par Lalilalo le Ven Nov 05, 2021 13:39
Je rappelle qu'en soit, la validité de la théorie du grand remplacement n'est pas le sujet de ce topic mais je trouve qu'elle raisonne avec une idée que je souhaiterais développer et qui elle, est parfaitement en lien avec le sujet.
Afin de développer sa propagande, l'extrême-droite a constamment besoin de brouiller les pistes.
Si l'on prend la théorie du grand remplacement, on constate que stricto sensu, c'est une affirmation du remplacement du peuple blanc et de tradition catholique, qui serait le seul à pouvoir légitimement occuper la France, par une population issue d'Afrique, non-blanche, plutôt de religion musulmane, qui bénéficie d'une forte natalité, avec l'appui de nos élites. La seule solution est une déportation de ces populations non-blanches appelée pudiquement "remigration".
Si on présente clairement les choses comme ça, ça soulève quand même plein de remarques qui démontrent le côté foireux de la théorie :
- en pratique, la majorité des immigrés n'est pas originaire d'Afrique,
- quid des enfants des immigrés ? Ceux-ci seront manifestement considérés comme des non-français même s'ils acquièrent la nationalité française, ce qui est contraire à nos lois et à notre idéal républicain,
- Toujours au registre des enfants des immigrés, les descendants métisses semblent également être considérés comme noirs et/ou africains. Pourquoi ? Jusqu'à quelle génération ?
- La natalité chez les populations d'origine immigrée diminue avec le temps,
- le soutien des élites, pourquoi ? comment ?
- la déportation, n'est-ce pas un peu un truc de nazis ?
- etc.
Du coup, le concept va devenir flottant.
Tu disais par exemple, Login, que même Renaud Camus a déjà précisé qu’il ne croyait pas au complot. Je ne sais pas s'il a effectivement dit cela, mais ça ne m'étonnerait franchement pas du tout. Par contre, j'ai lu des tweets de sa part il y a quelques années (2 ou 3 ans) où il faisait état de ce complot. J'ai essayé de les retrouver mais son compte twitter a été banni il y a quelques jours. Ce que je crois, c'est que selon les circonstances ou ses interlocuteurs, il va modifier sensiblement son discours pour faire passer son thème de prédilection.
Et on constate donc qu'on ne sait même plus de quoi on parle.
Pour Xehanort ce sont des immigrants musulmans qui deviennent majoritaires dans certains quartiers et empêchent les lois françaises d'y être appliquées.
Pour Login, ça semble être un problème de différences culturelles difficilement conciliables si j'ai bien compris.
Pour d'autres, ça sera encore autre chose.
Peu importe, on acclimate les esprits à ce concept fourre-tout et si un jour l'extrême-droite arrive au pouvoir, elle aura alors tout loisirs d'expliquer ce qu'est le grand remplacement et comment il convient de s'y opposer.
En attendant, la critique de cette théorie est décrédibilisée parce que ses opposants ne savent pas par quel côté la prendre.
- Je dis que c'est une théorie complotiste ? Mais non, regarde, même Renaud Camus a dit qu'il n'y avait pas de complot.
- Je dis que c'est une théorie raciste ? Mais non, rien à voir avec la race, c'est culturel, les musulmans ne peuvent pas correctement s'intégrer.
- Je discute les chiffres de l'immigration? Ouais ben en attendant, Macron soutient le pacte de Marrakech qui vise à construire une planète « sans frontières », c'est donc bien la preuve qu'il y a un complot.
Ainsi, avoir un concept flou n'a que des avantages pour faire passer des idées qu'on ne pourrait pas valablement soutenir en avançant à visage découvert.
J'en viens donc au sujet des SJW.
Depuis maintenant quelques années, on a les concepts de bien-pensant, camp du bien, SJW, woke, etc. Tous les six mois, un nouveau mot pour qualifier un concept unique mais mal défini. L'extrême-droite n'est, là encore, jamais loin. L'idée est de désigner et ridiculiser ses ennemis politiques (anti-racistes, féministes, etc.).
Ce concept, personne ne sait vraiment ce qu'il recouvre (cf. les premières pages de ce sujet). La définition est flottante, variable, parfois même contradictoire ("les SJW sont très faibles politiquement mais toutes les universités sont à leur botte". "Ils ne représentent rien électoralement, ce ne sont que quelques illuminés sur twitter, mais en même temps, de très sérieux candidats à la présidentielle sont des wokes", etc).
Là encore, cette grande confusion permet de faire avancer, de manière cachée, certains thèmes de l'ED sans qu'on puisse véritablement y apporter une critique sérieuse car quand une contestation née, on peut dérouter la critique vers un autre aspect de ce concept flottant.
En attendant, tout le monde y va de sa petite pique sur les SJW et, par extension, sur toutes les nouvelles façons d'appréhender ou de formuler une plus grande demande de justice sociale.
C'est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu'on réalise qu'on ne peut pas régler tous les problèmes par la violence.