Malgré mon inactivité ces derniers temps, je suis pas mort

Chapitre 16 : J'en peux plus ! Une troublante séparation (Partie 2)
Une fois de plus, l’air ahuri de Boo prouvait qu’il était perdu. Cet ignorance allait peut être causer sa perte. Pas sa mort, mais son enfermement tant souhaité par le sorcier. Celui-ci ne ressentait pas la moindre sensation d’immobilité, car il ne forçait pas. Le cas échéant, il serait pris d’une sorte d’étreinte magique.
- Je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme, alors laisse toi faire Majin Boo ! Ta nouvelle demeure est prête à t’accueillir.
- Mais de quoi il parle ? Demanda Boo en parlant dans le vide.
- Surtout, n’en rajoute pas, pensa Bibidi. Il fallait convaincre son propre esprit de ne pas tomber dans la provocation. Boo devait rester dans l’ignorance qui le caractérisait tant.
Il pressa sur un bouton de sa télécommande pleine de mystère, et le processus tant attendu démarra. Plusieurs orifices situés sur le socle du cocon rose s’activèrent, et une puissante aspiration se propagea à travers la pièce.
Le Madôshi continuait à maintenir Boo. Ses mains étaient tendues, et la fatigue se faisait ressentir. Pendant ce temps, les pressions d’air se rassemblèrent autour du gros Boo, balayant au passage des objets posés aux alentours. Ce vent artificiel s’empressa de tirer sur la peau molle du bonhomme, et des petits morceaux roses se détachèrent pour être engloutis directement par les ouvertures du socle.
- Ca marche ! Cria Bibidi, alors que Boo ne réagissait pas encore de manière significative.
Cependant, un autre élément de la pièce ne paraissait presque pas affecté. Il s’agissait de la fameuse entité trempant désormais dans une substance violacée, et toujours phosphorescente. La chose avait grandie en l’espace de quelques jours, et ce qu’on pouvait décrire comme un embryon s’apparente davantage à une larve. Sa peau était verdâtre et très fine, et de minuscules orbites tentaient de se faire une place devant le crâne disproportionnée de la bête. De courtes mandibules bougeaient à peine. Il est clair que cet être bel et bien vivant allait continuer à se développer, sous haute surveillance de son créateur... voire géniteur.
- Concentre-toi, concentre-toi, se répétait sans cesse Kaioshin.
Un battement, très faible, mais néanmoins présent. Il avait détecté quelque chose d’intéressant cette fois-ci, contrairement aux jours précédants. Deux forces qui lui rappelaient de terribles souvenirs.
- Les énergies sont éloignées, mais j’en suis sûr. Ce sont eux ! Je dois les retrouver à tout prix !
Le dieu ne savait pas comment s’y prendre. Il perdrait trop de temps et de vitalité à sillonner l’univers afin de traquer des cibles dont il ne pourra pas forcément se débarrasser.
- Le Dai Kaioshin m’avait emmené sur cette petite planète sous le Kaioshinkai. Je m’en rappelle assez bien. Ca ne coûte rien d’y aller, et avec un peu de chance, je trouverai quelque chose d’utile.
A son arrivée aux portes de ce village unique en son genre, un gardien lui fit face. L’homme plutôt bien bâti se montrait assez ferme dans son regard, puis changea immédiatement d’expression après avoir compris en face de qui il se trouvait.
- Oh ! Higashi No Kaioshin ! Je ne vous avais pas reconnu... voila tellement longtemps que nous n’avons plus eu de visite de la part d’un Kaioshin. Désolé de mon impertinence.
- Ce n’est rien, répondit timidement Kaioshin.
En ouvrant le grand portail qui le surplombait, le gardien lui demanda : - Mais au fait, vous venez seul cette fois-ci ?
Le jeune Kaioshin lutta pour garder son calme, malgré la gaffe involontaire de l’individu.
- Oui. Et je suis justement venu pour vous expliquer cela. C’est très important. Tous le monde doit l’entendre.
Dans l’incompréhension totale, l’homme se contenta d’acquiescer.
Le moment fatidique était enfin arrivé. Bibidi était sur le point de prononcer les mots qui tuent... enfin presque ! Ils n’allaient pas tuer Boo, loin de là. S’en suit un enchainement de phrases incompréhensibles pour le commun des mortels, mais dont la consonance mettait mal en point le Majin. Celui-ci commençait à grogner :
- J’ai mal. Pourquoi j’ai mal ?! Insista t-il.
A un tel rythme, le vaisseau pourrait céder sous la puissance dégagée par cette magie intense. Les parois tremblaient de toutes parts, mais au pire, Bibidi se disait qu’il pourrait finir ses jours sur cette modeste planète déserte. Avec ou sans Majin Boo, il acceptait de plus en plus le fait que ses jours étaient comptés. Cependant, les choses n’étaient pas idéales pour lui. En effet, sa créature opposait une résistance croissante, sans nul doute provoquée par la douleur qu’il ressentait.
A peine arrivé dans ce grandiose sanctuaire, Kaioshin se fit interpeller par des jeunes individus, physiquement semblables à lui. On ignorait encore s’ils avaient un véritable point commun avec le dieu, toujours est t-il que leur ressemblance laissait supposer une origine ou une race commune avec les divinités déchues de l’univers. Kaioshin les salua, puis poursuivit son chemin. Il demanda aux gens des alentours de le suivre sur la place principale, décorée de belles statues blanches représentants ses compagnons, à savoir le Kaioshin affecté à chaque point cardinal de l’univers, ainsi que le Dai Kaioshin. Il fut étonné de voir que son propre corps était érigé également sous forme de statut. Il est vrai que lors de sa dernière visite, il n’était pas encore assigné à un rang divin.
- Merci à tous de votre accueil, habitants de la cité des élus ! Dit-il sous l’acclamation de certains fidèles.
Il entama un discours :
- Comme vous le savez, le destin a voulu que vous repreniez le flambeau de la souveraineté de l’univers, et ce, si il arrivait quelque chose à la hiérarchie supérieure. Autrement dit, vous devrez un jour ou un autre assurer la protection de l’univers, car les dieux ne sont pas immortels. Le lieu ou vous résidez actuellement est prévu pour vous isoler des menaces extérieures. En effet, cette cité interdit tout type d’intrusion. Moi-même je l’ignore, mais il semblerait que nos origines soient similaires. Nous sommes peut être tous issus d’un créateur unique, peut être le fondateur même de cet univers. En tout cas, ce n’est pas l’objet de ma venue aujourd’hui.
Le regard de la population s’assombrissait, ce qui dénotait qu’ils avaient un mauvais pressentiment. De la même façon, le regard du Kaioshin s’obscurcit, et marqua un temps d’arrêt avant de reprendre la parole.
A des millions de kilomètres, notre Madôshi continuait à lutter face à sa bête obstinée. On sentait l’affrontement atteindre sa fin, car les protagonistes se fatiguaient rapidement. Il est clair que l’un d’eux allait lâcher et stopper ce bras de fer. D’un cri strident, Majin Boo généra une puissante impulsion, faisant trembler encore plus le vaisseau bientôt en miettes. Un geste spontané, néanmoins pas sans conséquence. Bibidi eut le souffle coupé. Il n’arrivait même plus à prononcer un seul mot de sa formule magique.
Cependant, un coup de pouce inopiné se manifesta à ce moment...