Parce qu'il faut parler de sa life comme il se doit ici.
Voilà, bonsoir amis terriens. Pour une fois, j'ai eu le mal de pays aujourd'hui, pourtant je ne me suis éloigné que d'environ 120 kilomètres de chez moi.
La journée a commencé par la sonnerie de mon téléphone portable à 6 heures du matin, je me jette dessus à moitié endormi-moitié étonné en me demandant qui pourrait me téléphoner à une heure pareille, non j'avais en fait deviné qu'il n' y avait personne au monde capable de me téléphoner à 6 heures que mémé (grand-mère pour les intimes) qui m'invita (inviter=ordre) à venir chez elle, en rase campagne pour l'aider à planter quelques arbres dans son vaste jardin, aller acheter deux kilos de sardines au cas où mon oncle penserait à venir, acheter un produit corrosif pour faire briller le sol, appeler un plombier car sa plomberie disjoncte, payer sa facture d'électricité, écraser des scorpions, l'appel s'arrêta là et comme je savais que la liste de mémé restera toujours incomplète, j'ai pris un bloc-note, un stylo que j'ai caché dans mon pantalon, j'ai jeté un œuf dans de l'huile bouillante que j'ai avalé avec du cumin et du pain-caoutchouc datant de l'avant-veille avant que je ne mettais à la hâte mon nouveau T-shirt tagué et claquais la porte derrière moi à 7 heures 5 du matin, l'heure à laquelle mon voisin ouvrit sa porte et ne m'adressa pas le bonjour, me demandant de claquer ma porte doucement car monsieur fut dérangé, je sors de l'immeuble après avoir trébuché dans les escaliers et heureusement qu'il existait une rampe dans ce trou à rats à laquelle je me suis accroché pour éviter une terrible chute matinale, toujours aucun concierge dans l'immeuble, mais ce n'était pas ma priorité ce matin en décidant de prendre le bus, le bus tunisien n'est pas n'importe quel bus avec sa couleur jaune dissimulée sous une large couche de poussière et de boue séchée sous le soleil de plomb quotidien, avec les charmants visages curieux qui se collent aux vitres pour me scanner de la tête au pied, il y'avait une femme enceinte parlant très fort au conducteur du bus, un hommes de 50 balais bavardait gaiement avec son ami moustachu, cheveux blanchis par le temps, parlant sans doute d'une machine à remonter le temps pour gambader dans les prés comme auparavant, une jeune fille aux mèches blondes sirotait coquinement un jus de fruit alors que le regard salace de son petit-ami se posait sur son énorme poitrine qui sursautait à chaque ri, une femme obèse portait une robe orange et avait une fleur orange en plastique dans les cheveux, son visage joufflu laissait paraître des grosses gouttes de sueur qui gâchaient son maquillage et tombaient sur le front de son bébé hurlant, portant un bonnet orange et étouffé dans une couverture orange, alors qu'un jeunot d'environ 15 ans demandait une cigarette à son pote qui venait de souffler d'un trait tout ce qu'il avait fumé dans mon visage quand soudain, en essayant de m'éloigner des cris et des fumées, j'ai rencontré une très belle fille qui m'a souri, je lui ai souri et on s'est échangé nos numéros de portable au moment où un septuagénaire venait de vomir ses tripes sur le sol du bus, arrivant à destination numéro 1, j'ai dû prendre le métro enfin un taxi, pour arriver à la destination finale loin des habitations et des routes, et j'ai fini le reste du chemin (5 kilomètres) à pieds car mémé habitait dans un endroit extrêmement reculé loin de Nabeul, au fin fond du Cap Bon, je n'ai pas oublié de passer au poissonnier pour acheter les deux kilos de sardines pour mémé qui m'a accueilli avec "vide ces poubelles" au lieu d'un bonjour, tout en s'exclamant en me disant qu'elle ne se rappelait point m'avoir demandé d'acheter de la sardine, et qu'au petit matin elle avait téléphoné au boucher lui demandant de se déplacer pour égorger un de ses moutons car toute la famille allait venir: oncles, tantes, cousins, cousines et que le repas du jour sera du couscous, grand-mère continua de parler toute seule pendant que je me dépêchais d'aller lui payer sa facture d'électricité, d'appeler le plombier, mais elle me reprocha le fait que j'ai oublié d'acheter un acide corrosif pour son sol, cependant elle trouva une bouteille de javel et me demanda de l'ouvrir alors que je lui demandais quand s'occuper des arbres, dans un moment d'inattention (et de grande fatigue car je n'avais eu aucun répit) le contenu de la bouteille se déversa sur ma main gauche, mon T-shirt, mon pantalon et ma chaussure gauche ce qui me causa un mal de peau intense dans une main qui s'embrasait, mon T-shirt et mon pantalon eurent des gros cercles blancs alors que mémé continua à me sermonnait, alors le temps que je me lavais les mains mes quatre oncles entrèrent accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants, mes trois tantes entrèrent avec leurs enfants, déclarant que leurs maris allaient venir et commencèrent à bavarder, l'un des oncles me tapa sur l'épaule, l'autre a failli m'arracher la tête en me donnant une claque de bienvenue sur la nuque alors que les deux autres me serrèrent la main (droite bien sûr car la gauche brûlait), la tribu toute excitée déclara qu'elle veut aller au champs de grand-mère, un grand champs parsemé d'oliviers qui était situé à 7 kilomètres de la maison de mémé, inutile de discuter avec eux car ils prennent et appliquent sur-le-champs leur décision, grand-mère était contente en me disant "tu vas t'amuser en arrachant la mauvaise herbe avec tes cousins" parce qu'elle boira du thé avec mes oncles et mes tantes, en nous regardant sous les oliviers entrain d'arracher avec un piolet ou à mains nues les mauvaises herbes, on était en nage sous un soleil de 40° et il fallait une heure pour qu'on vienne enfin nous aider, mais le travail était presque achevé alors qu'ils rigolaient et nous narguaient, plus tard on rentra et j'ai demandé à mémé où étaient les scorpions à chasser, mais elle éclata de rire en me disant qu'elle les avait écrasé avec sa canne pour me demander de planter quelques arbres dans son jardin alors que mes cousins ricanaient en se rafraîchissant dans le grand bassin qui était autrefois consacré aux chevaux et aux ânes, c'est devant la maison et au milieu des poules qui caquetaient, dérangées, que j'ai planté trois arbres et mémé me remercia en me servant une grande assiette de couscous, ornée d'un morceau de viande de mouton cuit, couché sous des patates, de petits pois, de l'ail, des tranches de tomate, une grosse tranche de citrouille, un poivron ainsi que toutes sortes de légumes ornés par la sublime poussière noire du poivre, c'est en déjeunant que tout le monde y compris mémé se rappela de me demander comment j'allais et comment allait le reste de la famille, "bien" j'avais répondu ainsi même si ma main gauche me dérangeait toujours et un oncle malicieux le remarqua alors il me serra la main gauche au lieu de la droite tendue lorsque je les saluais pour rentrer chez moi.