L'Ogre

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar niicfromlozane le Mar Mars 10, 2015 0:41

Ben…

…Oui. J'avoue volontiers.
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Batroux le Mar Mars 10, 2015 8:40

niicfromlozane a écrit:Ben…

…Oui. J'avoue volontiers.


Spoiler
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Cet enchaînement que je te mets dans la face, Inikisha ! Tu mérites, franchement.


ButterflyAway a écrit:Oulalalalah ! Quelle impatience !


<3
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar biskus le Mer Mars 11, 2015 0:31

Bon j'ai tout lu et je dois dire que je suis agréablement surpris par le mélange polar /dbz. Surtout comment a ete amener a rendre des "dieux" en simple humain.

Je vois que sa fait un moment depuis le dernier chapitre , j'espère juste que cela ne va pas s'arrêter en si bon chemin.

Un nouveau fan 😉
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Mer Mars 11, 2015 13:47

Non j'ai bien l'intention de finir cette histoire, bientôt j'espère. Bienvenue parmi nous :)
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Pan le Mer Mars 11, 2015 19:56

Moi aussi j'ai tout lu et j'espère lire la suite prochainement, bon courage. ^^
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Jeu Mars 12, 2015 2:12

Merci à toi. :) La suite arrive incessamment sous peu, c'est-à-dire au plus tôt ce week-end, au plus tard l'année prochaine. Mais genre vraiment au plus tard quoi.
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar omurah le Jeu Mars 12, 2015 3:14

Question :
As-tu l'intention de te lancer un jour dans l'écriture d'une autre fic après celle-ci ?
Contrairement à tes lecteurs de la première heure, j'ai eu le plaisir de pouvoir tout lire d'une traite et j'ai été soufflé de bout en bout.
Et je ne trouve absolument pas que la seconde partie soit plus faible que la première. Franchement... le chapitre 5 quoi... enough said. Et que dire du dernier chapitre. Mais non, vraiment, ils sont tous excellents.
Le principal défaut cela dit à mon sens, mais ça c'est quelque chose que je remarque souvent chez les bons écrivains, l'enrobage prend trop de place. L'avantage des auteurs moins adroits avec la langue, c'est qu'ils n'ont pas trop le choix et sont bien contraints d'aller au but en ligne droite.
Je ferai un commentaire plus construit plus tard.
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Ven Mars 13, 2015 17:53

omurah a écrit:As-tu l'intention de te lancer un jour dans l'écriture d'une autre fic après celle-ci ?

Je ne pense pas. Je continuerai à écrire mais ce sera sur des univers à moi, avec des personnages à moi. J'ai déjà pas mal d'idées mais je ne m'autorise pas à travailler dessus tant que je n'aurai pas fini l'Ogre.

omurah a écrit:Le principal défaut cela dit à mon sens, mais ça c'est quelque chose que je remarque souvent chez les bons écrivains, l'enrobage prend trop de place. L'avantage des auteurs moins adroits avec la langue, c'est qu'ils n'ont pas trop le choix et sont bien contraints d'aller au but en ligne droite.

Ça ne me surprend qu'à moitié car si j'ai tendance à prêcher un style simple et efficace, il m'est arrivé plusieurs fois de réaliser que je n'avais pas grand-chose à dire finalement et d'essayer d'enrober, comme tu dis. Surtout dans la deuxième partie. ;)

En tous cas, ton commentaire me fait plaisir. J'espère que la fin te plaira autant que le reste !

Edit: ces derniers jours j'ai commencé à travailler sur l'écriture de la troisième partie, ce qui implique qu'il y a eu suffisamment de travail préparatoire en amont pour que je me lance dans la rédaction. Du coup, je pense pouvoir dire sans trop me tromper que la publication de la troisième partie commencera d'ici quelques semaines.
Ce qui va se passer d'ici-là, c'est que je vais publier ici les chapitres qui n'ont été publiés que sur fanfic-fr (oui j'ai arrêté de bouder), au rythme d'un chapitre par semaine. À la suite de ça, je publierai le premier chapitre de la troisième partie qui devrait être prêt d'ici-là, c'est-à-dire le 13 avril. :)
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Re: La trilogie de l'Ogre

Messagepar Batroux le Ven Mars 13, 2015 20:05

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Re: L'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Dim Mars 15, 2015 18:34

Spoiler
Comme prévu, je publie les chapitres manquants. Ce soir le chapitre 10, la semaine prochaine le chapitre 11.
Je réfléchis à une mise en page qui soit un peu plus lisible, là ça fait gros pâtés.


II

Chapitre 10

Retrouvailles


*


Gohan se déchaînait sur les bandits et il apercevait Videl, à ses côtés, le visage tendu par la rage. Même à mains nues, ils n'avaient aucun mal à envoyer leurs adversaires au tapis mais ils étaient bien les seuls. Beaucoup des villageois avaient dû se replier et fuir, craignant de subir le même sort que leurs compagnons étendus au sol. Les plus acharnés restaient au combat mais Gohan savait bien qu'ils ne résisteraient pas longtemps ; et ils ne pourraient pas repousser toute la bande à eux deux seulement. Du coin de l'oeil, il pouvait voir Norohov observer la bataille, les bras croisés sur sa poitrine, entouré par ses tireurs.
Les têtes se tournèrent vers la porte, tandis qu'elle s'effondrait avec un craquement sonore, dans un nuage de cendres et de poussière. Avec un rugissement de triomphe, les bandits se ruèrent à l'intérieur pour se trouver nez à nez avec la troupe des guetteurs, qui s'étaient montrés étonnamment discrets depuis un moment. Voyant le feu gagner et ronger les montants, Horace leur avait ordonné de descendre des murs et de se préparer à l'affrontement : bien lui en prit car cela empêcha les bandits de se déverser dans l'oasis et de disperser les combats, la seule force des défenseurs résidant dans leur maigre surnombre. Il fallait les garder groupés, sans quoi ils couraient à la désorganisation et à la mort.
C'est ce moment que choisit Norohov pour se joindre à la bataille. Marchant tranquillement vers les portes, suivi par ses tireurs qui avaient épuisé leurs munitions et s'étaient armés de bâtons, il aboya un ordre et ses soldats se répartirent aussitôt en deux groupes, attaquant des deux côtés. Lui-même avançait droit devant et attrapant le premier villageois qui passa à sa portée, le frappa à la gorge d'un coup sec. Il n'eut pas le temps d'en saisir un deuxième car Videl s'était jeté sur lui et l'avait envoyé mordre la poussière d'un coup de pied.
— Non ! ordonna Norohov alors que plusieurs bandits se précipitaient déjà sur elle. Non, celle-ci est pour moi.
Il sauta sur ses pieds et s'étira un peu, sans prêter attention aux combats et aux cris qui l'entouraient. En un éclair, il s'approcha de Videl d'une démarche chaloupée, presque vacillante mais étrangement fluide ; il la frappa à l'estomac, lui coupant le souffle, et leva aussitôt le genou pour la frapper au visage alors qu'elle se pliait en deux sous le choc. Elle s'écroula au sol, le nez brisé et la respiration coupée ; Norohov leva son pied nu pour l'abattre sur sa nuque et elle roula sur elle-même, esquivant le coup qui souleva un nuage de poussière. Elle se remit aussitôt sur ses pieds et jaugea l'homme du regard : clairement, elle l'avait sous-estimé. Elle se doutait bien qu'il serait plus coriace que les autres mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit si fort, si rapide, si agile. Lui-même semblait surpris de la voir si résistante. Indifférents à la bataille qui se tenait juste à côté d'eux, ils s'observaient. Puis, sans prévenir, Norohov revint à la charge ; mais cette fois-ci, Videl savait à quoi s'attendre et d'un mouvement souple, pivota sur elle-même pour éloigner son visage de la trajectoire du coup. Elle attrapa le bras de son adversaire et le tira à elle, le projetant sur son coude et lui brisa quelques unes de ses côtes dans un horrible craquement. Il ne sembla pas s'en formaliser cependant car il la saisit aussitôt à la gorge pour la soulever et rouer son ventre et sa poitrine de coups. Alors qu'elle tentait de se dégager, le nez ruisselant de sang, Videl fut frappée par l'expression de son visage : il restait de marbre, ne semblait prendre aucun plaisir à ce qu'il faisait. Cet homme était sans nul doute bien différent des monstres qu'elle avait pu rencontrer par le passé.
Elle battait furieusement des jambes sans réussir à se libérer et ses forces la quittaient rapidement maintenant que l'oxygène ne lui parvenait plus. Norohov ne l'aurait probablement jamais lâchée si un des guetteurs ne l'avait ceinturé et plaqué au sol. Ils roulèrent tous les deux mais ce fut le bandit qui prit l'avantage : quand ils s'immobilisèrent, Norohov avait bloqué son agresseur face contre terre, un genou sur son dos, et lui saisissait la tête à deux mains, prêt à lui briser la nuque. Videl ne prit pas le temps de réfléchir ou de faire un cas de conscience : elle s'empara d'une lance grossière, lâchée par un assaillant inconscient, et l’enfonça dans le dos de Norohov. Il resta figé quelques instants, la bouche ouverte vers le ciel comme s'il cherchait à aspirer la vie qui s'échappait de lui, avant de s'écrouler sur le côté. Videl aida précipitamment le guetteur – qui se révéla être Jonas – à se relever et se retourna pour voir les bandits avancer vers le centre de l'oasis.
« C'est fini », pensa-t-elle. Elle vit Gohan batailler seul contre cinq adversaires à la fois ; elle-même en voyait trois se ruer vers elle tandis qu'un projectile frappait Jonas en pleine tête. Ils étaient trop nombreux, trop forts. La seule chose à faire désormais, c'était de récupérer Pan et de filer d'ici au plus vite. Ils ne pourraient pas protéger tout le monde. Elle était bien décidée à se débarrasser rapidement des trois malfrats qui se précipitaient sur elle quand elle les vit s'arrêter brusquement, plisser les yeux et se mettre en garde.
— À l'assaut !
Elle fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec Krilin, Goku, Végéta et les autres qui chargeaient à toutes jambes. Déchaînés, ils s'abattirent sur les assaillants pris par surprise et brisèrent aussitôt leurs rangs. Piccolo envoya deux bandits au tapis, les membres brisés ; Goku en endormit un autre d'un coup sec sur la nuque ; Goten et Trunks, dos à dos, repoussaient leurs adversaires dans une tornade de coups. Les défenseurs du village semblaient galvanisés par cette arrivée, inattendue et terriblement efficace, eux qui étaient encore au bord du gouffre il y a un instant. Rugissants, ils chargèrent de nouveau. La victoire était désormais acquise : les renforts se débarrassaient sans peine de leurs adversaires et ces derniers ne tardèrent pas à comprendre que sans chef, sans avantage numérique et pris entre deux feux, la bataille était perdue et qu'il leur fallait abandonner. Ceux qui en étaient encore capables s'enfuirent à toutes jambes. Végéta fut un des rares à les poursuivre, une expression de joie sauvage sur le visage. On ne l'avait plus vu aussi épanoui depuis longtemps et il se dégagea rageusement lorsque Krilin le retint par le bras et qu'il dut abandonner la chasse.
L'heure était à la fête mais elle devrait attendre : rares étaient les défenseurs indemnes et on dut même creuser quelques tombes. Les blessés les plus graves furent installés dans l'infirmerie mais quelques heures plus tard, on dut ajouter deux nouvelles tombes aux précédentes... Il y avait beaucoup à faire et peu de bras en état de travailler.

