Re.
Bon d'abord, je tiens à te présenter mes excuses, Francky. Rien saurait justifier le ton que j'ai employé à ton égard et je te remercie d'avoir gardé la tête froide.
C'est vrai, tu n'as pas vanté que le modèle européen. Le fait est qu'il fait désormais partie intégrante de votre système politique et qu'il est très loin d'être démocratique.
Le système de suffrage universel indirect peut fonctionner; on l'utilise d'ailleurs chez nous. Néanmoins, il pose par essence un gros problème en ce qui concerne la séparation des pouvoirs. Si un tel système est mis en place, il est alors nécessaire de contrebalancer le pouvoir des parlementaires au moyen d'instruments démocratiques du types de ceux que j'évoquais, notamment le referendum (mais le vrai, pas la parodie que vous avez en France).
Chez nous, ça ne fonctionne pas trop mal, dans la mesure où les partis s'entendent pour former des coalitions gouvernementales en proportion de leur représentation au parlement.
Le souci, c'est que si ça marche chez nous, c'est parce que le pouvoir du parlement est fortement limité par le recours au referendum, qui n'existe pas au niveau européen. De plus, les membres de l'exécutifs doivent être choisis parmi les parlementaires, pour une question de légitimité électorale, et donc démocratique. Si tu élis qqun au parlement, tu pars du principe qu'il peut aussi gouverner. et en pratique, on en passe pas au gouvernement avant 3-4 mandat, au minimum.
Ça semble logique.
Et pourtant, l'Europe ne fonctionne pas comme ça. Il n'y aucune légitimité électorale chez les gouvernants. Et c'est scandaleux. Pire: les mecs qui sont nommés sont parfois, comme dans le cas de Baroso, des mecs qui ont pris une tôle monumentale aux élections dans leur pays.
Bref, on ne peut pas se contenter d'estimer que le suffrage indirect est une garantie suffisante de l'exercice démocratique. Par essence, il nécessite des garde-fous qui n'existent tout simplement pas dans l'Union Européenne.
Concernant l'oligarchie européenne (car c'est le cas dans presque tout le monde occidental), ma réponse est complexe:
D'abord il faut savoir que ton objectif de compte équilibré est impossible à atteindre. C'est mathématique. Le budget de l'état ne ressemble en rien à celui d'un ménage. La dette est systémique.
En gros, 90% de l'argent en circulation est issu du crédit.
Comme on peut le constater dans ce lien
https://www.banque-france.fr/economie-et-statistiques/stats-info/detail/evolutions-monetaires-france.html,
la masse monétaire qui constitue l'économie française est d'environ 625 milliards d'euros (les "actifs circulants").
Sur cette somme, la totalité des pièces et des billet représente environ 60 milliards. le reste, soit les 540 milliards, sont issus de la création monétaire par le crédit. Cela signifie un manque à gagner d'environ 17 milliards chaque année pour l'économie française au profit des banques privées, par rapport à la situation d'avant Pompidou. Mais je m'égare.
En pratique, ce que ça signifie, c'est que l'état a abandonné aux banques privées la capacité régalienne de créer la monnaie.
On s'aperçoit immédiatement qu'il y a un bug, puisque la masse monétaire est censée être déterminée dans l'intérêt global de l'économie, et non pas pour des intérêts privés. Si tu penses que la Banque centrale régule le tout avec le système des réserves fractionnaires, tu te mets le doigt dans l'œil. La pratique montre qu'il n'existe plus aucun rapport entre la masse monétaire centrale et la masse monétaire totale. C'est affolant.
En pratique, ce qu'on observe, c'est que si les états, les ménages et les entreprises cessent d'emprunter, l'économie s'effondre. L'endettement est donc nécessaire. C'est ce qui rend absurde les mesures d'austérité.
Globalement, ce choix politique revient à confier aux banques privées la tâche de distribuer la masse monétaire entre les ménages, les entreprises et l'état.
Seulement voilà: en réalité, les banques rechignent à prêter aux ménages et aux PME, car ça ne rapporte pas assez et que le risque est trop important. Du coup, elles investissent dans les obligations étatiques, la spéculation financière (qui est absurde en soi, mais je vais essayer de ne pas trop digresser) et dans les grandes entreprises.
Comme ces mêmes banques financent les campagnes électorales et possèdent généralement une large part des médias, les législations à leur encontre n'ont fait que s'assouplir alors qu'elles auraient dû être renforcées. Le résultat, c'est qu'on ne prête plus qu'aux riches et aux états, qui profitent de l'occasion pour s'enrichir un peu plus au détriment de la classe moyenne qui s'appauvrit sans cesse.
Les mannes reçues vont ainsi être consacrées à l'intensification du lobbying parlementaire et politique, accentuant encore plus le clivage et concentrant le pouvoir aux mains des plus riches. C'est ce qu'on appelle une oligarchie.
On pourrait parler de démocratie s'il existait un instrument politique permettant à la population d'éviter cela et de modifier le système.
Mais en France, il n'y en a pas.
Enfin, parlons de l'indépendance de la BCE.
Ça semblait une bonne idée, car on avait peur que les politiques ne créent une inflation artificielle à des fins électorale. Il y a donc eu privatisation, aux Etats-Unis d'abord, en 1913, puis en France en 1973.
On voit à quel point ça a bien empêché l'inflation:

Elle n'a jamais été pire que dans les années qui ont suivi le changement. Bref, c'était une fausse bonne idée. En gros, sans ce changement, vous pourriez diviser votre dette par 10.
Accessoirement, le mec qui dirige la BCE est
Mario Draghi. C'est un ancien de Goldman Sachs.
Pour mémoire, le mec est un des principaux responsables de la crise grecque, qui a tellement rapporté à ses anciens employeurs. Mais je te laisse juger sur pièce de la confiance que m'inspire le bonhomme, je pense que l'article de Wikipedia est suffisamment parlant.
Et oui, car le directoire de la BCE est désigné par les chefs d'États qui nous représentent, comme les gouverneurs des banques centrales...
Oui, c'est bien ça.
Seulement, c 'est ces mêmes mecs qui financent les campagnes électorales de ceux qui les élisent.
Pas besoin d'aller chercher très loin pour comprendre le problème.
Bon sinon, Niic, j'espère que tes arguments sur l'oligarchie qui dirige la France ne se résume pas à un dessin comme celui que tu avais fait avec des flèches, hein
Je le trouvais simpliste mais parlant mon dessin. À ton avis il manque quoi comme flèches?