux dons, empathie + voyance, elle avait pu développer une vision d’ensemble de l’univers, une vision quasi-omnisciente du présent comme de l’avenir. Depuis son vieux rocking-chair, aucun événement majeur de l’histoire ne lui avait échappé ces derniers siècles.
Peu de gens connaissait son existence, mais pour tous ceux qui l’avaient approché, surtout les pratiquants de magie, elle inspirait un respect proche de la vénération.
Sauf pour Oolong. Il était une exception, lui ne voyait en son ancienne maitresse qu’une vieille gâteuse insupportable, même s’il était attaché à son souvenir.
Je ne sais pas si cette lapine était vraiment digne de vénération. Elle l’avait surement été en son temps mais aujourd’hui elle faisait peine à voir. Elle s’exprimait avec difficulté, sur un rythme lent en cherchant laborieusement ses mots.
Le seul élément clair que j’avais réussi à tirer de son esprit c’était qu’elle nous connaissait Goku et moi. Elle connaissait nos parents, nos ancêtres et notre destin auquel elle avait attaché une attention toute particulière.
C’était la raison première pour laquelle j’étais venue la voir. Découvrir son existence m’avait séduit au départ, mais maintenant qu’elle était en face de moi j’étais assez déçue par ses élucubrations.
Plus j’essayais de sonder en elle et plus je trouvais des fragments illisibles d’une mémoire à moitié morte. Peut être que finalement la raison de sa résistance à mon pouvoir n’était qu’une forme de sénilité.
Il y avait un autre détail qui m’intriguait chez elle, je doutais qu’elle puisse m’apporter une vraie réponse mais j’abordais quand même le sujet :
-« Vous possédiez une vision proche de celle d’un kaio avec une capacité à anticiper l’avenir sans égale. Pourtant vous avez perdu ce don subitement le 20 janvier 781 n’est ce pas ? »
Elle souriait : -« Je n’en ai jamais parlé à qui que se soit, même dans le village. »
-« Avez-vous une vague idée de ce qui a provoqué cette perte de pouvoir ? »
-« De vagues idées j’en ai beaucoup, mais aucune certitude. Autrefois les yeux de mon esprit pouvaient voir partout, même au-delà du temps. A partir de ce jour, je me suis retrouvée comme aveugle et je suis tombée malade. C’est là que ma mémoire à commencé à partir. »
-« Ce qui est étonnant Cersei c’est que vous ayez perdu ce don le 20 janvier 781.
Chaque personne sur terre doué d’un don divinatoire quelconque a fini par connaître le même sort. Tous ont perdu leur pouvoir le même jour : le 3 janvier 785 précisément. La seule exception c’est vous.
Savez-vous à quoi correspond le 3 janvier 785 pour moi ?
-« Non. »
-« C’est celui où mon fils Trunck est parti dans le passé. »
-« … »
-« Je soupçonnais jusqu’à présent que c’était ce voyage dans le temps qui avait provoqué la fin des visions de mamie voyante. Mais je commence à croire qu’il ait pu y avoir autre chose à l’origine de cet événement.
Déjà, j’ai commencé mes tests concrets sur le flux temporel en mai 783. Je faisais transiter de petites billes de plomb et de trantonite à travers le temps.
En considérant que ce sont mes travaux qui ont perturbé les visions des voyants, la logique aurait voulu qu'ils perdent leurs capacités cette année là, pas avant ni après.
Et maintenant je découvre que la visionnaire la plus puissante a perdu son don en janvier 781, période où il ne s’est rien passé de notable à ma connaissance et où mes recherches sur le temps en étaient encore au stade théorique.
J’en suis venue à la conclusion suivante : ce qui a plongé le futur dans un brouillard si épais que plus personne ne peut voir au travers, ce n’est pas ce qui s’est passé en 785. Je pense que c’est le 20 janvier 781 qu’il y a eu un bouleversement et que vous étiez justement la seule à l’avoir vu à ce moment là.
Alors Cersei, vous qui aviez une vision d’ensemble de l’univers, dites moi ce qui a pu se passer le 20 janvier 781. »
-« Je me souviens de la dernière chose que j’ai vu avant que la lumière ne s’éteigne. C’est la destruction de la galaxie de l’ouest… »
-« Je vois. C’est donc le jour où Broly a connu sa plus grande crise… »
La planète namek avait donc disparu il y a 8 ans.
