Il y a plusieurs castes de Trekkies, mieux vaut prendre conseil auprès de plusieurs d'entre elles. Je suis considéré par la branche dure comme "impur", ayant pris du plaisir à regarder TNG, DS9, Voyager et Enterprise.

Toutes ces séries prennent place dans un contexte ébauché dans TOS (The Original Series avec Shatner) par Gene Roddenberry, ce contexte ayant été heureusement redéfini à partir de TNG (The Next Generation) : un univers futur dans lequel l'être humain a réglé tous ses problèmes majeurs (argent, frontières) grâce à l'arrivée d'extraterrestres, et peut enfin commencer à explorer l'espaaaace.
The Original Series
1966 - 1969.
Kitsch à souhait, toute personne n'ayant pas grandi avec trouvera forcément les décors, couleurs, FX et acteurs totalement ridicules, ringards voire grotesques. Ceux dont le Cpt. Kirk a été le héros sont forcément plus tolérants. Une histoire de goûts donc, il est conseillé de ne pas commencer par TOS, malgré une grosse poignée d'excellents épisodes qui seront bien mieux appréciés après les quelques séries plus récentes (en affirmant ça je suis bon pour un bizutage de la branche dure sus-citée, du genre traverser une convention Star Wars déguisé en Vulcain).
TOS a été la première série à employer des "acteurs de couleur(s)" et un "communiste" dans des rôles d'importance (Uhura, Sulu, Chekov entre beaucoup d'autres) et même à filmer un baiser entre un blanc et une noire, du jamais vu à la tévé à l'époque…
Je ne peux m'empêcher de rappeler que le capitaine Kirk a trouvé le rôle de sa carrière à 75 ans, dans la surexcellente série "Boston Legal". On y trouve pléthore de références ST, un ravissement pour Trekkie.
The Next Generation
1987 - 1994.
La marine britannique (en remplaçant colonisation par exploration) dans l'espace… L'univers de Roddenberry à son paroxysme, les scénarii ne parlent que de partage, de tolérance, de compréhension (l'épisode "Darmok" est encore montré aux enfants aux US pour démontrer l'importance du langage), de découverte.
Comme il l'a déjà parfois fait dans TOS, Roddenberry transfère dans TNG les bassesses humaines vers des types bleus en provenance de Trifouille-moi-le-centaure 341 (entre autres), et s'assure ainsi d'un effet Jean de La Fontaine qui lui permet de régler des (ses?) comptes avec tout ce qui lui parait néfaste.
La première saison d'un avis général est la moins intéressante (une des actrices est même désopilante à force de surjeu, elle ne sera pas recastée sur la saison 2) , il faut donc tenir jusqu'à la seconde saison pour commencer à apprécier les finesses et le coté soft, enveloppant des "contes" narrés. Contes qui jamais ne tombent dans la sensiblerie ou la vulgarité, c'est à souligner.
Bien entendu, on ne se met pas à TNG pour se prendre des FX de concours dans la face (4:3, 1987 > 1994).
Les acteurs. Picard est un habitué des planches, mais son premier officier passe de jeune premier à gros quick éthylique en 2 saisons et gère très très mal la transition, c'en est amusant. Data, l'androïde de service, sauve un grand nombre d'épisodes par son jeu unique et sa nature Pinocchiesque. Le reste du casting est à l'avenant, tantôt pertinent (Worf, Q), tantôt moyen (Riker, LaForge), tantôt pénible (Troi, Beverly & Wesley Crusher - que l'on peut apercevoir dans The Big Bang Theory).
Deep Space 9
1993 - 1999.
La foire du Trône dans l'espace. Une série très déséquilibrée, cette fois ci on reste sur place dans une énorme station avec quelques arcs en extérieur. Les religions prennent plus de place voire passent au premier plan (et en prennent pour leurs comptes - Roddenberry oblige), plus de races, de lieux, de personnages.
Les détracteurs de DS9 sont à comparer à ceux de Star Wars 6 & 1 : trop d'Ewoks, trop de Jar-Jar, et ici le souci vient des Ferengi, une race de ridicules petits escrocs dont la seule motivation est le profit. Ils sont apparus dans TNG mais y étaient nettement moins présents. Roddenberry, à son habitude, leur fait endosser toute l'avarice et l'envie possibles (les Ferengi ont un credo appelé "code d'acquisition" comprenant quelques centaines de règles toutes abjectes), mais même si le créateur de ST a soulagé son exorcisme vénal, l'aspect comédie burlesque de cette race lasse vite. Réintroduction dans la série du concept de monnaie, du coup.
On est bien dans l'univers planté depuis TNG, avec pour nouveauté les nazis (Cardassiens) et la Shoah (Bajorans), les acteurs sont globalement de plus haut niveau que pour la série précédente, ce qui ne la rend pas "meilleure" pour autant, la vérité est ailleurs! Série agréable cependant, en dehors des épisodes spécifiquement ferengi, et il y en a plusieurs. Les effets spéciaux commencent à avoir un peu de gueule.
