Salut Fœ.
Alors voilà le commentaire promis ; autant te le dire d'entrée, je ne suis pas venu faire un commentaire gentil. Et si je le fais, c'est parce que j'ai un respect certain pour les innombrables qualités de ton écriture : un vocabulaire riche et travaillé, des dialogues naturels, des procédés stylistiques efficaces, un sens intuitif de l'intrigue et une grande diversité de la mise en scène -même si elle est parfois un peu hasardeuse.
Mais il y a des choses qui ne vont pas dans cette fiction ; j'adore lire du DB, je me suis fait happer par des récits autrement moins bien réalisé que le tien et pourtant, ici, sans que je ne sache pourquoi, impossible de rentrer dedans ; et j'ai mis pas mal de temps à mettre le doigt dessus. Ça fait des mois -on pourrait te le confirmer- que je me pose des questions à ce sujet et je suis venu te délivrer le fruit de mes réflexions.
Donc voilà, ce commentaire n'est pas gentil, mais il n'est pas non plus méchant, et si jamais certains trucs te vexent, n'y vois aucune mauvaise intention de ma part. Je sais aussi que tu envisages cette fic comme un truc récréatif, donc je suis sûr que tu n'y verras pas une attaque personnelle, mais plutôt ce que c'est : une réflexion sur un texte qui me permettra de progresser moi-même, et éventuellement t'être utile pour faire de même dans un contexte moins récréatif.
Je me suis permis de "séparer" ce gros pavés en différentes parties pour essayer de rendre la lecture plus agréable.
1. Un incipit et des idéesComme j'aime à dire, je vais commencer par le début. En long, en large, et en travers, parce qu'un incipit c'est important. Donc, l'histoire commence comme ça :
L'extrémité d'une épaisse queue annelée rose appointie de violet frappait le sol en cadence.
Le son de l'ouverture d'un sas interrompit ce martèlement rythmé.
Plusieurs personnes entrèrent en silence… silence qui durait encore quand le propriétaire de l'appendice caudale se décida à se retourner après de longues minutes sans le moindre mouvement.
Ok ok ok ok ok ok.
Bon, je tiens d'abord à dire que oui, je vais pinailler. Le genre de remarques dont je vais parler ici, je suis allé les chercher assez loin.
Seulement voilà : un texte, c'est comme un match de tennis. On ne peut pas toujours être au maximum, ni penser à tout, mais il y a des passages qu'il convient de soigner tout particulièrement et durant lesquels il faut élever son niveau de jeu au maximum, et je pense qu'on sera d'accord pour dire que les premières phrases d'un texte sont essentielles. C'est pour ça que je me permets de quoter l'incipit et de le disséquer en détails.
Le truc, c'est qu'arrivé à ce stade de la fic, en fait, j'ai dû remonter et début et relire parce que je n'étais “pas dedans” et ça m'a pris un bon moment pour comprendre pourquoi je me paumais si vite dans ces trois phrases.
En effet, tu fais preuve d'un excellent vocabulaire, comme à ton habitude. Dans ce contexte, il est même carrément trop bon, en fait. Ta première phrase n'est pas efficace, car elle développe bien trop d'idées, et utilise qui plus est un mot fort peu courant. Appointi ? Sérieux ? C'est avec ce genre de terme que tu veux faire entrer un lecteur dans ton texte ? Ça jure franchement avec le style Toriyama, simple et épuré. Mais admettons.
Là où c'est plus dérangeant, c'est d'abord, comme je le disais, la pléthore de détails qui véhiculent une idée simple. Cette phrase, il faut la lire trois fois pour que l'image te vienne en tête. Était-il utile d'ajouter le mot "extrémité", qui plus est en début de phrase, et de faire de la queue, qui est l'élément essentiel, un simple possessif à reléguer grammaticalement au second plan, tout comme sa position dans la phrase ? Quelle autre partie de la queue le lecteur va-t-il bien pouvoir s'imaginer qu'elle frappe le sol ? Et même si c'est le cas, cela dessert-il l'accroche ?
Par ailleurs, a-t-on vraiment besoin du détail de sa coloration alors que tu veux transcrire son mouvement ? L'effet du chiasme dans la description des couleurs n'est-il pas superflu ?
