Zhatan a écrit:Et encore une fois, qu'on n'arrive pas à apaiser les souffrances, cela concerne une minorité.
Et je trouve la proposition du conseil de l'Ordre extrêmement nuancée et intéressante.
Pour la souffrance physique mouais, en théorie on peut prendre en charge la plupart des douleurs ou presque, facile d'anestesier un nerf, voire le rendre totalement insensible, par contre c'est pas forcement la voie privilégiée (sinon on aurait pas des dizaines de milliers de gens vivant quotidiennement avec une souffrance physique intolerable), et qui plus est la souffrance n'est pas que physique. Le manque d'autonomie, d'espoir, la perte progressive de son intellect et de son être (et la pitié qui en découle) est une source de souffrance largement aussi importante que la souffrance physique, et elle est plus difficile a attenuer.
Mais même la prise en charge physique de la douleur a progressé, mais est loin d'etre parfaite.
J'ai eu beaucoup de patients qui ne voyaient pas l'interêt de continuer à souffrir s'ils n'avaient plus aucun espoir de remission, voire d'etre juste soulager. Certains n'avaient plus d'amis, plus de familles, plus rien d'autres que cette souffrance. Ce qui m'a convaincu que l'euthanasie n'est pas forcement une mauvaise chose, à voir au cas par cas. Dire qu'il y a toujours de l'espoir, que la vie vaut toujours la peine d'etre vécue et prolongée, c'est de la foutaise.
Sinon je suis d'accord sur la proposition du conseil de l'ordre. Pas quand tu dis que la loi actuelle est très bien, sinon la question ne se poserait même pas, ce sont les gens en souffrance et leurs familles, voir le personnel médical, qui relancent régulièrement le débat sur l'euthanasie, pas ceux qui cherchent juste un moyen de faire économiser la secu.
Je sais que perso si on me diagnostique une Sclerose en plaques, je déprimerais mais tant que j'aurais mon autonomie je continuerais à vivre, tout en sachant très bien qu'un jour (quelques années voir decennies, ça dépend des malades) je serais même plus capable de saisir seul un verre d'eau (ne parlons pas de sortir du lit) tout en ayant une souffrance physique pas évidente à attenuer. Bref, arriverait un moment ou je serais content qu'on abrege mes souffrances.
Pour le don d'organe, ce n'est pas une question de logique, c'est une question d'éthique. On ne touche pas au corps d'un individu sans qu'il soit d'accord (ou que ses proches, éventuellement).
En fait j'ai toujours cru que ca fonctionnait ainsi mais dans les faits c'est plutôt l'inverse. Ils se servent sauf si toi ou ta famille s'y opposent. Mais dans le doute, si personne n'est la pour dire que tu ne voulais PAS qu'on prenne tes organes, ils se servent.
Enfin si on doit mettre en place un système d'abrogation de vie un jour, comme je l'ai déja dit ça ne sera pas aux medecins (ou infirmiers, ou AS) de le faire. Eventuellement dans un futur plus lointain okay (quand on formera les medecins pour ça) mais pas à ceux qui sont déja en place. En attendant, ça devrait etre la responsabilité de la famille.
C'est un θ, il croyait qu'il était τ, mais en fait il est θ.