La dernière saison de DS9 est une sorte de naufrage scénaristique absolu, vous voilà prévenus.
Voyager
1995 - 2001
Grosses échauffourées entre trekkies avec cette série. Je me limiterai donc à mon seul avis : c'est une bonne cuvée ST, renouant avec les concepts de base et déplaçant l'action dans un autre quadrant, ou la main de l'homme n'avait jamais posé l'Enterprise (qu'il n'y posera d'ailleurs pas, le vaisseau partageant son nom avec le titre de la série).
On retourne dans l'exploration, et à partir de la quatrième saison arrive un personnage majeur : 7 of 9. Typiquement Roddenberriesque, on place le pire ennemi de toute race au beau milieu d'entre elles et on observe l'adaptation. Retour du Vulcain avec Tuvok (plus d'oreilles pointues en premier rôle depuis Spock), nouvelles races, nouveaux enjeux dont le plus important : rentrer sur Terre. Bon équilibre général au travers des 7 saisons, bons acteurs - le toubib holographique (belle trouvaille), B'Elanna Torres (la mi-humaine mi-klingon et ses problèmes de gestion de la colère), le garagiste texan rebelle, l'indien d'Amérique, c'est Village People !!!
La force de cette série est sa continuité : c'est un grand arc tendu sur 7X26 épisodes, ou l'on trouve peu d'épisodes dits de "remplissage".
Enterprise
2001 - 2005
Superbe début. Rapide dégringolade, encore plus rapidement sanctionnée par la nouveauté du XXIè siècle : les ratings. Finies les gerbes d'épisodes en toute impunité sur sept ans, bonjour Poole Employ from L.A..

Effets spéciaux enfin dignes de ce nom (presque), modernisation des caractères, fesses - introduites avec 7 of 9 dans Voyager, mais là… Prononcez le nom "T'Pol" devant n'importe quel nerd et admirez le regard visqueux qui s'ensuit ! On peut aussi parler de la chanson du générique qui ferait vite passer The Final Countdown du groupe Europe pour de l'avant-garde extrémiste.
Malgré tout pas mal de jubilation. Enterprise narre les premières sorties, avant l'époque de TOS, des humains dans la galaxie. Rien ne fonctionne correctement, les téléporteurs sont à éviter si l'on veut arriver sous la même forme qu'au départ, et le merdier - l'action, pardon, commence assez promptement et est menée sans coup férir jusqu'en fin de saison 3, après quoi tout se barre en brioche. La dernière saison ne manque pas d'épisodes intéressants, notamment un retour vers TOS étonnant et quelques hommages aux épisodes classiques de très bon aloi, mais voilà : zzz. Même les acteurs donnent l'impression d'avoir déjà rempli leurs demandes de chômedu, bref, suivant.
Il y a depuis 1966 toujours un projet Star Trek en cours à Hollywood, à souligner aussi.
Films.
Les films ST oscillent entre gentils navets et erreurs pompeuses. Il y en a 11, et au risque de faire perdre leurs nerfs aux puristes : seul le dernier ressemble à quelque chose. Certes c'est un reboot avec un argument classique (univers parallèle = on y retourne et on fait ce qu'on veut), mais au moins on n'a pas envie de sortir après les 15 premières minutes comme ce fut souvent le cas.
Cependant…
On appréciera les films selon les séries préférées. Un accro de TNG adorera First Contact, et s'il est réellement TNG addict même Insurrection ou Nemesis le transporteront de joie. Un inconditionnel de TOS aura une mini érection devant Wrath of Khan, mais pleurera de dépit devant tous les films impairs :
1 - Star Trek The Movie. Une tentative de réponse à Star Wars par la Paramount, complètement foireuse, bravo à qui tient jusqu'au générique final. Certaines scènes vous font passer devant des décors au ralenti pendant une dizaine de minutes! J'ai toujours eu du mal à croire que Robert Wise avait réalisé ce film. Le postulat était pourtant bon, mais pas de spoilers! A voir tout de même après TOS.
3 - The Search for Spock. Un coup à ne plus jamais regarder aucun Star Trek! Beaucoup d'incongruités, notamment dans la continuité des films et séries.
5 - The Final Frontier. Rien que pour la fin la plus improbable jamais osée dans un ST.
7 - Generations… Celui là a le mérite de rassembler tous les trekkies : il aurait pu être écrit par un enfant de 6 ans à partir d'un cahier des charges simplissime : opérer une transition rétrospective entre TOS et TNG et enterrer Kirk. Ca n'a pas bien fonctionné, à tel point que Generations est devenu chez les inconditionnels un mot définissant ce qui ne vaut rien.
Dans quel ordre regarder tout ça?…
Ayant découvert TOS très jeune, je risque de ne pas être très objectif… Aujourd'hui, commencer par TNG puis les autres séries dans l'ordre de production pour revenir sur TOS me semble de bon aloi. Eviter tout film TNG sans avoir vu la série, idem pour TOS.