Ce genre de phrase complexe, dans son vocabulaire comme dans sa construction, c'est une phrase sur laquelle tu veux que le lecteur s'arrête pour ralentir le rythme du récit, pas une phrase d'accroche, quand bien même les idées fondamentale qu'elle véhicule sont efficaces.
Bref, pourquoi ne pas aller à l'essentiel :
« Une queue annelée rose frappait le sol en cadence. » ?
Et quitte à garder le « épais », je dirais plutôt :
« Une queue épaisse, annelée et rose frappait le sol en cadence. » pour ne pas perdre l'impact du substantif en début de phrase.
Bon, perso, je pense qu'il manque encore un truc assez essentiel pour ce genre de procédé, c'est la situation du lieu ; perso (j'insiste), j'aurais commencé par « Dans la salle d'observation du transporteur impérial, une queue annelée fouettait le sol en cadence », mais c'est pas tout à fait vrai parce que j'aurais jamais trouvé le mot cadence, le mot annelé c'est loin d'être sûr et j'aurais simplement dit rose. Quand je dis que tu as un vocabulaire riche et travaillé, je le pense sincèrement, d'autant que le mot cadence est vraiment parfait.
Une mise en évidence du mot justifie l'absence d'adjectif et d'adverbe pour accompagner la frappe, et il rend à lui seul discutable la situation géographique en entrée de texte, d'ailleurs, mais il rend d'autant plus dommage la focalisation sur les détails de la queue.
Mais ce n'est pas l'essentiel de mon propos. Le truc qui m'a le plus choqué, c'est qu'on a deux idées fondamentales ici :
• Une queue frappe le sol (phr1)
• Trois personnes arrivent (phr 3)
Alors pourquoi la phrase de liaison inverse-t-elle les deux idées ? Pourquoi ne pas continuer sur le son qui termine la première pour terminer sur le son du sas qui s'ouvre sur les persos de la troisième. Avec un bête passif, par exemple :
« Ce martèlement rythmé fut interrompu par le son de l'ouverture d'un sas. »
Une fois qu'on en est là, y a moyen de bosser un peu sur l'expression finale, mais là on entre vraiment dans le pinaillage.
Au passage : “martèlement”. C'est dégoûtant d'efficacité, comme mot. Raison de plus pour le mettre en début de phrase. Bref.
Le vrai souci avec ta formulation, c'est que tu obliges vraiment le lecteur à jongler entre tes idées à la place de laisser le texte l'accompagner dans l'action de manière fluide. Tu avances une idée pour passer à une autre, revenir à la première et retourner sur la seconde.
Ce défaut est déjà présent dans le chiasme coloré de la première phrase et se retrouve dans la structure des idées à pas mal d'autres endroits. Évidemment, si on le fait, on va produire un certain effet et ce n'est pas “faux” en soit, mais de toute évidence, l'impression que tu vas donner au lecteur sur ce passage sera différent selon comment tu choisis de l'exprimer. En fait, parfois, la richesse de ton style et ton amour de la phrase bien faire nuisent au fond de l'idée que tu cherches à véhiculer, et il s'en dégage une sensation de confusion.
Alors, voilà, comme je le disais, je vais chercher assez loin, mais je pense très sincèrement qu'un des défaut de ton texte, c'est l'organisation des idées -j'y reviendrai régulièrement- et je pense que ce début l'illustre de manière assez parlante, raison pour laquelle je me suis longuement arrêté dessus.
2. Un petit air de déjà-vuPassons maintenant à trois autres aspects de fond de ce premier chapitre que j'ai trouvé maladroits :
1. D'abord, il y a le choix même de la scène. Freezer qui réprimande Végéta, c'est un truc que j'ai lu au moins 9 ou 10 fois. Alors je sais que quand tu l'as écrite, il y a longtemps, cette scène était moins courante. Je sais aussi que si moi je l'ai lue 10 fois, ce n'est pas forcément le cas de tous les lecteurs de DBM. Il n'empêche, au moment de la publication, ça manquait clairement de fraîcheur.
