Bon je reviens sur le deuxième lien de nico :
http://www.michelcollon.info/L-Ecole-et ... cents.htmlComme prévu (ou plutôt, comme deviné) c'est du matérialisme auquel plus personne ne croit, pas même les marxistes eux-mêmes. Le capitalisme n'est pas une doctrine unifiée avançant machiavéliquement depuis l'aube des temps en ayant tout préparé pour annexer chaque domaine de la société. On ne peut croire cela qu'en survolant très rapidement une période historique et en sélectionnant des passages choisis on ne sait comment (ou alors il faudra faire une vraie démonstration). Et en fait dès qu'on se penche sur la formation de l'école, les débats sont tellement nombreux et n'ont tellement rien à voir avec le capitalisme qu'on ne peut pas considérer qu'il y avait un plan à l'avance : on ne voit pas pourquoi on serait disputé pour savoir s'il fallait des écoles normales interdépartementales ou départementales (et ce fut la deuxième solution qui fut adoptée du fait de la conception très particulière de l'articulation "local-global", le terroir devant mener à la nation). De plus, si l'école ne servait aux ouvriers qu'à lire des consignes, on ne voit pas pourquoi on ne se serait pas arrêté au "lire-écrire-compter", or ce n'est pas ce qui s'est passé, pour le plaisir, Félix Pécaut selon lequel l'école ne doit pas nous faire "une démocratie habile à lire, à écrire et à calculer, frottée de quelque littérature, bien pourvue de cette instruction qui donne l'envie et les moyens d'occuper les petites places de l'administration publique, de l'industrie et du commerce, mais démunie de fermes principes et de fortes habitudes de jugement" (De l'usage et de l'abus de la pédagogie).
Petite remarque sur une autre petite phrase un peu rapide :
Les charniers de 14-18 portent devant l’Histoire le témoignage de l’efficacité dramatique qu’eut l’école dans sa nouvelle fonction, celle d’un appareil idéologique d’Etat.
Je cite un ami avec qui on avait eu une discussion sur le sujet :
"Ça n'a aucun sens ; dans l'historiographie de la Grande Guerre, au pire, les mecs vont t'expliquer qu'il y a un vague consentement à la guerre de la part des soldats, qui ont certes une culture patriotique (mais plus qu'en 1870, quand l'école républicaine n'existait pas ? franchement rien ne permet de l'affirmer) mais que globalement les pépères allaient se faire mitrailler la gueule pendant 5 ans parce qu'on leur avait expliqué que c'est ce qu'il fallait faire, que la guerre se déroulait vaguement sur leur territoire donc qu'au moins ils pouvaient avoir envie de sauver leur lopin de terre, leur famille et tutti quanti sans penser à la virginité de Marianne plus que cela et que tout simplement, comme l'explique A. Prost, le consentement à la guerre plutôt que son refus, dès lors que la mobilisation générale est lancée, demeure "l'attitude la moins coûteuse socialement". Et on pourrait mener la même analyse chez les Anglais (franchement le patriotisme anti-allemand inculqué par l'école anglaise avant 14 il va falloir me le montrer sérieusement...) ou globalement tous les belligérants."
Pour finir sur le matérialisme brut de décoffrage : c'est sûr que c'est séduisant et attractif voire facile de toujours vouloir déceler la main du capital dans toute interaction asymétrique entre agents, sauf que ça ne marche pas. Cf la colonisation où ça fait un moment qu'on a montré que ça avait plus coûté que rapporté la France, financièrement parlant, que non, on ne s'est pas spécialement gavés sur nos colonies, donc que oui, les responsables politiques et idéologiques de l'époque qui ont mis en œuvre tout ça voyaient (pour le meilleur ou pour le pire) vaguement plus loin que les intérêts du grand méchant Capital...
Voilà, voilà,
j'arrête, promis