Plusieurs jours avaient passés depuis l'attaque de l'oasis. Les chantiers ne manquaient pas : il fallait reconstruire les murs, les portes, soigner les blessés... Gohan et les autres y participaient de bon cœur mais se réunissaient chaque soir, en quête d'une solution. Après leur arrivée salvatrice, il leur avait tout expliqué : son périple avec Thomas Red, la légende qui s'était avérée être beaucoup plus que cela, l'enfant... Il leur expliqua aussi qu'il ne savait pas plus qu'eux ce qui se passait ni où ils étaient : il avait perdu conscience après l'explosion et comme ils le savaient eux-même, avait été ramené chez Dendé puis chez lui, là où s'arrêtaient les souvenirs de sa femme et de sa fille.
Ce soir là était comme les précédents. Ils étaient restés à parler tard avant d'aller se coucher, un par un – Végéta seul était resté éveillé, à déambuler en haut des murs ou à fixer l'eau, le regard dans le vague. Le cri d'un bébé déchira le silence et l'on aurait pu croire que même les sentinelles dormaient. Pourtant elles s'agitèrent soudain, pointant du doigt une silhouette au loin. Végéta se précipita en haut des murs : une nouvelle attaque peut-être ? Seraient-ce les débris de la bande de Norohov qui revenaient pour prendre leur revanche ? Cela briserait la monotonie du quotidien, l'éloignerait un moment des travaux de réparation indignes d'un personnage de sa lignée... Mais non, il n'y avait qu'un seul homme qui s'approchait d'un pas pressé. Végéta ne pouvait le croire : les cheveux du nouvel arrivant étaient longs et blancs, il portait ce qui ressemblait à un kimono rouge et or par-dessus une tunique bleu ciel... Aussi incroyable que ça puisse paraître, celui qui se tenait maintenant devant les portes n'était autre que Shibito, l'ancien Kaio Shin de l'Est et désormais seul protecteur officiel de l'Univers.
Végéta fit aussitôt signe aux guetteurs de lui ouvrir le passage et se précipita tout en bas pour aller à sa rencontre. Le Kaio Shin franchit les portes et, avisant Végéta, s'étonna :
— Vous êtes là vous aussi ? C'est une chance ! Enfin, « une chance »… Pas vraiment. Vous êtes seul ?
— N... Non, les autres sont là aussi. Qu'est-ce qui se passe ? demanda Végéta, abasourdi.
— S'il vous plaît, allons les chercher. Je vais tout vous expliquer.
Quelques minutes plus tard, tous étaient réunis autour d'une table dans un coin isolé de l'oasis, les yeux bouffis par le sommeil mais l'esprit clair : le Kaio Shin avait beau être dépassé en simples termes de puissance, il n'en demeurait pas moins l'une des figures principales de l'Univers et sa présence n'était jamais anodine. Horace était présent lui aussi et avait accepté plus facilement que l'on aurait pu le croire l'existence d'une divinité protectrice ; comme il l'avait dit lui-même : « franchement, au point où on en est, moi je ne suis plus sûr de rien alors pourquoi pas ».
— Cela fait longtemps que je n'étais pas venu sur Terre, commença Shibito qu'on avait rapidement mis au courant des péripéties de Gohan, mais j'y ai été attiré par un feu de puissance – que dis-je un feu, un véritable brasier, une explosion ! J'y suis plutôt habitué avec vous, je n'y prête pas vraiment d'attention en général – sinon je devrais venir à toutes vos séances d'entraînement. Mais cette fois-ci, l'énergie était différente... Vraiment différente. Déjà, ce n'était pas l'une des vôtres ; j'ai bien senti celle de Gohan mais il y avait autre chose. Et j'ai été incroyablement stupide... J'étais occupé autre part, dans une autre partie de l'Univers et sachant que vous étiez sur place, je ne suis pas venu immédiatement, je suis resté là-bas pour finir ce que j'avais commencé. Quel idiot ! Quel idiot... Si j'étais venu immédiatement, alors j'aurais su ce qui se passait et j'aurais pu au moins vous sortir d'ici. Mais j'ai traîné, je suis arrivé après l'Ogre et j'ai été pris dans son rêve.
— L'Ogre ? s'exclama Gohan. Attendez, vous saviez pour l'Ogre ? Comment ça son rêve ? Qu'est-ce que vous racontez ?
— Je ne savais pas que l'Ogre était là. Je connaissais son existence même si je ne savais pas que c'était lui, et pour dire vrai je ne pensais pas qu'il existait réellement. Si vous le permettez, je vais tout vous raconter. C'est une légende venue de temps très anciens, bien avant que je sois créé, et je pensais qu'elle n'était que cela : une légende. Aux débuts de l'Univers, une sorte de... Monstre, bien que je ne sois pas sûr qu'il convienne de l'appeler ainsi, apparut ; on ignore d'où il est venu, peut-être n'a-t-il jamais été véritablement créé et a-t-il toujours été... Tout ce qu'on sait, c'est qu'il est apparu un jour et a commencé à dévorer des planètes, puis des systèmes entiers. On lui donna le nom d'Ogre et il avait déjà englouti beaucoup de l'Univers avant d'arriver jusqu'à la Terre. Les Kaïohshins étaient nombreux alors, vraiment nombreux, des centaines peut-être et c'est là qu'ils décidèrent de l'abattre : il était devenu trop gourmand et on ne pouvait désormais douter du danger qu'il représentait pour l'équilibre universel. Beaucoup périrent alors : les détails se sont perdus, j'ignore quelles armes il avait à sa disposition. Je sais pourtant que les rangs de mes prédécesseurs étaient décimés par un sommeil étrange, profond, qui les précipitaient dans l'immense océan qui recouvrait la Terre d'alors ; cette léthargie était provoquée par l'Ogre lui-même mais on n'a jamais réussi à déterminer comment il s'y prenait. La légende dit qu'il plongeait les êtres habitant la planète qu'il attaquait dans le sommeil, et qu'il les y maintenaient dans un rêve... Je vois maintenant que c'est vrai. Quoi qu'il en soit, la bataille semblait devoir durer éternellement jusqu'à l'intervention d'un Premier qui le terrassa enfin, l'emportant dans sa chute. Mes prédécesseurs l'enfermèrent dans le Soleil, on laissa la Vie reprendre son règne sur la Terre, et on oublia cette histoire.
C'était il y a des milliards d'années, il y a si longtemps qu'il n'y a plus personne pour se souvenir de cette époque. Les choses étaient bien différentes alors, et cela fait une éternité que cette histoire est devenue légende. Comme je vous l'ai dit, moi-même je n'ai jamais pensé que cela pouvait être vrai jusqu'à ce que j'arrive ici il y a deux jours ; pour tout vous dire, j'ai encore un peu de mal à y croire.
— Attendez, attendez, intervint Gohan. Il y a des choses que je ne comprend pas. D'abord, cela fait des semaines qu'on est là ; vous auriez dû sentir cette explosion de puissance bien avant, pas seulement il y a quelques jours.
— Et pourtant... Quand je suis arrivé sur Terre, je l'avais perçue depuis deux jours terriens, moins d'un jour là où je me trouvais. Je me suis téléporté là où j'avais senti l'explosion et je n'ai même pas eu le temps de voir quoi que ce soit : ma vue s'est brouillée, je suis tombé de très haut et je n'ai même pas eu le temps de sentir le choc avec le sol. Je crois avoir vu une forme très, très, très grande au loin, mais franchement c'était peut-être une montagne ou que sais-je... Je me suis ensuite retrouvé dans ce monde étrange et j'ai erré pendant deux jours avant de vous trouver.
— Il fallait venir chez Dendé, grommela Krilin, vous nous auriez trouvés.
— Ça n'aurait pas changé grand-chose. Je ne sais pas comment fait l'Ogre pour endormir la planète mais c'est probablement instantané.
— Non, je ne pense pas, intervint Horace. Certains d'entre nous, comme moi, sont là depuis bien plus longtemps que vous, peut-être étions-nous plus proches de l'Ogre lors de son arrivée. À mon avis, il diffuse quelque chose dans l'air : le temps que ça sature l'atmosphère terrestre, certains s'endorment avant d'autres. Quoi qu'il en soit, vos collègues avaient trouvé un moyen de ne pas succomber à cette substance quelle qu'elle soit, sinon il n'y aurait même pas eu de bataille.
— C'est vrai, admit Shibito. Comme je l'ai dit, la légende est vieille et beaucoup de détails se sont perdus, mais elle fait vaguement mention d'un antidote, de quelque chose qu'ils devaient ingérer avant la bataille pour résister parce que ça n'agissait pas immédiatement.
— Et vous ne savez pas ce que c'était ? demanda Videl.
— Non. À mon avis, c'était sûrement une plante, il fallait que ce soit quelque chose de naturel et qui se trouvait sur Terre, parce qu'il en fallait beaucoup. L'effet était limité et la bataille fut longue, ils ont dû en reprendre.
Le silence s'abattit sur le groupe, seulement brisé par Goku au bout de quelques instants :
— Est-ce que je suis le seul à penser aux senzus ?
— N... Non, j... J'y pensais aussi, répondit Krilin, mais je n'osais pas trop le suggérer... Je veux dire... On n'en trouve plus que chez Karin ! Ils étaient peut-être très répandus à l'époque mais maintenant... Et puis même si on en trouvait ici, on n'est même pas sûrs que ça marche.
— C'est notre seul piste pour l'instant, répondit Gohan. On n'a pas le choix.
— Tout cela me dépasse un peu, avoua Horace, mais l'oasis peut peut-être vous aider. Les membres de notre petite communauté viennent d'horizons très différents et nous recevons la visite régulière de marchands qui connaissent ce monde mieux que personne. Pourquoi ne pas commencer par celui qui nous a avertis de l'arrivée de cet odieux personnage ? Ça vaut le coup d'essayer.
— Bonne idée, acquiesça Gohan. Nous lui parlerons demain, il est tard et il doit sûrement dormir. Faisons comme lui : si le temps s'écoule plus lentement à l'extérieur du rêve, rien ne presse. Enfin j'espère.
La réunion se conclut ainsi. Horace trouva à Shibito un endroit où il pourrait se reposer et tous regagnèrent leur couche. Seul Végéta resta dehors un moment avant d'aller se coucher à son tour.