2. Ensuite, même si j'ai bien aimé le prétexte qu'utilise Freezer pour punir les saiyans, je trouve vraiment très dommage que tu dévoiles d'entrée l'élément divergeant. Tu te prives clairement d'un élément d'intrigue évident qui aurait permis de faire passer la pilule de l'abondance d'OC plus aisément. Là, c'est quand même vachement facile de lâcher la lecture très vite, alors que savoir ce qui a provoqué la divergence est un des points croustillants qui va pousser n'importe quel lecteur à suivre. Globalement, je me demande même dans quelle mesure ce chapitre n'a pas été « rajouté ». Il aurait parfaitement trouvé sa place dans un flashback un peu plus loin, je pense… Mais en ouverture, c'est vraiment dommage.
Cela dit, la mise en scène globale via l'enregistrement de la conversation de Raditz est pas mal du tout, et la timide intervention de Zarbon a un charme certain, ce qui sauve la scène d'un sentiment de déjà-vu complet. Je dois aussi dire qu'il y a plein de moments bien foutus dans la réalisation, même si je ne comprends pas trop pourquoi tu ne fais pas assister tout le monde au passage à tabac de Végéta, ce qui aurait pu changer un peu de l'éternel face-à-face entre le tyran et le prince en offrant un point de vue différent au travers du regard des deux saiyans secondaires - et proposer quelque chose qui s'éloigne de ce qu'on connaît déjà. Les occasions de divergence ne manquaient en tout cas pas, je vais y revenir tout soudain.
3. Enfin, il y a un certain manque de logique dans le comportement de Freezer. Il fout une rouste aux saiyans, puis il les envoie sur une planète capitale pour l'expansion de son empire, après un passage à tabac ? Au MINIMUM le trio saiyan méritait d'être dissout et réparti dans d'autres équipes. Mais non, là, il les laisse tranquillement continuer leur bonhomme de chemin après une réprimande musclée qui n'est rien d'autre qu'un Z Power Up déguisé. Du coup, je me pose un peu la question du sens de la scène et de ce qu'elle apporte au récit.
Tu nous proposes une version violente et tyrannique de Freezer, ok, mais au final, à part passer un sale quart d'heure, les conséquences sont ridicules, quoi.
T'as vraiment raté le coche d'un développement osé, genre une élimination d'un des deux saiyans secondaires, ou, plus intéressant, carrément de Végéta – ce qui aurait pu permettre aux deux autres de monter en puissance une fois “libérés” de l'influence castratrice de leur supérieur en partant “rogue”. Par exemple. Ce genre de prise de risque aurait clairement pu s'avérer payante avec un peu d'imagination : après tout, Nappa et Raditz restent des saiyans, et possèdent donc un potentiel de progression, a priori aussi important que celui de Goku dans les bonnes conditions, et l'élimination de leur prince t'aurait fourni une excuse de choix.
Bref, j'ai le sentiment que Freezer est entre deux eaux, pas complètement entier et limite un peu con. Mais admettons. Je veux bien penser que cette demi-mesure qui fait rater le coche d'un développement audacieux serve la suite du scénario, mais je reste dubitatif.
3. Présentation du CastingBon, ensuite il y a un autre truc qui ne va pas : l'abondance soudaine des personnages du chapitre 2. Je comprends bien l'effet que tu as voulu faire : un truc à la Aliens, où tu balances la team d'un coup sec, juste avant son entrée en action.
Le souci, c'est que si ça passe au cinéma par quelques artifices, c'est surtout parce que le format te permet de « prendre » et « jeter » tes personnages plus facilement. Ils te sont directement proposés à l'écran ; une simple caractéristique ou deux te permettent d'en retenir l'un ou l'autre auquel tu t'attaches et il y a « les autres ». Tu n'as pas d'implication à mettre. Le lecteur, lui, il doit faire l'effort d'assimilation de l'univers que tu crées, et proposer six personnages en moins de huit cents mots, c'est chaud bouillant.
En guise de sortie, on a droit à un couplet de géopolitique spatiale clairement bizarre, ou en plus de voir débarquer un nouveau perso, on a droit à trois peuples.
Au final, on sort de ce chapitre deux avec cette sensation : ok, un personnage est gay, et la fille a chaud aux fesses, visiblement des mecs se tapent dessus. Et à nouveau, cette sensation de ne faire qu'effleurer une idée pour directement en suivre une autre, comme une espèce de jeu de ping pong entre des persos que je ne connais pas. À part une guerre stellaire dont les enjeux me dépassent, pas d'intrigue, c'est quand même spécial.
