Alors déjà, relax, descends de tes grands chevaux et arrête de sur-interpréter.
EDIT : ceci étant dit, j'ai zappé l'article, je le lirais avec attention après mon taf, merci de l'avoir posté.
"Un marteau ça peut servir à écraser le crâne d'un mec. C'est pas pour autant que le problème vient des marteaux. [...] Mais en fait elle ne justifie rien."
Je reformule : je n'ai pas dit que ça venait directement ou consciemment des sociologues eux mêmes, mais de ceux qui vont réutiliser ces études pour justifier leur point de vue. Et donc, indirectement, la sociologie peut servir à légitimer un certain discours victimaire.
"T'as du mal lui expliquer, puisque ce n'est absolument pas ce que décrit Bourdieu dans "Les Héritiers" et "Reproduction""
Je n'ai pas lu Bourdieu (sauf sans doute quelques extraits en cours mais c'est trop vieux pour que je m'en rappelle), je lui est juste schématisé le cour que je venais d'avoir, que grosso modo personne ne partait des mêmes bases et que par exemple, un fils de profs pouvait bénéficier des connaissances de ses parents (dans une matière, dans la connaissance de l'appareil administratif) etc... qu'un fils dont les parents sont aisés aura plus facilement de possibilité d'avoir des cours particuliers, du bon matos (genre ordi) pour taffer etc... qu'avoir des parents qui ont du réseau peut aider dans certains métiers (notaire, avocat, médecin etc...)... Que la familiarité avec la culture (et pas n'importe quelle culture, connaitre Chopin est plus valorisé que d'écouter Johnny) n'était pas la même pour tous. Et que du coup les élites dans un domaine avaient tendance à se reproduire.
Mais ce n'est pas ce qu'elle a comprit. Elle voulait être médecin (et elle y est parvenu) et elle a perçu la théorie de Bourdieu comme une espèce de boulet que l'on voulaitattaché à son pied, des années plus tard elle croit toujours ça. Ca démontre bien que certaines théories, même si leurs auteurs partent de bonnes intentions comme de défendre la justice sociale et de s'attaquer aux inégalités, peuvent être mal reçu par ceux-la même à qui elle s'adressent parce que ceux-ci ont l'impression (à tord ou à raison) que ces théories les enferment dans une position victimaire au lieu de les émanciper comme elles le prétendent.
En gros, elle donne raison au commentaire de Blanquer que tu as cité.
"Le risque c'est surtout que des gens caricaturent les analyses sociologiques de certains phénomènes, parce que c'est toujours plus facile de blâmer un scientifique que de remettre en cause notre modèle de société."
La caricature vient aussi de ceux qui se réclaments de ces analyses. Quand on prétend que l'Etat est raciste, que la société est islamophe et légitime le viol avec à l'appui 2 ou 3 noms de sociologues et des concepts fumeux, bah oui c'est aussi de la caricature.
"Ça tombe bien, primo, comme toutes sciences sociales, elle ne prétend pas l'être ; secundo, tant que les sciences seront le fait d'homme, alors par définition elles ne seront pas neutre."
Elle ne prétend peut être ne pas l'être mais pourtant je perçois une grande confiance en soit dans le discours de ceux qui se basent sur ces analyses. "Comme le montre les études scientifiques l'exclusion, patati patata..."
J'ai trouvé très intéressant les cours de socio quand je l'ai eu, et le fait d'être jeune et naif rend ouvert et perméable. Avec le recul, on se rend compte que la sociologie est un peu un grand magasin dans lequel chacun peut piocher pour justifier son idélogie.
Tiens de mémoire, je me rappelle de l'opposition Individualisme méthodologique vs Holisme (Durkheim et Weber je crois ? mon prof nous en a vendu du Weber!). 2 analyses opposées, suivant ce que tu veux prouver tu prend l'une ou l'autre, alors que la réalité est sans doute entre les 2.
@San999
"tout en sachant que la neutralité est un idéal envers lequel tendre mais inatteignable."
Justement, mon problème c'est que prétendre vouloir rapporter un fait de manière objectif est impossible lorsque l'on est soit même biaisé.
Je me rappelle d'un bouquin sortit après la crise de 29 analysant les conséquences négatives du chomage de masse sur la sociabilisation des travailleurs dans un village autrichien (les chomeurs de Marienthal). Avec un peu de mauvaise fois tu peux te servir de ce livre pour justifier ce que tu veux.
1 : supprimons le SMIC, rendez-vous compte ça dissuade les employeurs d'embaucher et donc ça freine la sociabilisation des travailleurs. On ne va pas les gaver d'aides sociales, c'est dévalorisant pour eux, contrairement au travail (et à la famille et la patrie au passage). Oisiveté est mère de tous les vices... (cf Groland).
2 : au contraire, venons en aide à ces pauvres hères, redonnons leur la dignité d'homme libre, les loisirs c'est cool mais ça coute cher, donc sauvons le peuple en subventionnant des assos de macramé et des spectacles d'aRRRRRtistes engAAAAAAgés qui les éduqueront. Refusons la dictature du travail dont l'origine du mot, tripalium, signifie torture comme chacun le sait.
"Elle dit que nos sociétés tendent à exclure et reléguer au second plan les personnes au capital socio-économique faible."
Bah les sociologues sont de gros "captain obvious". C'est un peu le cas depuis que le monde est monde. La richesse n'a pas toujours fait tout (c'est en partie pour quelle ait une place plus importante que l'on a eu la Révolution Française

"Et de façon générale, la sociologie ne prétend pas expliquer les cas individuels. Elle prétend apporter un certain nombre d'explication sur des phénomènes d'échelle sociale. "
Je comprends ton arguement et je suis d'accord qu'une exception ne fait pas loi.
Mais je trouve aussi ton arguement bien commode. Parce que j'ai parfois l'impression que parler de tendance générale permet de mettre sous le tapis des exceptions et donc, j'en reviens à mon message initial, à justifier une forme de victimisation et d'extrémisme : "c'est pas moi c'est la société". En gros on désincarne la réalité.
Exemple : dire que la société est encore empreinte de sexisme et de mysoginie, je suis d'accord, c'est un fait malheuresement. Pour autant, est-ce que ça justifie les discours hystériques de certains féministes qui s'en prennent à l'Académie des Césars parce qu'elle reconnait le talent de Polanski (qui reste à côté de ça un gros dégeulasse, aucun doute là dessus) ou voient du sexisme et de la culture du viol partout ?
La même chose avec les minorités. Je ne cautionne pas les termes de "racisés", "racisme systémique" ou "d'etat" ou pire "le privilege blanc", parce que ce sont des abus de langage. Maintenant quand tu parle de "tendances" racistes/xénophobes c'est vrai. Je connais des gens qui ne se soucient de laicité et de féminisme que lorsque les personnes en cause sont musulmans et/ou arabes. Pour autant, se baser sur ces tendances qui existent dans la société pour en faire des généralité et faire l'autruche lorsque des musulmans sont impliqués dans des afaires graves (agressions de la St Sylvestre 2015 en Allemagne, Affaires Mila et Hugo, Charlie Hebdo), le tout assaisonés de terme vaguement scientifique "blabla intersectionnalité blabla convergence des luttes" ne donnent pas grand crédit aux sociologues qui les pondent et à ceux qui les resservent derrière.