Je me souvenais très bien des mots de Renly. Il avait sous-entendu avoir attendu Broly pendant ces 8 dernières années. Qu’avait-il pu se passer entre eux ?
-« Le sayen légendaire, je voyais son père tenter de le contenir mais personne ne pouvait contenir cette créature. »
-« D’accord mais je n’arrive pas à rapprocher les événements. Pourquoi l’éveil de Broly aurait fait disparaître vos visions ? Et en quoi ça aurait pu atteindre les autres voyants 4 ans plus tard ? »
-« Tu cherche une logique dans un domaine que tu ne peux pas comprendre. Les visions ne sont pas comme les calculs que tu fais tout le temps, c’est une question de ressenti. Il y avais quelque chose ce jour là. Quelque chose de pas naturel... C'est cette chose qui a enragé le sayen légendaire il y a 8 ans, je n’ai pas su la voir car je pense que c’est elle qui m’a privé de mes yeux mais je l’ai senti… (elle s’arrêta pour tousser une bonne minute)
Tout ce que je sais c’est que ce jour là je suis tombée malade. Je ne sais pas si les autres voyants ont connu la même maladie ensuite ou si il y a un rapport entre nos pertes de visions. Et pourquoi veux-tu savoir ça déjà ? »
Je commençais à lui taper sur les nerfs. Elle avait raison, pourquoi voulais-je en savoir plus sur ces trucs de sorcières ou même sur Broly ? Une part de moi cherchait à tout comprendre quitte à voir des liens et une logique là où il n’y avait peut être rien…
Je décidais de laisser tomber les questions trop abstraites et lui demander directement si elle savait où trouver Renly.
-« Renly ? C’est un nom qui a longtemps fait peur. Un ancien roi d’une race à la peau bleue… Mais il était déjà mort bien avant ma naissance et il n'en reste rien aujourd'hui. C’est tout, ce nom qui ne m’évoque rien d’autre. »
-« Alors il ne s’agit pas du même. Merci quand même, je vais vous laisser tranquille maintenant.
Pour Oolong au fait, vous pouvez être rassurée il est bien vivant, pervers et en bonne santé. Il ne faut pas vous inquiéter pour lui. »
Elle paru heureuse d’entendre ces mots.
Alors que je tournais les talons elle s’adressa encore une fois à moi :
-« Une dernière chose Bulma. Celui que tu cherche aujourd’hui, c’est un ennemi qui te fuit. Ce n’est pas de lui dont tu devrais t’inquiéter.
Quelque chose vient vers toi en ce moment, c’est d’elle dont il faudra te méfier parce qu’elle elle ne fuira devant personne. »
-« Une vision ? »
-« Non mais je peux encore voir le présent… du moins un peu. Ce quelque chose est en train de venir en ce moment et il pourrait bien s’agir de la même qu’il y a 8 ans »
-« Alors ce sont les fameuses forces cachées de l’univers qui vous l’ont murmuré... Peu importe, depuis ce soir je n’ai plus rien à perdre. »
Après que Plume m’ait raccompagnée jusqu’à la sortie, je m’envolais à fond pour un voyage d’une dizaine d’heures jusqu’aux restes de la planète Mars.
J’avais fais du très bon travail durant l’externalisation, Mars n’était pas seulement détruite, elle était littéralement réduite en fine poussière.
Au milieu de ce néant flottait ce que j’étais venu voir : une boule de cristal. La même que celle précédemment trouvée dans l’appartement de Renly. Ce dernier m’avait laissé un dernier cadeau assit tranquillement sur cette boule, attendant mon arrivée.
Je le reconnu immédiatement, il avait le visage de Trunck, les vêtements de Trunck et lorsqu’il me parla c’était avec la voix de Trunck.
-« Maman ! »
Quelques heures plus tôt entendre ce mot m’aurait bouleversé.
Je ne peux pas dire que je restais de glace face à lui mais c’était presque le cas.
Trunck me souriait, il descendait de la boule et volait vers moi bras tendu prêt à me serrer contre lui.
Le voir ainsi était tellement cruel que j’aurais du m’effondrer, je savais qu’il ne s’agissait encore que d’une mascarade, un jeu pervers de Renly ou peu importe son nom. A cet instant j’étais sensée pleurer, souffrir mais ce n’était pas le cas du tout.
A l’intérieur de moi, je pouvais faire taire la voix de Bulma Brief, je pouvais éteindre sa souffrance si je la jugeais handicapante et elle l’était dans cette situation.