Ensuite on a un bloc de trois chapitre dans la même veine : les Ultras qui se battent avec les… kollocks ? Pour sauver les… Dardanites ? Même pas les gentils yardrat ou que sais-je, la race sympa du chapitre de l'U7, là, les mecs qui fournissent un sidekick à Gast ? Ouais, non, j'ai de la peine à m'impliquer et je me demande quand même si le coup de toute la géopolitique, là, il aurait pas mieux valu l'intégrer au chapitre sur Freezer, afin que le lecteur puisse commencer à faire des liens et se sentir un peu stimulé. Là, clairement, ça manque d'audace et c'est un peu scolaire, sans fil conducteur un peu badass pour guider l'ensemble.
En soit, les idées sont pas mauvaises, mais on a un peu l'impression qu'elles nous sont jetées en pâture à mesure qu'elles te viennent, sans réelle organisation a posteriori.
On a cependant droit à un passage plutôt inspiré avec la jeune recrue. D'ailleurs, je pense que c'aurait été d'assez bon ton de démarrer la fic avec lui et de développer un peu plus ce personnage. Voire, pourquoi pas, le débutant des ultras -Fuller-, mais trouver un moyen d'accompagner le lecteur plutôt que de l'assommer de concepts aurait été bien plus efficace. Les passages de guerre ne sont pas mauvais, loin de là, le face à face entre Darik et le colosse a du sens, mais on a vraiment de la peine à accrocher à l'un ou l'autre des persos. Ok, ils combattent pour leur nation, mais au final, il manque clairement un fil conducteur entre les différentes idées et concepts que tu égraines au fil des chapitres et vraiment, il faut s'accrocher pour suivre, dans l'espoir qu'un truc un peu intéressant qui pourrait ancrer notre attention va se produire.
Dans ce genre de situation de conflit de masse, c'est très important d'avoir deux points de vue de persos ; l'un « macro », l'autre « micro », ou alors ça doit relever d'une volonté précise de la mise en scène que je ne vois pas ici. On sent bien que les ultras posent de sérieux problèmes à leurs ennemis, on a une justification ou l'autre de ce pourquoi les autres résistent, mais on ne sent pas l'impact colossal des puissants guerriers héloïtes sur le déroulement de la bataille.
Par ailleurs, si els différentes scènes sont efficaces prises individuellement, il n'y a pas de liens perméables entre elles, ne serait-ce qu'une transition un peu sympa entre elles de temps en temps pour nous arracher un sourire. De fait, la tension qui s'installe dans une zone de combat disparaît dans l'autre et la tension n'atteint finalement jamais un climax, au point que l'élément perturbateur majeur (l'attaque sur le sol héloïte) apparaît comme une véritable libération du bourbier sur lequel on avance laborieusement.
Bon, on a aussi d'excellents passages sur les horreurs de la guerre, la culture kollock et pas mal de savoir-faire dans la technique mais vraiment, c'est ce « liant » qui manque jusqu'ici dans la fic : un truc qui te prenne, te montre un enjeu et retienne suffisamment ton attention pour que tu veuilles y plonger, et ça, je pense que c'est dû à une mauvaise présentation des idées et une montée en puissance mal gérée, comme j'ai essayé de le montrer. Et au vu du soin de la forme et du fond, c'est bien dommage.
4. Des têtes connnuesPuis, on a droit à une belle bouffée d'air : l'arrivée des sayans. À nouveau, j'ai envie de dire : mais pourquoi ne pas avoir commencé la fic par là ? Pourquoi ne pas faire des flash back bien classes sur les événements des précédents chapitres ? En plus, elle duuuuuuuuuuuuuuuuure, la bataille contre les sayans. Et là, on a plein de possibilités pour introduire tes OC, par exemple terminer chaque chapitre sur un flashback personnel d'un membre des Ultras qu'on aurait vu à l'œuvre dans le chapitre. De tout ce que j'ai proposé, je pense que c'est le type de format qui aurait le mieux convenu à ce que tu es en train de faire avec l'équipe d'Ultras.
Ou alors, proposer de suivre la totale par les yeux de Fuller, comme déjà dit plus haut. Mais je m'égare…
Donc dès qu'on tombe en terrain connu, la mayonnaise commence à prendre. Les saiyans trahissent Freezer (obvious) et là on commence enfin à capter clairement que Wigner est le chef, et qu'au vu de comment Nappa et Raditz les font galérer, les héloïtes ne sont pas prêts d'abattre Vegeta.
