Alors, qu'est-ce que Homestuck ?
Eh bien bonne question, car la réponse n'existe pas vraiment. On le présente comme un webcomic, mais ce n'est pas tout à fait exact. Comparer un webcomic plus "canon" (comme, typiquement DBM), à Homestuck reviendrait à comparer une grande surface à Wall Street. Un Webcomic n'est qu'une BD sur internet, Homestuck est indissociable de son support, exploité à 100% d'innombrables manières (liens vers d'autres sites, animations flash, easter eggs, musiques...). En clair, Homestuck n'est pas une série, pas une BD, pas un livre, mais une nouvelle manière de raconter une histoire : la page internet. Et rien que pour ça, ça vaut le coup.
Pour la petite histoire, en bref : L'auteur se nomme Andrew Hussie, il l'a créé le 13 avril 2009, et il s'agit du quatrième et plus ambitieux de ses projets. Le format est simple : Il commence par poster une page sur un forum, et les utilisateurs lui disent ce que le personnage fait à la case suivante (d'où le look très bizarre des pages, sous forme d'ordres). Rapidement, Hussie prend totalement le contrôle de son aventure, mais continue à garder ce format, agissant exactement comme si on lui dictait la marche à suivre. L'update finale sortira cette année.
Au sujet de Homestuck en lui-même... Le style minimaliste et symbolique des dessins, comme l'histoire lente à se mettre en place, WTF à souhait, et dans un format déroutant pousse souvent les gens à abandonner à la première lecture (personnellement, j'ai tenu jusqu'à la page 14 avant de lâcher). Il faut une vraie abnégation pour pousser et continuer malgré tout, et, comme par magie, on se retrouve à engloutir 200 pages en un rien de temps. à partir de là, la machine est lancée, et l'histoire, addictive à souhait se met à devenir un sujet de pensée obsessionnel.
Car, que ce soit chose dite, Andreww Hussie est un TRÈS bon scénariste. Honnêtement, les seuls auteurs que j'ai lu, et actuellement à son niveau sont Terry Pratchett et Georges R. Martin. Et scénaristiquement parlant, ils sont même derrière lui. Chaque chose à un sens, suivant la logique propre à cet univers, chaque phrase trouve un échos dans le passé ou le futur, chaque destinée est accomplie, ou avortée de manière subtilement cryptée. Il existe des centaines de pages de spéculations sur le sens des nombres, des noms, des actes de chaque personnage, et des clins d'oeil sont présents tout au long de l'histoire, indiscernables à une lecture superficielle. Bref, le scénar est authentiquement bon, même si opaque au début. C'est un plaisir de recoller le puzzle au fil de l'histoire et de se cogner la tête de ne pas avoir saisi les indices.
Je n'entrerai pas dans les détails du scénario : c'est une histoire à découvrir, et pas à raconter.
Homestuck, c'est aussi un fandom, aussi barjot et hyperactif qu'il est peu nombreux. Très chaleureux, aussi, et surtout, comme vous pouvez le constater, prosélyte à l'extrême. "Let me tell you about Homestuck" est une phrase devenue l'emblème de leurs tentatives de conversion, qui rappellent à beaucoup l'insistance des témoins de Jéhovah.
Une traduction française est en cours, d'excellent qualité, et en pleine évolution. La capacité de l'équipe à retranscrire les jeux de mots et les quiproquos est sincèrement bluffante.
Actuellement, en terme de données, Homestuck, c'est :
- pas loin de 8300 pages sur le site en anglais
- entre deux heures et deux heures et demie d'animations flash
- 24 albums de musique
- une dizaine de simili jeux vidéos interactifs inclus dans l'histoire
Homestuck, en bref, c'est le boss final des internets, un condensé de références, d'humour barjot, une histoire délirante et hilarante, mais qui sait se faire belle, touchante et triste, les personnages les plus génialissimes qui soient, et bien plus encore. C'est une chose qui change vraiment le rapport au monde et à l'humour (en tout cas, ça a profondément marqué mon comportement). Ce n'est pas fait pour plaire à tout le monde, mais ceux qui apprécieront auront leur saint Graal. Bref, c'est bon pour vous, mangez-en.
Le site français est ici.
La version anglaise (que je vous déconseille au début) se trouve là.
Voilà, j'ai la conscience tranquille, maintenant
