Allez, rions un peu.
Foenidis a écrit:Lenidem a écrit:Je suis curieux de lire l'étude sur les bienfaits cognitifs de l'accent circonflexe.
L'accent circonflexe est infiniment plus utile et intéressant que ce qu'on peut en penser au premier abord.
La première de ses vertus est évidente et commune à toutes les règles du français : retenir ses différents usages et les mots qu'il concerne participe au travail et aux stratégies de la mémoire.
C'est sûr qu'il y a si peu de choses à retenir en français que cet accent à lui seul fait une différence notable dans l'exercice de la mémoire.
Arrivé à un niveau suffisant d'orthographe et de lecture, sa présence comme son absence aide(ait) à identifier plus rapidement les mots et donc à fluidifier le flux de lecture.
forêt - foret - dû - du - coût - cou - coup - coud - entêtant - en tétant - jeûne - jeune - jeu ne - tâche - tache - mâtin - matin - boîte - boite - crû - cru - paraît - parait... etc.
Cet accent "aide à identifier les mots" ? Sérieusement ? Ça t'est déjà arrivé de lire une phrase où il y avait une confusion possible entre "foret" et "forêt" ? Ce point est de toute façon non valable puisque l'accent est justement maintenu en cas de confusion possible (et sur la lettre e).
Il est aussi utile pour reconnaître la prononciation, notamment sur les "a" et les "o" pour qui il indique un son plus grave.
Allez, là d'accord, admettons.
Sa présence associée à un brin de réflexion aide aussi à comprendre pourquoi et comment sont construits certains mots dans une même famille et donc à établir leur rapport lexical - notamment quand on sait qu'il sert souvent à marquer la disparition de la lettre dite "s" (même si c'est un peu plus compliqué que ça).
Ainsi à partir de forêt, on fait le rapport avec forestier, goût > gustatif, fenêtre > défenestrer, bête > bestial, fête > festin, festival, festivités, etc.
Un plaisir de linguiste, donc. Et comme l'accent est maintenu sur la lettre a et la lettre o (il ne disparaît que sur i et u, et encore, dans certaines conditions), rassure-toi, on écrit toujours "bâton" et "hôpital".
Pour un verbe comme paraître, il aide à déduire les terminaisons en "ss" plutôt qu'en "t"
> il paraiSSait au lieu de il paraitait
... et accessoirement à comprendre pourquoi on ne doit pas le mettre à "il paraissait" puisque là, le "s" originel est bien présent.
Car bien sûr, c'est plus simple de partir de l'accent que de la prononciation.
En un mot comme en cent, croire que l'accent circonflexe n'est qu'un volet pédant et inutile de la langue française est une grosse erreur, ne pas voir tout ce qu'il contient de logique, et donc de constructif, aussi.
Si tu avais consacré ne serait-ce que la moitié du temps que tu as passé à écrire ton message à te renseigner sur la réforme, tu te serais aperçue que tu rouspètes pour des choses qui ne sont même pas prévues.
Concernant l'apprentissage d'une langue telle que le français, je pense qu'un minimum d'amour de cette matière me paraît indispensable.
Je ne le pense pas (on peut être contraint d'apprendre une langue) mais un minimum, admettons. Personnellement, j'adore cet accent et je l'utilise encore systématiquement. Mais ce n'est pas parce qu'on n'aime pas ce point précis qu'on n'aime pas "un minimum" la langue française... C'est plus un raccourci, là, c'est de la téléportation.
Le succès de la transmission d'un savoir dépend toujours d'un minimum de passion, celle de transmettre participe à l'émergence de celle d'apprendre. Un enseignant passionné par sa matière saura mieux qu'un autre insuffler une énergie positive propre à motiver ses élèves à emprunter les voies qu'il s'apprête à leur ouvrir. La passion associée au sens pédagogique seront toujours l'énergie et le moteur qui feront la différence entre un bon et un mauvais professeur.
J'ai l'impression d'entendre un de mes profs de didactique. Un de ceux qui disent avec de très jolis mots ce qu'il faut faire et comment il faut le faire, mais qui n'ont aucune idée de comment ça se passe dans la réalité.
Il n'y a pas de mauvaise matière ou de matière trop compliquée, pas plus que de mauvais élèves, mais que de mauvais enseignants, voire de mauvaises façons d'enseigner. Accuser le français d'être une mauvaise langue en raison des complexités qui font sa richesse, c'est se tromper de cible.
Certainement, si des étudiants plurilingues trouvent tous que le français est une langue compliquée, la seule explication possible, c'est que les profs de français sont moins bons que tous ceux des autres langues. Imparable.