Alors on sait qui va finir par gagner, mais cette opposition ravive l'intérêt du lecteur : comment les héloïtes vont ils faire ?
Mais là, on a un souci de timing. Ce combat dure des lustres. Heureusement, il y a nombre de prétextes, mais par moment on a un peu envie de secouer tout ce beau monde et de leur dire de se remuer les fesses.
Cela dit, sur toute cette partie, les persos sont bien écrits, y a des punchlines bien senties les persos respirent la classe, même si l'histoire n'avance que très lentement, on a droit à toute une série de scènes bien cools. Qui plus est, le nombre réduit d'Ultras permet d'enfin y voir à peu près clair quant à ceux qui interviennent et là, les apparitions sont super bien gérées.
Bon, pourtant, il reste toujours ce truc autour des idées organisées étrangement, par exemple dans ce finish du chapitre 10 :
Sonné, l'Ultra relevait à peine le nez qu'un colossal missile de muscles et d'os tombé du ciel lui percutait l'échine de plein fouet. Littéralement brisé, il n'eut même pas conscience de l'explosion qui le souleva aussitôt pour percher son corps désarticulé dans les branches d'un arbre aux fruits parfum chocolat.
Nappa vient de pulvériser deux ultras, tu nous laisses sur un finish qui nous pousse à nous demander si Lidar est toujours vivant, et le point d'orgue du récit, l'ultime montée en intensité qui va assurer un cliff de ouf, c'est… le parfum des fruits de l'arbre où a atterri le corps désarticulé de l'Ultra ? Realy ?
Cela rejoint ce que je voulais dire par une mauvaise gestion du climax : ce qui est vrai pour cette simple phrase se retrouve dans des passages entiers du récit, j'y reviendrai juste en dessous.
C'est dommage, parce que l'univers regorge de bonnes idées, notamment la gestion de la chose militaire, les émotions de Fuller qui pète un plomb en plein combat. Et puis ce genre de trucs, quoi. Je me permets de citer cette phrase anthologique :
À pleine vitesse, il lança soudain ses bras vers le bas pour un retourné carpé à l'arrache.
Sérieusement, la déconstruction syntaxique est tellement bien sentie qu'un mouvement d'une complexité rare est retranscrit dans son plus simple appareil, tout en restant parfaitement dans le style précipité de l'action, et on commence enfin à vraiment réaliser ce qui se passe. À vrai dire, j'ai témoigné un peu d'intérêt quand Nappa et Raditz ont pris le dessus, mais c'est depuis la fuite de Fuller que je suis vraiment dedans. Tout ce passage était saisissant d'urgence et d'intensité. Et puis, quel finish à cette scène avec un démembrement gratuit, rapide et efficace. Toute la frustration de Raditz et ton style direct font ici des miracles pour rattraper un récit encore un peu bancal, ainsi que ta maîtrise de la description des scènes en point-de-vue. En effet, en t'éloignant d'une narration linéaire pour placer la focale à hauteur des personnages, l'histoire gagne énormément en intensité et on découvre finalement les protagonistes sous un jour plus heureux. Ce changement de style trouve toute sa profondeur dans les chapitres 15 et 16 où tu abuses carrément du système pour rendre cette impression d'orage qui limties la perception des combattants, et le procédé est efficace.
En plus, la délocalisation du récit lors de la séparation des saiyans et sa réorganisation en parties permettent de gagner en intensité tout en variant l'action et on commence enfin à voir des liens, des éléments d'intrigues entre les différentes scènes. Les scènes avec Radom sont bien foutues aussi. La première a lieu au bon moment, on se focalise sur un nouveau perso, la réplique finale amorce la tension, bref, ça s'active, et les suivantes maintiennent l'intrigue et le suspens sur les chances de s'en sortir des héloïtes. Puis, tout ça disparaît et on en revient à un combat 3 VS 3, quasiment à la case départ, en fait, avec l'arrivée surprise de Nim et Waals.