Le lendemain, tous se réunissaient à nouveau autour de la même table, cette fois rejoints par Koko et les figures principales de l'oasis. On leur expliqua brièvement la situation et on demanda au marchand s'il avait entendu parler d'une plante qui pourrait correspondre à ce qu'ils cherchaient.
— Eh bien... Oui, peut-être... Mais je ne pense pas que ce soit la bonne. J'ai entendu parler d'une bande dont le chef détiendrait un arbre extraordinaire, dont les fruits ont des vertus encore jamais vues. Honnêtement, je ne peux pas vous assurer que ce soient des « senzus » mais le nom me dit bien quelque chose. Ils tiennent une oasis mais je n'y suis jamais allé : on ne fait pas de commerce là-bas, on escroque ses clients et on les assassine s'ils ne se laissent pas faire, si on ne se fait pas assassiner en premier. L'oasis est un vrai coupe-gorge. Bref je sais où elle est, je peux vous y amener mais je refuse de m'en approcher.
— Parfait ! Alors allons-y, s'exclama Végéta.
— Oui, mais ne vous emballez pas. Il en a forcément mangé et si c'est bien ce que vous cherchez, alors il a dû sortir de ce monde pourri. Ça se serait su, franchement. Alors je ne pense pas que ce soit la bonne.
— Je ne suis pas de cet avis, intervint Héléna, l'ancienne militaire qui avait mené les troupes lors de l'attaque de Norohov et qui avait un bras en écharpe depuis. Je ne dis pas qu'il a la plante dont vous parlez, mais si c'est le cas, je pense plutôt qu'il a tout fait pour que ça ne sache pas. Ce monde est aride, quand on trouve quelque chose on le mange ; il sera tombé dessus en errant comme nous tous, se sera réveillé et aura immédiatement compris l'avantage qui venait de lui tomber du ciel. Vous imaginez l'aubaine ? Des villes entières à sa disposition, sans police, rien... C'est un chef de bande, il est plus intelligent que la raclure qui lui obéit mais ça reste un crétin. Je vous parie qu'il n'a même pas vu plus loin que le fric facile dans un autre monde et qu'à part un ou deux acolytes privilégiés, personne n'y a accès.
— Et pourtant, ça s'est su. Comment ? demanda Krilin.
— C'est une femme qui me l'a dit, précisa Koko. Elle fuyait l'oasis, je l'ai trouvée errante dans le désert. Je pense qu'elle se prostituait là-bas, elle a dû laisser traîner ses oreilles. Enfin rappelez-vous bien que ce n'est qu'une rumeur, sans doute qu'elle n'a rien constaté elle-même et qu'elle m'a raconté ce qu'on lui a elle-même raconté.
— Moi je dis qu'il faut y aller, objecta Végéta. On y va, on leur pète la gueule et on voit. S'ils l'ont, tant mieux ; s'ils l'ont pas, tant pis, au moins on le saura. C'est où ? C'est loin ?
— Assez. Il y a une semaine de voyage au moins, sûrement plus. Et puis il faudra faire des détours pour se ravitailler. Il faut que j'étudie la question, ça va dépendre aussi de combien de personnes vont venir.
— J'en suis, intervint Végéta. J'en peux plus de clouer des planches, j'en suis à espérer une nouvelle attaque.
— Concertez-vous, mettez-vous d'accord. Je ne peux pas emmener plus de deux autres personnes. Trois, maximum. Il faut que je mette les détails au point, ce n'est pas une route que je connais bien et en général, je voyage seul. On ne pourra pas partir aujourd'hui, je ne serai pas prêt à temps. Nous partirons demain.
— Restons discret pour le moment, proposa Horace. Nous ne ferions que susciter de faux espoirs chez nos compagnons et ce ne serait pas bon.
On acquiesça, et la discussion s'arrêta peu ou prou ici. Koko sortit une carte grossièrement dessinée de ses affaires et pendant qu'il étudiait la route à prendre, on décida qui l'accompagnerait jusqu'à l'oasis. Végéta avait déjà exprimé son intention de faire partie du voyage et personne ne la discuta : il faisait partie des combattants les plus redoutables de l'Univers connu et même amputé de ses pouvoirs, il restait fort, rapide et expérimenté, ce qui faisait de lui un atout considérable. Cela valait également pour Gohan qui tenait à suivre la suite des évènements de près et sa participation ne faisait pas débat non plus. Shibito avait insisté pour venir lui aussi : en tant que protecteur de l'Univers et entité divine, il n'imaginait pas rester en retrait.