Alors je pointais l’index en direction de ce Trunck, je murmurais un "dodompa" – technique que j’avais fraichement apprise ce soir là – et j’envoyais un redoutable rayon destructeur qui lui efflora son visage.
Derrière lui, mon rayon fit exploser la boule de cristal. Ce faux Trunck se changeait instantanément en un tas de sang qui se dispersait dans l’espace.
Renly ne m’aurait plus avec ce genre de mystifications. C’était là ma seule victoire sur lui et j’allais devoir m’en contenter.
Capable de se téléporter, il pouvait être n’importe où à présent...
En volant sur le chemin du retour, je réfléchissais à tout ce qui m’était arrivé cette nuit et je fis face à une question toute nouvelle pour moi. Pour la première fois je me demandais ce que j’allais faire à partir de maintenant.
Ce soir pour survivre j’avais du apprendre à dominer une quantité faramineuse de pensées dont la plupart n’était que le combustible d’une colère hardante. J’avais su contenir ce feu mais sans lui je ne savais plus quoi faire. Trunck avait disparu pour de bon et je préférais y penser le moins possible ; Renly était hors de portée et mon acharnement à me venger dans ces conditions ne serait que vaine et inutilement destructice.
Je n’avais plus rien à défendre, plus rien à construire, rien à combattre, aucun but.
Arrivée près de la lune, je regardais la terre et celle-ci me semblait hostile.
J’avais blessé cette planète, je venais d’y semer la mort et je me mettais à penser que cette dernière ne voulait certainement plus de moi.
Si en moi toutes les âmes des terriens avaient pu s’assembler telles les pièces d’un immense puzzle, alors ce soir là le puzzle représentait un gros panneau "défense de revenir" écrit à mon intention. C’était peut être moi qui me faisait des idées mais c’est ainsi que je le ressentais.
Je me suis assise sur le sol lunaire, tellement lasse. En ce matin du 24 février 789, j’étais vieille de milliards d’années, de milliards de vies qui m’avaient terriblement fatigué.
Depuis lors, je suis là immobile et apathique, repassant le film de ces souvenirs.
Me voila donc aujourd’hui 7 avril 789.
J’aurais pu rester bien plus longtemps ainsi sans rien faire, me morfondant sur la lune, si je ne venais pas de recevoir une visite des plus inattendues.
Tout a commencé par une voix dans l’obscurité, une voix de jeune femme :
-« Bulma ! »
C’était la première fois en 7 semaines que je sortais de ma torpeur mais je restais tout de même immobile. D’où pouvait provenir cette voix ?
-« Bulma ?
Elle ne m’entend pas ou quoi ? Bulma !
Tu sais que t’as un gros cul ? »
-« Qui est là ? »
-« Enfin ! Je me demandais si tu étais encore capable d’entendre. Tu ne crois pas que tu t’es suffisamment reposée là ? Tu ne devrais pas rester ici toute seule, il y a tant de choses que tu pourrais faire. De grandes choses tu sais... »
-« Si tu ne te montre pas, vas-t-en. »
-« Tu es trop jeune pour te laisser abattre. Tu pense avoir tout perdu mais tu es loin du compte et je peux te le prouver. »
Cette voix aurait pu m’intéresser dans d’autres circonstances. Mais aujourd’hui 7 avril nous étions l’anniversaire de mon départ à bord du hope-3 l’année précédente et je n’avais pas le cœur en fête.
Peu m’importait qu’elle soit envoyée par Enma, Renly ou je ne sais quoi d’autre...
Jusqu’au moment qui a suivi et où elle déclara :
« Très bien, au point où nous en sommes la marque que je t’ai posé ne sert plus à rien, il est temps de la retirer et d’avoir une vraie conversation. »
L’instant d’après, un brouillard que je ne soupçonnais même pas se dissipait dans ma mémoire. Elle apparu devant moi et je me souvenais à présent parfaitement d’elle. J’avais déjà rencontré cette femme il y a longtemps, le jour où tout avait commencé. Comment avais-je pu oublier cette rencontre ?
-« Bonjour Bulma. »
J’étais désormais complètement réveillée. Rien n’avait changé chez elle en dépit des années, elle était toujours aussi belle et son regard toujours aussi glacé.
-« Bonjour Lira. »
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Ainsi s'achève le long chapitre 14. Le prochain sera un peu spécial...
Bize à tous