J'avoue que ton changement de position sur le fait que n'importe qui est capable de prendre les armes transparaît effectivement de tes posts.
La conquête, ça ne dépend pas d'une nécessité absolue au niveau individuel, c'est de la politique
+1. J'avais hésité à aborder ce sujet mais m'étais abstenu pour ne pas voir la conversation s'égarer, mais il peut être intéressant d'y revenir.
Or, si demain nos descendants se retrouvaient dans un contexte semblable à celui de nos lointains ancêtres, leurs manières liées à notre civilisation ne pèseraient pas lourd.
C'est d'ailleurs le thème de nombreuses œuvres de fictions apocalyptiques ; je citerais bien TWD pour être mainstream, mais je recommanderai plutôt à nos lecteurs potentiels "Ravages", de René Barjavel, qui est -à ma connaissance, je n'ai pas fait de recherches- le premier roman à traiter de ce thème. Il n'empêche que le succès grandissant de ce thème dans les œuvres de fictions -notamment videoludiques- est le reflet de la fascination des occidentaux pour ce que leur civilisation a fondamentalement changé leur mode de vie et ce qu'impliquerait un retour à l'animalité. Le thème de la survie est fascinant.
Ce qui en fin de compte me ramène à ce que je disais sur l'importance de l'apport culturel par rapport à l'impact psychologique post mise à mort. Ce qui ne veut pas dire non plus qu'un guerrier sera obligatoirement un psychopathe sans émotions. C'est pour ça que j'insiste bien sur la complexité de la singularité de chaque individu, hormis cas extrême de civilisations pour lesquelles l'action de tuer serait intégrée à la vie courante dès la plus tendre enfance - ce que l'on peut traduire selon nos critères modernes en fabrique à psychopathes.
En effet. Notre système académique, basé sur la pensée cartésienne et l'organisation-en-"matières" fondée sur la grammaire latine, a tendance à créer des catégories pour mieux cerner un système ; c'est un des gros défauts de ma propre pensée, je le reconnais volontiers : j'ai tendance à établir des catégories extrêmes puis à réfléchir en nuances de gris. Or, une approche basée sur le modèle de la cybernétique, plus dynamique et interdépendante que le cartésianisme, apporte souvent un éclairage plus conforme de la réalité, même si moins rassurant intuitivement, et qui permet de tenir compte plus facilement des spécificités individuelles.
C'est d'ailleurs une approche pertinente de l'intégration de personnages dans l'intrigue d'une œuvre de fiction, et plus généralement dans le déroulement narratif.
Le lien que je te donnais, en anglais, est le témoignage d'une personne qui, alors qu'elle servait d'individu-témoin dans une étude sur la psychopathie, s'est révélée présenter les mêmes "anomalies" (j'insiste sur les guillemets) que le groupe test, avant de réaliser qu'effectivement, elle avait des tendances certaines à la psychopathie (anecdotes personnelles à l'appui, dommage que tu ne puisses pas les lire). Toutefois, un environnement favorable, et certainement un petit coup de pouce de la chance, lui ont permis de vivre de manière normale, sans jamais s'en prendre directement à autrui. Il y aurait environ 20% de personnes disposant d'un des deux gênes récurrents identifiés chez les psychopathes (le MADOA et le CDH13, oui, j'ai fait option psychiatrie légale au lycée

) sans pour autant qu'on compte une telle proportion d'individus criminels -quoique, dans les conseils d'administration, la proportion est certainement plus élevée que ça…
De même, il est parfaitement possible qu'un individu "sain" (guillemets…) confronté à des situations traumatisantes puisse adopter des comportements absolument ignobles, mais dans tous les cas, cela se traduit par une atrophie de certaines zones du cerveau, contrairement à nombre d'autres troubles psychiques. J'ai mis longtemps à y croire, mais visiblement "tout le monde" est d'accord là-dessus.
cas extrême de civilisations pour lesquelles l'action de tuer serait intégrée à la vie courante dès la plus tendre enfance
Vraiment, je cherche mais je ne trouve pas d'exemple ailleurs que dans mon imagination…
Pour tous les cas qui me vienne à l'esprit, la mise à mort d'un être humain ne peut survenir que :
• dans un cadre extrêmement ritualisé, tel que la guerre (largement codifiée, quoiqu'on en dise), le sacrifice humain, la condamnation à mort.
• en cas de légitime défense ou d'extrême nécessité.
Dans tous les cas, le fait de donner la mort à autrui ne fait pas partie de la "vie courante" mais appartient à un processus parfaitement codifié et des conditions extrêmement particulières qui ont justement pour fonction de rendre cette mise à mort "acceptable". Même les hittites, dont la culture aurait été extrêmement violente, ne tuaient pas pour le simple plaisir de tuer.
Si tu me relis, tu verras que je souligne ce point. En vérité, je n'ai pas d'explication sur l'exception que constitue l'espèce humaine de ce point de vue là. Sauf... sauf dans le cas d'animaux captifs dont le territoire se retrouve confiné.
Mais la réponse est peut-être aussi dans nos évolutions technologiques. Si nous en étions resté au stade de primates se battant uniquement avec nos moyens physiques, les morts ne seraient pas si nombreux. Comme pour les autres espèces, il suffirait aux perdants de prendre la fuite. C'est sans doute le recours à des armes à l'efficacité de plus en plus létale qui change la donne.
À ce moment là, on peut en déduire que le caractère particulièrement sanguinaire de nos conflits résulte de l'évolution de nos technologies (autant que d'une autre invention : la politique) donc de celle de notre niveau de civilisation, et non pas d'un instinct meurtrier plus développé que chez n'importe quel autre mammifère.
Je t'ai relue et j'avoue mon erreur, je crois t'avoir mal comprise.
Pour ma part, je pense que cette évolution de notre espèce est due à deux choses :
• notre accession au sommet de la chaîne alimentaire.
• le développement de la notion de propriété.
Ta réflexion sur la technologie est pertinente, on a tous entendu qu'il est plus facile de tuer en appuyant sur une gachette qu'en égorgeant quelqu'un à l'arme blanche, cette réflexion n'est pas sortie de nulle part. Quant aux dégâts qu'on ferait aujourd'hui en cas de guerre totale, je vous renvoie à
Einstein et ses citations sur la troisième guerre mondiale.
J'ajouterai enfin pour terminer ce gros pavé que tout ce dialogue m'a inspiré une nouvelle réflexion sur la manière dont on pousse les gens à faire la guerre, teintée de religion, de symbolisme, de la recherche de gloire, d'une élévation dans le système social, de l'importance de la propagande, d'autant que j'y ai déjà pas mal réfléchi pour écrire le chap spécial d'AVS. En effet, les conflits à large échelle sont politiques et économiques, l'industrie de l'armement étant certainement le dernier acteur économique dont la prospérité retarde l'effondrement d'un système économique destiné à enrichir des gens qui tuent sans avoir à passer à l'acte eux-même.
Et que toutes mes pensées vont aux victimes des querelles absurdes que cela engendre.