La nuit était tombée et l'oasis s'était regroupée autour du dîner. La nouvelle de l'expédition s'était rapidement propagée (bien que tous ceux qui en avaient connaissance juraient qu'ils n'avaient rien dit à personne) et les discussions étaient enjouées. Même si la plupart des détails n'avaient pas filtrés, on avait surtout retenu qu'une expédition allait partir le lendemain pour chercher le moyen de s'extirper de ce monde cauchemardesque. L'ambiance était donc plutôt à la fête mais pas chez ceux qui savaient à quel point l'aventure était hasardeuse. Ils mangeaient donc en silence quand Videl se pencha vers Shibito :
— Dites-moi, est-ce que par hasard vous sauri...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase : en l'espace d'une seconde, Shibito avait disparu. Là, sous les yeux de Videl, il s'était volatilisé et ne restait plus de lui que sa cuillère, tombée dans son assiette.




Dernière édition par Chocoloutre le Ven Sep 04, 2015 10:56, édité 5 fois.
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Re: L'Ogre

Messagepar biskus le Dim Mars 15, 2015 21:12

Un chapitre par semaine sa me va lol.
Bon deja on est toujours sur terre mais dans le rêve de l ogres.
La disparition de kibitoshin soit le vieux kaio a trouver la solution pour le ramener (vu qu'il est dans la kaioshinkai) soit l ogre sent une menace en ce dernier et le réveil.
En tout cas par curiosité, le niveau de puissance des guerriers serait til de l'ordre d'un tortue génial? Ou d'un humain lambda ?.
Sachant que c'est un rêve imposer peut être que par leur volonté les saiyans pourrait retrouver une partie de leur force .
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Re: L'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Dim Mars 15, 2015 22:00

Ni l'un ni l'autre, plutôt de l'ordre d'un David Douillet à son apogée. Ils sont privés de leurs facultés surhumaines (voler, vitesse, boules de feu...) mais ils ont toujours le même corps et leur expérience du combat.
Après je ne veux pas trop expliquer même si j'ai certaines réponses, une part de mystère c'est sympa aussi !
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Re: L'Ogre

Messagepar Pan le Lun Mars 16, 2015 16:55

C'est trop bien, j'adore qu'ils aient perdu leurs supers pouvoirs, c'est marrant de les voir se débrouiller sans.
La présentation est mieux comme ça, c'est encore plus agréable qu'auparavant. ^^
Bonne continuation :!:
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Re: L'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Dim Mars 22, 2015 0:45

Spoiler
Pan merci pour ton retour, du coup j'ai gardé. ;)


II

Chapitre 11

Père et fils


*


Le soleil lui brûlait le visage. Tidus n'avait pas envie de bouger, il voulait rester là, les yeux fermés et se rendormir. Il roula même sur le ventre dans l'espoir d'échapper aux rayons du soleil mais ce fut pire que tout : maintenant c'est sa nuque qui brûlait et il avait de la terre dans la bouche. Le grondement de son estomac acheva de le convaincre. Alors il roula à nouveau pour se mettre sur le dos et ouvrit les yeux : au-dessus de lui, le soleil filtrait à travers un haut plafond de feuilles et de branchages. Il écarta les bras et sentit les épines des buissons qui l'entouraient et entre lesquels il avait perdu conscience, caché aux yeux de tous. Il se redressa et, assis par terre, se frotta le visage pour enlever la terre qui s'y trouvait. Son corps était encore engourdi et il n'était pas tout à fait réveillé mais il ne s'était pas senti aussi bien depuis... En fait, il ne s'était jamais senti aussi bien. C'est comme s'il se réveillait après des années de torpeur. Il avait l'esprit si clair ! Il se releva et fit quelques pas au hasard, découvrant les ruines d'une maison. Quelque chose semblait avoir explosé en son sein, défonçant les fondations et découvrant de nombreux étages en sous-sol ; la maison était réduite en miettes et elles étaient disséminées tout autour. Il se frotta les yeux : peu à peu, tout lui revenait en mémoire. Les hommes qui l'avaient emmenés, cette chaleur de plus en plus étouffante qui s'emparait de lui et finalement ce bruit, ce souffle... Et ensuite, le trou noir. Pourtant tout cela lui semblait si irréel, si lointain, comme s'il n'en avait été que le spectateur et qu'il n'avait regardé que d'un œil, absorbé par autre autre chose. Il se souvenait des chiffres. Ils lui dévoraient le cerveau, lui brouillaient l'esprit et les écrire était la seule façon de les soulager. Il en couvrait des pages et des pages, des cahiers entiers et maintenant qu'ils n'étaient plus là, il se sentait à la fois libéré et abandonné.
Les cris de son estomac l'arrachèrent à ses pensées : il avait l'impression de ne pas avoir mangé depuis des jours, et peut-être était-ce le cas. Il s'approcha de la ruine et fouilla les décombres, poussant les débris avec son pied. Il trouva des miches de pain mangées par les fourmis, des légumes broyés par les gravats et, enfin, des boîtes de conserve. Toutes nues, sans étiquettes, il en prit une mais elle n'avait aucune languette pour les ouvrir. La faim le tenaillait et il fouilla à nouveau les ruines, écartant avec empressement les débris avant de trouver un couteau de cuisine. Il en frappa la boîte plusieurs fois, sans succès autre qu'un petit creux sur le dessus du couvercle ; il travailla à l'approfondir, à l'élargir, pendant de longues minutes, émoussant la pointe du couteau mais peu à peu, il sentait que le métal perdait la bataille. Il était à deux doigts de créer une ouverture quand la lame dérapa et glissa sur le dessus de sa main : Tidus lâcha la boîte et le couteau en poussant un cri de surprise, mais aucune douleur ne lui brûlait la peau. Il regarda sa main et vit qu'elle était intacte, il n'y avait aucune blessure ; la lame du couteau n'était même pas tâchée de sang. Pourtant, il était sûr d'avoir senti le contact froid du métal contre sa peau... Il aurait dû se couper. La faim lui rappela cependant ce qui l'avait mené à cet étrange épisode et il reprit le couteau et la boîte. Au bout d'une minute supplémentaire, il avait fait un petit trou qu'il élargit bien vite. La boîte contenait des pâtes sans goût enrobées dans de la sauce à la tomate qu'il dévora avec les doigts.

