par Sbjoern le Lun Mai 12, 2014 15:02
Vu qu'il m'arrive de faire de la traduction pour des clients, je me permet d'ajouter mon grain de sel.
Premièrement, je trouve que les termes traducteur/traduction ne devraient pas être utilises.
A moins de traduire des textes légaux, médicaux ou tout autre texte technique, on ne devrait jamais parler de traduction mais d'adaptation.
Par adaptation, je veux donc dire qu'on prend un texte possédant des références culturelles typiques d'un pays et qu'on les adapte pour qu'une personne venant d'un autre pays et possédant une autre culture puisse lire l’œuvre de manière parfaitement fluide.
De fait, je suis CONTRE le fait de garder les "san" "kun" "sama" et autres joyeusetés qui n'ont tout simplement aucune raison d'apparaitre dans un texte en français.
La plupart des traducteurs amateurs ne maitrisent pas ces termes a la perfection, pourtant, auprès du public lisant des fan trads, ces mêmes traducteurs donnent l'impression de mieux maitriser le japonais que les traducteurs des versions officielles, ce qui est on ne peut plus faux. La vérité est que les fan traders ne maitrisent ni le japonais, ni leur langue maternelle suffisamment que pour en faire une adaptation correcte et fluide.
Devoir laisser des termes originaux avec une petite note constituent ce qu'on appelle de la friction. La friction rend la lecture plus difficile en forçant le lecteur a faire un effort intellectuel non prévu par l'auteur (et en plus de créer une génération de gamins de 14ans qui croient qu'ils maitrisent le japonais parce qu'ils savent dire "konnichiwa Eric-san").
Quand on adapte un manga, il faut se dire que le lecteur n'a pas forcement envie de connaitre le Japon, qu'il apprécie les mangas parce que c'est une lecture comme un autre. Le traducteur ne devrait jamais imposer a son lecteur une référence culturelle venant d'une culture n’étant pas la sienne. C'est au lecteur de faire la démarche de lire l’œuvre originale en vo si il s’intéresse vraiment au Japon, pas au traducteur de forcer son lecteur.
Dans le même registre, ceux qui pensent qu'on doit garder les "san", "kun", etc pensent-ils aussi qu'il faut traduire les jeux de mots et ensuite mettre une annotation pour l'expliquer?
"Attention, ici il y avait un jeu de mot se basant sur la sonorité des mots en japonais, c’était hilarant pour un japonais mais j'ai tout traduit mot a mot et je vous force a lire cette annotation pour expliquer a quel point ce jeu de mot était marrant, cependant, lire cette annotation ne vous fera quand même pas rire"
Toujours dans le même registre, comment voulez vous retranscrire la différence entre les phrases de Vegeta et celles de Piccolo? Les deux utilisent "kisama" en parlant a Goku mais avec une différence. Quand l'un des deux parle, "kisama" est écrit en katakana et pour l'autre en kanji, ce qui permet a un japonais d'identifier celui qui parle (on a le même cas a la fin de Final Fantasy IX quand tous les personnages parlent hors écran, le mot "kisama" est écrit de 3 manières différentes, ce qui permet d'identifier l'auteur de chaque phrase).
On met une annotation une fois de plus?
"Attention, dans la version japonaise, "toi" est écrit en katakana, ce qui est typique a la manière dont personnage X parle, on peut donc en déduire que cette phrase a été dite par X".
Dans Termae Romae, j'ai même vu un cas différent, selon la personne qui parle ET selon la situation, le texte de la personne est écrit soit a l'horizontale, soit a la verticale, ce qui permet au lecteur japonais de mieux comprendre la situation. Une fois de plus, je vois mal une annotation expliquant chaque situation.
Un bon traducteur doit trouver un moyen dans SA langue et en utilisant SA propre culture pour retranscrire ce genre de choses, quitte a parfois perdre des informations mineures. A partir du moment ou le lecteur ne ressent aucun manque, alors l'adaptation est correcte.
Utiliser les annotations et laisser des mots dans la langue d'origine signifie juste que le traducteur ne maitrise pas suffisamment les deux langues et cultures.
Pour le cas du kamehameha, il n'a pas besoin d’être traduit, l'auteur explique et montre directement ce que c'est (un japonais n'aurait pas non plus compris ce que c'etait sans le voir), pour le lecteur, kamehameha devient donc le nom de la grosse technique qui pète tout. Ça aurait pu être un nom sans aucune signification comme schleutzedenkarpli, ça aurait été pareil pour le lecteur français ET japonais.