C'est quand même un peu dommage d'avoir passé autant de temps autour du terrible rayon qui va régler son compte aux saiyans pour l'oublier aussi soudainement. Même pas un petit passage sur la réaction du commandement au retour surprise de Nim et Waals, non, rien… Je parlais de climax mal mené, là, t'en as réussi un beau. La tension monte à chaque nouvelle intervention de Radom, on se dit que ça va péter grave, qu'au moins un, voire deux saiyans vont y passer, qu'on va profiter un max de l'héroïsme un brin caricatural de Wigmer -mais n'est-ce pas là le lot de tout militaire ?- et au final, non. Splotch.
Alors je en vais aps dire que l'intervention in extremis de Waals et Nim n'avait rien d'inspiré. Par contre, que trois chapitres plus tard, on n'ait encore aucune info sur comment on est passé du chapitre 7 à leur intervention au début du 14, c'est plus chaud.
Bref, y a de l'idée, des scènes toujours bien foutues, mais le tout manque de liant, au point qu'on se demande vraiment s'il y a un plan à long terme ou si tu es juste en train de t'éclater à écrire ce long combat, un peu à l'arrache, en fait.
Au final, je garde cette sensation d'un début vraiment laborieux et d'un combat avec des moments vraiment très forts, quelques trouvailles vraiment bien senties dans la confrontation des deux univers, mais quand même vaaaaaaaaaaaaaaaaaachement long, entrecoupé de ce moment autour du Thetor (?) qui doit faire feu mais qui s'avérera un joli pétard mouillé. On en est au chapitre 16, et pourtant, on a à peine effleuré l'intrigue générale sans vraiment voir les enjeux autres que l'issue de la bataille et la probable confrontation avec les forces de Freezer qui s'ensuivra. Tu as très clairement un sacré sens de la mise en scène, mais je me demande quand même quels éléments de cette interminable bataille vont vraiment être décisifs pour justifier qu'elle s'étale sur pas moins de 18'000 mots — et vu que je doute que tu One Shot les trois saiyans, on aura surement droit à encore 3-5 chapitres du même acabit, et là, c'est déjà devenu long.
5. En brefBon, je pense qu'à ce stade, j'en ai fait assez pour essayer de montrer ce qui me dérange dans le récit, soit l'organisation anarchique des idées. Que ce soit sous la forme d'une avalanche d'infos mal distribuées, de phrases qui font mal les liens ou à l'envers (Il y a aussi un début quelque part où des mecs lèvent les yeux après que ce qui s'y passe a été décrit) ou une gestion un peu aléatoire de la durée des actions, c'est le principal défaut, et de loin, parce que ça rend un côté artificiel qui m'empêche d'être vraiment être saisi par l'histoire. Que ce soit quand je dois relire 2-3 fois pour comprendre où le récit me mène, parce que mon esprit doit faire un effort de rétention d'infos prononcé ou parce que je vois dans le chocolat un effet de style plus qu'un élément de récit, à chaque fois, je sors gentiment du monde pour me demander comment tu écris, et c'est vraiment très dommage.
Le contre exemple parfait, c'est le chapitre 12 de Joka, pourtant moins abouti techniquement, le mec t'a quasiment annoncé quel serait le twist de son chapitre et dans le titre, et dans la première phrase, et pourtant, quand ça se produit en milieu de chapitre, ben t'étais tellement pris dans l'action que tu l'avais complètement oublié et que le machin t'explose à la figure comme une énorme surprise, parce que la fluidité des idées rejoignait celle du style.
Donc voilà. Au final, je reste persuadé que la fic se traine –et ce n'est pas dû qu'à la parution décalée, mais plutôt à la lenteur de l'action et des retournements de situation. Jusqu'ici, on a déjà eu quatre retour au statut quo (ou presque) et ça ne se justifie que par le sentiment de puissance des saiyans qui perdent petit-à-petit du terrain. Je ne doute pas que ton histoire doit encore nous révéler tout son potentiel, mais je suis assez persuadé que tu gagnerais à te focaliser sur tes idées les plus importantes et à ne conserver des autres que les plus essentielles pour faire avancer la fanfic un peu plus vite et ne pas perdre le joli second souffle qu'a apporté l'intervention de saiyans.
Tu sais faire des belles phrases, tu ne manques pas d'idées, tu sais construire des univers cohérents, maintenant il reste à trouver la bonne mayonnaise pour vraiment pondre quelque chose d'énorme, et je pense que c'est en liant les phrases aux concepts, puis les concepts entre eux de meilleure façon que réside la solution.
Bonne chance !!
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