Quelle joie... Quel magnifique sentiment de liberté... Cela faisait si longtemps qu'il était enfermé dans cette prison, dans ce four. Il n'y était pas mal : enveloppé d'une douce chaleur, pelotonné dans les entrailles de cette étoile comme dans un cocon et toujours plongé dans ce demi-sommeil, là où les pensées se font pâteuses et glissantes, là où l'on dérive paresseusement vers l'obscurité la plus complète. Les soucis disparaissent, on ne pense plus à rien, on s'endort... Il s'y trouvait depuis le début des temps, à jouir de ce petit paradis sans jamais s'en lasser. Pourtant il restait enfermé, même s'il l'était dans la plus formidable des prisons ; et quel être vivant, quel animal, quelle bête sauvage supporte d'être emprisonné ? Pas lui. Il n'avait rien dit au début. Et puis, après que des mondes furent morts et ressuscités mille fois, il avait commencé à protester, à ronchonner. Il se tournait et se retournait puis perdait la bataille et replongeait, comme un nouveau-né qui pleure pendant des heures et s'endort les yeux rougis. Mais... Parfois... Parfois il devenait plus lucide pendant juste un instant et sursautait, s'étirait avant de tomber à nouveau dans le sommeil. Chaque nouvel élan pourtant durait un petit plus longtemps, il sombrait moins profondément.
Cela dura longtemps, très longtemps mais finalement, de sursaut en sursaut, il ne dormit presque plus. Il était faible encore, comme engourdi après cette éternité de sommeil et entravé par des chaînes qu'il n'avait pas, plus, la force de briser. Il restait immobile alors et dormait encore, mais moins longtemps et moins profondément ; et sinon, il demeurait éveillé, patient. Il attendait. Il attendait car un événement merveilleux venait briser les murs de sa prison pour le toucher, le caresser. C'était comme une petite aiguille, une minuscule pointe qui venait jusqu'à lui, qui traversait son corps jusqu'au plus profond de son être. Ce n'était qu'un murmure, un chuchotement... Mais c'était là et enfoncé dans la torpeur, il l'attendait sans le savoir vraiment. Cela ne disparut jamais, ne faiblit jamais ; au contraire, plus le temps passait, plus cela devenait fort. Lui restait muet car il était si fatigué et il était si bien, tout au fond de son étoile...
Un jour vint dont il se souviendrai toujours, lui qui pourtant ne se souvient pas et se contente surtout d'être, même du temps où il était encore libre. L'aiguille s'était transformé en voix, si lentement qu'il ne l'avait pas réalisé jusqu'alors, et elle le piquait un peu partout, lui murmurait de belles choses et l'emplissait d'une nouvelle chaleur. Caché dans une étoile, il n'avait pas froid mais cette chaleur était spéciale : elle n'était pas réconfortante, elle était revigorante ; elle ne l'endormait pas, elle le stimulait. À chaque instant, il devenait plus fort, toujours prisonnier de l'étoile mais maintenant il pouvait vraiment bouger, se débattre, gémir tout son soûl. En conséquence il devait beaucoup se reposer, plus qu'avant mais quand il était éveillé son esprit était plus clair. Plongé dans le noir complet, il pouvait voir de nouveau : les formes n'existaient pas pour lui, pas plus que les couleurs mais il voyait l'information, il voyait la Vie défiler devant lui.
Et puis vint le deuxième jour dont il se souviendrai sans doute à jamais. Enfin. Il était réveillé. Il ne dormait plus vraiment depuis si longtemps qu'il ne savait déjà plus ce qu'était le sommeil mais il se trouvait encore entre deux mondes, pas vraiment là mais présent tout de même. Mais là... Là... Là, il était complètement éveillé. Il nagea dans la lave, respira les vapeurs et s'élança dans le vide. Oh ! S'il avait su... S'il s'était rappelé tout ce qu'il avait oublié. Le vent qui fouette sa peau alors qu'il glisse dans le vide et se décroche lentement des bras de son étoile. Les parfums qui viennent à sa rencontre et l'emplissent, l'enivrent, lui font perdre la raison. Et les couleurs... Les couleurs qui dansent devant lui, après cette éternité de noir il voyait des milliers de nuances appétissantes. Il vit alors qu'il avait faim, terriblement faim. Son corps était encore faible et l'étoile, jalouse, possessive, l'entraînait vers elle mais la faim le tirait vers l'Univers. Elle le tirait vers une douceur, un repas tout indiqué et qui semblait de surcroit si familier. Alors il se précipita dessus, pas un comme un loup qui se rue sur un lapin innocent, non... Il fondit sur cette friandise comme un navire qui glisse doucement sur les vagues. Dans un mouvement souple et profond, il s'abattit sur elle et plongea dans l'eau, fraîche et profonde, si pleine de vie. Il but, but et but encore, sentit les flots se précipiter en lui. Il se relâcha enfin, absorba tout ce qui venait à lui : l'air, les plantes, les bêtes, l'eau encore. Il sentit qu'on le piquait mais ce n'était plus l'aiguille amicale : elle était agressive, méchante, dangereuse. Il sentit des caresses, des vents lui couvrir le corps. Cela s'arrêta bientôt et il poussa un soupir de soulagement. Il se relâchait, respirait, buvait, mangeait, respirait encore... Il pouvait sentir la vie couler à nouveau en lui, et c'était si bon. Il pouvait la sentir piquer sa langue alors qu'elle se déversait dans sa gueule, et l'emplir, décontracter son corps, brûler son cœur. C'était si bon...

Il n'entendait aucun bruit, aucun moteur de voiture, même pas le chant des oiseaux. Tidus avait quitté les ruines du chalet depuis des heures déjà, emmenant avec lui des boîtes de conserve enveloppées dans une couverture transformée en sac rudimentaire. Il marchait au hasard dans la forêt, ne sachant dans quelle direction aller et se laissait guider par le soleil. Il avait mal aux pieds, il avait soif – il regrettait amèrement de ne pas avoir cherché à boire dans les décombres – et il commençait à paniquer. Au début bien sûr, subjugué par cette clairvoyance inconnue, il n'avait pas réalisé dans quelle situation il se trouvait : seul, au beau milieu d'une forêt, et probablement recherché par ses ravisseurs. Et puis, ce silence devenait oppressant. Il n'entendait que le bruit du vent dans les feuilles et leur bruissement, le bruit de ses pas et le malaise le gagnait peu à peu. Il avançait inlassablement, plus par instinct qu'autre chose car il ne savait pas où aller ni ce qu'il espérait trouver. S'il trouvait des gens, ils pourraient peut-être l'aider à rentrer chez lui ? Oui mais s'ils lui en voulaient et le ramenaient à ses ravisseurs ? De toute façon, ce serait toujours mieux que de rester seul et perdu dans la forêt...
Il s'arrêta finalement lorsqu'il trouva sur son chemin de gros rochers plats, sur lesquels il pu poser son sac et s'asseoir. Il enleva ses chaussures dans un grognement de satisfaction. Il finit par s'étendre complètement sur la pierre, le vent lui chatouillant délicieusement les pieds. La bouche asséchée, il regardait les feuilles bouger en tripotant son pendentif, poussées par le vent, et le soleil haut dans le ciel. Il était bien plus de midi et il n'avait plus que quelques heures de jour devant lui ; il ne tenait pas à être encore dans la forêt lorsque la nuit serait tombée, même s'il ne savait pas vraiment pourquoi. Perdu dans ses pensées, un nouveau bruit vint pourtant l'en tirer : ce n'était ni les feuilles ni le vent, c'était autre chose. De l'eau ! De l'eau ! Il entendait de l'eau couler, loin, très loin, mais de l'eau ! Il sauta sur ses pieds, enfila ses chaussures avec empressement et se remit en route. Le chant de l'eau était si ténu qu'il cru l'avoir perdu plusieurs fois mais, après ce qui lui sembla être des heures, il l'aperçu : tourmenté, hurlant, un fleuve se jetait contre la pierre dans de gros bouillons et continuait sa route, loin derrière l'horizon.




Dernière édition par Chocoloutre le Ven Sep 04, 2015 10:57, édité 2 fois.
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Re: L'Ogre

Messagepar Chocoloutre le Dim Mars 29, 2015 20:29

II

Chapitre 12

Feu de forêt


*


La disparition soudaine et inexpliquée de Shibito avait jeté le désarroi sur toute l'oasis. Même parmi ceux qui ignoraient quelle place il tenait dans l'Univers, il représentait une lueur d'espoir car on savait qu'il avait amené avec lui des informations précieuses. Le choc était plus fort encore chez Gohan et ses compagnons, eux savaient à quel point il aurait été un allié de choix. Gohan était cependant convaincu que, si la lueur d'espoir allumée par le Kaio Shin avait tremblé, il fallait la faire vivre et persister dans leur projet. Shibito s'était évaporé mais ils ne pouvaient rien y faire et ils devaient suivre leur seule piste. Végéta et Gohan faisaient toujours partie de l'expédition mais puisqu'une place s'était libérée, Videl avait insisté pour les accompagner. Elle laissait Pan entre de bonnes mains : « avec ton père, ton frère, Piccolo, Krilin, Trunks et ta mère pour s'occuper d'elle... Je ne m'inquiète pas » avait-elle rétorqué à son mari qui n'avait su quoi répondre. La petite métis n'avait pas pleuré mais restait collée à sa grand-mère alors qu'elle observait ses parents préparer leur départ qui devait se faire dès l'aube, alors qu'elle avait catégoriquement refusé de dormir pour rester avec tous les autres qui ne s'étaient pas couchés non plus.
Aux premières lueurs du jour, on avait chargé les bagages, provisions et marchandises sur le chariot et tous s'étaient rassemblés autour pour accompagner son départ.
— Comme je vous l'ai dit, on ne pourra pas faire le trajet en une seule fois, annonça Koko. Heureusement, notre cher ami Horace a été assez généreux pour nous faire don de... Ceci, dit-il en tirant un drap qui protégeait des ballots de laine. On va s'en servir pour échanger des provisions, les oasis regorgent de fruits mais la laine c'est beaucoup plus rare. Les autres oasis seront heureuses de s'en procurer.
L'âne de Koko, blessé par les hommes de Norohov, regardait l'attroupement qui partirai sans lui : il aurait pu faire le voyage mais le marchand n'avait pas voulu risquer de le voir s'effondrer sous l'effort au milieu du désert. Un autre âne attendait tranquillement l'heure du départ en chassant les mouches avec sa queue. Gohan et Videl embrassèrent leur fille avant de la mettre dans les bras de Chichi ; Végéta passa sa main dans les cheveux de Bra et glissa quelques mots à son fils avant de monter à l'arrière du chariot en compagnie de Gohan, alors que Videl s'installait à l'avant avec Koko. Les visages étaient tendus et inquiets et ils regardèrent en silence la charrette s'ébranler et s'éloigner, jusqu'à disparaître au loin.

Le voyage était long et pénible. Il n'y avait rien à voir, le paysage était aussi sec et brûlé que ce que Gohan et Videl avaient traversé lorsqu'ils erraient avec Pan. De la terre, de la poussière, de la roche, des arbres morts et desséchés parfois, c'est tout ce qu'ils avaient croisé jusqu'ici. Le ciel était noir ou rouge, boursouflé par nuages grisâtres et une fois seulement ils avaient repéré une poignée d'oiseaux voler vers l'horizon. Koko ignorait à quoi ces oiseaux ressemblaient ou de quoi ils se nourrissaient. En fait, de son propre aveu, il n'en savait que très peu sur ce monde, lui qui pourtant le connaissait mieux qu'eux : « à mon avis, c'est surtout qu'il n'y a rien à savoir parce qu'il n'y a rien du tout ici » disait-il. Le voyage se faisait donc en silence, Végéta restant obstinément muet et Gohan n'essayant pas de lui parler. Koko avait cependant pu leur en dire en peu plus sur leur destination : selon lui, toutes les oasis se ressemblaient plus ou moins mais celle-ci était plus grandes et surtout plus dangereuse. Lui-même n'y était allé qu'une seule fois et refusait d'y retourner car il avait failli ne jamais en ressortir, même s'il refusait de raconter ce qui lui était arrivé.
La torpeur et l'ennui s'étendirent rapidement sur eux et au milieu du deuxième jour, Végéta n'en tint plus et sauta du chariot pour le suivre à pied. La nuit tombée, ils dressaient un campement sommaire et mangeaient en s'efforçant d'économiser leurs provisions. Le voyage se déroula ainsi pendant près d'une semaine jusqu'à ce qu'ils atteignent la première oasis sur leur parcours : assez semblable à celle qu'ils avaient quitté, comme l'avait dit Koko, ils y passèrent la nuit et échangèrent une partie de leur laine contre des provisions. Videl s'inquiéta du voyage retour quand elle remarqua que leur réserve de laine avait sévèrement diminué dès leur première étape :
— C'est prévu, la rassura Koko. On reprendra le même chemin, alors je laisse ce qu'il faut pour qu'ils nous fournissent aussi au retour. Comme ça on est moins chargés.
Le voyage continua sans encombres. Ils restaient discrets sur leur destination et de toute façon, on ne leur posait aucune question. Gohan réfléchissait en silence : il avait beau tourner et retourner la question, il n'avait aucune idée de la manière dont ils allaient atteindre l'arbre à senzus et encore moins comment le ramener. Était-ce nécessaire de le ramener d'ailleurs ? Peut-être pouvaient-ils acheter quelques fruits ? Combien ? Végéta n'était d'aucune utilité, silencieux la plupart du temps et favorable à la manière forte quand il ouvrait la bouche, et Videl n'était pas plus avancée que lui. Toute la difficulté reposait sur le fait qu'ils ignoraient tout ou presque de l'oasis : Koko ne connaissait que le chemin qui y menait et sa maigre expérience de l'intérieur n'était d'aucun secours. Alors quand au bout de trois semaines de voyage, au terme d'un parcours mouvementé au milieu d'un véritable champ de collines, le marchand arrêta enfin le chariot au pied d'une petite bute, ils n'avaient toujours aucun plan.
— Voilà, passez la colline et l'oasis se trouve derrière. Moi je ne vais pas plus loin, je ne veux pas que quelqu'un me voit.
Végéta, Gohan et Videl descendirent du chariot.
— Je vous attendrai derrière les collines, je dois pouvoir tenir au moins deux ou trois jours avant de devoir partir me réapprovisionner. D'ici là, venez me rejoindre si vous le pouvez et on se mettra d'accord sur la suite.
Il fit faire demi-tour à l'âne et s'éloigna, les laissant seuls. Ils échangèrent un regard et escaladèrent le tertre. L'oasis était encore éloignée mais le paysage était plat et désertique, et ils pouvaient déjà voir leur destination. Comme l'avait dit Koko, elle n'avait rien à voir avec celles qu'ils avaient pu voir jusqu'ici : elle était plus grande et semblait s'étendre de tous les côtés, sans ordre ni discipline, et n'était protégée par aucun mur. Au centre, comme un noyau, de grands murs s'élevaient pour cacher ce qui se trouvait derrière ; Gohan aurait parié que c'est là que se trouvait l'arbre à senzus. Tout autour s'agglutinaient des habitations grossières, de petites pièces qui s'ajoutaient à d'autres pour former un labyrinthe de bois pourri et de tissu déchiré. On distinguait des rues étroites et des rues plus larges qui tenaient lieu d'avenues, et sûrement qu'il y avait des passages cachés qu'on ne pouvait voir de si loin. Après un moment de silence et d'observation, Gohan prit la parole :
— On rentre. On fait profil bas. Il n'y a personne là-bas qu'on ne puisse battre mais nous ne sommes que trois, inutile de chercher inutilement les ennuis. Pour l'instant, on se renseigne, c'est tout. Ensuite... Je sais pas, on avise.
Les deux autres ne dirent rien. Ils savaient à quel point la situation était délicate : ce n'était pas la première fois qu'ils se mettaient en danger mais cette fois-ci, ils n'avaient ni vitesse ni force surhumaine. Il allait leur falloir agir discrètement, se cacher. C'est sans doute ce qui expliquait l'appréhension muette du trio alors qu'ils descendaient la colline. Ils marchèrent en silence un moment avant d'approcher des frontières de l'oasis où ils croisèrent les premières tentes : à en croire les bribes de discussion qu'ils pouvaient entendre, c'est là que restaient les nouveaux arrivants, ceux qui espéraient gagner assez d'argent pour pouvoir s'installer dans l'oasis même. Ils traversèrent l'immense campement sans que personne ne s'intéresse à eux avant de pénétrer dans l'oasis même. La densité de la population s'était soudainement multipliée et il était maintenant impossible d'avancer sans bousculer quelqu'un. Les discussions étaient couvertes par les innombrables marchands qui criaient sur les enfants voleurs et des ivrognes qui se battaient entre eux. Ils avançaient dans les allées, au milieu des étals couverts de nourriture étrange et d'étoffes multicolores. Même Végéta semblait absorbé dans l'observation de cette véritable ville grouillante et mouvante. C'était fascinant mais ils gardaient leur mission à l'esprit et malheureusement ils ignoraient toujours par où commencer : ils n'avaient pas imaginé que l'oasis serait si grande, si dense.
Ils déambulaient toujours lorsque des cris perçants attirèrent leur attention, presque couverts par le brouhaha de la foule : dans une ruelle perpendiculaire, enterrée derrière les étals, un enfant tentait d'échapper à trois hommes, grands et menaçants. Végéta leva les yeux au ciel mais Gohan et Videl s'étaient déjà engagés dans la ruelle et en un bond, ils étaient près d'eux. La plus grande et la plus grosse des trois brutes tenait le petit par le col et lui crachait au visage :
— Alors qui c'est qui rigole maintenant, hein ? T'fais plus l'malin, hein ? Ç'fait trop longtemps qu'tu nous prends pour des jambons ! Maint'nant on va t'faire payer la monnaie d'ta pièce !
— Mais j'ai rien fait ! C'est pas moi !
— Ouais, ouais, ouais ! Bien sûr ! On est moins idiots qu'on a l'air ! On sait qu'c'est toi qui pisse dans nos grolles et qui pique not' bouffe !
— Hé toi, lâche-le !
Videl avait fait un pas en avant et les menaçait de ses poings serrés. Ils se retournèrent vers elle et éclatèrent de rire. Gohan pouvait le comprendre : ils étaient quatre hommes grands et forts et ils n'étaient que deux. Bien sûr c'était largement suffisant – Videl seule et les deux bras cassés pouvait les assommer sans s'essouffler mais ça, ils l'ignoraient.
— T'bien mignonne toi poulette, j'suis sûr qu'avec un peu moins d'vêtements, Tô s'f'ra un plaisir d's'occuper d'toi, ricana celui qui semblait être le chef des trois autres qui s'approchaient. Mais on va goûter la marchandise hein ? Faudrait pas qu'on amène d'la mauvaise qualité à not' chef !
Il n'eut pas l'occasion de rire plus longtemps car l'instant d'après ses trois acolytes étaient au sol, suffoquant, les membres brisés. Gohan n'avait pas bougé mais Videl se tenait au milieu d'eux. Pointant le doigt vers le survivant, elle dit la voix vibrante de colère :
— Maintenant dégage, cours ou je te promet que je te fais sauter les dents une par une.
Il ne se le fit pas dire deux fois, fut-ce un éclair de lucidité ou la peur qui le fit tourner aussitôt les talons. Gohan regarda sa femme approcher de l'enfant, médusé, qui avait observé toute la scène : il ne pouvait évidemment pas lui reprocher d'être intervenue, elle avait simplement été plus rapide que lui, mais il ne lui connaissait pas une pareille violence. Sans même parler des os brisés, elle avait frappé à la gorge et il ne savait que trop bien à quel point il était facile de tuer ainsi. Bien sûr, Videl savait mesurer ses coups et il y avait plus urgent à s'occuper mais Gohan ne pouvait s'empêcher de le remarquer. Végéta quant à lui les avait enfin rejoint et faisait des reproches à Videl :
— Tu aurais pu nous en laisser.
Elle ne lui répondit pas et s'accroupit devant l'enfant :
— Ça va ? Tu n'as rien ?
Il hocha la tête et s'apprêtait à dire quelque chose quand de nouveaux cris retentirent : « Par ici, c'est là ! ». En un éclair, l'enfant avait disparu et une seconde plus tard, le trio se retrouvait encerclé par des bandits aussi grands et gros que ceux qui gisaient au sol. « Ah ! » s'exclama Végéta en se frottant les mains mais Gohan posa la main sur son épaule : ils avaient assez d'ennuis comme ça et ils n'étaient pas venus raser la ville, il fallait attendre avant de se battre.
— C'est eux ! Regardez, la poulette les a défoncés en une seconde, c'était dingue !
— J'vois ça, j'vois ça... dit un homme qui était encore plus grand, torse nu et la poitrine couverte de colliers divers. C'très impressionnant ! Moi c'est Botâ et j'suis un lieut'nant d'Tô : y t'connaît pas encore mais y brûle de t'rencontrer, fillette.
— Qui est ce Tô ? demanda Gohan.
— J'te cause à toi ? Non, alors tu la fermes ! Voir mieux, tu dégages.
— Impressionné par mes talents ? intervint Videl. Il est encore plus fort que moi, attention à ce que tu dis mon gros.
— Ah ouais ? Lui aussi ? demanda le géant en désignant Végéta.
— Tu veux voir ? répondit ce dernier.
— Non ça ira, j'vous crois sur parole. Inutile d'gaspiller son énergie, hein ? Tô est not' chef à tous, l'pacha de cette oasis, celui qu'a droit de vie ou de mort sur vous d'puis qu'vous avez posé l'pied ici. 'reus'ment pour vous, y sait aussi s'entourer et j'suis sûr qu'y s'ra intéressé par vos... Talents. Ça vous intéresse ou pas ?
Ils se regardèrent mais la décision était déjà prise. Ils auraient préféré faire autrement mais ils étaient déjà repérés et la confrontation directe ne donnerait rien de bon. Et puis c'était l'occasion rêvée de s'approcher du dénommé Tô et de l'arbre à senzus.
— Ouais, dit Végéta.
— Tant mieux, parce que d'façon on vous laissait pas l'choix. Défoncer trois gars à peine bons pour racketter un chiard c't'une chose, mais là z'auriez eu affaire à la classe au d'ssus. 'fin tant mieux, c'plus facile comme ça.
Ils suivirent donc Botâ hors de la ruelle jusqu'à replonger dans l'effervescence de la rue qu'ils avaient quitté, escortés par les gorilles qui étaient venus avec lui. La rue n'avait pourtant plus rien à voir avec ce qu'elle était quelques minutes auparavant : plus calme, plus ordonnée, les marchands et les clients se serraient sur les côtés pour laisser passer la cohorte de truands. Certains interpellaient Botâ : « bonjour monsieur Botâ, comment allez-vous ? », « monsieur Botâ, quel plaisir de vous voir ici, me feriez-vous l'honneur d'accepter cette bouteille ? C'est gratuit pour vous ! » ou encore « ah ! Monsieur Botâ, quel élégance aujourd'hui, comme d'habitude ! ». Il était visiblement ravi de l'effet qu'il pensait avoir sur le trio, croyant apparaître comme un homme respecté et adoré mais ils n'étaient pas dupes : la peur et l'appréhension se lisaient dans les yeux des flagorneurs et ces flatteries sonnaient fausses. Botâ lui ne s'en souciait pas, à supposer qu'il réalisait l'hypocrisie de ses adorateurs et les menait d'un pas tranquille vers le cœur de l'oasis. Ils marchaient depuis une quinzaine de minutes lorsqu'un grand mur se dressa devant eux, percé d'une porte. Botâ frappa la porte de son poing et elle s'ouvrit aussitôt pour les laisser entrer.
Gohan pensait trouver au-delà de la porte une autre partie de l'oasis à ciel ouvert mais il s'agissait en fait d'une grande pièce avec un comptoir, des tables et des chaises. Ces dernières étaient occupés par d'autres bandits et l'air était saturé de vapeurs d'alcool et de fumée indéterminée. Plusieurs portes parsemaient les portes, certaines fermées et d'autres ouvertes qui laissent entrevoir ce qu'elles devaient cacher : des couloirs, des chambres, des réserves... Une porte en particulier semblait plus grande que les autres et se démarquait surtout par les deux gardes dont elle était flanquée, grands et gros eux aussi. Ils s'en approchèrent et Botâ se retourna vers eux :
— 'tendez là. J'vais parler à Tô et on vous dira quand rentrer. Fermez-la, touchez à rien et cherchez pas la merde.
Végéta leva à nouveau les yeux au ciel alors qu'il disparaissait derrière la porte, sans les laisser voir ce qui se cachait derrière. Même moins expérimenté, il avait toujours su être malin et se taire quand il le fallait mais aujourd'hui l'effort était particulièrement intense : il aurait pu écraser ces insectes avec un seul doigt et pourtant, il devait les laisser croire qu'ils étaient les plus forts et le prendre de haut, lui donner des ordres et le menacer. Observer ses deux compagnons le réconforta : ils étaient contrariés eux aussi. Ils n''eurent à attendre que quelques minutes avant que la porte ne s'ouvre de nouveau et qu'un homme leur fasse signe d'entrer.
Ils découvrirent alors une grande salle aux murs couverts d'étoffes et au milieu de laquelle trônait un homme immense. Tous les truands dont ils avaient croisé le chemin jusqu'ici bénéficiaient d'un physique impressionnant mais lui les dépassait largement. Affalé sur ce qui ressemblait à un trône grossier, il devait mesurer trois mètres ou un peu moins, son torse était nu et ses bras étaient aussi larges que les cuisses de ceux qui l'entouraient. Ses cheveux étaient longs et blonds, sales, tombant sur son visage et une barbe rongeait son visage. Il posa sur eux des yeux clairs alors qu'il mâchait bruyamment ce qui ressemblait à de la viande séchée. Des lampes à huile l'éclairaient, le rendant plus impressionnant encore, et tout autour de lui se trouvaient des coussins et des draps sur lesquels se tenaient des femmes, aux morphologies variées mais toutes brunes et aux bras couverts de bleus. Elles n'étaient pas nues mais couvertes de vêtements fins qui ne cachaient rien ou presque.
À sa droite, une plante grise, tordue, ridée dans un petit pot de terre. L'arbre à senzus.
— Comme j't'ai dit patron, les deux gars j'sais pas c'qu'ils valent mais la fille est très forte et elle dit qu'y sont encore plus forts qu'elle, annonça fièrement Botâ qui se tenait devant son chef.
— Elle a pas l'air, lui c't'un minus, il doit pas être si fort que ça et l'autre a l'air d'une couille molle, dit Tô en désignant tour à tour Végéta et Gohan. V'savez quoi, si vous voulez bosser pour moi, va falloir faire vos preuves les mecs.
— Il dit vrai, nous sommes très forts, répondit Gohan après un instant d'hésitation. Mais nous ne sommes pas venus travailler pour vous : nous sommes venus pour affaire.
— De quoi ? C'est quoi c't'histoire ? aboya Tô alors qu'il se tournait vers son lieutenant qui semblait à la fois furieux et pris de panique. J'fais affaire avec personne, on bosse pour moi et c'pas des minables comme vous qu'allez changer ça. Maint'nant dégagez, j'perd pas mon temps avec les couillons moi.
— On te demande pas ton avis, file-nous l'arbre ! s'impatienta Végéta.
Le silence régna pendant quelques instants avant que toute la salle n'explose de rire. Même les femmes aux côtés de Tô ne pouvaient réprimer un sourire de pitié, alors que les hommes du géant essuyaient leurs larmes.
— T'es un marrant toi, dit Tô en reprenant son souffle. Alors c'est ça qu'vous voulez ? Comment vous savez qu'ça vaut que'qu' chose ? Qui a ouvert sa mouille ici ? rugit-il, mais tous avaient déjà baissé les yeux. Et pourquoi vous l'voulez d'façon ? Vous savez quoi dessus ?
— Rien qui ne soit de tes affaires, répondit Gohan. Écoute, j...
— Non toi écoute, dit Tô d'une voix forte en se penchant vers Gohan. Oublie pas où t'es. J'suis d'venu c'que j'suis en cassant l'cou de ceux qu'étaient sur mon ch'min et ça m'dérange pas d'le refaire. Mais t'sais quoi j'aurais même pas à lever mon cul d'ma chaise, parce qu'à cinquante contre trois z'avez beau êt' balèzes – encore que j'demande à voir – vous allez vous retrouver dans la merde assez rapidement, c'moi qui vous l'dit. C'la dit... J'suis un gars sympa. Vot' copine là, j'la veux. Elle va v'nir avec moi et après j'vous file c'que vous voulez.
— Pardon ? s'exclama Videl.
— Ça ne va pas être possible, répondit Gohan. Trouvez autre chose.
— J'trouve rien du tout, c'est ça le deal. Tu prends ou tu t'casses. En fait non, t'sais quoi, j'te trouve bien impoli : j'fais un effort et toi tu m'le renvoies dans la gueule... Nan t'sais quoi, la fille et le machin vont rester avec moi et vous, bah...
Il fit un signe de la main et le trio se retrouva aussitôt entouré par des colosses.
— Chopez la poulette, l'abîmez pas. Butez les deux autres et vous balancez les corps, ça f'ra un exemple, ça fait longtemps.
— Eh ben voilà, on aurait dû commencer par là, soupira Végéta. Je savais bien que c'était pourri comme plan de toute façon.
Tous trois se mirent en garde. Les truands se massaient autour d'eux, menaçants, ricanants, faisant craquer leurs jointures. À nouveau, c'est Videl qui frappa en première mais elle resta figée dans les airs : l'homme qu'elle avait voulu frapper avait attrapé sa jambe et un sourire s'étirait sur ses lèvres. De l'autre côté, Botâ s'exclama :
— Qu'est-ce que j't'avais dit, p'tite pute ? Les trois guignols de t'à l'heure c'étaient des trouffions, là tu t'attaques à d'vrais mecs, les balèzes parmi les balèzes !
Videl poussa un cri rageur et envoya d'un coup de poing son adversaire s'écraser sur le mur. Gohan et Végéta l'imitèrent, se jetant sur les hommes qui les entouraient mais ils se révélèrent tout aussi habiles et résistants : bien sûr, ils restaient en-dessous du trio mais l'écart n'était pas aussi évident qu'on aurait pu le penser et il était largement compensé par le nombre. Celui qui avait été mis au tapis par Videl était déjà de retour. Le trio frappait fort, il frappait vite mais à plus de cinq contre un, ils ne pouvaient surveiller tous les angles. Végéta venait d'écraser le nez d'un de ses adversaires lorsqu'il se sentit partir en arrière : un des géants l'avait saisi par la cheville et l'avait envoyé voler. Il percuta le mur et renversa une lampe à huile. À peine s'était-il relevé que de nouveaux adversaires se jetaient sur lui en hurlant et lui faisaient traverser la cloison dans un fracas de poussière. Au même moment, Gohan et Videl prenaient le dessus : la surprise des premiers instants s'était estompée et si le surnombre des truands leur donnait un avantage au début, maintenant ils se gênaient et le trio en profitait pour frapper efficacement. Un cri de rage les déconcentra un instant et ils purent s'écarter pour laisser passer le corps d'un gorille, le cou affreusement tordu, qui défonça plusieurs cloisons sur son chemin. La plupart des truands gisaient désormais au sol mais Gohan et Videl se sentirent s'élever alors qu'une poigne puissante leur écrasait la nuque : Tô s'était décidé à intervenir et, à la pression qu'il exerçait sur leurs cervicales, semblait vouloir en terminer rapidement. C'était sans compter Végéta qui revint dans la salle du trône : le visage ruisselant d'un sang qui n'était pas le sien, il trainait derrière lui un individu qui était probablement vivant il y a un instant encore et ses traits étaient tordus par la joie sadique de se retrouver à nouveau au centre d'un combat. Il se jeta sur Tô le pied en avant, l'envoyant percuter son trône et renverser de nouvelles lampes. Le Saiyen s'approcha, le genou écorché, et écarta les bras :
— Alors ? Alors ? Alors pédale, t'abandonnes ? Un petit coup et tu laisses tomber ? Tu me fais pitié ! cria-t-il en crachant sur Tô qui se relevait.
Il n'eut pas le temps d'ajouter autre chose : le colosse l'avait cueilli au creux de l'estomac. Gohan et Videl se relevaient eux aussi, se massant la nuque, et se lancèrent aussitôt dans la mêlée pour abattre les quelques gorilles qui étaient encore debout. Alors qu'ils assommaient le dernier, ils entendirent le bruit assourdissant de la chair contre la chair : Tô avait soulevé Végéta par le col et semblait lui fracasser les os tant ses coups étaient violents. Il sembla s'en lasser pourtant car il lui assena un coup de tête violent avant de lui postillonner au visage :
— Alors c'est qui la pédale maintenant ?
Végéta s'étranglait à moitié et recrachait du sang. Il tentait d'atteindre le visage de Tô avec ses pieds mais le bras de son adversaire était trop grand et sa poigne trop solide pour que le Saiyen arrive à s'en dégager. Heureusement pour lui, Videl et Gohan le frappèrent dans le creux de chaque genou. Alors même que Tô s'effondrait, laissant tomber Végéta au sol, un grand souffle passa sur eux tous : les lampes à huile renversées avaient mit le feu aux étoffes qui couvraient les murs, et les flammes rongeaient maintenant les coussins et les draps, les rideaux et le bois et... L'arbre à senzus. Dans un cri de désespoir, Videl bondit à ses côtés mais il était déjà trop tard : dévoré par le feu, il ne restait plus de l'arbre qu'un petit tas de cendres et des branches noircies et rabougries.
— Non... Non... répétait-elle en fouillant les cendres dans l'espoir de trouver un fruit, une graine, n'importe quoi pour sauver l'arbre.
C'était sans espoir. Tô s'acharnait déjà sur Gohan alors que Végéta peinait à se relever et des hordes de bandits se ruaient à l'intérieur, plus petits et moins imposants mais plus nombreux. Certains tentaient d'éteindre le feu qui s'étendait rapidement, d'autres semblaient vouloir les affronter mais l'exemple de Videl et de Végéta qui envoyèrent une fois de plus leur chef au tapis les en dissuada. Végéta boitait et se tenait le bras mais il fallu que Videl l'empoigne pour qu'il les suive, Gohan et elle :
— Ça ne sert à rien, tout est en train de brûler et l'arbre est perdu, il faut partir, vite !

Ils décampèrent en vitesse : les issues étaient ouvertes, personne ne faisait attention à eux car le feu s'étendait rapidement. Seul un garde qui les avait vu entrer s'interposa mais il ne posa aucun problème : il se retrouva assommé sans même avoir vu partir le coup. Ils couraient dans les rues, bousculant les passants qui regardaient la colonne de fumée grise s'élever de derrière les murs, renversant les étals qui se trouvaient sur leur chemin. En un instant ils se trouvèrent hors de l'oasis et se retournèrent une seconde : elle brûlait, complètement. Le bois sec et l'humidité inexistante nourrissaient les flammes, les gavaient plus que de raison et cette oasis asséchée partait rapidement en cendre. Il n'eurent pas le loisir d'observer davantage la chute du royaume de Tô, ils devaient disparaître avant qu'on se souvienne d'eux et qu'il prenne au truand l'envie de se venger. Ils traversèrent à nouveau le champ de tentes, gravirent les collines qui les séparaient de Koko jusqu'à apercevoir le chariot qui attendait tranquillement. Le marchand, stupéfait de les voir revenir quelques heures seulement après être partis, se vit intimer l'ordre de partir aussitôt, sans plus d'explications. Ils ne lui expliquèrent leur aventure qu'une fois les collines, et l'oasis qui se cachait derrière elles, hors de vue : il n'y avait plus d'arbre, plus d'espoir.




Dernière édition par Chocoloutre le Ven Sep 04, 2015 10:58, édité 3 fois.
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